Aux Avenirs d'Hyrule - ou comment réparer un futur

Chapitre 7 : Envol

3575 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 12/06/2021 15:06

“Le destin n'est pas une chaîne mais un envol.”

-Alessandro Baricco

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L’impossibilité d’échapper à cette tradition avait été un choc pour Zelda. Elle estimait - à juste titre - avoir déjà sacrifié trop de temps de sa vie à des rituels sans âge ni fondement. Je comprenais son point de vue, bien sûr, mais pour ma part, j’étais plutôt ressorti rassuré de notre discussion avec le Roi : je m’étais attendu à des moqueries, à une remise en question de mes facultés à lui succéder un jour, à des insinuations sarcastiques sur mes véritables motivations à vouloir épouser l’Héritière du Trône, voire à un refus sans équivoque - avec ou sans l’option « être jeté dans les cachots ». 

Rien de tout ça ! Au contraire, j’avais été touché d’apprendre que malgré tous mes faux pas, j’avais gagné et gardé la confiance de Rhoam. Il m’appelait « mon garçon » presque affectueusement. Nous avions en commun une habileté redoutable dans le maniement des armes ainsi qu’un appétit d’Hinox, et pour avoir souvent croisé ce vieil ermite lui ressemblant tant aux abords du château, je suspectais mon Roi d’aimer lui aussi à se ressourcer dans la nature à chaque fois qu’il le pouvait… Voyait-il en moi le fils qu’il n’avait jamais eu ? 

A la lumière de cet immense soulagement, et désormais certain des sentiments profonds de Zelda, trois ou quatre mois de patience… Cela me semblait tout à fait insignifiant. Du moins au début… Continuer à vivre notre Amour en secret dans un château toujours plus en ébullition se transforma vite en une épreuve extrême de force. Les cinq semaines qui nous séparaient de la Fête de l'Équinoxe ne nous imposaient pas de chaperon ; j’étais même autorisé à offrir mon bras à ma Dame lorsque nous marchions ensemble... Mais nous devions nous retrouver en cachette pour étancher notre soif d’affection,  et étouffer nos ardeurs pour ne pas concevoir un incident diplomatique...

Zelda requit que je prenne place à la table d’honneur durant les repas, auprès de la Famille Royale et des plus hauts dignitaires; place qu’en outre j’étais déjà censé occuper en tant que Chevalier Purificateur mais que pour des raisons évidentes je n’avais jamais réclamée. Rhoam avait accepté, arguant qu’il n’était pas trop tôt pour habituer le peuple à me voir comme un Prince, et pour cette même raison il m’avait accordé l’insigne honneur de ne plus avoir à m’agenouiller devant lui, à part pour les cérémonies officielles. 

Zelda insista également pour que je prenne des cours de danse avec elle: j’en avais déjà appris les rudiments à l’académie militaire, mais ma Princesse tenait à ce que j’en mette plein la vue aux autres prétendants pendant le bal… J’acceptai sans broncher cette occasion de passer du temps avec elle, fût-ce sous le regard suspicieux de notre instructeur…


Bien que je n’avais demandé aucune récompense, et malgré la tournure catastrophique qu’avait prise notre seule conversation à ce sujet, Sa Majesté avait comploté avec sa fille pour me choisir un cadeau. De nos discussions pendant la guerre, Zelda savait que mon vieux Firon, mon cheval, avait été tué plusieurs mois avant que je n’entre à son service et que j’étais depuis sans monture. Lorsque le troupeau revint au Ranch Lonlon avec les réfugiés, Zelda m’y accompagna et m’annonça que je pouvais choisir le cheval que je voulais.

