Planet Hell (Tome I) The Year 2149

Chapitre 4 : « Nul ami tel qu'un frère ; nul ennemi comme un frère. »

3057 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 15/12/2020 17:39

Nul ami tel qu’un frère ; nul ennemi comme un frère(1). Fut une époque où Sally comprenait ce sentiment. Elle s’était disputée avec ses deux aînés un nombre incalculable de fois mais, peu importe le degré de la chose qui les séparaient, ils finissaient toujours par se réconcilier.

Elle se souvient également de l’autre sens que la phrase ― nul ennemi comme un frère ― peut prendre.  Plus d’une fois, les siens s’étaient retrouvés sur le banc des accusés, devant le Conseil de la justice, pour avoir protégés leur petite sœur. Alors, lorsque la peur avait envahi Bellamy en découvrant la disparition d’Octavia, elle était la seule à pouvoir réellement le comprendre.

Au milieu du campement, alors que la nuit est bien avancée, celui-ci rattroupe certains des délinquants qui ne dorment pas encore pour aller à la rechercher de sa petite sœur. Il pose sur le sol un sac rempli d’armes faites avec des débris de métal en leur ordonnant d’en prendre une. Bien qu’elle se porte volontaire pour les accompagner, Sally refuse de s’armer.

En voyant Jasper s’approcher du sac, Clarke se plante devant lui en lui disant qu’il n’est pas obligé d’y aller. Depuis son retour, il n’a pas osé mettre un pied à l’extérieur du camp. « Il faut que je le fasse. » assure-t-il.

Le groupe ayant besoin d’un pisteur pour retrouver la trace d’Octavia, Bellamy appelle Finn pour qu’il se joigne à eux. Ce dernier sort tardivement de sa tente et emboite le pas au groupe qui commence à se diriger vers la sortie du camp. Mais tous s’arrêtent soudainement étant interpellés par ce que Jasper leur montre au firmament. Des milliers d’étincelles semblent tomber dans le ciel. « Ça n’a pas marché, soupire Raven en s’avançant à leur niveau. Ils n’ont pas vu les fusées.

— C’est la pluie de météorites qui te fait dire ça ? s’étonne Bellamy.

— Ce n’est pas une plus de météorites, intervient Clarke, ce sont des funérailles. Des centaines de cadavres rendus par l’Arche à la Terre. ». Sous la colère, Raven s’avance vers Bellamy, s’apprêtant à le frapper, en sommant que c’est de sa faute. Finn lui attrape le bras à temps. « Ce n’est pas le moment, intervient Sally.

— Tu es sérieuse ? s’offusque Raven.

— Ça me désole mais ce qui est fait est fait. Et on ne peut rien y faire. … Par-contre, Octavia est perdue dans la nature et on ignore depuis combien de temp. Et elle, on peut la sauver. Mais chaque minute que vous passerez à vous monter les uns contre les autres nous éloignera un peu plus d’elle. Alors, par pitié, mettez vos querelles de côté et partons ! ». La jeune femme se fraye un chemin parmi la foule, d’un pas décidé, puis se met en chemin avec le reste du groupe sur les talons. Finn presse le pas pour se mettre en tête du cortège. Le regard détaillant les alentours, il cherche la piste d’Octavia. Voulant mettre toutes les chances de son côté, Bellamy ordonne aux autres de se disperser pour couvrir plus de terrain.

           Cela porte ses fruits assez rapidement, puisqu’un adolescent fini par trouver ce qui ressemble à une ceinture qui est accrochée dans un d’arbuste démuni de ses feuilles. Lorsqu’il fait part de sa découverte, Bellamy s’empresse d’aller prendre l’objet. Il confirme que cela appartient à sa sœur.

Le jeune homme se met à scruter les environs à la recherche d’un indice. Son regard s’arrête soudainement sur un rocher. Il s’accroupi et pose ses doigts sur le liquide rougeâtre qui s’y trouve. C’est bel et bien du sang. Finn le rejoint et remarque des traces de pas sur le sol. « Elle n’était pas seule, en conclue Bellamy.

