Une dernière promesse

Chapitre 35 : Fin(s)

Chapitre final

5841 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 16/04/2025 11:14

FIN A


Sans tendit la main. Vif, il fit virer l'âme de Chara au bleu (ou son âme ? Celle de Frisk ?) et réussit à la déplacer de quelques centimètres au prix d'un effort intense, juste assez pour empêcher le couteau de se planter dans sa poitrine. Essoufflé, il regarda l'arme au sol, nerveux. Il s'attendait à l'attaque surprise depuis quelques minutes, mais il ne pensait pas qu'elle irait aussi vite. Figé, Frisk le regardait, le visage ravagé par les larmes, soulagé de le voir encore tenir debout. Il fallait plus que ça pour le mettre à terre.


Chara éclata de rire et fit apparaître une autre arme dans ses mains, amusée par cette tentative pitoyable de l'arrêter.


« Chara, s'il te plaît ! supplia Frisk. Tu ne crois pas qu'on en a tous eu assez dernièrement ? Tu ne crois pas que l'on a tous assez payé pour nos erreurs ? Toi y compris ! Il y a d'autres solutions. Tu n'es pas obligée de faire ça. Ce n'est pas juste moi que tu vas blesser dans cette affaire, ou Sans. Ce n'est plus à propos de nous deux. Si je meurs, si Sans meurt, la guerre pourrait repartir en un claquement de doigts. C'est vraiment ce que tu veux ? Tous les regarder mourir une nouvelle fois ? »


Chara suspendit son geste. Elle ne riait plus, mais réfléchissait. Elle se tourna légèrement vers Sans, en retrait. Le squelette savait qu'il ne valait mieux pas qu'il intervienne dans cette affaire.


« Si c'est ton corps que tu veux, il y a d'autres solutions, insista Frisk. On a ramené Asriel alors que tout le monde pensait que c'était impossible. Pourquoi est-ce qu'on ne pourrait pas te ramener toi ? Si tu en veux tant à Sans, si tu m'en veux tant, c'est parce que nous formons une famille, n'est-ce pas ? Mais Chara, tu es aussi de ma famille. Je sais que... Je sais que j'ai essayé de faire comme si tu n'existais pas pendant longtemps, mais je n'ai jamais oublié que lorsque je suis tombé dans les Souterrains, c'est toi qui m'as tendu la main la première. J'ai conscience d'avoir bafoué notre amitié, je comprends tes choix. Mais... Puisque j'ai assumé mes erreurs, je pense qu'il est aussi temps que tu assumes les tiennes. Pourquoi continuer à se battre ? La guerre est finie, tout le monde est libre. Est-ce que tu n'es pas fatiguée de tout ça ?


— Tu crois que je ne le veux pas ? Tu crois que c'est facile pour moi ? Je suis attaché à l'âme de celui qui a regardé Papyrus yeux dans les yeux avant de lui planter un couteau dans la poitrine sans le moindre remord. Je t'ai vu tuer ma mère de sang-froid, puis réconforter Asriel comme si tout ça n'avait aucune importance. Je ne comprends pas Frisk. Je ne comprends pas tes motivations. Je ne comprends pas.


— Parce que quand tu as essayé d'empoisonner Asgore, il y a longtemps, tu avais une justification ?


— Quoi ? »


Chara s'était figée, en posture défensive.


« Asriel m'a tout raconté, tu sais. Que tu as fait manger des fleurs dorées à Asgore pour tenter de provoquer la guerre contre l'humanité, avant de les manger toi-même quand tu t'es aperçue que ça ne fonctionnait pas.


— Il n'y avait pas d'autre solution. Une fois que les monstres auraient remonté la piste jusqu'à moi, ils auraient... Ils m'auraient tué, et ils auraient déclaré la guerre à l'humanité.


— Et où est-ce que ça les aurait menés ? Tu as bien vu ce qui s'est passé dans la dernière ligne temporelle. Ebott a été rayé de la carte, pourquoi est-ce que ça aurait été différent ? Nous sommes pareils, Chara. Tu me l'as déjà dit. Tout ce qu'on veut, c'est les aider. Mais on peut le faire autrement qu'en sacrifiant le bonheur d'autres personnes pour arriver à nos fins. On peut leur montrer que l'on est devenus meilleurs. Tous les deux. Ça ne... Ça ne justifiera jamais entièrement tout ce que l'on a fait, mais... Ce serait comme un nouveau départ. Une nouvelle chance de faire les choses bien, pour de vrai. Je veux t'aider Chara, et... Je sais qu'Asriel le voudrait aussi. Je le vois bien dans ses yeux. Il est content de m'avoir, mais... Ce n'est pas moi qu'il veut. Si tu ne le fais pas pour moi, fais-le pour lui. Il m'a écrit un message tout à l'heure, pour me supplier de ne pas partir. »


Chara détourna le regard, et le couteau disparut enfin de ses mains. Frisk souffla discrètement de soulagement. Il se tourna vers Sans. Le squelette, mal à l'aise, se décida à son tour à prendre la parole.