Nous passâmes un long moment assis en tailleur au milieu du pré, à observer et comparer les animaux ; et bien plus… Ma cocotte pouvait caqueter sans fin à propos des plantes qui nous entouraient : leur biologie, leurs propriétés, leur nom en Ancien Sheikah... Une vraie petite encyclopédie! Mais elle n’avait aucune idée desquelles sentaient bon ou étaient sucrées sous la langue, de comment faire de petits projectiles avec des fleurs de plantain ou des bracelets avec des segments de prêle... J’essayais de ne pas laisser paraître à quel point j’étais écœuré en imaginant sa vie jusqu’alors : une petite fille cloisonnée dans sa Tour d’Ivoire, entravée par son destin, écrasée par ce qu’on attendait d’elle; coincée dans un présent angoissant, entre un passé douloureux et un avenir terrifiant… Si avide de découvertes et de nouvelles expériences qu’elle l’était, c’était comme faire vivre un goéland dans une cage à rossignol, et encore pendre la cage au dessus des fourneaux… 

Moi qui avais craint si longtemps de n’être jamais à ses yeux qu’un paysan inculte et sans intérêt, je trouvai une maigre consolation dans le fait que j’avais du coup moi aussi tout un lot de connaissances à lui apporter... Pour sa première leçon, je lui montrai comment siffler en coinçant un brin d’herbe entre ses pouces : un grand classique de l’Enfance qu’elle n’avait jamais eu l’occasion d’apprendre… Nous nous tordions de rire comme deux gosses devant les bruits douteux résultant de nos essais ratés; cela dit, ma bien aimée était très bonne élève...  Elle me confia aussi que, bien qu’elle ait son propre cheval et qu’elle aurait adoré en profiter, elle redoutait toujours de devoir le monter. Parmi tous ces nouveaux projets qui germaient à foison dans ma tête, je me fis la promesse de remédier à ses appréhensions. 

Entre tous les chevaux du troupeau, une jeune jument avait attiré mon attention. C’était une bête magnifique, bien proportionnée et angulée, puissante aussi, mais avec de l’air sous le ventre et des allures fantastiques! En la voyant caracoler au milieu de la horde - une biche parmi les cochons - on aurait pu croire qu’elle volait. Elle était d’un baie cerise soutenu, mais ses crins et fanons étaient argentés, presque blancs. On pouvait distinguer de légères pommelures sur ses flancs et sa croupe, et une courte liste lui descendait en V sur le chanfrein. Curieuse mais farouche, elle s’approchait de nous à chaque fois que l’un de nous sifflait, levant bien haut sa jolie tête, mais au moindre de mes mouvements, elle détalait en s’ébrouant, décochant des coups de cul à qui mieux-mieux... Zelda était impressionnée par sa fougue. 

« Il ne faut pas ! Regarde comme ses naseaux se dilatent et comme elle roue l’encolure: c’est elle qui a peur de nous, tu vois…? Elle a peur, mais elle vient quand même… » expliquai-je à Zelda. 

« Une vraie courageuse alors, comme toi ? » me taquina-t-elle amoureusement. 

« J’en suis sûr ! Mais regarde-la ! Dès qu’elle se dégonfle, elle s’envole en gesticulant pour essayer de nous impressionner… Exactement comme Revali ! » 

Cela la fit rire de bon cœur. J’adorais tellement entendre son rire !

Elle se perdit dans ses pensées pendant quelques secondes, puis me fit une demande sortie de nulle part. 

« Link… Prête-moi ton épée. S’il te plait… »

Je me pliai immédiatement aux curieuses exigences de ma Reine: détachant la bandoulière pour ne pas sortir la lame de son fourreau, je déposai l’Epée de Légende sur nos jambes, la garde vers elle. Sans prendre la peine de m’expliquer quoi que ce soit, Zelda posa sa main droite sur la fusée, inspira profondément et ferma les yeux… Sa main émit une faible lueur dorée et la Lame Purificatrice lui répondit de son éclat bleu. Au bout de quelques secondes de « transe », Zelda revint à elle, si étourdie que je dus la soutenir de mes bras pour l’empêcher de tomber.. 

« Eh, oh, Princesse…Tout va bien?» Elle se mit à rire aux éclats. «Zelda, ma puce?»

Elle me regarda avec un sourire extatique.

« Oh Link, ça a marché! J’ai pu communiquer avec l’Âme de l’Epée… Volontairement ! Je le lui ai demandé et elle m’a montré le Pays dans le Ciel… »

Son regard se perdit au loin, encore émerveillée de ce qu’elle venait de voir. Ou devrais-je dire ce qu’elle venait de vivre? Elle continua.