— Les empruntes sont profondes, observe Finn. Quelqu’un a dû la porter.

— S’ils l’ont emmenée, c’est qu’elle est en vie, essaye de se rassurer Jasper. C’est comme avec moi. ». Bellamy se redresse d’un bon et se remet en marche, suivant les traces de pas. Il est très vite suivi par le reste du groupe.

           Les empreintes au sol finissent par les mener à un chemin macabre à l’odeur nauséabonde qui arrache à certain un bruit de dégoût. De part est d’autre de la voie se trouvent des pics sur lesquels sont empalés des squelettes. Encore un peu de chair en putréfaction est accrochée aux os. Une grande majorité du groupe, pris par la peur, se désolidarise de la cause de Bellamy et rentrent au camp. « Couilles molles. » crache Sally en s’avançant. Seuls Bellamy, Jasper, Finn et quatre autres adolescents, deux garçons et deux filles, osent la suivre. Après le chemin, Finn se remet en première ligne pour trouver de nouveaux éléments.

           Au fur et à mesure du chemin, les indices se font de plus en plus rares. Jusqu’à ce que, après de longues heures de marche, à l’aube, il affirme ne plus rien trouver. C’est alors un peu au hasard qu’ils continuent de s’aventurer entre les arbres. « Eh, s’exclame l’une des adolescentes, il est où John ? ». Les autres se retourne vers elle, constatant la disparition soudaine du jeune homme.

           Soudain, un bruit lourd se fait entendre sur leur droite. Il s’agit du corps sans vie de John qui est comme tombé du ciel. En s’approchant de lui, Sally constate que quelqu’un lui a tranché la gorge. « On a marché tout droit dans un piège, lâche-t-elle sans pour autant perdre son sang-froid.

— Là-bas. » s’écrit Japser en désignant une silhouette à plusieurs mètres d’eux. À sa carrure, il semblerait que ce soit un homme. Il porte des vêtements lourds et épais fais de multiples peaux animales. Son visage est caché derrière un masque composer d’ossements. « Il n’est pas seul, fait remarquer Sally en voyant d’autres formes humaines apparaître. On est encerclé. 

— On se tire ! » ordonne Finn. Ils entament une course folle en zigzaguant entre les arbres. Les natifs se mettent à courir après eux. Certains les dépassent sur les côtés pour leur couper la route et les forcer à aller dans une direction bien précise.

           Bellamy s’arrête soudainement de courir, forçant alors les autres à en faire de même. « Ils savent où se trouve Octavia. » dit-il face aux regards interrogateurs. En remarquant la disparition d’un autre adolescent, l’une des jeunes filles se remet à courir en criant le nom de Diggs. « Roma ! Reviens ! » hurle Finn en la suivant, le reste du groupe sur ses talons.

           Ils s’arrêtent brutalement de courir, se retrouvant dans un face à face avec le cadavre de Diggs. Ils l’observent, mortifiés par ce qui s’offre à leurs yeux. Le pauvre garçon est empalé par une multitude de piques, attachés à l’extrémité d’un bras de bois qui s’en enclenché lorsqu’il a marché sur le fil du piège. « Ils nous ont attirés ici, commence Japser la peur au ventre. C’était la seule direction possible.

— Ils sont où ? demande Finn en remarquant qu’il n’y a plus aucun natif à leur poursuite.

— Ils chassent Roma. » comprend Bellamy avant de se remettre à courir.

           Entendant cette dernière crier, ils forcent sur les jambes fatiguées pour la rejoindre. Mais il est trop tard lorsqu’ils arrivent. Elle est plaquée contre le tronc d’un arbre, une lance plantée dans la poitrine. Bellamy s’approche de la jeune femme et passe une main sur ses paupières pour les fermer, lui donnant soudainement l’impression qu’elle dort paisiblement. « Ils peuvent nous tuer quand ils veulent, chuchote Finn. 

