Une époque révolue

Chapitre 1 : Un rescapé parmi tant d'autres

1795 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 09/08/2021 17:02

Le quartier fourmillait d'innombrables d'êtres vivant en perdition, ne tardant pas à passer au stade suivant. Il suffisait juste à bien tendre l'oreille pour entendre les premiers coassements de certains, infestés de plaques fongiques, se développement doucement, mais sûrement. Déjà qu'à ce stade, il fallait redoubler de vigilance, faire face aux têtes de champignons sans âme s'avérait périlleux.

Toujours accroupi et caché derrière ce tas de blocs en béton armé, le brun, cheveux court, vêtu d'un t-shirt à manche longue couleur ivoire, d'un cargo d'un gris profond, chaussé d'une paire de basket adapté pour le parkour - des vêtements l'ayant accompagnés dans quelques-uns de ses nombreux périples - vérifiait le contenu de son sac. Il ne pouvait se permettre d'utiliser le peu de balles qui lui restait, et combattre à main nu - même avec une arme de mêlée - ne lui garantissait pas sa survie. Non, l'homme déjà la cinquantaine passée, devait trouver une autre solution.

L'ancien voleur caressa la bague portée sur son annulaire gauche, analysant discrètement chaque recoin de la zone grouillant majoritairement de rôdeurs, la plupart des bâtiments détruits, n'offraient aucune échappatoire. Sans parler de la nature qui reprenait enfin ses droits - après avoir été maltraitée par les hommes - dominait l'entièreté de la zone, barrant les dernières issues de secours. 

Impossible de rebrousser chemin. Enfin si. Toutefois, il ne souhaitait pas se frotter à ses autres ennemis - toujours humains, armées jusqu'aux dents et pourtant, tous aussi dangereux et aliénés que ces monstres.

De nouveau aux aguets, la dernière réponse à son problème était de créer une diversion. Longeant le muret, arrivant à l ‘extrémité de celui-ci, il leva doucement la tête - suffisamment pour que ses yeux voient ce qu'il s'y passait. S'assurant qu’aucun coureur, ni rôdeur étaient sur le point de le repérer, il fit une roulade jusqu’au mur d’à côté - plus long, plus grand, plus facile pour les contourner. Sur son passage, il ramassa deux bouteilles en verre pouvant toujours servir.

Quelques mètres plus loin, il se stoppa net, détectant une brèche dans le mur. Il se planqua derrière la benne verte à sa droite. Son instinct ne le trompait jamais. Un infecté de premier niveau fit son apparition. Contournant le plus sobrement possible, il se hissa derrière l’hôte possédé, le prenant à revers pour l’étrangler à l'abri des regards. Parvenant à éliminer sans problème le coureur, le cinquantenaire fouilla le cadavre. Rien. Cependant, il localisa une droguerie en piteux état, mais accessible.

À pas de loup, il se dirigea vers la boutique. Une fois proche de celle-ci, des coassements surgirent de l’intérieur. « Bordel » murmura-t-il dans un souffle - dépité. Ces radars ambulants grouillaient de partout. Plus attentif que jamais, l’aventurier supposa qu’il y en avait deux, peut-être trois. Balancé, le récipient en verre serait imprudent.

Se confrontant au danger depuis une éternité, aujourd’hui il était lasse de cette situation. Passant une main dans sa crinière, réfléchissant à la manière de supprimer ces champignons avariés sans attirer les autres, l’humeur de l’homme s’amenuisait. Dans un soupir, il sortit un surin de sa poche - réajustant au passage le sac sur son dos. 

Avançant furtivement jusqu’au rebord de la fenêtre, il balaya du regard les environs, observant les claqueurs qui erraient, poussant leur petits gémissant dans l'espoir de trouver de la viande fraîche pour pouvoir agrandir leur petite famille. Chacun circulait dans un espace prédéfini, se partageant la zone. Après avoir examiné leur parcours, l’ancien larron entra par la fenêtre une fois que le premier infecté soit passé, se jetant immédiatement sur lui, plantant - à plusieurs reprises - l’arme dans son crâne. Une fois achevé, souhaitant éviter de provoquer les deux autres non loin de l’autre, il attendit que le deuxième revienne sur ses pas précédents de la même manière qu'avec son compère. Plus qu’un.

L’endroit nettoyé, le brun explora avec prudence le magasin. Certains rôdeurs, plus redoutables que jamais, aimaient prendre par surprise leur proie et parfois alerter leur compagnon. Ceci dit, son instinct lui disait qu’il n’y avait plus rien à craindre - pour l’instant. La plupart des rayons étaient quasiment vides. Peut-être trouverait-il le matériel médical dans le stock et possiblement de quoi se sustenter.

Traversant le rayonnage exposant les produits pour l’entretien domestique, il regardait brièvement ce qu’il restait. Par chance, se promenaient encore quelques bouteilles d’alcool, assez pour faire un ou deux cocktails molotov au besoin. Les fourrant dans son sac, commençant légèrement à bien-être rempli, il se hâta d’explorer l’entrepôt trouvant quelques bouts de tissu et un kit de premier secours. Maigre compensation, mais toujours ça de gagné.

L'inspection terminée, il devait encore fuir les lieux.


