Une dernière promesse

Chapitre 1 : Des vacances attendues

3798 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 31/08/2020 21:25

La sonnerie marqua la fin des cours et éventuellement le début des grandes vacances. Une ribambelle de gamins se précipita à l'extérieur de la classe en piaillant joyeusement. Comme tous les jours, seul un enfant au polo rayé bleu et rose ne se pressa pas, et pour cause : sa maman, Toriel, rangeait tranquillement elle aussi ses affaires devant lui. Un des nombreux avantages à avoir sa mère en tant que professeur de français. L'adolescent rabattit ses longs cheveux bruns en queue de cheval et jeta un coup d'œil dans le fond de la classe où une grosse valise bleue patientait sagement.


Il se dirigea tranquillement vers elle et la tira avec difficulté vers la porte d'entrée, poussé par une détermination sans faille.


"Fais attention à ton dos, Frisk, la sermonna doucement sa mère. Tu ne voudrais pas te faire mal juste avant les vacances, pas vrai ?

— J'ai quatorze ans, maman, je suis assez grand pour tirer une valise tout seul."


Il haussa les épaules et décida de prendre le problème de l'autre sens, en poussant la grosse valise jusqu'à la porte, juste devant une paire de pieds écaillés bleus. Surpris, Frisk releva instantanément la tête et un sourire illumina son visage en reconnaissant Undyne, elle aussi une grosse valise rose à ses côtés couverte de stickers de divers animes japonais. Le garçon lâcha ses affaires pour se jeter dans les bras de la femme-poisson qui le souleva comme s'il ne pesait que quelques grammes.


"Regarde-moi ça ! Tu as pris au moins deux centimètres depuis l'année passée, punk !

— Ou c'est toi qui rapetisse, je crois que tu deviens vieille, la provoqua-t-il malicieusement.

— Je rêve ! cria-t-elle, outrée. Le gamin qui ne ferait pas de mal à une mouche vient de m'insulter ! Tes hormones poussent enfin ? A quand la barbe comme Asgore ?"


Elle l'étouffa de nouveau dans un rire sadique un poil effrayant. Frisk sourit, heureux de la retrouver. Il n'avait pas eu l'occasion de revoir ses amis depuis les vacances de Noël, date à laquelle Toriel et lui avaient emménagé loin de Nouvelle Nouvelle Maison, où la plupart des monstres avaient élu domicile. Cette décision avait été difficile à vivre, autant pour Frisk que pour Toriel, mais c'était le prix à payer pour permettre à sa maman d'obtenir un rôle d'institutrice dans la première école hybride de monstres et d'humains. Ils avaient gardé contact avec les autres, bien sûr, mais ce n'était pas la même chose.


Les vacances de juillet et août allaient être l'occasion de renouer avec ceux que l'enfant considérait désormais comme sa famille. Undyne, Alphys, Mettaton, Asgore, Papyrus, Sans... Frisk ne tenait plus en place depuis deux jours et avait tenu à partir dès la fin des cours. Undyne, en visite en ville pour gérer quelques affaires de sécurité à l'ambassade, avait décidé de les attendre pour regagner la "maison".


Frisk lança un regard impatient à Toriel qui prenait tout son temps pour nettoyer le tableau noir couvert de notions de grammaires. Elle le faisait exprès. Il savait qu'elle le faisait exprès. L'adolescent trépigna dans les bras de Undyne et agita piteusement ses jambes dans le vide pour lui demander de le poser à terre.


"Maman, geignit l'adolescent, on va être en retard pour prendre le train !

— J'arrive, j'arrive. C'est simplement que je suis un peu triste de quitter cette salle de cours pour deux longs mois. J'ai l'impression d'émerger d'un rêve..."


Frisk se mordit la langue pour ne pas répliquer que ce n'était absolument pas son cas. Il trouvait l'école longue, épuisante et détestait les devoirs, en particulier lorsque Sans était trop fatigué pour l'aider à les faire, ce qui arrivait de plus en plus souvent ces derniers temps. De tous, c'était pourtant le squelette que Frisk avait le plus hâte de retrouver. Même s'il ne l'avait jamais exprimé à voix haute, la séparation avait été difficile pour Sans. Tout comme pour son frère d'ailleurs, qui ne comprenait tout simplement pas pourquoi ils devaient partir et avait assumé que tout était de sa faute avant d'éclater en larmes sur le quai de la gare pour l'empêcher de partir.