— Alors qu’est-ce qu’ils attendent, bordel ! » hurle Jasper. Les deux autres garçons tentent désespérément de le faire taire mais cela ne sert à rien. Les natifs se précipitent sur eux. Encerclés, les cinq jeunes gens n’ont aucun moyen de s’échapper. Tous dos à dos, il forme un cercle pour couvrir tous les côtés. Sally saisit la hache sur le sol, probablement celle de Roma, et se tient prête à se battre.

           Le son d’une corne de brume résonne pendant plusieurs secondes au loin. Les natifs s’arrêtent soudainement avant de repartir dans l’autre sens. « Qu’est-ce que ça veut dire ? s’inquiète Japser.

— Je crois que c’est le brouillard, répond Finn.

— Il faut qu’on se tire, dit l’adolescente à côté de Sally en commençant à partir.

— C’est trop tard, Monroe. » rétorque-t-il en l’attrapant par le bras. Sur ce, il s’empresse de sortir un morceau du parachute de la navette qui se trouve dans son sac en ordonnant aux autres de s’installer à plat ventre sur le sol. Il met ensuite la bâche sur eux puis les rejoint. Ils veillent tous à bien plaquer le tissu sur le sol pour éviter que le brouillard n’entre dans leur abri de fortune.

           Après seulement quelques minutes, Jasper demande combien de temps sont-ils supposés attendre. « Il n’y a qu’un moyen de le savoir, répond Sally en sortant sa main, tout en faisant attention de ne pas trop décoller la toile du sol.

— Qu’est-ce que tu fous ? commence à s’énerver Bellamy. Tu veux nous faire crever ?

— Il n’y a pas de brouillard. » rétorque-t-elle en lui montrant sa main complétement intacte. Le petit groupe défait alors la bâche et se redresse. En voyant une silhouette courir un peu plus loin, Bellamy pense qu’ils reviennent. Mais Sally le contredit en disant qu’il fuit. « Je vais le rattraper, dit-il.

— Et après ? Tu vas faire quoi ? le questionne Finn. Le tuer ?

— Non. Je vais le chopper et le forcer à me dire où est Octavia. Après ça, je le tue, fini-t-il en se mettant à la poursuite du natif solitaire.

— C’est lui qui va se faire tuer si on le laisse y aller tout seul. » soupire Sally avant de partir en courant, une fois encore.

           Après cette énième course effrénée, ils retrouvent le natif qui soulève une grille avant de se faufiler dans le trou qu’elle refermait. Les cinq jeunes gens, qui l’observent de loin, décident de s’avancer. Tandis que Monroe surveille l’entrée, à leur tour, ils s’aventurent dans le tunnel de roche qui les mènent sous terre. Ils s’aident des bruits de chaînes qui résonnent contre les parois pour se frayer un chemin.

           Ils arrivent finalement à une plus grande cavité où se tient Octavia, une pierre entre les mains. Le natif est allongé sur le sol, inconscient. Bellamy s’empresse de rejoindre sa sœur et de la prendre dans ses bras. Remarquant le cadenas qui retient les chaînes autour des mains de la jeune fille, Sally se saisit de l’appareil rangé dans la poche de son manteau et s’avance jusqu’à Octavia en lui demandant de tendre les bras vers elle. Elle approche l’appareil de la serrure du cadenas puis l’allume. Au son strident de l’appareil tous la dévisagent. Ils n’ont jamais vu pareille technologie auparavant. « Technologie sonique. » se contente-t-elle de réponde. Face au regard interrogateur de Bellamy, elle le rassure en lui garantissant que cet appareil ne peut servir à communiquer avec l’Arche.

           Le cadenas cède enfin dans un cliquetis. Sally remet l’outil doré à sa place et aide Octavia à se défaire de ses entraves. « On devrait y aller avant qu’il ne se réveille, conseille cette dernière.

— Celui-là ne se réveillera pas, rétorque Bellamy en prenant la lance poser contre l’un des murs rocheux.

— Tuer pour se défendre, commence Sally en se positionnant devant lui, ça, limite, c’est tolérable. Mais ce que tu t’apprête à faire c’est un meurtre de sang-froid. ».

