Petite Etincelle

Chapitre 26

10920 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 23/08/2022 11:08

Je vous souhaite une excellente lecture.

CHAPITRE 26

POV Normal

Moonlight patientait tranquillement à une table dans la salle de ravitaillement. Les bras croisés et affalée contre le dossier de sa chaise, elle fixait le couloir en face sans jamais sourciller, deux cubes d’energon vides posés devant elle. La salle étant presque entièrement vide, elle attendait que le dernier robot présent parte à son tour pour la laisser complètement seule. Elle n’avait plus la moindre notion du temps depuis qu’elle avait été amenée de force dans cette base. Cependant, elle restait observatrice, une très bonne observatrice, même. En général, les robots se rassemblaient dans la salle de ravitaillement à des moments bien précis du cycle, à midi ou le soir, ce qui lui laissait supposer que le cycle venait à peine de débuter, puisqu’elle n’avait croisé que deux Decepticons jusqu’à maintenant.

Une simple déduction qui pourrait très bien s’avérer fausse, mais elle n’avait aucun autre moyen de se repérer dans le temps pour le moment, si ce n’est en prêtant attention aux plus infimes détails. Pour envoyer un message à l’extérieur et espérer qu’il soit reçu, elle devait viser les groons où les Autobots étaient susceptibles d’être les plus actifs. Ce qui signifiait qu’elle devait à tout prix éviter la nuit, quand la plupart rechargeaient paisiblement dans leurs appartements. Elle n’aurait qu’une unique opportunité de contacter l’extérieur. Il était donc impératif qu’elle ne se trompe pas dans ses calculs, afin de maximiser ses probabilités de réussite. Une chance sur deux… Moonlight posa ses optiques sur le Decepticon et l’épia tandis qu’il se levait de sa chaise pour rejoindre la sortie, sans accorder la moindre attention à la fembot bleue assise à la table voisine. Il disparut calmement dans le couloir, l’écho de ses pas lourds résonnant. Désormais seule dans la pièce, elle se leva d’un bond, prit le même chemin vers la sortie… Puis bifurqua dans la direction opposée.

Pas de témoins.

Le bruit de ses pas feutrés, en rythme avec son Spark, elle longea soigneusement le mur lorsqu’elle croisa un groupe de Véhicons en sens inverse. Les optiques baissées pour ne pas attirer l’attention, Moonlight attendit que le groupe s’éloigne avant de reprendre son exploration aussi discrètement que possible. Elle faisait particulièrement attention aux positions des caméras de surveillance, veillant à rester hors de leur champ afin de ne pas éveiller les soupçons de celui qui les surveillait en permanence. Soundwave devait certainement être à l’affût. Elle n’avait encore jamais eu l’occasion de se balader seule dans la base souterraine, et encore moins dans cette partie qui lui était par conséquent totalement inconnue. Les couloirs se ressemblaient tous, se répétaient sans fin alors qu’elle s’enfonçait dans une section beaucoup moins peuplée que le reste de la base, voire même désertée. À cette profondeur, il n’y avait évidemment aucune fenêtre pour se repérer, ni la moindre nuisance sonore venant du monde extérieur. Tout était excessivement calme...

«Trouver ce qu’ils manigancent… Allez, Moon, tu peux le faire.» Chuchota-t-elle pour se motiver pendant qu’elle descendait dans les étages inférieurs à la demande de Zéphyr. Que pourrait-elle bien trouver en bas ? Rien de très rassurant, si même l’espionne de Jazz n’avait pas le droit d’y accéder…

Arrivée devant un monte-charge délavé et rouillé, elle pressa le bouton à sa droite pour activer l’élévateur. Le grincement inquiétant du mécanisme fit remonter la gigantesque plateforme jusqu’à elle, augmentant drastiquement son stress à mesure qu’elle approchait. Cette installation n’avait pas l’air très solide… Agitée, elle jeta un rapide coup d’optique par-dessus son épaule, histoire de s’assurer que personne ne la suivait ni même ne l’avait repérée. Après tout, elle ignorait si elle était autorisée à descendre aussi bas. A priori oui, sinon Soundwave serait déjà intervenu grâce à ses innombrables caméras de surveillance dissimulées dans chaque recoin de la base. Elle en avait peut-être oublié une… Redressant son châssis pour se donner du courage, la fembot en exploration s’engouffra dans le monte-charge et appuya sur un bouton au hasard pour descendre aux niveaux inférieurs. Les étages défilaient un à un dans un vacarme métallique angoissant, tandis que les néons violets projetaient leur lueur sur son visage argenté durant sa longue descente vers les entrailles de Cybertron.

Ou presque.

Une fois la destination aléatoire atteinte, les doubles portes s’ouvrirent pour dévoiler un entrepôt gigantesque où étaient stockés un nombre incalculable d’armes et de cargaisons de ravitaillement. Moonlight fit un pas méfiant en avant, ses optiques écarquillées de surprise scannant les éléments autour d’elle, sur le qui-vive au cas où un Decepticon serait dans les parages et pourrait éventuellement la repérer. C’était relativement sombre ici, mais également très humide et froid, des conduits d’aération recrachant une fumée blanchâtre un peu partout dans l’entrepôt.

Les optiques plissées à cette pénombre omniprésente, elle se glissa silencieusement entre les nombreuses caisses entreposées sur ce qui semblait être un quai d’une longueur hallucinante. Il y avait également des chariots remplis de cristaux d’energon stockés sur sa droite, derrière d’imposantes armoires scellées par un cadenas informatique.

«Primus, qu’est-ce que c’est que cet endroit…» Frémît Moonlight alors qu’elle s’enfonçait un peu plus loin dans l’entrepôt intriguant, tout en croisant les bras quand un frisson se glissa dans son dos.

Les Decepticons entreposaient tout un tas de choses ici, des simples caisses de cubes d’energon aux armes de guerre les plus meurtrières. De lourds contenants étaient suspendus au-dessus de sa tête par une solide lanière et se balançaient doucement au gré du vent qui s’infiltrait dans l’entrepôt interminable. Sur sa gauche, à environ une vingtaine de mètres plus loin, se dressaient d’immenses grilles robustes pouvant contenir des prisonniers ou encore les créatures les plus dangereuses que Cybertron ait jamais portées. Piquée par une soudaine curiosité, Moonlight se dirigea vers la cellule la plus grande face à elle, les optiques plissées pour mieux distinguer son contenu. Mais au fur et à mesure qu’elle s’en approchait, elle pouvait ressentir de petites vibrations dans ses pedes, irrégulières mais bien marquées. Puis un grognement profond retentit tout à coup dans l’entrepôt, arrêtant net Moonlight dans ses pas qui leva les bras à ses côtés pendant qu’elle écoutait ce terrible son se reproduire une seconde fois.

Ce grognement… Elle s’en souvenait bien, c’était celui qu’elle avait entendu lors de son premier combat d’arène contre les mutants.

Effrayée mais poussée par la curiosité, elle fit un pas en avant vers la grille face à elle, déterminée à découvrir l’origine de ces étranges bruits qui résonnaient sporadiquement jusque dans les étages supérieurs de la base. Parfois même jusque dans sa propre cellule. L’obscurité l’empêchait de voir la chose qui se trouvait derrière les barreaux, toutefois elle était presque certaine qu’il s’agissait d’une créature immense, au vu des vibrations intenses accompagnant ses grognements. Ou plutôt ce qui ressemblait à des sons plaintifs, des lamentations, maintenant qu’elle était à proximité de la grille rouillée et donc en mesure de faire cette constatation. Jetant un coup d’optique prudent derrière elle pour s’assurer qu’elle n’était pas repérée, Moonlight s’accroupit devant la vaste cage et tenta, malgré la pénombre, de discerner les formes. Jusqu’à ce qu’elle comprenne enfin à quoi elle avait affaire.