Frisk avait essayé de leur remonter le moral en les appelant quotidiennement, puis faire ses devoirs en compagnie des deux squelettes était devenu une sorte de routine. Papyrus n'était pas d'une grande aide, ne comprenant pas lui-même la plupart des exercices, mais Sans, quand il était de bonne humeur et réveillé lui apportait de bons compléments de cours. Frisk avait même actuellement progressé en mathématiques et en sciences grâce à lui sans presque le moindre effort tant tout paraissait simple lorsqu'il expliquait. L'adolescent n'avait pas osé lui demander s'il avait travaillé dans le milieu à un moment ou un autre de sa vie, mais les étoiles qui brillaient dans ses yeux quand il parlait de physique quantique ne trompaient pas.


Undyne récupéra la valise de l'adolescent malgré son regard réprobateur et légèrement vexé, et ils finirent tous les trois à se mettre en route. La gare était proche de l'école, ils avaient décidé de s'y rendre à pied pour éviter un trajet en voiture encombrant. Frisk, un peu nerveux, passa en tête. Il n'aimait pas vraiment l'idée de traverser le quartier en compagnie de sa mère et Undyne, pas par honte, mais par peur. Ici, comme dans encore beaucoup de villes du pays, il était mal vu de ne pas être humain. En tant qu'ambassadeur des monstres auprès des humains, Frisk avait déjà été témoin trop de fois de l'idiotie de certains humains incapables d'élargir leur esprit à autrui. Il avait aussi échappé de peu à deux attentats terroristes qui s'étaient soldé par une mise en retrait de la vie médiatique, sur les conseils d'Asgore, et plus surprenant, de Sans. Très protecteur, le squelette s'était fait un plaisir de traquer un par un les responsables pour les traîner ensuite devant un tribunal sans la moindre pitié. Tout du moins lorsqu'ils ne se donnaient pas mystérieusement la mort juste avant le procès. A contre-coeur, Frisk avait obéi. Il aidait toujours les monstres à son échelle, en aidant les rares qui osaient s'installer dans le grand vilain monde et en se battant pour une égalité des droits pour les monstres qui avait fini par porter plus ou moins ses fruits. Les inégalités étaient encore importantes, mais au moins, ils n'étaient plus considérés comme des animaux comme au début, cinq ans auparavant, où Papyrus avait manqué de se faire tuer en imposant sa présence aux humains par surprise malgré l'intervention rapide de Undyne, Alphys et Sans pour le stopper.


C'était aussi pour cette raison que les monstres avaient décidé de bâtir leur propre capitale, au pied du Mont Ebott, à bien des kilomètres de là. Pour profiter de leur liberté sans avoir à imposer leur présence aux humains. La ville leur était cependant grande ouverte. Beaucoup d'humains avaient d'ailleurs décidé de s'y installer en soutien à leur cause, ou simplement pour un voyage touristique. Frisk était plus méfiant vis à vis de ces derniers, inquiets que ces voyages ne tournent en "visite de zoo" pour voir des monstres.


Comme bien souvent, les problèmes ne tardèrent pas à leur barrer la route. Deux jeunes habillés en noir les suivaient depuis un petit moment lorsqu'ils se décidèrent à leur passer devant, non sans les bousculer au passage, pour leur barrer la route. Frisk décida dans un premier temps de les ignorer et de continuer leur chemin, mais ils se déportèrent pour lui bloquer une nouvelle fois la route.


"On ne veut pas de problèmes, dit Frisk d'une voix ferme. Laissez-nous passer.

— Ou quoi ? Tu vas aller à la ferme pour porter plainte auprès du tribunal des chèvres géantes ?"


L'adolescent lança un regard vers sa mère. Malgré le dégoût évident que lui apportait les propos, elle resta digne et serra les poings. Il n'y avait rien à dire. S'ils attaquaient, d'autres humains viendraient défendre les deux idiots. Ici, les monstres n'avaient pas leur mot à dire. Enfin... Si on ne s'appelait pas Undyne, bien sûr.


"Eh, les punks, vous avez pas entendu le gamin ? Bougez d'ici avant que je vous fasse bouger moi-même.

— Undyne, ne les provoque pas, avertit Toriel à voix basse. Ils n'en valent pas le coup.

— Ouais, répondit l'un de leurs agresseurs. Suis les conseils de la chèvre mutante si tu veux pas qu'on fasse des sushis de ton visage de dévergondée, sale garce."


