La vengeance de Clarke.

Chapitre 8

3671 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 09/11/2016 23:09

À peine furent-elles entrées dans Polis qu'un groupe de soldats convergèrent vers elles. Clarke eut un mauvais pressentiment en les voyant s'approcher.

— Laisse moi faire, lui glissa Lexa.

Le chef du groupe s'inclina légèrement et déclara brutalement.

Heda ! J'ai pour ordre de vous accompagner devant le conseil.

— Allons y alors, répondit Lexa d'un ton autoritaire.

Elles traversèrent la ville en direction de la tour et Clarke ne manqua pas de constater que les gardes les encerclaient. Lexa restait calme, son visage ne trahissait aucune émotion, elle avait refusé de parler à Clarke de ce qu'il se passerait quand elles auraient regagné la capitale Grounder mais elle savait que cela ne présageait rien de bon. Elle avait déjà vu comment les problèmes étaient réglés ici. Le sang par le sang.

Elles arrivèrent dans la tour et, sans attendre les gardes, Lexa entraîna Clarke à travers les dédales de couloirs.

— Quoi qu'il se passe ne dit pas un mot, souffla Lexa.

— Mais …

— Promet le moi, la coupa Lexa.

— D'accord, se résigna Clarke.

Elles pénétrèrent dans la pièce où siégeait le conseil, il n'y avait encore personne. Clarke suivit Lexa au centre de la pièce où elles restèrent immobiles et silencieuses. Elles n'eurent pas à attendre longtemps avant que les membres du conseil arrivent un par un. Quand tout le monde se fut installé, un membre du conseil, le plus âgé constata Clarke, prit la parole.

Heda.

— Je me présente devant le conseil pour faire un rapport de la situation, et pour demander qu'on m'accorde la vengeance.

Le silence était total, Clarke avait l'impression que tout le monde retenait son souffle, que signifiait la vengeance ? Lexa continua en faisant un rapport détaillé des événements, elle omit cependant le fait que Clarke l'avait sauvée.

— Ce n'est pas ce qui a été rapporté par les survivants, vociféra un homme.

— À mort les traîtres ! cria un autre.

— Silence, rugit l'homme le plus âgé.

Après un instant de silence il reprit.

— Le conseil va maintenant délibérer, il fera part de sa décision au couché du soleil.

Lexa s'inclina, et sortit suivi par Clarke. Tout en se dirigeant vers leur appartement, elles ne dirent pas un mot, mais une fois la porte passée, Clarke s'empressa de demander.

— Qu'est ce que la vengeance ?

— Je suis désolé Clarke je n'avais pas le choix, mon clan est en minorité et tout le monde veut ma tête, c'était la seule solution.

Lexa semblait exténuée, son rôle de commandante qu'elle avait maintenu devant le conseil s'effondrait.

— Calme toi, l'apaisa Clarke en lui prenant la main.

— Tout va bien se passer, continua t-elle.

— Non, tu ne comprends pas ! Mon armée a été décimée et je suis toujours en vie, j'ai été obligé de demander la vengeance Clarke ! Je ne pourrai plus jamais être Heda, je n'ai connu que ça de ma vie.

Clarke, peu familière des coutumes Grounder fixa Lexa d'un regard interrogateur. Lexa l'entraîna par la main jusqu'au lit.

— Assieds toi je vais t'expliquer.

Clarke obtempéra et s'assit à côté de Lexa sans lui lâcher la main.

— Quand une Heda part en guerre, il n'y a que deux issues possibles. Soit elle revient victorieuse, soit elle meurt sur le champ de bataille. Si elle survit, elle ne peut qu'invoquer la vengeance , sa voix se brisa et ses yeux devinrent humides.

— Tu sais Clarke, je n'ai pas peur de mourir, je ne veux juste pas te rendre triste ou te perdre, continua t-elle.

Le sang de Clarke se glaça et elle demanda.

— En quoi consiste la vengeance ?

Après une seconde d'hésitation, Lexa répondit.

— La Heda doit apporter au conseil la tête du commandant qui l'a battue, pour pouvoir ensuite mourir avec honneur.

— Quoi ? En plus de perdre ta place, tu dois mourir, je ne les laisserai jamais faire ça, s'écria Clarke avec colère.

Lexa lui caressa la main pour l'apaiser, elle pleurait en silence.

— Il doit bien y avoir un autre moyen non ?

— Il n'a jamais été fait d'entorse à cette tradition, répondit Lexa.

— On pourrait s'enfuir, partir toutes les deux loin d'ici.

