Une dernière promesse

Chapitre 7 : Dans un souffle

3588 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 07/09/2020 17:08

Lorsque l'adolescent atteignit la maison de Sans et Papyrus, la fenêtre avait été refermée de l'intérieur. Frisk passa la tête discrètement à travers la vitre et tomba nez à nez avec Sans, les bras croisés et le regard inquisiteur, braqué sur lui. Bien sûr qu'il l'attendait. Et il n'était pas seul. Papyrus était là lui aussi, beaucoup plus nerveux et inquiet que son frère.


La porte de bois s'ouvrit et Sans l'invita à entrer d'un grand signe de main. Frisk roula des yeux, agacé par cette manie du squelette à le pister en permanence. Comment avait-il bien pu faire pour survivre sans savoir ce qu'il faisait tout le temps où Toriele et lui étaient en ville ? A bien y réfléchir, les appels vidéo avaient l'une de ces fonctions. A ce point-là, ça en devenait presque inquiétant.


"Tu as de la chance que Toriel ne soit pas réveillée, le sermonna Sans. On peut savoir où est-ce que tu étais parti ? Tu comptes nous faire le coup tous les soirs ? Regarde dans quel état tu as encore mis Papyrus !"


L'adolescent leva les mains en signe de reddition et retira doucement le manteau de Sans qu'il avait enfilé, pour éviter de l'énerver encore plus. Le squelette n'aimait pas vraiment que l'on touche à ses affaires sans sa permission, et voler sa veste, plus que tout au monde, paraissait être un sacrilège. Assis dans le canapé, Papyrus se rongeait les os, l'air inquiet. Malgré cela, un grand soulagement se lisait dans son regard et fit immédiatement culpabiliser l'adolescent.


Mais même malgré ça, peut-être pour sauver le peu de dignité qu'il lui restait, il décida de tenir tête à Sans.


"Il dormait, argumenta l'adolescent, je ne pensais pas qu'il s'en apercevrait ! Et puis quoi, je dois rendre des comptes sur tout ce que je fais maintenant ? s'emporta Frisk. J'étais au bout de la rue.

— Tu étais avec la fleur, alors, devina Sans, irrité. Pourquoi ça ne m'étonne pas ?"


Pris au piège, Frisk baissa immédiatement les yeux. Sans savait parfaitement l'importance qu'avait Flowey pour lui, tout en ayant parfaitement conscience de tout le mal qu'il avait pu faire par le passé. Néanmoins, le squelette n'avait pas conscience de qui il était en réalité, ni de comment il avait sauvé le monde. Il ne voyait qu'une menace là où l'adolescent souhaitait en faire un ami. Même s'il ne l'avouerait jamais, c'était également pour cette raison que Flowey refusait catégoriquement de rentrer. La fleur craignait le squelette au moins autant que l'adolescent, pour des raisons plutôt proches. Ce qui les rapprochait rendait Sans irritable, puisqu'il considérait que c'était forcément pour de mauvaises raisons.


Papyrus se leva et s'interposa entre l'adolescent et le squelette, essoufflé après son éclat de voix. Boudeur, Frisk croisa les bras et lui tourna le dos. Le cadet des deux frères posa une main douce mais ferme sur son épaule.


"Humain Frisk... Mon frère a raison. Tu ne peux pas sortir comme ça sans prévenir. Et s'il t'arrivait quelque chose dehors et qu'on ne savait pas où tu étais ? Juste... Juste un message aurait suffi, tu sais. Je commence aussi à m'inquiéter de ton manque de sommeil. Je suis à peu près certain qu'un humain a besoin de nuits plus complètes."


L'adolescent fit la grimace, mauvais perdant. Papyrus avait raison, tout comme Sans, mais c'était plus fort que lui : il se sentait obligé d'outrepasser les règles. Du coin de l'oeil, il remarqua que Sans haletait toujours. Il se tourna vers lui, inquiet, et l'interrogea du regard. Le squelette se redressa soudainement, comme s'il venait de se rappeler qu'il ne pouvait pas faire ça, et se tourna nerveusement vers son frère.


"Bon. Puisque c'est réglé, je propose que nous retournions tous nous coucher, dit-il à un rythme bien trop rapide. Bonne... Bonne nuit."


Le squelette se tourna pour prendre l'escalier. Il monta deux marches avant que ses jambes ne lâchent brutalement. Dans un réflexe familier, Frisk se précipita pour le rattraper sous les bras avant qu'il ne tombe en arrière. Il l'accompagna vers le mur, où il se laissa glisser sans protester, le souffle court. Il tenta de se redresser, avant de pousser une plainte sourde et de poser une main sur sa poitrine.


