SuperNovak

Chapitre 2 : Hermiod vs Novak

Catégorie: G

Dernière mise à jour 09/11/2016 17:39

 

Chapitre premier
 
Hermiod vs Novak
 
Derrières les immenses vitres du Daedale, des stries lumineux zèbrent violemment la pénombre de l'hyperespace. Un grognement traduit l’éveil difficile d’un Terrien. Hermiod pose ses yeux globuleux sur l’intrus qui rompt sans grâce le si doux silence qui régnait en maître dans le vaisseau. Avec un soupir qui signe davantage le soulagement que l’exaspération, Hermiod quitte la salle de contrôle vers son antre.
En rentrant dans la salle qu’il partage avec le docteur Novak, l’Asgard sent une petite boule se nouer dans le creux de son estomac. Il sourit à cette évocation qui lui vient tout naturellement… Encore une pensée terrienne parasite mais assez jouissive. On apprend beaucoup sur soi en étudiant des êtres primitifs comme les humains. Évidemment ce serait presque blasphématoire de se comparer aux humains, mais Hermiod aime imaginer que son esprit de jeunesse était assez proche de celui des Terriens actuels.
En fait, Hermiod comme la plupart des Asgards, se souvient peu de ces années trop lointaines. A force de clonages et de mutations, leur corps a évolué mais leur esprit aussi. Si tous leurs souvenirs, toutes leurs expériences devaient être gardées intactes, leurs têtes ressembleraient à ces encéphales monstrueux des séries TV des années 60 terriennes…atroces !
Finalement la présence de l’Asgard sur le Daedale était terriblement enrichissante pour sa culture personnelle. Il y avait appris l’humanité, l’humour terrien, horrible, et certains sentiments dont un qui précisément en ce moment le perturbe beaucoup.
La peur de la mort.
Une crainte qui devrait avoir disparu de l’esprit d’un être voué au perpétuel renouvellement. Pourtant la peur ne fait qu’augmenter quand on devient quasiment immortel. Intellectuellement on se cherche des excuses, targuant la perte d’une race, d’une espèce, mais la vérité est toute simple et si ouvertement explicite chez les hommes. On a peur de ne plus être, tout simplement. Une pensée purement égoïste, à mille lieux de ce que prône le dogme Asgard. Qu’il est bêtifiant et primaire de craindre la mort…et pourtant…
Pourtant en se voyant seul, perdu dans l’infini, Hermiod avait ressenti cette crainte. Mourir…et mourir seul loin des siens. Encore une pensée paradoxale.
Qui étaient les siens? Les Asgards ou les Terriens? Allez ouste, au loin la vilaine pensée et revenons à nos « bêtes à lainage terriens ».
Pour l’instant, Hermiod voudrait être aux côtés de celle qui est devenue une extension étrange de sa personnalité. Le docteur Novak, la femme au chignon super extensible et extrêmement réglementaire. Pas un cheveu qui dépasse, pas un mot qui ne sort de sa bouche avant d’avoir tourné 63 divisé par 3 au carré sa langue dans sa cavité buccale. Aucune pensée qui ne soit mûrement réfléchie. En fin de compte, l'unique chose que le docteur Novak ne contrôle pas est un léger sursaut de son diaphragme, un hoquet qui vient fréquemment parasiter son savoir. D’ailleurs, en ce moment, la seule chose que perçoit le Asgard est bien ce petit bruit si caractéristique... et pour une fois, cela réchauffe le cœur de l’alien.
 
Hermiod s’approche de la Terrienne qui s’étire, grogne, hoquette une fois puis deux et finalement se blottit en position fœtale, le pouce bien calé entre ses dents. Derrière eux d’autres bruits traduisent les réveils qui se succèdent mais ne se ressemblent pas.
 
Hermiod revient à Novak qui ouvre péniblement un œil.
- Hum ? Hic…que s’est-il passé ?
- Nous avons été percuté par la formation rocheuse qui abritait le major Lorne et son équipe.
- La formation rocheuse ?
- Oui, il ne s’agissait pas d’une planète mais d’un agglomérat de roche terra formées à l’aide de…
 
Une voix masculine interrompt celle plus…neutre, indéfinissable et bizarre d’Hermiod. C’est le point de départ d’une succession navrante de remarques terriennes.
- Un ersatz de planète ? 
- Du Canada Dry ? Le goût d’une planète, l’odeur d’une planète et sa consistance, surtout sa consistance… mais ce n’est pas une planète. Me voila rassuré, ce qui nous a envoyé ad patres n’était pas une vilaine méchante planète, cent pour cent naturelle…
Le reste de la conversation se perd quelque part entre les mots contre plaqué, béton cellulaire et autre simili-cuir…
Dieu comme ces humains sont bêtes ! Hermiod jette un regard mi-plaintif mi-désespéré sur le docteur Novak qui lui renvoie exactement le même… Dieu comme ses collègues sont enfantins parfois!
 
