Souvenirs perdus

Chapitre 1

 

Il sentit une bouffée d'air frais s'insuffler dans ses poumons et ses paupières se soulevèrent avec lenteur. Ébloui par le jour, il battit des cils et distingua enfin l'endroit où il se trouvait. Il était allongé dans un lit peu confortable, dans une chambre aux murs blancs, peu meublée. Une fenêtre apportait la lumière du jour en déclin dans la pièce. Une multitude de tubes étaient accrochés à ce corps qui était le sien, un cardiogramme indiquait une courbe régulière et un homme d'une quarantaine d'années en blouse blanche était debout près de son lit. Cet endroit ressemblait en tout point à une chambre d'hôpital. Et d'ailleurs c'en était une. Le jeune homme essaya de se rappeler ce qui l'avait mené dans cette situation en vain. L'homme lui sourit. Il dit :

– Bon réveil.

Le jeune homme cligna à nouveau des yeux et murmura :

– Qu'est-ce qu'il m'arrive ?

Le médecin soupira et demanda soudain:

_ Quel est votre nom ?

Le jeune homme trouva la question absurde mais lorsque qu'il voulut répondre aucun son ne sortit de sa bouche. Le jeune homme retourna sa mémoire dans tous les sens mais il n'y trouva rien. Rien que ce vide semblable à ce rêve qu'il avait quitté quelques temps plus tôt. Le médecin parut désolé.

_ C'est bien ce que je craignais. Murmura-il.

_ Quoi ?! Qu'est-ce que j'ai ?! S'écria le jeune homme.

_ Monsieur, je comprends que vous soyez inquiet mais pouvez-vous rester calme et m'écouter ? Je vais tout vous expliquer.

Le patient déglutit pour se donner une contenance.

_ Je vous écoute. Dit-il d'une voix qu'il voulait posée.

Le médecin s'assit près de lui et lui dit:

_ Vous avez reçu un choc violent à la tête. Vous souffrez malheureusement d'amnésie.

_ A...Amnésie ?! Je... J'ai perdu la mémoire ?

_ C'est ça. 

Le coeur du patient se mit à bondir dans sa poitrine. Il essaya de formuler un quelconque souvenir dans sa tête sans y arriver. Il paniqua. Qui était-il ? D'où venait-il ? Il savait certes tout ce qu'il y avait à savoir sur l'humanité, il savait parler, il pouvait citer dans  sa tête plusieurs pays mais aucun souvenir personnel qu'il soit visuel ou sonore ne lui revenait.

_ Ça va guérir ? Demanda-il d'une toute petite voix appréhendant la réponse qui allait suivre.

_ Il semblerait que le choc n'ait pas atteint trop violemment votre mémoire. Si vous avez de la chance votre mémoire devrait revenir petit à petit. Mais ne vous réjouissez pas trop vite, nous ne savons pas encore avec certitude si votre mémoire est capable d'enregistrer de nouveaux souvenirs.

Le médecin regarda le jeune homme et lui tendit un miroir.

_ Regardez-vous. Ordonna-il. Cela pourrait vous aider à vous souvenir.

Le jeune homme s'exécuta et regarda dans le miroir avec attention. Il était brun et sa peau était dorée. Ses yeux noirs étaient en forme d'amande, il en déduisit donc qu'il était asiatique. Evidemment puisqu'il parlait le japonais. Son nez était assez gros, un peu trop d'ailleurs. Sa bouche était par contre fort bien dessinée. Rouge et charnue à souhait. Il eut un petit sourire. Il était plutôt beau. Ou du moins il en avait l'air. Malgré la vision de son visage, il ne se souvenait toujours de rien. A cette pensée son sourire disparut.

_ Alors ? Demanda le médecin.

_ Rien. Fit le patient avec un air déçu.

_ Ne vous en faites pas. Je vous promets de faire tout mon possible pour vous aider à récupérer vos souvenirs.

_ Merci. Fit le jeune homme en inclinant la tête.

Le médecin s'inclina et dit:

_ Monsieur, je vous laisse. Reposez-vous bien.

