Le loup blanc devenu noir

Chapitre 1 : Cross Witcher/TW

11150 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 11/12/2023 16:46

La première fois que cela était arrivé, c’était durant une réunion de meute. Et personne n’y avait prêté attention à par eux deux. 

Stiles était arrivé en retard, chose assez rare pour que les autres jeunes adultes le remarquent et discutent sur les raisons de celui-ci. Derek n’en avait cure. Ce n’était pas trèèès grave en soi. Ce n’était pas comme s’ils étaient sur le pied de guerre en ce moment, si on oubliait la guéguerre amicale entre Lydia et Allison pour savoir si oui ou non The Notebook était le film le plus romantique de l’univers. 

Ou la guéguerre entre Isaac et le retardataire du jour pour savoir si c’était Le Seigneur des Anneaux ou Star War s le meilleur univers de fantasy. 

Aucune créature surnaturelle en ville signifiait que le loft de l’aîné de la tribu garou, cette dernière étalée sur les deux canapés et tapis du salon actuellement, devenait l’endroit où faire une petite soirée entre eux. Pour regarder un film ou pour boire et oublier, dépendait des jours. 

Bref. Stiles était en retard. 

Donc toute la bande regardait la porte du loft, hors Derek qui cuisinait tranquillement mais qui entendait les sifflements et le roulement de l’entrée. 

« Oh ça va ! J’ai pris le trafic, j’y peux rien ! » râla l’hyperactif sous les rires de ses amis. 

Le loup entendit clairement les autres râlements du châtain ainsi que les plaisanteries des autres alors qu’il mettait au four le rôti du soir. Ouais, il avait fait du rôti, et alors ? Un commentaire ? Les pas de Stiles se rapprochèrent de la cuisine et il ne s’étonna pas de le voir avec un plat dans les mains, le dessert à tous les coups, quand il rentra dans la semi-pièce. 

« Une tourte aux pêches pour le loup blanc, une. »

« Stiiiles - »

Pendant quelques secondes, aucun des deux ne bougea. Trop ahuris par le surnom sorti de la bouche du plus jeune. Derek ne savait même pas pourquoi il y avait répondu. Ce n’était pas comme c’était le cas, sa fourrure était aussi noire que l’encre quand il se transformait. La plus près du blanc était Erica avec son blond sablé et encore… 

Les deux hommes se regardèrent sous le choc, puis la voix d’Isaac les sortit tous deux de leur torpeur. Stiles ne savait pas pourquoi il avait appelé son camarade ‘’loup blanc’’, c’était venu naturellement. Comme un surnom toujours utilisé, un surnom venant avec les années. Ils firent tous deux comme si ce surnom n’était jamais sorti et l’humain mit son dessert au frigo avant de retrouver les autres.

Non sans prendre les sodas, demandés si gentiment par le bouclé.

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La deuxième fois que cela arriva se fût encore durant une soirée de meute, un couple de mois plus tard.

Lydia s’était assise d’office sur les genoux de Scott avant de l’embrasser comme si le tout jeune couple l’avait toujours fait. Alors que c’était première fois que cela arrivait, si on ne comptait pas la première pleine lune de Scott, trois ans avant. 

Ses trois Betas l’avaient regardé pendant un long moment après ça, parce que lui et la rousse avaient quelque chose durant un temps. Pas grand-chose, juste des flirts, des caresses, des baisers. Rien de bien sérieux et Derek savait que cela finirait par arriver. Il ne s’était pas réellement attaché à la jeune femme, pas amoureusement du moins.

Alors, il avait juste levé les yeux au ciel, priant le jeune couple de ne pas faire ça sur son canapé, non sans légèrement penser à ce que lui et Lydia avaient pu faire sur ledit canapé, avant de rejoindre Stiles dans la cuisine pour l’aider au service des boissons.

Quand le jeune châtain le vit s’asseoir sur un des tabourets du bar, il poussa un soupir avant de lui donner une petite tape sur le bras. Et une bière tout juste sortie du frigo.

« T’as toujours eu un faible pour les rousses Der’. Mais ton grand amour fût une brune. »

Erica, qui avait suivi son Alpha et s’était assise à ses côtés, commença à argumenter que ce n’était pas totalement juste. Après tout, Derek n’était sorti qu’avec des brunes ou des blondes, jamais avec des rousses. Même avant ce truc avec la Banshee. 

Stiles haussa simplement les épaules, mais le né-loup pouvait dire qu’il ne discutait pas réellement avec la blonde. Il était tout autant dans ses pensées que lui. Parce que encore une fois, cette information résonnait en Derek comme la pure vérité. Mais son camarade n’avait aucune raison de le savoir. 

Aucune. 

Il n’avait jamais parlé de son faible pour la couleur rousse, pour ses nombreuses conquêtes de New-York pouvant l’être de près ou de loin. Il n’avait jamais parlé de Paige, douce et innocente brune, sa première petite amie. Son seul grand amour en vingt-cinq ans de vie. 

Pourtant, il avait l’impression que le jeune homme parlait de tout autres personnes. De personnes qu’ils connaissaient tous deux. Cela faisait écho à quelque chose, bien enfoui, très loin. Un truc qu’il ne savait pas comment interpréter. 

Son regard croisa celui tout aussi perdu de Stiles. Mais ce dernier fût rapidement repris dans la conversation de la jeune louve, sur un tout autre sujet que les amours et les types du plus vieux, assit au comptoir. 

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Halloween était toujours une soirée prenante pour la meute. Mais ce soir était un peu différent. Au lieu des nombreuses soirées qu’ils avaient l’habitude de faire ou de courir sous la lune, pour les années où elle était pleine cette nuit-là, ils allaient en chasse à la goule. 

Joie hein.

Chris s’était joint à eux, au loft, pour parler du plan qu’ils allaient mettre en place. Les humains ne pouvaient définitivement pas rester trop près mais ils pouvaient participer en tirant des projectiles enflammés. Stiles et Lydia avaient échangé un sourire amusé en pensant aux cocktails Molotov qu’ils allaient pouvoir faire. 

« Vous autres » continua le chasseur, « je vous donnerai quelques petits lance-flammes. À manier avec précautions. »

Derek s’amusa de voir l’air totalement émerveillé d’Erica à la mention de ces armes. Il allait vraiment finir par lui consacrer une pièce à elle et Allison pour qu’elles puissent s’amuser en toute sécurité. Puis, il regarda Argent sortir d’une grande valise d’armes une épée. Après deux coups de poignets pour tester celle-ci, il présenta la garde de l’arme au né-loup. 

« Nous, nous nous occuperons d’elles avec ça. » 

« Lame en argent, j’imagine. » déclara le brun en regardant l’épée de plus près. 

« Meilleur moyen de tuer les goules. Je te donnerai quelques astuces, ne t’inquiète pas. »

Derek sourit au poids qui semblait familier dans sa main et ne fit pas attention aux airs amusés de sa meute ou celui presque narquois de Chris sur le fait qu’il ne savait pas manier une épée. Seul Stiles poussa un soupir amusé.

« Ne vous inquiétez pas Argent. Il sait très bien s’en servir. » fit-il avec un geste de main totalement désinvolte.

Ce dernier le regarda avec l’air de dire mais oui bien sûr jeune homme , cependant, quelques secondes après, l’Alpha s’amusa clairement à faire voltiger la lame avec une facilité déconcertante. Il avait l’impression de retrouver une vieille amie, ou une ancienne amante dans le creux de sa paume. 

