Le cottage

Chapitre 10 : Y croire Encore

4279 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 30/08/2018 17:26

CHAPITRE 10 – J’y crois encore 


La nuit les avait surpris rapidement. Ils étaient tous réunis, attablés joyeusement autour du bon repas qu’Elijah leur avait confectionné. Camille dixit Cami, adoré ou chérie, par Klaus, sauçait avidement son plat avec le reste du pain, trop contente de pouvoir manger quelque chose d’aussi bon. Elle était d’une nature gourmande et avait appréhender un peu les repas au milieu d’une bande plutôt tournée vers du liquide bien rouge.


Klaus la regardait avec autant de délectation qu’elle prenait elle-même à cette soirée. 


- Et bien, amour, je vois que manger parmi les monstres ne te dérange pas…


- Rien ne pourrit m’empêcher de faire honneur au repas que ton frère à préparer


- Tes hanches vont en pâtir, ma belle


- J’espère que cela plairait alors au prochain homme qui traversera ma route 

Camille lui sourit avec moquerie et continua son repas, satisfaite d’avoir un peu mouché son ami. Elle savait qu’il adorait cela de toute manière. Elle replongea sa cuillère dans le plat puis se resservit.


- Queqlu’un en veut encore un peu ?


Freya lui tendit son assiette sans hésitation.


- Si tu m’assures que de belles hanches attirent de beaux jeunes gens, je suis preneuse. 

Tout avait été prévu pour les gens « normaux » comme elles, qui se délectaient de vrai repas sain et équilibré ! Elijah avait tout prévu comme à son habitude et le garde manger était rempli de bonnes choses. Camille avait rarement rencontré dans sa courte vie d’ homme si prévoyant, bon à marier le loulou ! 


Klaus lui avait déjà dit que son frère était un magicien en matière de cuisine et que de peu d’ingrédients, il pouvait faire un met de roi ! Il avait raison, elle se régalait. 


Elle se régalait aussi de se retrouver au milieu d’eux qui l’avait acceptée sans hésiter, lui avait offert une place dans ce séjour improvisé. Bon soit, improvisé par ses soins !

Mais malgré ses premières craintes, elle se sentait heureuse au milieu d’eux.


Elle ne sentait même pas étrangère parmi ces êtres surnaturels . Tout semblait presque irréel : un loup garou, des vampires et une sorcière…toutes ces factions qui se faisaient la guerre à la Nouvelle Orléans composaient aussi la famille des Michaelson. Quel mélange improbable ! 


Tout cela pourtant n’était pas un rêve. Elle était au milieu d’eux comme elle aurait pu être dans n’importe quelle famille …Car oui elle ne voyait pas en eux, à la différence de leurs ennemis les plus chers, des monstres ou des abominations comme ils étaient souvent qualifiés mais bien une famille à part entière. Elle ne voyait là devant elle que des hommes et des femmes qui discutaient, partageaient un repas, se chamaillaient d’ailleurs dès le début du repas, n’est - ce pas les frères et sœurs Michaelson, et buvaient plus de raison en refaisant le monde qu’ils avaient mis à sang et à feu quelques temps auparavant.


On l’aurait mis pour moins que cela dans un asile de fou si elle avait raconté cela. Elle pensa à son ami et psychologue à ses heures, Vincent avec qui elle avait lié une réelle relation de confiance et de fraternité quelque part. Il ne voyait malheureusement pas d’un si bon œil les relations qu’elle entretenait avec cette famille qu’il avait du mal à cerner et à accepter. Elle aurait tellement aimé qu’ils viennent ici se rendre compte du travail accompli auprès d’eux et de la manière dont ils changeaient peu à peu. 

Cela lui faisait du bien de se trouver loin de la Nouvelle Orléans, loin des intrigues, loin du sang, loin des dangers , des trucs de sorcières , des manigances de vampires ou autres que son statut d’humain ne lui permettait pas toujours de comprendre. 


