En attendant la pluie

Chapitre 4 : Voyage au bout du jour - P2

4019 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 31/03/2024 18:44

Disclaimer : Twilight appartient à Stephanie Meyer, je ne fais que m’amuser avec ses personnages.


Bêta : KillerNinjaPanda (AO3) que je remercie chaudement pour ses relectures !


Avant-propos : Voilà la suite directe du chapitre précédent (qui était à l’origine un long chapitre que j’ai scindé en deux pour qu’il soit plus digeste), Jasper continue de raconter son histoire aux Cullen et parle enfin de son talent empathique et de son rôle « d’exécutant »…


J’espère que vous apprécierez ce chapitre, bonne lecture ! ;)

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« Le vrai désespoir ne naît pas devant une adversité obstinée, ni dans l'épuisement d'une lutte inégale. Il vient de ce qu'on ne connaît plus ses raisons de lutter et si, justement, il faut lutter. »

L’homme révolté – Albert Camus.


Il n’avait aucune envie de se battre. Pas avec ces gens, ni avec qui que ce soit : quatre-vingt-sept ans de batailles et deux années de quiétude avec Alice lui avaient montré que la paix était l’une des seules choses qui vaille la peine d’être préservée dans un monde absurde et plein de cruauté.


Mais comment avouer la nature et l’étendue de son pouvoir sans qu’ils ne sautent tous à la conclusion qu’il les manipulait depuis son arrivée et était à même de les plier à sa volonté ?


-En dehors des temps de planification stratégique où je parvenais à garder mon calme et des champs de batailles où j’étais un combattant naturellement doué qui laissait ses instincts prendre le dessus, j’avais des difficultés à apprécier mon statut de vampire. J’étais en permanence angoissé, toujours dans un étrange état de fureur, de peur ou de tristesse, ce qui était peut-être logique aux vues de ma nouvelle condition mais divergeait tout de même foncièrement de mon caractère en tant qu’homme. J’avais toujours été assez flegmatique et je ne pouvais m’expliquer que ma personnalité ait pris un tournant si radicalement différent du simple fait de la transformation. J’ai rapidement remarqué que mon caractère était plus changeant lorsque j’étais en présence de plusieurs personnes et que je redevenais maître de moi-même et serein quand je m’isolais… j’ai finalement compris que l’humeur instable ne venait pas entièrement de moi ou même du contexte pesant dans lequel nous nous trouvions mais de mon « don ». Ce que Maria avait perçu de « captivant » chez moi le soir de ma mort était, en fait, une sorte de talent caché.


Le choc d’Edward avait traversé Jasper avant qu’il n’ait le temps d’élaborer davantage. Il put sentir à la réalisation et la colère du télépathe que celui-ci avait maintenant une idée très exacte de la nature de son don.


« Laissez-moi finir, s’il vous plaît. J’arrive bientôt au terme de cette très longue explication. »


Edward hocha sèchement la tête, retenant un grondement. Il peinait à maîtriser son tempérament. Le nomade les avait sans doute tous manipulés depuis l’instant où lui et Alice étaient arrivés.


-Du temps où j’étais encore humain, j’avais toujours été plutôt doué pour lire les émotions des autres et les apaiser si besoin. J’étais également très persuasif, trouvant souvent les bons mots ou la bonne attitude pour faire valoir mon point de vue et obtenir ce que je désirais. Mon père appelait ça du charisme, après ma transformation il s’est avéré que c’était un peu plus que ça. J’étais devenu à même d’instiller mon état d’esprit à l’ensemble d’une assemblée. Mon talent comme vous l’avez maintenant peut-être compris est d’essence empathique. Je ne fais pas que comprendre les émotions des autres, je les ressens à un niveau physiologique comme si elles m’appartenaient, d’où ma confusion lors de mes premiers mois en tant que nouveau-né où j’avais de grandes difficultés à discerner mes propres émotions de celles de mon entourage. C’est en vérité un don qui peut être assez écrasant quand je suis en présence d’un grand groupe de personnes ou que j’évolue dans un environnement où certains ont des émotions hostiles. Et l’environnement dans lequel j’ai évolué durant mon temps dans le Sud, en guerre et entouré de nouveau-nés anxieux, colériques et assoiffés, était extrêmement hostile. Ce qui a entraîné chez moi une sorte de persistante… je suppose que le meilleur terme est mélancolie.


