Aux Avenirs d'Hyrule - ou comment réparer un futur

Chapitre 4 : Trône

6878 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 12/06/2021 11:31

"Venez, hâtons-nous, les étoile s’élèvent au firmament,

et déjà la nuit trône en monarque au milieu du ciel."

- John Milton

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ZELDA

L'Étude privée de mon père n’était pas un endroit que j’avais souvent eu l’occasion de visiter. C’est là qu’il venait généralement pour s’isoler, et particulièrement quand il avait besoin de ruminer son chagrin de veuf ou sa déception vis-à-vis de moi. Mais ce jour-là, il m’y avait conviée. Il m’avait faite m'asseoir en face de lui et avait posé devant chacun de nous un petit verre d’eau de vie de pomme.

« Ma fille… Je n’aurai jamais les mots pour exprimer à quel point je suis désolé de vous avoir traitée aussi indignement… Ni ceux pour vous dire à quel point je suis fier de vous. Hyrule ne tient son salut qu’à votre détermination et à votre bonté… »

« Père, je … »

« Je sais ce que vous allez dire : vous allez me parler de vos amis, de l’aide reçue de tous les peuples. Je sais tout cela, je suis fier de tout mon Royaume. Mais c’est vous qui les avez fédérés, c’est vous qui les avez menés à la Victoire. Même votre étrange relique dont vous disiez qu’elle voyageait dans le temps, si vous ne l’aviez pas assemblée votre mère et vous… Oh, Zelda, comme j’aurais aimé qu’elle voie la femme que vous êtes devenue… elle serait tellement fière de vous, tellement fière de vous… » 

Il se perdit un instant dans sa mélancolie avant de reprendre. « Ma fille, si je suis encore en vie, c’est uniquement grâce à vous… Et j’espère être là encore longtemps… Mais Hyrule vous doit cette victoire, et aux yeux de notre peuple, comme vous l’étiez déjà aux yeux de votre mère dès votre naissance, vous êtes déjà la Reine. »

Je ne savais quoi lui répondre… Était-il en train de me proposer de prendre sa place sur le Trône dès maintenant ? Je pris une gorgée d’eau de vie et manquai de m’étouffer, surprise par le goût âpre du liquide. Il avait raison, en un sens. Je l’avais senti aussi. C’est moi que le peuple avait suivie dans l’ultime bataille, pas lui… Pour autant, je ne me sentais pas encore prête à assumer la gestion politique du Royaume toute seule. « Je suis heureuse d’avoir pu vous faire Honneur, ainsi que d’avoir pu faire honneur à mon titre. Cependant j’espère vivre encore longtemps sous votre règne.»  

Il sourit avec bienveillance. « Une partie de moi voudrait vous laisser humblement sa place sur le trône dès aujourd’hui… l’autre partie aimerait pouvoir vous restituer vos années d’Enfance, sacrifiées sur l’autel du Devoir. Je souhaite vivre assez vieux pour vous offrir quelques années de répit… Accepteriez-vous cependant de me seconder dans la vie politique ? De passer plus de temps avec votre vieux père, pour qu’il vous enseigne ses Royales combines ? »  Il avait dit ça sur un ton plus paternel que royal et j’acceptai avec gratitude. Après toutes ces années focalisées sur la prière, il allait bien falloir que j’apprenne à gouverner un jour... Autant que ce soit auprès du meilleur. 


Après quelques minutes de discussion plus détendue, il sembla hésiter avant de me demander : « Ma fille… Toutes les versions des évènements qu’on m’a rapportées, la vôtre y compris, corroborent le fait que vos Saints Pouvoirs se sont éveillés lorsque vous avez voulu sauver la vie de votre Chevalier Servant… »

« Oui Père… Il était dans une situation critique et … Nous ne pouvions pas nous permettre qu’il soit sacrifié. En tant qu'Élu de l’Épée il était trop important pour le Royaume…» 

Et il l’était, c’était la vérité, même si ce n’était pas pour ça que mes pouvoirs s’étaient éveillés pour lui… Mes Pouvoir s’étaient éveillés car je ne pouvais pas supporter l’idée même de sa mort : plutôt périr avec lui que subir sa perte ! Le Roi Rhoam aussi s’était sacrifié pour que je puisse m’enfuir. Comment avouer à mon propre Père, mon Roi et unique parent que j’aimais ce garçon plus que je ne l’aimais lui ?