"Sans ? s'inquiéta Papyrus. Sans, qu'est-ce qui se passe ? Tu t'es fait mal ?"


L'intéressé se contenta d'un regard nerveux de l'adolescent vers son frère. Frisk comprit rapidement le message : il voulait que Papyrus sorte de la pièce. L'adolescent réfléchit à toute vitesse avant de sortir son téléphone et le tendre au squelette.


"Appelle Alphys et va l'attendre dehors, je m'occupe de lui, dit-il en maîtrisant au maximum les tremblements de sa voix."


Papyrus hésita, clairement réfractaire, avant d'obéir au grand soulagement de l'adolescent. Dès que la porte claqua, Sans posa la tête contre le mur et poussa un gémissement de douleur qui heurta de plein fouet l'adolescent. Il lança un regard nerveux vers l'étage, avant de lâcher Sans et de courir vers la chambre de sa mère. Toriel se réveilla en sursaut à l'ouverture de la porte.


"Maman ! Sans est en train de faire un malaise, je sais pas quoi faire, paniqua-t-il. Maman, j'ai peur qu'il...

— Doucement, doucement, le coupa-t-elle d'une voix qui rappelait pourquoi elle avait été reine il fut un temps. Où est-il ?

— En bas de l'escalier, mais..."


Elle lui prit la main et l'accompagna jusqu'en bas. Avec des gestes experts, elle s'accroupit près de lui et souleva sa chemise. Elle se stoppa net, horrifiée, en découvrant l'état de son ami. Frisk posa aussi ses mains sur sa bouche. La faille dans son âme s'était agrandie et arrivait presque au bout. De nombreuses fissures couraient maintenant sur les parties encore épargnées. L'adolescent sentit les larmes lui monter aux yeux.


Sans était en train de mourir.


Il ne pouvait rien y faire.


Faiblement, le squelette lui attrapa le bras. Il lui offrit un sourire rassurant, mais tellement faux que l'adolescent se mit immédiatement à pleurer. Il le savait.


"Empêche... Empêche Papyrus de voir ça, supplia Sans en tirant le pull de Frisk alors que sa respiration devenait erratique. Je ne veux pas qu'il me voit. Je veux pas...

— Frisk, fais ce qu'il dit, dit Toriel d'une voix calme, en commençant un sort de soin. Rejoins Papyrus et attendez dehors.

— Mais... Je...

— Frisk, obéis ! ordonna-t-elle."


L'adolescent baissa la tête, prit la veste de Sans et quitta la maison. Il lança un dernier regard au squelette qui l'encouragea silencieusement, puis il rejoignit Papyrus à l'extérieur. Nerveux, le squelette était encore en pleine discussion avec Alphys. Frisk descendit les marches, puis s'effondra au sol et éclata en sanglots. Alerté, Papyrus raccrocha précipitamment et le rejoignit en deux grandes enjambées. Il le releva doucement et l'accompagna jusqu'au banc disposé derrière l'allée en os. Frisk s'accrocha à lui et ses sanglots doublèrent d'intensité.


Il refusait d'y croire. S'il avait survécu à Asgore alors que tout le monde prédisait sa mort, il devait forcément y avoir une échappatoire pour Sans ! Pourquoi l'avait-il prévenu aussi tard ? Il aurait pu essayer d'y faire quelque chose ! En colère contre son incapacité à agir et contre le squelette qui n'avait rien fait pour le prévenir plus tôt, il se sentait complètement perdu.


Si seulement il était resté au lit ! Sans n'aurait pas eu à se lever. Il ne serait peut-être pas dans cet état. Cette pensée s'insinua lentement dans sa tête avant de devenir obsessionnelle. Il avait provoqué ça. Il avait tué Sans !


"C'est de ma faute, c'est de ma faute, c'est de ma faute, répéta-t-il, les mains tremblantes.

— Frisk, ce n'est rien... Il est sûrement... Il va... Il était juste fatigué, tenta de se convaincre Papyrus, la voix incertaine.

— Il va mourir ! hurla Frisk en se dégageant vivement. Il va mourir et c'est de ma faute ! Si j'avais pas... Si..."


