Histoire de cendres

Chapitre 3 : Addamassartus

1991 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 09/11/2016 22:03

Chapitre 3: Addamassartus-------------------------

Apres la nuit éprouvante que j'avais vécue, je trouvai un réconfort certain a engager dans l'auberge la conversation avec une grande Altmer a la peau couleur d'or, Eldafire. Elle me parla des environs de Seyda Nihn, une région appelée "Cote de Mélancolie". Une anecdote qui capta particulierement mon attention était le fait que la cote était, disait-on, infestée de contrebandiers du nord au sud. Elle me confia qu'il y  avait, de fait, un repaire de trafiquants a deux pas de Seyda Nihn.

Je ne sais pourquoi je ressentis le besoin de me lever d'un bond et d'aller fouiner dans cette caverne. Probablement, la perspective de nouveaux "trésors". Apres avoir parlé aux habitants de Seyda Nihn, l'attitude des locaux face aux criminels m'apparut assez clairement: Voler les bandits, contrebandiers et autres -qu'ils soient vivants ou morts- n'était pas considéré comme un délit. Ceci étant bien établi dans mon esprit, je descendis les escaliers et marchandai avec Arille les babioles que j'avais tirées de la cabane du nécromant contre une grosse bourse pleine de septims, et achetai un sort offensif. Celui-ci était appelé "Morsure de Froid", ce qui me sembla approprié compte tenu de mon propre nom.

La caverne de contrebandiers dont Eldafire m'avait parlé était en effet tres proche du village: on pouvait presque la deviner depuis la plateforme menant a l'échassier des marais.Ce dernier était  sans doute la plus grande créature que j'ai jamais vue, avec sa carapace d'aspect rugueux et semblable a celle d'un insecte, perchée sur six hautes pattes hérissées de barbes. Il se tenait planté dans l'eau peu profonde qui entourait le village, oscillant légerement d'avant en arriere, jetant de temps en temps un cri sourd et percant.J'avais entendu ce son toute la journée d'hier et je m'étais demandé d'ou il venait; de toute évidence, le cri de cet animal portait loin. Je fus émerveillé d'apprendre que les elfes noirs (ou "Dunmer", pour utiliser le terme plus correct) indigenes de Morrowind avaient depuis longtemps apprivoisé les échassiers des marais pour les utiliser comme moyen de transport. Ils étaient apparemment a leur aise a parcourir les voies d'eau peu profondes de Vvardenfell, d'ou leur nom.

Aussi fascinante que soit cette créature, j'en détournai mon attention pour m'intéresser a l'antre des contrebandiers. Les gardes du village ne faisaient certes pas de zele: d'abord une cabane de nécromancien, et maintenant ceci; la caverne n'était meme pas camouflée -il y avait de fait une vraie porte montée dans l'entrée rocailleuse. Les deux étaient a un jet de pierre du village.

Je collai mon oreille contre la porte, mais je n'entendis rien, et je me glissai rapidement a l'intérieur, sabre au clair. Une fois que mes yeux se furent habitués a la pénombre, je remarquai de la lumiere qui filtrait derriere un amas de rocs: un petit feu de camp. J'essayai d'avoir un meilleur apercu tout en restant dissimulé, mais une femme, qui se tenait pres du foyer, avait été alertée par le bruit de l'ouverture de la porte, et immédiatement me découvrit. En poussant un cri, elle bondit sur ses pieds et se rua vers moi, brandissant une dague. Je lui criai de s'arreter, mais alors qu'elle se rapprochait je vis plus clairement son visage, son sourire étrange et déformé et ses yeux au regard absent. Manifestement elle n'était pas dans un état normal.

Elle tenait une dague de chitine, qui avait l'air d'avoir été fabriquée a partir de la carapace d'un gros insecte prédateur. La chitine a beau avoir l'air fragile, elle n'en est pas moins coupante comme un rasoir, comme j'en fis alors la cuisante expérience.

Elle tenta de me plonger son arme dans la poitrine; ma cuirasse de maille arreta la lame avant qu'elle ne pénetre trop, mais elle me fit quand meme une blessure douloureuse. Poussant un cri de douleur, de colere et de peur, je la repoussai et fis des moulinets avec mon sabre au dessus de ma tete, l'abattant plusieurs fois sur son épaule. Je découvris qu'il ne m'était pas facile de me forcer a la frapper du plus fort que je le pouvais; je n'avais jamais tué ou meme blessé quelqu'un avant, et cette pensée me freinait. Plus que ca: elle m'effrayait.

Au dernier coup que je lui portai, mon sabre s'enfonca dans son cou.

Elle poussa un cri sourd, tomba contre la paroi de la caverne et s'affaissa sur le sol. Pour la premiere fois, elle sembla me voir réellement. Son rictus s'effaca et elle commenca a sangloter, recroquevillée et sanguinolente. Je baissai les yeux sur mon propre corps. La femme m'avait poignardé a plusieurs reprises, a chaque fois que je levais mon sabre au-dessus de ma tete en lui laissant des ouvertures. Mes jambes en particuliers, ruisselaient de sang, car je n'avais pas trouvé de piece d'armure adéquate pour les protéger; mon sang s'accumulait au fond de mes bottes.