« Le Devoir alors…» dit-il dans un soupir, «J’avais fini par croire que… Non, oublions cela… Cela m’amène à un autre sujet que je me devais d’aborder avec vous… Après toutes ces années à vous presser à propos de vos pouvoirs, j’éprouve une grande révulsion à vous mettre à nouveau devant les responsabilités de votre naissance. Mais vous êtes la seule héritière de votre mère, la seule héritière femelle du Sang d’Hylia… vous avez désormais dix-sept ans et donc… L’âge de trouver un époux, pour transmettre le Sang de la Déesse à votre tour…»

A ces mots, mes pensées se tournèrent de nouveau vers Link. Je repensai à son étreinte sous les étoiles dans la Plaine de Cernoir, je revis chaque geste de bravoure, chaque geste de tendresse qu’il avait eu pour moi depuis notre rencontre… Ses yeux si doux dans lesquels j’aurais voulu me perdre, la détermination implacable que je lisais sur son visage dans les moments critiques… Je ne voudrais personne d’autre au monde. La vision de mon époux jouant avec son fils à Elimith dans cet autre futur s’afficha un instant dans mes yeux : je sentis mon cœur s’emballer et la chaleur qui montait sur mes joues était signe que je devais certainement rougir. Face à mon silence gêné, mon père continua. 

« Je me doute bien que cette guerre n’a pas été le contexte idéal pour rencontrer des garçons convenables… Mais je voulais vous prévenir : les prétendants risquent d’affluer bientôt au château pour vous courtiser. Puisse la Sagesse de Nayru guider votre cœur… » 


LINK

Une journée et une nuit en solitaire dans la Nature m’avaient fait le plus grand bien. Peut-être était-ce d’avoir grandi au Domaine Zora, mais passer du temps près d’un cours d’eau m’apaisait toujours. Dévorer du poisson frais grillé sans prendre la peine de surveiller mes bonnes manières aussi. Après une nuit sereine à contempler les étoiles, je passai une bonne partie de ma journée à dévorer autant de truites que je pouvais en capturer. Puis je restai un long moment à barboter dans l’eau, pendant que mes vêtements fraîchement lavés séchaient sur une branche de pommier, au doux soleil de la fin d’été. 

A mon retour au Château, je fus accueilli par Mipha qui attendait mon retour avec une anxiété apparente. Elle tenta de me faire gober qu’elle n’avait juste pas voulu partir sans me dire au revoir, mais pas moyen que cela suffise à expliquer un tel désarroi. Têtu comme un mulet cabot, et je finis par lui faire cracher ce qui n’allait pas : elle me confia qu’elle venait de comprendre que le grand Sidon était reparti dans son propre futur, où elle n’était plus, au lieu d’aller juste plus loin dans notre propre temps comme elle l’avait cru. Qu’elle se sentait idiote de n’avoir pas compris plus tôt, et affreusement triste pour lui. Je la pris dans mes bras et la consolai longuement, comme elle l’avait si souvent fait pour moi quand j’étais alevin : jusqu’à ce que la fontaine de ses larmes se tarisse, comme elle disait à l’époque… A son départ, elle semblait apaisée. Elle me fit promettre de ne pas attendre six autres années pour lui rendre visite au Domaine, cette fois.

Alors que je rejoignais mes quartiers, Impa m’aborda pour m’avertir que Sa Majesté le Roi exigeait ma présence de toute urgence dans la Bibliothèque. La Salle du Trône ayant été détruite lors de notre combat, c’est désormais de là-bas que Le Roi exerçait son pouvoir.  Devant ma mine inquiète, Impa me rassura : 

« Mais ne t’inquiète pas comme ça, triple buse ! C’est juste qu’il veut te parler avant votre départ demain… Ah, oui ! Je ne t’ai pas dit, mais la Princesse souhaite passer quelques jours au Laboratoire Antique et de toute évidence elle ne va pas y aller sans son garde du corps. Vous serez seuls, par contre ; sans le reste de la garde. Merci qui? Merci Impa ! La campagne a retrouvé sa tranquillité et entre nous, comme j’ai dit à Sa Majesté, même si ça n’avait pas été le cas à vous deux vous n’avez pas besoin de qui que ce soit pour vous protéger. Au fait, tu étais où ces derniers jours bon sang, pendant qu’on bossait, nous ? Tu sens le poisson… »


Je me demandais encore si ma soi-disant odeur de poisson était due à mon récent régime alimentaire ou à mon câlin d’au-revoir à Mipha quand nous arrivâmes à la Bibliothèque. Le Roi s’était installé en haut de l’escalier du fond : ah ça, il aimait bien regarder ses sujets de haut. Impa m’annonça puis alla se poster à l’écart. Je mis un genou à terre devant mon Roi, et inclinai respectueusement la tête. Ces convenances ronflantes pourtant facilement oubliées sur le champ de bataille avaient vite repris leurs droits ici au château.

« Link… Héros d’Hyrule… Tu as vaillamment accompli ton devoir, non seulement de Chevalier Purificateur mais de Garde-du-Corps de ma très chère Zelda. Mes officiers ne tarissent pas d’éloges à ton sujet : ils m’ont relaté les nombreuses fois où tu avais mis ta vie en jeu pour la protéger ou sauver tes compagnons d’armes. J’ai entendu ton discours l’autre jour, comme tu le sais. Ton humilité est admirable, mon garçon, mais je tiens à ce que tu saches que personne n’oubliera pour autant ce que notre Royaume te doit.»

