La vraie vie de l'autre coté du monde - Tome I

Chapitre 14 : Une épreuve particulière

5223 mots, Catégorie: K+

Dernière mise à jour 11/01/2017 19:22

Une fois que la nuit fut passée dans une douceur et un calme prolongé, grace a l'intervention de Persia, le jeune homme pu se réveiller presque totalement remis sur pieds et partit, après un petit déjeuner avec les trois membres des maisons restante, chercher son épée auprès de la déesse Ephaistus, accompagné la encore par Rory

Pour la peine, et en prévision de ce qui allait l'attendre par la suite, il s'était cette fois-ci vêtu de sa tenue intégrale, en accompagnement avec sa nouvelle et somptueuse cape noire qui lui servait également de manteau. Il portait donc le t-shirt protecteur qui allait avec, ainsi que le pantalon, les bottes, la ceinture, sans oublier les mitaines au moins qui allaient certainement lui permettre un meilleur contrôle de son épais et une plus grande résistance à son maintien. Cependant, il était trop préoccupé par quelque chose pour, au choix, penser à la récupération de son arme, ou s'admirer une nouvelle fois. En effet, il était encore un peu surpris des bienfaits du massage de la gouvernante de la veille à base d'huile de son pays. Il avait beau bouger les épaules, se tordre d'un côté puis de l'autre pour vérifier son état à travers les rues de la cité, rien n'y faisait. Il était pratiquement remis sur pied.

Rory le regarda alors se tordre dans tout les sens


-Tu as encore mal au dos ?

-Et bien..pas vraiment.


En voyant qu'il n'avait plus besoin de vérifier car tout semblait en ordre, pour le moment, il continua la route correctement en restant droit, tout en reprenant son air calme bien connu, avec quand même une pointe de blase à l'encontre de la femme qui venait de lui poser la question.


-Ce n'est pas grâce à vous.

-Grace a Persia alors héhé..? 


 Il ne répondit rien à sa question qui avait une allure un peu douteuse et perdit brièvement son regard sur le côté. Il préférait jouer la carte du silence afin de ne pas rentrer dans son jeu bien facile à deviner.

Elle continuait de poser son regard sur lui, plus insistant encore.


-Ah, je vois..j'ai vu juste huhu...toi aussi tu a du aimer alors. Je ne lui ai jamais demander mais elle doit vraiment bien le faire pour que cela te plaise.


Plus son regard insistait sur lui, plus il défilait le sien sur le côté sans pour autant perdre son calme olympique. Il n'était pas prêt de céder à son petit jeu qu'il avait rapidement décelé.


-Si vous voulez vraiment me déstabiliser il va falloir faire un cran au-dessus.

-Qui te parle de déstabiliser huhu ?

-Qu'est ce que vous essayez de faire au juste ?

-Moi ? mais rien voyons.


Il ne fut pas très convaincu de sa réponse et on le vit bien, mais il ne dit rien de plus et préféra poursuivre la marche avec une pointe de méfiance vis-à-vis de la femme. *


-Une fois que tu sera passé niveau 1 il faudra que je t'entraine rapidement pour que tu les grimpes .

-Ça devrait aller mieux une fois que j'ai passé le premier niveau en ayant assimilé les bases non ?

 -Oui. Ensuite cela sera..moins dur disons


Il regarda donc à nouveau sur le côté en prenant une mine blasée. Il ne sentait pratiquement plus rien mais il se rappelait parfaitement de sa première session d'entrainement de la veille dont il n'était pas vraiment ressorti indemne.


(Si chaque entrainement est comme celui de la veille…) pensa-t-il.


Ils arrivèrent alors a nouveau dans les forges de la ville, appartenant a la déesse qui en avait la responsabilité. Ils entrèrent a nouveau par les grandes portes et, comme d'habitude montèrent les escaliers pour toquer a la porte des appartements. La voie de la jeune femme derrière celle ci se fit entendre .


-Oui ?


Rory ouvrit alors la porte et rentra avec Kanie, s'inclinant ensuite.


-Bonjour hime-sama.

-Bonjour.


Par mesure de politesse il en fit de même et s'inclina également en directement de la femme avant de se redresser convenablement.


