Trop besoin de lui

Chapitre 10 : Confidences

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Dernière mise à jour 09/11/2016 19:52

10. Confidences

 

7h00. Je suis si bien sous ma couette...Mais il faut vraiment que je me lève sinon je serai en retard en cours. Je m’extirpe du lit à contrecœur,  prends des vêtements au hasard dans mon placard puis me dirige vers la salle de bain en trainant les pieds.

Je croise Charlie, qui descend les escaliers en me précisant qu’il me prépare mon petit déjeuner avant de partir au travail. Trop aimable ! Oh quelle humeur… une bonne douche me fera le plus grand bien. Mon reflet dans le miroir me fait presque peur : j’ai les yeux gonflés par les pleurs de la veille, ce n’est pas beau à voir.

Déshabillée, je me glisse sous l’eau chaude avec délectation. Je me surprends alors à penser que cette sensation est aussi agréable que ma peau nue contre celle de Jacob.

Comme j’ai hâte de le retrouver et de tout lui expliquer. Il me manque tant. J’essaierai de l’appeler avant de partir au lycée.

Mais pour le moment, je laisse l’eau bouillante dissoudre toutes pensées et la vapeur me happer dans son manteau cotonneux.

 

Je descends dans la cuisine et je constate avec plaisir que -premièrement -ma cheville ne me fait plus trop mal, et que -deuxièmement-  Charlie m’a effectivement préparé quelque chose à manger avant de partir. Un grand verre de jus d’orange est posé près d’une assiette de bacon grillé, jonché d’un œuf au plat, et deux petits pains toastés attendent près d’une motte de beurre et d’un pot de marmelade. L’appétit vient aussitôt. Je vérifie à ma montre que je ne suis pas en retard. Et puis zut, pour une fois que mon père y met les formes, je dois lui faire honneur.

Je m’attable et déguste le petit déjeuner, préparé avec amour de toute évidence.

Repue et en retard, je cours quelques minutes plus tard jusqu’à mon pick-up car la pluie a commencé à tomber. Je démarre et fonce sans plus attendre.

Après quelques mètres parcourus avec comme seul distraction le paysage monotone défilant au-delà de la calandre de ma veille guimbarde, je me rends compte que j’ai totalement oublié d’appeler Jacob dans ma précipitation.

Je sors mon téléphone portable de mon sac d’une main, lâchant momentanément le volant en détournant les yeux de la route une minute.

J’attrape tant bien que mal l’appareil qui s’est glissé entre les livres quand je crois voir du coin de l’œil quelque chose passer sur la route devant moi.

Je me retourne instantanément, agrippant le volant des deux mains tout en écrasant la pédale de frein par reflexe.

J’ai à peine le temps de voir le sanglier qui file déjà dans les bois. Ma voiture finit sa course en tête à queue au milieu de la route. Mon sang pulse à deux milles dans mes tempes.

J’ai évité de peu l’embardée dans le fossé, et la route est heureusement déserte à cette heure matinale.

Je respire un bon coup le temps de reprendre mes esprits.

Quelle folle je fais de vouloir passer un coup de fil en conduisant, maladroite comme je suis.

Je me rengage doucement sur la bonne voie, regardant de part et d’autre, tendue. Je l’ai échappé belle nom d’un chien !

Je roule ensuite plus prudemment que jamais jusqu’au parking du lycée.

Là, je rejoins rapidement Angela et Erick qui me font signe de la main près de l’entrée ou quantité d’élèves se précipitent déjà.

 Dès que j’arrive à leur hauteur, Erick m’interroge promptement :

-« Salut Bella, dis-moi, t’as révisé quels chapitres pour l’interro de maths ? »

Mince, j’avais totalement oublié ce fichu contrôle ! Ce n’est pas comme ça que je vais rattraper ma moyenne en arithmétique!

Au vu de l’air désappointé que j’affiche, Angela se moque gentiment :

-« Oula, vu ta tête, j’ai l’impression que c’est pas demain que tu seras dans les p’tits papiers de Mr Foli! » J’arrête leur raillerie, un peu mal à l’aise :

-« Oh, ça va ! J’ai eu un weekend plutôt animé et ça m’est complètement sorti de la tête… Et en plus ce matin j’ai failli avoir un accident, j’en suis encore pas mal retournée alors ce test, je m’en serai bien passée ! » Je leur ai coupé le sifflet cette fois, ils me dévisagent, effarés.

Je leur explique l’incident tout en les entrainant à l’intérieur de l’édifice.

Avant de rentrer en cours, je souffle à mon amie de me retrouver à la pause déjeuner derrière le réfectoire, l’envie de me confier à une fille se faisant ressentir –chose pour le moins inhabituelle à la réflexion.

Les deux heures de contrôle qui s’en suivent sont une vraie torture. Les pages pleines de problèmes et d’équations dissipent vite le peu d’espoir que j’avais de réussir.

 

A la pause, je me fraye un passage dans le flux de lycéens qui se ruent vers le self, et une fois sortie du couloir bondé, je m’isole un instant pour appeler Jacob, omniprésent dans mes pensées ces deux dernières heures, entres les nombres premiers et les fonctions.  

