Battlespire

Chapitre 6 : Légendaire Châtiment

4767 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 20/11/2016 00:20

Il ne fut ensuite pas difficile de trouver la porte de l'armurerie. Son immunité lui permis de traverser sans encombre les patrouilles et les postes de gardes daedras, jusqu'à ce qu'elle parvienne devant le bloc de bronze massif qui renfermait l'arsenal de Mortecime. Un groupe de mages s'affairait tout autour en essayant divers charmes dans le but de la forcer. Sans succès jusqu'à présent, constata Agnès avec satisfaction. Une épée liée apparu par magie dans sa main et elle les chargea avant qu'ils ne l'ai remarquée.

Quelques sorts de foudre, une ou deux boules de feu et la légionnaire se retrouva bien vite seule devant la porte. Son arme conjurée se dissipa dans l'Oblivion tandis qu'elle glissait le fameux sceau dans le bas-relief prévu à cet effet. Elle jeta un regard anxieux vers les ombres au plafond, se demandant si les arachnides la surveillaient toujours. Non, je ne pense pas. Pas aussi loin dans le territoire des drémoras. Quelque-part dans la pierre, un mécanisme cliqueta et la magie de la porte fonctionna, la faisant s'évanouir devant un large corridor.

Oui !

Agnès retira le sceau et entra, prenant soins d'attendre que la porte ne se referme avant de continuer. Les murs du corridor étaient tapissés d'affiche énonçant les mesures de sécurité et les autorisations nécessaires pour entrer. Il s'enfonçait sur une dizaine de mètres jusqu'à déboucher sur une gigantesque caverne taillée à même la pierre, vivement éclairée par un astucieux ensemble de lampes dwemères. La grotte était pleine de coffres et de râteliers sur lesquels s'entassaient des centaines et des centaines d'armes de toute sorte. Casques, cuirasses, épées, boucliers, arcs de toutes tailles et de tout métaux. En verre, en mithril, en ébonite. De fabrication orque, elfique ou nordique. Il y avait là des ensembles complets d'armures en écaille de dragons, d'autres datant des potentats akavirois. Agnès déambula entre les caisses remplies à ras bord de flèches, de lingots d'orichalque et de gemmes spirituelles noires dont l'utilisation était pourtant illégale au sein de l'Empire.

Une porte en tout point identique à la première était taillée sur le mur du fond, juste à côté de la guérite d'un poste de garde. Un panneau était cloué juste au-dessus, sur lequel Agnès lu:




ZONE D’ACCÈS RESTREINT, NIVEAU PRIORITAIRE

En vertu de l'article 21-4 du Code Protocolaire Interne de la Battlespire Impériale de Mortecime, il est

strictement interdit de pénétrer cette zone sans une accréditation de niveau DICTATOR. Toute intrusion sera

considérée comme haute-trahison et sera punie par la mise à mort sans sommation.

 



Accréditation de niveau Dictator, hein? Les armes les plus précieuses sont ici. Agnès utilisa le sceau pour faire apparaitre l'ouverture et entra dans ce qui apparu comme étant un long couloir chichement éclairé. Pardonnes-moi, sacro-saint Code Protocolaire Interne de la Battlespire Impériale de Mortecime. De part et d'autre s'ouvraient des salles dont chaque porte portait une inscription indiquant l'arme qu'elle contenait. La Bretonne marcha longtemps dans ce couloir rectiligne, ébahie devant nombre d'artéfacts légendaire réunis ici :


 


ARMURE DU SEIGNEUR

(Don de la Divine Kynareth)

Statut: En attente de son porteur légitime

 

CHRYSAMERE

(Propriété de l'Empire)

Statut: En mission

 

MORT-DRAGON

(Propriété des Lames : usage interdit pour la Légion)

Statut : En stock

 



Et ça continuait, encore et encore. Chaque arme avait une salle attitrée, et il y en avait un nombre incalculables. Beaucoup n'étaient alors considérées par Agnès que comme des contes pour enfant, d'autre étaient si connues que c'était incroyable qu'elles soient simplement rangées là. La lame maudite Umbra, le marteau de Stendarr, l'arc d'ombre de Nocturne...

