Recueil d'un vampire

Chapitre 16 : Chapitre 16 : Naissance et renaissance

Catégorie: G

Dernière mise à jour 10/11/2016 05:38


Je la serrais dans mes bras un moment, en retenant ma respiration, étirant le cou pour la soustraire à mes dents meurtrières. Vaine précaution, car je ne ressentais pas le besoin de la mordre. Elle sentait bon, mais sans plus.



- Gianna, qui a-t-il ? Tu m’inquiètes. Je lui frottais le dos pour la calmer, en vain ses larmes redoublèrent d’intensité.



Je la laissais verser toutes les larmes de son corps sur mon tee-shirt propre et patientais.



- Tu dois m’aider Olivia, j’ai tellement peur, balbutia-t-elle.



- Assis toi et raconte moi, je ne comprends absolument rien, on t’a fait du mal ? Quelqu’un t’a-t-il menacé ?



J’avançais des hypothèses pour lui donner le courage de me raconter ce qui la bouleversait autant, cela marcha au-delà de mes espérances. Elle se mit à déverser des flots de paroles incompréhensibles, ponctuées de reniflements, le tout étouffé par le tissu de mon tee-shirt quelle pressait nerveusement contre sa bouche. J’avais beau avoir de super oreille je ne compris qu’un mot : Félix.



J’espérais quand même qu’elle n’avait pas couru le risque de me voir se jeter sur elle pour une querelle d’amoureux.



Je la saisie par les épaules et l’éloignait de moi doucement.



- Gianna ? L’interrompis-je fermement, je ne comprends rien, calme toi, respire et explique-moi ce que cet imbécile de Félix t’a encore fait.



Je la déposais sur un des tabourets qui entouraient le comptoir et allais lui chercher un verre d’eau, que je lui mis d’autorité dans les mains. Elle en but quelques gorgés et soupira :



- Désolé, pour la crise.



- Ce n’est rien, maintenant raconte, l’exhortais-je.



- La dernière fois que je t’ai vu…Elle s’interrompit brusquement et tourna lentement le regard vers moi.



Nous nous regardions toute deux étonné. Moi, parce que je venais de voir la lueur doré au fond de ses yeux et elle, parce qu’elle faisait enfin attention à ma nouvelle apparence.



- Tu es magnifique, l’immortalité te va très bien, me dit-elle une pointe d’envie dans la voix.



Ainsi je voyais l’âme humaine, je repris contenance et l’encourageais :



- Alors ?



- Félix et moi étions dans la cuisine, quand tu es partie avec Corin, il y a deux semaines, il m’a réconforté en me disant que je ne servirais pas de repas tant qu’il serait encore là pour me protéger, que nous quitterions Volterra s’il le fallait.



- C’est génial, il s’est enfin décidé à s’avouer qu’il t’aime.



- Oui sur le coup j’ai pensé qu’il se moquait de moi, mais il se déclarait avec une telle ferveur tout d’un coup, que je n’aie pu faire autrement que de lui dire moi aussi que je l’aimais aussi, depuis le premier jour où je l’aperçus, revenu de mission, il y a des mois de cela.



Elle s’exprimait la voix chargée d’émotion et elle étrennait son torse comme si cela avait été le jeune homme. J’étais heureuse pour c’est deux là, mais je ne voyais toujours pas pourquoi mon amie se trouvait dans cet état.



- Ou et le problème alors ?



Sa bouche se tordit dans une moue apeurée et les larmes firent leurs grands retours aux coins de ses yeux dorés.



- Cela faisait des mois que je le regardais de loin, que je l’aimais en silence et il fit de même m’avoua-t-il, il s’était mit dans la tête, qu’une relation avec une humaine, ne pouvait qu’être source d’ennuis pour lui, comme pour moi. Et il avait raison, sanglota-t-elle, nous étions sur un petit nuage, enfermé dans une bulle de félicité aveugle. Et arriva ce qui devait arriver.