— On me pourchasserait, c'est un rôle qu'on endosse à vie, j'ai encore de la chance d'avoir pu m'exprimer devant le conseil, l'alliance des clans est précaire, beaucoup de gens aimeraient la voir s'effondrer et moi avec.

Clarke ne répondit pas, encore une fois, le ciel lui tombait sur la tête, elle n'allait pas laisser Lexa mourir, il en était hors de question. Elle s'allongea sur le lit et attira Lexa contre elle.

 

 

Quand elles se réveillèrent, le soleil était déjà en train de se coucher, Lexa s'étira et Clarke la regarda faire un sourire aux lèvres.

— Que va t-il se passer maintenant ? demanda t-elle.

— Le conseil va donner sa réponse. Ils ne peuvent pas me refuser la vengeance donc on peut souffler. Dés demain nous devrons quitter la ville, répondit Lexa.

Clarke se demandait bien comment elles étaient supposées se venger, à deux contre une armée. Quelqu'un frappa alors à la porte, Lexa se leva et alla ouvrir la porte. Elle s'entretint brièvement à voix basse avec un homme. Quand elle referma la porte et se retourna vers Clarke, son visage était livide, elle vacilla. Clarke courut vers elle et la retint par un bras.

— Lexa ! Ça va ?

— Le conseil a refusé la vengeance, ce n'était jamais arrivé de mémoire de Heda, mes ennemies ont pris beaucoup de pouvoir pendant mon absence.

— C'est terminé. Ils vont m'exécuter, reprit Lexa après un instant de silence.

Clarke la serra dans ses bras.

— Je ne les laisserai pas faire, on peut s'enfuir.

— Je ne vois pas comment, la chambre est surveillée, tout le monde me connaît, dit Lexa.

Clarke réfléchit, elle ne voyait pas de solution, son estomac se serrait tandis que les minutes s'écoulaient, il fallait qu'elle trouve une solution et vite.

— Combien de temps nous reste t-il ? demanda Clarke une idée en tête.

— Tout au plus deux heures, le temps que les dispositions soient prise pour ma succession et mon exécution, répondit Lexa.

— Alors viens par ici, il nous reste peu de temps.

Sans poser de questions, Lexa s'approcha. Clarke la prit par les épaules et la fit pivoter, elle sortit son couteau et entreprit de couper les cheveux de Lexa. De longues mèches brunes tombaient au sol tandis que Clarke continuait sa besogne en silence, des larmes silencieuses coulant sur ses joues. Quand elle eut terminé, il ne restait à Lexa que cinq centimètres de cheveux. Toujours sans poser de questions et sentant la détresse de Clarke, Lexa se retourna et essuya les larmes qui continuaient de couler sur les joues de Clarke en lui murmurant.

— Ils repousseront, ce n'est pas grave.

Clarke ramassa les mèches tombées au sol et les jeta par la fenêtre, où elles flottèrent aux vents avant de disparaître.

— Va te cacher derrière le lit et laisse moi faire, ordonna Clarke.

Lexa obéit, Clarke se dirigea vers la porte qu'elle ouvrit à la volée en criant.

— Aidez-moi ! Lexa s'est jetée par la fenêtre !

Des pas précipités retentirent dans le couloir, Clarke et une poignée de soldats firent irruption dans la chambre.

— Elle s'est jetée par la fenêtre, hurla Clarke en éclatant en sanglot.

Les cris de Clarke avaient attiré dans la chambre toutes les personnes présentes à l'étage.

— Vite descendons, il fait trop sombre, on ne voit rien d'ici, ordonna la chef du groupe.

La chambre était en effervescence, tout le monde essayait de voir par la fenêtre, quand la foule reflua pour descendre aux pieds de la tour, Clarke attrapa Lexa par l'épaule et elle se mêlèrent à un groupe de servantes. La rumeur se répandait d'étage en étage, la Heda s'était suicidée. Comme espérée par Clarke, l'agitation leur permis de passer inaperçu. Avec Lexa coiffée comme une servante, et Clarke qui avait couvert sa chevelure blonde, elle débouchèrent à l'extérieur de la tour sans se faire repérer.

Avec un sourire, Lexa embrassa Clarke et ce fut à son tour de la guider dans les dédales de la cité.

 

 

Il ne faudrait pas longtemps aux soldats pour comprendre que Clarke les avait bernés, elle espérait que ce serait suffisant pour qu'elles s'échappent. Lexa semblait connaître la cité par cœur. Il fallut quelques instants à Clarke pour reconnaître le chemin, elles étaient devant l'escalier par lequel elle était arrivée à Polis, ce qui lui semblait remonter à des décennies.