Cami, à force de fréquenter notamment le pire de tous, Klaus, avait fini par se rendre compte qu’elle était devenue le point de connection de l’ensemble des personnes qui se trouvaient autour d’elle, ce soir. Elle avait promis à Rebecca d’essayer de réparer ce qui avait été brisé entre ses deux frères, au moins essayer de le faire.


Elle se resservit un verre de vin, sentait bien que sa tête tournait un peu d’en avoir peut être un peu trop abusé ce soir, puis adossa son dos contre la chaise pour observer et écouter tout ce beau monde. C’est ce qu’elle savait le faire de mieux d’ailleurs…repérer les failles, les peines et les joies des gens, les analyser, les comprendre et se surprendre à les aimer dans leurs différences et leurs différents. Autant elle se savait vulnérable, autant elle savait qu’elle excellait dans son travail.


Elle sursauta en entendant la voix forte de Klaus.


- Il est hors de question que tu puisses porter une telle …tenue pour aller te baigner ! 


Rebecca leva les yeux au ciel.


- Mon pauvre Klaus, tu préfèrerais peut être que j’y aille nue ? 


- Ne me cherche pas, soeurette…tu vas ressembler à une…


- Vas y cher frère, donne bien le fond de ta pensée , mais je vois totalement de quoi tu veux parler, tu sais ces femmes dont tu t’abreuves depuis quelques semaines…comment ose tu vouloir me comparer à ces filles !


- Pas bien compliqué, je peux t’énumérer toute une liste si cela t’enchante, chère sœur ! 


- Stop les enfants…Ne commencez pas sur ce terrain un peu trop glissant, veuillez, je vous en pris ne pas gâcher cette soirée.


Elijah posa son verre doucement et scruta le maillot de bain que Rebecca leur pendait sous le nez.


- Il est un peu…échancré ! Dirons nous…manque de tissu certainement…


- Elijah, sweet heart, c’est un maillon de bain , pas un jogging… de toute manière il m’a coûté suffisamment cher pour que je n’en profite pas.


Klaus maugréa.


- Sweet heart, alors lui, il te donne sa pensée , soit dans des termes plus hypocrites, et tu lui donnes du Sweet heart, …Elijah, tu finira comme les peluches de Hope, à te faire caresser les oreilles et mordre le bout de la queue.


- Je n’ai jamais dit que j’appréciais ce bout de tissu mais vivons avec notre temps, mon cher frère


- Dis celui qui utilise encore des mouchoirs brodés et baise les mains des femmes pour les saluer ! 


Elijah se résigna en soupirant. Il n’aimait imaginer sa sœur dévoiler son corps sans aucune pudeur. Il devait bien admettre que cela le mettait mal à l’aise d’imaginer les yeux de tous ces pervers d’hommes qui pourraient se délecter des ses formes…Il s’imagina déjà devoir leur arracher les yeux et …Rebecca coupa court :


- Et puis franchement, à part vous deux, je vois pas qui ca va gêner ici, dans ce bled paumé…De toute manière, Klaus, t’auras certainement les yeux posés ailleurs, ta chère Cami a acheté le même en violet…


Camille se figea tandis que Klaus semblait réfléchir à l’image qui venait de s’imprégner dans son cerveau.


- Vieux pervers ! 


Rebecca lui donna une tape derrière la tête et sourit à Camille.


- Désolée, mais fallait que je détourne l’attention.


Camille, aussi rougie qu’elle puisse être, fit comme si rien de tout cela ne l’avait perturbée et avala son verre coup sec. Oh mon dieu ! 


Elle n’eut pas le temps de trop se poser de questions que Rebecca refaisait le décompte de tout ce qu’elle avait acheté aujourd’hui. Une princesse …en mode vampire ! 


Camille observa alors les bras de son amie s’agiter en tous sens, racontant leurs aventures de filles.