Mes jambes tremblaient, j'essayai de m'asseoir mais elles me trahirent et moi aussi, je m'effondrai sur le sol. Je roulai douloureusement sur le flanc et me mis a vomir, tout mon corps secoué de spasmes. Je sentis qu'a la vitesse a laquelle je perdais du sang, je n;en avais plus pour longtemps, et je me forcai a me concentrer a lancer un sort de guérison, un pale halo bleu se formant autour de mes mains. Je pressai mes paumes sur ma poitrine, et la lueur bleue fut lentement absorbée par la cotte de maille, puis par ma peau. Presque aussitot, je me sentis mieux; physiquement mieux, du moins. La magie de guérison refermait mes plaies et régénérait rapidement mon sang.

La femme qui m'avait attaqué, elle, était morte. Je me relevai, incapable de la quitter du regard. Maintenant qu'elle était immobile, je pouvais voir quelque chose de scintillant autour de sa bouche et sur son menton; le sang et les larmes qui avaient coulé sur son visage en avaient dissous une partie, mais il y avait encore comme des cristaux sur ses levres, comme si elle avait mangé du sucre avec les doigts, comme un enfant.

Je ne voulais pas la regarder plus longtemps, mais je ne voulais pas non plus croiser les regards des habitants du village tout de suite, donc je résolus de m'enfoncer plus profondément dans les boyaux souterrains. Il y avait d'autres contrebandiers dans la caverne: un sorcier en robe et une femme en armure legere, redoutablement agile. Chacun d'eux m'attaqua sans hésiter, des qu'il me vit. Je ne sais pas si c'était parce qu'ils étaient sur leurs gardes, et hostiles a quiconque s'aventurait dans leur repaire, ou parce qu'ils me virentt couvert de sang et comprirent facilement que quelque chose clochait.

Je me trouvais tres chanceux en ce sens que je tombais sur chacun séparément: quand le sorcier m'attaqua, je pus éviter la trajectoire des ses sorts. Il lanca le meme sort a plusieurs reprise, un sort manifestement  tres destructeur a en juger par son aura flamboyante et la chaleur qui en émanait quand il me frola. Finalement, soit qu'il eut décidé d'utiliser les grand moyens, soit qu'il eut épuisé ses réserves mystiques (ce sur quoi je comptais), le sorcier tira une dague et me chargea, avec un cri de défi. C'est avec une certaine facilité que je m'en débarrassai: il ne portait aucune armure sous sa robe.

La contrebandiere en armure légere me tomba dessus juste quand je portai le coup de grace au magicien de la bande. Elle était en haut d'un escalier branlant en bois, et moi au bas. Elle tenait quelque chose  de petit a la main, et me le lanca quand je me retournai pour l'affronter. La chose me frappa au niveau de l'épaule, et se ficha dans la cotte de mailles. Je l'arrachai en hate: c'était une sorte de shuriken, une version peu perfectionnée, en chitine.En repensant au sorcier et au fait qu'il aurait aisément pu me tuer, m'eut-il immédiatement assailli avec un sort de contact, je remis l'épée au fourreau et me ruai en haut des escaliers, en restant le plus courbé possible.La femme s'éloigna précipitamment a reculons, espérant sans nul doute me surprendre en mauvaise posture quand j'aurai atteint le haut. Je concentrai l'énergie de mon sort de Froid, et alors que je sautai les derniers échelons qui me séparaient de la plateforme, je vis qu'elle avait fait exactement ce que je j'escomptais: elle s'était placée dos a la paroi.

Je l'empoignai par les épaules, calant mes pouces sous ses aisselles, et la plaquai contre le roc de la caverne. Elle hurla quand le froid tétanisant de mon sort passa a travers son armure et dans son corps, craquelant et brulant sa peau, et glacant son sang.

Mais aussitot, elle parvint a me repousser efficacemment en me balancant un coup de genou dans l'entrejambe, et encore une fois je maudis le fait de ne pas avoir trouvé d'armure pour me protéger le bas du corps.

Le reste du combat fut un enchainement confus ou j'alternai entre coups de sabre désordonnés de la main droite et tentatives désespérées, de la main gauche, pour lui infliger mon sort de Froid ou pour m'appliquer un sort de guérison.Ce fut un combat enragé, et la pensée que cette femme aurait eu maintes occasions de  me tuer facilement au cours de notre affrontement, n'eut été le secours de mon sort de guérison,  était a posteriori glacante.Je finis par la vaincre en placant mon sort de Froid directement au milieu de sa poitrine, empechant son coeur de battre. Du moins, c'est ce que je supposai s'etre produit. Je ne désire pas m'appesantir sur les détails de son trépas; il suffit de dire que celui-ci fut horrible.

Je lavai le sang de sur ma peau et mes vetements dans une mare d'eau profonde que je trouvai plus bas dans le réseau de cavernes, puis me mis a la recherche d'objets de valeur.

 

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