Il faisait déjà bien nuit quand Samantha Carter arriva enfin chez elle. La route avait été plus longue qu'à l'aller, certainement par le fait qu'elle savait qu'elle finirait sa nuit seule, chez elle, avec ses questions et ses doutes, tout en sachant que les réponses se trouvaient sans doute sur son répondeur.
Elle ne savait pas quoi faire. Elle avait bien entendu la demande de Jack - Laisse moi le temps de te dire les choses directement. - Elle avait un doute sur ses propos. Si elle n'écoutait pas, allait-il vraiment lui dire ce qu'elle attend de lui? Oserait-il faire le premier pas et même le dernier?
Assumerait-il jusqu'au bout ses propos et ses actes?
Elle saisit son téléphone, décidée à écouter encore un peu, elle savait qu'il restait bien des messages en attente, sans doute ceux qu'il aimerait taire.
Vendredi 26 Août, nouveau message.
(Jack) Sam, j'ai repensé à ce que je t'ai dit hier, (Sam réalisa que c'était le premier message où il la tutoyait en plus de l'appeler par son prénom) et je tenais à m'excuser. Je ne suis pas sincère avec toi. Je ne compte pas arrêter ma carrière, tout simplement car c'est le seul point d'encrage à la réalité qu'il me reste. (Elle posa ses clefs sur le meuble de l'entrée et s'assit sur son fauteuil) Je ne le fais pas par plaisir, mais par pur masochisme. Quand j'ai perdu Charlie, puis Sara, mon retour à l'armée fut un suicide salvateur. Depuis, je n'ai rien connu d'autres. J'ai essayé, je te jure, mais je n'ai pas su reprendre le court de ma vie autrement quand étant colonel puis général de cette base.
Si j'ai refusé jusque là qu'il y est un « nous », ce n'est pas à cause de ce fichu règlement que nous pourrions contourné si nous le souhaitions. Si j'ai refusé, c'est que je sais qu'en réalité, je n'ai rien de plus à t'offrir que ce que nous vivons déjà à la base. Je ne veux pas que tu sois malheureuse Sam, je le suis assez comme ça.
(Sam) (à voix haute) Visiblement, tu n'as rien compris Jack. (Soupir) Voyons ce que tu as d'autres à me dire.
Dimanche 4 Septembre, nouveau message. (Sam se releva pour se préparer un thé)
(Jack) Sam, je commence à sentir une grosse fatigue s'abattre sur moi. On ne m'a toujours pas appelé, et bien que je ne baisse pas les bras à l'idée que tu survives, toute ma force s'en va vers toi au point qu'il n'en reste plus assez pour moi. Je passe mon temps à dormir, et même quand je ne dors pas, je suis ABSENT.
Je sais que tu m'en voudras de te laisser comme ça. Alors j'ai écris quelque chose dans un recoin de ma tête, et j'attendais d'être prêt pour te le dire. (Prenant sa respiration) Je sais que tu ne seras pas d'accord avec moi sur pleins de choses concernant mes derniers messages.
Entre autres car je te connais sans doute mieux que personne. Mais te dire que tu seras malheureuse avec et à cause de moi, c'est sans doute faux, puisque je ferai tout pour que tu sois heureuse, mais il faut bien se convaincre pour faire taire la douleur. (La tasse dans une main, elle se brûla, se rendant compte qu'elle tremble par la même occasion).
Chaque jour, je me lève en pensant à la journée que nous allons passer, aux épreuves que nous allons devoir traverser, au risque de te perdre.
Ce qui me convainc alors de ne pas avoir peur sans cesse, ce sont TES mots, tous plus rassurant les uns que les autres, ta manière de positiver, peu importe les évènements.
Ton sens du sacrifice, (nous partageons sans doute le même).Ce qui me pousse chaque jour à dépasser mes limites, à être le meilleur, à m'améliorer, c'est toi. (La tasse s'écrasa sur le sol, se brisant sur le coup).
Maintenant, tu sais tout sauf peut-être quelques mots que je me sens incapable de prononcer sur ton répondeur. Pardonne moi mes silences. Pardonne moi mon égoïsme. Pardonne moi Samantha.
Dimanche 11 Septembre: Nouveau message
(Jack) J'ai rêvé de toi, je ne sais plus quand, à vrai dire, je n'ai plus aucune notion du temps. J'ai rêvé que tu me parlais comme le faisait Daniel quand il n'était plus parmi nous, en tout cas, plus dans cette dimension. Tu me disais qu'il ne fallait pas que j'ai peur, que les choses allaient bientôt rentrer dans l'ordre.
Ta présence faisait tout, pourquoi aurais-je peur puisque tu es là?