Un sentiment de terreur se propagea immédiatement dans son protoforme tandis que son Spark fit une violente embardée, la projetant presque en arrière de stupeur quand la lumière naturelle de ses optiques révéla la tête de la créature mythique. Une tête allongée immense, des crocs saillants, une armure épaisse argentée, de longs audios et deux cornes violettes se dressant parmi des extensions jaunes semblables à des câbles... Elle n’en n’avait jamais vue auparavant, car il s’agissait de créatures disparues depuis des vorns maintenant ! Du moins, c’était ce qu’elle pensait jusqu’à ce cycle avec toutes ces histoires que les vétérans avaient racontées au sujet de leur extinction massive. Mais ce Predacon présentait une particularité : au lieu de puissantes ailes pour voler, il possédait quatre appendices mobiles aussi épais que les câbles qui pendaient un peu partout dans le laboratoire de Shockwave. Des sortes de longs bras mécaniques plus exactement.

Pour le moins choquée par sa découverte, la peur qui brûlait dans son Spark commença peu à peu à s’atténuer, remplacée par une étrange fascination. Le Predacon émit un nouveau petit grognement, plus plaintif cette fois, comme une lamentation étouffée. Il n’avait visiblement même pas remarqué la présence de la fembot postée derrière la grille. Allongé de tout son long contre les barreaux rouillés, ses optiques restaient hermétiquement clos, trahissant un état de conscience altéré. Il était bien éveillé, mais prisonnier d’une douleur sourde et constante que les Decepticons semblaient avoir exacerbée, probablement à l’aide de substances destinées à l’immobiliser. Sinon, pourquoi serait-il aussi calme ? Pourquoi cette léthargie inhabituelle chez une créature réputée pour sa férocité et sa vigueur sans pareil ? Ces bêtes redoutables, longtemps considérées comme les Rois majestueux de la surface de Cybertron, avaient autrefois régné sans partage bien avant que les factions ne divisent la planète. Nombreux étaient les récits épiques décrivant leur sauvagerie et leur puissance inégalée, faisant d’eux les prédateurs ultimes.

Un sourire empreint de tristesse apparut sur le visage de Moonlight alors qu’elle tendait prudemment sa main gauche pour effleurer la carrosserie argentée de la bête apathique du bout des doigts. Au contact de sa main, le Predacon protesta doucement. Les vibrations engendrées par son grognement traversèrent tout le bras de la fembot jusqu’à résonner au centre même de son châssis, élargissant ainsi son sourire mélancolique face à cette scène désolante. Une créature aussi emblématique ne devrait jamais être réduite à cet état… Réduite à une ombre d’elle-même, vulnérable et brisée, comme une reine déchue enfermée dans une cage de fer. Soumise à des mechas assoiffés de pouvoir prêts à tout pour l’obtenir, même à infliger la souffrance. Ils n’avaient décidément aucune limite dans leur quête de domination, brisant tout sur leur passage sans la moindre pitié. L’esclavagisme était un fléau. La main posée à plat sur la large plaque métallique de son cou, Moonlight caressa tendrement la bête qui ronronnait sous son toucher, manifestement apaisée.

«Comment peut-on faire une chose pareille… À une créature aussi noble que toi…» Se demanda-t-elle tout en s’asseyant devant la grille, ramenant ses genoux contre son châssis avec le menton posé sur son bras replié.

Elle resta quelques instants de plus dans cette position à caresser le Predacon endormi, jusqu’à ce qu’elle remarque la présence d’un levier à droite de la grille. Il s’agissait du mécanisme pour déverrouiller la cellule géante… Une idée dangereuse germa aussitôt dans son esprit. Et si elle libérait la créature ici, dans l’entrepôt ? Le chaos s’installerait, sèmerait la panique parmi les Decepticons enfermés dans une base aux issues rares. Elle pourrait voir les stocks d’energon et les cargaisons réduits en décombres, provoquant une véritable tempête de destruction. Cela pourrait lui offrir une occasion de s’échapper sans être vue. Oui… Elle pourrait tout aussi bien libérer le Predacon de ses chaînes, mais en l’utilisant égoïstement à son avantage, elle le condamnerait aussi à se faire tuer sans le moindre doute. Et jamais elle ne pourrait vivre avec ça sur la conscience. C’était juste une très mauvaise idée qu’elle n’était pas prête à exploiter tant qu’il lui restait de la lucidité.

Elle détourna alors ses optiques du levier pour se concentrer sur les lourdes chaînes enroulées autour du cou de la créature, l’immobilisant avec une force écrasante. Imposantes et épaisses, elles évoquaient un emprisonnement sans espoir. Elle ne distinguait que partiellement le reste du corps du Predacon. Un bout de son dos, sa tête massive et ces étranges tentacules noirs qui ondulaient faiblement sur le sol. Elle devinait que ses pattes aussi étaient solidement entravées pour l’empêcher de riposter contre ses tortionnaires. Des marques de brûlures ornaient ses plaques dorsales, laissant penser à des électrochocs répétés. Était-ce donc ainsi qu’ils la contrôlaient ? Comme elle ? De la barbarie, voilà ce que c’était. Son Spark pulsa de rage quand ses doigts passèrent sur une profonde entaille se trouvant sur son épaule carrée de couleur verte, un autre signe de maltraitance parmi tant d’autres. Perdue dans son inspection, Moonlight sursauta puis retira subitement sa main du Predacon amorphe lorsqu’elle entendit un bruissement dans la cage d’à côté.

«Hé… Qu’est-ce que tu fabriques ici ? Tu ne devrais pas être là… C’est dangereux dans le coin.» Croassa péniblement une voix qu’elle reconnut comme étant celle du robot de couleur brun.

Il était encore de ce monde ! C’était à peine si elle arrivait à y croire après le violent coup qu’il s’était pris de Brawl.

«Primus tout-puissant, vous êtes en vie !» S’exclama-t-elle de stupéfaction tout en se précipitant vers la plus petite cellule pour voir que le mecha en piteux état était affalé entre le mur et la grille. Mais à la vue de ses blessures ouvertes, son sourire ravi disparût pour laisser place à une profonde inquiétude.

«Vous êtes dans un triste état… V-vous avez besoin d’aide ! Il faut que je vous trouve un cube d’energon tout de suite !» Constata-t-elle nerveusement, se retournant aussitôt pour chercher de quoi lui venir en aide. Toutefois, la voix affaiblie du mecha l’en empêcha.

«Non attends, Moonlight… Ce n’est pas la peine. Je suis foutu de toute façon. Il ne me reste plus beaucoup de temps avant de rejoindre le Allspark. Alors écoute-moi, s’il te plaît…» Supplia le robot qui fut pris d’une violente quinte de toux. Il cracha du liquide bleu. Retirant lentement sa main qui faisait office de compresse sur sa blessure au flanc, il la posa faiblement contre les barreaux face à la fembot attentive, laissant dans son sillage quelques gouttes d’energon éclabousser le sol.

«Tu ne dois jamais faire confiance aux Decepticons ! Tout ça… C’est une mascarade. Ils savent que tu es ici… C’est peut-être même ce qu’ils voulaient.» Sa voix rauque s’étrangla sous l’effort, mais il continua malgré la douleur.

«Ne crois jamais une seule parole de Megatron… Il cherche à te manipuler pour atteindre Optimus Prime par tous les moyens possibles. Ta vie lui est égale. Tout ce qui l’intéresse, c’est le pouvoir… C’est sa seule obsession. La seule. Et il est prêt à tout écraser sur son passage pour l’obtenir. Et toi…» D’un geste tremblant, il leva difficilement son bras vers Moonlight ; «Il veut t’utiliser pour accomplir sa vengeance. Il ne veut pas seulement retirer son titre à Optimus… Il veut l’anéantir. L’effacer. Le briser. Jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien de lui.»