« Écoute, gamin... Je... Je sais que je n'ai pas non plus été très juste, et que oui, peut-être, j'ai cherché à manipuler Frisk une fois ou deux pour tenter de faire bouger les choses dans mon sens. Mais si j'ai réussi à le pardonner après tout ce qui s'est passé, on doit être en mesure de trouver un terrain d'entente, nous aussi. Je... Je ne suis pas en colère. Je pense toujours qu'un pouvoir pareil n'aurait jamais dû tomber dans les mains d'enfants en premier lieu, et je comprends la frustration de ne pas réussir à sauver tout le monde. Je veux dire, eh, j'ai un peu vu tout le monde mourir sous mes yeux et je n'ai rien fait pour l'arrêter. Mais... Comme pour Frisk, pourquoi pas faire un... contrat ? Une promesse ? »


Le squelette prit une inspiration.


« Si tu nous laisses partir, je promets d'essayer de trouver une solution pour... Te redonner un corps. Comme le gamin l'a dit, on l'a fait une fois, ça devrait être possible de le faire une deuxième fois. Ça n'effacera pas les erreurs du passé, mais... Tout le monde devra les assumer de cette façon, et tenter de s'améliorer. Ensemble. Frisk, toi, la plante et moi. Il est temps d'arrêter de jouer avec le destin et d'accepter qu'on ne peut pas tout contrôler. Que certaines choses nous échappent, mais qu'elles sont faites pour nous échapper. C'est comme ça. C'est la vie. »


Il tendit la main.


« Tu as juste à promettre. Je sais que tu me connais, je suis un squelette d'honneur. Faisons les choses bien. »


Chara soupira, puis s'approcha de lui.


« Je promets d'essayer d'avancer.


— Et je promets de tout faire pour que tu puisses revoir ton frère et Tori. »


L'humaine serra la main de Sans. Un bruit de pet résonna en écho dans les ténèbres. Pendant un long moment, Frisk et Chara restèrent interdits.


« Eh, le coup du coussin péteur dans la main, c'est toujours marrant. »


*********


Le soleil brillait au-dessus d'Ebott ce matin-là, et les nuages transportaient les cris enthousiastes d'Undyne et Papyrus. Dans le jardin de la maison des frères squelettes, les deux amis se livraient à un combat acharné d'os et de lances, entre lesquels un ballon de volley-ball tentait tant bien que mal de survivre. Debout sur ses deux jambes, encore un peu fébrile, Papyrus avait un peu du mal à rattraper la cadence. Presque guéri, il reprenait peu à peu le plein contrôle de ses mouvements, une guérison miraculeuse d'après les docteurs, en seulement quelques semaines. Mais Papyrus n'était pas quelqu'un d'ordinaire, et tous l'avaient bien compris.


Sur le perron, dans leurs fauteuils roulants respectifs, Sans et Frisk jouaient les pom pom girl... Ou les troubles fêtes selon le point de vue. Frisk remplissait des ballons de baudruche d'eau que Sans téléportait aléatoirement à la place du ballon de temps à autres, le plus souvent sur la tête d'Undyne que celle de Papyrus. Il fallait bien qu'ils trouvent de quoi patienter.


Leurs deux âmes se remettaient encore difficilement de l'opération. Des complications avaient été notées pendant l'opération, mais les médecins avaient réussi à les stabiliser tous les deux. Du moins, c'était ce qu'ils croyaient. L'adolescent et le squelette étaient les deux seuls responsables de cette réussite. Néanmoins, l'opération avait eu une conséquence inattendue. Les points de vie de Frisk avaient diminué de moitié... L'autre s'étant déplacé dans celle de Sans, qui était plus en forme depuis. Pour le moment, ils ne pouvaient pas s'éloigner l'un de l'autre de plus de quelques mètres, leurs âmes n'étant pas encore entièrement séparées, alors ils prenaient leur mal en patience et se réapprivoisaient, lentement. Les dernières épreuves avaient solidifié les liens et la promesse muette qu'ils s'étaient faite continuer de bercer leur quotidien d'une stabilité retrouvée.


