SuperNovak

Chapitre 5 : Spasmes diaphragmatiques

Catégorie: G

Dernière mise à jour 04/03/2010 16:39

Chapitre quatre
 
Spasmes diaphragmatiques
 
 
 
Si le commandant Steven Caldwell a encore des doutes quant à la raison du docteur Novak, ceux-ci viennent définitivement de s’envoler. « La belle » lui semble moins lucide depuis sa fuite intempestive dans des souvenirs télévisuels terriens. Lindsey a perdu un peu de son aura étrange, mystérieuse et légèrement effrayante, lorsqu’elle a posé ses espoirs sur une croix en papier adhésif. Un appel à l’aide pour un être croyant corps et âme aux petits hommes gris…
Caldwell regarde Hermiod, retenant un fou-rire. Après tout, la réalité rejoint souvent la fiction, alors qui sait ? Peut-être que ce geste relevant d’une magie enfantine a libéré l’esprit de la scientifique, l’aidant à trouver le chemin vers la liberté et leur salut. A regrets, le commandant s’installe, ou plutôt s’affale, dans le siège du docteur Novak, laissant celle-ci gesticuler et expliquer son plan tant avec ses gestes, ses mots et… ses maux.
 
- Hoc ! Nous avons été propulsés dans la fenêtre par une impulsion énergétique phénoménale. Depuis nous y sommes coincés comme un insecte pris dans une toile d’araignée. Il faut nous en extraire, nous arracher à son emprise par des secousses… Hoc… d’impulsions croissantes, étirant les fibres de la toile jusqu’à ce qu’elles cèdent et nous libèrent les pattes.
- Les pattes ?
- Oui, celles de l’insecte.
Caldwell jette un œil discret sur Hermiod à la recherche soit d’un hochement de tête résigné sur la bêtise humaine, soit d’un regard qui s’illumine subitement sur l’idée, THE idée ! Mais l’Asgard n’est déjà plus là. Il travaille derrière son éternel pupitre de chef d’orchestre en maugréant ce qui pourrait être tout autant une boutade qu’un compliment.
Pas plus avancé qu’avant, le colonel se résigne à poser sur les frêles épaules du docteur Novak leur unique chance de salut.
- Et comment comptez-vous reproduire une telle déferlante d’énergie ? Suggérez-vous que l’on fasse un suicide collectif en priant le dieu Mulder ?
Totalement hermétique aux sarcasmes, il faut avouer que Novak en la matière est allée à bonne école avec Hermiod, la scientifique se contente de hocher la tête. Steven se sent soudain devenir tout petit et regarde le docteur Novak lever le doigt comme une institutrice prête à l’envoyer au coin. L’espace d’un instant qui semble s’éterniser, Caldwell s’imagine disparaissant avec le vaisseau, non comme un commandant digne et héroïque, mais relayé au rang de sous-fifre, attendant bêtement dans un recoin, un bonnet cornu enfoncé sur la tête.
- Hoc !
Sauvez par le gong diaphragmatique de Novak.
Caldwell quitte son imaginaire pour se précipiter dans le présent, pas plus sécurisant mais bien moins ridicule.
- Et cette brillante idée vous vient d’où ?
- De mon hoquet mon commandant. Plus mes sursauts s’accentuent, plus j’ai le sentiment que je vais imploser et déverser mes entrailles.
- Argh…passez les détails SVP !
- Oui, enfin, voila, je me suis donc dit que si le vaisseau implosait, cela produirait sans aucun doute assez d’énergie pour nous extraire de cette gangue.
- Mais pas en un seul morceau. Si le Daedale implose, il n’y aura pas grand-chose à extraire de la toile d’araignée.
- Oui, c’est un point négatif embêtant.
- Un peu, en effet.
 
Fatalisme face à une mort probable, laisser-aller par dépit, résignation, quelque soit l’origine de la subite baisse de tension dans les circuits neuronaux du commandant du vaisseau, le résultat est proche de l’incroyable : le colonel Caldwell en cet instant sublime, tend à devenir Teal’c. Haussement de sourcils, regards impénétrables, acquiescements sous-entendus ou simplement ponctués d’un symbolique « en effet ».
La discussion se poursuit en un monologue dont on attend la chute, le moment où la magie cessera.
 