Je les comprenais plutôt bien Corin et moi venions à peine de sortir de cette bulle justement.



Je fronçais les sourcils, mon cerveau était plus performant, pourtant je ne voyais pas où elle voulait en venir.



- Gianna soit plus claire là, pour le moment ta relation passionnée avec Félix ne me semble pas répréhensible, de quoi as tu si peur ?



Elle me fixait à présent, comme si j’étais la dernière des demeuré et elle accompagna son soupire d’agacement d’un geste que je ne compris pas sur le coup. Elle écarta la veste de tailleur qu’elle portait avec une moue qui voulait dire « regarde ! ».



-  Très jolie, dis-je me demandant si elle avait toute sa tête. Certes il y avait une minuscule tâche d’encre au niveau de la poitrine sur son chemisier de soie, mais si petite que je n’étais pas sûr qu’elle l’ait remarqué.



- Non, sous le chemisier ! S’écria-t-elle excédée.



Et je vis. Elle souleva celui-ci et apparu à mes yeux ébahis, son ventre à la peau légèrement tendu par la grossesse. Comment cela avait-il pu arriver ? Je me retournais brusquement, abaissant dans le même geste le chemisier de la jeune fille sur l’objet de ses larmes en entendant la porte de la cuisine s’ouvrir à la volée.



- Ce n’est que moi, murmura mon amoureux yeux écarquillé, parfait reflet de ma propre stupéfaction.



- Corin ? S’énerva Gianna, Olivia tu avais promis !



- Désolé, mais je ne suis immortelle que depuis quelques semaines, je tenais à avoir un filet de sécurité au cas où je me serais jetée sur toi.



- Je t’avais dit ne rien risquer !



- Comment peux-tu l’affirmer ? Lui demandais-je surprise par son assurance.



Elle pointa le doigt sur son estomac comme si c’était l’évidence même.



- Je ne dégage plus une odeur humaine, du moins en partie.



Elle avait raison derrière de faibles effluves mortelles, je distinguais des arômes de quelque chose de plus doux, de sucrée, une odeur de fête foraine, mélange de barbe à papa, de pomme d’amour et de caramels mous.



Corin nous interrompis abruptement.



- Tu as couché avec Félix ! Affirma-t-il incrédule.



Gianna se remit à pleurer. Je la pris dans mes bras pour la consoler et lançais un regard à Corin qui voulait dire « un peu de tact ».



- Je sais ce que tu penses, je suis une irresponsable qui ne peut pas se cacher derrière l’ignorance, cria-t-elle entre deux sanglots, puis elle gémi, nous ne l’avons fait qu’une fois !



J’avais le sentiment de me trouver en présence d’une ado, qui se retrouvait enceinte après un unique rapport, pensant qu’une seule fois ne pouvait porter à conséquence. Visiblement cette règle s’appliquait tout autant aux vampires qu’aux humains : il suffit d’une fois.



- Gianna tient l’accueil du château, mais pas seulement. Elle a été chargée par les maîtres, des archives. Ils y entreposent toutes les informations sur le monde mystique. Les maîtres n’écartent l’existence d’aucun être, qu’elle ait été avéré ou non. Tu serais surprise de savoir que nous ne sommes pas les seuls monstres à peupler ce monde. Le dernier dossier archivé concernait les hybrides, mi-humains, mi-vampires.   



Je me souvenais en effet vaguement de l’histoire des Cullen, que m’avait racontés Aro. Il était question d’un bébé qui avait mis toute la communauté vampirique en émoi.



- Cette idée ne m’a pas effleurée, nous n’avons pas réfléchi aux conséquences, rougi Gianna.



J’imaginais sans mal. Quand j’étais dans les bras de Corin j’avais l’impression de me déliter de ne plus être que matière et sensation, le cerveau n’avait pas grande utilisée dans ces moments-là !