 



CHÂTIMENT

(Prise au Prince Malacath)

Statut : En stock

 



Enfin. La masse se trouvait derrière la vingt-sixième porte sur la droite, si elle avait compté juste. Cette fois, seul un verrou physique on ne peut plus ordinaire protégeait la précieuse arme. Agnès ne possédait pas la clé, mais ne s'en formalisa pas. Quelques minutes à peine lui suffirent à forcer la fermeture, à l'aide de divers sorts et de quelques coups de pieds. 

Quand la porte céda, la légionnaire pénétra dans le réduit minuscule au fond duquel reposait Châtiment, trônant sur son support. Lentement, Agnès s'empara de la masse, tout d'abord surprise par son poids étonnement léger. Elle était de l'ébonite la plus noire qui soit, du manche à la tête, formée de quatre ailettes aiguisées comme autant de lames de haches et rehaussées d'un travail à l'or richement ciselé.

Agnès fit quelques mouvements avec l'artefact légendaire. Elle ne se sentait pas plus forte pour autant. La masse semblait être absolument "normale", si l'on exceptait son incroyable équilibre et sa légèreté. La Bretonne jeta un œil au petit carnet posé sur une étagère à côté de l'arme.

Les premières pages étaient un rappel historique de l'arme. Sans doute fort intéressant mais hélas, le temps lui manquait. Une liste de noms venait ensuite, celle de ses différents porteurs. Les plus anciens remontaient à la naissance de la Légion, lors de révolte Alessienne. Enfin, les dernières pages étaient dédiées aux précautions d'emploi de l'artéfact. C'était ce que cherchait Agnès.

 



Châtiment est une arme maudite, de nature daedrique. A ce titre, tout usage contre un être vivant de type humain ou mer et interdit relève de l'interdiction prescrite par le Code Militaire Légionnaire Impérial, article 1043.Pour rappel, l'usage illicite d'artéfacts daedriques sans dérogation du Conseil des Anciens est un crime de guerre, passible de sanctions devant la Cour Martiale.

Châtiment a été conçu pour combattre les daedras. Seul un mortel peut utiliser son plein potentiel, et les daedras sont incapables de la manier sans prononcer la formule de la Bénédiction de Malacath. L'absence de formule, ou une formule erronée renvoie le daedra dans les ténèbres de l'Oblivion, et il lui faudra beaucoup de temps pour y retrouver son chemin. Une formule correctement prononcée révélera les pleins pouvoirs de l'arme. La Bénédiction de Malacath est une formule classifiée secret-défense, niveau IMPERATOR.

Châtiment dispose entre les mains d'un mortel d'une fraction de son pouvoir véritable, qui est déjà conséquent. Châtiment inflige des dégâts considérables, et les blessures causées sont difficilement guérissables. Utilisée par un humain sur un daedra, ses dégâts sont décuplés et elle est capable de bannir la cible en Oblivion. Elle garde le souvenir de ses victimes, renforçant son efficacité sur les cibles déjà bannies par ses soins. Les pouvoirs véritables de Châtiment, révélés par la Bénédiction de Malacath sont classifiés secret-défense, niveau IMPERATOR. Seule une autorisation de l'Empereur contresignée par son Mage de Guerre Impérial permet au porteur de la masse d'utiliser les pleins pouvoirs de l'arme.

 



 Cela faisait beaucoup d'informations, et très peu. Si l'Empereur savait pour la situation sur la Battlespire, serions-nous autoriser à nous servir de la Bénédiction ? Même en l'absence des véritables pouvoirs de l'arme, Châtiment était une véritable aubaine. Bannir les daedras sur contact... Dans une citadelle infestée de daedras, Agnès ne pouvait que rêver à toute les possibilité.