Frisk éclata de rire lorsqu'une nouvelle bombe éclata sur la tête d'Undyne. La capitaine souffla du nez, agacé, et leur lança une lance, qui se planta entre leurs deux fauteuils. Frisk la ramassa et la jeta en sens inverse, ratant sa cible de large. Il sourit, puis se retourna vers la porte-fenêtre.


« Eh, Chara, joli tir, non ? »


Là, dans la cuisine, Asriel et Toriel étaient installés à côté d'un tube de laboratoire où flottait une âme de monstre qui grossissait à vue d'œil. Elle brilla un peu plus lorsque Frisk s'adressa à elle.


« Elle dit qu'elle n'a jamais rien vu d'aussi pathétique de sa vie, traduisit Asriel, moqueur.


— Eh ! »


L'âme fut secouée, comme si elle... riait. Frisk croisa les bras sur son torse, faussement boudeur, mais il ne put s'empêcher de sourire, lui aussi. Les choses allaient s'arranger à présent. Flicker ne sortirait pas de prison avant des années et le nouveau président travaillait main dans la main avec Asgore, au fond du jardin, sur sa prochaine œuvre végétale.


Un futur glorieux s'ouvrait pour les monstres désormais, il en était persuadé, et il s'assurerait que plus rien ne se mette jamais en travers de leur bonheur.


C'était une promesse.


FIN.


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FIN B


Ploc.


Ploc.


Ploc.


Médusé, Sans regarda son propre sang couler le long de ses doigts et disparaître dans l'obscurité ambiante. Planté dans son âme, le couteau luisait dans l'obscurité d'une lueur rougeoyante. Il n'arrivait pas à détacher son regard de ce dernier, fasciné morbidement par sa propre mort.


Il ressentit tout. Le lien entre son âme et celle de Frisk, brisé net. La fissure qui se créa dans son âme. Le craquement sinistre lorsqu'elle se brisa net sous le choc, comme on casse une fenêtre. Son corps qui se désagrège. En quelques secondes, tout fut terminé. Ce qui lui restait de conscience s'évapora, juste devant Frisk, impuissant, qui hurlait son nom.


Frisk tomba à genoux lorsque le squelette disparut entièrement du vide où leurs âmes conjointes se trouvaient. Indifférente, Chara rangea son couteau, satisfaite.


« Tu vas me donner ton âme, maintenant. Il est temps d'arrêter cette mascarade. »


Frisk ne répondit pas, silencieux. Le rouge de ses yeux faiblissait à vue d'œil. Il avait tant espéré cette nouvelle fin. Il avait promis que tout s'arrangerait. Et tout ça pour quoi ? Rien. Rien du tout. Il ne restait plus rien. Chara venait de tout gâcher.


L'adolescent s'assit au sol. Il abandonnait. À quoi bon ? Il avait beau essayé, il ne serait jamais maître de son destin. Il releva la tête vers Chara, le visage ravagé par les larmes.


« Prends-la. Prends ta revanche. Mais si ça te retombe dessus, ne compte pas sur moi. Je ne veux plus rien avoir à faire avec toi Chara. Tu n'existes plus pour moi.


— Cesse donc le mélodrama. Tu as fait ça. Tu t'es fait ça à toi-même. Il est temps d'assumer les conséquences de tes actes et d'en finir pour de bon. »


La lumière dans les yeux de Frisk s'éteignit complètement, là où celles des yeux de son clone brillaient de nouveau d'une lueur menaçante. L'adolescent n'était plus assez déterminé pour lutter contre elle. Elle avait gagné. Impuissant, il préféra ne plus être là pour voir ce que Chara allait faire à sa famille. Il se coucha au sol, et laissa l'obscurité l'engloutir, dans l'espoir qu'elle fasse taire sa conscience à jamais.


**********


Alphys entra dans la salle d'attente, les mains tremblantes, et le visage ravagé par les larmes. Elle peinait à faire un pas devant l'autre et refusait de croiser les regards pleins d'espoir qui s'étaient posé sur elle. Undyne fut la première à comprendre que quelque chose n'allait pas.


« Al' ?


— Je... Je suis désolée ! »


Elle tomba à genoux et se mit à sangloter, alertant tous les monstres dans la pièce. Toriel sentit son rythme cardiaque s'accélérer. Elle s'apprêta à se précipiter dans le couloir, mais les docteurs humains, qui sortaient de la salle d'opération, ne lui en laissèrent pas le temps. L'un d'eux posa une main compatissante sur l'épaule d'Alphys.