La voiture d'Undyne dérapa devant la maison. Alphys courut vers la porte, une mallette à la main, sans prendre la peine de regarder le squelette et l'humain enlacés qui la regardèrent passer, le cœur serré. Toriel la laissa entrer et referma immédiatement la porte derrière elle. La femme-poisson, inquiète, rejoignit Papyrus, terriblement silencieux, et Frisk, en larmes.


"Qu'est-ce qui s'est passé ? demanda-t-elle, les cheveux en pétard. Sans est blessé ?

— Je ne sais pas... avoua Papyrus. Je ne sais plus. Il était bien, et il a fait un malaise, et j'ai appelé Alphys.

— Maman s'occupe de lui, dit Frisk d'une petite voix. Il... Il a un problème avec son âme."


Il sentit le squelette se tendre à côté de lui. Il se leva et s'accroupit devant l'adolescent. Frisk tenta de fuir son regard, mais il lui releva le menton de force.


"C'est... C'est ça qu'il me cachait ? demanda-t-il, la voix brisée. Il est malade ?

— Il ne voulait pas que je te le dise, pleura Frisk immédiatement. Il... Il disait qu'il ne voulait pas que tu le voies comme ça. J'ai tout gâché. Il a une énorme fissure dans son âme, finit-il par avouer. Il l'a depuis des années, et Alphys l'aide, mais... Mais là, elle... Elle est trop grosse... Il va...

— C'est pour ça que tu étais sur la montagne, comprit immédiatement Undyne. Il te l'a annoncé là-bas ?"


L'adolescent hocha la tête.


"Sans va mourir ? demanda Papyrus, la voix tremblante. C'est... C'est ça qu'il cachait ?

— Doucement, soldat, n'allons pas tout de suite aux conclusions. Ma femme va s'occuper de lui et elle fait des miracles, c'est la scientifique royale. Ne l'enterre pas trop vite, elle va trouver une solution. C'est la meilleure."


Frisk hésita à en dire plus, mais finit par détourner la tête et se raviser. Pas maintenant. Il se releva et commença à faire les cent pas devant eux. La guerrière prit sa place aux côtés de Papyrus et lui frotta affectueusement les épaules pour lui remonter le moral. Malheureusement, le squelette continua de s'enfoncer dans un silence pesant, comme s'il prenait conscience peu à peu que tout ce qu'il avait pris pour de la fainéantise avait caché peut-être bien plus qu'il ne le pensait. Il perdit tout sourire en quelques secondes et commença lui aussi à s'effondrer. Ses membres se mirent à trembler, et puis les larmes coulèrent. Depuis qu'il le connaissait, Frisk ne l'avait jamais vu pleurer pour de vrai. Son coeur se brisa en deux.


L'adolescent prit sur lui et essuya les larmes qui perlaient de ses yeux d'un revers de la main. Il devait arrêter d'être égoïste et penser à Papyrus. Son état et sa panique empiraient les choses. Il se redressa doucement et vint s'asseoir entre les deux gardes royaux. Il encercla ensuite le squelette de ses deux mains et le serra de toutes ses forces.


"Ça va aller, Pap', dit-il d'une voix peu assurée. Undyne a raison. Alphys va l'aider à s'en sortir."


*********


Une heure plus tard, il régnait un silence de mort sur le petit banc. De temps en temps, Toriel ou Alphys passaient devant la fenêtre, mais elles n'ouvraient jamais la porte. La seule chose dont ils étaient à peu près sûr était que Sans avait été porté jusqu'à l'étage, conscient ou inconscient, ça, ils n'avaient pas eu le temps de le voir. Agacée par cette immobilité, Undyne avait décidé de s'éloigner un peu pour patrouiller dans le quartier. Papyrus et Frisk ne l'avaient pas revu depuis, mais ils l'entendaient régulièrement hurler sur un passant dans le lointain de sa douce voix mélodieuse et dénuée de toute insulte.


L'adolescent, emmitouflé dans la veste de Sans, commençait à être à court d'arguments pour empêcher Papyrus de défoncer la porte et aller au chevet de son frère. Le squelette, très agité, perdait peu à peu son sang-froid et ne supportait plus cette attente sordide.


"On devrait aller faire un tour avec Undyne, proposa l'adolescent d'une voix douce. Maman nous appellera quand on pourra rentrer.

— Non, refusa catégoriquement le squelette. Je veux être à côté si jamais quelque chose se passe et... Je veux être là. Je suis très patient, ne t'inquiète pas pour moi. Tu... Tu peux aller avec Undyne, si tu veux.