- Hoc !… C’est là que j’ai pensé à la toile d’araignée. Au lieu de s’extirper d’un coup sec et violent qui à coup sur transformerait le vaisseau en un immense rien-du-tout, il faut briser la résistance de notre prison par petits… Hoc ! …
- En effet, je vois.
- … par petits bonds. Je pense que le Daedale aura assez de puissance pour inverser le processus.
- En effet.
Ces derniers mots sont prononcés par Hermiod qui surgit hors de sa console comme un drôle de petit diable hors de sa boite. Il poursuit sans prendre ombrage du regard limite niais de Caldwell.
- L’image du docteur Novak est exacte. La fenêtre en se modelant sur nous a englué le vaisseau dans une chose en perpétuel mouvement…
-  Je croyais que justement, nous étions immobiles ?
- Oui, colonel, nous le sommes.
- …
 
Le colonel attend une réponse qui visiblement ne vient pas. Hermiod et Novak échangent des regards, soit porteurs d’une conspiration pour rendre le commandant du Daedale totalement chèvre avant la fin promise, soit garant d’un génial plan qui se construit presque comme par télépathie entre les deux êtres les plus dissemblables et les plus en symbiose du vaisseau. Steven Caldwell ferme les yeux un instant, reprend son souffle qu’il avait perdu quelque part entre deux hoquets de Novak, puis poursuit comme si rien de tout ce qui se trame autour de lui ne pouvaient affecter son nouveau « moi », Teal’cien. Il amène l’Asgard à poursuivre ses explications par une conclusion qu’il voudrait être une plaisanterie mais qu’il sait maintenant être une ahurissante réalité.
- Nous sommes donc immobile dans une grosse boule de pate-à-modelé en mouvement.
- En effet.
Y-aurait-il un phénomène contagieux au sein du vaisseau ? 
 
 
- En effet commandant, mais le côté malléable de la fenêtre sera notre porte de sortie. Le docteur Novak a raison, des impulsions progressives fragiliseront notre prison. Oui, je pense que nos chances de sortir d’ici vivant ont un peu augmenté.
- Un peu Hermiod ?
- En tout cas, elles existent, c’est bien plus que ce que nous avions il y a quelques heures.
- Pourquoi n’avez-vous pas trouvé cette solution vous-même. Je croyais les Asgards plus vif d’esprit que les Terriens ?
Si le colonel Steven Caldwell espérait agacer l’Alien ou au moins titiller son égo, il fait choux-blanc ! La réponse est logique, comme il se doit.
- Il n’y a pas d’araignées dans mon monde.
 
Une réponse sans commentaire possible, ce qu’évidemment le colonel Caldwell ne tente aucunement de faire. D’un geste rapide, il quitte le siège de Novak et se dirige vers la sortie.
- Combien de temps ?
- Trente secondes pour programmer la première secousse, cinq de plus de savoir si le Daedale a esquissé le moindre mouvement libérateur. Si tel est le cas, les impulsions pourront s’enchainer au rythme de quatre par minutes. Davantage serait dangereux et moins serait totalement inefficace, laissant trop de temps à la toile pour se reformer.
- Et si cela n’a pas l’effet escompté ?
- Alors il nous restera environ cinq heures avant de mourir de froid, six avant l’asphyxie et si nous résolvons ces problèmes mineurs, il nous restera trois jours avant de mourir de déshydratation.
- Des problèmes mineurs, en effet. Bien, alors au travail. Je vais prévenir l’équipage de se tenir prêt.
 
Le colonel Caldwell regagne son fauteuil de commandant, branche ses micros et haut-parleurs afin d’être entendu de tous. Le discours qu’il s’apprête à faire lui semble à la fois trop solennel et complètement décalé.
- Ici votre commandant. Dans quelques minutes le docteur Novak et Hermiod lanceront une procédure visant à nous sortir de l’hyperespace. Cette tentative sera unique, espérons qu’elle fonctionne. Si tel n’est pas le cas, je tiens à ce que vous mourriez en sachant combien votre commandant est fier de vous. Femmes et hommes de mon équipage, vous êtes des élites dans vos domaines respectifs et ce fut un véritable plaisir et une fierté de travailler à vos côtés.
Novak et Hermiod vont nous secouer comme des pruneaux alors accrochez-vous bien. Une dernière chose… si nous en réchappons, je nierai farouchement avoir tenu ce langage larmoyant et quiconque en fera mention, même sous un fort taux d’alcoolémie se verra affecté à la maintenance de la chambre d’Hermiod. J’espère que c’est clair !
 
Un silence pour toute réponse puis un vrombissement, comme un murmure d’abord, puis comme la désagréable impression de se disloquer. Le Daedale lance sa dernière carte. La dame Novak ou le fou Hermiod ?
 

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