Sortant par l’accès où il s’était faufilé précédemment - à l’extérieur se promenait toujours les champignons tueurs. Se grattant la tête, il remarqua le tuyau - toujours intact. Nul besoin de tergiverser, il escalada ce dernier, tremblant sous son poids, accédant malgré tout au toit de l’échoppe. À bien y regarder, il était en mesure de franchir les bâtiments suivant pour atteindre l’immeuble à deux kilomètres à pieds. Comme au bon vieux temps, murmura-t-il, un sourire en coin - veillant du coin de l’œil les infectés déambulant dans le périmètre.

Grimpant jusqu’au bâtiment suivant, il marcha prudemment sur la toiture prête à céder à tout instant. Atteignant et s’agrippant in-extremis à la corniche, le vacarme alerta la troupe en bas, recherchant vainement leur nourriture. Ne pouvant atteindre directement le rebord au-dessus, il dut faire le tour de l’édifice - lui permettant de disparaître de leur vue. Prenant une grande inspiration, puis expiration, il s’accrocha fermement à la bordure. Encore quelques mètres, et il pourrait lâcher prise. 

Atterrissant sur les tuiles d’un nouveau bâtiment, le voleur s’essuya le front, légèrement recouvert de sueur, réalisant que son corps commençait à faiblir au fil des années. Il possédait encore de la marge, or… il devait accepter que la vieillesse pointait inexorablement le bout de son nez.

Continuant d’avancer, il escalada, grimpa, sauta sur les plateformes lui permettant d’accéder au quartier suivant.

À son plus grand bonheur, les rues étaient désertes dans ce coin. Voguant jusqu’à l’angle de rue, il arracha le lierre camouflant la plaque bleu annonçant le nom de la rue W. Fremont Street. Reculant de quelques pas, il extirpa de la poche arrière, un petit plan de la ville de Pocatello, le siège du comté de Bannock, situé dans l'état de l’Idaho. Se situant tout juste à côté du magasin d'un magasin de guitare, en temps normal, il lui restait une bonne trentaine de minute à parcourir pour atteindre l’Idaho Museum of National History - son refuge actuel. Aujourd’hui, le trajet parsemé d’embûches allait durer quelques heures, peut-être quelques jours… Néanmoins, dans la rue coupant le Fremont, se localisait une armurerie. Il pria pour mettre la main sur des armes plus efficaces et se ravitailler en munitions.

La devanture de Gunslinger’s semblait ne pas avoir subi de dégât, seulement soumise à la végétation régnant sur toute la ville.

Toujours vigilant, il contrôla l'état des lieux, s’assurant de n’être pas épié et qu’aucun monstre ne se promenait à l'intérieur du magasin. R.A.S. ,dit-il à voix basse et comme pressenti, la porte était verrouillée - à l'aide du crosse de sa carabine, il donna plusieurs coup à la vitrine pour la briser. 

La chance lui souriait. Une panoplie d’armes à feu ornait la boutique. Avant de se servir, il décida de se poser quelques instants au niveau de l’atelier, se débarrassant de toutes les fournitures enfouis dans son sac et les étala sur l’étable pour un petit check-up. L’essentiel était là : de quoi se soigner, se nourrir et se défendre.

Il prépara en amont deux cocktails molotov et quelques surins supplémentaires à l'aide de lames et de liens. Pour éviter de s’encombrer davantage, le cinquantenaire arpenta le secteur où l’on rangeait accessoires et vêtements, récupérant une ceinture d’épaule pour remplacer l’actuel quasiment abîmé. C'était le moment de profiter de cette petite journée shopping pour choisir un baudrier pourvu de holster, à mettre au niveau des jambes. Au tour des armes maintenant. Il opta pour un revolver avec silencieux et décida de garder son M4 - ajoutant seulement une lunette de visée. Toutefois, il prit le soin de choisir deux autres armes. 

Enfin prêt, il se remit en route.


Arrivant sans encombre à destination, l’ancien truand se retourna une dernière fois pour admirer le paysage. Habitué depuis sa jeunesse à vagabonder dans les contrées sauvages, la vague à l’âme émergea de nouveau.

Être chasseur de trésor et archéologue lui manquait terriblement, ne supportant pas sa nouvelle vie de survivant.

Des vertes et des pas mûrs, il en avait vu tout au long de sa vie. Frôler la mort, il ne connaissait que trop bien. Sauver le monde de tyrans rêvant de gouverner le monde avec des méthodes plus que douteuses, voir nuisible pour la survie de l’humanité était un jeu d’enfant. Croyant avoir mis hors d’état de nuire, ces individus maléfiques, aux idées perverses et immorales - un parasite, nommé le cordyceps, s’est propagé à une vitesse incroyable chez l’être humain à cause de produits agricoles infectés. Bizarre, quand on sait que le champignon n’infecte que les insectes et araignée et au contraire, sert de complément médicinal pour l’homme...

Il y avait anguille sous roche, et le brun ne pouvait s'empêcher de croire qu'il était fautif et aurait pu éviter une hécatombe mondiale.

C'est avec le cœur serré qu'il se résolut enfin à regagner son refuge, empruntant les escaliers de secours menant au sous-sol. Frappant à la grande porte en métal, il attendit quelques instant, avant de prononcer ces quelques mots : « Sic Parvis Magna ».

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