« Nous sommes désolés, dit-il d'une voix solennelle. Nous avons fait tout ce qui était en notre pouvoir pour faire aboutir l'opération, mais... Le lien était trop instable. Frisk est vivant. Il a fait un arrêt cardiorespiratoire, mais il est revenu. Il devrait se réveiller bientôt. Mais pour Sans... Nous... Nous avons tenté de le sauver, mais son âme était bien trop faible pour cette opération. Malgré tous nos efforts, il n'a pas survécu. »


Un cri étouffé s'échappa de la gorge de Papyrus, qui se transforma rapidement en cri de souffrance. Toriel vint le prendre dans ses bras, alors que le squelette hurlait sa tristesse dans la salle d'attente.


À ses côtés, Asriel ne réagit pas. Il savait déjà. Il l'avait senti. Le contrôle de la détermination était passé à quelqu'un d'autre. Et si ce n'était pas lui, ou Frisk... Il se leva et quitta la pièce.


********


Deux mois s'était écoulé depuis l'opération. Assis dans un champ de fleurs dorés, Frisk et Asriel rendaient visite à Sans, ou plutôt ce qu'il restait de lui. Ses cendres avaient été réparties sur le sommet de Mont Ebott, comme il l'aurait voulu, là où les étoiles brillaient le plus.


Frisk parlait de tout et de rien, comme si ce n'était qu'une banalité, une promenade sans importance. Silencieux, Asriel n'arrivait pas à détacher son regard de l'inscription gravée dans un grand rocher que l'on avait placé là pour avoir un endroit où se recueillir. Le jeune prince ne savait plus où il en était. Même si Frisk était revenu officiellement, il savait que ce n'était pas lui. Elle avait beau avoir changé de visage, Chara avait toujours cette tonalité de voix qui lui était propre et qui la trahissait. Personne ne semblait avoir remarqué. Mais lui ? Lui avait vécu avec elle pendant des années. C'était sa meilleure amie. Il la connaissait par cœur.


« On doit parler. » l'interrompit-il alors qu'elle se lançait dans une nouvelle anecdote.


Frisk, ou Chara, se tut et se tourna vers lui, le regard interrogateur.


« Je sais tout, Chara. Je sais que... Je sais que ce n'est plus Frisk qui est aux manettes. Et je voudrais comprendre pourquoi.


— Je ne vois pas de quoi tu parles.


— Je ne suis pas un idiot. J'ai vécu quatorze ans avec toi, Chara. Je te connais mieux que quiconque, et il y a des détails qui ne trompent pas. Cette soudain passion pour les couteaux et le chocolat, ton besoin de tout contrôler, ta peur de l'abandon... Je sais que Maman a remarqué, elle aussi. Elle te regarde étrangement parfois, avec cet air mélancolique dans le regard. Elle sait. Tout le monde sait. Et tu ne pourras pas le cacher éternellement.


— Frisk n'est plus là. Il a refusé d'assumer ses erreurs et a abandonné. Si tu le sais déjà, pourquoi t'acharner à me l'entendre dire ? Tu sais très bien, pour l'avoir vécu, que je ne peux pas simplement leur dire que je suis de retour. »


Asriel sourit tristement.


« Ce n'est pas là où je veux en venir. Il y a... Autre chose qui a changé. J'ai mis du temps à le comprendre, mais les signes ne trompent pas. Tes yeux brillent plus, tes mains tremblent... Tout ça, je l'ai expérimenté. Avant. Je sais mieux que quiconque ce que ça fait de tuer des gens. Je... Je ne voulais pas y croire, j'ai fermé les yeux. Mais ce matin, je suis tombé sur une affiche dans la rue. Des monstres disparaissent, un peu plus chaque semaine. Et je ne peux pas croire une seconde que c'est un hasard.


— Tu vas vraiment me faire la morale pour quelques meurtres ? Toi ?


— J'ai changé, Chara, répondit le prince. J'ai appris de mes erreurs, j'ai avancé et j'ai fait au mieux pour être une meilleure personne. Comme Frisk. Comme Sans. Mais toi ? Qu'est-ce que tu as fait jusqu'à présent ? Je ne peux pas croire que Frisk ait abandonné sans raison. Tu dis qu'il devait assumer ses erreurs, mais avec ce que tu fais, est-ce que ta justification tient seulement la route, Chara ?


— Tu n'es qu'un hypocrite. Tu as absorbé mon âme, tu connais mon objectif.


