Histoire de cendres

Chapitre 4 : Esclaves

1514 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 09/11/2016 23:50

Chapitre 4: Esclaves

Mon exploration de la caverne de contrebandiers ne me prit pas longtemps, dans la mesure ou ses occupants, récemment occis par mes soins, n'avaient pas gardé des choses de  bien grande valeur; du moins pas de grande valeur pour moi. J'emportai tout ce que je pouvais transporter et qui me semblait un peu intéressant pour le vendre a Arille: quelques armes, des ingrédients alchimiques, et deux potions de ce qui me sembla etre une sorte de liqueur, cachées dans un coin avec des petits sacs de...sucre. En tout cas, cela ressemblait a du sucre, mais en repensant a la femme démente que j'avais du tuer tout a l'heure et la mousse cristalline autour de sa bouche, je soupconnai qu'il ne s'agissait pas du genre de sucre qu'on met dans les gateaux.Je mis quelques granulés sur le bout de ma langue et les laissai se dissoudre. Ils avaient un gout sucré mais aussi un peu amer, et au début je ne ressentis rien d'autre que cela: un gout un peu agréable.Peu a peu, cependant, je réalisai que je me sentais de moins en moins tourmenté d'avoir tué ces trois bandits. Je me dis alors que leurs morts auraient du, au contraire, peser beaucoup plus lourd sur ma conscience; et de fait, jusqu'alors cela avait été le cas.

Le "sucre" était une drogue.Mon enfance m'avait appris deux choses essentielles au sujets des drogues: la premiere était qu'elles faisaient invariablement de vous un crétin demeuré; et la vie que je menais exigeait au contraire que je sois en pleine possession de mes facultés. La deuxieme était qu'elles avaient toujours beaucoup de valeur. Je fourrai donc les petites poches de "sucre" au fond de mon sac; si je pouvais trouver quelqu'un pour acheter ce genre de marchandise, l'argent serait le bienvenu. Je humai avec circonspection les flasques au parfum capiteux que j'avais trouvées avec le sucre, ce qui me confirma qu'elles non plus n'étaient pas de simples liqueurs; je les calai soigneusement dans ma besace.

Mes remords d'avoir causé la mort des contrebandiers furent quelque peu soulagés lorsque je fis une découverte qui expliquait aussi l'absence relative d'objets précieux dans la caverne. En remontant hors de la grotte, je vis une grille grossiere en bois, qui barrait un passage étroit entre les parois. La grille était construite sans grand art, avec de larges ouvertures entre les planches clouées verticalement. Il y avait sans doute un espace ou un passage derriere, mais il faisait trop noir pour voir au-dela. Tirant lentement mon sabre, je m'avancais précautionneusement, les yeux plissés dans l'effort d'entre'apercevoir quelque chose.

J'entendis un fracas, et quelqu'un heurter la grille depuis l'autre coté et presser son visage contre les ouvertures entre les planches. A son museau de fourrure et a ses yeux brillant dans le noir, je reconnus un Khajiit: un des "hommes-chats" de Elsweyr.

"Bréton!" Il secoua violemment les barreaux. "C'est toi qui a tué les bandits, oui?"

Je jetai un coup d'oeil derriere moi, et compris que de la ou il se tenait, le Khajiit avait été le spectateur de mon combat contre le sorcier.

"Libere-nous, je t'en supplie!"

En passant un bras musculeux et couvert de fourrure par un trou de la barriere, il indiqua d'une patte griffue le cadenas qui fermait la porte. Je remarquai le lourd bracelet qui encerclait son poignet. Il brillait d'une lueur terne et il y avait un anneau de fer qui en pendait; c'était des menottes, bien plutot qu'un bracelet. Je compris que le Khajiit était un esclave.

J'avais trouvé un jeu de clés a la ceinture de l'un des contrebandiers, et l'une d'elles tournait parfaitement dans la serrure. Alors que j'ouvrai la barriere, je vis briller davantage de paires d'yeux phosphorescents dans le noir de la cage aux esclaves, qui me dévisageaient. Il y avait d'autres personnes ici, plusieurs Khajiits et deux Argoniens, ou "hommes-lézards".