« Je vous remercie, Votre Majesté. Vos paroles m’honorent, cependant je n’ai fait que mon devoir…» 

Je l’entendis souffler dans sa barbe : il semblait agacé. 

« Devoir ou pas… Je souhaite te récompenser. Cependant, rien de ce à quoi je peux penser n’est à la hauteur du service que tu as rendu à ta patrie. Alors je te le demande directement : À quoi aspires-tu, Link? Que puis-je t’offrir ? »

Je tentais de calmer mon agitation. L’idée de lui demander directement la main de sa fille comme dans les contes pour enfants me traversa furtivement la tête : non, non, ce n’était certainement pas à lui de m’accorder l’affection de la Princesse. Tout ce que je pouvais lui demander était le droit d’essayer de la conquérir par moi-même. Je pris une profonde inspiration. 

« Votre Majesté… Je ne vois aucun bien matériel, aucune richesse à vous demander… Savoir le Royaume en paix et votre fille sauve est ma plus belle récompense… » La boule dans ma gorge m’empêcha presque d’avaler ma salive. J’invoquai silencieusement le courage de Farore. « Cependant, Votre Majesté… il y a bien quelque chose que vous pourriez m’accorder… »

« Eh bien allons, parle mon garçon. Quelle est cette chose ? »

« Je souhaiterais… un plus haut titre de Noblesse…»


Le Roi fronça les sourcils et me considéra gravement. 

« Je suis désolé mon garçon, mais de toutes les choses… » 

Il se leva et, nerveux, commença à faire les cent pas. 

« Il m’est impossible d’accéder à une telle requête voyons ! »

Il semblait de plus en plus furieux à chaque seconde. A croire que je lui avais demandé de partager le souper avec un rat. Je regardai le sol où j’étais encore agenouillé, serrant le poing jusqu’à le faire trembler. 

« Je vous prie de m’excuser, Votre Majesté.»

Je ne fus même pas capable d’attendre qu’il m’autorise à me relever. Un torrent de déception et de honte me poussa sur mes jambes et je quittai la pièce en trombe.


IMPA

Link venait de détaler de la salle devant le Roi abasourdi. Je pris la place de mon ami au milieu de l’allée:

« Votre Majesté ! Permission de le suivre pour tirer ça au clair? »

« Te rends-tu compte de ce que ce bec-jaune vient de suggérer ?? »

« Oui Majesté… Mais cela ne lui ressemble pas… Je pense qu’il y a eu méprise… »

Il hésita. Même d’ici je pouvais voir ses narines se dilater d’indignation. 

« Accordé. Mais reviens me faire ton rapport immédiatement après. Quelle que soit l’heure. »

« A vos ordres, Majesté. » 

Et je partis en courant sur ses traces. 

Savoir dans quelle direction il était parti n’allait pas être évident, mais rien n’est impossible pour une Sheikah ! Première intersection : je pris sans hésiter le couloir de droite où son odeur de poisson planait encore dans l’air. A la seconde, c’est le regard médusé de deux servantes qui m’aiguilla sur la direction à suivre… J’avais perdu sa trace dans les jardins mais fus interpellée par un bruit de poterie brisée… Venant de la remise des jardiniers! 

Je déboulais en dérapage contrôlé dans l’encadrure de la porte : à l’intérieur du cabanon, c’était bien Link. Dans sa fureur, il brisait frénétiquement les pots en terre cuite de ses poings déjà ensanglantés. Fantastique, vraiment ! Il y avait une chose que les minions de Ganon n’avaient pas détruits et c’est le Héros lui-même qui s’en chargeait! 

« LINK ! Bon sang mais qu’est-ce qui te prend !? ARRETE !»

Pour toute réponse, il lança une jarre contre le mur. J’allai à lui et lui servis un bon coup de coude dans l’estomac avant de l’immobiliser, la face au sol et les bras dans le dos, par une prise dont mon peuple avait le secret.

« Du CALME j’ai dit ! … C’est bon ? »

Il se dégagea par la force et se redressa sur ses genoux. Il semblait cependant avoir retrouvé un peu de ses esprits. 

« Bien ! Explique-toi, maintenant ! »

« Il n’y a rien à expliquer… »

« Oh mais pas de problème ! N’explique pas, alors ! Mais je te conseille d’aller très vite faire tes bagages et de disparaître de la région, parce que Sa Majesté ne va pas en rester là ! »

Toujours à genoux dans la terre battue, il me regardait avec l’air misérable et abruti d’un chien battu… 

« Je suis désolé… J’aurais dû rester à ma place… Ce serait sûrement mieux que je parte oui… De toute façon, ma mission est terminée. Je n’ai plus ma place ici… »

Le Héros avait l’air de s‘effondrer, intérieurement comme extérieurement. Je lui saisis le bras, au-dessus du coude, et lui dis plus gentiment. 