Rebecca, la belle et magnifique mais non moins dangereuse Rebecca…une petite sœur dévouée, charmante qui servait souvent de barrière salvatrice dans les bagarres qui opposaient régulièrement ses deux frères ainés. Elle la regarda avec tendresse. Rebecca qui aimait ses frères tellement forts qu’elle avait condamné sa vie de femme et son propre bonheur pour les suivre dans leurs folies, dans leur caprice. Prisonnière en quelque sorte des désirs de sa fratrie, de leur caprice... Enfin surtout des caprices de son frère le plus terrible… 


Ce soir, Rebecca était comme toujours resplendissante. Elle portait une robe de soirée qui lui seyait le corps à merveille. Pas du tout de circonstance dans ce cottage ni dans cet endroit…elle devait tenir cette excentricité du dandy de la famille, le dénommé Elijah.


Elle s’était assise au côté de son plus grand frère et ne cessait de poser sa main sur son bras ou lui toucher les cheveux, lui poser de temps en temps des baisers furtifs sur la joue. Elle le câlinait à sa manière. Son amour pour ce grand frère si précieux pouvait se lire dans le moindre de ses gestes. Elle adulait Elijah. 


Klaus se tenait assis de l’autre côté d’elle. Plusieurs fois elle avait rigolé de ces blagues et avaient levé les yeux au ciel quand celui-ci allait trop loin mais elle lui gardait toujours un sourire amusé et mutin, lui frappant l’épaule quand celui-ci la taquinait un peu trop. Parfois, les deux se frappaient un peu plus fort vite arrêtés par Elijah qui fronçait les sourcils pour les calmer dans leurs élans. Les deux avaient forgés leur relation sur cela : se chamailler, s’aimer, se re chamailler, se bagarrer , s’entretuer et s’aimer de nouveau.. , comme deux adolescents qui n’avaient pas encore atteint la maturité.


Klaus se tenait sur son autre côté. Les deux frères s’étaient installés ainsi sans y songer comme si le trio infernal était ainsi formé naturellement. Toujours côte à côte, Rebecca la plus jeune au milieu, protégée par les deux hommes qui se tenaient près d’elle. 


Camille remarqua que la jeune femme avait discrètement pris la main d’Elijah et lui caressait du pouce. Ce dernier avait refermé ses doigts entre ceux de sa sœur. Ce geste pourrait sembler étrange entre frère et sœur, voir dérangeant pour ceux qui ne connaissaient pas les liens uniques qui les unissaient. Camile trouva quand à elle ce moment attendrissant surtout quand Rebecca finit par poser sa tête sur l’épaule accueillante de son grand frère juste quelques minutes histoire de se faire pardonner ce petit achat. Il se laissa faire, ne repoussant aucun des geste de sa petite sœur, aussi intime soit il.


Elle savait s’y prendre avec Elijah, qui lui cédait souvent ses caprices. Camille n’était pas dupe et savait Rebecca suffisamment mature aussi pour faire de ce geste un moyen de rester connecter à lui, de lui prouver aussi son amour , de lui donner un peu la tendresse dont il avait tant besoin. Ils n’avaient pas l’habitude dans cette famille d’utiliser la parole pour dire je t’aime. Mais les gestes qu’ils partageaient entre eux suffisait à le comprendre. 


Il lui repoussa doucement une mèche de ses cheveux dorés et lui déposa un baiser affectueux sur le front. Elle sourit, ferma les yeux quelques minutes et se redressa , prête de nouveau à entamer quelques hostilités avec son autre frère.


Camille avait eu du mal au début à s’en faire une amie réelle, à cause d’une certaine méfiance ou une certaine crainte de la part de Rebecca de se lier. Pas peur de la perdre elle aussi, par la jalousie de son frère. Camille savait que rien ne pourrait lui arriver cependant . Klaus avait du accepter cette amitié car jamais il n’aurait pu faire du mal à sa psychologue adorée. 