-Ephaestus-sama


La déesse qui était encore adossée au bureau se décala en se tournant vers lui. Une épée y était posée. Elle la pris alors dans ses mains et la mis droitement devant elle. C'était une épée assez classique, avec une grande lame brillante. Sur celle ci était gravé au as de celle ci le nom de la déesse. La garde était faite de deux ailes de faucon avec son visage au centre. La poignée était faite de métal, avec une revêtement de peau. Elle s'approcha ensuite du jeune homme en la tenant dans ses deux mains de manière a lui montrer .


-Elle te conviendra je pense. Pour débuter du moins.


La femme avait beau dire cela, pour le jeune homme cette épée brillante et clinquante était déjà une épée de maître, forgée de mains expertes, mais surement simplement pour eux.

En effet, il regardait l'épée qui lui était montrée avec des yeux plutôt grands, des yeux impressionnés. Il regardait l'arme sous toutes ses "coutures" si on pouvait le dire ainsi. C'était déjà d'un autre niveau que celle dont il s'était servi la veille pour s'entraîner. Il n'en avait jamais vu des pareilles, ce n'était pas dans l'autre monde qu'il en avait eu l'occasion. Quand il apprit donc que cette arme allait lui servir avant tout pour débuter il avala brièvement sa salive, quelque peu troublé. Il ne s'était déjà pas attendu à une telle qualité en un si court laps de temps.


-Seulement pour débuter...?

-Oui. Elle n'a aucun enchantement, pas de matériaux rares. Pas de joyaux ou d'emblèmes incrustés. C'est une épée commune. Quand je te forgerais une vrai Kamael devra payer bien plus et fournir elle même les matériaux.

-D'ailleurs combiens te dois je ?


Elle regarda alors la faucheuse d'un petit sourire


-Pour une simple lame ne te ruine pas. 20 pièces d'argent suffiront très largement.

Rory fouilla dans les jupons de sa robe et en sortit le montant indiqué, le donnant a la déesse

-Voila.

-Merci.


Et donc, en attente de la lame, il tendit ses deux mains couverts par ses mitaines vers l'avant, paumes vers le plafond pour l'accueillir, en direction de la déesse pour revoir l'arme qui venait de lui être fabriquée.

Une fois l'argent dans sa main elle lança l'épée a Seiya de l'autre


-Pour elle pas besoin de fourreau. Met la dans ta ceinture et laisse la briller au soleil.


Sous le poids de la chute de l'épée dans ses mains ses bras se baissèrent légèrement à la réception. Il les releva par la suite pour rapprocher la lame de son visage et ainsi regarder la lame dans laquelle il pouvait pratiquement voir son reflet avec plus de précision. Ce n'était plus la première fois qu'il avait l'occasion d'en tenir une de la sorte mais la même impression était toujours là.


-Compris...

-Tu auras beaucoup de chemin a faire avant d'en avoir une digne de ce nom. mais tu finiras par y arriver, si t'abandonne pas en cours de route


Il finit par ranger son épée de la manière dont elle lui avait recommandé, en la glissant dans sa ceinture tout juste contre son pantalon sur le flanc droit en partant légèrement de côté pour se faire en partie cacher par sa cape, les yeux fermés. Entendre cela lui donnait un peu l'envie de dire, parler d'abandon alors que les choses venaient de commencer était ironique.


-C'est un peu prématuré de parler d'abandon alors que les choses viennent de commencer vous ne trouvez pas ?

-Je te met simplement en garde. Beaucoup s'engagent dans la fédération sans savoir a quoi s'attendre. Ils partent tous la cervelle remplie d'espoir, mais quand ils arrivent sur le front, ils n'y a plus qu'un pantin tremblotant qui veux revoir le soleil de son village.


Elle se décolle ensuite du bureau pour se remettre derrière celui ci et s'y assoir, ouvrant un grand livre de compte


-Rory saura si tu peux vraiment servir en te faisant passer la dernière épreuve.


A cela la faucheuse lacha a nouveau son petit rire glauque.


-Oui ! C'est bien vrai ! Ainsi nous verrons si cette lame se tachera ou non...hihi..


