Mais qui a tué Jennifer Schecter?

Chapitre 1 : L'enquête continue

1228 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 23/03/2016 23:31

Mais qui a tué Jennifer Schecter? L'enquête s'annonce difficile. Ces femmes sont tellement soudées que leur arracher des aveux sera presque mission impossible. Elles vont se couvrir, chacune sera l'alibi de l'autre, se portera garante de l'innocence de son amie. Il me faudra plus que de la patience pour me sortir de cette pelotte de ficelle pleine de noeuds dans laquelle je viens de me faire prendre. Mais je ne me laisserai pas impressionner, bien que je pense l'être déjà un peu... Je me demande en fait si elles savent seulement laquelle d'entres elles a commis ce crime? Elles avaient toutes de réelles raisons d'en vouloir à Jennifer Schecter, mais est-ce suffisant pour la tuer? Je n'ai moi-même aucun soupçon avéré contre l'une d'elle en particulier... Bette? Tina? Shane? Helena? Presque toutes restent donc suspectes à mes yeux.

Je lis et relis les dépositions de ces femmes, cherchant la moindre petite faille dans leurs récits qui pourrait éclairer cette affaire, me donner un indice sur ce qu'il s'est passé ce soir là, avant que l'on ne découvre le corps de Jennifer dans la piscine de Bette Porter et Tina Kennard. Ce qui est flagrant c'est que les évènements de ces derniers jours avaient fait naître en chacune de ces huit femmes une certaine rancoeur, voire une véritable haine envers la victime. Aucune ne cherche d'ailleurs à cacher le soulagement engendré par cette tragique disparition. Je sens pourtant qu'au delà de ce sentiment, il y a de la tristesse. C'est indéniable, elles avaient fini par accepter Jennifer dans leur "famille", elle avait su y entrer, y faire sa place, malgré les épreuves et tout ce qu'elles s'étaient mutuellement fait subir. Maintenant, est-ce de la tristesse d'avoir perdu une de leurs membres, quand bien même cela aurait fini par arriver, ou de la tristesse de s'être fait avoir comme des bleues, d'avoir eu la faiblesse de lui faire confiance? Je ne sais pas.

Je regarde plus attentivement les portraits des suspectes qui sont encore agrafés à leur dossier personnel. Toutes différentes, toutes si belles, dégageant un charisme fou. Je peine à imaginer l'une d'elle tuer une autre femme, de sang froid, sans trembler. Helena Peabody a pourtant déjà fait de la prison, pour vol, et a été plusieurs fois poursuivie pour harcèlement sexuel par d'anciennes collaboratrices. La dernière en date, je cherche dans le dossier, est Dylan Moreland, qui est depuis devenue sa compagne, jusqu'à ce qu'intervienne Jennifer Schecter... Même Tasha Williams qui a combattu en Irak avec son régiment, ne me donne pas l'impression d'être capable d'une chose pareille. De toute façon, elle était absente au moment du crime...

Je dégrafe la photo de Bette Porter de sa fiche d'idendité. Je suis saisie par sa prestance, par cette sensation de puissance qu'elle dégage, de confiance en elle. J'aurais à faire à un clan de mafieuses, j'en déduirais aussitôt qu'elle en est la Marraine... Mais là c'est différent. Chacune de ces femmes est un membre à part entière de cette étrange "famille", aucune ne semble s'identifier comme en étant le chef, le pilier central. Malgré tout, Bette Porter tient pour moi, à l'heure actuelle et au regard des premiers éléments de l'enquête, de suspect numéro un. Je scotche le portrait sur le grand tableau blanc, où celui de la victime est déjà placé en haut au centre, dominant l'organigramme que je vais compléter au fur et à mesure, avec des notes que moi seule ne vais comprendre.

Quelques instants plus tard, je suis encore plongée dans mes réflexions devant ce qui est devenu ma "Toile", comme l'aurait appelée Alice Pieszecki, quand mon coéquipier, le lieutenant Adam Shepherd, m'interpelle en poussant la porte du bureau:

"On a reçu les premiers résultats de l'autopsie!

- Résume. - Mon ton est un peu sec, plus que je ne l'aurais voulu.

- La victime avait de l'eau dans les poumons, elle est donc bien morte noyée. Traumatisme crânien ayant vraisemblablement provoqué une perte de connaissance.

- Hum... Il pourrait s'agir d'un accident?

- Peut-être. Le doc essaie de déterminer ce qui a causé le traumatisme: une chute, un coup.

- Alcool, drogue, médicaments?

- Très faible taux d'alcoolémie, aucune drogue, mais une certaine quantité d'anxiolitiques.

- C'est-à-dire?

- Je n'ai pas le chiffre exact mais d'après le doc, il pourrait s'agir tout simplement du traitement de la victime contre ses troubles psychiatriques."

Adam se met à côté de moi face au tableau. Son regard glisse d'un portrait à l'autre, je ne peux m'empêcher d'y voir une certaine excitation. Je souris. Ah les hommes...

"Pffff, quel gâchis! Dire que toutes ces bombes sont lesbiennes! Je n'arrive même pas à savoir laquelle je préfère. Helena peut-être? Dit-il en pointant son doigt sur la photo de cette grande brune au corps parfait, et aux yeux bleus envoûtants.

- Pas toutes je te rappelle! Kit Porter est hétéro.

- Heureusement. Moi je serais leur père, avoir mes deux filles homo, je crois que je le vivrais plutôt mal.

- Leur père est mort...

- Ah mince. Désolé. Bref, elles sont canons. Je t'assure que j'ai du mal à ne pas les imaginer ensemble pendant que je les interroge.

- Essaie de rester professionnel. Elles vont nous mener la vie dure tes créatures fantasmatiques.

- Créatures? Ouais! J'aime bien ce terme..."

Je lui donne un coup d'épaule amical. Ce n'est pas le moment de rire. L'affaire est grave et il ne faut pas laisser ces femmes nous ensorceler, nous mener en bateau. Je sais que le commissaire m'a confié l'enquête car un homme pourrait se laisser trop vite perturber par leur beauté, par le fantasme humainement masculin que représente un couple de femmes. Et moi? Ne vont-elles pas essayer de me séduire? C'est un risque bien sûr, mais je ne le crains pas. Je ne suis pas attirée par les femmes.

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