La Bretonne retourna dans la salle principale de l'armurerie. Elle passa un peu de temps à fouiner, en quête de matériel utile. Josian était passé par là, c'était évident. Elle trouva dans un coin une couverture roulée en boule et les reliefs d'un repas. Cela fait longtemps qu'il est parti. La porte de l'armurerie se rematérialisa derrière elle quand elle sortit. Le sceau permettant de l'ouvrir, la légionnaire l'avait laissé à l'intérieur. En enfermant le sceau à l'intérieur, elle savait que l'Empire aurait tout autant de difficulté à récupérer ses biens, mais c'était la solution la plus radicale pour garder toutes ces armes hors de portée des daedras. On réfléchira plus tard à comment les récupérer.

Sur le sol, juste devant le porte et aux pieds des sentinelles drémoras mortes elle remarqua quelque chose qu'elle n'avait pas vu à l'aller. Un carré de parchemin plié, coincé dans une fente du carrelage. Une bouffé d'excitation l'envahie quand elle s'en empara, le déplia rapidement et lu avec avidité les mots tracés par cette main si familière. Josian l'avait codé en dwemer, tout comme son premier mot. Agnès traduisit avec aisance, pardonnant à son frère les fautes que sa hâte l'avait conduit à faire. Je l'ai toujours surpassé en langues.

 



Je ne sais pas si tu lira ce message, mais je sais que tu est vivante à l'heure où j'écris ces lignes. J'ai entendu des daedras parler de toi. J'ai réussi à reprendre le sceau de l'armurerie. C'est un drémora qui me l'a donné. Trop long à expliquer. Tant qu'il est avec moi, il devrait être en sûreté. Je vais me planquer un moment pour ne pas qu'ils me tombent dessus avec. A part ça, j'ai peut-être une piste supplémentaire pour savoir ce qu'il s'est passé ici. J'ai remarqué une anomalie en vérifiant le registre de passages du portail de Mortecime. L'un des derniers à l'avoir traversé est un mage du nom de Paxti Bittor. C'est un invocateur spécialisé dans la magie des portails, et il n'était pas censé être à proximité du hall à l'heure où il a été signalé. Il connait le fonctionnement du portail principal de la Battlespire, et il a pu être capable de le modifier pour le relier au plan de Mehrunes Dagon. J'ai le témoignage visuel d'un légionnaire que j'ai trouvé caché dans un conduit de ventilation. Il confirme avoir vu Paxti Bitor en compagnie de drémoras. Il faut qu'on vérifie deux ou trois trucs aux archives et dans son bureau. Tu nous trouveras peut-être là-bas, selon le moment où tu recevra ce message. Mais ne compte pas trop là-dessus. Je dois rester mobile pour éviter nos amis les daedras. Quand à toi, contente-toi de rester en vie.

Fais bien attention à toi.

Josian

 



La lettre datait un peu, et Josian ne prenait pas en compte les événements les plus récents qui lui étaient arrivés. Mais comme pour le premier message, Agnès eut chaud au cœur de savoir qu'il prenait le temps de penser à elle. Il serait fier de moi s'il savait ce que j'ai fait pour sauver l'armurerie.

Son frère ne se contentait pas de contre-attaquer. Il continuait d'enquêter sur le pourquoi du comment de l'invasion. Est-ce qu'il a eu le temps de découvrir ce qu'il cherchait avant que les daedras ne lui tombent dessus ? Une multitude de questions lui traversa l'esprit sur le chemin du retour.

Quelque chose clochait. Un lourd silence imprégnait les couloirs, vides de toute patrouille de drémora. Agnès resta sur ses gardes, Châtiment serrée dans son poing. Les choses ont changées depuis mon séjour dans l'armurerie.

Agnès marcha longtemps dans la Battlespire désertée. Elle devait avoir quitté le territoire des drémoras quand une voix enfantine lui adressa la parole, provenant d'une alcôve dissimulée dans l'ombre.

— Ah, vous voilà. Je vous cherchais depuis longtemps.

Agnès sursauta, et pointa sa masse vers la petite fille qui avait parlé. L'enfant se hérissa comme un chat à la vue de Châtiment. Ses doigts agrippèrent la pierre derrière elle et sa bouche s'ouvrit en grimace mi-effrayante, mi- effrayée.

— Pour l'amour de Talos, cessez d'apparaitre tous de nul part !