« C’est quand tu as comparé ta pouliche à Revali… Cela m’a rappelé ce grand oiseau bleu que j’avais chevauché en rêve … »

« Oh là… Dites donc mademoiselle, vous ne chevauchez quand même pas Revali en rêve, si ? » plaisantai-je, la faisant rire de plus belle. 

« Non, gros bêta… De grands oiseaux sur lesquels les hyliens pouvaient voler avant de descendre vivre à la Surface du Monde. Personne n’en a vu depuis des lustres malheureusement, mais il parait que ce sont eux qui sont représentés sur le sceau de la famille Royale. J’ai vu le tien: il était rouge et blanc, comme cette jument ! Le Célestrier Vermeil… »

« Vermeille… » répétai-je.


Walon le Maître d'Écurie me raconta qu’elle était née en semi-liberté sur les collines de Labulat, qu’elle était très prometteuse et d’une excellente lignée férale. Mais entre la guerre et l’exode ils avaient manqué de temps pour la mettre au travail, et vu son caractère prononcé, ils craignaient qu’il ne soit désormais trop tard pour en faire quoi que ce soit d’autre qu’une poulinière… J’acceptai le défi sans sourciller: les jours qui suivirent, je vins quotidiennement au Ranch pour amadouer puis débourrer ma Vermeille.

Avec l’accord de ma Princesse, je pris l’habitude d’emprunter son cheval chaque jour pour faire le trajet : c’était un hongre blanc comme neige nommé Blizzard, qui était gardé à l’écurie du château. Il n’avait été castré que récemment, pour faciliter la gestion de la cavalerie durant l’évacuation; aussi avait-il encore des attitudes fanfaronnes et la musculature puissante typiques d’un étalon. L’emprunter écourtait considérablement mes déplacements, mais cela me permettait surtout de défouler ce pauvre diable, qui tout comme moi, débordait d’énergie à force de rester enfermé: pas étonnant que Zelda ait redouté de le monter... Dès le premier jour, je me permis d’exiger auprès du palefrenier que Blizzard soit lâché bien plus souvent au paddock.


ZELDA

Link avait été ravi du cadeau que mon père lui avait fait. J’en fus presque jalouse, puisque pendant une semaine, il passa plus de temps avec elle qu’avec moi. Il avait aussi reçu un harnachement complet sur mesure pour elle, plus sobre que le mauve et or de Blizzard mais d’aussi bonne qualité. Le bleu de la famille Royale irait à ravir sur la belle robe rouge de la jument…

Un matin, Link m’avait donné rendez-vous près de la grand-porte du château. Il m’avait simplement intimé de veiller à porter un pantalon et des habits d’exterieur, et de prendre mes dispositions pour la journée. Je l’attendais depuis quelques minutes déjà quand il arriva au petit trot sur Blizzard. Il fit faire à mon cheval une large volte autour de moi pour le faire ralentir puis l’arrêter. Alors, il me sourit superbement et me tendit la main. 

« Venez Princesse… »

Il libéra l’étrier pour que je puisse y prendre appui. Terrifiée, j’hésitai un instant. Le Courage, ce n’est pas de ne pas avoir peur. C’est d’avoir peur mais d’y aller quand même. Je saisis sa main et il me hissa sur le dos du cheval, juste devant lui, me sécurisant de ses bras et de tout son corps… Il approcha sa bouche de mon oreille pour me chuchoter : 

« J’ai l’impression d’être le Prince Charmant qui enlève sa Princesse, comme dans les contes de fées… Prête ?»

Je n’étais pas plus rassurée, mais mon désir soudain d’être enlevée par cet homme me détendit instantanément. 

« Prête... » mentis-je.

Alors, lâchant la bride de mon cheval, Link nous fit traverser le bourg au grand galop, en direction de la Plaine d’Hyrule. 