Il ne s’arrêta que quelques minutes après, sous les sifflements de la louve et les remarques étonnées mais impressionnées des autres personnes dans la pièce. Son regard glissa sur Stiles qui lui sourit, haussant simplement les épaules en disant qu’il était heureux de le revoir comme ça.

Personne ne tiqua, si ce n’est Lydia qui les regarda tous les deux avec un air suspicieux. Tandis qu’eux s’amusaient des réactions de chacun. 

« Je n’aurai jamais imaginé ça mais je dois reconnaître que tu maîtrises ça bien mieux que moi. » le félicita Chris.

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Personne ne s’était attendu à la visite d’un satyre. 

Encore moins à ce que celui-ci arrive à faire ce qu’il veut de la plupart des membres de la meute. Stiles pouvait mourir heureux pour avoir vu Isaac et Boyd danser à la manière des nombreuses Ménades et nymphes. 

Les Ménades n’étaient pas très heureuses de voir Derek leur résister. Elles se transformèrent en furies meurtrières sous les yeux de la meute et s’élancèrent sur l’Alpha avant que quiconque n’eut le temps de faire quoique ce soit. 

Le satyre rit à gorge déployée en voyant le combat des guerrières contre le né-loup, malgré les supplications d’Erica, attrapée par les nymphes, de même que Lydia. Scott était tout aussi envoûté que les deux autres loups et Allison n’était pas en ville. 

« Arrêtez-les » hurla Stiles, sous les cris de sa meute appelant Derek. 

Il était seul face à cinq guerrières folles de rage. Il ne pourrait pas survivre très longtemps, même avec ses réflexes et sa force de loup. Même avec sa guérison. Même avec son habileté au combat. La mâchoire de Stiles sembla presque craquer quand le satyre lui offrit un sourire amusé. 

« Je t’offre une chance de les arrêter. Choisi un instrument. » 

« Quoi ? » le jeune homme eut un air perdu. 

« Choisi un instrument et calmes les toi-même. » le sourire de l’homme-chèvre était presque cruel « Si tu n’y arrives pas, ton ami mourra et tu deviendras mien. »

Son cerveau eut comme un blanc pendant quelques secondes. Secondes durant lesquelles Scott hurlait au piège, parce qu’il savait que son meilleur ami ne jouait d’aucun instrument. L’hyperactif lança un regard à Derek, qui n’eut pas le temps de lui dire quelque chose dû à une Ménade sournoise qui avait décidé de l’attaquer dans le dos.

Mais le fugace regard confiant qu’il lui avait lancé, il l’avait vu. 

« Un luth. Donne-moi un luth. »

Les lèvres du satyre se levèrent d’un nouveau sourire. Sous les gloussements des nymphes, les hurlements des Ménades et ceux de sa meute, un magnifique luth en bois se matérialisa dans ses mains. Le toucher de cet instrument lui avait presque manqué. 

« Joue donc, petit luthiste. »

Les grognements qui lui sortaient du poitrail étaient à la fois dus à la douleur et à l’effort. Elles n’étaient que cinq mais Derek avait l’impression de se battre contre une dizaine d’entre elles. Une sensation de manque, dans sa paume, se faisait ressentir mais il n’avait aucune idée de quoi cela pouvait-il s’agir et n’avait pas le temps de s’y attarder. 

Les premières notes du luth n’étaient pas accordées et le sourire du satyre sembla être encore plus grand. Mais Stiles était focalisé sur le fait d’accorder son instrument pour l’instant, sous les yeux à la fois horrifiés et abasourdis de la meute. 

Ne se laissant pas démonter par les bruits autour de lui et l’air bien trop suffisant de l’animal mi-homme, l’hyperactif commença à jouer de manière mélancolique. Le temps parut se figer autour de lui, alors que l’ensemble des personnes, humains, loups ou autres, le regardait comme pendus à ses doigts. 

Puis à ses lèvres alors qu’il commençait à chantonner quelque chose qu’ils n’avaient jamais entendu. 

La chandelle vacille, le feu s’endort

Un vent froid souffle, délicatement

Et passent les jours,

Et s’écoule le temps

Sans bruit, tout doucement

Les Ménades se stoppèrent dans leur assaut continuel envers Derek. Les Nymphes lâchèrent la jeune louve et la jeune Banshee. Et ces créatures féminines se mirent à rires et à danser pendant que Stiles continuait sa balade. 

Auprès de moi tu demeures, et reste tissé

Malgré tout notre lien, même imparfaitement,

Car passent les jours,

Car s’écoule le temps

Sans bruit, tout doucement

Les garçons poussèrent un soupir de soulagement en sentant leur corps redevenir peu à peu le leur. Derek poussa un grognement en regardant toute sa meute puis en se regardant lui-même. Il pouvait jeter ses vêtements au vu de leur état déplorable. 

Restera en nous éternellement

Le souvenir des routes et des chemins traversés

Toute la meute écouta la voix de Stiles, forte et douce à la fois, comme s’il se rappelait un souvenir pour raconter cette histoire. Ils étaient tous surpris par l’habileté de leur ami à jouer de cet instrument presque disparu de nos jours. Sauf Derek.

Bien que passent les jours,

Bien que s’écoule le temps

Sans bruit, tout doucement

Il pouvait presque chantonner les paroles avec son camarade, parce qu’elles semblaient lui venir aux bords des lèvres alors qu’il n’avait aucune idée d’où cela venait. Il savait presque d’où venait cette histoire mais il n’arrivait pas à se rappeler d’où il la connaissait. 

Il pouvait presque dire qu’entendre son ami troubadour chanter lui avait manqué, mais il n’avait aucune idée d’où ce sentiment venait. Son regard croisa celui de Stiles. Et ils se paralysèrent tous deux pendant quelques secondes, faisant crisper les doigts du plus jeune sur les cordes.

« Et bien. Je suis agréablement surpris d’entendre cette balade, jeune maître. »

La voix du satyre surprit Stiles qui sentit aussitôt le poids du luth dans ses bras disparaître. Il eut un regret à voir l’instrument partir. Mais il n’avait aucune idée de pourquoi ce regret. Il n’avait aucune idée d’où venait cette soudaine habileté à jouer, à chanter. 

Et cette balade. Cette balade dont les prochains vers étaient toujours dans sa tête. Cette balade, il n’avait aucune idée de comment il la connaissait. 

Ses yeux croisèrent à nouveaux ceux de Derek. Il savait qu’il devait laisser transparaître sa peur, des tonnes de questions sans réponse, des inquiétudes. Il savait que son ami n’en savait pas plus que lui. Parce qu’il voyait dans les yeux verts les mêmes inquiétudes que les siennes. 

Aucuns d’eux deux ne firent attention aux paroles du satyre et de la meute. Aucun d’eux deux ne firent attention à l’accord de la petite bande perdue du cortège de Dionysos de ne plus revenir ici. 

Stiles ne fit pas attention à la voix du satyre lui disant qu’il avait eu plaisir à réentendre cette balade. Derek ne fit pas attention aux Ménades lui disant qu’il avait de bons réflexes d’escrimeur pour quelqu’un qui ne portait pas d’épée. 

Ils avaient tous deux la fin de la balade chantonnée dans un coin de la tête, comme murmurée à leur oreille. Ils avaient les derniers vers glissants en eux, comme une fraîcheur glaçante de quelque chose d’inquiétant et d’inconnu. Ils avaient les paroles coulant dans leurs corps comme quelque chose de chaud et familier. 

C’est pourquoi ma douce une fois encor

Répétons ce refrain ardemment

Ainsi passent les jours,

Ainsi s’écoule le temps

Sans bruit, tout doucement.