— Non. Je ne te connais plus. Je ne sais pas qui tu es. Chara n'a jamais tué par plaisir. Mais les tremblements de tes mains ? Ils montrent que tu aimes ça et que tu en redemandes. Je ne sais pas qui tu es, mais tu n'es pas la sœur que j'ai connu dans les Souterrains. Chara est morte le jour où elle s'est sacrifiée pour ses idéaux. Tu n'es qu'une pâle copie de ce qu'elle fut jadis et je ne te laisserai pas salir sa mémoire.


— C'est une menace ? répondit-elle sèchement. Tu devrais faire attention à tes arrières, Asriel. On ne sait jamais de quoi demain est fait. »


Sans un mot de plus, elle se leva et s'en alla vers le sentier. Asriel baissa la tête.


« Je suis désolé. J'aurais dû agir plus tôt. Mais elle est devenue trop instable et j'ai peur que si je ne fais rien... Il ne restera bientôt plus rien à sauver. J'espère que vous pourrez me pardonner, dit-il à Frisk et Sans. Je n'ai plus d'autres choix. »


Il se leva et s'approcha d'un gros arbre. Camouflé derrière, une corde, un couteau, une arme à feu et un réceptacle à âmes volé dans l'ancienne salle du trône d'Asgore. Asriel prit une inspiration, déterminé. Ce soir, Ebott ne craindrait plus rien. C'était une promesse.


FIN.


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FIN C


Frisk n'hésita pas une seconde. Alors que Sans observait la lame foncer vers lui, impuissant, une masse se jeta sur le chemin et l'éjecta hors de la trajectoire de l'arme. Sans s'écroula au sol, secoué. Au même moment, deux cris de douleur retentirent en simultanée. Le squelette se retourna, paniqué.


« Frisk ! »


Il accourut près du gamin et le souleva. Un filet de sang coula le long de sa bouche, le même que celui qui coulait le long de celui de Chara, à quatre pattes, en train de chercher de l'air.


« Eh, eh, reste avec moi, gamin. Qu'est-ce qui... Qu'est-ce que... »


Il pointa Chara, incapable de prononcer une phrase cohérente. Il tentait d'appuyer sur la blessure, mais le flot de sang ne paraissait pas se ternir. Impuissant, il n'avait aucune idée de ce qu'il était supposé faire.


« Je... partage mon â-âme avec elle, tenta d'expliquer Frisk. E-Elle vient de se frapper t-toute seule. »


Sans comprit rapidement par-là que leurs âmes étaient reliées. Si quelque chose blessait l'un, il blessait l'autre. Chara venait de commettre une terrible erreur et agonisait, tout comme Frisk. L'étrangeté ne s'arrêta pas là. Sous ses yeux, un bouton doré apparut soudainement. « Reset » put-il lire à sa surface.


Le squelette se figea. Tous ses pires cauchemars venaient de se matérialiser sous ses yeux.


Un rire dérangé retentit soudain derrière lui. Chara se redressa, le sweatshirt couvert de sang et les yeux fous.


« T-Tu n'as plus le choix ! cracha-t-elle. Si tu reset, je prends le c-contrôle et je les tue tous. Si tu refuses, ton petit Sansy va c-crever comme un chien, et t-toi avec ! Quelle fin héroïque ! »


Elle applaudit à deux mains. Sans sentit un long frisson remonter le long de sa colonne vertébrale. Ce gamin avait des problèmes.


« Frisk, si tu... Si tu reviens en arrière, je ne t'en voudrais pas, dit Sans.


— Je p-peux pas... Pas assez d-déterminé, répondit l'adolescent. Mais il y a une autre s-solution. »


Il posa une main sur sa poitrine et fit sortir son âme, dont le rouge faiblissait petit à petit.


« Absorbe mon âme, Sans, supplia Frisk. Je n'aurais p-pas besoin de revenir en arrière et tu p-pourras revoir Papyrus.


— Quoi ? Non, ne fais pas ça. Il y a d'autres solutions, on va...


— J'ai... J'ai promis, Sans. P-plus de resets. Je ne p-pourrais rien faire si elle r-reset et je ne v-veux pas que tout le monde s-souffre à cause de moi. Il n'y a p-pas d'autres s-solutions. »


Il hésita. C'est ce qu'il avait voulu, de nombreuses années plus tôt, dans le hall du jugement. Mais maintenant ? Après tout ce qu'ils avaient vécu ? Il n'en était plus aussi sûr. Ce gamin, il l'avait vu grandir et évoluer, faire plus attention à ses actes et assumer, ce qu'il s'était refusé de faire pendant très longtemps. Frisk était bien plus courageux que lui, et il ne s'en rendait compte que maintenant.