— Passes devant et fait attention, dit Lexa.

Elles montèrent les marches en silence, enfin arrivées en haut, elles coururent se cacher dans la forêt. Clarke en profita pour récupérer son arc qui était toujours là où elle l'avait cachée.

— Je l'avais cachée là quand je suis descendue dans Polis avec l'intention de te tuer, se justifia Clarke.

— Me tuer par overdose de bonheur ? plaisanta Lexa en l'embrassant.

— Qu'allons nous faire ? reprit Clarke après ce baiser passionné.

— J'ai pensé que l'on pourrait partir se réfugier chez le Floukru, c'est eux qui m'ont prévenu de la décision du conseil. Mais je sais que tu veux des réponses sur ce qui arrive au Skaikru et ce qui est arrivé à ta mère…

Clarke resta songeuse, elle était partagée entre le fait de mettre Lexa à l'abri du conseil qui voulait sa tête, et les réponses aux questions qui la rongeaient depuis sa rencontre avec Bellamy.

— Ce clan est digne de confiance ? demanda Clarke.

— Oui, bien plus que le mien qui est rongé par les rivalités. Luna m'a toujours soutenue et elle est digne de confiance.

— Alors allons nous cacher là bas, quand la situation se sera calmée, il sera toujours temps que j'obtienne mes réponses.

 

 

 

Elles partirent au petit-matin après une nuit de sommeil dans les bois. Lexa n'était pas inquiète qu'on la poursuive. Elle avait dit à Clarke que le conseil s'occuperait en priorité de l’élection d'une nouvelle Heda, surtout avec une guerre en vue. Lexa guidait Clarke à travers la forêt en lui montrant de-ci de-là des plantes. Malgré les circonstances, Clarke n'arrivait pas à modérer son bonheur de se promener ainsi dans la forêt au côté de Lexa. Elle en arrivait presque à oublier Arcadia et la mort de sa mère.

Le premier soir du voyage, elles s’arrêtèrent dans un clairière pour dormir, Clarke avait réussi à tuer deux lapins que Lexa faisait rôtir sur le feu.

— Tu as déjà vu la mer ? lui demanda t-elle.

— Non, jamais en vrai, j'ai vu quelques photographies et des peintures sur l'Arche et à Mount Weather, répondit Clarke.

— Après demain, nous la verrons, tu vas voir c'est magnifique !

Clarke se blottit contre Lexa qui continua.

— Je sais que ça te coûte d'abandonner ton peuple et de laisser des questions en suspens, mais je suis contente que tu m'accompagnes, sans toi, je n'aurais pas le courage de faire face aux événements. J'ai été élevé pour être Heda, j'ai déshonoré mon héritage.

— Mais non ! Aucune Heda avant toi n'avait eu à faire face à ça, les armes à feu, la technologie de l'Arche… Tu as pris les bonnes décisions, le sang par le sang n'est plus la solution, la consola Clarke.

Lexa ne répondit pas mais elle sera Clarke encore plus fort contre elle.

 

 

 

Le reste du voyage se passa sans incident, en milieu d'après midi du troisième jour de marche, Clarke put enfin apercevoir la mer au loin. Un bandeau bleu se détachant sur l'horizon derrière la verdure de la forêt.

— Demain tu pourras la voir de près, lui dit Lexa.

— J'ai hâte, répondit Clarke.

Lexa posa une main sur le bras de Clarke et murmura.

— Tu entends ? Viens cachons nous.

Pendant qu'elles grimpaient dans un arbre, Clarke commençait à percevoir le bruit des sabots. À peine eurent-elles fini de grimper qu'un groupe de cinq cavaliers déboucha au milieu de la clairière où elles se tenaient trente secondes plus tôt. Ils montaient des chevaux noires à deux têtes énormes, leurs visages étaient masqués. Retenant son souffle, Clarke pria silencieusement pour qu'ils continuent leur chemin, elle sera la main de Lexa qui observait la scène, attentive. Après quelques minutes qui lui parurent des siècles, ils reprirent leur chemin au galop.

— Des Riders, murmura Lexa, ils sont déjà sur notre piste.

Clarke avait encore la chair de poule et son cœur battait la chamade. Elles redescendirent de l'arbre, arrivée en bas, Clarke se jeta dans les bras de Lexa.

— Ça va aller, d'ici demain on sera arrivées, lui chuchota Lexa à l'oreille.

Elles se remirent en route. Ce brusque retour à la réalité avait chamboulé Clarke.

 

 

Clarke put voir la mer de près le lendemain. Elles débouchèrent sur le haut du falaise de trente mètres qui se jetait dans la mer. Clarke, un sourire aux lèvres profita de la fraîcheur du vent qui faisait voler ses cheveux et de l'odeur de la mer.