.

Stiles regarda le luth près de la télé du salon de Derek comme un objet alien. Un objet alien et pourtant totalement à sa place. Inconnu et pourtant connu par cœur. Il s’approcha de l’instrument à corde sans prendre la peine de fermer la porte derrière lui, il y avait les autres qui finiraient bien par arriver de toute manière. 

Ses doigts touchèrent à nouveau les cordes de cette chose qu’il avait eue dans les mains pour la première fois moins d’une semaine auparavant. Première fois qui n’avait pas l’air de l’être.

« Me suis dit que ça te ferait plaisir. » fit la voix de Derek et il se tourna vers son camarade.

Ce dernier semblait revenir du toit, simplement vêtu d’une tenue de sport. Portant dans son dos deux épées, qu’il savait de matériaux différents. Pourquoi savait-il cela ? Pourquoi cette image ne le choquait pas ? Pourquoi cela ressemblait à une sensation de sécurité ?

Le brun s’avança vers lui et il posa les deux épées sur l’un des fauteuils avant de lui montrer le canapé de la main, l’invitant à s’asseoir avec lui. Stiles le fit et prit le luth avec lui pour sentir les courbe du bois sous ses doigts. Il avait l’impression de retrouver une partie de son âme qu’il n’avait jamais eu l’impression d’avoir perdu. 

Comme une apnée involontaire.

« On va en parler, n’est-ce pas ? » demanda-t-il d’une voix bien trop sereine pour la montagne d’angoisse qui le traverse. 

Son camarade soupira avant qu’acquiescer. Parce qu’ils avaient beau se connaître, ils avaient beau être ami et être proche, il y a bien des choses qui ne collaient pas. Comme si ont leur avait gravé des souvenirs qui n’étaient pas les leurs.

« Je n’ai jamais joué de luth avant Halloween. » commença-t-il en caressant le bois sous ses doigts. « Scott m’a regardé comme si je lui avais caché le plus gros secret de l’univers mais je n’ai même pas pu lui expliquer que je n’avais aucune idée d’où je connaissais cette chanson. Quand j’essaye de lui expliquer, tout ce que je dis, c'est que c’est ancré en moi. Que ce sont mes mots posés sur des accords d’un autre temps. »

Il regarda Derek avec une demande d’approbation dans le regard et ce dernier lui offrit par un simple geste de tête avant de répondre.

« Avant que tu commences à dire les vers, je ne les connaissais pas. Puis ce fût comme s’ils avaient toujours été là. Comme si tu me les avais répétés et répétés encore et encore pendant des mois juste pour me faire chier et que malgré moi, je connaissais tes mots par cœur. »

« On est foutu n’est-ce pas ? » le loup ricana. « Ça n’a aucun sens. Notre vie n’avait pas beaucoup de sens de base. Les loups-garous, les créatures surnaturelles, les plantes magiques, Lydia qui ressuscite ton oncle par on ne sait quel rituel. Mais ça… »

« Ça, c’est autre chose. » continua le plus vieux. « Ça… »

« C’est une autre vie. » finit Stiles. 

Il n’eut jamais eu aussi peur de sa vie que quand Derek ferma les yeux bien trop fort, comme pour accuser le coup de ce qu’il venait de dire dans une continuité de pensée. Dans un sens illogique totalement logique. Être dans les griffes de Peter en pleine psychopathie, ce n’était pas grave, ça se gère. Être dans une piscine avec un Derek paralysé et un lézard tueur qui attendait que tu en sortes, pas grave, on attend en évitant de se noyer. 

Derek qui valide sa théorie comme quoi ils se souvenaient d’une vie qu’ils auraient vécue dans un autre temps, une autre temporalité… Terrifiant. 

« Il y avait d’autres balades. » reprit le loup, en tâtonnant dans le noir qu’était leurs “souvenirs”, « Je sais qu’il y en a d’autres. Cela m’agace. »

« Tu n’as jamais aimé l’art Der’. » 

Le susnommé le regarda en haussant un sourcil avant que l’hyperactif se rende compte de ce qu’il avait dit. Ah. Encore une chose qui sonnait juste dans sa bouche. Mais

qui ne l’était pas réellement. Le loup était amateur de livres, un art de mots. Un art de mots qui n’était certes pas les vers de balades ou de chansons, mais art de mots. 

« De quel grand amour tu parlais, la dernière fois quand Scott et Lydia se sont mis ensemble ? » 

Il ouvrit la bouche mais aucun nom n’en sorti. Il leva les mains comme pour se donner de l’élan mais il coupa son geste car rien ne vient. Elles glissèrent sur les cordes du luth en retombant.

« Tu ne sais rien de Paige, n’est-ce pas ? »

« Qui est-ce ? » demanda-t-il et il vit la douleur dans les yeux du loup, à peine les mots sortirent de sa bouche. 

Il se rappela ensuite ce qu’il avait dit ce jour-là. Ton grand amour fût une brune . Fût. Passé. 

« Désolé. » mais Derek secoua la tête pour dire que ce n’était rien.

« Tu ne parlais pas d’elle. » fût tout ce que l’aîné répondit. « C’est ce qui importe dans la conversation. »

Mais Stiles pouvait voir la plaie encore ouverte. Mal guérie et purulente. Jamais soignée peut-être. Une femme qui avait pris le cœur de Derek et, pour il ne sait quelle raison, avait fini par le détruire en morceau. 

« Je peux t’écouter si tu veux. Je t’écoute toujours après tout. » ils ricanèrent tous deux, l’un plus gêné que l’autre, l’un plus brisé que l’autre.

« Tu m’écoutes toujours, oui. Et je sauve ton cul en contrepartie. »

« Bon deal, je trouve. » et cela eut le mérite de faire rire Derek.

Ils se regardèrent à nouveau avec l’air de comprendre que cette conversation n’était pas totalement de leurs souvenirs d’aujourd’hui mais ils n’eurent pas le temps de reprendre celle-ci que les autres arrivèrent.

Certains posèrent des questions sur les épées et sur le luth mais aucun des deux hommes ne purent vraiment répondre au pourquoi du comment. Puis Lydia les arrêta tous pour qu’ils se mettent à faire leurs devoirs, semaine d’examens oblige. Les questions pourraient revenir plus tard si cela leur chantait. 

Plus tard, ils oublièrent la présence de ces objets et partirent tous de l’appartement pour rentrer chez eux. Hors Isaac qui demanda à son tuteur pourquoi ces instruments bien différents était présent. 

« Pour essayer. » répondit-il. 

Pensant que c’était leur place.

Pensant Pour vivre .

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Petit à petit, ils arrivent à faire la différence entre eux et ‘’eux’’. Les souvenirs qui n’en sont pas et ce qui s’est passé depuis le moment où ils se sont rencontrés. La meute se rend compte petit à petit des choses étranges qui se passent, quand bien même Lydia semble toujours détourner leurs attentions ailleurs. 

Comme si elle savait quelque chose mais ne savait pas réellement quoi non plus. 

« Vous avez de nouvelles voix autour de vous. » leur dit-elle, un soir après que Derek lui posa la question, dans la cuisine du loft, alors que les autres hurlent sur Mario Kart. « Elles n’étaient pas réellement présentes avant Halloween. Ou alors trop peu pour que je les entende. »

Elle ne cherche pas à comprendre ces voix. Elle les décrit plus comme une sorte d’aura que de véritables voix comme elle peut les entendre grâce son don. Quelque chose qui grossit en eux, comme une extension. Quelque chose qui a toujours été là et qui se réveille. Elle ne sait pas vraiment elle-même. 