Les premières secondes furent un cauchemar : je n’entendais plus rien d’autre que le bruit assourdissant des sabots de la bête frappant le sol, et à chaque foulée, je m’imaginais être projetée sur les pavés et y mourir. Mais, blottie contre Link, je finis par m’habituer aux mouvements réguliers du corps puissant de Blizzard. Je levai les yeux et vis le paysage défiler autour de moi. Le souffle d’air frais picotait mes oreilles et mes yeux, séchant mes larmes aussitôt qu’elles coulaient, et faisait fouetter mes cheveux au vent par-dessus l’épaule de Link. 

Quand nous atteignîmes la plaine, Blizzard redoubla d’entrain : le sol semblait se rapprocher de nous à mesure que sa cadence accélérait. Le tonnerre de ses pas étant désormais atténué par l’herbe et la terre, je pris conscience de sa respiration puissante et passionnée, de la mécanique grandiose de ses os et de ses muscles qui roulaient sous sa peau, de tout ce grand corps entièrement dédié à la course. Je n’avais plus peur. J’étais exaltée ! La joie de cet animal épris de liberté s’était communiquée à tout mon être. Je n’avais connu ce sentiment que dans mes visions : quand j’étais cette jeune fille insouciante qui sautait dans le ciel jadis, certaine d’être rattrapée par son oiseau... Je volais de nouveau !

A notre arrivée au Ranch, Link pris les rênes d’une seule main et, de son autre bras en travers de mon torse, me pressa contre lui. Il nous pencha en arrière, tirant légèrement sur la bride : Blizzard freina aussitôt des quatre fers, abaissant sa croupe dans un dérapage contrôlé. Il était pantelant, mais semblait satisfait. Link se laissa glisser du cheval en premier et me proposa galamment sa main pour m’aider à descendre. Je lui sautai au cou à la place, agrippant le tissus de sa tunique avec fougue : 

« Oh, Link ! J’avais l’impression de voler ! Merci ! Merci ! »

Il savoura quelques secondes de m’avoir dans ses bras, puis m’éloigna sagement de lui.

« C’est Blizzard qu’il faut remercier, ma Dame!» me fit-il avec un clin d’œil. 


Nous laissâmes le destrier souffler et brouter un peu. Link en profita pour me montrer ses progrès avec sa Vermeille : elle accourait désormais dès qu’il la sifflait et ne s’enfuyait plus ensuite, roucoulant presque sous ses caresses ; j’étais mal placée pour lui jeter la pierre… Elle l’acceptait aussi sur son dos, essayant encore de le désarçonner de temps en temps, pour la forme : mon « Prince » était par bonheur un excellent cavalier et il ne se laissait pas impressionner par ce qu’il appelait affectueusement « ses piafferies». 

Il passa le reste de la journée à me donner des conseils sur ma façon d’aborder les chevaux et l’attitude que je devais avoir en face d’eux. Il m’expliqua leur langage corporel et leurs besoins en tant qu’êtres vivants - autant de choses que l’instructeur d’équitation de la cour n’avait pas jugées importantes. Il m’observa tandis que je montais Blizzard seule dans un enclos fermé et me fit corriger la position de mes mains, de mon dos et de mes jambes. 

Malgré les violentes courbatures dont je souffrais, il m’enleva de nouveau du château le lendemain matin, et le surlendemain, et le jour d’après ; pour deux heures de cours seulement à chaque fois - Hylia soit louée ! Au bout de six jours de cet entraînement, je pouvais monter Blizzard de manière autonome et sans plus aucune crainte. Ce jour-là, nous rentrâmes au château chacun sur notre monture, et avec au cœur l’intuition que tout un nouveau monde d’aventures venait de s’ouvrir à nous. 


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Nous ne pûmes bientôt plus nous passer de notre balade quotidienne dans la Plaine d’Hyrule. J’étais ravi que Zelda ait pris goût à l’équitation, mais je ne savais pas si je pouvais m’en attribuer les lauriers ou si l’on devait ce changement à l'Épée et à ses visions. Ma Princesse exultait pendant nos galopades sur les chemins, arborant le même sourire béat que lorsqu’elle était revenue à elle après sa transe. Comme j’aurais aimé pouvoir l’accompagner dans ses voyages vers nos anciennes vies… !

