L'Histoire d'une Journey

Chapitre 3 : Confessions nocturnes

5669 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 10/11/2016 08:59

En entendant son prénom, l’homme se retourna. C’était vraiment lui, il était en face de moi, après les 30 pires jours de ma vie. C’était finalement moi qui l’avais retrouvé.

Je vis ses yeux s’humidifier en me voyant. Les miens étaient déjà pleins de larmes. Karen m’aida à faire quelques pas de plus pour le rejoindre mais Tyreese arriva en courant et me prit dans ses bras. 

- Je croyais ne plus te revoir... dit-il tout bas de sa voix rauque et apaisante.

- Moi aussi, répondis-je en sanglotant.

Je collai ma joue contre son torse. Je voyais le bout du tunnel, l'enfer que j'avais vécu était derrière moi. J'étais en sécurité, ici et avec Tyreese. J'avais la tête contre sa poitrine, et le rythme de sa respiration me tranquillisa. Un long moment passa avant qu'un de nous deux ne recommence à parler.

- Je suis désolé, Journey... Tellement désolé...

- Ce n'est pas de ta faute, Tyreese, ce n'est pas de ta faute... Me rapportant à l'incident du mois passé.

Plus jamais je ne souhaitais être séparé de lui. Nous séchèrent nos larmes et nous détachâmes l'un de l'autre.

- Il faut que tu ailles te présenter au Conseil, après tu me raconteras tout ce qui t'es arrivé en détail, dit Tyreese en regardant ma cheville enflée. J'acquiesçai. Daryl, le chasseur, avança vers moi et m'intima de le suivre d'un coup de tête. Karen vint me soutenir pour m'aider à marcher. Je tournais la tête vers Tyreese, il me sourit. Je lui rendais son sourire. J'appréhendais de me séparer de lui, j'avais peur de ne plus le revoir. Il dû lire une certaine angoisse sur mon visage car il voulut me rassurer.

- Ne t'inquiètes pas, tout ira bien, je te le promet. M'assura-t-il.

Je me retournai et suivi l'arbalétrier. Il était devant moi et Karen, et je pouvais voir des ailes d'anges cousues sur le dos de sa veste en cuir.

Il m'amena à l'intérieur de la prison par une ancienne porte de service. Nous traversâmes une grande pièce sur deux étages, entourée de cellules. Les survivants semblaient avoir une cellule chacun en guise de chambre. Je vis l'adolescent avec le chapeau sortir d'une des cellules, il me regarda traverser la pièce, comme l'ensemble des habitants de la prison. Ils ne me regardaient pas comme si j'étais une étrangère, ils me souriaient et semblaient contents pour moi. C'était agréable comme sensation, je me sentais déjà acceptée parmi eux.

Daryl nous mena devant une porte, il la poussa et je me retrouvais devant une table. Le vieil homme unijambiste était là. Il y avait aussi Glenn et une femme aux cheveux courts et gris. Et il y avait Sasha. Le temps que je réalise qu'elle aussi elle était là. La jeune femme couru vers moi et me pris dans ses bras comme l'avait fait son frère.

- Journey ! 

- Sasha ! Répondis-je en l'encerclant moi aussi de mes bras.

- T'es en vie... Me souffla-t-elle.

- Vous aussi, je suis tellement heureuse. Et Donna, Allen et Ben ?

Elle me regarda et me fit non de la tête. 

- Oh...

Je n'aimais pas forcément ces trois-là mais apprendre la mort de quelqu'un m'attristait toujours.

- On peut commencer, dit Glenn.

Je me séparai de Sasha qui retourna avec les autres membres du Conseil. Je remarquai que Karen était partie. Je me retrouvai seule devant cinq personnes, j'essayais de ne pas grimacer malgré la douleur lancinante de mon articulation foulée maintenant que j'avais le pied droit posé à terre.

- Donc tu connais Tyreese et Sasha ? Me demanda Glenn.

- Oui, ils m'ont pris sous leur aile quand tout a commencé. 