- Bon ! Ok tu es enceinte, mais est-ce la fin du monde ? Après tout, vous vous aimez avec Félix, je doute qu’Aro te face tuer et puis il aime ce qui est rare et tu portes un bébé rare.



Je savais que les vampires était stérile, Corin me l’avait appris avant ma transformation, moi-même je n’avais jamais envisagé d’avoir d’enfants et je ne pensais pas que cela me manquerais un jour. En revanche, certaine d’entre nous, si elles avaient eu le choix, auraient surement donné la vie.



Du reste Renata m’avait confiée avoir eu un enfant quand elle était encore humaine, une petite fille qui était morte aujourd’hui, laissant derrière elle une belle descendance. Elle était une des rare de son espèce à bénéficier d’une double immortalité. Renata avait laissé derrière elle une descendance qui perpétuerait une petite partie d’elle à travers les millénaires, peu de vampire avait la chance d’avoir laissé une trace aussi durable.



Je pris conscience du silence de mes deux acolytes, Corin baissa les yeux sur ses chaussures, quant à Gianna elle me dévisageait interdite.



- Tu ne sais pas.



Elle ne m’adressait pas de reproches, mais constatait simplement mon ignorance à ce sujet.



- C’est vrai que tu es à Volterra depuis peu, tu n’es pas au fait de toutes les histoires du clan. 



- Que dois-je savoir de si terrible ? Demandais-je.



- Ce n’est pas une grossesse ordinaire. L’enfant et à moitié vampire par conséquent bien  plus fort que moi, devant mon air perplexe elle précisa, Olivia les bébés bougent dans le ventre de leurs mères.



Puis le jour se fit. Ils avaient la force des vampires, ils blessaient leurs mères. Puis un autre fait me sauta aux yeux, a deux semaines de grossesse le ventre la jeune femme n’aurait pas dû pointer sous son chemisier, elle n’aurait même pas dû être consciente de la vie qu’elle portait.



- La grossesse et accéléré, murmurais-je pour moi-même.



- Oui d’après ce que l’on sait, la gestation est d’un peu plus d’un mois, maintenant il y a fort a parier que ce délai dépend de la résistance de la mère, si elle survit à la grossesse et…



- …à l’accouchement, fini Gianna à la place de Corin en tremblant.



- Que se passe-t-il pendant l’accouchement, demandais-je me doutant de la terrible réponse.



- L’enfant se fraye un chemin à travers le corps de sa génitrice, lâchât Gianna, la pauvre transpirait la peur par tous les pores de la peau.



Je les regardais elle et Corin horrifié, un bébé qui rouait de coup sa mère et sortait de ses entrailles à coup de dents et de griffes.



Je ne savais pas trop comment réagir, comment la réconforter. Comment quelque chose d’aussi beau, qu’une naissance pouvait se transformer en film d’horreur ? Il existait bien un moyen de gérer les circonstances, même aussi dangereuses.



- Félix est-il au courant ? Demanda Corin le visage grave.



Je vis la jeune fille se mordre la lèvre et triturer son chemisier mal à l’aise.



- Gianna ! M’écriais-je, comment peux-tu lui cacher une chose pareille ?



Corin m’intima le silence, quelqu’un se tenait derrière la porte. Trop occupé, je n’avais ni entendu, ni sentis l’intrus. Gianna c’était figé de peur.



- Entre Félix, dit Corin très calme.



- Que se passe-t-il ? Pourquoi pleurs tu ? Demanda-t-il à Gianna lorsqu’il aperçu son visage ravagé par les larmes et la terreur.



Elle alla se blottir dans les bras du jeune homme, ses larmes ne semblaient pas vouloir se tarirent.



- Pardonne-moi, pardonne-moi, répétait-elle d’un ton suppliant.



- Ma douce, que dois-je te pardonner ?



La jeune femme renifla, prit une longue inspiration et lâcha en soudant son regard à celui du jeune homme :



- Je suis enceinte.