Les bracelets des esclaves étaient perversement concus de facon a nécessiter l'usage des deux mains pour les défaire: l'une pour tourner la clé, l'autre pour presser le mécanisme d'ouverture au meme moment et de la bonne maniere; ce qui voulait dire que meme si un esclave isolé parvenait a s'emparer de la clé, il ne pouvait pas s'en libérer lui-meme. Bien sur, le probleme était différent s'agissant d'un groupe d'esclaves agissant de concert, comme je pus le constater.

Le Khajiit m'arracha la clé des mains des que j'eus déverrouillé la serrure, et se mit a libérer ses compagnons de captivité avant de se défaire finalement de ses propres menottes. Bientot, je me trouvai submergé par les embrassades énergiques des Khajiits, dont celui qui m'apparut comme leur chef, dont le nom était Baadargo.

Je discutai brievement avec les ex-esclaves, et ce qu'ils me dirent du traitement recu de la part des contrebandiers fit beaucoup pour soulager ma conscience du poids de la mort de ces derniers. Encore que...Je ne pense pas que j'oublierai jamais comment la premiere femme se mit a sangloter lorsqu'elle eut réalisé qu'elle allait mourir.

Quoi qu'il en soit, les Khajiits et les Argoniens que j'avais délivrés me remerciaient avec effusion. Certaines personnes, beaucoup en fait, considerent ce qu'on a l'habitude de nommer les "races bestiales" comme a peine différents de leurs chats domestiques et des petits reptiles qui se faufilent sous les rochers de leurs jardins, du fait de leur réelle similitude. Ils les traitent comme tels: comme des animaux. Voila quelque chose que je n'ai jamais compris; on peut leur parler, comme a n'importe quel humain.

Les captifs me dirent qu'ils resteraient dans la caverne encore quelques temps, le temps de récupérer leurs forces; c'était nécessaire, compte tenu des bracelets qu'ils avaient portés si longtemps.

Je pouvais voir que ces bracelets étaient magiques, ne serait-ce que par la subtile lueur qu'ils émettaient, et j'en ramassais un pour l'examiner de plus pres. Je sentis aussitot, lorsque je passai un doigt a l'intérieur, un affaiblissement de mes réserves mystiques (de ma magicka, pour employer le terme en faveur aupres des cercles thaumaturgiques), similaire a celui que je pouvais ressentir lorsque je lancai un sort. Les bracelets d'esclaves étaient manifestement concus pour oter toute possibilité d'évasion par la magie. C'étaient des objets barbares, et je les abandonnai sur le sol avant de sortir de la caverne pour vendre mes autres trouvailles a Arille.

Arille acheta toutes les armes, et les ingrédients alchimiques, mais refusa avec véhémence les liqueurs étranges et les poches de "sucre". Il m'apprit que la liqueur était appelée "Skouma" et était produite par le raffinement de "sucre de lune" semblable a celui qui se trouvait dans les petits sacs. Il me dit également que les deux étaient en effet de puissants narcotiques et valaient une petite fortune.

J'eus un moment d'inquiétude, pensant qu'il allait appeler les gardes pour se saisir des drogues, mais je vis son regard se poser sur les anneaux cassés de ma cotte de mailles, et les déchirures de mes vetements; je pense qu'il conprit aussitot d'ou venaient les drogues. Jusqu'ici, d'apres les échanges que j'avais eu avec différentes personnes, il semblait qu'enfreindre les lois ne posait pas de probleme, tant que cela signifiait que des criminels étaient les victimes.

Je me retrouvai avec une somme conséquente de septims en poche, et dans le besoin d'un endroit ou passer la nuit. Rien au monde n'aurait pu me faire remettre les pieds dans la cabane abandonnée du nécromant, donc la caverne des contrebandiers semblait un choix idéal. De plus, j'y avais de nouveaux amis.

 

 

 

Laisser un commentaire ?