Il n'était pas très rassuré par la mention de cette dernière épreuve, mais avec la faucheuse qui en rajoutait sans oublier sur le passage son petit rire glauque ne l'aidait pas vraiment. Fidèle à lui-même et à son habitude, il ne dit rien de plus à ce sujet et contenta de regarder la dernière personne qui venait de prendre la parole d'un air à la fois blasé et exaspéré.


-Bien, on va y aller maintenant ! je dois encore le former !

-Oui. Bonne chance. Mais ne te force pas trop. Tu retourne sur le front ensuite. 

-Je sais bien héhé, ne t'en fais pas.


Elle partit ensuite vers la porte et l'ouvrit, partant en faisant signe de la main.


-A plus tard, Hime sama. Encore merci.

-Ha, de rien.


Avant de s'en aller, il ne manqua pas de la saluer en même temps de la remercier également en s'inclinant une nouvelle fois légèrement vers elle les bras le long du corps.


-Merci Ephaestus-sama.


Il se remit droit puis se tourna à son tour en direction de la porte pour suivre la petite femme qui venait d'ouvrir la marche vers la sortie du petit bureau de la déesse forgeronne.

Une fois dehors, Rory repris alors en regardant l'épée qui était maintenant a la ceinture du jeune homme.


-Ca c'est un joli couteau !


Il porta son regard sur l'objet désigné, un peu désemparé par sa réflexion.


-C'est tout de même un peu plus grand qu'un simple couteau..

-Moh...pour moi c'est juste un poignard.


Il préféra ne rien répondre à cette remarque supplémentaire si ce n'est en grommelant à peine en regardant devant lui d'une mine un poil blasé. Dans le même temps il commençait à sentir comme un petit complexe lui venir.


-Maintenant on va rentrer continuer nos entraînements ! Ta formation est loin d'être achevée, mais maintenant tu as ton propre matériel .

-Ah, c'est une bonne chose.


Mais en disant cela, ou même tout simplement juste après l'avoir entendu dire cela, il avait reprit un rictus en se rappelant très bien du résultat du première entraînement de la veille et de ce que cela lui avait apporté.


(Je ferai mieux de préparer le brancard..) se dit-il.


-Je me demande dans combien de temps vont rentrer Zafkiel et Kamael sama...mah, sûrement avec leur maisons maintenant.

-Entre trois semaines et un mois donc, comme vous l'avez dit la veille.

-Oui. Sauf si la situation exige qu'elles restent plus longtemps.


Il dévia légèrement son côté vers elle d'un air sceptique. Au final sa réponse se montrait assez vague.


-Il faudrait savoir..

-Le front est assez instable ces derniers temps. D'habitude j'ai deux bons mois de permission vu mes états de service, mais les conges ont été coupées par deux pour tout le monde.

-Je vois.


En continuant d'avancer il prit son menton dans sa main en baissant légèrement le regard pour méditer sur ce qu'elle venait de lui dire et qui n'était pas vraiment des nouvelles des plus réjouissantes.


-Ça veut dire qu'en face ça doit bien contre-attaquer..

-Ca résiste plus que sa n'attaque. Avec acharnement. Mais sa contre attaque sur certains théâtres.


Quand ils descendirent les marchés d'une rue la jeune fille s'arrêta alors en souppirant


-Il faudra encore redescendre en ville pour la derniere épreuve...Ah...c'est fatiguant. Faisons la maintenant.


Il descendit quelques marches de plus avant de s'arrêter et de se tourner de côté pour la regarder, perplexe quant à son ennui pour sa formation et la déconstruction de celui-ci.


-Vous voulez me faire commencer par la fin..?

-Ne t'en fais pas ! Ce n'est pas quelque chose comme me défier moi, ou un parcours d'obstacle. Il consistera à vérifier si tu a la toute première qualité d'un soldat.


Il la regardait désormais avec une pointe de curiosité, la tête légèrement penché sur le côté.


-La toute première qualité d'un soldat ?

-Oui. Et c'est a la prison de Velika que nous la trouverons huhu.


Il avança un peu son visage sur le côté en clignant des yeux, un peu perdu.


-La prison..?


Puis après tout, ce lieu ne lui était pas totalement inconnu. Ce n'était pas comme s'il y avait été enfermé le temps d'une nuit avant de manquer à son exécution de peu pour avoir été pris pour un traître. On ne pouvait pas vraiment dire qu'il était en harmonie avec le bâtiment.