Jasper jeta un bref coup d’œil à Rosalie dont la haine étouffante semblait encore pouvoir augmenter d’un cran. La violence abrupte de son émotion le laissait songeur et le rendait nerveux, ce n’était pas une émotion conventionnelle envers un inconnu. Il y avait un bord très sombre sous la haine de la fille, une terreur cachée à la lisière de la rage et un dégoût envers lui qui semblait curieusement déplacé ; même au regard de toutes les atrocités qu’il avait déjà avouées. Il leva les bras dans un geste défensif involontaire. Les Cullen étaient globalement méfiants depuis son ébauche d’explication sur son pouvoir mais, Rosalie mise à part, il ne pouvait pas sentir une hostilité franche émanant d’eux. Au contraire, il pouvait même sentir une étrange compassion provenant de Carlisle et d’Esmée. Même la fureur d’Edward semblait déjà s’être un peu émoussée sans qu’il ne tente de le calmer.


-Je peux sentir votre méfiance et je ne prétendrai pas qu’elle n’est pas méritée, j’ai utilisé mon don sur vous à plusieurs reprises depuis qu’Alice et moi nous sommes approchés de votre propriété. Je ne l’ai pas fait dans le but de vous manipuler mais pour essayer d’assurer notre sécurité. Je craignais que mon apparence ne vous pousse à nous attaquer. La seule émotion que j’ai tenté d’imposer depuis le début de cette conversation est le calme et je vous prie de croire que je ne l’ai pas fait à de mauvaises fins. S’il est vrai que je peux agir sur les émotions des autres, il est également vrai que je suis très sensible au climat émotionnel. Les émotions des autres m’influencent autant que je peux les influencer et même après des années à maîtriser cette capacité, je ne peux parfois pas empêcher les sentiments des autres d’altérer un peu ma perception des choses, ce qui peut me faire modifier mon comportement de manière inadaptée. Si je n’avais pas pacifié le climat de la pièce en démarrant mon récit, il aurait pu être plus compliqué pour moi de m’exprimer. Si votre peur et votre méfiance avaient été à leur plus haut niveau, je serai sans doute devenu nerveux et effrayé en réponse et aurait eu du mal à raconter mon histoire sans perdre le fil ou devenir agité. Contrairement à ce que vous pourriez penser, mon talent ne me permet pas d’altérer votre jugement sur nous. Il est très compliqué de créer des émotions à partir de rien, généralement je me contente d’agir sur l’existant, amplifiant ou diminuant les émotions des gens qui m’entourent. Si une émotion est purement artificielle, la personne à qui je l’envoie peut facilement le remarquer, ce qui rend l’effet moins efficace. Par exemple, lorsqu’il a découvert mon empathie quelques instants avant que je n’en parle, Edward était furieux : même si je lui avais envoyé un sentiment de sérénité, ça n’aurait pas réellement atténué sa colère envers moi, voire ça aurait pu l’amplifier.


Jasper continuait à regarder Carlisle dans les yeux, espérant que l’homme puisse percevoir sa franchise. Il ne s’était déjà que trop étalé et perdu dans les méandres de son histoire, il était temps d’assumer la partie la plus atroce en évoquant son rôle de bourreau.


-Dans le Sud, c’était une guerre sans fin. Les escarmouches se succédaient indéfiniment, il s’agissait toujours de prendre une ville de plus, de perdre un bastion au profit d’un autre, de s’établir dans une région en en chassant les autres clans et de la défendre. J’ai combattu quasiment chaque semaine pendant quatre-vingt-cinq ans en tant que sous-commandant de l’armée de nouveau-nés de Maria. Elle-même ne prenait plus part aux combats à partir de 1865, me laissant le soin de former les soldats et de les éliminer une fois leur utilité perdue. Mon don rendait aisé de gérer jusqu’à une quinzaine d’individus et nous avons au fil des guerres, gagné de l’influence et fait du Mexique entier le territoire de Maria. Comme je le disais plus tôt, mes victimes pendant cette période se comptent en dizaines de milliers… j’ai tué aux alentours de vingt-mille vampires durant les guerres. Plus de mille étaient mes propres soldats. Une fois la première année écoulée, la force des nouveau-nés décroît, j’étais chargé de les instruire, de les mener à la bataille et lorsque le sang humain n’imprégnait plus leurs tissus et que leur force et leur vitesse avaient faibli, je devais les éliminer pour que ma créatrice puisse les remplacer par de nouvelles recrues « plus performantes ». J’étais bien davantage un fossoyeur qu’un meneur des troupes. Cette vie m’insupportait, je n’y voyais pas de sens ou de fin mais j’ai continué à mener les batailles de Maria et à agir comme bourreau durant des décennies sans jamais remettre en question les ordres qui m’étaient donnés.