Un silence de mort tomba sur la petite pièce. Seuls les battements du cœur de Gianna et sa respiration précipitée monté à mes oreilles.



Félix était comme statufier par l’annonce de la jeune femme. Celle-ci le scrutait comme si elle s’était attendue à le voir hurler et gesticuler d’un instant à l’autre. Plus les minutes passaient plus elle rentrait la tête dans les épaules, comme pour ce soustraire aux regards rivés sur elle.



Il s’anima soudain et la prit dans ses bras, à l’instar d’un bébé.



- N’aie crainte ma douce, je m’occupe de toi, tout ira bien, la rassura-t-il, en embrassant délicatement son front.



La jeune femme s’apaisa instantanément, ses épaules et son visage se détendirent, Félix avait prit les choses en main Gianna semblait décharger du poids de sa peur.



- Olivia, peux-tu rester avec elle dans ta chambre, un moment ? Me demanda Félix en me regardant gravement.



J’acquiesçais et le suivi avec Corin, il déposa la jeune fille doucement sur la courtepointe et l’embrassa délicatement sur les lèvres.



- Je reviens tout de suite, lui murmura-t-il alors qu’elle se cramponnait à son cou refusant de le laisser aller.



Il murmura à toute vitesse pour nous seul :



- Je vais voir Aro et Marcus.



- Je t’accompagne.



Les garçons partis, je me tournais vers Gianna :



- Tu vas voir, tout va bien se passer.



Elle était couchée en chien de fusil la main sur son ventre.



- Je l’aie sentie bouger, ça m’a fait paniquer, s’excusa-t-elle.



- Tu as bien fait de m’appeler, nous allons gérer la crise ne t’en fait surtout pas.



Je me sentais un peu ridicule de répéter sans cesse que tout irait bien, alors que j’étais loin d’être aussi confiante à l’intérieur, mais je devais la rassurer.



Je m’installais à ses côtés sur le lit et regardais curieuse le renflement de son ventre à travers le satin. Je levais les yeux sur la jeune femme, elle s’était endormi les mains posées sur son ventre.



Je m’approchais de celui-ci et soulevais délicatement l’étoffe. La peau affinée par la tension, laissait paraître un réseau de fin vaisseaux bleuté. Il me semblait qu’il avait encore grossis durant cette dernière heure. J’approchais mon oreille doucement. Tout d’abord, je ne perçus que les battements réguliers du cœur de Gianna et les gargouillis de la vie intérieure, puis derrière, ténu, un papillonnement rapide. Je compris qu’il s’agissait des battements du cœur du fœtus.



Emerveillé je restais là un moment à écouter la douce sérénade que jouait ce petit être en formation.



Je ne m’étais jamais intéressé aux bébés pour moi il faisait partie d’un autre monde, j’avais dans l’idée que celui-ci n’aurait rien de commun avec les humains nouveau-nés, bruyant et malodorant.



Félix et Corin passèrent enfin la porte de la chambre leurs expressions laissaient présager, que tout n’allais pas être aussi simple que je l’avais imaginée.



- Alors ? Demandais-je, me laissant aller contre mon ange déchut quand il vint se coller à mon dos ses mains croisées sur mon ventre.



- Aro et Marcus n’étaient pas très contents, soupira Félix, mais je connais bien Aro il a fini par y voir l’occasion rêver d’étudier le phénomène en temps réel.



Le ton du jeune homme était plein d’amertume et je le comprenais, lui ne voyais pas dans la jeune femme endormie une éprouvette contenant une expérience inédite, mais l’amour de sa vie mise en danger par le fruit de leur inconscience.



- Aro n’est pas ravi uniquement parce qu’il n’est pas l’investigateur de ce qu’il voit comme une expérience, mais va-t-il nous aider ?



Félix m’adressa un regard reconnaissant, le « nous » que j’avais employé spontanément, lui montrait que nous étions là moi et Corin pour les épauler dans cette épreuve.