— C'est magnifique, constata t-elle en regardant l'horizon.

Lexa, derrière elle, la tenant dans ses bras, le menton sur son épaule lui chuchota à l'oreille.

— Pas plus que toi.

Clarke rigola, se retourna et l'embrassa passionnément. Elles passèrent la matinée à profiter de la vue, oubliant tout leurs soucies.

C'est Clarke qui remarqua en premier au loin une colonne de fumée rouge dans la forêt.

— Que ce que c'est ? demanda Clarke à Lexa en la lui montrant du doigt.

— Le signal que Polis est assiégée. Pour communiquer en cas de crise, les clans ont mis au point un système de fumées, à Polis, elle est dégagée au sommet de la tour. Une fumée rouge indique que Polis est attaquée, ça n'était pas arrivé depuis des années, répondit Lexa.

Voyant sa détresse, Clarke la consola.

— Tu n'y est pour rien, et tu ne peux rien y faire, si tu y retournes ils te tueront.

Après une longue minute de silence, Lexa répondit.

— Aller viens, on continue.

 

 

Tandis qu'elles longeaient la falaise, elles se rapprochaient petite à petit du niveau de la mer. Clarke était impatiente de pouvoir toucher l'eau.

— On peut s'y baigner ? Où c'est comme sur terre les animaux ont muté et c'est dangereux, demanda Clarke.

— Ça dépend des endroits, répondit Lexa laconique.

Elle regardait souvent du côté de la fumée, Clarke savait bien ce qu'elle avait en tête, se sentir responsable d'un peuple et penser l'abandonner.

— Tu es sûr que l'on peut faire confiance au Floukru ? la questionna une nouvelle fois Clarke.

— Oui, ne t'inquiète pas, Luna est comme ma sœur, répondit Lexa.

— Luna ? demanda Clarke, avec une pointe de jalousie.

— Comme ma sœur Clarke, ne t'inquiète pas, répondit Lexa avec un léger sourire.

— D'ailleurs nous sommes arrivées, reprit elle.

Clarke aperçut le village.

— Oh ! Je ne m'attendais pas à ça, s'exclama Clarke.

En s'approchant, Clarke le distinguait de mieux en mieux. Il était constitué d'un ensemble de maisons flottantes, reliées entre elles pas une série de passerelles.

— C'est magnifique non ? On a de la chance de le trouver là. Suivant le temps qu'il fait, ils déplacent le village à l’abri des assauts de la mer, expliqua Lexa.

— Oui, c'est magnifique.

Elles s'avancèrent jusqu'au début de la passerelle qui reliait le village à la terre ferme.

— C'est bien silencieux, s'étonna Clarke.

— Oui trop, s'inquiéta Lexa en sortant son épée.

Clarke suivit Lexa qui s'engagea sur la passerelle, elle manqua de tomber quand celle-ci oscilla.

— Il faut un peu de temps pour s'habituer, lui expliqua Lexa la retenant par la bras.

Clarke se sentait vulnérable sur la passerelle. Elles faisaient une cible de choix pour un tireur.

— Je n'aime pas ça, murmura Clarke.

— Moi non plus, quelqu'un devrait déjà être venu à notre rencontre.

Elles arrivèrent à la première maison, Lexa toqua doucement à la porte et ouvrit. La maison était vide. Tout était à sa place, comme ci le temps c'était arrêté et que les occupants s’étaient évanouis.

Avec un sentiment d'angoisse grandissant, elles fouillèrent toutes les maisons, il n'y avait personne.

— Je ne comprend pas, s'étonna Lexa sous le choc tandis qu'elles pénétraient dans la dernière maison.

— Peut-être sont-ils partis aider Polis ? demanda Clarke.

— Non c'est impossible, ils veillent sur ce village depuis des siècles. Si ils avaient dû tous partir, ils l'auraient au moins mis à l'abri. Quelque chose nous échappe.

Clarke se sentait oppressée, de plus en plus vulnérable.

— Viens, retournons à terre, dit elle.

Elles s’apprêtaient à sortir de la maison quand Clarke entendit une détonation au loin. Un rayon de lumière éclairait maintenant la cabane sombre, transperçant le panneau de bois et s'arrêtant sur la poitrine de Clarke. Clarke se sentait engourdie tout à coup. Elle suivit le rayon de lumière jusqu'à sa poitrine où une tache sombre s'étendait.

— Clarke ! entendit elle Lexa hurler avant de basculer dans les ténèbres.

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