- Si tu fais partie de cette communauté, tu devras travailler, assumer certaines tâches. M'expliqua Hershel.

- Il n'y a aucun problème avec ça, j'aime rendre service. Annonçai-Je, puis une angoisse me pris. Tant que vous ne me demandez pas de ressortir dehors avec ces choses.

- Non, non, les enfants restent à l'intérieur. Continua-t-il. Et tu devras respecter les règles.

J'acquiesçai encore une fois. Respecter les règles je savais faire.

- Bien. Nous sommes les membres du Conseil, on dirige en quelques sortes. Je m'appelle Hershel, voici Carol et je crois que tu as déjà rencontré Daryl, Glenn et Sasha.

Je hochai la tête. Il eut un petit silence avant que Carol vint vers moi pour me prendre par les épaules.

- Viens on va te débarbouiller, et après on va regarder cette vilaine blessure. M'expliqua-t-elle.

- D'accord.

Je n'étais pas contre un brin de toilette. J'étais couverte de crasse, tant mes habits que ma peau. Et mon dieu que je puais ! Dans le supermarché, j'avais tout fait pour garder un minimum d'hygiène, mais j'avais tout de même les mêmes vêtements depuis le début de l'épidémie. C'est-à-dire une chemise blanc cassé, qui tirait plus sur le marron-gris maintenant et un jean déchiré plus qu'il ne devrait. Et je ne vous parle pas de l'état de mes sous-vêtements.

La femme aux cheveux gris me mena dans les douches de la prison. Nous repassâmes encore une fois dans la pièce principale où des enfants jouaient. C'était étrange comme vision de voir des enfants se chamailler aux milieu des cellules, mais c'était beau de les voir joyeux.

Carol prit une serviette propre qui était posée sur le rebord d'un lavabo et la mouilla. Puis elle me tamponna le visage et les bras. Que c'était agréable ! Carol me conseilla de me laver entièrement le lendemain et de bien me reposer le soir-même.

- Beth va te prêter des vêtements, vous devez faire un peu près la même taille. Dit-elle en me regardant comme pour m'examiner. Comme ça on va laver les tiens.

Il y avait donc d'autres jeunes de mon âge en dehors du jeune homme au chapeau. Cela me rassurait un peu, j'avais soif de compagnie en quelque sorte. En arrivant je n'avais vu que de vieilles personnes ou des enfants.

- Merci, mais je peux les laver moi-même. 

- Non, non. Les tâches c'est pour plus tard. Me dit Carol en rigolant.J

e lui souris. La femme m'enleva les chaussures en prenant grand soin de ne pas trop manipuler ma cheville droite. Puis elle retira mes chaussettes. Ma cheville me faisait atrocement mal. Je retiens un petit cri quand Carol la toucha.

- Désolé, c'est  une belle entorse ça. Constata-t-elle. 

- Elle fait mal en tout cas. Je vais demander à Hershel quoi faire, il est vétérinaire. Elle se remit debout et s'en alla vers la sortie, mais avant de passer la porte, elle se retourna, Tu restes là d'accord ?

- Oui.

De tout façon, je ne risquais pas de marcher toute seule.

Carol quitta la pièce et j'en profitai pour fermer les yeux quelques instants. L'endroit était calme, j'entendais seulement des cris d'enfants qui jouaient dans les pièces voisines. Je sentais que j'allais me plaire ici. Loin de ces créatures et de tous ces morts. Et il y avait l'eau courante, quel bonheur !

Une voix me sortie de mes pensées.

- Je t'es apportée des vêtements propres. Dit une jeune fille.

J'ouvrai les yeux et aperçu une adolescente qui semblait un peu plus vieille que moi, blonde aux yeux bleus. Son visage était doux et souriant.

- Merci. Beth c'est ça ?

- Oui, me répondit-elle.

- Moi c'est Journey. 

- C'est jolie comme prénom. 

- Merci, le tien aussi.

- Qu'est ce qui t'es arrivé à la cheville ? Me demanda Beth.

- Une entorse apparemment, je suis tombée en voulant échapper à...une... Enfin tu sais.