J’ai vraiment envie d’entendre sa voix. Au lieu de ça, je tombe sur sa messagerie.

On ne peut pas dire que la chance soit avec moi ce matin. Enfin comme d’habitude enfaite.

Angela me retrouve facilement, on fait un rapide débriefing du contrôle passé, puis tout en marchant, je commence à lui raconter mon weekend.

- « J’ai été à la Push samedi après-midi avec Jacob Black, on s’est baladé un moment le long des falaises, puis on s’est arrêtés sur la plage où on a l’habitude d’aller et... » Je cherche mes mots, ne sachant trop comment expliquer l’imprégnation sans le côté folklore Quileute. Je me résigne à éluder cette partie, qui a pourtant énormément d’importance.

« ... Eh bien en faite on... On sort ensemble lui et moi » Je dis ça en regardant mes pieds, un tantinet gênée de prononcer ces mots  qui sonnent niaisement à mon oreille devant mon amie, et d’autant plus quand je la vois qui se retourne face à moi, le sourire jusqu’aux oreilles, et se met à sautiller –comme aurait pu le faire Alice, dans une autre occasion bien sûr.

-« C’est super Bella ! Je voyais bien ces derniers temps que vous vous étiez beaucoup rapprochés tous les deux, et il a l’air raide dingue de toi depuis toujours... Alors, racontes moi ! » me demande-t-elle, toute excitée.

Je souris, amusée de voir que la nouvelle réjouit ma meilleure amie, et décide de pousser la confidence, me déchargeant un peu du poids que le secret fait peser sur mes épaules. Je sais qu’Angela est digne de confiance et qu’elle peut être de bon conseil.

-« Il y a autre chose. Edward Cullen est revenu me voir. » Mon amie me regarde les yeux ronds, interloquée par la bombe que je viens de lâcher, et attend simplement la suite de mon récit.

« Il nous a vus Jake et moi, et ça l’a secoué. Il m’a dit qu’il m’aimait encore et tout ce qui s’en suit. »

-« Typique. » ponctue juste mon interlocutrice.

 Mais j’ai beaucoup réfléchi... et je suis arrivée à la conclusion que je voulais restée auprès de Jacob. Edward m’a fait énormément de mal même si c’était involontaire. Et ça a brisé quelque chose, tu vois ? » Elle acquiesce sans rien dire, essayant de se mettre à ma place et de me comprendre probablement.

« J’ai voulu avouer le retour d’Edward à Jake, mais avant que j’ai pu lui révéler ma décision, il  s’est imaginé que mon choix ne lui était pas favorable et il était tellement blessé qu’il est parti sans que je puisse le rattraper. »

Je vois Angela écarquiller les yeux de nouveau, je me sens un instant coupable de lui faire faire les montagnes russes alors j’enchaine sans  plus attendre :

« Mais en quittant ma maison il est tombé sur Edward et là... Ils se sont battus... »

Je prononce ces mots piteuse, pas fière pour un sous que les deux hommes se battent pour moi. Angela quant à elle est de plus en plus surprise et ne dit mot, hébétée, attendant sans doute la suite non moins détonante de mes péripéties incroyables.

« J’ai réussi à les calmer, mais Jake est parti sans que je m’explique.

J’ai pu par contre parler à Edward, c’était plutôt dur, mais il a eu l’air d’accepter ma décision.

Mais je n’ai pas de nouvelles de Jake depuis, hier il n’a pas voulu me répondre au téléphone et aujourd’hui je n’arrive pas à le joindre. C’est un enfer, j’aimerai pouvoir le rassurer et apaiser sa peine et je ne peux même pas lui parler ! »

Angela rassemble ses esprits, encore un peu choquée par tout ce qu’elle vient d’entendre, et me dit avec un air de stratège :

-« Tu as bien agit Bella. C’était la meilleure chose à faire. Mais maintenant il faut à tout prix que tu lui parles ! Le pauvre, imagine-le en cours aujourd’hui, mortifié par ta décision, son petit cœur brisé en mille morceaux... Après les cours tu devrais aller directement à la réserve, tout lui avouer, et il n’aura d’autre choix à ce moment que de te serrer dans ses bras forts. » Elle me fait un clin d’œil à ces mots en me souriant, encourageante.

-« Merci Angela, ça m’a fait du bien de t’en parler. Tu sais à la maison avec Charlie... »

Je n’ai pas besoin d’en dire plus, c’est l’évidence même : la communication père-fille n’inclut pas les histoires de cœur, elle n’inclut pas grand chose de toute façon s’agissant de mon père et moi.

-« Mais de rien enfin, ça sert à ça les amies ! » Elle pose une main sur mon épaule dans un geste affectueux, mais je ne sais pas trop comment y répondre. Je lui souris simplement, reconnaissante du soutient qu’elle m’apporte.

Elle ajoute en riant tandis que nous entrons finalement dans le self :

«  Je comprends mieux pourquoi tu n’as pas révisé pour le contrôle de maths ! »

Nous nous dirigeons ensuite  ensemble vers la table où Mike, Erick et Jessica entre autres sont installés.

 

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