Et eux non plus.

Mais ils arrivent à gérer de mieux en mieux les épisodes d’”eux”. 

Comme quand Stiles se met à jouer de son luth sous les yeux toujours aussi incompréhensifs de Scott, admiratifs des autres et connaisseurs de Derek. Ce dernier hume parfois avec le jeune homme, connaissant déjà l’air par cœur.

Comme quand Derek s’entraîne avec ses lames et leur fait apprendre à leurs tours, sous les yeux amusés de l’hyperactif qui parle d’un retour du papa loup. 

Comme quand l’un d’entre eux dit quelque chose qui sonne juste mais ne l’est pas totalement.

Petit à petit, ils se font à la différence entre eux et ‘’eux’’.

.

« Je croyais que tu ne voulais plus jouer les appâts pour moi. » lança Derek d’une voix un peu trop bourrue, un peu trop grincheuse, alors que la meute discutait du plan pour se mettre en marche contre une Brouxe. 

Stiles lui lança un regard noir pour toute réponse. 

« Autres situations et tu le sais. Je peux me défendre. » 

Le loup regarda un instant la batte en argent dans les mains de son camarade avant de froncer les sourcils.

« Je vais déjà avoir du mal à la tuer avec mes sens et tu penses pouvoir l’avoir avec une batte de baseball ? Tu es stupide ou fou ? »

« Je te permets pa- »

« Ce n’est pas le même délire qu’avec la succube où j’étais littéralement derrière toi et pouvait l’attraper sans trop de problème Jask ‘ ! » aucun des deux ne firent attention au surnom qui ne devrait pas l’être, alors que les autres ouvrirent grand leurs yeux.

« Pourquoi il faut toujours que tu ramènes cette histoire sur le tapis ?! » demanda Stiles avec lassitude et colère.

« Parce que c’était la seule fois où ce fût sans danger ! » 

« Ah parce que jouer les espions, partir en guerre et sauver ta peau, c'était sans danger Ger’ !? »

« Stop ! » hurla Boyd. Et ils se tournèrent tous deux vers le noir sans comprendre.

Avant de se regarder à nouveau et d'ouvrir les yeux de surprise. Ils s’éloignèrent l’un de l’autre sans savoir à quel moment ils l’avaient fait, finissant à chacun près d’un autre membre de la meute.

« Succube, espions, guerre, Ger et Jask. Ce que vous dites n’a aucun putain de sens. » lança Erica avec tact. 

« Putain. » fût la seule chose qui passa les lèvres de Stiles. 

Un silence se fit dans la pièce. Aucun des deux hommes n’ouvrit la bouche à nouveau. Le brun avait l’impression de se perdre dans lui-même. De se perdre face à cette autre part qui semblait s’éveiller. Stiles se souvenait de chose qu’il n’avait pas vécu. Une succube et lui pour appât ? Oui, c’était dans un village, il ne savait plus où. Près d’un puits. Il avait chanté une balade. 

Il se noyait dans lui-même.

« Stiles. »

C’était son nom. Mais en même temps il savait que Jask’ était un diminutif de son nom aussi. Quel nom ? Quel putain de nom ? Il n’avait jamais été appelé autrement que Genim ou Stiles. Des surnoms stupides d’enfants oui, des surnoms aimants de parents oui. Mais Jask’ ? Quel nom est-ce ? Quel putain de nom ?

« Stiles ! » 

Il sortit de sa torpeur, l’air rentra à nouveau dans ses poumons. Derek, Ger’ (?), le regardait avec inquiétude ainsi que tous les autres. 

« Une fois qu’on aura attrapé cette Brouxe » fit Lydia, d’une voix sans appel « On va s’occuper de ce problème les garçons. »

Les deux hommes acquiescèrent. Oubliant pour le moment ce qu’il venait de se passer pour se concentrer sur la vampire mineure qui était sur leur territoire. 

Finalement, tous les humains restèrent au loft tandis que les loups partirent en chasse, épées d’argent à la main. 

.

Quand ils rentrèrent, certains d’entre eux avaient du sang sur leurs vêtements mais Stiles savait que les plaies étaient déjà guéries.Chacun pris le temps de se changer, boire ou se nettoyer un coup avant de s’asseoir dans les nombreux fauteuils et pouf du salon où les trois humains attendaient avec leurs livres de sorcelleries sur les genoux, ouverts à diverses pages, parlant de sujets plus ou moins reliés à ce qu’il se passait. 

Cela allait de la possession à la conjonction des sphères. Toutes ayant un sens sans en avoir. 

Comme le fait de s’appeler par un autre nom en avait sans en avoir. Connaître des choses qui avaient du sens sans avoir existé réellement. 

Une fois que tous furent assis, les deux hommes se regardèrent à nouveau avant que Stiles ne se mettent à parler. Et il expliqua tout ce qu’il put. Du fait qu’il savait jouer du luth sans avoir jamais touché l’instrument, connaître des paroles de chansons inexistantes. Que Derek savait manier une épée, qu’il connaissait les vers des balades qu’il chantait. Qu’il savait qu’il avait un faible pour les rousses. Du surnom loup blanc alors que Derek se transformait en loup noir. 

Qu’ils s’en étaient rendu compte depuis un moment mais surtout depuis Halloween. Qu’ils avaient commencé à en discuter mais n’avait pas réellement repris la discussion depuis. Ils avaient pris la chose comme elle venait et l’avait presque oubliée dans un coin de leur crâne avant qu’elle n’explose un peu plus tôt. 

« Je ne pense pas que ce soit de la possession. » commença Allison en fermant un des livres posés sur la table. « Comme tu dis, c’est plus des souvenirs que quelque chose qui t’oblige à faire quelque chose ou te faire perdre ta mémoire. »

« À moins que ce soit vous qui ayez pris la place de ces Jask’ et Ger’ mais hypothèse peu concluante, je trouve. » ajouta la rousse avec un sourire amusé qui fit froncer les sourcils à Derek et ne fit pas réellement rire Stiles.

« J’pense que le Shérif aurait remarqué. » lança Isaac en mangeant une pomme, parce qu’il avait toujours faim après une traque. 

« On peut aussi enlever le délire de projection astrale, vu que les voix ne semblent pas du tout parler d’autres personnes hors les noms que vous vous êtes donnés. » reprit Lydia en fermant un livre à son tour. 

« La projection astrale, c’est pas toi qui est censé avoir un esprit dans le monde corporel ? » demanda Boyd en fronçant les sourcils. 

« Techniquement. Mais on a pris large. » répondit Allison en haussant les épaules. « On peut donc aller vers deux hypothèses plus logiques : vous avez une âme piégée en vous avec ses souvenirs qui se réveille-»

« J’aime pas cette idée. » marmonna Stiles et Erica lui serra l’épaule pour le consoler. 

« - ou vous avez une vie antérieure qui se rappelle à vous à cause de quelque chose. »

« Ce qui semble bien plus logique parce que ? » fit l’aîné en s’affalant un peu plus dans le fauteuil dans lequel il était. 

« Parce qu'une histoire de conjonction des mondes où d’un coup le surnaturel apparaît, je veux bien. Mais on connaît le surnaturel depuis longtemps. » la voix d’Allison se fit moins sûre « Je crois bien que ma famille chasse les loups-garous depuis le… quinzième siècle. »

« Cette conjonction amenant les créatures surnaturelles a pu arriver. » reprit-il « Mais pas dernièrement sinon je ne serais pas né loup. »

« Exactement. »

Stiles fronça les sourcils à cela. Comment l’histoire aurait pu oublier un évènement comme celui-là si le surnaturel n’était pas quelque chose d’existant et de tangible de base ? Puis, il repensa aux histoires de monstres et de fées que sa mère lui racontait sans connaître ce monde. Mais combien de ces histoires venaient de l’imagination de l’Homme et combien des créatures s’amusant à parler de leur monde comme d’un monde inexistant ?