L’horreur et le choc étaient partout, Esmée émit un faible son étranglé, Edward enfouit sa tête entre ses mains, ayant sans doute perçu des images mentales abjectes, Rosalie et Emmett grognèrent de concert. Les émotions d’Alice avaient une tonalité triste et désolée, même si elle continuait à rayonner gentiment vers lui, essayant sans doute de lui transmettre un peu de calme et de réconfort. Jasper se retint de physiquement reculer et de baisser les yeux face à l’expression douloureuse de Carlisle. Les émotions de l’homme étaient indescriptibles en cet instant. Jasper avait la gorge nouée et la sensation d’avoir une pierre au fond de l’estomac. Il devait en finir avec ça. Il se força à poursuivre son récit, agacé et honteux d’entendre le léger tremblement dans sa voix. Son accent du Sud semblant, à ses propres oreilles, devenir plus épais à mesure qu’il s’obligeait à parler.


-Moins de… moins de dix ans après ma transformation, les combats m’avaient épuisé, mon don rendait douloureux de côtoyer des gens souffrant mais j’étais toujours aussi doué sur un champ de bataille, la colère des autres combattants s’infiltrait dans mes propres émotions me rendant plus sauvage et meurtrier. La peur que je ressentais se diffusait sur l’ensemble des soldats présents : mes hommes étant habitués à mon pouvoir, ils parvenaient à se battre malgré la terreur que je provoquais mais cela paralysait souvent une partie des ennemis, rendant notre armée implacable. Les exécutions de nouveau-nés étaient la pire partie de mon travail, peu importe à quel point j’étais rapide pour procéder ou à quel point j’essayais d’utiliser mon don pour les calmer, il y avait toujours une fraction de seconde au moment de la mise à mort où leur rage et leur effroi m’envahissaient. Maria m’avait affirmé que se débarrasser des recrues trop âgées et n’ayant pas de talent particulier était une règle tacite pour ceux de notre espèce et, même si ça n’excuse rien, je croyais que tous les clans fonctionnaient de cette manière. Elle m’avait dit que les vampires étaient, partout dans le monde, engagés dans des guerres éternelles… c’est pourquoi, même si je ne supportais plus de devoir me battre, je n’ai jamais pensé à déserter. J’étais né dans le Sud et j’y mourrai une seconde fois. Je pensais ne pas avoir le choix.


Il semblait sincèrement défait alors qu’il prononçait ses mots avec le ton d’un homme se confessant sur l’échafaud.


-Après plus de soixante-dix ans d’un cycle infernal de combats et d’exécutions, Maria a involontairement bouleversé notre routine morbide en créant un nouveau-né appelé Peter : il était intelligent et avait un étrange sens de l’humour, ses émotions étaient plus maîtrisées et positives que celles des autres vampires immatures, sa présence m’apaisait, diminuant ma mélancolie et, d’une manière ou d’une autre, nous avons lié amitié durant sa première année de service. C’était un excellent combattant et lorsqu’il est venu l’heure de son exécution, j’ai réussi à convaincre Maria de l’épargner. Nous avons continué à combattre ensemble durant trois ans et j’en suis venu à le considérer comme un frère. En 1941, il a rencontré un nouveau-né appelé Charlotte et s’est attaché à elle. Lorsque son temps fut écoulé, il m’a supplié de la laisser vivre, j’ai essayé de convaincre Maria mais ai échoué : Charlotte était une personne douce, elle n’avait pas l’étoffe d’une combattante et elle n’avait survécu à son année de service qu’avec beaucoup de chance et de protection de la part de Peter. Maria m’a ordonné de procéder à l’exécution. Peter avait jusque-là réussi à me dissimuler la profondeur de son affection pour Charlotte, quand je lui ai annoncé que sa condamnation était actée, il est devenu furieux et… dévasté. J’ai compris qu’ils étaient amoureux l’un de l’autre et j’ai senti qu’il m’affronterait pour elle sans hésiter, quitte à en mourir. Je ne pouvais pas me résoudre à lui faire du mal. Alors, je les ai aidés à fuir.