Le jeune homme lui fit un sourire un peu exagéré pour le rassurer. Le médecin lui rendit son sourire et quitta la pièce. L'amnésique écouta l'écho de ses pas s'éteindre derrière la porte puis laissa sa tête retomber sur les oreillers. Les questions se mirent à tournoyer dans sa tête. Qui était-il ? Cette question le perdit doucement dans un tourbillon angoissant et inconnu d'autres questions. Il n'avait de réponses pour aucune. Il se sentait vide. Vide de toute chaleur, de personnalité. Il était un inconnu. Ses yeux se fermèrent et une larme brillante coula le long de sa joue. Il était vide de sens. Il n'existait pour personne. Peut-être que quelqu'un pensait à lui en ce moment et lui ne se rappelait même plus de cette personne. Quand il rouvrit les yeux quelques minutes plus tard, la nuit était tombée. Il referma alors ses yeux pour ne pas les rouvrir et se laissa happer par le sommeil agité qui s'emparait de lui.

 

...

 

La pluie s'était mise à tomber dans la nuit et les nuages étaient venus masquer les étoiles timides. La jeune brune laissa un soupir s'échapper de ses lèvres. Elle repoussa gracieusement ses cheveux derrière ses épaules et s'assit sur son lit. Elle rejeta finalement son corps en arrière après une courte hésitation. Elle fixa le plafond et quelque chose, elle ignorait quoi, la fit sourire. Elle avait un bon pressentiment. Son instinct lui disait que demain ne serait pas aussi gris qu'aujourd'hui. Son sourire s'élargit et elle tendit sa main droite au-dessus d'elle.

Elle fixa la cicatrice qui marquait le dos de sa main et murmura:

_ L'ombre n'aura pas raison de moi, cette fois.

Elle laissa alors sa main retomber près d'elle et ferma les yeux sans se départir de son sourire.

 

...

 

Le soleil était déjà haut dans le ciel quand le brun fut réveillé en sursaut par un cauchemar qu'il oublia dans la seconde où il se redressa. Une infirmière se tenait près de lui. Elle lui sourit et dit:

_ Bonjour Monsieur, je m'appelle Akemi Someya. Je suis infirmière et je suis responsable de vous avec le Dr Yamazaki. Ravi de vous rencontrer.

_ De même. Balbutia le brun en peu pris au dépourvu par cette chaleureuse jeune femme qui le surprenait dès son réveil.

Elle s'assit sur la chaise près de son lit et attrapa un bloc-notes et un stylo.

_ Je dois vous posez quelque questions pour surveiller votre guérison. J'y vais, si vous le permettez.

D'un coup les souvenirs de la veille l'envahirent peu à peu et le firent retomber dans cette ignorance complète, dans cette incertitude permanente. Il resta un moment dans ses pensées jusqu'à ce qu'il entende la première question de l'infirmière.

_ Vous souvenez-vous de tout ce qui s'est passé hier depuis votre réveil ? Demanda-elle.

_ Oui, à peu près. Répondit le patient.

_ Racontez-le moi. Ordonna gentiment l'infirmière.

Le jeune homme détailla avec précision la conversation qu'il avait eue avec le médecin la veille en taisant volontairement son angoisse nocturne. L'infirmière nota consciencieusement ses dires et enchaîna avec la question suivante.

_ Des souvenirs vous sont-ils revenus ? Par flash ou dans vos rêves ?

Le jeune homme réfléchit un instant.

_ Je crois que j'ai fait un cauchemar... Mais je ne m'en rappelle plus. Murmura-il avec une pointe d'angoisse dans la voix. 

Akemi regarda les mains tremblantes de son patient et comprit rapidement son malaise. Elle se dépêcha de le rassurer:

_ Ne vous inquiétez pas. Cela n'a sans doute aucun rapport avec votre amnésie. Tout le monde oublie la majorité de ses rêves au matin. Moi, par exemple, je ne me souviens jamais de mes rêves. 

Le brun se sentit plus ou moins soulagé. La jeune femme lui offrit alors son plus beau 

sourire dans l'espoir de dissiper ses craintes. Le jeune homme lui rendit son sourire.

_ Question suivante: Avez-vous eu mal à la tête ?

_ Non. Pas que je m'en souvienne.

L'infirmière l'écrivit et se leva.

_ Bien. J'ai fini mon interrogatoire. Rit-elle. Je vous laisse.

_ Juste une question. L'interpella-t-il.

_ Oui ?

_ Mes résultats sont-ils... Disons... Encourageants ?

Elle jeta un oeil à son bloc-notes et dit:

_ Je ne peux vous le dire pour le moment. Je ne suis pas assez expérimentée pour le savoir. Mais le Dr.Yamazaki attend ses résultats. Il passera vous voir dans la journée pour en discuter avec vous. De plus, nous avons fait appel à la police et elle recherche activement votre identité. Ne vous torturez pas trop l'esprit. Je vais demander à ce qu'on vous serve un petit déjeuner. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, appuyez sur le bouton rouge à votre droite, je viendrai.