« Hey… Tu ne vas tout de même pas faire ça à notre Zelda, si ?»

Je savais qu’il avait des sentiments pour elle : même un goron aveugle l’aurait vu. Il tourna vers moi un visage accablé : sous ses yeux et le long de ses joues, des larmes silencieuses reflétaient la faible lueur qui filtrait dans la remise.

« C’est précisément à cause d’elle que je dois partir… Je ne peux pas, Impa… Je ne peux pas rester là et la côtoyer sans plus jamais la toucher ; sans aucun espoir de réparer ce que j’ai brisé… Je ne pourrai pas la regarder se marier à un autre, je deviendrai fou ! C’est au-dessus de mes forces…! J’aurais voulu mourir au combat. Au moins aurait-elle gardé un bon souvenir de moi… »

« Mais de quoi parles-tu ? Tu en as discuté avec elle, au moins ? » 

« Inutile de discuter de quelque chose qui n’existe pas. Les rats des champs comme moi n’épousent pas les princesses. » Il cacha son visage dans sa main. « C’est pour elle que je voulais un titre. Ça n’aurait pas réparé les choses entre nous, mais au moins ça n’aurait plus été illégal que j’essaie...  Il m’a refusé ce droit et je crois que ça veut tout dire…»

« Mais enfin Link… » Tentai-je de l’interrompre. 

« Ne fais pas l’innocente Impa…  Je n’écoute pas aux portes mais je n’ai pas pu m’empêcher de vous entendre en parler Zelda et toi : du scandale que ce serait si elle tombait amoureuse d’un roturier comme moi. Vous le savez aussi bien que moi. Toutes les deux. Je ne suis pas assez bien né pour elle. Comment a-t-elle pu me laisser croire que… »

 Il dégagea son bras de mon emprise et, de rage, fit voler un autre pot contre le mur. Je le saisis plus solidement, au poignet cette fois, me décalant d’un bond face à lui pour le forcer à m’écouter. De mon autre main, je le giflai vivement pour lui remettre les rouages en place. 

« TU VAS LA FERMER ET M'ÉCOUTER OUI ??? » Il s’arrêta, saisi. « Espèce d’Idiot ! Idiot, idiot, IDIOT!! Je me souviens de cette discussion avec Son Altesse : on venait juste de te rencontrer, sombre crétin ! Les choses ont changé depuis, bon sang ! Tu n’as donc pas la moindre idée de ce que représente cette Épée que tu portes dans ton dos ? » Je ne lui laissai pas le temps de répondre. « C’est l’Epée de Légende, espèce d’abruti ! Forgée par la Déesse Hylia pour son Héros!  L’Epée du Premier Chevalier Purificateur… qui a épousé la Première Incarnation humaine de la Déesse !»

Il m’observait sans comprendre, avec son air ahuri… Ah ! Je dus me retenir de lui en coller une autre !  

« Tu portes l’épée du Premier Roi d’Hyrule, fondateur d’une dynastie millénaire… Selon la légende, si l'Épée t’a choisi, c’est parce que tu es la propre réincarnation de son Maître ! Quand je vois ton manque de jugeote j’avoue que j’en doute ! Mais les Ancêtres de Zelda y croyaient, eux. Penses-tu qu’ils auraient été assez débiles pour ne pas assurer à leurs futures incarnations de pouvoir se retrouver ? Selon une des plus anciennes Lois d’Hyrule, le Chevalier Purificateur ne doit allégeance qu’au Roi, à la Reine et à leur premier Héritier. En d’autres termes quelle que soit ta naissance, à l’instant où tu as tiré cette épée de son piédestal, il n’y a plus eu personne de plus digne que toi dans tout le Royaume pour épouser la Princesse! Et le seul plus haut titre de noblesse que le Roi Rhoam pouvait te donner… C’est le Sien !! Andouille ! Tu viens de lui demander d’abdiquer en ta faveur, Imbécile!! »

Je le giflai encore une fois, pour la forme. Le blanc de ses yeux était rougi par son chagrin et sur ses joues marquées par mes claques, ses larmes mêlées de poussière avaient formé une boue immonde. Il me fixait sans aucune expression : les informations semblaient mettre un temps fou à atteindre son petit cerveau et ce n’était pas plus mal car en vérité, son statut lui aurait donné le droit de me faire couper la tête sur le champ pour l’avoir traité comme je venais de le faire. 

« C’est … Tu dis ça sérieusement… ? Je n’arrive pas à le croire… »

« Tu me crois vraiment capable de plaisanter là-dessus dans un moment pareil ?! » Lui aboyai-je. Il lâcha finalement une longue expiration, et un sourire en coin apparut sur son visage. 