La gamine hirsute à la frimousse barbouillée ne dépassait pas les douze ans. Nue, seul un pagne de peau ceignait sa taille. Ses cheveux blond sales en bataille formaient une masse touffue autour de son visage.

Bien que la légionnaire sache que les apparences étaient trompeuses, sa présence ici, au cœur de Mortecime, était insolite. Et paradoxalement, elle l'effrayait plus qu'une armée de drémora. Elle aussi avait peur. Ses yeux ne cessaient de voler entre Châtiment et le visage de la Bretonne. Cette arme me donne l'avantage. Agnès repris confiance.

— Qui êtes-vous, encore?

— Une amie. Je suis gentille, non? Mon nom est Rishaal Tamir. C'est moi qui dirige les galopins ici. Beaucoup m'ont dit vous avoir croisée. Ils disent que vous êtes méchante, que vous les avez attaqués. Ce sont des menteurs, je ne les crois pas. Vous êtes gentille, non?

— Que voulez-vous ? demanda Agnès, méfiante.

— Vous avez bouleversé l'équilibre des forces entre les généraux de Dagon. Wonshala Keriayn et Sumeer Jabran sont ennuyeux, ils n'arrêtent pas de se chamailler. Vous avez tué le champion de Jabran. Alors certain de ses drémoras se sont levés contre lui. Ils pensent que depuis son humiliation par Mehtat et une mortelle, il n'est plus digne de les diriger. Alors ils se sont battu, et ont tué Jabran. Et même là, ils n'étaient pas d'accord pour savoir qui les dirigerait. Ils se sont battu encore une fois, jusqu'à ce qu'il ne reste plus qu'un prétendant. Les autres lui on prêté allégeance. Mais ces querelles les ont affaiblis. Wonshala et ses arachnides en ont profité pour contre-attaquer. Les drémoras n'ont pas tenu longtemps. Ils ont été repoussés en dehors de leurs territoires, et ils sont en train de quitter la citadelle. Wonshala est méchante. Le Seigneur Dagon serait mécontent d'apprendre ce qu'elle a fait. C'est à cause de vous que c'est le chaos dans notre armée. A vous de stopper cela.

Agnès rit au nez de la gamine.

— Et qu'est-ce que tu vas faire? Me forcer à l'affronter? Ose-seulement. Je suppose que tu as reconnu la masse que je tiens dans la main.

— Oui. C'est Châtiment la maudite. Le Marteau à Daedra. Mais je suis gentille, non? Vous ne me ferez pas de mal? Je vous offrirez un cadeau si vous tuez Wonshala. Je vous ferez sortir d'ici.

La légionnaire se relâcha.

— Vraiment? Tu peux me faire retourner sur Nirn?

— Non, Nirn est fermé. Mais il y a un autre moyen. C'est là que l'on va. Là-bas, il y a des portails pour le plan des mortels.

— Je ne te fait pas confiance.

— C'est votre unique chance de retourner sur Nirn. C'est un autre plan d'Oblivion. C'est là que nous allons quand nous quitterons la citadelle. De là, vous pourrez aller sur Nirn.

— Tout ce que j'ai à faire, c'est de tuer Wonshala?

— Oui. Vous avez Châtiment. Ce sera facile. Même si elle a un Croissant, ajouta Rishaal.

— Parles-moi de ces Croissants, questionna la légionnaire, curieuse.

— Ils sont le reflet miroir de Châtiment. Malacath a conçu la masse, jadis, et les autres princes ont forgés les Croissants pour s'en protéger. Nous haïssons la masse, car elle sert à nous détruire. Les Croissants sont haïs par les mortels et servent à les tuer. Seul un daedra peut révéler les véritables pouvoirs d'un Croissant, et chacun d'eux inflige des dégâts considérables à vous autre mortels. Le Seigneur Dagon nous a offert des Croissants pour cette attaque car il sait que Châtiment se trouve dans la citadelle. Et il la convoite, oh oui, il la convoite.

— Que se passera-t- il si Châtiment rencontre un Croissant en combat?

— Chacun d'eux fera ce pour quoi il a été conçu. Le duel sera intéressant. Mais ce n'est pas ça le point central. Le comportement de Wonshala déplairait au seigneur Dagon. Il est temps qu'elle paye. Allez-vous vous en charger ? En échange d'une porte de sortie?