Blizzard semblait ravi de toute cette attention et de toutes ces sorties. Quand nous rentrions à l’écurie, Zelda passait toujours un long moment à le panser, le flatter, ou simplement le front appuyé sur son encolure, comme pour le remercier. Ça, pour sûr, c’était ma victoire à moi !

Vermeille s’habituait doucement à la vie de château. Comme je l’avais fait  pour Blizzard, j’avais insisté pour qu’elle passe une grande partie de sa journée au paddock. Nos deux chevaux y étaient du coup souvent lâchés ensemble et semblaient s’entendre merveilleusement. 

Vermeille était une formidable monture : agile, confortable, flamboyante, attentive, aérienne, intelligente et en effet, courageuse… Je remerciai silencieusement l’Epée de Légende pour son aide. Elle brilla faiblement en réponse et émit un bruit étrange que je ne compris pas, mais qui pour une raison obscure emplit mon cœur de joie.



Grâce à nos montures, le Laboratoire Royal n’était plus qu’à une petite demi-heure du château. Nous en profitâmes pour y retourner plusieurs fois durant les semaines qui suivirent. Pru’ha nous expliquait leur avancement dans les recherches et dans leur tentative de reconstruire Terrako. Elle nous informa que déjà, plusieurs de nos amis avaient pu, chacun dans leur coin du Royaume, réunir des pièces qui nous manquaient : auprès de collectionneurs, de marchands, en nettoyant des camps de monstres ou directement sur des sites de fouilles. A chacune de nos visites, je mettais à jour ma copie de la liste: il en manquait encore tellement que nos maigres progrès me semblaient dérisoires...

Pru’ha rendit à Zelda la tablette Sheikah. Elle avait en grande partie cessé de fonctionner peu après la destruction de Terrako : seule la carte, l’encyclopédie et la capture d’images étaient encore fonctionnels, et Pru’ha n’avait rien pu faire pour restaurer les autres modules. La scientifique n’était pas dupe vis-à-vis de notre relation, encore moins maintenant que lors de l’inventaire, et elle nous provoquait inlassablement pour essayer de nous faire avouer. Elle charriait la Princesse vis-à-vis de la présentation prochaine des prétendants, lui assurait qu’elle pourrait faire bon usage de ma personne dans le cas où Zelda préférerait être tranquille avec eux, et me demandait systématiquement des nouvelles de « cette fille dont j’étais tombé amoureux quand j’étais gosse». J’éludais ses questions : je détestais voir ma Princesse mal à l’aise mais je n’étais pas encore prêt à raconter cette histoire… 


ZELDA

L’Equinoxe approchait à grands pas. J’étais partagée entre la douceur de savoir qu’un quart de notre attente s’était déjà écoulé, et l’amertume de penser que nos cinq semaines de répit allaient bientôt toucher à leur fin. Malgré la frustration, ces dernières semaines avec Link avaient été tout bonnement les meilleures de ma vie. 

Un soir, en arpentant mon vieux journal intime, je réalisai qu’avec la résurrection prématurée du Fléau, je n’avais finalement jamais effectué mon pèlerinage à la Source de la Sagesse. Les monstres étaient devenus tellement plus rares depuis notre victoire, et nos chevaux nous permettaient de voyager tellement plus vite, que l’idée d’y aller en coup de vent avant l'Équinoxe ne me semblait pas si saugrenue… 

Bien entendu, pour moi, il s’agissait surtout d’une excuse pour passer un peu de temps en tête à tête avec celui que je considérais déjà comme mon fiancé. Je savais que Père en aurait pleinement conscience, mais j’étais certaine également qu’il n’oserait ni m’y envoyer sans Link, ni me faire l’affront de décréter que cela pouvait attendre ; lui qui avait été si pointilleux sur ces pèlerinages et ces prières à la noix korogu pendant toute cette maudite enfance ! Surtout que selon la Tradition, la Prêtresse Royale devait s’y être rendue au moins une fois avant ses fiançailles… Le lendemain matin, je négociai avec brio auprès du Roi l’autorisation de me rendre à la Source de la Sagesse, avec mon chevalier pour seule escorte…


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