Les optiques baissées vers le sol, Moonlight releva lentement le regard vers l’Autobot mourant, une ombre lugubre traversant son visage pourtant si doux. Il ne lui apprenait rien qu’elle ne soupçonnait pas déjà… Et pourtant, quelque chose dans sa voix la troubla. Un infime frémissement, à peine perceptible, mais chargé de ce qu’elle identifia comme de la culpabilité. Un poids de regrets trop lourds à porter. Pourquoi lui disait-il tout cela, maintenant ? Au bord de la déconnexion ? Interpellée par cette nuance dans son ton, la fembot s’avança jusqu’à la grille en posant ses mains sur les barreaux froids pour le fixer dans les optiques. Un pincement traversa son Spark lorsqu’un gémissement de douleur échappa au mecha, qui pressa de nouveau sa main contre sa blessure béante, l’energon suintant toujours sur son armure déformée. Il lui inspirait une profonde pitié. Pas uniquement pour l’atrocité visible de ses blessures, mais pour toute la détresse silencieuse qu’il peinait à contenir. Il souffrait, et pas seulement dans son corps mais aussi dans son esprit. Quelque chose en lui était brisé… Et Moonlight pouvait presque en ressentir les fragments.

«Comment connaissiez-vous mon nom ? Je ne l’ai jamais dit à aucun d’entre vous.» Lui demanda-t-elle avec fermeté. Ce n’était pas vraiment une question, mais plutôt une accusation. Elle plissa les optiques lorsque l’Autobot tremblant esquissa un sourire nostalgique.

«J’ai connu ton créateur… J’étais dans la garde d’Elite avec lui, autrefois. Tu lui ressembles tellement… Je le reconnais à travers toi. Tu as la même volonté de te battre, la même petite étincelle dans le regard. Ton Spark est aussi vaillant que le sien. Tu te préoccupes des autres avant ton propre bien-être… Tu cherches l’équilibre et la justice. Et tu caches ta peur derrière ce regard inflexible.» Il se mit à rire en désignant les optiques de Moonlight, ce qui déclencha une nouvelle quinte de toux et quelques crachats d’energon. Puis lentement, son sourire s’effaça quand il poursuivit avec regret.

«Mais je l’ai trahi. Je les ai tous trahis… Optimus l’ignorait, il n’en savait rien ! Il ne l’aurait jamais envoyé au front s’il avait su… Il faut que tu me croies ! Ce n’était pas de sa faute ! Tout cela n’est qu’un terrible malentendu !» S’empressa-t-il de confier à son interlocutrice perplexe face à ses aveux en attrapant subitement sa main dans la sienne pour la rapprocher de la grille. Comme pour lui murmurer un secret, ses optiques épouvantées dans les siennes abasourdies.

Moonlight s’apprêta à dire quelque chose pour tenter de comprendre ce qu’il voulait dire par là, mais au même instant, les portes du monte-charge s’ouvrirent et une voix s’éleva dans l’entrepôt géant. L’Autobot brun ordonna immédiatement à la fembot de se cacher avant que quelqu’un ne la remarque, la peur luisant dans ses optiques bleues alors qu’elle se précipitait derrière les caisses les plus proches dans un élan de panique. Elle eut juste le temps de se dissimuler avant qu’un Decepticon ne s’approche des cages, accompagné d’un autre robot trois fois plus grand que lui. Il s’en était fallu de peu… En plus, le cliquetis de son collier avait failli trahir sa présence. Le manque de luminosité l’empêchait de distinguer clairement les deux inconnus, mais elle pouvait néanmoins apercevoir l’apparence de celui qui lui tournait le dos.

De couleurs dominantes violettes et noires, il était grand et terriblement effrayant, surtout vu sous cet angle ! Il était encore plus intimidant. Une double rangée de chenilles de tank formait ses épaules massives tandis qu’un énorme canon à fusion fixé à son bras droit complétait son design de robot démolisseur. Deux autres canons étaient soigneusement rangés dans son dos, juste derrière ses omoplates rectangulaires, où d’autres plaques plus épaisses venaient renforcer son armure. Monstrueusement massif et d’une puissance écrasante, chacun de ses pas faisait vibrer les caisses autour de Moonlight alors qu’il se dirigeait vers la cellule contenant le Predacon enchaîné. Par précaution, elle couvrit sa bouche avec ses mains tout en s’éloignant le plus possible contre la caisse derrière elle pour pouvoir se recroqueviller, les ailettes aplaties et les évents fonctionnant au minimum afin de ne pas alerter sur sa présence indésirable. Si elle se faisait remarquer, elle n’était pas certaine de l’issue de cette confrontation avec un mecha de cette taille…

Elle prêta une audio attentive à leur échange.

«Il est clair qu’elle n’est pas encore opérationnelle. Mais d’ici un ou deux cycles tout au plus, elle devrait être prête pour la grande représentation. Pour le moment, nous la gardons sous sédatif, nous ne voudrions pas risquer un acte de rébellion !» Expliqua le plus petit Decepticon qui paraissait tout maigrelet à côté de la machine de guerre ambulante.

«Elle le sera. Et lui ? Pourquoi est-il enfermé ici, à se vider de son energon ? Est-ce un châtiment ?» Interrogea ce dernier d’une voix caverneuse, tournant la tête vers la deuxième grille à sa droite ce qui permit à Moonlight d’apercevoir son visage.

Il portait un masque de l’insigne Decepticon.

«Oh, lui ? Ce n’est rien du tout. Un cobaye de Shockwave qui ne nous est plus d’aucune utilité. Il n’en a plus pour très longtemps, de toute façon !» Ricana nerveusement l’autre robot d’un petit haussement d’épaules penaud, faisant à peine attention à l’Autobot agonisant dans sa cage tant il ne se sentait pas en sécurité avec le bot qui l’accompagnait.

À peine eut-il le temps de finir sa phrase que le canon du mecha violet se braqua sur le châssis du bot mourant entre les grilles pour l’achever d’un coup de blaster. Le bruit sourd de la détonation effraya la fembot qui tressaillit violemment contre la caisse, les optiques écarquillées d’effroi, ses mains fermement serrées contre sa bouche pour empêcher le moindre son de s’échapper. Le corps de l’Autobot se détendit aussitôt contre la grille, ses optiques s’éteignant lentement avec son visage tourné dans sa direction. Épouvantée par la scène, elle n’osa pas bouger d’un pouce tandis que l’energon de son semblable se répandait rapidement sur le sol, aux pedes des deux Decepticons venus faire une brève inspection. Cet acte impitoyable s’ajoutait aux nombreux autres dont elle avait été témoin depuis qu’elle séjournait chez l’ennemi, à croire que tous ceux qu’elle côtoyait étaient destinés à mourir juste sous ses optiques…

«Il faut savoir mettre un terme aux souffrances de nos ennemis. J’accorde que c’est un spectacle des plus satisfaisants, mais un Autobot mort, c’est un pas de plus vers la victoire. Et je ne veux pas que les cellules soient occupées par des détritus. Est-ce assez clair ?» Claqua sévèrement le bot violet et noir en se tournant vers son collègue tout aussi surpris par cette mise à mort rapide et brutale.

«O-oui ! Absolument ! Il n’y aura plus de prochaine fois.» S’excusa-t-il à la hâte, ne voulant pas contrarier le robot menaçant avec des paroles maladroites. Surtout depuis que des rumeurs circulaient comme quoi il formerait un groupe de Decepticons puristes… Les mains levées, il recula prudemment de deux pas quand le canon redoutable s’orienta vers lui d’un geste sec.