Le gamin avait raison. S'il laissait Chara revenir en arrière, il pouvait tirer un trait sur tout ce qu'il venait d'accomplir. Sur tout ce que Frisk venait d'accomplir. Et il ne pouvait pas se le permettre. Ce n'était plus à propos de lui ou de l'enfant, c'était à propos des monstres.


Il prit une grande inspiration et saisit la petite âme entre ses mains. Frisk lui sourit. Il la poussa lentement dans son torse. Le cri de colère que Chara poussa fut plus jubilatoire qu'il ne le crut. Apaisé, sûr d'avoir accompli son devoir, Frisk ferma les yeux, une dernière fois.


*********


Alphys entra dans la salle d'attente, les mains tremblantes, et le visage ravagé par les larmes. Elle peinait à faire un pas devant l'autre et refusait de croiser les regards pleins d'espoir qui s'étaient posé sur elle. Undyne fut la première à comprendre que quelque chose n'allait pas.


« Al' ?


— Je... Je suis désolée ! »


Elle tomba à genoux et se mit à sangloter, alertant tous les monstres dans la pièce. Toriel sentit son rythme cardiaque s'accélérer. Elle s'apprêta à se précipiter dans le couloir, mais les docteurs humains, qui sortaient de la salle d'opération, ne lui en laissèrent pas le temps. L'un d'eux posa une main compatissante sur l'épaule d'Alphys.


« Nous sommes désolés, dit-il d'une voix solennelle. Nous avons fait tout ce qui était en notre pouvoir pour faire aboutir l'opération, mais... Le lien était trop instable, et ils sont tous les deux entrés en arrêt cardiorespiratoire. Nous avons réussi à stabiliser votre ami squelette, mais... Nous n'avons pas réussi à faire repartir le cœur de Frisk, malgré tous nos efforts. »


Toriel posa ses deux mains sur sa bouche et tomba à genoux dans un cri sauvage, désespéré. Celui d'une mère qui vient de perdre, pour la troisième fois, un de ses enfants. Désemparés, les autres n'en menaient pas larges. Ce n'était pas juste Frisk qui s'éteignait, mais le symbole de leur liberté.


Undyne échangea un regard avec Papyrus. Même s'il était soulagé pour Sans, une grande culpabilité se lisait dans ses yeux. La capitaine savait que le deuil qui s'annonçait ne serait simple pour personne. Beaucoup de colère et de craintes allaient devoir s'estomper avant que tout ne redevienne comme avant.


********


Dans son fauteuil roulant, c'était la première fois que Sans se rendait sur la tombe de Frisk depuis l'opération, deux mois plus tôt. Le réveil avait été compliqué, après un coma de deux semaines, à cause de la stabilisation compliquée de son unique point de vie. Pour les médecins, Sans avait magiquement absorbé l'âme de Frisk sans qu'ils ne comprennent pourquoi. Seul lui gardait le secret.


Des pas derrière lui le firent sursauter. Il tourna la tête pour rencontrer les yeux d'Asriel, un bouquet de fleurs jaunes dans les mains. Il sourit à Sans, et les déposa sur la pierre tombale.


« Tu es enfin sorti, remarqua l'enfant.


— Tout juste. Papyrus m'attend dans la voiture. J'ai insisté pour venir. J'aurais aimé plus tôt, mais Tori...


— Je sais, répondit le prince en détournant le regard. Elle est en colère, mais... Je suis sûr que ça lui passera. Ce n'est pas de ta faute, Sans. Et je suis désolée qu'elle te mette tout sur le dos comme ça. J'ai essayé de lui parler mais...


— Ne t'inquiète pas. Je comprends. Elle souffre. Je ne vais nulle part de toute manière, on a le temps d'en reparler. »


Asriel hocha la tête. Ses yeux dérivèrent sur sa poitrine. Sans se dandina sur son fauteuil, mal à l'aise.


« Quand est-ce que vous comptez lui dire ?


— Lui dire quoi ? demanda Sans d'une voix anormalement aigue. »


Asriel sourit.


« Je ne sais pas si c'est un effet secondaire, mais depuis que j'ai absorbé l'âme de Chara, je peux... sentir les âmes humaines. C'est comme ça que j'ai trouvé Frisk dans les Ruines. Et... Je peux encore le sentir maintenant. Je sais qu'il n'est pas vraiment parti, n'est-ce pas ?


— Eh, je lui ai dit que l'on n'arriverait pas à le cacher longtemps. »


Les yeux de Sans virèrent au rouge. Asriel sentit son sourire s'élargir.


« Je suis toujours là, oui, répondit Frisk, à travers Sans. Je n'ai plus d'enveloppe physique, mais je partage ma conscience avec Sans.