Elle hocha la tête pour acquiescer. Puis il eut un petit moment de silence avant que Beth me dise que son père allait vite guérir ma cheville.

- Hershel est ton père ? Demandai-je.

- Oui. Répondit-elle.

- C'est pratique d'avoir quelqu'un avoir des connaissances en médecine par les temps qui courent. Remarquai-je.

- C'est vrai.

Carol arriva à ce moment-là. Elle envoya Beth préparer mon lit malgré que je lui ai dis que ce n'était pas la peine. J'avais l'impression de me faire chouchouter, et je n'en avais pas l'habitude. En même dans mon ancienne famille d'accueil, j'étais traité quasiment comme un animal. Levée à 5h00 tous les matins et couchée à 19h30 sans jamais pouvoir regarder la télé. En faite, depuis que ça avait commencé, j'avais perdu la notion du temps. Je ne pensais plus qu'à survivre, manger et trouver un endroit sûr pour passer la nuit, au moins j'étais libre de choisir l'heure à laquelle je me couchais.

Je regardais par les fines fenêtres au-dessus des douches et vis que la nuit n'allait pas tarder à tomber, mais cette nuit, je serais en parfaite sécurité.

Carol appliqua les consignes d'Hershel concernant mon entorse et l'ordonna de ne pas trop me déplacer pendant quelques jours. Puis elle m'aida à rejoindre la cellule de Beth où je devais passer la nuit, en attendant de m'en trouver une.

Nous retournâmes dans la grande pièce où tout le monde était réuni au milieu de la pièce comme pour nous attendre. Sur le coup, je me demandai ce qu'il se passait puis Glenn prit la parole.

- On s'est dit qu'on devait se présenter rapidement, pour que tu sois plus à l'aise. 

- C'est gentil, un instant j'ai cru que vous vouliez me renvoyer dehors. Lui dis-je avec un sourire crispé.

Tyreese vint à mes côtés, prenant le relais de Carol. Elle me fit un sourire, que je lui rendis, avant d'aller prendre un bébé dans ses bras. Je me questionnai sur le bébé en question. Le nourrisson était forcément né après le début de l'épidémie. Ça n'avait pas dû être facile d'accoucher dans de telles circonstances. Je me demandai si c'était l'enfant de Carol. Mon regard divagua dans la pièce. Et j'aperçus un homme que je connaissais aussi, malgré sa grosse barbe qu'il n'avait pas à l'époque.

- Shérif Grimes ? 

Le Shérif qui se tenait derrière plusieurs personnes, s'avança.

- Je...Je ne suis plus Shérif mais c'est bien moi. Me répondit-il, excuse-moi, mais je ne me souviens pas de toi.

- Journey Woods, j'habitais à King County, chez les Ashley. J'avais prononcé ce nom avec mépris et dégoût, les Ashley était la pire famille du monde. Ils m'avaient traumatisée, et fait de ma vie un enfer.

- Oh oui, l'affaire de maltraitance, il y a 4 ou 5 ans. Dit l'ancien officier de police.

Je fis oui de la tête. Je vis du coin de l'œil, le chasseur de raidir en entendant "maltraitance". Je ne voulais pas m'étendre sur le sujet. Ces sales personnes étaient sorties de ma vie à tout jamais. 

- Carl est là aussi ? Demandai-je, contente de retrouver mon camarade de maternelle. 

- Oui. Me répondit le jeune homme au chapeau de shérif. Il se tenait sur ma droite et me regardait en souriant.

- Comme tu as changé ! M'exclamai-je, ne reconnaissant pas le petit garçon que j'avais connu.

- Toi aussi, en même temps c'était il y a longtemps. Dit-il en faisant référence à notre amitié passée.

Je remarquai qu'il n'y avait pas la mère de Carl, je voulus poser la question mais je me retiens par peur de faire une boulette.

- Donc voici Maggie, annonça Glenn, la sœur de Beth, et..., il se retourna autour de lui pour voir si il avait quelqu'un d'autre à présenter, euh... En faite, je crois que tu connais tout le monde ici. Tu pourras faire la rencontre des autres habitants dans les jours qui viennent.

