Natifs, l'ère d'après

Chapitre 1 : Natifs, l'ère d'après

3653 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 26/08/2017 11:05

Préquelle "The 100" - Natifs, l'ère d'après

Par "Lexa1983"

Chapitre I : Une dernière guerre


L'écho des hurlements avait cessé. Lui succédait un sinistre silence. Mais le répit serait bref. Juchée au sommet d'une des trois collines qui dominaient l'immense territoire Azgeda, Lexa observait la ligne d'horizon tapissée de neige. L'hiver approchait. Elle avait cessé de compter les jours depuis le début de la lutte engagée avec la Nation des glaces. Peu lui importaient le temps nécessaire, rien ne la ferait s'écarter de son dessein : unir les clans de Terriens pour instaurer une paix durable et un avenir serein à chacun.


Tous étaient des descendants des survivants du cataclysme nucléaire qui avait anéanti l'humanité près d'un siècle auparavant. Des groupes s'étaient formés, reproduits, affrontés. Dans l'unique but de faire face à un monde devenu hostile. Un monde dont le caractère inhospitalié avait été entretenu par les récits des miraculés de l'apocalypse nucléaire. Tout était à reconstruire. Et les hommes, de tout temps, ont besoin de repères, d'espoir. La providence leur avait offert un guide : Becca. Une femme tombée du ciel qui avaient pansé les plaies, sauvé des vies. Bâti les fondations d'une nouvelle forme de société, hiérarchisée, capable de s'organiser. Et de survivre. Près d'un siècle s'était écoulé. Les commandants s'étaient succédé, comme les guerres, comme les tragédies. Lexa était l'héritière d'une lignée prestigieuse. Respectée. Un héritage est une mission qui ne s'obtenait ni par le droit du sang, ni par la voix du peuple mais par un rituel aux contours mystiques. Par l'esprit même de cette précieuse ascendance. De Ton Dc, village abrité au cœur de la forêt verte où elle était née, à Polis, la capitale naissance du nouveau monde, sa vie entière avait été destinée, vouée à son devoir. La nature lui avait donné une peau hâlée, une allure harmonieuse, des yeux verts de gris et le sang noir des élus. Chacun de ses mentors l'avait éduquée, forgée, inspirée pour qu'elle devienne commandante. Et le processus s'était achevée lorsque son être et l'esprit des Heda avaient fusionné pour ne plus faire qu'un. Depuis, elle avait manœuvré avec force ou diplomatie pour que chaque individu, chaque tribu, chaque clan se rejoigne sous une même bannière. Celle du commandant. Quel qu'il soit. Cette coalition portait son nom. Mais ne serait pleinement accomplie, et efficace, que lorsque Azgeda aurait rejoint l'alliance. Et Azgeda s'y refusait toujours. 


Malgré la finesse du talent de négociatrice de Lexa, la Nation des Glaces ne voyait en cette coalition qu'une soumission. Alors qu'il s'agissait non pas de se plier, de courber l'échine, ni de s'assujettir, mais de s'unir. Une union qui promettait à tous de mieux vivre ensemble. Et qui offrait aussi de faire front, avec force, à d'éventuels ennemis futurs. Le regard porté droit devant elle, vers cet avenir auquel elle aspirait intensément, Lexa, les papupières closes, laissa son corps se détendre. Le bruit d'un pas familier venait de lui indiquer que son précieux instant solitaire prenait fin.


« Heda, »l'interpella Anya.

La commandante s'octroya deux secondes supplémentaires puis se retourna vers celle dont elle fût un temps la disciple, avant de devenir la leader.

« Je t'écoute ».

« Les pertes ne sont pas négligeables. Mais les blessés ne le sont que légèrement, pour la plupart. Et nombre d'entre eux seront sur pieds dès demain. »

« Azgeda ? », questionna Lexa.

« Affaiblis. Mais le Roi Igon s'était préparé. Il n'aura aucun scrupule à sacrifier toujours plus d'hommes. »

« Et de femmes. Etde vieillards. Et d'enfants », compléta la commandante.

Lors des deux derniers assauts sur la citadelle de la Nation des glaces, les guerriers de la coalition avaient dû faire face à des adversaires inhabituels.Toujours, des femmes s'étaient trouvées au cœur des batailles.Mais seules celles qui y étaient préparées. Quant aux anciens et aux enfants, les combats leur étaient épargnés. Igon utilisait chaque main disponible, sans aucun égard, sans aucune mesure.

«Wedid nou come hir komkill children », trancha Lexa.