Le duo partit alors en direction de celle ci. En réalité c'était une maison de détention de petite taille pur les criminels mineurs comme les voleurs a la sauvette, ou les plus dangereux en attente d'une exécution. Quand ils rentrèrent dans celle ci le capitaine de la garde arriva alors a leur rencontre, regardant précisément Rory.


-Dame Mercury ! que puis je faire pour vous ?


La jeune femme le regarda alors de son sourire machiavelique habituel.


-Bonjour. Ce charmant garçon va passer le test final pour rentrer dans vos rangs.

-Le test ?


Quand le soldat entendis cela, il se tourna vers le jeune garçon, le scrutant du regard en se frottant le menton.


-Je me souviens de toi..tu t'es fais sauver de peu par Zafkiel hime sama. Maintenant tu t'enrole dans les rangs de notre armée ? ah ! pourquoi pas ! on forme toujours de la bleusaille ! meme si la moitié des candidats s'enfuient en voyant cette épreuve.

-Il semble assez prometteur Du moins c'est ce qu'il affirme huhu.

-On va voir ça. Allez y. Il me reste un sujet pour vous en bas. Le dernier cachot du fond.


La jeune femme partit alors dans la direction indiquée.


-Merci hihi.


Quand ils descendirent les marches de pierres s'humidifiant peux a peux a mesure qu'il s'enfonçaient sous terre, le jeune garçon reconnut sans mal l'endroit ou il avait passé une nuit auparavant, avec les cellules, les litières de paille et les quelques rats entre les barreaux narguant les prisonniers. Mais maintenant c'était lui qui les narguaient. Manteau sur le dos et épée a la ceinture c'était un vrai citoyen de la cité maintenant, lavé de tout crimes et soupçons. Comme l'avait dit le capitaine ils partirent au fond du cachot, la ou était la dernière cellule. Ici, étalé sur le sol entre les barreaux de fer rouillés, alors que la lumière de la petite cavité au sommet du mur laissait voire une partie de la cellule éclairée, Seiya vit un homme dans des lambeau de tissus étalé au sol, semblant dormir ou survivre.


-Nous y voila huhu....


Après ce petit ricanement, Rory ouvrit la porte et fit rentrer le jeune homme qui gardait son air méfiant et sceptique. Il se demandait bien pourquoi il se retrouvait ici, en ces lieux face a un condamné et surtout quel était le lien avec son épreuve. Une idée pouvait lui effleurer l'esprit mais elle ne restait pas en tete longtemps tant elle lui paraissait improbable. Il entendis ensuite le cliquetis du cadenas de la porte de fer. Quand il se tourna il vit qu'il était enfermé dans la cellule avec le detenus, Rory le regardant de son grand sourire.

Elle s'accroupit ensuite en regardant l'homme a terre, se léchant les lèvres lentement.


-Je me demande quel gout a son sang..Mais seul toi peux y toucher. Pour l'épreuve.


Elle regarda ensuite le jeune garçon qui était debout, de plus en plus perdue dans un tel endroit et une telle situation.


-Tu te souviens quand je t'ai dit que cette épreuve consistait a vérifier la qualité essentielle au n soldat ? eh bien tu l'a devant toi. Cet homme a été condamné a mort par la ville après que l'on ait retrouvé 4 jeune femme violés et tués dans ses bains. Maintenant justice doit etre rendus. Alors montre moi ta qualité de soldat....


Elle se lécha a nouveau les lèvres en lachant cette fois ci un rire qui, pour le jeune garçon lui donna un tel frissons qu'il n'en avait jamais eu ainsi, sonnant un glas certain dans sa vie, et un tournant pour celle ci.


-Montre moi la qualité de tuer....hihihi....