Je regardai les visages des personnes un par un et arrivai à attribuer un prénom à un peu près tout le monde, sauf au bébé que Carol tenait toujours dans ses bras. Glenn suivit mon regard jusqu'à l'enfant.

- Ah ! Voici, Judith, notre petite dure à cuire, c'est la fille de Rick. M'expliqua l'asiatique.

- Oh ! Tu as une sœur ! M'exclamai-je en regardant Carl. Il secoua la tête tristement. Rick baissa les yeux pour fixer le sol. Je crois, que malgré moi, j'avais fait une gaffe. Je regardai de nouveau tous les visages présents et remarquai que la mère de Carl n'était pas là. Je trouvais ça bizarre qu'elle ne soit pas là avec son mari et ses enfants. J'en déduis qu'elle n'était plus de ce monde.

Tyreese, sentant le malaise, me proposa d'aller dormir. Je souhaitai une bonne nuit à tout le monde, puis pris le chemin de la cellule de Beth, aidée par mon protecteur. La jeune fille se trouvait déjà dans sa chambre.

- Je vais dormir sur celui du haut. Dit Beth en montrant le lit superposé.

- Ok, ça sera juste pour une nuit de toute façon, je ne compte pas de déranger plus longtemps. Dis-je en rigolant.

- Tu ne me déranges pas, je n'aimerais pas rester seule ce soir. Répondit-elle doucement.Ne comprenant pourquoi la jeune blonde semblait triste, je me retournai vers l'homme au bonnet qui me murmura à l'oreille :

- Son petit-copain est mort dans le supermarché aujourd'hui.Je ne répondis rien. La pauvre Beth. J'étais vraiment triste pour elle. Je pouvais comprendre la douleur qu'elle ressentait, pas la douleur physique mais celle qu'on ressentait au plus profond de nous, celle qui nous disait que nous reverrons jamais la personne aimée. C'est ce que j'avais ressentie 

- Je vais vous laisser, dit Tyreese en me déposant sur le lit du bas, si tu me cherches je suis à l'étage avec Karen.

- Avec Karen ? Vous êtes... ? Dis-je tout bas, par respect par Beth.Je collai le bout de mes index pour mimer un couple comme le ferai un gosse de 8 ans.

Il confirma d'un coup de tête en souriant bêtement, puis s'en alla. Ce que j'aimais chez Tyreese, c'était sa sagesse, son calme à toute épreuve. Derrière son imposante carrure, il y avait un véritable ours en peluche. Je me retournai vers Beth. Elle s'était allongée sur lit du haut et cherchait quelque chose sous son oreiller. Elle en sortit deux barres de chocolat. Elle les regarda avec tristesse puis leva les yeux vers moi et m'en tendit une.

- Tiens. Zach les avait ramené il y a quelques jours et on devait les manger à son retour...

`- Merci beaucoup. Dis-je en saisissant la barre chocolatée. Je ... Je suis vraiment désolé, pour Zach.

J'avais aisément deviné que ce prénom était celui de son petit-copain. Un malaise régnait dans la petite pièce. Je décidai de briser la glace.

- Comment tu es arrivé ici ? Demandai-je.Elle m'expliqua alors toute son aventure, de la petite ferme calme qu'elle habitait à la perte de la quasi-totalité de sa famille, en passant par ce que le groupe venu d'Atlanta lui avait apporté. Beth me raconta aussi que la plupart des habitants de la prison venait dans ville sécurisée appelée Woodburry. La cité avait été dirigée par un homme, auto-proclamé Gouverneur. Glenn et Maggie avait été enlevé par ce Gouverneur.

La jeune fille me raconta aussi la mort de Lori, en accouchant de Judith. Je réfléchis longuement avant de tirer une conclusion de tous ses malheurs.