— Oui. Et je n'aurais nul besoin de la combattre.



Wonshala ne se trouvait plus dans la salle où elle l'avait rencontré la première fois. En revanche, trois arachnides sortirent de nul part et entourèrent la légionnaire, pendus au bout de longs fils de soie. Sans prononcer un mot, ils la guidèrent à travers une série de couloir descendant de plus en plus bas dans le sous-sol de Mortecime. Agnès les suivit docilement. Elle voyait bien les regards inquiets que les créatures jetaient sur la masse serré dans son poing. Cela lui permettait d'affronter sans peur la présence à ses côté de ses créatures obscènes bardées de dards et de venin.

Ils la conduisaient dans une zone de la Battlespire inutilisé par l'Empire. Les traces de la présence humaine disparaissaient eu fur et à mesure qu'ils descendaient. Le dallage laissa la place à de la pierre brute. Il était courant de croiser des statues en l'honneur de dignitaires impériaux dans les couloirs de Mortecime. Ici, les figures altières des éminents archimages cédaient la place à des statues tordues et noircies, démons méconnaissables couverts de tentacules. Agnès reconnut dans cette aile l'architecture daedrique typique, comme celles que l'on observait dans les sanctuaires de Morrowind. D'immenses blocs de basalte ajustés les uns sur les autres, et des pics, toujours des pics saillant de toute part des murs et du sol comme autant de griffes couvertes de sang. Cet endroit était ancien. Très ancien. Mortecime a été construite au cours du règne de Reman Cyrodiil. Cette partie de la Battlespire date pourtant d'une époque antérieure, j'en jurerais. Où sommes-nous?

Wonshala se tenait au centre d'un cercle de pierre entouré de bougies, flanqué de deux de ses horribles araignée à buste humain. Ses pieds baignaient dans la mare formée par la cascade de sa robe. Impassible, elle guettait l'arrivée de la légionnaire, qui s'avança devant elle tandis que les trois arachnides l'ayant escortée ses dispersèrent dans les ombres.

Bien. Tuer Wonshala. J'ai une idée sur comment procéder. Pour cette fois, la légionnaire préférait user de son intelligence plutôt que de sa force. Si les informations que contenait le manuel d'utilisation de Châtiment disait vrais, il était possible pour elle de se débarrasser de la daedra sans même se fatiguer à l'affronter. Stendarr, ayez pitié. Faite que cela marche.

— Jabran s'est fait lynché par ses propres troupes. Ce qu'il reste de ses drémoras ont commencé à évacuer la citadelle la queue entre les jambes, abandonnant la prétention de s'emparer de l'armurerie. Bien joué, mortelle. Je crois que vous avez quelque chose qui me revient de droit.

La main griffue de Wonshala se tendit avec avidité en direction de la masse. Agnès hésita un instant. La daedra se crispa. Elle bougea imperceptiblement son Croissant Daedrique en direction de la Bretonne. Elle remarqua ce geste qui chassa son doute.

...les daedras sont incapables de la manier sans prononcer la formule de la Bénédiction de Malacath "

— Bien sûr, ma dame. Tenez. J'ai rudement combattue pour l'obtenir.

Châtiment changea de propriétaire. Wonshala l'examina dans tout les sens, l’œil illuminé d'un éclat extatique.

— Alors... Ça y est ? Elle est à moi ?

...l'absence de formule, ou une formule erronée renvoie le daedra dans les ténèbres de l'Oblivion"

— Cela est vrais, ma dame, confirma Agnès. Il faut dire la formule " par le pouvoir du crâne ancestral, je détiens la force toute-puissante " quand vous la brandissez, et toute la magie que Malacath a versé dans cette arme vous appartiendra.

Wonshala brandit la masse au dessus de sa tête.

— PAR LE POUVOIR DU CRANE ANCESTRAL, JE DÉTIENS LA FORCE TOUTE-PUISSANTE !