- Il n’y a malheureusement rien à faire Olivia, Aro va se contenter d’observer les événements de loin et c’est à ça que nous allons en être réduit nous aussi, je le crains.



- Mais il lui faut un docteur elle est humaine ! M’emportais-je.



- Mon amour, nous ne pouvons pas faire appel à un docteur pour des raisons évidentes et puis réfléchit, l’enfant est a moitié vampire, il ne nous servirait pas à grand-chose.



Il avait raison. Un vieux réflexe humain sans doute, on appelle le bon vieux médecin de famille bedonnant, une cuillère de sirop parfumé au caramel, une sucette et tout rentrait dans l’ordre.



Pourtant, il devait certainement y avoir quelque chose à faire. Mes vieux automatismes refirent surfasse et mon cerveau plus performant se mis à fonctionner à plein régime, échafaudent un plan d’attaque. Tout d’abord, se renseigner. Une bonne vision de la situation nous aiderait à anticiper chaque problème en temps et en heure.



- Tu as bien dit que Gianna avait archivé des documents sur les enfants hybrides ? Corin acquiesça,  la première chose à faire est de trouver ces documents et nous renseigner le mieux possible sur le déroulement de cette grossesse, puis nous aviserons, en fonction, de la marche à suivre.



Corin me dévisageait comme si j’avais été la huitième merveille du monde.



- Bonne idée mon amour.



Nous nous mîmes au travail sans tarder.



J’avais parcouru tous les documents disponibles, il relatait l’histoire d’un hybride nommé Nahuel et de ses sœurs, malheureusement cela ne me donna pas beaucoup de renseignement sur la grosses elle-même, je fus effarée d’apprendre que les mères ne s’en sortaient quasiment jamais, pour être exacte il n’y avait qu’une exception : Bella Cullen.



Décidément cette famille semblait toujours apparaître dans les pires moments. D’abord, lord de mon arrivée comme un cheveu sur la soupe, ensuite quand la question des « repas » avait été abordé, puis maintenant que Gianna attendait « un heureux » événement. Celle famille paraissait attirer les ennuis et s’en sortir avec une rare finesse.



L’histoire de ces jeunes gens, était fascinante certes et je satisfaisais ma curiosité naturelle en avalant les quelques pages dactylographiées, mais elles ne recelaient pas de détails d’ordre médical, rien qui aurait pu nous être utile, pour sauver mon amie.



Je me rendis au chevet de Gianna, Félix lui soutenait le front, alors qu’elle rendait son déjeuner dans la bassine posée sur ses genoux.



- Elle ne garde rien, me dit-il.



Je soupirais c’était mal parti. Je n’aimais pas voir Gianna dans cet état. Ses trais étaient tirés, son teint blafard. Elle ne paraissait pas avoir plus de force qu’un chaton sauvé de la noyade.



- Je n’ai rien trouvée, dis-je désolé.



- C’est normal, balbutia Gianna, Aro n’a relaté que l’histoire de Nahuel pour le moment.



- Tu dois aller voir Aro, me dit Félix, lui détient les informations dont nous avons besoin.



- Comment ça ?



- Il y a un an, nous sommes allés rendre une « visite » aux Cullen, il avait grimacé au mot visite, c’était peu de temps après la naissance de la petite hybride, bref Aro a contraint Edward a une poignet de main, afin de s’assurer que le bébé n’était pas une enfant immortelle, le fléau de notre peuple, ajouta-il à mon froncement de sourcils, certain d’entre nous on mal supporté de ne pas avoir d’enfant alors certain vampire ont transformé de très jeune enfant, il s’est avéré qu’il était bien pire qu’une nuée de sauterelle sur un champ de blé, il n’avait aucun contrôle comme peuvent en manquer les enfants en général, mais tu peux imaginer ce que cela peut donner quand on est un vampire.



Je grimaçais oui en effet j’imaginais assai bien.