« Non, Heda. Nipour tuer des enfants, ni personne. »

« Osir nou don thechoice. Igon ne nous donne pas d'autre choix. Pour l'instant ».

Lexa se tourna vers samentor.

« Demain, dès l'aube, nous ferons une nouvelle percée. Beda ge yoogud », ordonna-t-elle.

Anya opina de la tête

« Oui, tout le monde sera prêt », conclut-elle avant de se retirer.

Lexa prit une profonde inspiration. Ses yeux se posèrent bien avant la ligne d'horizon, au creux de la vallée, là où quelques heures plus tôt, avaient eu lieu le dernier affrontement. Les stigmates de la lutte témoignaient de la violence des combats, ceux des corps abandonnés là parAzgeda. Elle soupira avant de se murmurer à elle-même :« Demain, mebi ». Demain, peut-être qu'enfin la coalition serait définitivement accomplie.


Il neigeait. Elle se redressa autant que ses chaînes l'y autorisaient pour laisser à ses yeux la possibilité d'apercevoir les flocons épais qui s'écrasaient délicatement sur le rebord de la fenêtre de sa cellule. L'aube était là. Et avec elle, le grondement grandissant des troupes en ordre de marche pour un nouvel affrontement avec l'armée de la coalition. Trente-sixième jour de siège. Et de combat. Igon résistait. Tenait tête. Elle savait qu'il ne renoncerait pas. Qu'il ne renoncerait à rien. Il avait refusé la main tendue de la commandante. Trop orgueilleux pour plier le genou devant celle qui n'était pas de son clan et qui prétendait diriger chacun d'entre eux. Cette coalition ne répondait pas aux ambitions du Roi de la Nation des glaces. Il n'aspirait pas pour autant à l'indépendance des Azgeda mais convoitait, avant toute autre chose, le pouvoir. Et le plus large possible. Chaque jour, depuis le début du bras de fer, elle vivait au rythme des éclats de voix de ses semblables. La clameur du ralliement qui précède la bataille, les plaintes des soldats brisés, déchiquetés, et les hurlements des familles détruites par le chagrin. Elle assistait ainsi, impuissante à la dévastation qui s'orchestrait à l'extérieur. Elle frictionnait ses poignets engourdis par la pression des fers quand un tour de clé activa la serrure de la porte.

« Le Roi exige ta présence », lui lança, d'une voix caverneuse, le garde.

Constatant que l'information n'occasionnait aucune réaction, il poursuivit.

« Lève-toi, sans faire d'histoire ».

Elle le toisa en souriant.

« Dois-je me présenter au Roi fers aux poignets ? », ironisa-t-elle.

En grognant, le large geôlier s'avança vers elle et la libéra de ses chaînes.

« Je ne te remercie pas, tu m'en excuses ». Elle se dressa sur ses deux jambes. L'espace d'un instant, la sensation chimérique d'être libre la ravit. Mais la main du gardien sur son épaule lui signifiant qu'il fallait avancer lui rappela son état de captive. Ne l'avait-elle pas toujours été ?

Alors qu'ils s'approchaient d'une solide porte de bois, l'homme lui jeta une cape.

« Tu mets ça, et tu gardes la tête baissée. Je t'ai à l'oeil ».

Il ouvrit la porte et la poussa vers l'extérieur. Il lui fallut plusieurs secondes pour distinguer les détails de la ruelle qu'ils traversaient. Ses yeux exigeaient de s'habituer à une luminosité qu'ils n'avaient plus connue depuis longtemps. Le sol était déjà recouvert d'une épaisse couverture blanche. Mais on distinguait, sur cette fraîche pellicule, les traces laissées par ceux qui partaient rejoindre le champ de bataille. Bataille qui n'avait pas encore débutée à en juger par le calme relatif qui s'élevait de la plaine toute proche. Ils longèrent plusieurs alcôves avant de déboucher devant une nouvelle ouverture. Le garde la précéda puis lui intima d'entrée sans un mot. Le trajet fût rapide. Mais pas suffisamment pour la priver de ses réflexions. Qu'est-ce qu'Igon lui réservait ? Avait-il besoin de déverser sa fureur sur quelqu'un ? Ou bien était-ce autre chose. Ils pénétrèrent bientôt dans la salle du trône. Le Roi avait les yeux rivés sur elle. A ses côtés, Lika se tenait debout, les mains croisées.

Elle plongea son regard dans celui du Roi, dressée sur ses pieds. Rien ne vint briser le pesant silence qui dominait jusqu'à ce que le garde, sur un signe de tête d'Igon, la forçât à mettre genou à terre.