«Procédons méthodiquement. Gardons ces cellules pour des prisonniers valides, ceux qui peuvent nous être utiles. Pour les autres, tu sais ce qu’il te reste à faire.» Déclara sombrement le mecha imposant, ses optiques rouges se rétrécissant derrière le masque de Decepticon. Son canon, encore rougeoyant et prêt à l’emploi, se braqua un instant au visage du bot terrifié plus petit puis il le rabaissa soudainement vers le sol pour le libérer de sa menace. Il s’éloigna ensuite pour rejoindre le monte-charge tout en dictant une dernière instruction.

«Fais en sorte qu’elle soit prête dans les temps. Ne m’oblige plus à redescendre, Wingspan. Je t’assure que tu le regretterais.» Avertit ce dernier sans ménagement alors qu’il était rapidement rejoint par son camarade Decepticon, à deux doigts de faire une surtension.

Toujours dans l’incapacité de bouger après cette scène, Moonlight restait parfaitement immobile contre les caisses de stockage, ses optiques horrifiées fixées sur le cadavre dans la cellule face à elle. Faire passer ce meurtre pour de la charité… Alors que c’était sans conteste un acte de cruauté. Elle ignorait pourquoi, mais cet étrange Decepticon masqué lui instaurait un sentiment de terreur, comme si chaque geste, chaque mot, était calculé pour briser aussi bien les corps que les Sparks. Lorsque les voix se dissipèrent et que les portes du monte-charge se refermèrent, elle retira lentement ses mains de sa bouche pour laisser ses évents refroidir ses systèmes d’un soupir à peine audible. Ce fut à ce moment-là qu’elle remarqua qu’elle avait de l’energon sur ses doigts, l’energon du mecha quand il lui avait pris la main… Elle avait envie de purger. Avant de sortir de sa cachette, elle attendit dans cette même position plus d’un breem pour être certaine qu’aucun des deux Decepticons n’était encore dans les parages. Mais mis à part le bruit de la ventilation et les petits grognements du Predacon, il n’y avait rien de vraiment alarmant.

Moonlight se traîna sur le sol jusqu’à la cage où se trouvait le corps inerte de l’Autobot afin de lui croiser les mains sur son châssis pour un minimum de dignité, après cette mise à mort… Rien que pour la postérité. Peinée, elle tapota gentiment ses mains en une prière silencieuse à Primus avant de se relever sur ses pedes, poussant un petit souffle malheureux. Elle se sentait déboussolée, perdue et terriblement seule désormais. Elle n’avait plus qu’une idée en tête, c’était de trouver le moyen d’envoyer sa position au monde extérieur pour que ce cauchemar cesse enfin. Avant qu’elle ne perde définitivement la tête… Noyée sous un torrent d’images épouvantables, toutes résumées à la mort et à la destruction. À force de côtoyer la violence, Moonlight craignait de ne pas réussir à s’en sortir indemne de cette épreuve traumatisante.

.:Opi, si tu m’entends, sache que je me serais battue jusqu’à la fin…:. Cela ressemblait plus à un adieu, car elle n’était pas certaine de survivre à tout ça. Les blessures mentales ne se réparaient pas comme les blessures physiques, elles étaient indélébiles.

La fembot déterminée à retrouver la liberté marcha rapidement vers le monte-charge pour remonter de quelques étages avec une idée bien précise en tête, laissant derrière elle un allié.

Et un héros.

oOoOoOoOoOoOoOoOoOo

POV Moonlight

Je m’engouffrai dans les couloirs aussi vite que mes pedes me le permettaient.

Le Spark alimenté par l’adrénaline, je prenais garde de ne croiser personne sur ma route, faisant même des détours pour éviter un maximum de témoins. Je ne voulais que personne ne sache où j’allais, pas même ces fichues caméras de surveillance placées à chaque angle ! La faible lumière bleutée des lumières de sécurité balayait la surface rugueuse des murs, révélant des traces d’usure et des éclats de peinture écaillée. Par moments, le cliquetis mécanique des portes automatiques rompait le silence oppressant de la base. Je détestais cet endroit lugubre, où des cris me faisaient parfois sursauter. Je savais d’où ils provenaient. Constamment aux aguets, je rasai les murs quand j’entendis des voix à l’opposé de ma position, sous une alcôve non loin de la salle que je cherchais désespérément à rejoindre. Je reconnus facilement la voix monotone d’un des deux mechas. C’était Shockwave, le scientifique psychopathe aux connaissances illimitées.

«Il l’a tué ?» Demanda ce dernier, une touche d’ennui perceptible dans son timbre profond.

«Affirmatif. Il ne nous reste plus aucun cobaye viable pour votre expérience sur la liaison cortico. J’ai tenté de l’arrêter ! Je vous le jure ! Mais il ne m’a pas écouté !» Se justifia avec empressement le Decepticon nommé Wingspan, si je me souvenais bien. Un menteur, et pas des plus doués apparemment.

«Tarn n’est pas du genre patient. Je vais devoir trouver un autre sujet. Nous sommes trop proches du but pour tout arrêter maintenant. Le téléchargement des données est un franc succès, il ne reste plus qu’à trouver le bon fréquencage pour que la synchronisation se réalise, discrètement et sans séquelles. Invisible au scan. Il ne nous reste plus beaucoup de temps pour réaliser cette opération délicate. Megatron veut que tout soit prêt au plus vite. Agissez en conséquence, ou je prendrai personnellement les mesures nécessaires pour garantir le respect de cette directive.» Expliqua froidement Shockwave à son interlocuteur vraisemblablement nerveux.

Mais de quoi parlait-il ? Une autre de ses abominables expériences, sans doute. J’étais intriguée par cette conversation, repensant automatiquement à l’étrange point rouge que j’avais vu sur mon hologramme. Prenant garde à ne pas attirer l’attention des deux Decepticons encore en pleine discussion, je restai figée contre le mur jusqu’à ce qu’ils s’éloignent enfin et libèrent la voie. Une pointe douloureuse s’était logée dans mon Spark à la simple évocation de l’Autobot sauvagement abattu dans l’entrepôt… J’avais été impuissante face à ce drame, et les remords m’accompagneraient le restant de ma vie, sans jamais percer le mystère de mon créateur biologique. La curiosité me tenaillait, mais je n’avais pas le luxe d’y penser plus longtemps. Une fois certaine que l’alcôve et le couloir étaient désertés, je me glissai prestement vers le sas de décontamination, passant sous la caméra de surveillance fixée sur le mur. Son angle de vision ne me permettait pas d’être détectée, offrant ainsi une chance minime à Soundwave de savoir que je m’infiltrais dans ces locaux sécurisés en l’absence de Shockwave.

Une fois à l’intérieur de la pièce, après la dépressurisation obligatoire, je lançai furtivement quelques coups d’optique à droite et à gauche pour m’assurer que j’étais bien seule dans ce laboratoire sinistre. L’odeur m’agressa instantanément. C’était un mélange âcre d’huile chaude et de rouille, une senteur métallique et dérangeante qui glaçait le Spark. Mais le temps pressait, il fallait agir vite avant que le savant fou ne revienne de sa petite promenade. Le silence pesant n’était troublé que par le bourdonnement incessant des machines, dont l’ordinateur trônant au centre même de la pièce. À côté de la couchette curieusement immaculée, l’écran diffusait une faible lueur blafarde, reflétée sur les surfaces métalliques et les innombrables appareils, la plupart m’étaient inconnus. Certains, cependant, je les avais déjà expérimentés contre mon gré lors de mon opération. À mon plus grand malheur. Un frisson me parcourut le dos au souvenir atroce de ce cycle, où j’avais découvert ce que signifiait souffrir le martyr…

Là, attachée sur la table d’auscultation, à hurler jusqu’à ce que mon vocaliser ne s’éteigne de lui-même.

