Tomb Raider : Sur les traces de Carter Bell

Chapitre 0 : L'accident

1767 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 20/02/2018 12:01

Quelque part au-dessus de l’océan indien. L’avion survolait la terre depuis neuf longues heures à vive allure. Encore un peu et ils seraient enfin à Katmandou. Lara Croft, accoudée au hublot, poussait de longs soupirs à intervalles réguliers tout en fixant les nuages, sans expression particulière sur le visage. Son esprit semblait ailleurs, même si son cœur était encore là. Les écouteurs dans les oreilles jouant son groupe de rock préféré à plein volume, elle profitait à grande dose de la superbe vue ennuagée s’offrant devant ses yeux, Bientôt, elle allait atterrir dans la capitale népalaise, où elle pourrait alors débuter un long séjour de vacances pour des sensations fortes en ski extrême. C’était ça, la vraie aventure, qui la faisait trépigner d’impatience. Son reflet dans la vitre de l’appareil la montrait se mordillant ardument les lèvres, et tapotant son talon droit sur la moquette avec insistance. D’ailleurs, elle n’avait même pas dormi depuis son départ de Londres. Les hôtesses lui avaient bien proposées de se reposer dans une de ses couchettes attitrées, mais elle préférait rester à son siège, s’occupant avec de vieux bouquins et son fidèle walkman qu’elle veillait toujours à garder à proximité. Le confort ne manquait pas : lumière tamisée, siège en cuir, bar à boissons, qui n’intéressaient de toute manière guère l’aventurière. En fait, tout ce matériel appartenait à sa famille, qui avait commandé un jet privé de leur propre aérodrome. Mais la richesse des Croft était aux antipodes de son caractère. Profiter de ces avantages lui donnait instantanément l’envie de vomir, mais elle n’avait pas le choix si elle voulait garder de bonnes relations et la possibilité de voyager aussi facilement autour du monde. Seulement, son côté rebelle et insouciant ramenaient des tensions entre elle et ses aïeuls qui n’arrivaient pas à comprendre ses goûts pour l’archéologie.  


Quand eux pensaient bourgeoisie et avenir haut placé, elle s’imaginait aventure, forêt tropicale et sauvage. C’est du moins ce à quoi elle se pensait destinée depuis toujours. Depuis la fin de l’adolescence, elle s’attelait à peaufiner sa condition physique en pratiquant notamment divers sports de compétition comme le ski, la varappe ou encore l’escalade. Son niveau au tir de pistolet était excellent et ne plaisait pas aux hommes, encore moins à sa famille, qui sentait alors leur jeune fille s’éloigner lentement de la route toute tracée de comtesse de Surrey.


Les seuls moments de répits étaient ceux passés loin d’eux, Lara aurait enfin le temps de respirer en plein air et de profiter de son voyage. Alors qu’elle revoyait en vitesse les grandes étapes du parcours, une tête qu’elle détestait particulièrement vint s’approcher de son cou.


« Ca va toujours comme vous voulez, miss Croft ? » susurra le jeune garçon aux oreilles de sa belle pour la surprendre.

        Lara expira d’agacement. Lord Farringdon. Il était là, le malheureux moyen pour ses parents de garder un œil sur elle. Le mariage avait été arrangé par son père, dès lors que ce dernier avait trouvé le prétendant convaincant pour sa fille. Le Comte possédait tous les atouts du gendre parfait : une prestance, un beau château, et surtout éclatant d’un milieu bourgeois. Mais, comme douté, la jeune Croft ne voulait absolument pas de ce prince charmant. Elle n’était pas en quête d’amour, elle aimait la solitude, la concentration sur soi-même et n’avait nullement besoin d’être rattaché à un de ces vulgaires comtes britanniques qui ne voyaient pas plus loin que le bout de leur nez. Et pourtant, lui était présent, comme un toutou en laisse. Il était la condition sine qua non au voyage organisé que Lara avait tant demandé dans les montagnes enneigées du Népal. En attendant, elle se devait de faire bonne figure, mais la sympathie ne venait pas facilement.


        « On ne peut mieux, lui répondit-elle dans un sourire crispé.


- Je t’ai attendu, au bar.


- Comme tu peux le voir, je prépare mon voyage, défendit la jeune femme en désignant les feuilles en pagailles sur sa tablette de vol.

- Tu as le temps, l’avion n’atterrit que dans une heure tout au plus.


- Je pourrais commencer tout de suite, répondit-elle sèchement. Tu n’auras qu’à m’attendre à l’hôtel.

- Hors de question, tes parents m’ont dit de t’accompagner. »


Bien sûr… Cette fois s’en était trop. Lara souffla de nouveau et se leva précipitamment de son siège pour rejoindre la cabine des hôtesses, mais son interlocuteur la retint par le bras.

« Pourquoi ne me fais-tu pas confiance ? Ne peux-tu pas m’apprécier au moins une seconde ? lâcha Farringdon de colère.