Il cracha aux pieds de la guerrière qui recula d'un pas, avant de relever les yeux vers lui. Frisk posa sa main sur son poing serré qui virait dangereusement au bleu pâle, signe qu'elle se préparait à invoquer de la magie. Elle bouillonnait de rage, et cela n'allait pas aider leur affaire. Undyne était loyale et croyait fermement à la justice. Cette provocation sournoise mettait tous ses nerfs à l'épreuve. Elle se calma au contact de Frisk, mais passa devant le groupe. Elle dégagea la voie d'un grand coup d'épaule qui fit valser l'un des deux hommes à terre. L'autre, abasourdi, ne réagit qu'après. Il chargea la femme-poisson en beuglant, Undyne lui attrapa le poing au vol et le balança sur son ami avec un coup de pied violent dans les fesses.


Ils s'enfuirent sous les insultes et les menaces de mort, quotidien tristement habituel, si bien qu'ils décidèrent de ne plus en reparler. A quoi bon ? On ne pouvait pas changer tous les humains ; les monstres n'avaient d'autre choix que d'accepter le refus de certains en attendant que les événements se tassent. Comme si rien ne s'était passé, à peine tournés au coin de la rue, ils se mirent à parler de tout et de rien joyeusement, leurs grosses valises derrière eux.


La gare annonçait l'arrivée imminente du train au moment où ils arrivèrent. Ils n'eurent pas à attendre bien longtemps avant de pouvoir embarquer dans l'imposant véhicule futuriste. Il s'agissait de petites capsules de verres, liées les unes aux autres, ce qui permettait à la fois de l'intimité et un paysage exceptionnel. Toriel avait réservé l'une des plus petites, pour quatre personnes. Ils jouèrent quelques instants au Tétris avec leurs bagages avant de s'installer autour de la petite table, Frisk à côté de Undyne, et Toriel à côté des valises, plus ou moins confortablement installée. Ils se détendirent dès que le train se mit en route, et engagèrent la conversation. Le voyage durait un peu plus de six heures, et avec quelqu'un aussi énergique qu'Undyne dans le véhicule, il ne valait mieux pas s'ennuyer rapidement.


"Comment va la maison depuis l'année dernière ? commença Toriel, souriante. Y-a-t-il eu des améliorations ?

— On a inauguré le poste de police, qui n'est rien d'autre qu'un autre nom pour la garde royale. On y a embauché toutes les sentinelles et les gardes, et ils font le même travail qu'avant.

— J'ai crû comprendre que Papyrus avait été intégré vu qu'il a crié tellement fort que mon casque a décidé de rendre l'âme, se moqua Frisk.

— Ouais, répondit la femme-poisson dans un demi-sourire. On a dû lui créer un poste un peu spécial, étant donné... Eh bien, que Papyrus est Papyrus... Il gère la propreté des villes et les stationnements. C'est barbant, personne n'en veut, sauf lui. Il faut dire aussi qu'il culpabilise tellement les contrevenants que très peu d'entre eux récidivent.

— Et Sans ? demanda innocemment Toriel. Fait-il lui aussi partie des officiers ?"


Le regard d'Undyne s'assombrit légèrement et elle hocha négativement la tête.


"Pas vraiment. Enfin, si, il a son rôle de sentinelle, mais on ne le voit presque plus à dire vrai. Il ne sort que lorsque Papyrus le traîne dehors de force, et lorsqu'on arrive à le faire travailler, on le retrouve endormi à sa station. Mais pas... Pas comme d'habitude.

— Il n'a pas digéré notre départ... devina Toriel. Cette tête de bourrique est incorrigible. Il pouvait simplement parler et demander de passer quelques jours à la maison...

— Il n'est pas le seul dans cet état, à vrai dire. Asgore...

— Stop. Je ne veux même pas entendre ce que tu as à dire sur lui, grogna l'ancienne reine, de mauvaise foi. Son discours pseudo mélodramatique sur l'abandon ne me touche pas. La distance est pour le mieux."


Frisk resta silencieux, songeur. La relation de sa mère et de son "père" ne l'intéressait pas plus que ça, après tout, il voyait Asgore une fois par mois avant son déménagement, et plus du tout ensuite, mais la situation de Sans l'inquiétait. Dans quel état allait-il retrouver le squelette ? Pourquoi avait-il fait semblant que tout allait bien pendant leurs sessions de devoirs si ce n'était pas le cas ? Il savait qu'il cachait bien la plupart de ses émotions et de sa vie à Papyrus, mais Frisk pensait qu'ils avaient dépassé ça depuis... Depuis qu'il avait promis de cesser les Reset, où la tension entre l'humain et le squelette était devenue difficilement gérable, malgré les tentatives de Frisk pour se rattraper. La situation s'était apaisée, et Sans lui avait montré plusieurs fois que même s'il n'oubliait pas ce qu'il avait fait - comment le pourrait-il ? -, il n'avait aucune raison de continuer de lui en vouloir. Après tout, tout le monde était en vie et se portait bien. Que se passait-il donc ?