Jasper se souvenait de la rage fulgurante, du sentiment de trahison et du désespoir de Peter alors qu’il confirmait son intention d’éliminer Charlotte. Il se demandait parfois ce qui se serait produit s’il avait simplement décidé d’obéir à Maria et qu’ils avaient dû se combattre. Aurait-il laissé Peter le détruire ou aurait-il tué la seule personne au monde qu’il considérait comme un ami ? La perspective lui laissait une sensation d'horreur indicible.


-Maria ne m’a jamais pardonné d’avoir permis leur désertion et nos relations se sont de plus en plus détériorées durant les cinq années qui ont suivi. Disons juste qu’elle avait trouvé une manière imaginative de me punir après leur départ et que je n’ai pas exactement accepté ma punition. Pour la première fois, j’ai utilisé mon don sur elle de manière offensive et elle est devenue inquiète et effrayée en ma présence. Bien que je ne contestais pas ses ordres et continuais à manœuvrer ses troupes, j’ai senti qu’elle n’avait plus confiance en moi et planifiait de me tuer sans pour autant se décider à passer à l’acte. Elle en était encore à hésiter sur mon sort, quand en 1947, Peter a risqué sa vie et est revenu à Monterrey pour me voir. Il m’a dit que Maria avait menti, qu’il n’y avait pas de guerres vampiriques au Nord, pas d’armées de nouveau-nés. Il m’a dit que la vie y était paisible… il m’a proposé de l’accompagner en Virginie-Occidentale où il vivait avec Charlotte. J’ai accepté sans hésiter et ai finalement quitté le Sud après plus de quatre-vingts ans de massacres.


Jasper souffla et eu un étrange sourire sans joie.


-J’ai voyagé durant quelques mois avec eux mais alors que je ne pensais que mon état d’esprit allait s’améliorer, ma dépression n’a fait que s’amplifier : la paix me laissait beaucoup trop de temps libre pour réfléchir à mes crimes et me nourrir m’était devenu insupportable. Boire du sang n’avait jamais été vraiment agréable pour moi mais les émotions diffuses des autres nouveau-nés à proximité atténuaient les sensations provenant de mes victimes et me permettaient de m’alimenter assez facilement quand j’étais encore au Mexique ; maintenant seul avec mes proies, leur désespoir et leur terreur me frappaient de plein fouet. Un retour de bâton mérité, je suppose. J’étais à peine fonctionnel à cette époque et la maîtrise de mon pouvoir avait tendance à m’échapper : je projetais involontairement une partie de ma tristesse et je me suis vite rendu compte que je rendais Peter et Charlotte malheureux. Après un peu moins d’un an en leur compagnie, je les ai quittés pour poursuivre ma route en solitaire. J’ai continué à errer durant quelques temps entre le Maryland et la Pennsylvanie. Pour ce que ça vaut, j’ai essayé de me nourrir le moins possible durant cette période mais j’ai honte d’avouer que je n’ai jamais songé un instant que le sang animal pouvait constituer une source d’alimentation et je n’ai jamais réussi à m’abstenir de tuer plus d’un mois.


Et en y repensant sa tentative pathétique d’espacer au maximum ses repas c’était avéré un fiasco total et avait causé plus de pertes humaines que son alimentation standard : après deux semaines sans se nourrir, il était assoiffé, irritable et colérique ; après trois semaines, la faim devenait insupportable, oblitérant ses pensées rationnelles et le prenant aux tripes, chaque jour de plus à retarder l’échéance devenant un combat contre lui-même qu’il savait n’avoir aucune chance de remporter. Au bout d’un mois, sa raison vacillait et, systématiquement le prédateur reprenait le dessus et il massacrait le groupe d’humain malchanceux croisant sa route au mauvais moment, où son corps lui rappelait qu’il n’était plus un homme et qu’il était bien incapable de mourir de faim. Une leçon que Maria avait pourtant cherché à lui inculquer de la pire des manières.


Jasper sembla se perdre un instant dans ses pensées, puis eu brutalement un sourire sincère complètement incongru aux vues de la dévastation totale qu’il avait affichée quelques minutes auparavant. Le sourire éclaira son visage, faisant briller ses yeux dorés d’un étrange éclat alors qu’il se penchait légèrement vers le canapé derrière lequel il était toujours posté pour laisser le bout de ses doigts caresser l’épaule d’Alice.


