Vipère au pied

Chapitre 5 : Vers la tour de la Vipère

2113 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 31/10/2018 19:19

Davo ne se fit pas prier et grignota une sardine fumée. Dagreed se servit un verre de rhum.


  • Bon, je commence. Pour moi, la Vipère est une infâme criminelle. Sa tête est mise à prix. Je la préfère plus morte que vive, elle pourrait encore sans sortir avec l’appui de la noblesse, dit Wyn. Avec les îliens en renfort, on devrait pouvoir abattre cette bande de canailles.
  • Je suis favorable pour l’assaut. Par contre, je souhaiterais que la Vipère soit amenée au margrave pour qu’elle y soit jugée. Si on trouve des preuves de sa complicité avec la Rédanie, elle y perdra la tête pour haute trahison et justice sera rendue, ajouta Dagreed.
  • Je rejoins Wyn. Rendons la justice du roi, ce n’est pas la première fois. Ce sont des gredins sans foi ni loi, passons les par le fil de l’épée. En abattant la Vipère, on fait deux pierres deux coups. On se débarrasse d’un noblaillon qui ne mérite pas son rang, répondit Davo.
  • Par rapport à l’artéfact, je suis convaincu que c’est une bombe elfe pour tuer massivement de l’humain. Elle est prête à perpétrer une hécatombe pour régner sur une île déserte mais régner tout de même, répliqua Wyn.
  • Tu es bien silencieuse Maja. Quand penses-tu ? demanda Davo.
  • Je rejoins plutôt Dagreed. On doit la ramener au margrave qui avisera de la suite à donner. Pour l’artéfact, je n’ai pas le matériel de mon laboratoire afin de l’analyser sans risque. Je pense qu’il vaut mieux taire son existence jusqu’à plus ample examen.
  • Je résume… On est tous favorable à l’assaut mais on a deux voix pour qu’elle soit abattue et deux voix pour qu’elle soit capturée. On verra sur place car rien n’est moins sûr qu’elle se laisse capturer ou abattre facilement, résuma Davo.


Le quatuor retourna dans la salle commune, à l’annonce de leur délibérer, Délia et les îliens les plus combatifs laissèrent exprimer leur joie. Délia présenta les cinq îliens retenus : Berto un grand barbu à la peau couverte de tatouages, Gaël un marin râblé et teigneux, Ulrich un grand échalas au regard torve, Romaric un escogriffe patibulaire et Alix un petit chauve bien musclé. Elle donna l’ordre aux marins de préparer les embarcations. Wyn avait besoin d’une bonne heure pour concocter deux bombes, cela pourrait grandement aider l’assaut. Dagreed souhaitait préparer des doses de soporifique pour faciliter la capture de la Vipère. Délia, Maja et Davo allaient réfléchir à l’assaut, le mercenaire voulait des détails sur la tour en ruine et la topographie du site.


En fin de matinée, toute la troupe d’assaut était prête au départ. Capistran leur souhaitait bonne chance dans leur entreprise. Ils se répartirent en deux groupes de cinq par bateau et halèrent les embarcations jusqu’à l’océan. Le voyage dura deux bonnes heures. Ils longèrent la côte vers le nord jusqu’à que Délia indique une plage pour accoster. Une fois, les barques dissimulées sous des branchages, Délia ouvrait la marche sous les frondaisons de la forêt.

Le déplacement se révéla pénible, les taillis étaient épais, il fallait contourner des trous d’eau emplis de sphaignes, de nénuphars et bordés de typha. L’atmosphère fraiche et humide du sous bois érodait lentement le rythme soutenu de la troupe. Au bout d’une heure de marche, Délia leur indiqua qu’ils étaient proches du site de la Vipère. Discrétion et silence devenaient les maîtres mots. Le terrain monta peu à peu. Ils atteignirent les franges d’une vaste clairière collinaire. Sur le sommet de la butte, une tour dominait le point de vue.