 
Le docteur Lindsey Novak s'extrait tant bien que mal du rêve dans lequel elle évoluait. Une symphonie pastorale avec de beaux bergers à peine couvert. C'est qu'il fait doux en cette saison dans les verts pâturages de sa Terre natale. Puis les souvenirs reviennent, chassant au loin les moutons et leurs gardiens. Une recherche, une attente, une fuite dans l'hyperespace et une explosion. Ils avaient été touchés par la déflagration d'une planète.
Non, d'ailleurs, ce n'était pas vraiment une planète, en cela Hermiod a tout à fait raison. Novak est contente de savoir l'alien en bonne santé. Elle regarde ses collègues qui déblatèrent. Ce ne sont pas avec ces chameaux qu'elle pourra faire évoluer la situation catastrophique dans laquelle ils sont. Car telle est bien la situation.
Un rapide coup d'œil suffit à la scientifique pour comprendre ce qui se passe. Il y a de nombreux dégâts.
Priorité numéro une, faire l'état des lieux.
- Beaucoup de circuits sont irrémédiablement inutilisables. D'autres nécessiteront des heures de travail pour un résultat plus que douteux... enfin, peut-être pourrons nous faire fonctionner le générateur principal. Peut-être.
Ce que le docteur Novak apprécie le plus chez l’Asgard, c'est sa faculté à anticiper ses questions. A moins, finalement, que cela ne soit ce qui l'énerve le plus ?!
- Hermiod. Comment un simple amas rocheux a pu tant détériorer notre vaisseau ?
- Ce n'est pas l'explosion de la planète qui en est la cause mais la décharge énergétique qui l'a accompagnée.
- De quoi s'agissait-il ?
- D'une énergie incroyable libérée par la mort simultanée de milliers d'êtres vivants.
- Comment cela est-il possible?
- A la manière des Oris qui se gorgent de la dévotion de leurs fidèles. Les humains contrairement aux Asgards n'utilisent pas tout leur potentiel. Celui-ci s'accumule et se libère en des circonstances particulières comme la prière ou la mort. Si ces deux états de fait se potentialisent, on peut imaginer que le dégagement d'énergie est phénoménal. Le major Lorne avait parlé d'adeptes, de secte. Je suppose que là est l'explication. Des milliers d'humains priant et se sacrifiant pour atteindre la puissance d'une bombe thermonucléaire au naquadriah.
-Ah effectivement, vu comme cela le lance-pierre était lourdement chargé ! 
Hermiod jette un regard étrange sur Novak. C'est bien la première fois qu'elle s'exprime ainsi, par métaphore, et avec un humour comme seuls les Terriens savent le faire. Dans l'adversité disent-ils.
Et bien dans l'adversité, Terriens et Asgards vont devoir se serrer les coudes pour sortir de cette galère.
 
Péniblement Lindsey se met debout. Tout tangue un peu autour d'elle. Est-ce des vertiges post-traumatiques ou les inhibiteurs inertiels qui font défaut ?
Heureusement pour le docteur Novak, son cerveau lui, est pourvu d'amortisseurs et rapidement la raison reprend le dessus. D'un pas assuré, elle se précipite vers ses consoles de contrôle.
- H.S. 
En d'autres circonstances, Novak aurait presque pu croire que le Asgard était d'humeur taquine et se gaussait de la voir dans la panade. Mais les circonstances n'incitent guère à la bouffonnerie et chacun sait que les Asgards n'ont aucun humour.
Bon, récapitulons.
Ordinateurs... H.S.
Tableaux de commandes... H.S.
Personnels... Un rapide coup d'œil sur la gente masculine environnante, deux hommes assis dignement sur leur postérieur, non moins dignement étalé sur le sol, se frottent avec une simplicité déconcertante leur…hum... divers bobos...
Bref, personnel... H.S !
Qu'est-ce qui reste ?
Novak quitte ses quartiers afin d'examiner l'étendu du désastre. Hermiod se précipite derrière elle.
- Il va falloir établir un plan de sorti.
- Pour sortir d'où ?
- De là où nous sommes. 
L’Asgard regarde le docteur Novak avec étonnement. Cela semble pourtant une évidence ! Novak lui rend son œil mauvais avec bonne grâce. Il y a des moments comme cela dans la vie, où il ne faut pas agacer la femelle. Étonnement, depuis son éveil monsieur le hoquet a pris la poudre d'escampette, laissant miss Novak maître de ses paroles et de leur rythme.
- Je ne suis pas stupide Hermiod, j'ai bien pris la mesure de ce qui nous arrive, nous sommes coincés certes, nous sommes mal barrés certes, nous allons sans doute mourir certes, mais cela ne doit pas nous empêcher d'avancer...
- Oui... et où allons-nous ?
- A la passerelle, j'ai besoin de vérifier mes conclusions.
- De les vérifier comment ?
- Avec mes yeux. Je veux le voir... être certaine.
- Le doute ?
- L'espoir ! 
Silencieusement Hermiod suit Novak qui parcourt les couloirs avec entrain. Encore une cloison, la dernière, et la vérité fera face aux deux êtres. Le Asgard connaît cette vérité, il l'a analysée, intégrée, puis l'a vue de ses propres yeux globuleux et grands ouverts sur la triste réalité. Novak sait également. Elle a également analysé ce qui s'était passé et les conséquences d'une déflagration à l'entrée d'une fenêtre d'hyperespace. Elle sait, mais voudrait se prouver qu'elle a tord.
Le docteur Novak passe la cloison tout en sachant que ses supputations seront malheureusement exactes. Maudit soit cet Asgard, maudit soit celui qui lui vole ses espoirs ! Pourquoi faut-il donc qu'il ait toujours raison ?! McKay au moins avait la décence de se planter... parfois.
Le docteur Novak passe la cloison et voit par la grande baie vitrée la preuve qu'elle attendait. Les stries, les milliards de stries qui décrivent son parcourt au sein de l'hyperespace. Un piège, une prison, une condamnation à perpétuité.
 
- Nous sommes fichus !
- Ce n'est pas en ces termes que je formulerais les données acquises mais je ne peux que confirmer. Oui, nous sommes... comment avez-vous dit ? Ah oui. Nous sommes bien mal barrés !  
 
 
 
 
 

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