« … Je n’en avais pas la moindre idée… Pas la moindre idée… Tu as raison Impa : je suis un imbécile…»

Et sur ces simples mots, il agrippa mes épaules de ses mains poisseuses et se mit à pleurer de soulagement ; ou bien riait-il ? Je ne saurais même pas dire… Presque attendrie - presque, seulement - je lui tapotai amicalement le dos. « Alala, de mieux en mieux… Allez, reprends toi gros bêta : il va falloir expliquer ça à Sa Majesté maintenant. 

Et pour l’amour de Nayru, tu pues vraiment, Link…»


RHOAM 

Impa revint au bout d’un moment avec cet effronté de Link : sale, déguenillé et ensanglanté, il avait l’air d’un gamin des rues. Il reprit sa place au milieu de l’allée, un genou à terre aux côtés d’Impa, la tête humblement baissée. D’un signe de la main, j’octroyai la parole à mon Adjointe.

« Votre Majesté, je vous ramène Le Chevalier Purificateur, au nom duquel je vous implore la plus grande indulgence. Pour en venir au fait, il n’avait aucune idée des privilèges et du statut social que lui donnait déjà son titre d’Elu de l’Epée, et se considérait comme un simple militaire de basse extraction. On peut certes lui reprocher d’être complètement inculte mais absolument pas d’en vouloir à votre règne. Je suis prête à m’en porter garante, au prix de ma propre vie, Votre Majesté. »

Impa était une conseillère aussi perspicace que dévouée. Elle avait ma confiance absolue et ses mots adoucirent un peu mon courroux. Le gamin avait levé la tête vers elle, les sourcils froncés, visiblement surpris par ses paroles. 

« Merci, Impa. Chevalier, tu sembles étonné. Confirmes-tu ses dires ? » 

« C’est juste que… Oui votre Majesté. Je vous demande pardon pour l’affront que je vous ai fait sans le savoir. Dame Impa m’a tout expliqué… je peux vous assurer que je n’ai jamais eu aucun attrait pour le Pouvoir… »

Je savais qu’il avait été élevé auprès du Peuple Zora dont le système hiérarchique était fort différent, mais tout de même !

« Mais bon sang mon garçon… Comment le porteur de l’Epée lui-même peut-il ignorer ce qu’elle représente?!  »

« Il faut croire que je suis un idiot, Majesté. Je savais juste que la Lame Purificatrice était indispensable pour lutter contre le Fléau. Au moment de la sortir de la pierre, elle était surtout ma seule chance de pouvoir sauver la vie de votre fille... J’ai ensuite endossé les responsabilités qui venaient avec. Je n’ai pas cherché à savoir si elle pouvait me donner d’autres avantages que la magie de sa Lame... »

« Eh bien c’est tout à ton honneur si c’est vrai…  Savais-tu tout de même que si l'Épée ne t’avait pas Reconnu, tu aurais perdu ta vie sur l’instant ? »

« Oui Majesté, c’est ce qu’on dit. »

« Mais tu as tout de même pris ce risque, sans contrepartie ? »

« C’est que… Je n’avais pas vraiment le choix ! Protéger Zelda m’a semblé une contrepartie largement suffisante! Je veux dire… Est-ce qu’on n’aurait pas tous été condamnés sans elle, de toute façon ? »

« Baisse d’un ton, Chevalier! Dois-je te rappeler à qui tu parles ?! Il y a encore un point qui me laisse perplexe : puisque tu es soi-disant si désintéressé, pourquoi requérir les privilèges de la Noblesse et pourquoi t’être mis dans un tel état face à mon refus ?  Parle!»

« Votre Majesté, je… » Il avait l’air embarrassé et je pensais avoir déjoué sa supercherie. « Je voulais juste être légalement digne de courtiser la femme que j’aime, Majesté. »

Je commençais à comprendre et ce fut à mon tour de me sentir idiot. Puisqu’il se voyait encore comme un simple petit chevalier de basse naissance, Zelda lui était complètement inaccessible. 

« C’est pour ma fille que tu nourris ces sentiments, n’est-ce pas ? Tu viens de m’avouer être prêt à donner ta vie pour elle sans un regard en arrière, et j’ai bien vu ta façon de la couver du regard à chaque instant, que ce soit sur le champ de bataille ou ici-même au château. Crois-le ou non, mais j’ai été jeune et amoureux moi aussi, autrefois.»