Elle l'abattit de toute ses forces sur le crâne d'Agnès. La Bretonne eut un mouvement instinctif de recul, mais ne sentit pas le choc de l'ébonite sur ses os. Juste un léger frôlement. En fait, au moment précis où Châtiment entra en contact avec la peau de la mortelle, la daedra poussa un hurlement terrifiant et disparu dans un éclair de foudre. Le voile de la réalité se déchira avec un bruit de soie froissée et Wonshala fut bannie, ne laissant derrière elle qu'une petite flaque de plasme azur dans lequel baignait Châtiment et le Croissant Daedrique.

— OUI ! laissa échapper Agnès encore incrédule que la daedra ai été aussi naïve et arrogante. Sa joie retomba bien vite lorsqu’autour d'elle, les gardes arachnides de Wonshala se mirent à siffler et à se cabrer. Elle les vit conjurer des épées, tandis que des haumes et des cuirassent apparaissaient par magie autour de leur torse et de leur tête. L'une d'elle projeta un sort de venin qui vint s'écraser au pieds d'Agnès en faisant fondre le sol, envoyant en tout sens ses éclaboussures d'acide qui vinrent faire mousser l'acier des jambières de la légionnaire. La légionnaire se précipita d'un bond et attrapa la masse Châtiment toute gluante d'une matière bleuté, ultime reste de la forme physique de Wonshala Keriayn.

Elle se remit debout en la pointant vers ses assaillants, qui reculèrent prudemment en proférant d'incompréhensibles malédictions. Celui qui semblait être leur chef annula le sort qu'il avait préparé et tourna les talons. Les autres suivirent son exemple et leur corps boursouflé s'échappèrent dans de sombres orifices, vers les entrailles de la Battlespire où Agnès espérait ne plus jamais entendre parler d'eux.


La légionnaire n'avait qu'une hâte : retourner voir la gamine, Rishaal Tamir pour lui faire tenir sa promesse. Pas avant d'avoir retrouvé Josian. L'unique piste dont elle disposait pour le retrouver était celle qu'il était en train de suivre pour démasquer le traître à l'Empire. Dans son mot laissé dans l'armurerie, il avait parlé d'aller enquêter dans les archives. C'est là que j'irais. Avant de retourner vers les étages supérieurs, Agnès ramassa le Croissant de Wonshala. Hors de question de laisser trainer ici une telle chose. Difficile de le manipuler. La Bretonne n'avait jamais eu entre les mains une arme de cette forme, et elle craignait de se coupait par inadvertance en cas de faux mouvement. Les Divins seuls savaient ce qu'il se produirait si une telle chose arrivait, aussi préférait-elle prendre toute les précautions possibles.

Le Croissant dans une main, Châtiment dans l'autre, elle ne tarda pas à retrouver son chemin dans la citadelle déserte. Des panneaux indiquaient régulièrement la direction des archives. Agnès n'eut qu'à les suivre pour y parvenir, croisant parfois un arachnide affairé à désosser le corps sans vie d'un drémora qui chaque fois disparaissait en emportant sa proie lorsqu'il apercevait la légionnaire.



Une force implacable avait saccagé les archives. Codex, parchemins et lexicons gisaient en tout sens au milieu des étagères tailladés. Agnès passa impressionnée devant les gonds arrachés de la lourde porte de bronze de l'entrée qui avait volé à l'autre bout de la salle, emportant une arcade de pierre dans sa trajectoire. Merde... tout ça pour capturer Josian.

Ce n'était pas difficile à déduire, en effet. Plusieurs cadavres de drémoras jonchaient les archives, portant sur eux les stigmates d'une magie violente et d'une épée tranchante. L'un d'eux pendait grotesquement au plafond, accroché au lustre par l'une des sangles de son armure. Du sang goutait de son abdomen éviscéré, goutant à intervalle régulier sur une pile de vénérables parchemins désormais illisibles.