Après, il se dit que l’histoire oubliait bien des détails et autres évènements importants quand cela arrangeait celui qui l’écrivait.

« Conjonction donc ça veut dire que les mondes se sont retrouvés sur le même plan et ont fusionnés pendant un temps, c’est bien ça ? » Lydia, Boyd et Erica acquiescèrent en cœur. « Et s’il y avait eu une conjonction ? Mais qu’au lieu d’amener le surnaturel puisque déjà présent, elle avait juste… amené des gens ? »

« Tu veux parler de voyage entre différents mondes ? Mec, tu as une naissance, tu as un arbre généalogique. » lança Isaac « Ça t’aurait pas amené en un claquement de doigts avec un passé pré-existant. »

Lydia et lui se regardèrent avant de pencher en la faveur de cet argument et la rousse ferma une troisième livre. Puis un quatrième.

« C’était quoi celui-là ? » demande Scott

« Le fait de voyager entre les mondes. Enfin ça parlait de voyager entre le monde des morts et des vivants mais bon. Ratissage large. » fit-il en haussant les épaules avant de se laisser tomber au sol pour voir d’un peu plus près les théories qui restaient.

« Ce qui nous ramène à la vie antérieure et l’âme piégée. Ainsi que d’autres trucs ressemblant à ça. » déclara Lydia, prenant un verre de soda une fois que Derek eu enlevé les livres fermés.

« Comme ? » questionna Erica en prenant des chips, qu’elle et Isaac avaient finis par ramener parce que la faim les tiraillait tous maintenant.

« Vie parallèle. Écho d’alter-égo. Âmes jumelles ou âmes-sœurs. Des trucs tout aussi fun, tu vois le style. »

La blonde pouffa à la réponse de la chasseuse. 

« J’préfère le délire de vie antérieure que celui d’âme piégée en moi. » déclara Stiles avec une moue un peu dégoûtée. « Cette personne a vu bien trop de choses que je voulais que personne ne sache. »

« Oh t’inquiète, je pense qu’elle en a vu pas mal vu ce que vous disiez tout à l’heure. »

L’hyperactif acquiesça vaguement à cela. Être espion durant la guerre. Aider son pote à attraper une succube et autres monstres. Ouais. Il y avait quelques trucs qui ne devaient pas trop la déranger plus que ça. 

Mais bon. Il y a des choses qui sont privées qu’il aurait bien voulu garder pour lui. 

« Partager ma tête ou mon corps n’est pas un truc que j’approuve non plus. Donc, on se retrouve avec une liste de sorts et rituels possibles pour faire rentrer ou sortir une âme dans un objet, mais j’ai pas vu grand-chose pour l’attacher à un autre corps. » fit Allison en reprenant la conversation vers son but. « On peut toujours essayer demain si vous êtes prêts à faire l’expérience. »

Derek haussa les épaules comme pour dire qu’ils n’avaient pas trop le choix. Ce qui n’était pas faux. 

« Si cela ne marche pas, on pourra rayer la théorie de la liste et se lancer sur les autres. » ajouta-t-il, terminant la discussion pour aujourd’hui.

Comme il se faisait tard et que le loup de naissance avait la flemme de faire à manger, ils commandèrent pizza. Les adolescents prévinrent leurs parents qu’ils dormaient chez un ami et ils se posèrent devant la dernière série qu’ils suivaient ensemble. 

Tout le monde lança un regard vers Derek quand ce dernier déclara, presque en roulant des yeux, que les sorcières étaient bien trop impliquées dans la politique des royaumes. Puis vers Stiles quand celui-ci fit un bruit approbateur de l’autre côté du canapé. 

Avant qu’ils ne se regardent tous de manière un peu ahurie à la scène qui venait de se passer, encore une fois.

« Franchement, dans quoi vous vous êtes fourrés ? » lança Erica en se levant pour aller chercher les pizzas.

.

Avoir fait du toit un toit végétal avait peut-être été la meilleure idée de Boyd depuis que la meute prenait le loft comme point de chute et lieu de vie. Cela avait l’avantage d’avoir son potager et son herbier à disposition.

Et personne ne posait de question par rapport aux plantes étranges qui poussaient là-haut vu que Derek n’avait aucun locataire dans l’immeuble et que l’accès au toit était de toute manière directement liée à l’appartement de ce dernier. 

Lydia rassembla les herbes avec l’aide de Stiles pendant que les garçons et Allison faisaient de la place dans le salon pour avoir un endroit de test assez grand. Vu la façon dont les sorts et rituels tournaient à Beacon Hils, ils n’étaient jamais assez prudents à déplacer les meubles.

« Bon. Vous êtes prêts ? » demanda la brune une fois qu’ils furent tous placés. 

Derek et Stiles étaient au centre de la pièce, assit sur le sol au cas où l’esprit attaché, si esprit est, leur prendrait trop de force en partant de son ancre. Les garçons les encerclaient à environ deux mètres d’eux tandis que les filles s’occupaient du rituel.

« Aussi prêt que j’peux l’être à voir une âme possiblement sortir de mon corps ? Elle va avoir une forme ? Une couleur ? Derek, ça a une forme, une âme ? »

« Commence Lydia. » coupa le susnommé avec une lassitude amusée.

Elle sourit légèrement au tableau avant de commencer à prononcer les vers. Elle sentit la fée en elle se réveiller à la magie ambiante, au doux chant de sa propre voix et à celles de ses comparses. Elle sentit le moment où la magie toucha les deux hommes face à elle. Et le moment où cette dernière s’en détourna, comme invoquée en vain.

Stiles ouvrit un œil quand la rousse stoppa son chant. 

« C’est bon ? On est dé-maudit ? » elle roula des yeux pour toute réponse avant de prendre un nouveau livre et un nouveau bouquet de plantes à brûler. « Ouais, nan, ç'aurait été trop facile et on fait pas de facile à Beacon Hills, n’est-ce pas ? »

« Stiles. »

« Ouaisouais Sourwolf, je me tais. »

« Je reprends. » avertit-t-elle avant d’entamer un nouveau chant. 

Et elle continua comme ça, coupée par les sarcasmes de son camarade et les inquiétudes de certains de ses comparses entre chaque changement de livre et invocation, jusqu’à n’avoir plus aucun livre, aucun bouquet d’herbes ou cristaux sous la main. 

Elle claqua le dernier livre en le fermant. 

« Bon. » fit-elle d’une voix assez forte pour couper quiconque qui voulu dire quelque chose. « Hypothèse suivante donc. »

« Ouais, j’ai pas quelqu’un attaché à moi ! » lança Stiles avec bien trop d’entrain avant de se laisser tomber sur le sol. 

« Dieu merci, personne n’est attaché à Stiles depuis presque dix-huit ans. » s’amusa son meilleur ami à ses dépens, quand bien même l’hyperactif lui tira la langue pour toute réponse.

« Donc on se lance sur le délire de vie antérieure et-ou alter-égo slash âme jumelle ? » demanda Boyd, tout en allant enfin ranger la pile de livres qu’il s’était réduit à avoir sur les bras par sa compagne.

