La Balance des Dragons

Chapitre 2 : Dracoloth

757 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 24/02/2021 22:42

Une silhouette menue se tenait, droite et fière, dans la lumière du matin. Bien qu'elle ne puisse pas la distinguer, derrière le dragon, Eveanna ressentait une aura lourde d'une magie puissante. L'espoir de ne pas être dévorée vivante permit à l'elfe de ne pas sombrer dans l'inconscience.


  La bête ailée hurla de nouveau alors que le sifflement d'un sort puissant se faisait entendre. Une odeur âcre de chaire brûlée se mélangea à la douce odeur d'humus de la forêt. Le monstre grognait et grondait tandis que les sortilèges s'abattaient sur lui. Une explosion retentissante fit trembler le sol de la clairière. Puis une déflagration de lumière fit reculer  le Dracoloth, soudain étourdi par la violence du choc.


 La jeune sorcière ne pouvait suivre du combat que le dos du monstre, mais elle pouvait ressentir les variations dans la mana environnante. L'énergie déployée crépitait dans l'air et semblait danser autour de la silhouette mystérieuse.


 Une boule scintillante se forma devant la bête étourdie. Elle se chargea d'énergie jusqu'à ne plus pouvoir grossir et s'effondra sur elle-même dans un fracas assourdissant. Mais alors que le sort atteignait sa charge maximale, le dragon sortit de sa torpeur et se déplaça vivement sur la droite. Il leva une aile et absorba le choc d'un seul côté au lieu de subir les dégâts mortels du sortilège.


 Les deux ailes endommagées, le Dracoloth contre- attaqua avec ses crocs puissants. Mais la silhouette était bien trop agile pour lui et recula avec souplesse. Trois traits d'une lumière aveuglante fusèrent tour à tour, figeant la bête dans la douleur. D'un bond prodigieux, l'énigmatique assaillant brandit son arme haut vers le ciel et lui insuffla son pouvoir. Une lueur aveuglante s'abattit sur le monstre et explosa dans une vague d'énergie lorsqu'elle se planta dans la terre. Touché ! La créature à écailles chancela sur ces lourdes pattes et s'effondra dans un grognement rauque.


  Malheureusement Eveanna n'avait pas pu suivre la dernière action. Elle avait perdu trop de sang et ses yeux étaient clos. Mais une douce chaleur l'envahissait et réchauffait son cœur. Guérissant les blessures internes et externes, la magie redonnait des couleurs à sa peau si pâle. L'elfe ouvrit lentement les yeux et vit une petite fille assise auprès d'elle, baignée de lumière. Une Eline !


-"Ne bouge pas, j'ai presque fini" fit-elle, bougeant lentement ses mains au dessus des blessures de la sorcière.


Mais celle-ci était trop fatiguée, même pour parler. La prêtresse prenait grand soin de sa patiente, réparant doucement, sans brusquer le corps et la mana déjà mis à rude épreuve. En prenant son temps, l'opération chatouillait à peine. Elles restèrent un moment ainsi, reposant dans la chaude lumière rassurante.


 Une fois fini, la guérisseuse se releva et reprit son bâton or et blanc, surmonté d'un soleil. Elle ne portait qu'une courte robe d'été crème sans bretelles, bordée de  volants en dentelles et ornée d'un unique pompon ivoirin à la ceinture. Ses longs cheveux blancs étaient soigneusement tressés et recourbés de part et d'autre de son visage, telles deux cornes de mouflon. Quelques mèches tombaient sur son front en ondulant, accentuant son côté juvénile.


Pourtant,  le sérieux de ses yeux bleu-gris trahissait son âge. Les femmes de son peuple n'étaient pas des petites filles. Elles pouvaient vivre plus de deux cent ans sans jamais vieillir.


- "Je suis désolée, je ne répare pas les vêtements avec", dit- elle avec un sourire.


Eveanna trouva enfin la force de se mouvoir et regarda sa robe. La manche droite était en lambeau et le tissu était imbibé de sang. Une de ses chaussures gisait à quelques mètres de là. Puis son regard se posa sur le Dracoloth et enfin, sur sa protectrice.


- " Je pense que je préfère que vous soyez Prêtresse plutôt que couturière." répliqua-t-elle avec un petit rire. "Je ne pourrais jamais assez vous remercier. Je vous dois une reconnaissance éternelle. Puis-je connaitre le nom de ma sauveuse?


- Alvenâ. Je m'appelle Alvenâ. S'il te plait ne me vouvoie pas, j'ai l'impression d'avoir cent ans".


Et c'était peut- être le cas.

 

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