— Mais pourquoi le cacher ? Si je peux le sentir, peut-être que d'autres le peuvent.


— C'est juste que... Maman est très en colère contre Sans, et je ne pourrai jamais être comme avant. Je préfère qu'elle fasse son deuil avant. On... On lui révélera, bien sûr. Mais... Pas tout de suite. J'espère que tu comprends.


— Comment pourrais-je ne pas comprendre ? J'ai été dans cette position, il n'y a pas si longtemps. Je voulais juste que... Je suis toujours là, d'accord ? Et je suis toujours ton frère. Si tu as besoin de moi, tu sais où me trouver.


— Merci, Asriel. »


Le prince sourit, puis regagna le sentier. Sans et Frisk en firent tout autant. Papyrus serra son frère dans ses bras lorsqu'il revint, aussi expressif que d'habitude, et sur ses deux jambes. Un vrai miracle d'après les médecins humains. Il était le seul à être déjà au courant de leur petit secret, avec Asriel à présent. Frisk ne souhaitait plus répéter les mêmes erreurs. Cela ne le dérangeait pas plus que ça, et il s'adressait aléatoirement à l'un ou à l'autre, déjà habitué à l'idée de cette colocation étrange, dans un seul corps.


Frisk sourit lorsqu'il démarra la voiture. La vie était un peu différente maintenant qu'il était coincé dans le corps de Sans, mais il savait qu'il avait désormais une famille sur laquelle il pouvait compter, et n'était-ce pas là le plus important ?


FIN.


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FIN D


Ploc.


Ploc.


Ploc.


Médusé, Sans regarda son propre sang couler le long de ses doigts et disparaître dans l'obscurité ambiante. Planté dans son âme, le couteau luisait dans l'obscurité d'une lueur rougeoyante. Il n'arrivait pas à détacher son regard de ce dernier, fasciné morbidement par sa propre mort.


Il ressentit tout. Le lien entre son âme et celle de Frisk, brisé net. La fissure qui se créa dans son âme. Le craquement sinistre lorsqu'elle se brisa net sous le choc, comme on casse une fenêtre. Son corps qui se désagrège. En quelques secondes, tout fut terminé. Ce qui lui restait de conscience s'évapora, juste devant Frisk, impuissant, qui hurlait son nom.


Frisk tomba à genoux lorsque le squelette disparut entièrement du vide où leurs âmes conjointes se trouvaient. Indifférente, Chara rangea son couteau, satisfaite.


« Tu vas me donner ton âme, maintenant. Il est temps d'arrêter cette mascarade. »


Frisk ne répondit pas, silencieux. Le rouge de ses yeux faiblissait à vue d'œil. Il avait tant espéré cette nouvelle fin. Il avait promis que tout s'arrangerait. Et tout ça pour quoi ? Rien. Rien du tout. Il ne restait plus rien. Chara venait de tout gâcher.


Ses poings se serrèrent. Non. Il ne pouvait pas renoncer. Pas si près du but. Il avait fait une promesse à Sans : celle de prendre ses responsabilités, jusqu'au bout. Il y avait une possibilité qu'ils ne survivent pas à l'opération, et l'un comme l'autre était conscient des risques. Sans était peut-être déjà parti, mais Frisk ne donnerait pas la satisfaction d'un nouveau reset ou du plein contrôle à Chara. Il en avait assez de Chara, cette épine dans le pied qui refusait de le laisser tranquille. Et il comptait bien en finir une bonne fois pour toutes.


Il savait que s'il revenait à la vie, elle continuerait de le harceler jusqu'à obtenir ce qu'elle voulait. Mais il y avait une autre méthode à laquelle elle n'avait pas pensé. Frisk souleva la veste de Sans et récupéra le couteau qui lui avait ôté la vie. Il se tourna vers Chara, sur la défensive. Elle attendait qu'il l'attaque.


Mais Frisk avait d'autres plans.


Il retourna la lame vers lui et se la planta en pleine poitrine. Il était déterminé. Déterminé comme jamais. Déterminé à mourir. Ses yeux luirent d'une lueur rouge profonde, bien plus profonde que celle que Chara arborait. Il était le plus déterminé des deux. Chara venait de le comprendre, à ses dépens. Plus de reset possible. Plus de retour en arrière.


Elle poussa un hurlement de colère et tenta de se jeter sur Frisk. Mais avant qu'elle ne l'atteigne, l'obscurité les absorba, tous les deux.


**********


Alphys entra dans la salle d'attente, les mains tremblantes, et le visage ravagé par les larmes. Elle peinait à faire un pas devant l'autre et refusait de croiser les regards pleins d'espoir qui s'étaient posé sur elle. Undyne fut la première à comprendre que quelque chose n'allait pas.