Sans le vouloir vraiment, Frisk se perdit dans le fil de ses pensées et sentit ses paupières s'alourdir peu à peu, jusqu'à ce qu'il termine par s'endormir contre l'épaule musclée d'Undyne qui, d'abord surprise, finit par passer un bras autour de lui pour lui fournir un oreiller plus confortable.


*********


"Mesdames, messieurs, notre gare arrive en gare de Nouvelle Nouvelle Maison. Assurez-vous de n'avoir rien oublié dans le train. Nous vous souhaitons une agréable journée."


Frisk cligna des yeux, un peu perdu et se redressa, un filet de bave aux lèvres. Le voyage avait été bien plus rapide que prévu et pour cause : il avait tout simplement dormi tout le temps qu'il avait duré. Undyne n'était pas plus fraîche que lui, la tête encore posée sur la sienne. Toriel rangea soigneusement sa liseuse et le paquet de Uno dispersé sur la table. S'il n'avait pas entendu la femme-poisson rageait sur le jeu, comme à chaque fois, c'était vraiment qu'il était épuisé.


L'adolescent colla son visage à la vitre. Le train traversait l'immense pont qui passait au-dessus de la capitale. La gare se trouvait à l'entrée du Mont Ebott, à vrai dire à l'endroit même où il était tombé des années plus tôt. La place de la gare portait par ailleurs son nom, choix approuvé par l'ensemble des monstres des souterrains. La vision calme de la ville remplit son coeur de joie et de détermination. Enfin, il rentrait à la maison !


"Bien dormi, Frisk ? se moqua gentiment Toriel. Je sais qu'Undyne est techniquement un poisson, mais je ne pense pas que la bave soit son type d'élément. Tu aurais vu sa tête lorsqu'elle a essayé de t'essuyer la bouche, c'était hilarant.

— Oh bon sang, maman... rougit l'adolescent, embarrassé."


A l'entente de son prénom, la guerrière se redressa à son tour et ouvrit des yeux fatigués. Elle s'étira comme un chat et baissa les yeux sur Frisk, qui détourna immédiatement le regard, gêné.


"Allons, Frisk, au moins ce n'était pas du vomi."


L'adolescent enfonça sa tête sous sa capuche et étouffa une série de grognements et barbouillements inintelligibles. Undyne lui tapota gentiment la tête pour lui signifier qu'elle ne lui en voulait pas, avant de jeter un coup d'oeil à son téléphone.


"Oups. Trente-cinq messages d'Alphys, elle va me tuer.

— Comment se passe ta vie dans votre nouvelle maison ? demanda Toriel, tout sourire.

— C'est un peu bizarre de dormir dans le même lit maintenant, mais c'est vraiment chouette. Et pour tout dire... Je ne suis plus une dame libre."


Elle leva sa main et agita une jolie bague de fiançailles ornée d'une pierre bleue qui arracha un grand sourire à Frisk.


"Et vous nous l'avez même pas dit ! cria l'adolescent. Mais c'est trop bien ! Vous vous marriez quand ?

— Doucement, punk. On y va étape par étape. Tu sais bien comment elle est. Elle m'a presque fait une crise de panique en faisant sa demande, il va falloir attendre encore un peu pour la cérémonie.

— Félicitations, très chère, enchérit Toriel. C'est une excellente nouvelle."


Le train entra en gare. Le quai était bondé, noir de monde, comme si l'intégralité des monstres avaient décidé de se réunir ce jour-là. Il y reconnut des tas de têtes connues, Mettaton et son équipe de tournage en premier lieu, qui paraissait couvrir l'événement, Asgore et Alphys, qui discutaient un peu à l'écart. Mais ce fut les grands sauts d'un squelette coincé derrière la foule qui attirèrent son attention. Même à travers la vitre, la voix perçante de Papyrus était audible. Frisk se leva et lui adressa de grands gestes, que la foule comprit pour elle. Le pauvre squelette se noya dans un concert de bras levés et de cris presque hystériques qui les accompagnèrent jusqu'à l'arrêt complet du véhicule.


La porte eut à peine le temps de s'ouvrir que Frisk fut arraché de son siège et se retrouva prisonnier de dizaines d'embrassades et messages affectueux, et croula sous la montagne de cadeaux qui lui tombèrent dessus. Aveuglé par les flashs des appareils photos, il remercia de manière confuse les gens qu'il parvenait à distinguer, tout en essayant de s'extirper de la masse. Deux bras musclés le saisirent et le dégagèrent vivement de la foule, avant qu'on ne lui colle un micro sous le nez.