« Yop. » répondit Allison en prenant le bol dans lequel elles avaient brûlé les nombreuses herbes pour aller jeter les cendres. « Autres types de sorts, autres vers, autres chants, autres rituels. Tout le tralala qu’on aime. »

« Au moins, y a rien de mal qui en sort pour une fois. »

Tous se tournèrent vers Isaac avec un regard torve ou légèrement en colère. Comme s’il avait osé appeler le diable à défier ce qu’il venait de dire. Il leva les mains vers lui, s’excusant, bien que son sourire en disait long.

« S'il se passe un seul truc bouclé, je te jure que j’te rase le crâne. » le menaça Erica, presque bien trop heureuse de son idée. 

Derek lança un regard vers le ciel, caché par le plafond, alors que les deux louveteaux commencèrent à s’emboucaner. Qu’est-ce qu’il avait bien pu faire dans cette vie antérieure supposée ?

« J’ai l’impression de t’entendre avec te chamailler avec Ciri. Pour que vous vous liguiez contre moi cinq secondes après. » fit-il dans un presque murmure.

Ce qui fit mourir de rire Stiles et arrêta les loups qui pouvaient très bien l’entendre. Face à ce silence, il se tourna vers ses gamins qui ne l’étaient pas vraiment et haussa les épaules.

« Vous le faites, niez pas. »

Erica leva le doigt, bouche s’ouvrant, comme pour dire le contraire, avant de se couper. Et de froncer les sourcils. 

« Ciri donc ? » 

Il regarda Lydia qui semblait avoir le cerveau qui tournait des rouages à toute vitesse. 

« Visiblement. » répondit-il, avant de la voir se faufiler parmi eux pour retourner vers la bibliothèque.

Ignorant totalement les livres qu’ils s’étaient laissé à disposition pour la suite des tests. Elle devait avoir lu ce nom quelque part. 

« Tu veux un coup de main Lyd’s ? » demanda Allison alors que le reste d’entre eux se dirigeait vers la cuisine pour prendre un truc à boire ou grignoter.

« Non, ça ira Alli’. »

Derek eut le temps de faire à manger pour tout le monde tandis que la rousse était toujours plongée dans les nombreux livres qu’ils avaient entassés dans les étagères. Ça parlait bourses, universités et autres projets à long terme autour de lui. Il aurait presque pu oublier que la plupart d’entre eux aller finir probablement à l’autre bout du pays dans quelques mois. 

Cela ne l’inquiétait pas beaucoup à vrai dire. Il savait que la ville était trop importante pour eux tous pour ne jamais y remettre les pieds et leur petite bande avait déjà commencé à prévoir un planning de visio et tous types d’appels possible.

Ces dernières années, surtout après l’horreur que les Alphas leur avait fait subir, ils étaient tous devenus une famille, une meute aux liens incassables. 

Ce n’était pas la distance qui allait changer ça. Ce n’était pas le fait que lui et Stiles commencent à se perdre dans les souvenirs qui ne sont pas les siens qui allaient changer ça.

« Ah bah putain enfin ! » cria la fée hurlante, les surprenant tous.

Elle jurait tout de même assez rarement. 

Ils eurent le plaisir de la voir se tourner en un coup de talon avant de foncer vers eux tout en continuant de lire les pages qu’elle venait d’ouvrir. Mais avant qu’elle ne puisse parler, il la força à s’asseoir et à manger avec eux. 

Une pause n’allait pas les tuer. 

« Maintenant, tu peux parler. » lui fit-il une fois que son assiette fût assez bien entamée.

« Hn ? Oh oui ! Ciri, ou Cirilla peut-être ? » il regarda Stiles sous les yeux pétillants de la jeune femme qui semblait avoir retrouvé un trésor oublié. Il vit dans les orbes bruns la même conviction que lui et il acquiesça à la rousse. « J’en étais sûre ! Oh mon Dieu ça change tout ! »

« Lydia, s’il te plaît, focus. » 

« Oui oui j’y viens. Donc Cirilla » elle rouvrit le livre à la page qu’elle avait entre les mains plus tôt, marqué par un couteau. « est l’auteur de l’une des parties du Grimoire du Vatt'ghern- »

« Sorceleur. » la coupa-t-il. Elle le regarda avec interrogation. « Ça veut dire Sorceleur en elfique. »

« Ton boulot quoi. » ajouta Stiles avec désinvolture. Avant de s’arrêter dans ses gestes. « Non, pas ton boulot, du moins pas aujourd’hui. Quoique tu chasses toujours des monstres avec une épée en argent. T’es pas payé cette fois. Attends, est-ce que ça veut dire que je suis un sorceleur maintenant ? »

« T’as pas subis de- »

« Mutations. » finit Lydia avec un sourire bien trop heureux et des yeux trop brillants, sous ceux inquiets ou presque de tous. « Cirilla décrit le mythe des sorceleurs, des monstres parmi les hommes, des hommes ayant subi des mutations pour les faire concurrencer les monstres. Elle parle du fait qu’avec son pouvoir magique, elle ne les a jamais subis mais elle a tout de même été sorceleuse et a été la pupille du Loup Blanc. »

Les deux hommes se regardèrent.

« Je t’ai appelé loup blanc. » il acquiesça « Oh mon Dieu. Tu es le père adoptif de l’auteure du bouquin ?! .. Pourquoi je pose la question, je sais que tu l’es. Je sais que tu l’es. Je – Oh je crois que je me fais un nœud au cerveau. »

Il y eut un pouffement à table mais les deux hommes ne réagirent pas. Et la fée des morts reprit.

« Elle écrit aussi que, pour le bien de ses siens, elle a dû les éparpiller dans les mondes. Pour échapper à la Chasse sauvage qui en avait après elle, bien qu’elle et eux les aient vaincus durant une guerre sur un continent non existant ou plus existant. »

« Donc... » l’interrompit Boyd « Si je comprends bien hein, ils viennent d’un autre monde ? Tout en étant du nôtre et étant née dans le nôtre ? Ça n’a... pas de sens. »

« Je sais ! » répondit la rousse avec beaucoup trop de joie pour Derek. « C’est totalement la magie du truc. Dire que le meme ‘’Ta gueule c’est magique’’ s’applique à nous, c’est merveilleux. » 

Cela eut le mérite de faire rire Erica, Stiles et Isaac. 

« Mais cela explique pourquoi vous avez vos souvenirs et les leurs. Parce que vous êtes nés avec eux liés à vous. Ils ont dû penser que vos âmes correspondaient aux leurs. Vous avez vos vies, tous les quatre, et maintenant vous vous souvenez des leurs car… et voilà le problème. Je ne trouve pas de raison. »

Stiles et lui se regardèrent pendant quelques secondes sans comprendre avant que le plus jeune se tourne vers Erica.

« Je sais pas dans quoi on s’est fourrés mais rappelle-moi de ne pas énerver n’importe quelle autre sorcière ou autre créature possédant de la magie. »

.

À partir de là, ce fût un peu plus facile de se mettre à la tâche pour essayer de délier les nombreux nœuds que toute cette histoire donnait aux cerveaux de chacun. Boyd et Lydia, bien plus décidé que les deux concernés à s’occuper du problème qu’ils ne trouvaient pas forcément plus gênant que ça, prirent les choses en main. En bon Beta de tête et Seconde de la meute.

Derek était fier d’eux. Même s’il pensait qu’ils se prenaient bien trop la tête. 

Cela faisait plusieurs mois maintenant qu’ils vivaient comme cela, un de plus ou de moins ne changerait pas grand-chose. Pt’être plus de souvenirs de ces vies d’un autre monde. 