Secouant vivement la tête pour chasser ces images insoutenables de mon esprit, je me dirigeai vers le fond de la pièce où quelque chose avait titillé ma curiosité. J’avais toujours voulu savoir à quoi servaient ces immenses câbles noirs suspendus au plafond, intriguée à chaque fois que je me rendais dans ce lieu malsain. Enfin, à chaque fois qu’on m’y obligeait... D’un regard inquisiteur, je suivis l’un d’entre eux qui s’étendait jusqu’à une pièce adjacente ouverte sur le laboratoire principal. Une étrange lumière jaunâtre s’en échappait, vacillante, presque vivante. J’avais l’impression qu’elle ondulait, comme si quelque chose se mouvait dans ses profondeurs. J’avais déjà vu le cyclope s’y rendre durant l’une de mes visites forcées, mais jusqu’ici, je n’avais jamais eu la chance de découvrir ce qu’il dissimulait. La tentation était trop forte pour que je résiste plus longtemps.

Passant timidement la tête dans la pièce interdite dissimulée derrière un rideau opaque, je découvris d’un mélange de surprise et d’horreur d’immenses tubes reliés aux fameux câbles, dans lesquels baignaient diverses créatures. Étaient-elles mortes ? Je me le demandais alors que mes optiques sondaient la pièce. Leurs corps flottaient dans ce liquide jaunâtre, mais j’avais plutôt l’impression qu’elles étaient en dormance ou quelque chose de similaire, car les lumières intégrées à leurs armures restaient allumées. Mais à quoi jouait ce scientifique ?! Désemparée face à ces six tubes et plus encore par ce qu’ils contenaient, je décidai que j’en avais assez vu. Secouant la tête de consternation, je regagnai l’autre salle pour poursuivre mes recherches d’indices, dans l’espoir de trouver un moyen de contourner le brouilleur de signal. Bien sûr, je savais que tout ce qui touchait à la communication se trouvait dans la salle de contrôle, mais j’avais repéré quelque chose d’intéressant la dernière fois qui méritait une attention particulière.

À mi-chemin vers l’ordinateur central de Shockwave, je m’arrêtai brusquement lorsque je vis des jerricans et des cuves remplies de substances chimiques entassées contre le mur. Certaines de ces mixtures, pour la plupart toxiques, formaient des bulles multicolores qui, en éclatant à la surface, émettaient un étrange crépitement. C’était assez satisfaisant à entendre… Craintivement, j’observai quelques-unes de ces bulles avant qu’un mouvement sur ma droite ne détourne mon attention vers une grille. Ou plutôt une cage un peu plus grande que moi. D’un léger sursaut de peur, je m’approchai en plissant les optiques pour percer l’obscurité de la cellule d’où provenaient ces bruits. Je savais que ce n’était pas la meilleure idée, mais je voulais découvrir quels cobayes Shockwave gardait dans son laboratoire.

Puis soudainement, une chose se jeta contre les grilles pour tenter de m’attraper avec son bras. Par chance, mes réflexes étaient toujours aussi bons, ce qui me permit de sauter en arrière juste avant que la créature n’agrippe mon bras avec ses serres meurtrières. En réalité, il s’agissait d’un robot, une fembot plus précisément. De couleur vert clair et blanc, la fembot derrière la grille s’accrochait aux barreaux tout en les mâchouillant furieusement avec ses dentas pointues, la folie se reflétant dans ses optiques vertes lumineuses. Le bot agressif tentait tant bien que mal de ronger la grille qui me séparait d’elle, mais heureusement, cette cage était robuste et à l’épreuve de la colère. Posant une main au-dessus de mon Spark pulsant à tout rompre, je regardai la fembot folle dans les optiques tandis qu’elle cherchait un moyen de m’atteindre pour me dévorer, ses grognements se faisant de plus en plus forts à cause de sa frustration.

«Qu’est-ce que vous êtes…» Chuchotai-je, troublée.

Mais bien sûr, la fembot ne répondit jamais à ma question. Submergée par la peur, je pris du recul jusqu’à ce que mes ailettes touchent le mur derrière moi. Je voulais m’éloigner de cette fembot… Non, de cette créature terrifiante et détraquée ! Je n’avais jamais vu un tel regard délirant sur le visage d’un robot auparavant, ce qui suscita en moi un profond sentiment de malaise. Sur le point de lui ordonner de se taire pour qu’elle cesse de faire du bruit au risque d’attirer quelqu’un dans le laboratoire, je fus soudain envahie par une horrible sensation d’être observée avec insistance. Anxieusement, je tournai la tête vers la gauche pour constater que je ne m’étais pas appuyée contre le mur, mais contre la deuxième cellule de la pièce. Celle qui me faisait toujours très peur, pour une raison inconnue. Et maintenant que j’étais suffisamment proche d’elle, je pouvais enfin voir ce qui s’y cachait dans l’ombre et comprendre pourquoi je ressentais cette soudaine oppression.

C’était indescriptible.

Attachée par plusieurs lanières contre le mur du fond, une tête allongée au sommet d’un torse ouvert pendait mollement contre ses attaches. Elle n’avait aucun membre, juste son tronc. Une faible lueur violette émanait de son châssis, d’où sortaient des câbles plus ou moins épais qui descendaient jusqu’au sol, traversaient la grille et rejoignaient un monitoring dans le coin de la pièce. Comment n’avais-je pas pu remarquer cela plus tôt ?! C’était pourtant assez évident ! Horrifiée par cette vision d’horreur, mes optiques s’écarquillèrent lorsque la chose tourna lentement la tête dans ma direction… Puis se mit à rire. Lentement. Anormalement. Ce n’était ni un rire joyeux, ni un rire classique, il n’avait qu’une seule tonalité. Il était rauque et mécanique, sans âme… Une voix éraillée, dérangeante au possible. J’allais faire encore plus de cauchemars, c’était certain, car jamais je n’avais vu pareille chose de toute mon existence. Une monstruosité… Malgré son absence totale d’optiques, je sentais distinctement le regard de la créature sombre sans membres posé sur moi, tandis qu’elle continuait de rire dans ce même rythme terrifiant.

Ha ha…

Ha ha…

Ce rire me remplissait d’effroi. Il allait me hanter le restant de mes cycles, c’était une autre certitude. Sortant enfin de mon état de choc, je trébuchai en arrière contre la couchette avant de me jeter de l’autre côté pour atteindre l’ordinateur de Shockwave, dans l’intention de récupérer quelques informations capitales. Des données. Je devais sortir d’ici au plus vite ! Je ne supportais plus d’être dans cet endroit maudit, et encore moins en présence de cette créature aussi terrifiante que répugnante. Mes mains tremblaient violemment alors que je tapais les touches que j’avais retenues lors de ma dernière auscultation, pour ouvrir le fameux dossier me concernant. Aussitôt la combinaison réalisée, mon propre hologramme s’afficha à l’écran, comme la dernière fois avec ce même point rouge clignotant au centre de mon châssis. Enfin… Pas exactement. Il était un petit peu décalé sur la gauche, remarquai-je alors. Jetant un regard dubitatif à ma propre image représentative, je tentai de lire les inscriptions de Shockwave mais c’était peine perdue car je ne connaissais rien au langage scientifique.

«Réfléchis Moon, réfléchis ! Il doit bien y avoir un moyen…» Je me tapai le front avec mon poing tandis que le rire continuait de s’élever dans la pièce, accompagné par les grognements de la fembot déséquilibrée. J’avais l’impression de devenir folle.

«Ils ne veulent pas me perdre… Ils ne peuvent pas se le permettre. Ils ont donc certainement mis en place un système si jamais je réussissais à m’échapper. Un système de balisage ou-»

Ma bouche se referma subitement quand je reposai à nouveau mes optiques sur le point rouge clignotant semblable à des pulsions.