- En fait, presque tout le monde dans cette prison à perdu au moins un proche. Déclarai-je

- C'est vrai. Tout le monde avait perdu quelqu'un, sauf moi. Je n'avais eu personne à perdre avant le début de l'épidémie. Il n'y avait que Tyreese et Sasha qui comptaient pour moi.

Nous parlèrent encore un peu de tout et n'importe quoi. Puis nous nous décidâmes à dormir. Le sommeil m'emporta vite et je dois dire que le confort du matelas l'aida un peu.

***

Je courais. Je courais entre les arbres, pour ma survie. Ils me poursuivaient. Les zombies. Ces créatures mortes, déchiquetées et ensanglantées me couraient après. J'étais essoufflée. J'avais mal à la gorge. Je me retournais tous les trois pas, pour voir leur avancée. Ils me rattrapaient. À un détour d'un arbre, une créature me sauta dessus, je tentai de me dégager mais en vain. La terreur s'empara de moi. Je me débattis mais la créature me mordit à l'épaule. Je hurlai tant j'avais mal. J'étais morte.Je me réveillai en sursaut, en me débattant. J'eus du mal à me rappeler où j'étais. Puis les souvenirs me revinrent et je me calmai. J'étais en sécurité dans mon lit. J'avais fait un affreux cauchemar. Je soupirai et essayai de calmer ma respiration haletante. Je mis ma main droite sur ma poitrine comme pour empêcher mon coeur de sortir. Une fois calmée, je sortis délicatement de mon lit. J'avais besoin de prendre un peu l'air. Beth dormais toujours à poings fermés. Je mis les chaussures que la jeune blonde m'avait prêtées. L'ombre de quelqu'un passa devant la cellule. Je me dépêchai de me lever et de marcher difficilement vers la porte. Je passai ma tête par l'ouverture et vis Daryl marcher en direction de la tour de guet. Je décidai de l'interpeller. Il m'avait l'air quelqu'un de confiance et m'avait tout de même sauvé la vie.

- Daryl ! Chuchotai-je.L'homme se retourna et chercha d'où venait ma voix. Il m'aperçut et refis quelques pas vers moi.

- Quoi ? Me dit-il sèchement.Je me trouvai stupide. Je ne savais pas trop quoi répondre.

- Je... Je n'arrive pas à dormir... Commençai-je maladroitement. 

- J'peux pas t'aider. Répondit-il.

- Euh... Tu vas à ton tour de garde ?

- Oui, donc je peux pas rester à discuter avec toi. Sur ces mots, il fit volte face et repartit.

- Attends ! Je peux venir avec toi ? Je te promets de ne pas de déranger. Puis pour appuyer ma demande je rajoutai, comme ça tu m'apprendras quelque chose, il faut bien que je trouve ma place au sein de la prison.

- T'es trop jeune... Je baissai les yeux, déçue. C'est vrai que j'avais remarqué que les enfants semblaient mis à l'écart des zombies, des armes et de tout le reste. 

- Bon allez, viens. M'ordonna-t-il toujours aussi brutalement . T'as pas intérêt à parler.

J'acquiesçai. J'avais vu comment Daryl magnait à la perfection son arme, et pour ma propre sécurité, je devais lui obéir. En outre, il n'avait pas l'air de quelqu'un de facile. Daryl m'intriguait.Il me mena dans une partie du bâtiment où je n'étais pas encore allée. C'était dans le bloc D d'après les indications peintes en blanc sur le mur.  Nous arrivâmes devant un escalier en béton. Daryl me fit un signe de tête pour que je passe en premier. Il faisait donc preuve de galanterie ce crasseux chasseur ? Une galanterie maladroite mais une galanterie tout de même.

Mais il y avait comme un os, avec ma cheville blessée, je ne risquais de monter les escaliers tout de suite. J'avais déjà beaucoup de mal à marcher seule, ce que je faisais tout de même en ce moment malgré l'indication de Carol. Je n'allais pas supporter d'être un poids, au sens figuré comme au sens propre, pour Karen, Tyreese ou quiconque d'autre. Je détestais être dépendante de quelqu'un. C'est d'ailleurs pour ça, que j'avais demander à Tyreese de m'apprendre à faire un feu quand l'épidémie avait commencé.L'arbalétrier me regarda fixement.