- Les maîtres ont interdits de telles pratiques, c’est un sujet tabou chez les immortels, tous vampire accusé d’un tel délit se voit exécuter sans pitié, ainsi que toute personne complice. Les Cullen avaient été accusés d’avoir transformé cette enfant. Tout ça pour en venir au fait qu’Aro dispose de tous les souvenirs de Cullen qui ont précédé le contact, dont la grossesse de Bella et la naissance de sa fille.



- Je vais voir Aro immédiatement.



Je croisais Corin en chemin qui revenait bredouille de ses recherches à la bibliothèque du château, nous nous étions dit que peut-être une légende oubliée de tous, pouvait nous mettre sur la voie.



Je me composais un visage serin et frappais à la porte.



- Entré, Lumineusa, Corin, nous invita Aro.



Corin courba le buste en un salut respectueux, je n’avais jamais imaginé devoir faire de même et Aro ne semblait pas se vexer de mon peu de déférence envers lui, je laissais tomber là mes réflexions.



Il n’était pas seul Marcus était assit sur le fauteuil à la droite de l’imposant bureau, son expression d’éternel ennui sur le visage.



- En quoi pouvons-nous vous aider ? Demanda Aro visiblement déjà au fait de l’objet de notre visite.



- Je me suis permis de  consulter les documents archivés concernant les hybrides, malheureusement je n’ai rien trouvée de médicale dans tout ça.



- Oui nous ne nous sommes pas encore penchés sur la question, c’est une affaire…délicate.



Je comprenais bien que découvrir une autre espèce, requerrait beaucoup de réflexions quant à la marche à suivre. Ce que je dis à Aro :



- J’imagine que découvrir des êtres d’une autre nature que celle existant déjà à de quoi surprendre.



- Tu n’as pas idée.



- Non en effet, pour moi les vampires sont encore d’une autre nature que celle déjà existant dans mon monde.



- Tu fais partie de notre monde Lumineusa, tu es une Volturri. Cela dit, il redemanda : que pouvons-nous pour toi ?



Je décidais d’aller à l’essentiel :



- J’ai besoin des connaissances médicales que vous avez acquises au contacte d’Edward Cullen, après la naissance de sa fille.



Il me regarda de ses étranges yeux lumineux, sans me quitter du regard il tendit sa main vers Marcus. Je pris mon mal en patience tendis que les deux chefs s’entretenaient silencieusement.



Corin attrapa ma main et la pressa doucement, un calme salvateur m’envahit instantanément.



 Aro rompit le contact, il affichait un air satisfait.



- Je vais vous apporter mon aide, dit-il comme s’il m’offrait un précieux présent.



Et c’était certainement le cas, en y réfléchissant bien, il nous éviterait des erreurs qui pouvaient être fatale à mon amie.



- Mais je te demande un petit service en échange, trois fois rien rassure toi.



Je plissais les yeux suspicieuse que mijotait-il ? J’aurais dû me douter d’un « mais », Aro ne faisait jamais rien sans retirer le maximum de la situation.



- Je vous écoute.



Il se mit à rire devant ma suspicion évidente puis repris soudain son sérieux.



- Je souhaite que tu sondes mon âme Lumineusa, annonça-t-il de sa voix trop douce.



Je remarquais à peine Marcus quittant le bureau. J’étais abasourdie. Pourquoi me demander une telle chose ? Je refusais d’utiliser ce pouvoir pour le moment et il le savait pertinemment. Je ne m’en étais pas caché et nous en avions discuté longuement tout deux. Certes j’avais compris qu’il n’était pas d’accord, mais j’avais espéré bêtement qu’il me respectait assai pour tenir compte de mes objections. De toute évidence je me fourvoyais, ce qu’Aro voulait, Aro avait ! Alors que je me faisais cette réflexion, une petite part de moi bouscula ma véhémence. Cette petite partie avait un nom : curiosité.