Klaus…Niklaus Michaelson…Elle le regarda avec attention. Il riait à plein poumon, ne se lassant pas de faire l’intéressant, de monopoliser l’attention. Elle scruta ses lèvres rouges et pulpeuse. Il avait un sourire carnassier, celui des mauvais garçons qui n’attendent que le feu vert pour mettre en œuvre une mauvaise action. 


Elle serra les lèvres. Elle sentait bien que son cœur s’emballait bien plus vite quand elle posait son regard sur lui. Dès le premier jour, elle avait su qu’elle l’avait dans la peau, accroché comme une mauvais maladie qui finirait peut-être par la tuer. Elle devait se raisonner, cet homme n’était pas fait pour elle, trop paranoïaque, trop méfiant, trop dangereux…Et puis elle était son thérapeute tout de même. Ses sentiments n’auraient jamais du interférer dans cela, mais trop tard, elle ne pouvait plus reculer devant l’évidence :il lui avait volé son cœur.


Il semblait cependant ce soir plus détendu que les autres jours. La journée auprès de son frère semblait avoir posé une certaine paix dans leur relation. Elle savait que cela ne serait que de courte durée connaissant trop bien son jeune ami pour être incapable de ne pas déclencher des fureurs et des mécontentements. Elle en avait eu la preuve pendant les derniers mois, et avaient vu Klaus se transformer en un être machiavélique qui s’ennuyant, avait décidé de le faire payer au proche qu’il aimait le plus : son frère. Elle avait essayé de le canaliser un peu mais tout avait été trop loin et désormais il s’en mordait les doigts. Elle le voyait dans son comportement. Ce fut une de raison pour laquelle elle avait organisée cette sortie. 


Il était venu la voir, lui parler de ses regrets et de ne pas savoir comment réparer ce qu’il avait cassé avec son grand frère. Elle aimait quand il éprouvait ce genre de sentiments. Cela le rendait plus humain plus aimant, plus vulnérable. Elle aimait la vulnérabilité chez cet homme.


Elle lui avait dit de ne pas s’inquiéter, que son frère et lui-même finissaient toujours pas se pardonner mais quand Rebecca était à son tour secrètement venue la supplier de les aider, elle avait pris conscience de l’urgence de l’appel à l’aide.


Klaus lui avait lancé un appel au secours et elle ferait tout pour le soulager.


D’ailleurs elle restait toujours aussi étonnée que ce vampire si puissant puisse autant facilement se confier à elle. Ils se cotoyaient depuis longtemps maintenant et il avait le verbe et les paroles faciles. Il avait ce besoin viscérale de se confier, de se livrer, d’évacuer ses craintes, ses colères, ses déceptions, et ses incompréhensions auprès d’elle. D’ailleurs qu’auprès d’elle. Elle savait qu’un pacte implicite s’était établi entre eux dès le premier jour où il était venu lui parler de son mal être.


Pourquoi elle ? Il ne lui avait jamais dit pourquoi il l’avait choisi,elle, une simple barmaid , thérapeute à ses heures.


 Elle ne trahirait jamais ses plus sombres secrets, ni les mots qu’ils lui avaient déposé sur le cœur, encore moins ses pensées si confuses quand il essayait de parler de sa famille, de son frère qu’il aimait tellement qu’il se sentait poussé à le faire souffrir…


Souffrir pour ne pas oser aimer trop fort…


Elle aimait Klaus, pas d’un seul amour qui se confondait avec de l’amitié, non d’un amour à lui déchirer les entrailles. Et pour cela, elle avait accepté si un jour, Klaus venait à elle, de partager cet amour impossible avec celui qui prenait la place la première dans le cœur de son ami : Son frère ELijah. 


Elle n’en était pas jalouse du tout, et trouvait ce lien tellement beau qu’il lui rappelait celui qu’elle avait eu avec son propre frère jumeau. Son absence lui déchirait encore le cœur et elle pouvait tout à fait comprendre ce qui pouvait unir les deux hommes. Un lien que rien, malgré toutes les épreuves, ne pourraient détruire. Il n’y avait pas de choix dans le cœur de ces deux là : Si tu en prenais un, tu devais prendre l’autre aussi, avec tout ce que cela supposait, les trahisons, les cris, les alliances mortelles.