"Frisk, darling, quelle sont tes premiers mots pour ce retour triomphal sur tes terres d'adoption ?"


Il cligna des yeux et releva la tête vers Mettaton, accroupi à côté de lui et qui le tenait fermement à côté de son torse robotique.


"Coucou, tout le monde ? dit-il avec hésitation.

— Incroyable ! hurla le robot. Oh, darling, tu m'as tellement manqué."


Il balança sa jambe dans les bras de l'adolescent et s'étala au sol dans une position mélodramatique.


"Assez ! Assez ! intervint une grosse voix autoritaire. Laissez-le respirer bon sang. C'est gentil de vous être déplacés, mais je pense que Frisk est fatigué de son voyage et ne manquera pas d'aller rendre visite à chacun d'entre vous très bientôt."


Malgré les quelques plaintes qui s'élevèrent, les monstres se dispersèrent sous les ordres d'Asgore, laissant enfin à Frisk le temps de réaliser ce qui venait de se passer. Toujours abasourdi, il ramassa les différents cadeaux qu'on lui avait donné et se dirigea vers son père et Alphys, qui fêtait déjà ses retrouvailles avec sa compagne.


"Eh bien, quel accueil, rit Toriel. Tout va bien, mon enfant ? Pas trop secoué ?

— Tout va bien, confirma Frisk. C'est... Un peu bizarre, mais au moins, ça montre que je leur ai manqué, je suppose ?

— HUMAIN FRISK !"


L'adolescent eut juste le temps de poser ses paquets avant qu'une tornade d'os de deux mètres de haut ne le fasse tournoyer dans les airs comme un vulgaire chaton tout en le serrant contre lui. L'adolescent lui rendit son étreinte, autant par joie de retrouver Papyrus que par peur de s'écraser au sol s'il lâchait prise. Quand il daigna enfin le reposer au sol, le monde tanguait autour de l'adolescent. Il tomba sur les fesses et éclata de rire.


"Content de te revoir, Papyrus ! Et où est... Sans ?"


Il regarda autour de lui, mais le squelette n'était pas dans les parages. Frisk s'attendit à le voir se téléporter derrière lui, mais ce ne fut pas le cas. Etrangement, son absence le blessa plus que ce qu'il aurait imaginé. Le regard du squelette s'assombrit légèrement.


"Il... Il était fatigué. Mais il attend à la maison et il est très content que tu sois rentré !"


Frisk fronça les sourcils. Si même Papyrus ne croyait pas à ce qu'il disait, il devait y avoir un sérieux problème. Etait-ce à cause de la foule ? Il l'espérait. Asgore l'aida à se remettre sur ses jambes avant de le prendre dans ses bras à son tour.


"Ravi de retrouver notre petit ambassadeur, dit-il de sa grosse voix. Et notre première institutrice pour humains et monstres, bien sûr.

— On a compris, Dreemur, grogna Toriel, toujours aussi ravie de discuter avec lui."


Alphys le salua derrière d'un petit signe de main. Frisk en profita pour la féliciter chaleureusement pour ses fiançailles. Elle rougit comme une tomate avant de se cacher derrière Undyne. Il n'eut pas franchement le temps d'en dire plus.


"Viens, Frisk, j'ai tout préparé à la maison ! Une chambre pour Lady Toriel, et un lit pour toi, dans ma chambre !"


Papyrus ne lui laissa pas le temps de se tourner vers lui. Il saisit l'humain et le mit sur ses épaules, tout en récupérant les valises de Frisk et Toriel sans la moindre difficulté. Étant donné qu'ils n'avaient techniquement plus de maison, ils avaient décidé de loger chez Papyrus et Sans pendant les vacances, et ce malgré la proposition d'Asgore qui avait été rejetée avant même qu'il n'explique son idée. Frisk salua le roi, Undyne et Alphys d'un signe de main en leur promettant de passer les voir et se laissa guider par le squelette.


Du coin de l'œil, il aperçut une petite fleur jaune, cachée discrètement derrière un pilier. Frisk sourit à la fleur, mais elle disparut aussi vite qu'elle était apparue. Il ne s'en offusqua pas.


Alors que la ville s'ouvrait à eux, un grand sourire étira les lèvres de l'adolescent qui s'appuya nonchalamment sur le crâne de son ami trop bavard, en route vers des vacances qu'il n'était pas prêt d'oublier.


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