_ Merci. Murmura le jeune homme en la regardant partir.

Il se sentait comme la nuit précédente. L'angoisse et la tristesse lui rongeaient le cœur. Ses souvenirs lui manquaient... Si on pouvait le dire comme ça.

...

 

La matinée était claire comme elle l'avait espérée. Elle ouvrit sa fenêtre et inspira à plein poumon l'air frais qui entra dans sa chambre. Elle s'étira avec délice et laissa les quelques rayons de soleil lui réchauffer le visage. On frappa alors à sa porte. 

_ Entrez ! Murmura la brune sans cesser son activité.

La tête d'une femme rousse en blouse blanche apparut dans l'encadrement de la porte.

_ Bonjour ! Fit la rousse.

_ Bonjour Aya-chan ! Lança la brune sur un ton enjoué.

_ Tu as l'air en forme aujourd'hui... Remarqua la rousse en entrant.

_ Je le suis ! Fit-elle en se retournant vers son amie.

_ Tant mieux. Tu viens manger ?

_ Allons-y. Je... Aie !

_ Yu-chan ! Tu vas bien, Yukari ? S'écria la jeune rousse en se précipitant vers son amie et patiente.

_ Oui. Ne t'inquiète pas. Juste un flash ! Ce n'est rien du tout. Ne t'en fais pas.

_ Tu es sûre ?

_ Puisque je te le dis ! Allons manger, je meurs de faim !

La dite "Aya-chan" regarda son amie passer devant elle pour sortir dans le couloir avec un air inquiet mais elle ne dit rien et la suivis.

 

...

 

Le jeune homme avait cédé à une sorte de panique intérieure. Ses yeux tournaient dans tous les sens et ne parvenaient pas à se poser. Il rongeait frénétiquement ses ongles. Chose qu'il supposait ne pas avoir fait souvent car avant qu'il ne se mette à les meurtrir ses ongles étaient impeccables. Soudain la porte s'ouvrit sur le Dr. Yamazaki qui, à peine entré, remarqua immédiatement son état d'agitation intense. Il était suivi par un homme à la stature imposante, vêtu d'un costume noir, aux traits sévères ...

_ Bonjour. Fit le médecin en s'asseyant sur la chaise tandis que l'homme attrapait une seconde chaise et s'asseyait près du médecin.

_ Vous êtes angoissé. Constata le docteur en regardant les doigts du jeune homme.

À cette remarque le jeune homme cacha ses doigts sous ses paumes. Le médecin dit d'une voix douce:

_ Soyez tranquille, je ne suis pas là pour vous juger mais pour vous aider. Vous ne devez pas vous mettre dans des états pareils. Je sais que c'est difficile et j'imagine à quel point vous devez être déboussolé mais vous devez essayer de garder votre sang-froid sinon rien ne s'arrangera.

Le patient opina sans oser regarder l'homme dans les yeux.

_ Les nouvelles sont bonnes ! Fit le médecin d'un ton joyeux. Votre mémoire semble bien fonctionner et normalement ce n'est qu'une question de temps avant que vous ne retrouviez vos souvenirs.

Un soupir soulagé s'échappa des lèvres du brun. Il sentit la pression descendre légèrement. Le médecin était satisfait: il était parvenu à rassurer un peu son patient. 

_ J'ai une autre bonne nouvelle ! Annonça le médecin . Nous savons maintenant qui vous êtes.

_ Vraiment !? S'écria le jeune homme.

_ Oui. Laissez- moi vous présenter. 

_ Je vous écoute.

Le médecin se pencha sur un dossier et commença:

_ Jeune homme, votre nom est Keisuke Yamada. Vous êtes né à Tokyo le 6 mai 1988. Vos parents Kumiko et Takahiro Yamada tenaient un restaurant de yakisoba à Obaida. Malheureusement votre père est mort d'une maladie, il y a 5 ans alors votre mère continue de tenir le restaurant seule avec l'aide de votre sœur cadette Sayuri Yamada. Elle a 17 ans et elle est au lycée. Votre sœur aînée, Reiko Yamada, semble vivre à l'étranger. On ne sait pas vraiment où... Vous avez quitté votre maison à 19 ans, vous n'êtes pas allé à l'université, vous avez directement suivi une formation pour entrer dans la police. Vous avez gravi les échelons pendant 4 ans et vous voilà actuellement inspecteur. Mais M. Kanzaki, vous en dira plus que moi. Termina le médecin en se tourna vers l'homme assis près de lui.