-En 1948, j’ai traversé Philadelphie par un soir de tempête, par hasard, je me suis abrité de la pluie dans un diner et j’ai rencontré Alice. Bien sûr elle m’avait vu arriver. Elle m’a reproché de l’avoir fait attendre… c’était un petit monstre effrayant et effronté. Elle n’avait absolument pas peur de moi et elle me noyait sous un tas d’émotions merveilleuses et incompréhensibles. Je l’ai suivie sans réfléchir quand elle a insisté pour que nous sortions nous promener sous le déluge. Je l’ai écoutée toute la nuit me parler d’elle, de ses visions, de votre famille et du régime « végétarien ». J’étais vraiment soulagé d’apprendre qu’il existait une autre méthode, de savoir qu’un vampire pouvait subsister sans sang humain. Il y avait quelque chose d’extrêmement doux, joyeux et pur dans les émotions d’Alice et je me sentais incapable de me détacher d’elle. De mon existence, je ne m’étais jamais senti si heureux et en paix. Je savais ne pas mériter ces sentiments et qu’il fallait que je la laisse partir ; alors quand l’aube s’est levée, je lui ai raconté mon passé, comme je viens de le faire pour vous, en incluant le maximum de détails sordides, pires que ceux que je viens de partager. Je croyais qu’elle allait être terrorisée et s’enfuir. À la place elle s’est obstinément accrochée à moi, sans un mot, et elle m’a tenu dans ses bras jusqu’à ce que la pluie s’arrête.


Il ne pourrait jamais oublier l’émotion brute qui avait envahie Alice, cette fille si minuscule et joyeuse qu’il venait de rencontrer. Cette inconnue qui aurait dû être épouvantée par lui et par le poids de ses innombrables fautes mais qui brûlait pourtant de compassion et d’amour envers lui, le tenant fermement dans ses bras alors qu’il s’effondrait et hésitait à fuir. Le tenant de toutes ses forces alors qu’il tremblait et que son don éclaboussait les environs de sa tristesse et de sa haine de lui-même. Ce sentiment qui émanait d’elle, outrepassant son désespoir, balayant ses regrets ; c’était au-delà du pardon, au-delà de l’absolution.


C’était comme un serment chuchoté.


Comme rentrer à la maison après des années d’errance. Alors il avait abandonné l’idée de fuir, désespéré de prendre tout ce qu’elle lui offrait et il l’avait gardée serrée contre lui jusqu’à ce que la pluie s’arrête. Et quand la pluie s’était finalement arrêtée, elle lui avait adressé un sourire brillant, faisant vaciller la terre sur ses fondations, et il l’avait embrassée. Et il s’était surpris à espérer.


-Pour la première fois depuis mes seize ans, j’ai ressenti de l’espoir.


L’espoir n’était pas vraiment une émotion, c’était un sentiment complexe. Dur à comprendre, encore plus dur à expliquer. Jasper essaya de se rappeler le plus fidèlement possible la sensation qu’il avait éprouvée ce jour-là et la poussa vers les Cullen. Essayant de leur transmettre quelque chose de vrai sur ses motivations.


-Nous ne nous sommes plus quittés depuis. Et nous voilà aujourd’hui. Nous sommes ici.


Ils étaient ici. Pleins d’espoir.


Suspendus au jugement de Carlisle Cullen.


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Remarques diverses : Voilà, c’est fini pour le long discours de Jasper sur son histoire… j’ai essayé de garder le maximum d’éléments canoniques et de broder autour pour mieux appréhender le cheminement des personnages, notamment Jasper. J’espère que les amateurs du fandom trouvent, pour l’instant, ces développements crédibles ;)


Il y aura d’autres passages assez sombres dans cette fic qui feront référence à l’esclavage, à la torture (notamment un chapitre qui sera centré sur le temps de Jasper dans l'armée de Maria), à des abus sexuels passés et d’autres sujets « lourds » mais il n’y aura aucune description vraiment « graphique » de violences passées si ça peut rassurer certains.


A bientôt pour la suite (qui mettra un peu de temps à arriver, ma bêta lectrice étant actuellement bien débordée irl) qui sera un peu plus légère. Enfin, juste un peu : la légèreté ce n'est pas mon fort :p



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