Et malheureusement, l'idée qui lui était venue en tête et qui en était partie tout aussi rapidement qu'elle lui était venue s'avérait être la bonne. De tout ce qu'il avait pu voir jusqu'ici dans ce monde, de toutes les surprises auxquelles il fut confrontée, celle-ci était sûrement celle à laquelle il s'était attendu le moins, et celle qu'il redoutait le plus. En la regardant il ouvrit grands les yeux au point de les écarquiller comme jamais il ne le montrait, avalant brièvement sa sa salive. Dès que la femme lui avait fortement insinué la tâche qu'il devait accomplir, le temps semblait s'être figé autour de lui, il n'y avait plus un bruit, pas même le sifflet d'un fin courant d'air ou encore un des rats qui passaient entre les barreaux. Même les battements de son coeur s'était pratiquement arrêtés tellement il était estomaqué de cette demande aussi soudaine que cruelle. Pour lui c'était tellement impensable qu'il croyait avoir mal entendu ou mal compris, ou encore qu'il ne s'était pas réveillé de la journée et qu'il faisait un cauchemar. Cette même surprise et ce même effarement s'entendait dans sa voix qui se fit simple, avec une grande hésitation à se faire succéder les mots.


-Pardon....?

-Tu m'a bien entendus non ? tu sais ce qu'il te reste a faire.


 Il ferma la bouche qu'il avait un moment ouvert par mégarde de stupéfaction, bien qu'il garda ses yeux bien grands ouverts. Lentement, il se tourna en direction de l'homme qu'il était à terre, et qu'il allait devoir exécuter dans les minutes qui suivent. Il fit quelques pas en sa direction, des pas lents et lourds, à la fois à l'oreille du condamné à mort mais aussi à la sienne. Après quelques pas il se retrouva devant l'homme qui devait compter le restant de sa vie sur quelques secondes. Il resta ainsi pendant un moment, avant de passer sa main sur le bord de sa cape de minuit pour la glisser jusqu'au manche de sa nouvelle épée tout juste sortie de la forge. Lentement, il la tira vers le haut en faisant glisser la lame contre l'intérieur de la ceinture avant de l'en décoincer. Chose faite, il se mit sur le côté de sa future victime et leva sa lame à l'horizontale au-dessus de l'homme, plus précisément au-dessus de la nuque. Il suivait tout simplement l'exemple qui lui avait été donné par le garde il y a un mois à son insu. Il était prêt pour l'exécution par décapitation. Cependant, il était prêt seulement en apparence, mais dans son esprit, dans son coeur d'humain, il tremblait. Il hésitait comme jamais. C'était la première fois que l'on lui demandait une telle chose, mais aussi qu'il pouvait la faire en tout impunité, en tant que devoir. Mais c'était la première fois qu'il allait le faire et sa raison ne s'accordait pas avec la volonté qui lui était imposée. On pouvait percevoir le bras qui tenait l'épée trembler légèrement, au même titre que l'arme. C'était un réflexe naturel de son corps qui tentait tout pour l'en empêcher. Il ne voulait pas avoir du sang sur les mains, avoir sa première victime sur la conscience. Tuer cet homme, ce serait quelque part se débarrasser de son humanité.


-Sommes-nous sûrs..de sa culpabilité....?

-Evidemment !


Mais cela était loin d'être suffisant pour lui. Il ne pouvait pas se fier à cette simple confirmation. Pendant que tout son corps bougeait maintenant légèrement, il baissa son regard en direction de l'homme qu'il était sur le point d'abattre.


-Et toi...reconnais-tu les crimes..dont tu es accusé..?

-Il n'est plus vraiment en état de parler tu sais...

-Comment pouvez-vous être sûrs..qu'il s'agit bien de lui...?

-Nous l'avons retrouvé sur les lieux du crime, et le capitaine lui a fait avouer devant des témoins ses fautes. Tout l'incrimine. Cherche tu a l'innocenter ?

-N-Non ce n'est pas ce que je cherche..