Une balise !

«Roh la ferme !» Hurlai-je aux deux créatures bruyantes pendant que je m’activais pour accéder au dossier de la balise raccordé à mon propre dossier. Il y avait beaucoup d’autres informations à l’écran, cependant je n’avais plus le temps de les déchiffrer et le signal était ma seule priorité. Tant pis pour le reste, je m’expliquerais auprès de Zéphyr si jamais je la recroisais en privé.

Et j’avais raison. Ce point rouge représentait bel et bien les pulsations émises par une balise ! Un système de repérage sur une fréquence unique, ma propre fréquence. D’un coup d’optique nerveux par-dessus mon épaule en direction du sas de décontamination, je revins rapidement à l’écran pour commencer le codage destiné à empêcher le traçage du signal que j’allais émettre pendant cinq nano-kliks. Pas plus. En utilisant la fréquence de ma balise, sinon j’aurais risqué d’attirer l’attention. Idéalement, j’aurais pu tenter de bidouiller la balise à l’intérieur de mon châssis depuis ma chambre, mais cette technique aurait très probablement échoué, et je n’aurais pas pu changer la fréquence du signal émis de cette façon. En plus, il devait y avoir une sécurité supplémentaire intégrée pour éviter ce genre de manipulation indésirable. Les Decepticons étaient loin d’être naïfs.

«Heureusement que j’ai appris à faire du codage avec Jazz… Maintenant je vois à quoi servent ses leçons. Vive les saboteurs.» Soupirai-je à moi-même tout en cherchant une fréquence vierge à utiliser, suffisamment proche de la surface pour passer le brouilleur.

Ha ha…

Une fois le flux de la balise redirigé vers la nouvelle fréquence, j’appuyai sur le bouton pour l’enclencher après l’avoir réglée sur cinq nano-kliks précisément. Je n’avais pas droit à l’erreur, je n’aurais qu’une seule et unique opportunité de réussir ! Mes évents vrombissaient d’appréhension, je me dépêchai de refermer tous les dossiers et autres bidouillages que j’avais faits pour remettre l’écran intact, comme si de rien n’était. Je devais effacer toutes traces de mon passage avant que Shockwave ne revienne. Je m’assurai une dernière fois que rien d’autre n’avait été déplacé ni touché avant de tourner les talons, puis je courus aussi vite que possible vers la sortie du laboratoire. J’avais plutôt intérêt à ne pas être au mauvais endroit au mauvais moment si jamais quelqu’un se rendait compte de la supercherie ! Je priai Primus pour que mes calculs concernant le groon du cycle soient justes et que quelqu’un, n’importe qui, détecte mon signal de détresse en dehors de Kaon. C’était ma seule chance de faire connaître ma position exacte… Et je n’aurais plus jamais d’occasion pareille.

Me jetant précipitamment dans le sas de décontamination, j’actionnai frénétiquement le mécanisme pour que la porte vers le couloir s’ouvre le plus rapidement possible, ma peur à son paroxysme. Mais dès que la porte s’ouvrit, je me retrouvai face à face avec un Decepticon.

Ha ha…

Ha ha…

{==Centre de recherches, Iacon==}

POV Normal

Assis à son large bureau au centre des recherches situé au nord de la ville, Optimus Prime attendait. Il attendait le signal pour envoyer ses soldats au front, pour libérer sa fille des griffes de Megatron et mettre un terme définitif à cette guerre sans fin. Après des cycles de travail sans relâche avec une équipe d’Autobots dévoués à établir un plan d’attaque, à sécuriser les civils et protéger la ville, le moment était venu de patienter jusqu’au moment propice. Combien de temps… Combien de groons ? Il n’en avait aucune idée, mais cette attente insoutenable était ce qu’il redoutait le plus dans leur stratagème. Une torture. Car désormais, son esprit n’était plus accaparé par la mise en place des tactiques et il n’était plus constamment sollicité par ses camarades, ce qui lui laissait beaucoup plus de temps pour réfléchir.

L’impatience se faisait sentir dans les rangs. Combien de temps allait-il encore tenir sans passer à l’action ?

Enterrant son visage entre ses mains, le Prime affligé ferma les optiques tandis que des images de sa petite Moonlight défilaient dans son processeur. Oui, cette partie du plan où l’attente était de mise était la plus redoutée de toutes... Ses pires craintes et angoisses ne manquaient jamais de le tourmenter dès qu’il se retrouvait seul dans le silence, à affronter la réalité. À affronter l’absence de sa fille, un gouffre d’incertitude et de solitude. Un poids insoutenable qui lui pesait au Spark à chaque klik de plus sans sa présence. Tout lui rappelait d’elle, partout où il allait il la voyait. Il n’osait même plus retrouver ses quartiers par crainte d’être hanté par chaque objet en rapport avec Moonlight. Les murs étaient imprégnés d’elle… Il rejouait sans cesse les derniers groons avant sa disparition, imaginant d’autres scénarios qui n’auraient pas abouti à celui où elle se faisait enlever par les Decepticons. Il ne cessait de revivre ces scènes, inlassablement, jusqu’à s’en épuiser. Accablé par les remords, Optimus se frotta doucement le visage en réfléchissant à d’éventuelles autres solutions si leur plan ne fonctionnait pas… Si leur prise de risque ne s’avérait pas concluante.

Pourtant, il ne pouvait se résoudre à envisager un seul instant l’échec de cette stratégie, car ses Autobots méritaient toute sa confiance et son soutien après avoir travaillé sans relâche à l’élaboration de ce stratagème infaillible.

Ils étaient enfin prêts, il ne manquait plus que le signal pour agir.

Il avait entièrement confiance en son ancien mentor, Sentinel, mais il avait dû faire des choix. Il n’était pas fier de certains d’entre eux, mais si ces décisions offraient la possibilité de retrouver la paix et l’harmonie entre les deux factions en conflit, alors il les assumerait avec dignité. Il priait simplement de ne pas avoir commis d’erreurs irréparables en acceptant l’ultimatum. D’un petit soupir de lassitude, le mecha rouge et bleu se leva de sa chaise et se rapprocha de la baie vitrée derrière son bureau pour observer la ville plongée dans l’obscurité de la nuit. Il croisa les bras derrière son dos pendant que ses optiques épuisées balayaient les grands bâtiments avec un soupçon de nostalgie. Même les lumières scintillantes de la ville lui faisaient penser à elle… C’était comme une ombre qui le suivait, un rappel constant de ce qu’il avait perdu un orn et quatre cycles plus tôt, alors qu’il venait tout juste de prendre de nouvelles décisions concernant leur avenir. Pourquoi la vie se montrait-elle parfois si cruelle ?

«Où es-tu…» Chuchota-t-il avec émotion, le Spark douloureux en permanence. Il cherchait sans relâche à rétablir le contact avec sa fille via le lien créateur, mais il refusait de coopérer, intensifiant toujours plus son désespoir. Où était-elle ? Allait-elle bien ? Était-elle en souffrance ? Torturée ? Cela faisait un moment qu’il n’avait plus ressenti sa douleur… Était-ce un mauvais signe ?

Optimus fut tiré de ses pensées moroses quand il sentit quelque chose contre son pede gauche. Surpris, il baissa la tête vers la petite créature couleur ivoire qui se frottait gentiment contre le métal de sa jambe, à la recherche d’attention. Le minicon que Moonlight avait affectueusement baptisé Jinx se positionna devant le Prime, puis leva sa tête allongée et le regarda avec ses petites optiques vertes, ayant ressenti la détresse silencieuse du grand robot impartial. Optimus l’avait ramené dans son bureau, car le Predacon miniature avait passé des cycles entiers seul dans leurs quartiers à attendre le retour de la fembot, ce qui avait grandement nui à sa santé mentale. Au moins, il lui tenait compagnie durant les longs groons en solitaire, et vice versa. La bouche d’Optimus s’étira en un minuscule sourire tandis qu’il se penchait pour récupérer Jinx dans ses mains avant de l’emmener avec lui à son bureau pour reprendre place dans sa chaise, le minicon gentiment posé sur ses genoux.