Elle posa alors son regard sur Elijah. 


C’était un très bel homme que beaucoup de femmes désiraient sans oser l’approcher. Il avait ce tact et cette manière de pouvoir rendre les gens uniques et de montrer leur perfection au lieu de leur imperfection. Il était tendre et souvent gentil, un bloc sur lequel on pouvait compter, rarement injuste bien que parfois si naif quand il pardonnait à son frère…Il ne levait que rarement la voix et semblait toujours prêt à rendre service quand la situation le nécessitait. 


Elle se surprit à ne pas le connaître réellement bien. D’ailleurs ce dernier la vouvoyait toujours. Elle savait que c’était une grande marque de respect envers elle mais cela la gênait car marquait une distance entre eux. Eijah était le plus mystérieux à ses yeux de la famille Michaelson.


Pourtant, elle s’était dit qu’avec un homme comme lui il serait aussi aisé de discuter comme elle pouvait le faire avec son frère cadet. 


Comprendre cette fratrie relevait du défi et comprendre Klaus justifiait d’analyser son frère. Mais ce fut un échec quand elle essaya . L’esprit d’Elijah était resté impénétrable, ne lui laissant apparaître que cette illusion d’un homme satisfait et sans problèmes. 


Et pourtant, elle avait pu percevoir le mur froid et secret derrière son regard ténébreux. Il était l’opposé de ses frères et sœurs, refusant quiconque osait vouloir s’aventurer un peu plus profond vers son cœur pour en percer quelques secrets. 


Elle avait un peu essayé d’ouvrir des perspectives de discussion avec lui en lui parlant de ses frères et sœurs. Il avait consenti facilement de parler de Klaus, de Rebecca, de leur enfance, et de leur vie ensemble, sans s’attarder pour autant sur les difficultés que pouvaient être la vie en commun. Quand il parlait d’eux, il souriait et elle avait bien ressenti tout l’amour qu’il avait pour eux mais quand elle lui avait demandé de parler de lui, il lui avait juste offert un petit sourire attendrissante et avait mis fin à toute discussion possible.


Ce soir en l’observant , si proche de ses frères et sœurs, se laissant toucher par sa sœur comme si chaque geste était une acceptation de son amour pour elle, elle percevait l’homme protecteur posté comme un gardien auprès d’eux, celui qui ferait barrière à tous dangers ou toutes forces néfastes qui s’approchaient de sa fratrie. 


La famille Michaelson était connue pour être composés d’êtres cruels, viscieux et sur qui il ne fallait pas se fier, laissant toujours la priorité au lien du sang…on les appelait les monstres et ils avaient appris à se comporter comme tel pour se défendre, pour cacher leur faiblesse. On disait d’eux qu’ils n’étaient plus des hommes, seulement des bêtes …Tout était faux, Camille le savait.. illusion d’êtres qui ne voulaient seulement être aimés et aimer pourquoi pas en retour…Personne ne croyait cela encore possible…


Camille y croyait encore…


Elle fixa longuement les mimiques d’Elijah, essayant de sonder son esprit, de comprendre comment cet homme pouvait être aussi dévoué à cette cause. Il n’était pas beaucoup plus âgé qu’eux mais à la regarder, elle avait cette impression qu’il portait le monde sur ses épaules, un monde peut être trop lourd pour lui parfois. Et lui alors qui le protégeait ? Trop de questions sans réponse. 


Elle avait envie de tout connaître de ces gens qui étaient entrés dans sa vie sans permission et qu’elle avait appris à aimer malgré elle.