L'homme qui était resté en retrait jusqu'à maintenant s'inclina vers Keisuke et se présenta:

_ Bonjour Yamada-san. Je suis Satoshi Kanzaki, chef du Département Anti-drogue de la police de Tokyo. En fait j'étais... Je suis votre patron. 

_ Bonjour. Fit Keisuke en s'inclinant avec respect.

Il se sentait bizarre. Il rencontrait quelqu'un qu'il connaissait et pourtant il ne s'en souvenait pas. Il lutta contre l'angoisse qui menaçait de le submerger à nouveau.

_ Vous étiez en mission d'infiltration depuis trois mois dans un gang proche d'un trafiquant très dangereux. Vous étiez très performant sur cette affaire. Vous aviez pu suivre à peu

près la trace de cet homme. Vous deviez me faire votre rapport cette semaine. J'avais cru comprendre que vous aviez découvert la petite amie du criminel. Vous étiez à sa poursuite depuis un moment. Mais il a deux mois elle a subitement disparu. Vous ne connaissiez pas exactement son identité. C'est tout ce que je sais. Et puis il y a une semaine un passant vous a retrouvé gisant sur un trottoir...

Keisuke resta un moment silencieux. Il était donc à la poursuite d'un homme quand il avait perdu ses souvenirs... Kanzaki fouilla dans sa mallette et en tira un dossier et le tendit à Keisuke.

_ Voilà le dossier sur l'affaire. Si il peut vous servir à récupérer vos souvenirs. Sachez que je suis profondément désolé de ce terrible incident. Je vous souhaite un prompt rétablissement et espère vous revoir dans nos rangs le plus vite possible. Veuillez m'excuser, j'ai à faire.

_ Merci beaucoup d'être venu me voir. Au revoir.

Kanzaki se leva, les salua et quitta la pièce. Le jeune homme regarda le médecin.

_ Docteur, allez-vous prévenir ma famille ? Demanda-t-il.

_ Bien sûr. Les procédures sont en cours. Mais... Nous manquons de lits et comme vous êtes maintenant bien portant, nous ne pouvons pas vous garder. Vous savez, je travaille aussi dans un centre. Le Centre de Repos de Tokyo (CRT). Il n'y a pas grand monde là-bas. Accepteriez-vous d'y être transféré le temps que vos souvenirs vous reviennent ?

_ Oui. Affirma le jeune homme.

_ Parfait. Je vais préparer votre transfert pour cet après-midi. Reposez-vous en attendant.

_ Bien. Fit le jeune homme.

Le médecin sortit et le jeune homme soupira. Il ignorait pourquoi mais être en compagnie de trop de monde l'agaçait. Peut-être que c'était son caractère... Il regarda un instant le dossier posé sur sa table de nuit et hésita à le prendre. Puis finalement, n'ayant rien de mieux à faire, il le saisit et l'ouvrit. Il le parcourut rapidement. Ce dossier parlait d'un certain Tomoya Fukuda, un grand chef du trafic de drogue japonais. L'homme qu'il poursuivait... Peut-être que c'est lui ou l'un de ses hommes qui l'avaient frappé à la tête... Il continua à méditer cette supposition encore un long moment.

 

...

 

Le téléphone sonna dans la salle commune mais personne ne sembla y prêter attention. C'était une chose habituelle après tout. Dans le centre, la vie des patients était ainsi. Une longue suite d'habitude. Et tout le monde s'y plaisait. Du moins c'est ce qu'ils disaient. La salle commune était sans doute la plus belle pièce du centre. Avec ses murs couleurs ébène et son sol crème, elle donnait un aspect convivial et chaleureux. Presque tout le monde était là. Des vieux, des jeunes. Tout le monde se connaissait dans le CRT. C'était un petit centre. Chacun avait ses raisons d'être là et aucune n'était joyeuse. Pourtant aucune tristesse ne se lisait sur les visages de ces gens. Ils étaient tous assis ou debout. Jouant aux cartes, regardant la télévision, lisant près du chauffage ou bien tout simplement discutant, les gens semblaient heureux...

Ayano sortit de ses pensées pour se précipiter vers le téléphone.

_ Allô ? Fit-elle. Bonjour Dr.Yamazaki. (...) Un transfert ? (...) Oui, je vois. (...) Bien sûr. (...) Très bien, je m'en occupe tout de suite. Au revoir.

Elle raccrocha et alla vers un groupe de 3 jeunes. Ils étaient assis autour d'une table ronde et jouaient une partie de carte. Elle s'assit sur une chaise libre et leur annonça avec un grand sourire:

_ Bonne nouvelle ! Il y a un nouveau !