« Al' ?


— Je... Je suis désolée ! »


Elle tomba à genoux et se mit à sangloter, alertant tous les monstres dans la pièce. Toriel sentit son rythme cardiaque s'accélérer. Elle s'apprêta à se précipiter dans le couloir, mais les docteurs humains, qui sortaient de la salle d'opération, ne lui en laissèrent pas le temps. L'un d'eux posa une main compatissante sur l'épaule d'Alphys.


« Nous sommes désolés, dit-il d'une voix solennelle. Nous avons fait tout ce qui était en notre pouvoir pour faire aboutir l'opération, mais... Le lien était trop instable, et ils sont tous les deux entrés en arrêt cardiorespiratoire. Nous avons fait tout ce qui était en notre pouvoir pour les sauver, sans succès. »


La stupéfaction s'abattit sur les monstres. Ils savaient que c'était une possibilité, on les avait avertis du risque. Mais entendre les médecins en parler et faire face à l'issue la plus dramatique était incomparable.


Ce n'était pas seulement un drame familial, mais l'échec d'une collaboration entre deux sociétés qui aurait irrémédiablement des conséquences. Asgore en avait conscience. Alphys également. Cet acte allait être repris contre leur peuple. Le roi s'excusa et quitta la pièce, sous les hurlements de Toriel et Papyrus, dont les vies venaient d'être brisées à jamais.


*********


Le silence était assourdissant. Les genoux repliés contre son torse, Asriel regardait les fleurs dorées qui peuplaient les tombes de Frisk et Sans se balancer au fil du vent. Il avait encore du mal à accepter qu'il avait perdu un nouveau frère. Toutes ces émotions étaient encore nouvelles pour lui, et il peinait à se les approprier de nouveau.


Le fait que tout le monde autour de lui pleurait ou se battait n'aidait pas. La situation entre les humains et les monstres s'était dégradée ces dernières semaines, les anti-monstres s'étant appropriés la mort de Frisk pour tenter de répandre leurs idées radicales. Asgore tenait bon, mais pour combien de temps encore ? Asriel ne voulait pas revivre la dernière ligne temporelle. De ce temps-là, il savait que la mort n'était pas définitive. Aujourd'hui ? Elle le terrifiait. Qui pouvait prédire ce qui se passerait demain ?


Il se retourna lorsque des pas résonnèrent derrière lui. Papyrus se laissa tomber à côté de lui, un énorme sac-à-dos sur le dos. Asriel fronça les sourcils.


« Qu'est-ce que tu fais ?


— Mes adieux, répondit-il d'une voix triste. Le grand Papyrus part vers de nouveaux horizons. J'ai... J'ai besoin de voir le monde. Je n'en peux plus d'être ici, tout me rappelle Sans, mais... Je ne peux pas simplement abandonner. J'ai décidé de me reprendre en main, de visiter, d'apprendre à vivre sans lui.


— Je ne sais pas comment tu fais, Papyrus. Même dans les pires épreuves, tu trouves toujours la force d'avancer. Tu es quelqu'un d'incroyable, et je pense qu'on ne te le dit pas assez. »


Le squelette sourit, mais son regard dévia de nouveau sur les tombes.


« Mais... Tu sais, reprit Asriel. Tu as aussi le droit d'être triste. Ce n'est pas parce que tout le monde attend de toi que tu souris en toute circonstance que tu dois le faire. Tu devrais dire « Merde » aux gens un peu plus souvent.


— Lady Toriel n'approuverait pas, mais... Je comprends ce que tu veux dire Flo... Asriel.


— Tu peux m'appeler Azzy. C'est ce que font les meilleurs amis, non ? Se donner des surnoms. Pap'.


— D'accord. Azzy. Meilleurs amis, wowie. Et moi qui croyait que je ne pouvais pas dépasser l'étape du premier rencard il y a quelques mois. Tu sais... J'ai vu comment tu tournes en rond. Si tu veux... Si toi aussi tu as besoin d'air, tu pourrais m'accompagner ?


— Tu as peut-être raison. C'est ce qu'ils auraient voulu, pas vrai ? Qu'on ne se laisse pas abattre et qu'on avance. Alors faisons ça. Pour eux.


— Pour eux. »


Le soir-même, Asriel et Papyrus embarquaient dans le premier train qu'ils croisèrent, pour de nouvelles aventures en mémoire de leurs frères respectifs tombés pour leur garantir cette liberté.


FIN. 


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