Je fixais les yeux d’Aro ou plus exactement la lueur à l’intérieur. Son âme ne ressemblerait pas à celle que j’avais pu toucher jusqu’à présent je le savais, elle était incandescente tantôt incarnat tantôt vieil or. En général je prenais toujours soin de ne pas m’attarder sur le regard d’Aro, mais une partie vicieuse de moi avait envie de faire connaissance avec son âme. A quoi pouvait bien ressembler cette antique essence ? Etait-il conscient de la gravité de sa demande ? N’avait-il pas peur de ce que je pouvais lui faire ?



Comme pour répondre à la question il tendit la main vers moi, bien sûr qu’il ne me faisait pas confiance, Aro était un chef une sorte de roi incontesté, bien des vampires avaient du convoiter un tel statut, on en arrivait pas là en faisant confiance au premier vampire venu. J’étais pourtant bien placée pour connaître ses travers paranoïaques, justifié au demeurent.



Je tergiversais inutilement, la curiosité s’était répandu en moi comme un poison et j’étais toujours très attirée par les âmes que je croisais, c’était en plus l’occasion inestimable d’en savoir un peu plus sur ce personnage haut en couleur.



Il s’était contenter d’observer mes spéculations silencieuses persuadé que je céderais en fin de compte ou peut être n’avais-je jamais eu le choix.



Je penchais le buste vers sa main tendue prête à la toucher puis stoppais net. Quelle cruche, je n’avais pas pensée qu’avec la nécessitée d’un contact, j’ouvrais une fenêtre sur son âme et qu’il aurait le nez collé sur la vitre, qu’il allait assister au déferlement de sentiments et de lumière qui allait me submerger.



Cette constatation me déplut au plus au point, c’était une expérience que je ne voulais partager avec personne. Ces âmes avaient beau ne pas m’appartenir, j’étais quand même la seule à les voir, à les toucher, à les sentir. J’avais parfois la sensation qu’elles m’appartenaient un peu dans ces moments-là. Je me giflais intérieurement, mais je débloquais complètement elles ne m’appartenaient pas, elles étaient à eux et à eux seul ! D’où m’étais venu cette idée saugrenue ? Je ne pouvais m’approprier cette part d’un être vivant, mon dieu je me rendais compte soudain que c’est ce que devait ressentir Aro quand il mesurait l’étendue de son pouvoir sur les immortels, quand il les tenait dans le creux de sa main décident de la refermer sur eux ou de se montrer clément. J’avais moi aussi ce pouvoir me rendais-je compte horrifié.



Cela me terrifia soudain, cette frénésie qui me saisissait quand je touchais une âme n’était pas seulement le fruit des émotions de l’être à laquelle elle appartenait, mais le goût puissant et délectable du pouvoir.



Cette idée me donna la nausée et renforça mon idée de ne plus me servir de se pouvoir, tout du moins tant que je n’étais pas en danger s’entend.



Je me rencognais contre le siège et toisait Aro déterminé à ne pas céder.



Il affichait cette expression qu’avaient les enfants, le matin de Noël, en ouvrant leurs cadeaux, heureux de constater que le père Noël ne leur avait pas apporté un train en bois à la place d’un avion télécommandé.



La lumière se fit, il me testait. Aro testait la force de ma détermination à faire le bien, il voulait l’assurance que je ne profiterais pas de mon don pour le renverser, lui et ses comparses, de leurs trônes doré.



Il sourie pour me faire comprendre qu’il n’avait pas raté une miette de mon combat intérieur et qu’il était satisfait de ma réaction, je le regardais toujours un peu dégouté de me faire manipuler ainsi.



Puis je remarquais qu’il n’avait pas ramené sa main à lui, il souhaitait tout de même faire l’expérience.



- Lumineusa ?



Je poussais un profond soupire, lâchais la main de Corin a contre cœur, puis m’avançais de nouveau sur le bord du fauteuil, main tendu vers lui, regard soudé au sien.



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Voilà un chapitre que j'ai aimé écrire, un petit commentaire pour connaitre vos impressions, Merci!


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