— Non, je ne te laisse pas tout seul. Tu as toujours été là quand j'avais besoin de toi, alors c'est la moindre des choses que je sois là aussi."


Le squelette le serra contre lui, juste au moment où la porte de la maison s'ouvrit sur Toriel. Elle balaya le jardin du regard avant de s'arrêter sur l'adolescent et son ami. Elle s'approcha avant de s'asseoir à côté de Frisk. Il remarqua immédiatement qu'elle avait pleuré. Des sillons noirs s'étaient tracés sur sa fourrure blanche. L'enfant sentit son cœur battre plus fort, plus douloureusement. Elle cherchait ses mots.


"Sans est stabilisé, dit-elle d'une voix douce. Il est conscient et sous anti-douleurs, mais..."


Elle prit une grande inspiration, puis saisit une main à Frisk et une à Papyrus. Elle attendit qu'Undyne, qui revenait de sa ronde, les rejoignent avant de s'adresser à eux.


"Je sais que ce que je vais vous annoncer va être très difficile à entendre, c'est pourquoi vous allez devoir être forts, tous les trois. Sans... Sans n'a plus que quelques heures à vivre. Son âme est en train de se briser, et on ne peut rien y faire. Alphys va rester auprès de lui pour s'assurer que cela se fasse sans qu'il ne souffre. Si... Si vous avez quelque chose à lui dire, vous devez le faire maintenant. Dès que ce sera fait, elle va le plonger dans un coma artificiel afin de le soulager."


Ils gardèrent le silence. Même si Frisk était déjà au courant, savoir que cela allait se produire pour de vrai lui causa un violent choc émotionnel. Il tenta de retenir les larmes, mais même les bras rassurants de sa mère ne purent couvrir longtemps ses pleurs et hurlements de détresse. Complètement à l'opposé, Papyrus se redressa doucement et entra dans la maison sans piper un mot. Undyne, abasourdie, posa une main sur l'épaule de Frisk.


"Eh, gamin, ça va aller. Tu peux compter sur Al' et moi, on sera là si tu as besoin de parler, d'accord ? Je... Je vais aller chercher quelques affaires pour Alphys, on a pas eu trop le temps de se changer, donc... Je.... Je vais y aller."


Elle s'éloigna précipitamment. La voiture démarra beaucoup trop rapidement, mais l'humain et sa mère adoptive purent clairement voir les larmes couler sur le visage de la femme-poisson. Elle avait besoin de s'éloigner et Frisk ne lui en voulut pas. Lui aussi aurait aimé disparaître et s'enfuir loin de tout ça, mais il n'y arrivait pas. Plus rien ne répondait correctement dans son cerveau.


"Tu devrais aller le voir, toi aussi, lui dit doucement Toriel. Tu comptes beaucoup pour lui, Frisk. Et je parle d'expérience lorsque je te dis que tu regretteras de n'avoir pas assisté à ses derniers instants. C'est important pour après. Et puis, je pense que Papyrus va avoir besoin de toi plus que jamais.

— Je ne sais pas si je serais à la hauteur, sanglota l'enfant. Je... Je ne sais pas ce que je vais faire sans lui. J'ai besoin de lui, maman. J'ai besoin de lui !

— Je sais, mon enfant, je sais."


L'adolescent se dégagea de l'étreinte de Toriel et se leva à son tour. Il prit une grande inspiration et entra à son tour dans la maison, sous le regard encourageant de sa mère. Il posa une main sur la rambarde de l'escalier et monta les escaliers d'un pas lent. A chaque marche, il sentit son coeur se serrer un peu plus. Il tentait de calquer sa respiration sur son souffle, mais ses battements de coeur devinrent vite erratiques et désordonnés. Quand il arriva sur la mezzanine, il éclata de nouveau en sanglots, avant de se reprendre bien vite. Il ne voulait pas se montrer comme ça devant Sans, mais il ne pouvait pas s'en empêcher. Il renifla, essuya les larmes d'un revers de main avant de passer la tête dans l'encadrement de la porte.


Sans était couché sur son vieux matelas. Des tas de fils dépassaient de sa poitrine et étaient reliés aux nombreuses machines d'Alphys, occupée à préparer quelque chose sur le bureau du squelette. Papyrus était assis à côté de sa tête et tenait sa main. Il pleurait silencieusement. Frisk hésita. Ne devait-il pas plus tôt les laisser en famille ?


"Eh, gamin, viens."