Elle ne résista pas. Et afficha un sourire presque réjoui.

« Merci pour la promenade, c'est bon de se dégourdir les jambes », défia-t-elle. Le garde s'apprêtait à l'empêcher d'en dire plus mais le Roi leva la main pour stopper son geste.

« Eh bien, Echo, réjouis-toi donc. Tu vas pouvoir dégourdir ton corps tout entier ».

Elle sourcilla et jeta un regard interrogateur à Lika. Elle ne pouvait imaginer qu'il allait tout simplement la libérer. Pour quel motif ? Dans quel but ? Elle attendait la suite. Et se préparait déjà à une mauvaise surprise.

« Puisque tu t'obstines à ne pas vouloir implorer mon pardon, je t'offre une occasion de l'obtenir sans le demander », commença le Roi.

Echo tentait de dissimuler son inquiétude en gardant le regard fixé dans celui d'Igon.

« Aujourd'hui, tu as rendez-vous avec la Commandante. Mais rassure-toi, il ne t'est pas demandé d'entamer la discussion, ou de la convaincre de retirer ses troupes de nos terres. Simplement de la tuer ».


Elle ne put retenir un frisson. Il lui demandait de mettre un terme au siège, à cette guerre qu'il aurait pu éviter maintes fois. Il ne demandait pas, il exigeait qu'elle supprime ce qui était, aux yeux du Roi, la clé du problème. Elle avait déjà trop attendu pour réagir, il lui fallait gagner du temps.

« Obtenir votre pardon majesté ? Êtes-vous certain que je le mérite ? »

Le Roi ne broncha pas. Il connaissait le fonctionnement de la jeune femme. Provoquer finement. Sans brusquer. Détourner l'attention.

« Je décide de qui est digne ou non d'obtenir ma grâce. Et tu n'en seras digne que si tu remplis à bien cette mission. »

« Dois-je comprendre que je n'ai d'autres choix que celui de me soumettre à votre volonté ? »

Le Roi afficha un sourire carnassier. Il fit signe au garde de me relever. Elle n'avait plus envie de s'amuser à défier le souverain.

« Igon, cette guerre n'est pas la mienne », assenna-t-elle froidement.

Le Roi quitta lentement son trône et s'avanca vers Echo.

« Que tu le veuilles ou non, tu es une Azgeda et en tant que telle, cette guerre t'appartient autant qu'à nous ». Elle savait qu'il était inutile d'argumenter encore sur ce sujet de discorde. Les points de divergences qui la différenciaient d'Igon existeraient toujours. Elle avait maintes fois tenté de s'opposer au Roi, de lui faire entendre raison. Toujours avec intelligence. Jusqu'à ce que la contradiction permanente qu'elle affichait le mette à ce point hors de lui qu'il l'avait envoyée au cachot alors même que la guerre face à la coalition débutait. Se privant ainsi de son meilleur atout sur le champ de bataille. Les circonstances faisaient désormais qu'Igon ne pouvait plus se priver d'une combattante de la trempe d'Echo. Et qu'il manoeuvrait simplement pour ne pas perdre la face.

Le Roi plongea ses yeux dans ceux de la jeune femme, sachant pertinemment qu'il n'avait pas sur elle le même pouvoir effrayant dont il jouissait face à la plupart de ses sujets.

« Tu veux avoir le choix ? Soit tu t'exécutes et tu reprends ta place de général et d'instructeur de mon armée, soit tu seras bannie de cette terre », souffla-t-il froidement.

« Ne me tente pas », répliqua Echo.

La main du Roi s'éleva au-dessus du visage de la guerrière mais la voix de Lika le stoppa dans son entreprise.

« Igon, non. »

Echo jeta un regard vers cette femme discrète et docile. La seule en mesure de tempérer le monarche.

« S'il te plaît », pria-t-elle. La requête ne s'adressait pas à Igon.

Echo opina de la tête en sa direction puis quitta la salle du trône sous bonne garde.