Il avait demandé à la jeune fille comment elle pensait que le livre était arrivé dans le leur. Hypothétiquement, avait-elle répondu, si Cirilla avait lâché les âmes de tous dans des mondes différents, elle devait aussi avoir laissé le livre non loin d’eux. Au cas où les âmes se mettraient à se réveiller ou autre circonstance possible. 

Ils avaient juste eu de la chance à l’avoir trouvé, perdu dans le tombeau des Hale. 

Le noir avait décidé, avec l’accord et l’excitation de la rousse, d’invoquer Cirilla. Ce qui ne devrait pas être impossible au vu de ses propres pouvoirs magiques qui la faisait sauter de monde en monde. 

Il se souvenait presque de sa voix. De ses cheveux aussi gris que les siens étaient blancs. De cette sensation étrange que de la voir grandir. Cette sensation de manque quand les autres prononçaient son nom en parlant d’une sorcière hypothétique mais réelle, comme on parle d’une célébrité ou des héros mythiques. 

Il regardait Stiles dans ces moments, le seul à comprendre un minimum ce qu’il pouvait ressentir. Une main sur l’épaule, l’autre sur son luth qu’il gardait de plus en plus souvent avec lui, à faire sonner quelques accords qui le faisaient sourire et soupirer à la fois. 

Ils ne parlaient pas des souvenirs plus sanglants qui passaient sous leurs yeux, éveillés ou non. 

Il se souvenait des monstres. Du sang et des tripes. Du goût de certaines potions. De la sensation de mourir par poison, par empalement, par litre de sang perdu. Du son des épées et du métal s’entrechoquant, des cris d’horreur et de peur. 

Stiles se souvenait de la torture. De ses propres cris et de ceux des autres prisonniers. De la guerre et des amis perdus. Des larmes et du sang qu’elles lavaient de ses joues. Des trahisons et des hurlements de colères. 

L’un était mercenaire et héros. L’autre espion et barde. 

Pile et face d’une même pièce.

Mais il préfère encore écouter Stiles chanter que continuer à penser aux montagnes russes qu’était la vie qu’il avait vécue dans un autre monde. Alors que toute la meute se met en marche pour le prochain rituel de la journée.

Par-dessus les toits mouillés, tu t'envoles,

Tu plonges parmi les nénuphars jaunes,

Mais, si toutefois on m'en laisse le temps,

Moi, je te comprendrai, quoi qu'il arrive…

Il sait que cette balade ne parle pas d’eux. Lui et Stiles ou les deux autres qu’ils ont été. Qu’importe. À l’instant, cela semble leur ressembler bien trop. 

Techniquement, il sait que durant ces années à côtoyer le plus jeune, il était tombé amoureux de cette langue tranchante comme une lame, de ces yeux calculateurs et de cette joie de vivre qui semble sans fin, tel un masque bien appliqué sur sa peau.

Techniquement, il sait, comme l’a dit Stiles il y a des mois de cela, son plus grand amour fût une brune. Dont le nom lui échappait toujours, comme de la fumée qu’il voudrait attraper. 

Qu’importe. Tout cela n’importait pas beaucoup à l’instant.

« Debout les gars, j’ai besoin de vous au centre du cercle d’invoc’. » les réveilla presque Allison, alors que l’un était perdu dans sa tête et l’autre dans ses notes.

Stiles grommela en posant son luth, quelque chose à propos de fichus rituels et fichus monde parallèle et fichus vie wtf. Il ne pouvait qu’être d’accord.

« Parés ? » demanda Lydia, reprenant les rennes du rituel.

Le loup noir ou blanc haussant les épaules. Et elle commença à prononcer les vers. 

Il ne s’attendait pas à voir un portail vert apparaître à peine eut-elle fini sa phrase. Une femme aux cheveux gris en sortie, cicatrice sur le visage lui mangeant une partie de la joue gauche et du front. Elle les regarda tous avant de regarder lui et Stiles un peu plus.

« Ciri ? » demanda-t-il avec Stiles, totalement lui, mais totalement un autre à la fois. 

Il voulait la prendre dans ses bras, cette inconnue qu’il connaissait par cœur. L’engueuler pour avoir pris les risques seule durant des années, encore. Quand est-ce qu’elle arrêterait ? Sûrement jamais. 

« Vous m’avez invoquée ? » fit-elle avec surprise avant de froncer les sourcils, prête à se lancer dans une série de phrases qu’il coupa bien vite. Ou essaya.

« Oh Ciri, comme je suis content de te voir ! Tu es encore plus belle que la dernière fois.»

« Tu parles de ma fille. » 

Stiles, Jaskier, leva les mains en l’air pour montrer son innocence alors que lui regardait son ami de toujours avec un regard presque noir. Quand bien même c’était plus pour le taquiner qu’une vraie menace. 

Ciri les regardait comme si on lui avait fait pousser une deuxième tête. Et les autres de la meute aussi. Probablement parce qu’ils étaient tous deux deux à l’instant. Ils étaient Derek et Stiles, Geralt et Jaskier. 

Merde. Est-ce que ça voulait dire qu’il était tombé amoureux de Jaskier sans tomber amoureux de Jaskier mais en tombant amoureux de Stiles qui était Jaskier ?

… Ouais, ça n’avait aucun sens dit comme ça. 

« Geralt ? » demanda-t-elle. Il acquiesça. Et elle s’illumina avant de se jeter dans ses bras. « Geralt ! »

« Et moi, je pus ? Content de le savoir. » ronchonna Stiles, Jaskier, les deux à la fois. 

« Bien sûr que non gros bêta. » fit-elle avant de le prendre lui aussi dans ses bras.

« J’suis juste son père après tout. » dit-il et Stiles lui tira la langue. 

« Les pères, c’est nuls, les tontons, c’est mieux. » Derek roula les yeux au ciel. 

« Oh mon dieu ça a marché. » le son de sa voix était presque étonné et il en fronça les sourcils. « Oh mon dieu ça a marché ! Vous êtes vous ! J’avais tellement raison ! »

Dans sa joie, Ciri se tourna vers le groupe qui continuer de les regarder sans comprendre. Et elle s’arrêta. 

« Oh. Ouais. Je dois probablement des explications n’est-ce pas ? » sa voix se fit plus petite, comme quand elle se rendait compte qu’il l’avait vu faire une connerie. 

« Un tout petit peu. »

Alors, elle commença à parler. À parler du sort qu’elle avait lancé à l’insu de Yennefer – le nom de son grand amour, la mère de Ciri, la fumée qu’il n’arrivait jamais à attraper-, les liants tous à elle comme des graines à semer. Qu’elle l’avait fait dans plusieurs mondes, par petits groupes de deux ou trois avec un grimoire dans une des familles où ils allaient vivre. 

Que c’était un choix qu’elle devait faire, pour les protéger. Pour ne pas les perdre comme ils avaient perdu Vesemir. Et tant d’autres innocents aux noms inconnus ou non qu’elle avait entraîné avec elle en fuyant la Chasse. Des villages entiers, des mondes, des fois. Qu’importe qu’elle ait vaincu le Froid Blanc. Qu’importe que ce n’était qu’une partie de la Chasse qui restait à ses trousses. 

Elle avait fait son choix. Lancé le sort. Semer ses graines et ses grimoires. Continuer de semer la Chasse, la détruisant à chaque escale, la rendant si petite qu’elle arrêta de la chasser. 

Puis, elle retourna chez eux. Dans leur monde. Dans le château de Kaer Morhen. Le reconstruisant avec certains qu’elle avait sauvé en chemin. Trois personnes qui n’avaient plus rien qui les retenait dans leurs propres mondes.