           Tandis que les deux débattent de ce qui est moral, Finn s’accroupi aux côtés du natif. Il remarque alors la corne de brume qui est accroché au niveau de sa taille.

           Brusquement, l’homme à terre se saisit de son poignard et le plante dans le flan du pisteur. Alors qu’il s’écroule, le natif fait tomber Jasper en fauchant ses jambes avec son pied puis se redresse d’un bon pour attraper la lance, avec laquelle Bellamy s’apprête à lui asséner un coup. Il fait tomber le jeune homme à terre avec une facilité déconcertante et avance la pointe de l’arme sur lui. Son adversaire la bloque entre ses mains, luttant contre la pression qu’exerce l’homme.

           Sally s’arme de la hache récupérée quelques temps auparavant et donne un puissant coup à l’arrière de la tête du natif avec le manche. L’homme s’effondre sur Bellamy. Celui-ci le repousse violemment sur le côté et se relève. Puis il reprend la lance. Avant qu’il ne tente quoi que ce soit, Sally attrape le manche de l’arme et tire dessus pour le forcer à se tourner vers elle. « N’y pense même pas ! grogne-t-elle en raffermissant sa prise sur la lance. On relève Finn et on se tire, point final. ». Ils se toisent encore quelques secondes jusqu’à ce que Bellamy finisse par céder en lâchant prise. Sally jette la lance au sol et, avec Bellamy sur les talons, va au chevet de Finn qui a perdu connaissance. Lorsque Octavia se prépare à retirer le couteau planté dans la chair du jeune homme, la blonde lui saisit le poignet en expliquant : « Si tu le retire, il se videra de son sang avant que l’on arrive au camp. » Elle acquiesce d’un geste de la tête en ramenant lentement sa main à elle. Bellamy passe un bras dans le dos et un autre sous les jambes de Finn. Il se redresse en serrant le blessé contre lui.

           En franchissant l’entrée du camp, Jasper appelle l’aide de Clarke. Celle-ci arrive en courant dans leur direction en demande ce qu’il se passe. Elle voit alors Bellamy arriver derrière le jeune garçon en portant Finn dans ses bras. La blonde s’empresse de le rejoindre, inquiète. Elle pose une main sur le cou du jeune homme inconscient afin de prendre son pouls. « Il est vivant. » soupire-t-elle de soulagement avant d’ordonner à deux garçons d’aider Bellamy à le porter jusqu’à la navette. « Clarke, intervient Raven paniquée, tu vas arriver à le sauver ?

— Non, je n’y arriverais pas, répond-elle dans le même état. C’est ma mère qui sait faire ça. Il faut que je lui parle.

— On n’a toujours pas de radio.

— Raven, nous n’avons pas le choix. Magne-toi !

— Je vais t’aider. » assure Sally. Les deux jeunes femmes se dirige ensemble, aussi rapidement que possible, à l’intérieur de la navette.

           D’un geste désespéré de la main, Raven désigne l’ensemble des éléments, autour de la radio, qui jonche la table. Elle énumère les pièces fonctionnelles ainsi que celles irremplaçables. « J’ai réussi à récupérer un émetteur HF sur un vieux jouet télécommander, ajoute-t-elle. Il est plutôt en bon état.

— Où est-ce que tu as trouvé ça ?

— Dans… Dans un bunker que Clarke et Finn ont découvert pas loin, répond-elle mal à l’aise.

— Ok, fait-elle atteinte à son tour par le malaise. Bon, on devrait y arriver.

— Ah ouais ? Et comment ? On n’a pas de quoi remplacer les pièces H.S. et on manque clairement d’outils.

— Pour ce qui est des outils, commence-t-elle en sortant son appareil sonique, j’ai ce qu’il faut. Et pour les pièces H.S. on devrait trouver des composants similaires dans les bracelets.

— Mais tous les bracelets ont grillé.

— On va y arriver. » Sur ses mots, les deux jeunes femmes s’attèlent à leur tâche avec une angoisse grandissante dans l’estomac.

 

(1) « Nul ami tel qu'un frère ; nul ennemi comme un frère. » est un proverbe indien.


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