Les corps n'étaient pas tous daedras. Agnès trouva deux officiers cachés derrière une armoire au fond de la salle. Les daedras les avaient surpris dans leur tentative de détruire les dossiers sensibles de la XXXIIIème légion et les avaient tué ainsi, accroupis devant un coffre en métal bourré de documents brûlés à la hâte. Ils en avaient dans leur bouche, qu'ils avaient dans leur zèle essayé de détruire par ingestion. Et il y avait un légionnaire elfe, vêtu d'une armure de cuir usée. Les daedras s'étaient acharné sur lui, vu la nature et le nombre improbable de blessures sur son corps. Ils 'était pourtant vaillamment battu avant d'être submergé. C'était lui le survivant récupéré par Josian. Agnès pria pour que son frère n'ai pas subit le même sort sans qu'elle le sache, quelque part dans un coin oublié de Mortecime.

Instinctivement, elle commença à chercher le mot que Josian avait sûrement laissé quelque part dans tout ce bazar. Comment repérer un morceau de papier au milieu d'une montagne de papier ? La légionnaire laissa rapidement tomber.. Les daedras l'ont interrompu au milieu de son enquête. Il n'a pas eu le temps. C'était à elle de deviner ce qu'il était venu chercher.

Agnès fourra la main dans son armure et en extirpa la note trouvée devant la porte de l'armurerie.

"...remarqué une anomalie en vérifiant le registre de passages du portail de Mortecime. L'un des derniers à l'avoir traversé est un mage du nom de Paxti Bittor..." relut la Bretonne. "...n'était pas censé être à proximité du hall à l'heure où il a été signalé..."

Que disent les archives sur ce mage ?

Agnès sécurisa les archives à l'aide de divers sorts de protections avant de reprendre l'enquête de son frère. Au moins, elle n'avait rencontré aucun ennemi pour venir jusqu'ici. Sa magie avait largement eu le temps de se reposer, aussi entoura-t-elle la place des pièges et des charmes les plus puissant. Personne ne viendrait la déranger.

Elle ignorait par quel bout commencer. Dépité par la quantité de travail à accomplir, la Bretonne se mit à feuilleter les registres.

Ses yeux commençaient à se fermer tout seul lorsqu'elle eu terminer. Elle avait devant elle une petite pile de documents, tout ce qu'elle avait pu trouver concernant Paxti Bitor : une copie de son acte d'admission sur la Battlespire datant d'il y a quatre ans, signé par le Mage de Bataille Jaghar Tharn, son dossier du registre du personnel, plusieurs rapports signé de sa main, des formulaires d'intendances demandant la fourniture supplémentaire de sels du néant et de gemmes spirituelles destinées à l'entretiens des portails de Mortecime. Les archives d'entrée et de sorties stockés ici mentionnaient qu'il avait quitté sept fois la citadelle durant ses quatre années de service. Les deux sorties les plus récentes dataient de la semaine dernière. A destination de la Cité Impériale, elles n'étaient justifiées par aucun motif apparent. Il était seulement noté en margé "par dérogation expresse du seigneur Jaghar Tharn, Mage de Bataille personnel de sa majesté l'Empereur Uriel Septim VII."

Étrange... Paxti Bitor travaillait-il sur quelque chose de tellement confidentiel qu'il n'en ai même pas fait mention dans les archives ? Dont seul le seigneur Tharn serait au courant ? Cela explique t-il sa présence près du hall d'entré lors de l'attaque ? Non, à part ses voyages à la Cité Impérial, il n'y a rien qui indique qui travaillait sur quelque chose en particulier. Il se concentrait à plein temps à l'entretiens des portails de Mortecime.

Le seigneur Tharn dirige la XXXIIIème légion et la Battlespire. Ce n'est pas étonnant que ses affaires demeurent secrète même pour les archives de Mortecime. Mais si Josian a raison et que Paxti Bittor est impliqué, alors ses liens avec lui sont préoccupant... Il ne fallait écarter aucune piste. Mais Agnès avait le vertige en imaginant ce que l'implication du plus proche conseiller de l'Empereur signifiait. Pour l'innocenter, il fallait découvrir la nature de leur relation.

D'après ce mémoire, Paxti Bittor dispose d'un bureau. Par les Divins, faites que j'y trouve de bonnes nouvelles !






Le résumé du chapitre est tiré de l'écrit Légendaire Châtiment, que l'on peut lire en intégrale dans AESL: Battlespire et TES: Online


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