_ Vraiment ? Fit une fille aux cheveux châtains.

_ Oui. Confirma Ayano.

_ Cool ! Lança un jeune homme brun.

Ayano sourit. Puis elle se tourna vers la brune qui était penchée avec concentration sur son jeu.

_ Yu-chan !

Elle n'obtint aucune réaction. La châtain insista:

_ Yukari !!

La brune sursauta et s'écria:

_Quoi ? Qu'est-ce qui se passe ?

L'infirmière et les deux autres éclatèrent de rire puis le jeune homme lui expliqua:

_ Ayano, nous disait qu'il allait y avoir un nouveau au centre.

_ Hein ? C'est vrai !? Super ! Enfin une nouvelle tête ! S'écria-elle.

_ Dis tout de suite que tu en as marre de voir les nôtres !! Grogna la châtain.

La brune rit. 

_ Bien sûr que non, Nao-chan ! La rassura-elle.  Dites vous pensez qu'il va neiger ?

_ C'est vrai que tu adores la neige toi. Se rappela la châtain..

L'infirmière sourit. Ces trois-là étaient faits pour s'entendre. Ils avaient tous de graves problèmes de santé mais ils étaient sans nul doute les patients les plus enthousiaste du centre. Elle se leva à contrecoeur pour aller préparer la chambre du nouveau patient. 

Elle aurait bien aimé rester un moment écouter les adorables chamailleries des ados.

Enfin «ados» ils avaient déjà tous plus de 20 ans mais on aurait dit des gosses de 15 ans.

 

...

 

Keisuke remercia les infirmiers du service, puis grimpa dans la voiture. Le docteur Yamazaki était au volant et Akemi était assis de l'autre coté de la banquette. Keisuke fut surpris de la trouver là.

_ Someya-san ? S'étonna-il.

_ Oui. Moi aussi je travaille au CRT. Dorénavant je m'occuperai de vous au CRT. Appelez-moi Akemi, alors.

_ Je m'en remets à vous. Dit Keisuke en s'inclinant.

Akemi lui renvoya un sourire chaleureux.

Le trajet fut assez court jusqu'au centre. Lorsqu'il descendit de la voiture, Keisuke se sentit à nouveau angoissé. Le bâtiment était assez petit. Il était circulaire et blanc. L'endroit ne lui inspirait aucune sympathie surtout dans le froid mordant de l'hiver. Il se demandait si dans cet endroit il trouverait ses souvenirs. Il en doutait fortement et cette pensée ne le réjouissait pas. 

 

...

 

Le téléphone sonna et retentit dans tout l'appartement. La jeune brune campait devant le téléphone depuis trois heures. Si bien que ses ongles avaient fait les frais de son 

angoisse. Elle s'était finalement assoupie au bout de la troisième heure. Mais dès que la sonnerie du téléphone lui traversa l'oreille, elle se redressa d'un bond et décrocha vivement.

_ Allô ? Cria-elle presque.

Elle écouta la voix qui se mettait à lui parler très vite. Soudain un mot attira son attention.

_ A...Amnésique ? Répéta-elle.

La vois confirma puis continua. Mais la jeune fille n'écoutait plus que d'une oreille, elle était perdue entre le soulagement et la tristesse. Elle finit par remercier la voix et raccrocher. Puis elle se laissa glisser sur la table basse et gémit:

_ Grand-frère... Qu'est-ce que tu as encore fait ?

 

...

 

Keisuke venait de découvrir sa chambre. Elle était bien trop exiguë à son goût mais il s'en contentait. Il regarda dehors. Il commençait à neiger. Soudain il aperçut une silhouette sous la neige. Il plissa les yeux, c'était une jeune fille. Elle était assez petite, brune et ne portait qu'un tee-shirt avec un long gilet et une jupe. Les flocons blancs se prenaient dans ses vêtements et ses cheveux ce qui rendait le tableau encore plus fascinant. Soudain la jeune fille se retourna comme si elle avait senti le regard de Keisuke sur son dos. Leurs regards se croisèrent. La jeune fille le fixa et un magnifique sourire s'étira sur ses lèvres. On aurait dit un ange sous la neige mais le coeur de Keisuke lui disait que c'était plutôt un diable. Il était tellement aspiré par la vue de la jeune femme qu'il ne répondit même pas au sourire qu'elle lui adressait. Il avait l'impression qu'il n'était pas au bout de ses surprises dans cet endroit.