Indubitablement, la tour était d’origine elfe, à l’aspect élancée et constituée de pierres blanches luisantes. Du lierre épais avait envahi un bon tiers de la surface des murs. A l’origine, elle devait être plus haute, le faîte des murs était en ruine. De la lumière filtrait des étroites fenêtres du premier étage. Ils entendirent de courts aboiements émanant de l’autre côté de la tour. Le chenil des deux chiens de guerre se trouvait là-bas. Toute approche discrète allait se compliquer avec la présence de ces chiens. La troupe avait décidé de foncer vers la tour pour tenter de s’y claquemurer et de se protéger mutuellement les uns, les autres. L’ensemble des combattants dégainèrent leurs armes. En fil indienne, ils se lancèrent vers le haut de la colline en restant baisser le plus possible. Wyn ouvrait la marche.


A mi-pente, ils remarquèrent un gredin assit sur un tabouret au pied d’un feu. A moins de dix mètres, Wyn lança un Axii sur lui. La tête du gredin fut entourée d’étranges petits éclats lumineux et se mit à dodeliner. Dans le même instant, d’une charge fulgurante, Davo plantait sa lame dans les côtes du gredin. Celui-ci s’affaissa dans un râle. D’un geste mesuré, Davo l’acheva d’un coup au cœur.

Dans un étroit passage pentu menant à la tour, ils tombèrent nez à nez sur deux canailles. Wyn jeta une bombe au pied des deux bandits. Dans le passage étroit, elle explosa avec force et létalité enflammant les habits des bandits. Ils se contorsionnèrent au sol pour éteindre les flammes, les premiers combattants dans la file en profitèrent pour les frapper à mort. Le malchanceux Ulrich qui fermait la marche reçut une flèche en plein poitrail, il s’écroula mortellement blessé. Nul ne vit d’où venait le tir, très sûrement d’une fenêtre de la tour. Les assaillants grimpèrent prestement le long du sentier tout en essayant de se coller au plus près des rochers. Wyn remarqua un tireur à une fenêtre, il jeta la deuxième bombe. Le lancer fut adroit et la bombe explosa dans l’encadrement de la fenêtre. L’archer en flammes et totalement déséquilibrer chuta par l’ouverture pour s’écraser au sol.


La troupe assaillante parvint devant l’entrée de la tour barrée par une lourde porte en fer forgé. Deux coupe-jarrets foncèrent par la droite sur le groupe, suivi de près par deux autres bandits chargeant par la gauche. Ces attaques multiples parvinrent presque à briser la cohésion des attaquants. Maja évita à grande peine l’une des attaques et tomba au sol au pied de l’assaillant. Un autre gredin parvint à atteindre d’un coup d’épée la tête de Gaël, son cuir chevelu se mit à saigner abondamment. Gaël s’accroupit au sol en se tenant douloureusement le crâne entre ses mains ensanglantées. Berto prit la place de Gaël et parvint à tenir en respect son adversaire. Davo parvint à parer un coup qui lui était destiné. Sa dextre parade lui permit d’avoir une ouverture. Il donna plusieurs coups tranchants rapides sur les bras et le poitrail de son adversaire qui s’écroula grièvement blessé. Romaric parait le coup d’un bandit tout en se plaçant pour protéger Dagreed d’une éventuelle attaque. Un archer brigand grimpait sur un rocher tout proche, Il tirait une flèche vers Davo en plein combat, la flèche égratignait le haut de la cuisse gauche du mercenaire.


En quelques petites foulées adroites et légères, Délia se trouvait au pied de l’archer fort désappointé. Malgré son handicap, elle plaça un coup de taille véloce obligeant l’archer à lâcher son arc. Dans un aboiement hargneux, doublé d’une charge rapide, un mastiff mordait profondément le mollet de Berto. Par un adroit réflexe, celui-ci donnait un grand coup d’épée sur le râble du chien qui couinait et lâchait prise sous le choc. Alix se jetait sur le bandit voulant frapper Maja au sol. Déséquilibrer le bandit s’affalait au sol tout en donnant des coups de poings dans le ventre d’Alix. Wyn prêtait assistance à Berto, de deux passes d’armes rapides, il passait un coup de taille puissant du ventre à l’aine, le brigand tomba sur les genoux voyant ses intestins se déverser au sol.