- Tu montes oui ou merde ! Dit-il agacé.

- Désolé, je peux pas avec ma cheville. 

- Pourquoi tu m'as demandé de venir alors ?! 

- Je... Je n'avais pas pensé aux escaliers. Avouai-je plus honteuse que jamais.Daryl soupira et ronchonna. Je m'apprêtais déjà à retourner me coucher. Quand le chasseur, se mit devant moi me tournant le dos.

- Saute. J'en fus étonnée et amusée. 

- Dépêche ! On va pas y passé la nuit.

Je m'exécutai en essayant de garder mon fou rire montant pour moi. Je pourrais me venter auprès de Tyreese d'avoir fait un tour à dos de Daryl. J'espérais qu'au moins je ne lui faisais pas mal au dos. Je n'avais jamais été très ronde, j'étais même sûre que j'avais perdu quelques kilos depuis le début de l'invasion, mais j'étais tout de même d'une corpulence raisonnable. Monter une vingtaine de marches avec 50 kilos sur le dos, ce n'était pas facile pour tout le monde.

- T'es plus lourde que ce que je pensais. Me fit délicatement remarque Daryl.

Voilà qui mettait une claque à mon ego. Mais contre toute attente, au lieu de répliquer et de me dépêchai de descendre de son dos, je me mis à rire. D'un rire joyeux et insouciant. C'était la première fois depuis bien longtemps que je riais ainsi.

Le chasseur dû s'arrêter sur un palier avant de continuer, tellement je riais. La situation était beaucoup trop comique pour que je stoppe ce fou rire. Je descendis de son dos, toujours pliée en deux. Daryl esquissa un sourire, je suis sûre qu'il trouvait ça amusant lui aussi.

- Allez, remonte. M'ordonna-t-il sur un ton faussement sérieux, après un sursaut de rire caché.Une fois toutes les marches montées, il me laissa descendre définitivement. Glenn était sur le balcon de la tour, derrière les vitres. Daryl s'approcha et toqua sur le verre pour montrer sa présence. L'asiatique se retourna, et entra à l'intérieur du poste de guet. 

- Il était temps que tu arrives, je commençais à m'endormir. Déclara Glenn à l'intention du chasseur. Puis il me vit derrière Daryl.

- Tiens, qu'est ce que tu fais là ? Me demanda-t-il étonné.

- Je n'arrivais pas à dormir et j'ai demandé à Daryl de l'accompagner à son tour de garde.

- Oh... Il regarda le chasseur pour voir si il était d'accord, celui-ci hocha la tête.

- Bon, je vais me coucher. Sasha vient prendre la relève dans une heure. Dit Glenn avant de partir en direction des escaliers.

L'arbalétrier acquiesça encore une fois. Glenn s'en alla et nous restâmes seuls. Le chasseur se mis à fixer l'horizon, donnant un coup d'œil d'un côté puis de l'autre de temps en temps. J'avais promis à Daryl de ne pas le déranger, mais j'avais froid et je m'ennuyais. Je me demandai ce que je pouvais bien dire pour briser la glace quand à ma plus grande surprise l'arbalétrier le fit pour moi.

- Alors c'est quoi ton histoire à toi ? Dit-il sans détacher ses yeux du paysage nocturne.

- Euh... Depuis l'apocalypse ou avant ?

- Raconte tout. On a une heure à passer.  

- Ok. Je suis orpheline, le seul truc que m'ont laissé mes parents c'est mon nom, Journey Woods. Depuis mes 5 ans, je suis trimballée entre les familles d'accueil. Ça faisait 5 ans que j'étais chez les Ashley. C'était une famille toute belle toute propre à l'extérieur, mais ils étaient odieux avec moi. Quelques mois après mon arrivée chez eux, l'assistante sociale à remarquer des bleus sur mes bras. C'est de ça dont parlait Mr Grimes tout à l'heure. Mais les Ashley étaient riches et ils ont payé tous ceux qu'il faudrait pour faire taire l'affaire. L'assistante a été virée. Ils m'ont moins frappé après ça. Mais j'étais leur esclave, une véritable Cendrillon ou un Harry Potter.