Dans le fond, il voulait bien s'assurer que la personne qu'il s'apprêtait à tuer était bien coupable, mais aussi peut être voulait-il gagner du temps avant l'inévitable. Même s'il venait d'avoir la confirmation qu'il était bien l'auteur des crimes dont il venait d'avoir connaissance, il ne parvenait toujours pas à se résoudre à l'idée d'abattre son épée sur sa nuque pour lui ôter la vie. Il avait commis un crime odieux, il avait violé quatre femmes avant de toutes les tuer, sans exception, il méritait sûrement ce qui allait lui arriver, mais c'était pour le moment au-dessus de ses forces. C'était contre-nature, contre les lois qu'il avait toujours connu, les lois de son monde. Ici, on tuait tous ceux qui étaient une menace pour les autres, pour le royaume, mais dans son monde on préférait les enfermer dans des cellules, quitte à ce que ce soit pour le restant de leur vie. De plus, une pensée lui pénétrait l'esprit. Mettre fin à sa vie ne serait pas commettre le même crime que l'on lui reprochait, n'était-ce pas s'abaisser à lui et de ce fait, cela n'allait-il pas faire de lui un criminel à son tour ? Il hésitait, encore et toujours, pourtant il faisait de son mieux pour combattre cette force inconnue qui lui empêchait de faire un mouvement de plus vers le bas. Il se raccrochait aux crimes de l'homme, il essayait de trouver la force dans ce que l'on venait de lui dire pour rendre son jugement, mais cela n'était pas assez, il se faisait violence, on le voyait sur son visage avec de la sueur d'anxiété et d'un stress énorme qui s'accaparaient de lui.


(Je ne comprend pas..je n'y arrive pas..pourtant il a commis des crimes atroces mais..mes bras refusent de bouger…) pensa-t-il.


Un nouveau rire vint alors lui glacer le sang .


-Huhuhu....alors finalement que de belles paroles pour si peux d'actes....tu ne veux plus devenir un soldat ? défendre ton pays ?


En entendant ce rire qui sur le moment, après lui avoir glacé le sang, l'agaçait plus qu'autre chose, au même titre que ses paroles qui le poussaient dans son acte, il ferma les yeux en fronçant les sourcils ainsi qu'en serrant légèrement des dents de frustration. Il était littéralement tiraillé entre son devoir et sa raison qui continuait de faire obstacle à son épée, une goutte de sueur coula le long de sa tempe à cause de la retenue.


-Taisez-vous....

-Mah, après tout, c'est surement mieux ainsi. Tu aura une vie normale ainsi....avec les mains encore blanches.


Après avoir terminé sa phrase, un bref silence de quelques secondes s'installa, avant que le jeune homme ne reprenne d'une voix tout à coup peut être plus faible, mais aussi plus contrôlée.


-Une "vie normale"...? Je ne peux plus vivre de "vie normale".

-Et pourquoi cela ?

-Parce qu'en venant ici je l'ai déjà quitté.

-Dans ce cas...prouve le.


Sentant l'oppression de la femme pesait sur lui, ou tout simplement l'oppression de la situation qui l'accablait et qui l'écrasait contre le mur qu'était sa raison, il serra de plus en plus les dents en fronçant les sourcils. Il puisant dans tout ce qu'il avait de force pour percer cette barrière qu'était sa conscience pour récupérer la mobilité de ses bras et ainsi pouvoir accomplir sa tâche et se montrer digne des serments prêtés la veille. Pendant quelques secondes il hésita encore grandement, avant de briser le mur de la raison. Soudainement il ouvrit grands les yeux et se mit à pousser un cri étonnamment de rage et de colère en abattant son épée droit vers le sol pour aller trancher nette la nuque de l'homme qui se tenait à terre face à lui. Après ce cri puissant et soudain, et le bruit du métal au sol, un dernier bruit survint, celui d'un objet qui tomba au sol avant d'y rouler pendant un court instant, avant qu'un grand et long silence ne vienne s'installer dans les cachots. Il venait de rendre son jugement de son épée en se débarrassant au passage de tout ce qu'il avait connu avant. A partir de ce moment, dès l'instant où la lame de son épée eut déchiré la peau de la nuque du condamné pour aller lui sectionner les nerfs ainsi que les vaisseaux sanguins principaux, il était devenu un soldat, un homme.

Un petit rire amusé vint alors briser le silence de glace de la salle avec quelques petits et menus applaudissements


 -Hihihihi ! bravo Seiya ! bienvenue dans la maison !