« Triss a été la première à m’invoquer. » Triss, un autre de ses grands amours, le deuxième. « Elle est au château également. Les Rois ne sont plus ceux qui étaient présents quand nous sommes partis, elle n’avait donc plus envie de finir au Kovir. »

« J’avais dit que t’avais un faible pour les rousses. » il leva les yeux au ciel, alors que Lydia se mit à rire sous le froncement de sourcil de Scott.

« Zoltan fût le deuxième, il est aussi au château et a embarqué avec lui son homme de l’autre monde, un certain Legolas ? Un Elfe de cet autre monde. Différent de ceux qu’on connaît étrangement. »

Stiles se met à rire et même lui ricane un peu. Un nain et un elfe, tout va bien. Pourquoi pas, si ça faisait plaisir à leur ami.

« Vous êtes les troisièmes. Et les seuls à avoir retrouvé votre binôme. »

Il entend la pointe de tristesse dans sa voix. La pointe qui dit qu’elle n’avait pas pensé à cette possibilité, que chaque groupe ne se retrouve pas. Elle les avait amenés ici ensemble, elle voulait les faire rentrer ensemble également.

Et il n’est pas prêt à lui dire qu’il ne veut pas, peut pas, rentrer avec elle maintenant.

« Ah, mais tu sais bien que notre grincheux ici présent est un aimant à bonne humeur. » il grogna et Stiles sourit, innocent.

« Attendez. » coupa Isaac. « Est-ce que ça veut dire que Derek et Stiles vont partir ? »

Isaac. Toujours bien trop rapide à comprendre ce que lui-même pensait. Et il pouvait lire dans les yeux du louveteau qu’il n’était pas prêt à cette éventualité. Si Ciri était sa fille, Isaac pouvait être son fils. Qui, contrairement à l’aînée, avait encore besoin de lui dans les parages. 

Ciri savait se débrouiller, depuis toujours. Elle n’a jamais été élevée de la même manière que le bouclé. Elle était de la royauté. Elle était une enfant de sang ancien. Elle était une sorceleuse, une guerrière. Une sorcière sans l’être. Un être magique à part entière. 

Isaac était un enfant dans une peau presque adulte, perdu et encore meurtri des abus qu’il a subi. Il était un jeune loup qui ne connaissait pas tout de sa nature, de son monde. Un louveteau qui apprenait encore à chasser. 

« Oh non. » lança Ciri avec désinvolture mais ils entendirent tous la légère tristesse dans son ton. « Ils ne sont pas obligés de venir avec moi. Comme vous d’ailleurs. Je compte leur ramener entièrement la mémoire et passer régulièrement s’ils ne viennent pas. »

Les deux hommes se regardèrent et regardèrent leur meute puis Ciri. Oh, ils finiraient par rentrer. Mais pas tout de suite. 

« Je veux bien ma mémoire maintenant si ça ne te dérange pas. » fit Stiles en attrapant l’épaule de Derek.

« Oh oui, pardon. » 

Quelques vers et verres plus tard, tous riaient à des histoires d’ici et là-bas. Scott rit en apprenant les nombreuses histoires de culs de son meilleur ami qui se plaignait toujours de n’avoir aucun coup dans sa vie d’aujourd’hui. Allison et Erica demandèrent des cours d’épées avec la femme aux cheveux gris qui se fit plaisir à refaire sa figure paternelle quand il enseignait, à son grand désarroi, sous les rires de Boyd et Isaac qui disait qu’il n’avait pas changé d’un pouce. Lydia et Ciri parlèrent magie, Banshee et fantômes pendant un long moment, sous les yeux amusés du loup blanc ou noir. 

Stiles chanta avec lui et Ciri des chansons parlant de sa vie sentimentale et autres épisodes de leur vie. Sous les rires des autres et autres réactions allant de la joie à la tristesse. 

Ils ne regardèrent pas le soleil se coucher, la lune se lever, les heures passer, le sommeil prendre peu à peu les membres de la meute peu habitués à veiller. 

Il avait l’impression d’être durant l’un des nombreux soirs où ils étaient en campement, les pieds vers le feu qui crépitait et la boisson à la main. Ces moments lui avaient manqué pendant si longtemps sans qu’il ne le sache. 

« Je suis si heureuse de vous voir. » fit Ciri, la voix douce et emplie d’émotions contradictoires. Joie, peine. Euphorie, détresse. 

Elle était sa destinée. Oh, elle était accomplie depuis longtemps maintenant. Une femme de talent, sachant se battre et gagner son pain. Entourée d’un large groupe de gens l’aimant et qu’elle aime en retour. 

Oui, il pouvait dire qu’il avait plutôt réussi à l’élever, cette gamine teigneuse qui n’en faisait, encore aujourd’hui, qu’à sa tête.

Il la prit dans ses bras et Stiles se mit de l’autre côté pour la mettre entre eux. Aucun des deux hommes ne dit quoi que ce soit quand elle se mit à pleurer. Elle avait été seule si longtemps. Seule sans l’être mais seule sans eux. 

Sans ses repères qui l’avaient fait grandir. 

« Vous ne rentrez pas avec moi n’est-ce pas ? » cette voix si petite et si triste lui détruisit le cœur. 

« Cela fait bien longtemps que tu n’as plus besoin de nous, hirondelle. » lui répondit Stiles, Jaskier, avec douceur. « Eux encore un peu. »

« Cela faisait longtemps que je n'avais pas entendu ce surnom... »

« Tu sais où le trouver quand tu voudras l’entendre à nouveau. » déclara Derek d'une voix douce.

Il la sentit sourire dans son cou. Mais il savait qu’elle était toujours défaite à l’idée de partir sans eux.

« On finira par rentrer. Je te le promets. » 

Elle hocha la tête, avant de s’enlever de ses bras pour se sécher ses larmes. Elle lui sourit. Ce sourire triste mais heureux qui mélange bien trop d’émotions. 

Elle était sa fille. Sa destinée. Et il fallait encore qu’elle parte loin de lui. Elle prenait ses ailes, encore une fois.

« Je sais. »

Il lui embrassa le front, fermant les yeux en ne voulant pas penser au moment où elle ne serait plus là, sous ses yeux, dans ses bras. 

Ils se levèrent tous les trois et elle les serra dans ses bras tous les deux. Elle commença à marcher vers le lieu où se tenait l’ancien portail quand Stiles l’arrêta.

« Au fait. Pourquoi tu nous as mis ensemble ? »

Elle se tourna à moitié, un peu étonnée par la question. Avant de rire, ses yeux se fermant à cela avant de se rouvrir, espiègles.

« Parce que le plus grand amour de Geralt ce fût un brun. Pas une brune. »

Il ouvrit grand la bouche sous les rires de sa fille, qui venait totalement de lui couper l’herbe sous le pied. Et elle disparut dans un éclat de rire après qu’il lui ordonne de ramener sa fraise avec Zoltan et les autres la prochaine fois.

Il eut un silence une fois le portail fermé et la femme disparue. Elle lui manquait déjà terriblement. Il sentait déjà le fil qui les reliait se tendre dans tous les sens sans comprendre où elle était. Il savait déjà qu’il serait toujours plus dur de lui dire de les attendre encore un peu.

« Un brun hein ? » lança Stiles, Jaskier, les deux à la fois, sans même le regarder.

« Ta gueule. »

« Oh, moi aussi je t’aime, mon loup bicolore ! » 

Il grogna en pensant à la multitude de surnoms qui allait lui arriver dans la gueule.

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