- C'est qui ça ? M'interrompit Daryl.

- Harry Potter ? C'est un personnage de livre, c'est un sorcier, maltraité par sa tante et son oncle.

- Ah... Vas-y continue.

- Ils m'achetaient pas de vêtements, de fournitures scolaires ni rien. Parfois ils me mettaient une claque, mais j'ai commencé à riposter physiquement et ils ont arrêté définitivement. Puis quand l'épidémie a commencé et que tout le monde s'enfuyait en direction d'Atlanta. Ils m'ont laissée à King County. Toute seule. J'ai pris tout ce que je pouvais dans un sac à dos et je suis partie moi aussi en direction d'Atlanta. Et puis une nuit, je me suis faite attaquée par des zombies...

- Des zombies ? Sourit le chasseur.

- C'est comme ça que je les appelle, ils sont comme dans les films de zombies, alors j'ai pas trop cherché à leur donner un nom précis . Vous les appelez comment vous ?

- Les rôdeurs. Déclara-t-il.

- Ouais, c'est pas mal, dis-je en réfléchissant aux significations de l'appellation. Bon je peux continuer sans que tu m'interrompe ou je m'arrête ? Lui dis-je en riant.

- C'est bon, Madame peut continuer. Dit Daryl avec un sourire.

- Je disais, je me suis faite attaquée par... des rôdeurs, et le groupe de Tyreese m'a sauvé. Je me suis beaucoup attachée à lui et Sasha. Un jour on est partie explorer un Publix, et une porte s'est bloquée alors que j'étais à l'intérieur d'un pièce avec quatre rôdeurs. Je me suis cachée derrière un meuble. Tyreese m'a appelé dans tout le supermarché, personne n'avait vu dans quelle pièce j'étais allée. Je ne pouvais pas répondre à ses appels sinon les rôdeurs allaient se jeter sur moi et je n'avais pas d'armes. J'ai du attendre une heure et demi avant qu'une poutre tombe et éclate la porte. J'ai couru vers la porte et je suis allée dans la pièce d'en face qui se trouvait être la réserve. J'ai tout barricadé et je suis restée un mois là dedans.

Je vis le chasseur secouer la tête en signe d'admiration. Ça me rendait fière.

- Et t'en veux pas à Tyreese et les autres ? 

- Non, je suis sûre qu'il m'a chercher dehors et qu'il a dû se faire attaquer et ne pas pouvoir revenir. Tu sais, Sasha et lui, ce sont les seules personnes qui m'ont jamais aimé. Et ceux sont la seule famille que j'ai. Il m'en faudrait vraiment beaucoup pour leur en vouloir.

Il eut un petit silence, avant que ma curiosité prenne le dessus.

- Et toi, c'est quoi ton histoire ? Demandai-je les yeux pétillants d'impatience.

- J'en ai pas. Répondit-il sèchement.

- Comment ça ? Dis-je déçue mais de plus en plus intriguée.

- Y'a rien d'intéressant. Il se remit à fixer la forêt sombre, pour mettre un terme à la conversation. Mais je n'allais pas abandonner si facilement.

- Allez raconte. Tu sais Daryl, toute vie est une aventure à conter. Et moi tout m'intéresse, chez les Ashley j'ai appris à vaincre toute forme d'ennui.

L'arbalétrier céda. J'appris alors que son nom de famille était Dixon, qu'il avait un frère mort. Il me raconta quelques brides de son enfance, et ce qu'il avait fait depuis l'épidémie. Je suis sûre qu'il restait modeste sur certains points. Il semblait être un pilier pour le groupe.

- Il y a une personne dans le groupe que tu ne voudrais absolument pas perdre ? Comme Tyreese et moi.

Il réfléchit un instant à ma question puis répondit sincèrement à ma question, ce que je n'attendais pas.

- Carol.

 

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