Mais bien sûr, ces rires et applaudissements étaient forts déplacés. La femme était bien la seule à trouver la chose amusante et à manifester de la joie, de l'engouement quant à ce qui venait de se passer sous ses yeux, elle était la seule à se réjouir du spectacle. Notre héros, lui, avait le visage baissé, tout comme son regard. Il était porté en direction du condamné, ou plutôt de son cadavre. Il voyait son corps au sol, avec sa nuque parfaitement tranchée. Il pouvait y voir les vaisseaux sanguins d'où s'écoulait son sang pour se répandre au sol dans une flaque de plus en plus occupante, ainsi que la moelle épinière. Cependant, à voir son regard sans lueur, presque sans vie à travers les mèches de cheveux qui tombaient sur son front, on se demandait s'il était encore conscient pour pouvoir le voir. Son expression était vide comme jamais. Il n'avait reçu aucune éclaboussure tellement la tranche avait été précise et nette, mais il ne pouvait pas en dire autant de son épée, son arme qui n'était que le prolongement de ses bras, de ses mains. Tâcher de sang son épée, c'était couvrir de sang ses mains. Sur le moment il ne se sentait pas plus humain que ne l'avait été l'homme qu'il venait d'exécuter.

La jeune femme déverrouilla la porte puis repartit dans le couloir, commençant a rebrousser chemin, nullement distraite ou touchée par la scène qui s'était passée sous ses yeux ou affectée par le sort du détenue ou du garçon.


-Laisse donc cela ici. Je t'attend en haut.


Il n'eut aucune réponse, ce qui n'était pas vraiment étonnant. Il était bien trop sonné pour le moment pour lui répondre, bien trop perdu à regarder le corps qu lui faisait face, au sol. Au bout de quelques minutes il dévia lentement ce même regard vide et dépourvu de combativité en direction de la tête du défunt qui se trouvait elle aussi au sol, non loin du reste de corps qui ne lui était plus que relié par le sang. Le regard inanimé était tourné vers le sien, il le fixait et lui le fixait, pendant des secondes qui parurent une éternité dans un grand silence mortuaire. Il ne savait pas quoi penser, il était en perte de repère. Il ne savait pas s'il venait de faire le bien ou s'il venait de se rendre à son tour coupable d'un crime. Une chose était sûre cependant, il avait désormais du sang sur les mains et c'était ce qui le terrifiait. Même dans son pire cauchemar il ne se serait jamais vu donner la mort à quiconque, encore moins de cette manière.

Quelques minutes plus tard, la jeune Eilin attendait comme dit le jeune homme devant l'entrée du batiment, sa hache contre elle en regardant le ciel, sans rien dire.

C'est après ces quelques minutes qu'elle entendit des pas provenant depuis l'intérieur du pénitencier et proches de l'entrée, des pas assez facilement reconnaissables avec le bruit des bottes qui piétinaient pratiquement le sol à leur passage.

La jeune femme baissa alors le visage avant de le tourner de moitié vers l'entrée.


-Tu es en retard.


Il s'agissait bien de notre héros qui était à son tour en train de quitter les lieux. Il regardait devant lui, de cette manière calme avec laquelle on le reconnaissait aisément. Son regard semblait avoir récupéré de la vie, du moins assez pour pouvoir de nouveau marcher comme il le faisait, en passant à côté de la femme sans lui adresser un mot ou un regard, s'engouffrant immédiatement dans la rue, visiblement en marche en direction de la plateforme des pégases afin de regagner le château. Elle pouvait également remarquer que la lame de son épée qui brillait au sol était dépourvue de sang, elle était pratiquement comme neuve. Il avait sans doute prit la peine de la nettoyer avant de sortir du pénitencier, de la même façon dont il voulait se laver les mains.


-La jeune femme le suivis alors le plus normalement du monde, comme si de rien n'était.


Seiya poursuivit alors son chemin en restant un peu en avant, marchant droit et en regardant calmement devant lui. Il marchait avec une certaine assurance dans sa direction, il savait où il allait. Il connaissait désormais plus ou moins les lieux. Cependant, il était beaucoup moins assuré dans son regard, à le regarder on voyait qu'il était fatigué, exténué bien qu'il essayait de rester fier comme toujours, une fatigue bien soudaine causée par l'épreuve psychologique qu'il venait de passer, celle d'ôter la vie à autrui. La suite de sa journée était de ce fait assez prévisible, il semblait loin d'être d'attaque pour le combat pour le moment.

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