Il leva brièvement des yeux coupables vers moi avant de répondre : 

« Oui, c’est pour elle, Majesté. »

« En a-t-elle connaissance… ? »

« Oui, Majesté. »

« Partage-t-elle ces sentiments ? »

Le Héros Légendaire qui avait sauvé mon Royaume, que j’avais initialement convoqué pour lui offrir une récompense et qui se retrouvait interrogé comme un voyou avait semblé de plus en plus pitoyable au fur et à mesure qu’il répondait à mes questions. Son regard s’égara un instant. Quand il tourna de nouveau ses yeux vers moi, ils brillaient d’une détermination sans mesure : 

« … Cela fait hélas partie de l’immense liste des choses que j’ignore complètement, Votre Majesté. »

Je les congédiai tous les deux et rejoignis mon Étude pour ruminer ces nouvelles informations. Ce Link… Dont j’avais moi-même reconnu l’héroïsme au point de le nommer Chevalier Personnel de ma fille, avait ensuite été reconnu par l'Épée, puis avait gagné l’adulation de mon peuple en quelques semaines, avait éveillé les pouvoirs de Zelda quand rien au monde n’en semblait plus capable, et aujourd’hui ma plus fidèle magistrate aurait mis sa vie en jeu sans hésiter pour le défendre. En réalité, aurait-il vraiment voulu me renverser il n’en aurait eu aucun mal. En avait-il seulement conscience ?  Tout ce qui semblait l’intéresser était de savoir si oui ou non il pouvait aussi gagner le cœur de la Princesse. Ah, la jeunesse…  

Une autre chose était sûre : si ce garçon était censé me succéder sur le trône auprès de ma fille, il allait d’abord falloir sévèrement combler les lacunes de son éducation.


ZELDA

Le soir tombait sur la Plaine d’Hyrule. Après le dîner, j’étais revenue m’adosser au petit mur de pierre subsistant de mon kiosque, en prenant soin d’emmener une couverture cette fois, pour supporter le froid un peu plus longtemps ; déjà je m’étais emmitouflée dedans. Je sentais la présence de l’Epée se rapprocher : notre connexion s’était estompée un peu pendant l’absence de son Maître, mais depuis que Link était rentré au château, je la sentais de nouveau plus clairement. C’est ainsi que je sus que c’était Lui, lorsque quelqu’un arriva derrière moi. 

« Link… » Dis-je sans me retourner. 

« Votre Altesse! Vous n’allez pas me dire que je sens encore le poisson, vous aussi?»

Je me retournai vers lui et souris sans comprendre sa remarque : 

« Hmm non ! Pourquoi ? »

« Oh… C’est compliqué… » Dit-il en grimaçant avant de se gratter l’arrière de la tête. «Puis-je rester un peu avec vous ? » 

« Bien sûr Link… ! Je t’en prie, viens t’asseoir… » 

Détachant la bandoulière, il posa l'Épée contre le mur. Alors qu’il s’approchait, je remarquai des plaies récentes sur ses mains. 

« Link… ! Que t’est-il arrivé ? » Je le vis chercher ses mots tandis qu’il s’asseyait à ma droite. 

« Je… Je me suis battu contre des potiches et j’ai perdu. Je ne doute pas qu’un jour Impa se fera une joie de vous raconter cette humiliante défaite mais je lui ai déjà fait promettre de ne pas vous en toucher mot… Pas avant que … Enfin… Pas pour le moment en tout cas. »

La curiosité me rongeait mais je n’insistai pas, craignant qu’il ne s’enferme de nouveau dans le mutisme… Il pouvait être tellement réservé parfois… J’ouvris mon escarcelle, en sortis son petit pot de pommade miraculeuse. Je le lui montrai par le haut de la couverture... « Est-ce que ton onguent pourrait aider ou est-ce que ça ne fonctionne que sur les ampoules ? »

« Ça pourrait oui, merci : ampoules, crevasses, égratignures… tous les petits bobos…»

Il tendit sa main dévastée pour prendre le pot mais je le cachai rapidement sous la couverture pour le mettre hors de sa portée. 

« Non, Link. Toi, donne-moi ta main. Laisse-moi m’en occuper…» Je me décalais vers lui et, sortant les bras du plaid, je pris sa main délicatement dans la mienne. De mon autre main, j’appliquai doucement de la pommade sur ses écorchures. Ce n’était pas la première fois que je le soignais ainsi, mais cela faisait quelques temps maintenant que ça n’était plus arrivé… Par Din, qu’est-ce que ce contact avait pu me manquer ! 

Je soupirai devant l’étendue des dégâts : outre des coupures et éraflures, sa main était toute ecchymosée… « Et évidemment c’est le seul jour où tu ne portes pas tes gants que tu pars pourfendre la poterie … » Il laissa s’échapper un petit rire gêné. Comme d’habitude, il ne laissa rien transparaître de ses douleurs. Je sentais son regard rivé sur moi, passant de mon visage à mes mains… Je faisais mon possible pour m’en dérober, afin de ne pas être plus troublée encore... J’espérais que dans la pénombre il ne me voyait pas trop rougir…

Quand j’eus fini, il laissa sa main posée dans la mienne quelques instants de plus qu’il n’était nécessaire, le bout de ses doigts caressant délicatement mon poignet… Mon cœur battait dans ma poitrine comme les ailes d'un oiseau affolé. Ma voix dérailla un peu quand je lui dis : 

« Laisse-moi voir l’autre, Link… » Il s’exécuta et je me mis au travail dans l’obscurité grandissante. Oh, j’allais prendre mon temps pour celle-là, mon Amour... 