La mêlée devint âpre et confuse. Les combattants pestaient, criaient et hurlaient face la dureté et la fulgurance de ce combat. Au sol, Alix et un brigand s’étranglaient mutuellement. Maja se relevait prestement et psalmodiait un sortilège. Une petite boule de feu se mit à briller au creux de mouvements gracieux et mesurés de ses mains. Elle dirigea la boule de feu vers le maître chien et son mastiff. Le maître chien esquiva la boule enflammée mais son pauvre chien fut carbonisé sur place, une horrible odeur de chair et de poil brûlés envahi l’air ambiant. L’archer dégaina son épée et parvint par une ample attaque à déstabiliser Délia sur le rocher. Celle-ci exécuta un magnifique salto arrière lui permettant de se dégager de la frappe mortelle. Elle atterrit sur ses pieds à quelques mètres de là. Romaric essuyait plusieurs attaques rapides d’un brigand, les parades s’enchaînaient avec difficulté. Il trébuchait sur un cadavre et tombait au sol en se cognant grièvement la tête. Le brigand bien concentré sur Romaric ne vit pas le coup bas de Dagreed. Le médecin frappa à l’aide de son stylet plusieurs fois dans les reins du brigand. Mortellement blessé, le brigand mourut dans les bras du médecin qui le laissa choir. Au sol, Alix parvint d’une terrible poigne à étrangler la crapule qui lâcha prise.

Berto et Wyn se ruèrent sur le maître chien. Face à deux adversaires, il fut rapidement acculé contre le mur de la tour. Wyn lui planta son épée dans le ventre. Le brigand moribond glissa le long du mur en laissant une affreuse trace sanglante. Maja psalmodiait une nouvelle boule de feu magique. La sphère enflammée s’écrasait sur le dos de l’archer occupé à faire face à Délia. La vêture de l’archer prit feu instantanément, le brigand fit quelques pas avant de s’écrouler complètement en flammes.


Le combat était fini, l’ensemble des brigands avaient mordu la poussière. Dagreed se précipita vers Gaël pour juguler sa blessure à la tête. Le pauvre marin était inconscient, pâle, il avait perdu beaucoup de sang. Le médecin réalisa un épais pansement avec la chemise du marin. Wyn et Davo allongèrent Gaël sur un banc en pierre au pied de la tour. Dagreed s’occupa de la morsure à la jambe de Berto, celui-ci boitait fortement. Il badigeonnait les plaies de désinfectant et confectionnait un bandage propre autour de la blessure. Enfin, Il relevait Romaric, blessé à la tête. Il saignait abondamment mais le marin était resté conscient. Dagreed désinfectait la plaie et suturait la petite meurtrissure avec de la colle naturelle. Puis il plaça un bandage autour de la tête pour protéger la lésion.

Les autres combattants profitaient de l’accalmie pour récupérer du souffle et calmer leur pouls emballé. Du côté des îliens, Délia et Alix en sortaient indemnes. Pour la Hanse du Lys, Davo avait écopé d’une égratignure légère et Maja d’une ecchymose à un coude suite à sa chute. Les insulaires avaient payé le prix fort du combat.

Il ne manquait plus qu’Elvire ou la Vipère. Il fallait espérer qu’elle se terrait dans la tour. Tout ce sang versé, le doute s’insinuait dans le cœur du groupe. La porte en fer forgé de la tour était verrouillée. De sa besace, Davo sortit une sacoche avec des outils de crochetage. En moins d’une minute, il eut raison de la serrure… Alix fut désigné pour garder les blessés et être vigilant à tout mouvement suspect en approche.

Le reste du groupe pénétra dans la tour…





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