- Ton côté arrogant et précieux ne m’intéresse pas, Farringdon, pas plus que ce stupide mariage auquel je ne donnerai pas suite, qu’importe ce qu’en disent mes parents. Lâche-moi, s’il te plait. »

Une petite secousse déséquilibra les deux compères et fit tomber Lara dans les bras de son officieux compagnon.  

« Lâche-moi ! » cracha-t-elle au jeune homme avant de s’enfuir vers la cabine.

La voix du bourgeois résonnait au loin : « Tu ne peux pas y échapper Lara, tes parents le sauront… »

Qu’il aille au diable. La brune arrivait face à la cabine de pilotage, et en profita pour s’asseoir sur un des fauteuils des hôtesses pour respirer un peu. Elle s’en voulait d’avoir accepté ce stupide compromis, maintenant ce garçon ne la lâcherait plus d’une semelle, et il fallait coûte que coûte qu’elle s’en débarrasse.

Une seconde secousse, d’une intensité inquiétante vint de nouveau perturber l’avion, si bien que Lara failli basculer en avant et se raccrocha au siège. Deux hôtesses surgirent tout à coup de la cabine de pilotage, dont une se rapprocha rapidement de Lara pour l’alerter :

« Nous entrons dans une tempête, il faut retourner à votre place mademoiselle Croft ! »

Lara fronça les sourcils face à ce soudain évènement. Une tempête ? Son père lui avait bien prévenu du temps, mais pas de cette ampleur. Elle sentit fermement que quelque chose n’allait pas alors qu’elle observait un instant les deux pilotes aux commandes de l’appareil :


        « Mayday, Mayday, ici l’avion M19SG, notre avion est au-dessus de l’Himalaya, réacteur en feu, demande assistance pour atterrissage au plus vite, répondez ! 


- Nous allons vous ramener à…


- Non, attendez ! coupa Lara alors que son interlocutrice lui attrapait le poignet. Que se passe-t-il ? Est-ce grave ?


- Comme je vous l’ai dit, nous allons devoir nous poser en urgence. Venez avec moi, je vous en prie. »

Plus les secondes passaient et moins la jeune femme était rassurée. Elle espérait grandement que cet incident ne tourne pas au cauchemar, ou son père lui en voudrait jusqu’à la fin de ses jours.

Arrivée très vite à son compartiment, elle se retrouvait de nouveau face à son pseudo-fiancé.

« C’est quoi ce cirque ? Qu’est-ce qu’il se passe Lara ? questionna-t-il dans l’incompréhension.

- La tempête a causé un incendie du réacteur gauche, nous devons nous poser maintenant. Attache-toi, ordonna-t-elle dans un semi-tremblement de voix qui tentait tant bien que mal de montrer qu’elle faisait toujours preuve de sang-froid.

- Oh, je vais être malade… »

Farringdon vomissait déjà toutes ses tripes dans une poche en plastique, tandis que Lara observait sans pouvoir agir le spectacle de feu qui se produisait à l’extérieur. Le réacteur était devenu noir de cendres, brûlé à vif par l’incendie. Autour, la tempête se faisait sérieusement menaçante, le cargo entrait dans des nuages plus sombres encore, traversés par des éclairs exceptionnellement vifs et l’archéologue apercevait peu à peu les pics himalayens devenant de plus en plus gros au fur et à mesure que l’avion se rapprochait de la terre. Lara devenait ébahit, et mesura enfin l’ampleur des dégâts.

« On va se crasher ! » hurla-t-elle, totalement affolée par la situation.

L’hôtesse devant elle courut vers sa place mais tomba à la renverse dans un tremblement abasourdissant. La cabine était sans dessus-dessous, les affaires volaient en éclat de tous les côtés et manquèrent de blesser gravement les deux anglais. L’avion piquait maintenant du nez, la fin était proche, ils ne voulaient pas y croire, elle ne voulait pas le vivre.

Lara, en se maintenant de toutes ses forces à son siège, se protégeait les yeux pour éviter d’assister à ses dernières secondes de vie. Contrairement à ce qu’on dit toujours, un film ne défilait pas devant ses yeux. Aucune pensée ne lui traversait l’esprit sur le moment, mais une voix répétait en boucle dans sa tête : « Faites que ce soit un rêve, faites que ce soit un rêve ». Aussi, alors que le son devenait de plus en plus trouble et qu’elle n’entendait ni les cris du Lord ni le tonnerre fracassant, elle se dit qu’elle ne pouvait pas mourir maintenant, et qu’elle avait encore tellement de choses à prouver, à montrer au monde. Une lueur d’espoir était encore là, en elle, s’accrochant à une bonne étoile, une chance de survivre. Au même moment où elle ouvrit les yeux pour constater la situation, elle se sentit déjà soufflée vers l’arrière alors qu’elle ne voyait que le ciel nuageux du Népal. La cabine, décrochée d’une partie de l’engin, plongeait vers le sol sans que rien ne puisse l’arrêter. La jeune femme arrêta de respirer. 


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