Trop besoin de lui

Merci pour vos commentaires, ça fait plaisir! Bonne lecture...

7. Confrontations

Après cinq minutes à torturer mon esprit, assise sur le sofa, je me lève, tourne encore quelques minutes entre le salon et la cuisine, me rongeant les ongles et regardant fréquemment aux fenêtres, puis je monte dans ma chambre en soufflant, anxieuse.

Après un instant à contempler le plafond, étendue sur mon lit, j’entends enfin la moto de Jacob, moi qui étais si empressée de le voir, j’ai vraiment peur maintenant de sa réaction quand je lui dirai qu’Edward était là plus tôt. Tout est une question de timing, il faut que je sois assez adroite pour enchainer sur le fait que c’est avec lui et lui seul que je veux être.

Avec un peu de chance la bonne nouvelle éclipsera la mauvaise.

Avec un peu de chance Edward ne viendra pas tant que Jacob sera là.

Je prie en mon fort intérieur.

Je me penche à la fenêtre et lui crie :

-« Je suis en haut, monte ! » Son visage basané est si beau, il me lance un sourire en voyant qu’il ne m’est rien arrivé.

Quand il franchit le seuil de ma chambre, je me jette dans ses bras forts et chauds… qui me repoussent d’un coup ! Il me regarde avec inquiétude.

Son nez retroussé, il renifle l’atmosphère de ma chambre, passe devant mon armoire, mon lit, en épiant le moindre détail.

Mon Dieu qu’elle idiote, je n’avais pas pensé à ça, il sent sa présence vampirique, son odeur.

Il se retourne fébrilement vers moi, se rapproche et respire mon parfum.

Il s’arrête d’un coup, lève doucement ses prunelles noires en crispant sa mâchoire et me dévisage. C’est la colère que je distingue dans ses yeux au naturel si doux. Je me sens soudain toute petite. Et la sentence tombe comme un couperet :

-« Il est revenu ? Cette maudite sangsue est revenue ici ! Il est venu te voir ?! Il t’a touché, je le sens ! » Dans sa voix ce mêlent l’indignation, l’incrédulité et la rage. Je suis hébétée par sa réaction, et je tente de le calmer de ma toute petite voix:

-« Jake je… » Il m’interrompt brutalement :

-« Il est revenu, et tu lui retombe dans les bras aussitôt ? Mais je rêve ! Qu’est-ce qu’il a Bella, qu’est-il pour avoir autant de pouvoir, autant d’emprise sur toi ? »

C’est une question purement rhétorique car il ne me laisse pas le temps de répondre et continue :

« Je croyais que c’en était fini de tout ça, c’est pas ce que tu m’as dit hier? ‘La famille Cullen est sortie de ma vie Jacob’, ‘on est ensemble maintenant, c’est tout ce qui compte pour moi’…Ce sont tes propres mots ! Toutes tes paroles sont donc caduques parce que ce sale suceur de sang est de retour ? Pourquoi tu retourne toujours vers lui malgré tout le mal qu’il t’a fait ? Moi je préférerais mourir que de te faire autant de peine ; je donnerai ma vie pour toi, tu le sais, tu sais comme je t’aime, alors pourquoi tu te joues de moi ? »

Des larmes embuent ses yeux tandis qu’il crie, et l’eau trouble également mon regard, j’essaie d’apaiser sa fureur en attrapant ses bras et en balbutiant, mais il ne me laisse pas le toucher ni lui parler, dans un élan de fierté qui le pousse à se reprendre, et poursuivre sur un ton ironique :

« Je comprends pourquoi tu étais si bouleversée au téléphone, pourquoi tu m’as demandé de venir : c’est pas très classieux de jeter son imprégné sur un coup de fil, hein ? »

Il est persuadé que je veux le quitter, il faut que j’arrête son monologue avant qu’il soit trop tard.

-« Arrête !». J’ai crié aussi fort que lui et ai réussi a attiré son regard, empli de fureur.

-« Non Bella, je ne veux plus rien entendre ! J’ai eu tort d’attendre autant de toi, je m’en rends compte. Je ne suis qu’un pauvre fou d’avoir cru que je pourrais te le faire oublier, que j’arriverai à le chasser de ton cœur. Mais t’inquiète pas, je te laisserai tranquille dorénavant. Toi et ton mort vivant vous n’entendrez plus parler de moi. »

Il se précipite dans les escaliers, je le suis en criant son nom mais il ne s’arrête pas.

Les larmes roulent sur mes joues et noient mes yeux, si bien que je rate une marche dans ma hâte et dévale les escaliers.

Quand je relève mon visage, espérant qu’il se soit précipité pour me venir en aide, tout ce que je peux voir c’est le salon, vide, et la porte grande ouverte sur la nuit.

Il ne s’est même pas retourné.

 Mais c’est à moi et moi seule que j’en veux, et je repars de plus belle en sanglots. Il est blessé au plus profond de son cœur. Bon sang, c’est tellement stupide, moi qui voulait en faite lui dire que c’est lui que je veux et pas un autre.

Je laisse éclater ma peine en un pleur bruyant.

Je n’avais pas un seul instant pensé que ça se passerai comme ça, je ne m’étais pas préparée à ce scénario, et en un instant, déjouant ma vigilance, le destin m’avait de nouveau joué un tour, faisant tourner la soirée au drame.

Je gis sur le sol, au bas des escaliers, les jambes grotesquement enroulées sous moi, et mes larmes dégoulinent sur le parquet au rythme des spasmes que me provoque ma tristesse. Quel spectacle affligeant! L’autodérision a pris la place de l’apitoiement ; mais je suis tirée de ma rêverie par des grognements rauques provenant de l’extérieur.

Je me relève tant bien que mal, la chute ayant provoqué quelques dommages sur mon pauvre corps d’humaine fragile. Je boite jusqu’à la porte, en prenant appuis sur chacun des meubles qui se trouve sur mon chemin, et j’entends maintenant des voix qui s’affrontent sur un ton agressif. Je presse un peu plus le pas bien que ma cheville me fasse souffrir le martyre et arrive enfin sur le pas de la porte.

Ma nuque se raidit et je reste figée sous l’effroi que la scène nocturne qui se déroule devant mes yeux me procure : Jacob vient de se changer en un énorme loup à la robe rousse, en position d’attaque, face à Edward, dont les traits sont tirés et laissent apparaître ses crocs blancs, prostré lui aussi en une posture offensive…