La neige ne leur était pas favorable. Lexa le savait. La Nation des glaces était bien plus rompue à ces conditions climatiques que l'armée de la coalition. Bien mieux équipée, aussi. Mais elle ne pouvait pas renoncer. Ce serait envoyer un signal à l'ennemi. Afficher sa faiblesse. Il fallait maintenir la pression, continuer de serrer l'étau. Devant ses troupes alignées, silencieuses, au pied de la colline, la commandante ménageait la tension. Elle ne pouvait ignorer la lassitude dans les yeux de certains de ces fidèles combattants. Il fallait qu'elle ravive leur volonté. Elle n'avait aucun doute sur la foi placée en elle. Ni sur la loyauté qui ne lui était portée. Il suffirait d'un mot choisi avec justesse pour ragaillardir ses cohortes. Les mains croisées dans le dos, elle fit un pas en direction de ses soldats.« Osir gonplei nou kom kill », commença-t-elle. « Osir gonplei gon peace ! »

Après quelques secondes, un murmure parvint à ses oreilles.« Gonplei ! Gonplei ! Combat ! Combat ! ».Elle laissa la rumeur se répandre. Puis leva la main pour la stopper.« Faites qu'aujourd'hui soit le dernier jour de guerre de cette ère. Avant l'union et la paix ! »Armes tendues vers le ciel, les guerriers de la coalition reprirent leur clameur.


« Heda ! Heda ! ».

Anya s'approcha de la commandante.

« Ils sont prêts ».

Lexa se tourna vers sa principale conseillère.

« Moi aussi ». 


La commandante, le visage grimé de sa liturgique peinture de guerre noire, se saisit des deux lames qui patientaient dans son dos. Elle les banda en direction de la citadelle de la Nation des glaces et mugit : « Ona Gona ! En avant ! ».« Gonplei ! Gonplei ! », entonnèrent les troupes en amorçant leur marche sur l'armée adverse qui se déversait de derrière les hautes murailles, quelques centaines de mètres devant elles.

Les rugissements épousèrent bientôt les sons des chocs de l'acier et des corps. Enragés, les deux ensembles se livraient avec ardeur. Les coups pleuvaient, les os éclataient, les peaux se disloquaient. Rien ne laissait présager l'issue de cette bataille sans merci que se livraient les deux camps. Au cœur du tumulte assourdissant, Lexa virevoltait. Les assaillants se succédaient face à elle, affluaient de tous côtés, mais aucun ne parvenait à faire fléchir Heda. À ses côtés, Anya ne donnait pas sa part aux chiens. Si les deux jeunes femmes regrettaient amèrement de devoir plonger leurs lames dans le sang de jeunes enfants ou d'anciens, elles savaient aussi que les cas de conscience n'avaient pas leur place sur champ de bataille. À quelques dizaines de mètres du duo, un corps se dérobait aux coups. Avec grâce et agilité, cette forme trouble, presque fantomatique, se dessinait un chemin vers l'épicentre de la bataille. S'appuyant sur son long Bo de bois, Écho repoussait chaque attaque, esquivait chaque coup et ne frappait que pour mettre hors d'état de nuire. Sans jamais porter d'atteinte fatale.


Non, cette guerre n'était pas la sienne. Comme elle n'était pas celle de maints combattants présents dans la plaine. Elle refusait d'ôter la vie de quiconque, que ce soit au nom d'un Roi habité par d'obscures intentions ou d'une commandante qui invoquait l'établissement d'une paix, quel qu'en soit le prix. Une seule question restait en suspens. Quel rôle allait-elle jouer ici ? Que devait-elle faire ? La fuite était proscrite. La couardise n'était pas son fort. Encore moins si cela impliquait d'abandonner son peuple à un sort qui lui était imposé. Quelles options lui restait-il ? Satisfaire Igon . Éliminer Lexa de Trikru . Cette alternative mettrait fin à cette guerre, mais en susciterait nécessairement une autre, tôt ou tard. La mort d'Heda déchirerait les clans, sa succession pourrait ne pas être reconnue légitime. Le risque d'une lutte anarchique pour le pouvoir était bien trop éminent. Alors quoi ? Échouer la mission assignée par Igon et s'exposer à son courroux . Dans le meilleur des cas, il la jetterait à nouveau en cage, où elle serait strictement impuissante et futile pour les siens. Dans le pire... 