Le regard suppliant, Sans tapota une place à côté de Papyrus. Frisk prit une grande respiration et entra dans la chambre. Contrairement à d'habitude, elle était rangée, si l'on écartait l'immonde tornade de déchets qui continuait sa ronde imperturbable dans le coin de la pièce. L'adolescent se glissa derrière Papyrus et vint s'asseoir lui aussi à terre, les jambes en tailleurs. Sans lui adressa un regard désolé.


"Je te promets que je n'avais pas prévu de mourir aussi vite, s'excusa-t-il. Mais eh, c'est comme ça.

— C'est de ma faute, si je n'avais pas... commença Frisk.

— Non, trancha net le squelette. Ce n'est pas de ta faute. C'est de la faute à mon idiot de corps incapable de fonctionner correctement et rien d'autre. Ce n'est ni de ta faute, ni celle de Papyrus. Ça allait arriver quoiqu'il se passait, d'accord ?"


Il passa une main sur son visage et effaça ses larmes.


"On y est, donc, reprit-il d'une voix triste. Je te confie Pap', tu as intérêt à assurer et à devenir le meilleur frère qu'il n'a jamais eu. Il faut lui lire son histoire le soir, et l'aider à faire le ménage, et la cuisine.

— Je ne sais pas si...

— Tu voulais te rattraper, non ? Me prouver que je pouvais avoir vraiment confiance en toi. Je te confie la vie de mon frère. Tu as gagné. Je ne serais bientôt plus sur ton dos pour te dire ce qui est bien ou mal, tu devrais être content. Je pense avoir fait du bon travail."


L'adolescent baissa la tête, et se tourna légèrement vers Papyrus.


"Tu ne peux pas partir, Sans, dit-il, la voix brisée. Comment je vais faire sans toi ?

— Pap', tu vis déjà sans moi. Trouve quelqu'un qui te rendra heureux, fais des enfants, et ce sera comme si je n'étais jamais parti. Tu as grandi, bien plus que tu ne le penses. Ça fait bien longtemps que je n'ai plus besoin de t'aider à faire du vélo ou mettre tes chaussures à l'endroit. J'ai rempli mon rôle de grand frère, c'est à toi de prendre la relève maintenant. Ce sera difficile au début, mais tu vas voir, dans quelques semaines, c'est toi qui feras des blagues vaseuses à ma place. Tu as juste besoin de croire en toi comme tu as cru en moi ces dernières années.

— Mais ce ne sera jamais la même chose...

— Eh, que veux-tu. Le contrat, c'était de te garder en vie jusqu'à ce que tu sois assez grand pour t'occuper de toi-même. Et puis tu vas hériter de ma collection de chaussettes. Je suis sûr que leur délicate odeur te rappellera ma présence encore longtemps après mon départ.

— Sans... soupira-t-il d'exaspération.

— Tu souris.

— Et je déteste ça, dit-il avec un demi-sourire."


Sans pouffa, avant de tourner le regard vers Frisk. Il lui prit doucement la main.


"Eh, une dernière chose. On ne peut pas sauver tout le monde, Frisk. Vis avec ça, et ne fais rien de stupide."


La menace à peine masquée s'encra profondément dans l'esprit de l'adolescent. Pas de reset. Pas de retour en arrière. Il l'avait promis, cela allait de soi, mais serait-il capable de réellement tenir ? Frisk sentit les larmes monter et se jeta dans les bras du squelette en pleurant.


"J'ai besoin de toi, Sans."


Le squelette le serra. Alphys se rapprocha du lit, une seringue à la main.


"Il va-va falloir faire-faire l'injection, s'excusa-t-elle. Vous-vous n'êtes pas-pas obligés de-de..."


Frisk lança un regard vers Papyrus. Le squelette lui lança un regard qui signifiait clairement qu'il ne comptait pas partir. Frisk lui sourit doucement.


"On reste, décida-t-il."


Elle parut rassurée de ne pas se retrouver seule avec ce lourd fardeau. Frisk laissa de la place à Papyrus et contourna le lit pour prendre l'autre main du squelette. Toriel entra dans la pièce. Elle s'accroupit derrière la tête du squelette et lui embrassa tendrement le front.


"Bonne nuit, mon cher comédien.

— Fais... Fais de beaux rêves, Sans, articula difficilement Papyrus.

— Il n'y a plus de danger, l'encouragea Frisk. Tu peux dormir tranquille."


Alphys planta l'aiguille dans son âme. Sans se détendit peu à peu, puis ferma les yeux pour la dernière fois.


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