À peine il s’installa que trois petits coups retentirent contre sa porte.

«Entrez.» Déclara-t-il avec formalité. Il leva les optiques lorsque la porte s’ouvrit et qu’un mecha apparut à l’embrasure.

«Oh, Niltrex ! Entre, je t’en prie. Je vois que tu as meilleure mine. Comment te sens-tu ?» Optimus fit un geste invitant avec sa main pour encourager le robot noir svelte, naturellement anxieux, à s’approcher de son bureau. Niltrex se racla le vocaliser après avoir fait un pas timide à l’intérieur.

«Mieux, je vous remercie, Monsieur. J’ai longtemps été en convalescence à l’infirmerie… Je ne me suis pas rendu compte du temps qui passait.» Rit-il doucement, le bras droit immobilisé dans une attelle sur mesure contre son châssis. Quelque peu intimidé au premier abord, il finit par s’avancer vers le bureau du grand commandant dévasté par la disparition de sa fille, qui faisait de son mieux pour cacher son désarroi derrière ce masque impassible. Malgré tout, il osait à peine le regarder dans les optiques.

«Tu as eu un énorme choc sur la tête. Ratchet a fait un formidable travail pour te remettre d’aplomb. Tu as eu beaucoup de chance lors de cette attaque et je suis heureux de te revoir plus en forme.» Assura Optimus après s’être penché sur son bureau pour croiser les mains devant lui, véritablement soulagé de revoir l’ami proche de sa fille en un seul morceau après l’explosion qui l’avait grièvement blessé. D’autant plus qu’avec son maigre cadre, il aurait pu subir des blessures bien plus graves. Un vrai miraculé !

«C’était plutôt éprouvant comme remise en forme… Et Ratchet n’est pas facile à vivre.» Confia Niltrex muni d’un petit sourire aux souvenirs du médecin menaçant et de sa clé infernale à chaque fois qu’il essayait de se lever. Toutefois, son sourire amical disparut de son visage alors qu’un froncement de ses crêtes optiques modifia son expression en quelque chose de plus soucieux.

«Tu souhaitais me dire quelque chose en particulier ?» Interrogea Optimus, intrigué par ce changement soudain.

«Eh bien, oui. En effet.» D’abord réticent, Niltrex avança finalement vers le Prime en attente d’une explication, jusqu’à presque toucher le bord du bureau. La faible luminosité de la pièce permettait seulement de voir une partie de son visage alors qu’il se positionnait à quelques mètres du mecha rouge et bleu assis, qui le regardait fixement sans rien dire. Après plusieurs longues hésitations et une nervosité à son comble, il ouvrit la bouche pour s’expliquer sur sa venue imprévue ; «Je tenais à m’excuser auprès de vous, pour ce qui s’est passé, ce cycle-là. C’était de ma faute… C’est moi qui ai entraîné votre fille à l’extérieur de la ville, c’est moi qui l’ai exposée au danger. Je voulais juste faire une course avec elle… Jamais je n’aurais pu croire un seul instant que les Decepticons attaqueraient. Je vous demande pardon, tout est de ma faute.»

Optimus était pour le moins sidéré par les confidences de Niltrex. Jamais il n’aurait pu croire que cet Autobot aussi réservé et craintif viendrait jusqu’à son bureau pour présenter ses excuses à propos de quelque chose qu’il ne contrôlait pas du tout. Les événements se produisaient, et personne ne pouvait les prédire à l’avance. Ils étaient si jeunes et tellement inconscients du danger… Pouvait-il réellement lui en vouloir, alors qu’ils étaient pris au piège de circonstances hors de leur contrôle ? Ravalant sa surprise pour la cacher derrière un regard bienveillant, le Prime recroisa ses doigts et esquissa un léger sourire compatissant lorsque les optiques de Niltrex devinrent larmoyantes de culpabilité. Il était clair que le mecha était rongé par les regrets, pensant avoir indirectement fait du mal à sa fille, mais il n’y avait qu’un seul et unique coupable dans l’histoire et il se trouvait actuellement à Kaon. Réellement touché par la démarche courageuse du jeune Autobot, il prit la parole d’une voix douce et rassurante.

«Rien de tout ceci n’est de ta faute. Nous portons tous une part de responsabilité dans ce qui est arrivé. Pour ma part, j’ai manqué de vigilance et failli à mon devoir de créateur. Mais personne n’aurait pu prévoir ce qui allait se passer. Tu as fait ce que tu pouvais pour la protéger, je t’en suis infiniment reconnaissant. Ne te laisse pas submerger par la culpabilité. Tu es un Autobot, Niltrex, avec un Spark vaillant et loyal. Ta volonté d’aider les autres, même au péril de ta propre sécurité, témoigne de ta force et de ton courage.» Loua le Prime avec véhémence en serrant le poing, ressentant le besoin profond de le valoriser après toutes les épreuves qu’il avait endurées.

Les optiques tristement rivées au sol, Niltrex redressa la tête vers le leader des Autobots, affichant une incertitude mêlée de doute avant que son regard ne s’assombrisse soudainement. Il n’avait pas l’habitude de recevoir des éloges, et encore moins de la part d’un Prime. En était-il vraiment digne ? Il se le demandait souvent. Face à lui, Optimus sentit une perplexité grandir en voyant cette expression sombre remplacer le chagrin sur le visage de Niltrex en une fraction de nano-kliks à peine. Il avait l’impression que toute sa joie de vivre venait d’être drainée en un instant, qu’il n’était plus qu’un amas de métal sans émotion, une âme en souffrance. Lourde d’un vécu difficile. Ses optiques bleues le fixaient avec une telle intensité qu’Optimus avait l’impression qu’il avait la possibilité de lire en lui… Sur le point de lui demander ce qui n’allait pas, Niltrex chassa subitement cet air sinistre pour retrouver un sourire pensif en se penchant légèrement en avant.

«J-je… Ahem, merci. Merci pour votre jugement. Mais vous savez, je ne pourrai pas vivre avec ça sur la conscience tant qu’elle ne sera pas revenue. Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour retrouver votre fille… Pour la ramener en sécurité. Dites-moi si je peux faire quoi que ce soit, n’importe quoi, qui pourrait vous aider… Et je le ferai.» Assura-t-il avec sincérité de sa main valide posée sur son châssis, voulant à tout prix apporter sa contribution aux recherches. Pour pouvoir se pardonner.

«J’y songerai, je te donne ma parole. Un dispositif est déjà en place, il ne nous reste plus qu’à attendre le moment opportun pour frapper. L’effet de surprise sera notre victoire.» Informa Optimus en s’adossant au dossier de sa chaise, un doigt sous le menton, perdu dans ses réflexions. À ces mots, le visage du jeune mecha s’illumina, ce qui l’incita à reprendre ; «Mais en attendant, tu dois te reposer et retrouver tes forces. Ratchet me couperait la tête s’il découvrait que tu étais ici ! À peine sorti de l’infirmerie, le bras dans une attelle, et déjà en train de négocier pour rejoindre l’équipe de sauvetage.»

«C’est certain…» Niltrex sourit à l’image du médecin grincheux passant un violent sermon à Optimus Prime pour avoir autorisé l’un de ses patients à rejoindre l’équipe en charge de sauver Moonlight. Détendu par la tentative de plaisanterie du leader des Autobots, le bot baissa les optiques vers ses pedes, jouant maladroitement avec le bandage métallique de son bras, ce qui provoqua une série de picotements dans son protoforme en cours de réparation. Le Prime reprit alors la parole.