Elle se rendit alors compte que ses yeux venait de croiser le regard interrogateur d’Elijah. Il la regardait à son tour la dévisageant sans animosité. Elle rougit, lui sourit comme si il était normal qu’elle se soit attardé sur lui et reprit son pain pour essuyer son assiette déjà bien vide. Prise en flagrant délit par le seul capable de comprendre ce qu’elle était en train de faire. 


Elle sentit son regard encore posé sur elle pendant quelques secondes et fut soulagée quand Rebecca accapara son attention. 


Elle reporta vite son regard sur Freya, la dernière arrivée dans la famille Michaleson. Elle n’avait pas encore eu beaucoup de contact avec cette fille. Aujourd’hui, elle avait appris à la connaitre un peu plus, une fille marrante, gentille et heureuse d’avoir retrouvée une sœur et des frères et d’appartenir enfin à une famille …aimante ?…enfin une famille à la Michaelson. Elle avait cependant bien en elle l’héritage de cette famille si particulière. Sa magie pouvait se révéler destructrice si quiconque souhaitait toucher au bonheur qu’elle essayait de mettre en place auprès des siens. Freya ne serait pas un mystère difficile à percer. Tout comme Rebecca, Klaus ou même encore le plus excentrique de tout, le jeune Kol, elle se confiait assez facilement. Il lui faudrait cependant encore du temps pour trouver sa place , notamment parmi le trio fraternel.

Freya semblait avoir un peu trop bu et rigolait de tout et de rien. Elle aimait faire la fête et rendre service. Camille sourit en la voyant ainsi : c’était peut être celle de la famille qui n’avait pas encore compris le drame qui se trouvait derrière chacun des sourires de ses frères et sœur. 


Puis il y avait Hayley, la louve, pas unie à cette famille par le sang, mais par un bien tout aussi puissant, la petite Hope. Assise un peu plus loin sur le rockingchair, elle donnait le biberon à sa petite fille, si douce et si tranquille. Elle souriait et écoutait en silence les cris et les rires de Rebecca et Klaus qui faisaient le spectacle à eux seuls ce soir. Elle avait mangé du bout des doigts , puis était allée profiter de bercer sa fille.


Hayley n’était pas une femme excentrique. Elle était d’une nature réservée et souvent silencieuse, comme pouvait l’être d’ailleurs son ancien amant. Ils se ressemblaient tous les deux sur ce point là . Silencieux et dangereux pour quiconque s’attaquerait à leur meute. 


Elle était une femme secrète et méfiante. Camille regrettait qu’elles deux ne s’entendent pas spécialement si bien, leur caractère étant tellement différent. Mais la louve acceptait sa présence sans rien dire quand elle venait leur rendre visite. Elle ne s’était jamais confiée à elle, tout comme Elijah, mais Camille voyait en elle une femme indécise, prise dans un jeu cruelle qu’elle n’avait pas choisi. Elle vivait avec sa meute désormais et avait trouvé une nouvelle famille, et un mari aimant et attentionné, Jackson. Et pourtant Camille ressentait des fêlures profondes en elle, comme si le bonheur était passé à ses côtés sans vouloir l’emmener avec elle. Comme un manque profond qui l’empêchait d’être heureuse …


Hayley posait son regard discrètement de temps en temps sur Elijah quand celui-ci semblait ailleurs. 


Camille avait fini par voir le manège qui se jouait entre eux deux. Je te regarde, quand tu ne me regardes pas et vis et versa…Et tout cela semblait n’offrir que de la souffrance et de la colère de la part des deux. Hayley semblait intimidée par la présence de ce dernier et lui même semblait…désespéré. Un mélange dramatique…


Elle sourit en les regardant tous de nouveau et leva son énième verre, les joues bien rouges


- A notre séjour tous ensemble ici !


Klaus leva son verre à son tour


- A nos femmes qui nous sont dévouées et soumises ! 


Les filles hurlèrent leur mécontentement sous le rire triomphant du jeune vampire. 


La soirée se passa ainsi dans une tranquillité qu’ils n’avaient pas connue depuis bien longtemps.


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