Tu te posais alors à côté de moi et me prenait dans tes bras. J'en suis presque à me demander si ce rêve n'était pas réel, puisqu'en suite, je n'avais plus froid.
Depuis, tu n'es pas revenue Sam, alors je t'appelle me disant que tu m'entends peut-être et que tu pourras à nouveau m'entourer de ta chaleur. J'ose même espérer que cette fois ci, tu ne me quitteras pas.
(Sam) (à voix haute regardant autour d'elle) il faut que je sorte d'ici, il faut que je retourne le voir.
Elle coupa son répondeur et décida de contacter la base.
(Général) Colonel Carter, quel plaisir de vous entendre, on m'a dit que vous aviez quelque chose d'urgent à me demander
(Sam) Oui général, j'aimerai vous demander une permission, je dois m'occuper de J... du général O'Neil. Je suis son amie et sa famille ne vit pas à côté. J'aimerai savoir si mon absence de la base pendant un mois irait contre l'avancement de notre lutte contre les Goaul'ds?
(Général) Il n y a rien de bien nouveau Colonel, votre demande est donc accordée. Je me permet néanmoins de vous rappeler que si il y a réellement une urgence, vous serez habilitée à venir en urgence à la base.
(Sam) (soulagée) Merci mon général
(Général) Comment va t-il?
(Sam) Ce n'est pas la grande forme mais je pense qu'il va s'en sentir. Je ferai en sorte qu'il s'en sorte.
(Général) Je compte sur vous, Colonel. Vous êtes nos deux meilleurs éléments sur cette base et bien que mon poste me plaise, je suis pressé de rendre le flambeau à mon ami Jack.
(Sam) Merci mon général. Je dois me rendre à l'hôpital.
(Général) Dites à Jack que je vais lui voler sa place s'il ne revient pas vite ! (riant)
(Sam) (souriant) Pas de soucis.
Sam ne pensait pas qu'il était si tôt, où si tard. Elle savait très bien qu'on ne la laisserait pas rentrer dans la chambre de Jack à 6 heures du matin. Elle était pourtant décidée à s'y rendre, même si pour cela, il fallait encore enfreindre des règles.
Elle regarda autour d'elle, tout était si calme. Elle avait repéré la salle des infirmiers la veille, savait à peu près l'heure des changements de service. Elle savait que l'infirmière ne repasserai pas avant quelques heures.
Elle prit les escaliers – l'ascenseur, c'est loin d'être discret – elle sourit ayant la sensation d'être en mission d'infiltration. Elle se sentait vivante.
Le couloir menant à la chambre de Jack était assez sombre, les lumières de service n'éclairant pas grand chose. Elle se rendit compte qu'une lumière filtrait de sous la porte de Jack, soudainement, celle-ci s'ouvra et une femme en sortit. Sam sursauta et partit se planquer.
(Sam) (tout bas) Mince, j'ai failli me faire pincer.
Elle remercia le ciel d'être arrivée juste quand il fallait.
La lumière venait de s'éteindre sous la porte, elle se dépêcha, frappa un coup peu sonore, entra et referma derrière elle. Elle ne bougea plus, reprenant son souffle assez bruyamment.
(Jack) Vous avez oublié quelque chose, vous voulez que j'allume.
(Sam) Non Jack, laisse éteins.
(Jack) Carter (baissant la voix), qu'est ce que vous faites ici à cette heure-ci?
(Sam) Je croyais qu'on se tutoyait Jack. Et moi c'est Sam.
Elle se rapprocha de lui et repris sa place sur la chaise laissée au même endroit.
(Jack) Désolé, je suis juste un peu surpris.
(Sam) Je suis là pour prendre soin de toi.
(Jack) (la voix faiblissant) ça y est, j'ai encore des hallucinations.
(Sam) Jack, je ne suis pas issue de ton imagination, je suis réelle.
Sam approche sa main du bras de Jack puis le frôle. Celui ci fut immédiatement électrisé par son contact. Il comprit alors qu'elle était bien là.
(Jack) C'est à moi de prendre soin de toi (il leva sa main pour trouver le visage de son amie et lui caresser la joue), tu viens à peine de sortir du coma.
(Sam) Il est temps pour toi de me laisser prendre le relais, juste un peu. (Elle ferma les yeux, profitant de la douceur sa paume, toujours caressante). Je n'ai pas donné mille détails à la base mais j'ai un mois de libre. Je vais voir avec le médecin si il est possible que tu viennes chez moi. Ça prendra le temps qu'il faut, mais …
(Jack) Tu as écouté mes messages sur ton répondeur.
(Sam) Pas tous, pas encore.
(Jack) Il ne faut pas que tu te sentes obligée.
(Sam) Plus un mot.
Elle colla son siège au lit et posa sa tête sur l'épaule de Jack et s'endormit.
Jack finit par faire de même.