«La patience est une vertu. Et même si, par moments, elle nous donne du fil à retordre, il ne faut jamais cesser d’y croire. Ne jamais baisser les bras. Nous ne pouvons triompher que si nous restons unis, portés par la confiance que nous plaçons en ceux que nous aimons. L’union fait la force. C’est de cette façon que nous parviendrons à accomplir de grandes choses et à repousser le mal qui nous consume. Ne laisse pas les fantômes du passé te tourmenter, cela ne ferait qu’aggraver tes remords et, lentement, te conduire à la folie. Faire la paix avec soi-même, c’est faire un pas vers la liberté.» Récita le Prime depuis son bureau en remarquant les hésitations de Niltrex. Il sentait qu’il était préoccupé, peut-être même déprimé, ce qui ravivait en lui le douloureux souvenir de l’état de sa fille à cause de ses absences prolongées et ce manque cruel de communication. Alors quelque part, il voulait se rattraper. Pour ne plus jamais faire face à cette souffrance.

«Vous… Vous avez probablement raison. Non, enfin, je veux dire que vous avez raison ! Je dois apprendre à maîtriser mes émotions pour aller de l’avant. Je prends tout cela très au sérieux, vos conseils aussi. Mais n’oubliez pas, d’accord ? Je suis là si jamais vous avez besoin de moi…» Répéta avec insistance Niltrex, tandis qu’il s’éloignait du bureau pour rejoindre la porte à reculons, cherchant de l’approbation dans le regard indulgent d’Optimus Prime.

«Ne t’en fais pas, j’y veillerai.» Le commandant hocha doucement la tête, impressionné par le dévouement de Niltrex. Un jeune mecha timide qui évitait toujours les embrouilles… Celui qui faisait entendre raison à Moonlight quand elle s’apprêtait à faire une folie. Ce même mecha qui, maintenant, désirait plus que tout apporter son aide pour la retrouver, afin de se faire pardonner une erreur… Qui n’en était pas vraiment une, au fond. L’innocence était un crime ?

Il n’était pas de cet avis.

«Retourne auprès de tes amis. Repose-toi pour retrouver tes forces. Bientôt, tout ceci ne sera plus qu’un lointain souvenir.» Conseilla Optimus, sa voix grave promettant de lourdes représailles une fois qu’il aurait repris le contrôle de la situation. Cependant, il fut un petit peu surpris par la réponse de l’Autobot quand ce dernier haussa nonchalamment les épaules avec un petit sourire qui ressemblait davantage à un rictus.

«Je n’ai personne d’autre que Moonlight, vous savez. Personne n’est venu me voir à l’infirmerie. Personne, à part vous, n’a demandé de mes nouvelles. C’est à peine si j’existe… On n’accorde pas vraiment d’importance aux robots ennuyeux. Mais c’est comme ça depuis toujours, alors on s’y fait avec le temps. On apprend à vivre avec cette solitude et on se raccroche à nos rêves. Un peu comme une corde de secours qui nous empêche de sombrer. Désolé…» Dévoila Niltrex en raclant nerveusement son vocaliser, un sourire amer figé sur son visage mélancolique. Il perçut une hésitation dans le regard d’Optimus. Malgré cela, il ne lui laissa pas le temps de commenter et se hâta vers la sortie, mettant fin à une conversation devenue trop inconfortable.

«Tu n’es pas seul.» Prononça quand même le Prime touché par cette confession.

Lorsque le jeune mecha quitta son bureau sans un mot de plus, Optimus poussa un long soupir d’épuisement, complètement lessivé après des cycles sans recharge à superviser les opérations. À mettre en place le nouveau plan qui ne lui plaisait guère… Submergé par la culpabilité, il jeta un regard à la photo encadrée de Moonlight posée à sa gauche. Il la retourna face contre le bureau. Il ne pouvait tout simplement plus la regarder, c’était au-dessus de ses forces… Après son entretien avec Arcee concernant cette escapade improvisée dans les ruines de Trypican, il avait été confronté à un choix qu’il redoutait de regretter amèrement dans un avenir proche. Les arguments de la fembot avaient non seulement suffi à éviter une sanction, mais les informations rapportées par son équipe la veille s’étaient révélées être une véritable bénédiction pour élaborer une stratégie infaillible.

Jusqu’à ce qu’il reçoive une visite inattendue qui bouleversa radicalement tous les plans au dernier nano-klik. Un sacrifice ultime, nécessaire pour conduire à la victoire… Et malgré toutes ses convictions, ses doutes et ses craintes, Optimus avait fini par accepter cette démarche des plus honorables. En dépit d’être extrêmement dangereuse. Le poids qu’il portait désormais sur ses épaules était immense, mais il assumait ce risque, prenant cette décision cruciale pour garantir cette victoire. Car, comme il l’avait dit à Niltrex quelques instants plus tôt, il fallait continuer d’y croire et avoir confiance en ceux qui nous sont chers pour accomplir de grandes choses. Ces choix terribles, il en avait pleinement conscience… Mais c’était pour retrouver l’espoir de revoir sa fille vivante. L’espoir de retrouver une vie normale. Accablé par une fatigue intense, Optimus s’appuya contre son bureau quand il sentit ses optiques devenir de plus en plus lourdes. Sur ses genoux, la petite créature ivoire leva la tête de curiosité.

L’Autobot avec ses batteries quasiment à plat, jeta un rapide coup d’optique à l’horloge holographique et constata qu’il approchait du milieu du cycle nocturne. À ce groon précis, la plupart des citoyens de Iacon rechargeaient dans l’intimité de leurs quartiers, et peut-être devrait-il en faire de même… Tout du moins essayer. Mais il n’eut pas le temps de réfléchir davantage car son système, au bord de l’épuisement total, se mit automatiquement en veille pour l’empêcher de tomber en stase d’urgence. La tête d’Optimus heurta doucement le bureau puis son corps tout entier se détendit enfin, après tant de groons passés en activité ininterrompue, sans jamais faire la moindre pause. Il avait finalement atteint ses limites. Paisiblement, le grand Prime commença donc sa recharge, la lumière s’éteignant d’elle-même tandis que le souci demeurait inscrit sur son visage habituellement inexpressif.

Bip… Bip…

Le petit Predacon, qui s’était retrouvé au sol, sauta sur le bureau du mecha immobile lorsqu’un bruit provenant de l’ordinateur s’éleva dans toute la pièce plongée dans l’obscurité. Curieux, il escalada les grands bras positionnés autour de la tête du robot en recharge, pour atterrir de l’autre côté de la table d’un petit rebond un peu maladroit. Une fois redressé sur ses quatre pattes, il secoua ses longues oreilles puis leva ses optiques vers l’écran allumé, où un point rouge clignotait en rythme avec un bip incessant. Le son l’énervait… Il n’aimait pas cette fréquence. Agacé par ce bruit insistant, il frotta sa tête contre la main d’Optimus pour tenter d’apaiser cette gêne, émettant plusieurs petits fredonnements anxieux mais aussi pour attirer son attention, alors que la lumière rouge du point se reflétait sur leurs carrosseries respectives. Mais son maître, en stase, ne remua pas, et le son persévéra… Encore et encore durant les cinq prochains nano-klik.

Bip

Bip

Bip…

À suivre…

Alors, sympathique ce petit cliffhanger, n’est-ce pas ?

L’OC CrazyKiller (fembot verte et blanche) appartient à ODemonKillO de Wattpad

L’OC Omegastar (grand Predacon) appartient à TFomegastar de Wattpad

Jinx et l’OC mystérieux sont mes créations ;) Je vous laisse deviner qui c’est, pour les connaisseurs de mes univers.

À bientôt, VP

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