Sa main meurtrie dans la mienne, je repensai aux visions que m’avait montrées la Lame Purificatrice. Je ne lui en avais pas encore parlé : j’avais eu besoin de laisser reposer mes pensées et émotions, d’y voir plus clair... Ma discussion avec Mipha m’avait en cela bien aidée… Et pourtant, m’ouvrir à lui à ce sujet était une épreuve : allait-il seulement me croire, ou me penserait-il folle? Ne risquait-il pas de se sentir surveillé? C’était déjà si embarrassant d’en parler avec une amie de longue date, j’appréhendais d’en parler avec lui... Oh Farore, donne-moi le Courage… 

« Link… Te souviens-tu, l'autre jour, quand je me suis endormie avec ton épée ? »

« Oui bien sûr… c’est moi qui vous ai installée sur ma couchette quand je me suis levé si c’est ce que vous vous demandez. Je me disais que vous y seriez mieux que par terre, contre le mur… »

A mon réveil, le choc de mes visions avait été si grand… Avant qu’il ne me le fasse remarquer je n’avais même pas réalisé que j’avais été déplacée pendant mon sommeil. 

« Non… Non, ce n’est pas ça… Link… l’Epée de Légende… Ce jour-là, j’ai entendu sa voix… Elle m’a montré des rêves… Je n’ai pas osé t’en parler quand je te l’ai rendue… Et depuis lors, je ressens sa présence, où que tu l’emmènes… » Je détournai les yeux. Il ne dit pas un mot... «Dans ces rêves j’ai vu plusieurs de nos précédentes incarnations, et cela semblait tellement réel, Link ! J’étais elles ; j’étais dans leur peau, je pensais avec leur tête, je ressentais avec leur cœur… Il n’y a qu’à ton visage que je savais reconnaître si j’étais moi ou… Une autre Zelda, avec un autre Héros… » 

Dans mon désarroi je m’étais mise à genoux face à lui. Il avait dû deviner ma détresse dans ma voix et mes gestes, car il fit glisser la main que je soignais jusqu’alors le long de mon avant-bras, qu’il pressa doucement. « Alors heureusement que j’étais là. » dit-il avec un sourire doux et un clin d’œil. Je n’avais pas fini mes aveux, je secouai la tête: 

« Non…! Tu as tellement souffert à cause de moi, Link ! Depuis des millénaires, littéralement… Je t’ai vu, au début, et tu étais si innocent, si heureux, mais des millénaires de batailles et d’épreuves ont mutilé ton âme, tout ça à cause de moi. En encore dans cette vie je t’ai fait du mal… Moi, toute seule… Oh Link, je suis tellement désolée … Pourras-tu jamais me pardonner… ? »

Il ferma les yeux et inspira profondément. Quand il les rouvrit, il prit ma main dans les siennes, regarda droit dans mon âme et dit : 

« Si j’avais le choix d’être absolument qui je voulais, où je voulais et à l’époque que je voulais, je choisirais d’être exactement moi. Quel que soit le prix, je n’échangerais ma place à vos côtés pour rien au monde, Princesse Zelda. »

A sa réponse je m’affaissai sur moi-même, sidérée. Je ne méritais pas ce garçon. Rien de ce que je pourrais faire ou dire dans toute ma vie n’y changerait rien. Je repris ma place assise, adossée au muret. Tout près de lui. Je remontai la couverture jusqu’à mon cou et me fis toute petite pour cacher les larmes que je sentais arriver. « Oh, Link … » commençais-je sans pouvoir continuer.

« Merci… » Chuchota-t-il à ma place, « Ça me manquait… Vos soins. Ça me manquait vraiment, vraiment beaucoup.» En guise de réponse je lui donnai un pan de ma couverture et m’appuyai contre son bras, ma tête reposant sur son épaule. J’étais comme engourdie par sa présence et sa chaleur, par son odeur masculine que j’aurais reconnue parmi un million d’autres, je voulais m’abandonner à ses bras pour toujours. « Reste encore avec moi, s’il te plait…». Il ne se fit pas prier et  s’enroula dans la couverture à mes côtés, pressant son cou et sa joue contre le dessus de ma tête.  