Alors qu'elle ne pouvait que constater l'impasse dans laquelle elle se trouvait, elle écarta d'un geste précis un guerrier de la coalition de sa route et l'aperçut dans son champ de vision. Les mouvements amples et aériens de ses deux glaives tranchaient l'air inlassablement, fracassant les crânes, hachant les membres et arrosant la blancheur du sol de litres de sang azgedien. Écho s'approchait, imperceptiblement. Elle discernait désormais le visage fardé et pénétré par l'abnégation de la commandante. Son regard déterminé, sa posture résolue à avancer. Ses cheveux noisettes, ramassés par endroits en tresses vers l'arrière, dénotaient par leur sensualité et leur légèreté au milieu du carnage qui dévorait la scène. Mais traduisait aussi le fluide magnétique que renvoyait Lexa, indéniablement. Écho ne se trouvait plus qu'à une dizaine de mètres et elle songea alors qu'elle n'avait aucunement résolu le dilemme qui l'occupait. Dans sa confusion, elle ne put éviter la griffe d'une lame venue lui fendre légèrement la cuisse gauche. Elle répliqua vivement en abattant son Bo sur la nuque de l'agresseur. En un regard, elle évalua la situation. Alors que l'opposition paraissait jusqu'alors équilibrée, la Nation des glaces marquait désormais manifestement le pas. Les corps drapés d'étoffes azurées baignaient dans des lacs de sang, les peintures de guerre blanches viraient au rose en s'accouplant à la sève rouge qui dégorgeait des plaies béantes. Écho, après avoir neutralisé deux nouveaux adversaires, assomma un de ses compagnons de lutte. Si les règles n'avaient pas changé, les blessés devaient être épargnés de part et d'autre. Un colosse azgédien la séparait encore de Lexa.


Alors qu'elle s'apprêtait à lui rendre le même service qu'à son homologue, elle le vit soulever sa lourde francisque au-dessus de ce qu'elle devinait comme le crâne de la commandante. Mais le géant se figea et Écho assista à la chute de sa tête sur le sol. Puis son corps lourd s'écroula. Lexa se dressait désormais devant elle. Son regard harponna celui d'Écho. Les deux jeunes femmes s'observaient, statufiées, l'une en face de l'autre. Juste avant que la corne ne donne l'ordre aux dernières forces d'Azgeda de se retirer du champ de bataille, Lexa sauta prestement sur Écho. La guerrière des glaces effectua en hâte un pas de biais pour limiter les effets de l'attaque mais ne put éviter qu'un des tranchants d'une des lames ne l'atteigne à l'avant-bras. En réaction, elle s'apprêta à faucher les appuis de la commandante quand elle entrevît un archer rescapé bander une flèche vers elles. La corne avait sonné le cesser le feu. Sans réfléchir, Écho arma son Bo, balaya l'air au-dessus de sa tête pour lui faire prendre de la vitesse puis l'orienta vers les jambes de la commandante. Comme espéré, cette dernière effectua avec promptitude un saut pour éviter la chute. En constatant que l'archer n'avait toujours pas décoché sa flèche et qu'il verrouillait sa mire, Écho profita du déséquilibre induit par l'esquive de Lexa pour se jeter sur elle et l'écarter de la trajectoire. Le dard de bois et d'acier fendit l'air entre leurs deux visages avant de mourir quelques mètres plus loin. Les deux jeunes femmes s'écroulèrent lourdement dans l'épais tapis de neige. Avant qu'elles ne l'atteignent, Lexa prit le temps et la précaution d'asséner un furieux coup de coude dans la trachée d'Écho. Entre-temps, Anya s'était chargée d'éliminer, au terme de la trajectoire parfaite d'une lance, l'audacieux archer. Le souffle coupé n'empêcha pas l'instinct primaire d'Écho de s'exprimer. Elle répliqua au coup de coude en repoussant des deux mains le buste de Lexa, dégageant ainsi suffisamment son corps. D'un mouvement souple et sur, elle se redressa sur ses pieds, réceptionna la lance qu'Anya lui destinait et avant qu'Echo n'ai pu refermer sa main sur son gô, elle lui perfora l'épaule pour la river littéralement au sol. La douleur l'électrisa et Echo sentit le goût métallique du sang filtrer sur sa langue tandis que le supplice lui tirait des larmes des yeux. Terrassée par le choc, elle ferma baissa les paupières un instant. Une pression nourrie sur sa poitrine la sortie de sa torpeur. La Commandante appuyait fermement sa botte sur son thorax. Puis Echo l'entendit s'adressait à quelqu'un.


« Anya, organise l'évacuation des blessés. Je veux un rapport rapide sur les pertes, des deux côtés ». Quelqu'un s'approchait. Les visages d'Anya et de la Commandante se penchèrent au-dessus de son corps immobile.

« Et elle ? », questionna Anya.

Lexa prit quelques secondes avant de répondre.

« On l'emmène », trancha-t-elle.

« L'usage ne nous y autorise pas », releva Anya.

Lexa se pencha sur Echo et lui arracha la pèlerine en laine attachée à ses épaules.

« Et bien sois discrète », ordonna Lexa avant d'empoigner la lance fichée au dessus de l'omoplate de la jeune femme et de l'extraire sans ménagement. La souffrance qui déchira une nouvelle fois la chair d'Echo lui fit perdre connaissance.

Laisser un commentaire ?