J’éprouvais un sentiment de sécurité absolue, et je savais que mon corps détendu ne pourrait bientôt plus résister au sommeil. Je lui dis encore : « Tu devrais reprendre ta pommade si jamais tu as besoin d’en remettre un peu demain… » . Sous la couverture, il ouvrit la main et j’y déposai la mienne en plus du petit pot. Sans aucune intention de la reprendre… Je sentais avec délice sa chaleur irradier entre sa peau et la mienne. J’osai glisser mon annulaire entre deux de ses doigts et il répondit à cette incitation en effleurant mes doigts du bout des siens. Je me sentais tellement aimée… 

Je fermai les yeux sur mon Royaume : pendant un instant de grâce juste avant de m’endormir tout contre lui, je n'existais plus qu’à travers ses caresses. «Link… Tu m’as manqué aussi… »


LINK

La Lune gibbeuse baignait la plaine de sa lumière glacée : de là où nous étions, je pouvais encore distinguer les formes bleutés du Mont Labulat et de la Pointe Percée d’Hébra, se détachant sur le noir du ciel. Entre eux, l’un des piliers antiques qui s’étaient élevés avec le retour du Fléau brillait de bleu et d’or, comme pour nous assurer de sa loyauté renouvelée envers la Famille Royale d’Hyrule. Je n’avais pas sommeil du tout, l’esprit encombré par tout ce qui s’était passé cet après-midi. Tout ce qui avait été dit ou fait. Et tout ce que ça pouvait changer pour moi…

Zelda avait eu conscience de mon rang au moment même où j’avais retiré l'Épée de Légende de son socle: j’étais digne d’elle! Le plus digne de tout le Royaume avait dit Impa. Un Roi et sa Reine réincarnés. J’avais eu du mal à y croire, mais en tous cas ça ne pouvait pas être pour une question de statut qu’elle m’avait repoussé… Soit je lui avais fait peur, soit elle ne partageait juste pas ces sentiments… A la regarder dormir tout contre moi après tant de tendresse, cette dernière idée me paraissait ridicule… Comme j’aimerais pouvoir me souvenir de nos anciennes vies, moi aussi: qu'avais-tu vu de nous deux dans tes rêves? Si il y avait bien une chose qui ne pouvait pas m’étonner, c’était bien l’idée que j’aimais effectivement cette femme depuis des dizaines de milliers d’années: ça, je l’avais toujours su, au fond de moi...

Quand ma princesse endormie avait commencé à glisser de mon épaule, j’avais soulevé mon bras pour l’accueillir contre mon cœur, enveloppant sa tête et ses épaules de mon autre bras et ramenant mes cuisses sous elle pour soutenir son dos. J’avais réussi tant bien que mal à ne pas la réveiller ce faisant, j’avais même pu glisser mon pot d’onguent dans son escarcelle quand sa main avait roulé hors de la mienne. Je voulais qu’elle le garde, qu’elle l’ait sous la main en cas de besoin, mais aussi qu’elle puisse encore prendre soin de moi, comme avant, comme ce soir… Elle dormait paisiblement dans ce nid que je lui avais fait de tout mon corps. Je ne la quittais des yeux de temps en temps que pour ne pas exploser d’amour.

   J’avais réussi à lui remonter le plaid jusqu’au menton, mais le haut de mon propre corps n’était quant-à-lui plus couvert : le froid humide de la nuit commençait à se faire sentir sur mes épaules, contrastant outrageusement avec la chaleur de Zelda contre mon ventre et mes jambes. J’étais également ankylosé et fatigué de devoir garder ma position... Pour autant, je refusais de briser le charme. L’avoir ainsi blottie contre moi justifiait toutes les peines… Et puis, j’avais connu bien pire... Je somnolais ainsi toute la nuit. Je crois même que je réussis à dormir un peu. Mais ce fut un rude combat contre moi-même jusqu’au petit matin. 


ZELDA

Je me réveillai confuse et désorientée, enveloppée de ses bras, aux premières lueurs du jour. J’aurais voulu ne pas paniquer ainsi, ne pas me relever si vite… Pouvoir en profiter encore un peu. Link étendit les jambes et fit quelques moulinets des bras et des épaules avant de se lever à son tour, silencieux. Il me regarda amoureusement et me tendit ma couverture.

Nous allions devoir partir chacun de notre côté pour préparer notre voyage.  Je n’hésitai pas longtemps avant de franchir la courte distance qui nous séparait : au lieu de prendre le plaid de ses mains, je me réfugiai encore un instant contre lui. Avant même que j’en prenne conscience, comme si il n’y avait rien de plus naturel au monde, ma main avait glissé le long de son flanc et Link avait réagi en me serrant doucement contre lui en retour. Puis, il déploya la couverture au-dessus de mes épaules, comme pour m’en faire un manteau: comment pouvait-il être aussi attentionné et obligeant à chaque instant? Le nez dans le creux de son cou, j’inspirai une dernière grande bouffée de lui.

« Merci pour tout… De tout mon cœur… » Lui dis-je simplement. Je lui lançai un sourire et un regard tendres avant de partir en courant, craignant que mon corps ne prenne d’autres libertés.  


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