Le premier humain tombé

Chapitre 19 : Nouvelle version

4211 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 04/09/2017 07:47

Frisk se releva aussi sec et repartit sans regarder derrière lui. Chara jeta un dernier coup d'oeil à l'endroit où se trouvait la porte quelques instants plus tôt, puis rejoignit l'enfant. Mille et un questions commencèrent alors à se mélanger dans sa tête : qu'est-ce que Gaster voulait dire ? Quelles étaient les réelles motivations de Frisk ? Qui d'autre que Sans et Muffet pouvaient le voir et l'entendre ? Rien qu'à cette dernière pensée, sa gorge se noua. Il se sentait tiède à l'idée que les monstres le voient après ce qu'il avait fait ; il préférait qu'on l'oublie, car au-delà des bons moments qu'ils avaient passés, Chara restait l'instigateur de sa mort et de celle d'Asriel. Il se dit finalement que 'il revoyait un jour son meilleur ami, il disparaitrait pour toujours. Ce fut avec des pensées biens noires qu'il arriva finalement à un hôtel avec Frisk, qui n'avait rien dit de tout le trajet.

Sans les attendait devant l'hôtel, les mains dans les poches mais un air légèrement sombre sur le visage.

"Hey, ça va vous deux ? Ça vous tente d'aller au resto avec moi ?

— Ouais, sûr, répondit Frisk sans demander à Chara, qui se faisait tout petit.

— Ok, merci de m'inviter.

— J'ai pas d'argent sur moi, je te dis tout de suite.

— Moi non plus, c'est pas grave. Je connais un raccourci.

— Laisse-moi deviner, tu vas juste nous téléporter comme tu le fais si bien ?" lança le fantôme.

Frisk regardait à présent Sans avec des yeux ébahis.

"Tu te téléportes ? Trop bien !

— Et ouais. Bon venez."

Comme prévu, il leur suffit de passer à l'arrière du restaurant pour y entrer, mais un détail déconcerta les deux jeunes gens. Il n'y avait que des tables pour deux, avec des couverts sur une seule place et pas d'assiette ni de serviette.

"Heu... Sans ? On va manger ici, ou pas ?

— Bah non. On va discuter. Tu viens au restaurant pour manger, toi ?

— C'était vraiment utile de me demander de payer, je suppose.

— Oui.

Sans s'assit et Frisk hésita entre s'accroupir et rester debout. Finalement il prit une chaise de la table d'à côté et s'assit en face du squelette, qui affichait un air grave qui n'avait rien de rassurant. Pendant un instant, Chara crut reconnaitre le petit Sans qui l'avait effrayé alors qu'il allait rendre visite à Laura pendant la nuit. Le souvenir de sa petite soeur, si vive, si fragile et perdue lui brisa le coeur, et il se renfrogna.

Comme à Hotland, le squelette n'avait rien du petit comique flemmard, et ce fut d'une voix grave et trainante qu'il s'exprima.

"Gamin... T'as... Vous avez fait un sacré chemin, pas vrai ? Et vous êtes tout près du but... Ça te fait drôle, pas vrai ?"

Cette dernière phrase n'était pas destinée au fantôme. Même si Sans pouvait le voir et l'entendre, il n'agissait pas vraiment comme s'il le savait réellement.

Frisk ne sut que répondre. Oui, il était plus proche de son but qu'il ne l'avait jamais été, même si le contraire aurait été étonnant. Et malgré la petite voix dans sa tête qui le poussait à finir ce qu'il avait commencé, son coeur se serra ; il ne se sentit alors plus honteux qu'il ne l'avait jamais été. Il n'était pas certain de vouloir terminer son aventure palpitante. Chara n'en savait rien, et pendant un laps de temps, l'enfant hésita à lui avouer le vrai but de son voyage. Pourquoi il s'acharnait. Pourquoi il lui arrivait de faiblir. Pourquoi il continuait malgré tout. Il baissa la tête, conscient que son comportement était plus que suspect, mais il se sentait terriblement tiède à l'idée de mentir encore et encore.

Sans ne lui fit aucun reproche et posa ses coudes sur la table. Chara tendit la main vers son partenaire, et alors qu'il s'attendait à ne rien attraper, il réussit à sentir l'épaule frêle de Frisk sous ses doigts. Ce dernier leva la tête vers le défunt et posa sa main sur la sienne. Chara ne s'était jamais senti aussi heureux : il était de plus en plus matériel ! Il sentit le contact de la petite main de Frisk, sa chair un peu rêche, son tee-shirt un peu miteux. Pourtant, Chara se rendit compte d'autre chose, et il retira sa main comme il put, s'efforçant de ne pas paraitre trop suspect. Ses yeux rouges s'étaient illuminés pendant un cours instant, mais ce n'était pas du bonheur.

Sans tiqua légèrement lorsque Chara posa sa main sur l'épaule de Frisk, mais il se détendit presque immédiatement.

"Tu sais petit, je pense qu'il y a des gens qui seraient d'accord... T'aimerais rester avec nous ?"

Les deux enfants le regardèrent sans comprendre. La première question qu'ils se posèrent fut celle-ci : à qui s'adressait-il en particulier ? Cette question fut rapidement suivie d'une deuxième, mais elle fut différente pour les deux jeunes gens.

Frisk se demanda si dans son cas, cette proposition était réellement possible. Sans doute non, mais au fond de lui il le désirait vraiment. Être accepté comme un humain normal. Il hésita à répondre oui, mais ces trois lettres refusaient de franchir ses lèvres. Il posa la main sur son coeur qui battait faiblement. Ce coeur qui n'était pas le sien. Ce coeur qui n'ait jamais été le sien. Ce coeur qui ne serait jamais le sien.

Chara hésitait également à répondre oui. C'était clair que de plus en plus de monstres percevaient sa présence, et peut-être parmi eux des monstres prêts à l'accepter comme autrefois.

Le souvenir de leurs visages anéantis, de leur rêves meurtris l'assaillit instantanément. Sa mort avait blessé tout l'Underground, et pour ne rien arranger il avait entrainé Asriel avec lui. Combien seraient prêts à lui pardonner ? Par sa décision, il avait entrainé la fuite de Toriel dans les Ruines, poussé Asgore à tuer les humains tombés après lui, et cela contre son gré.

Le coeur lourd, Chara se remémora l'âme de l'intégrité, une jeune fille qui s'était rebellée contre ses parents et qui s'était enfuie en emportant son rêve d'enfant : devenir danseuse. Chara se remémora la façon dont elle était tombée : elle regardait le trou lorsqu'un violent orage avait éclaté après une averse. Un éclair avait foudroyé un arbre non loin d'elle et elle avait sursauté. La boue l'avait faite glisser progressivement, avant de chuter. Elle l'avait entrevu à quelques reprises en tant que fantôme et avait tout fait pour assumer son enfance perdue, lorsque ses parents lui répétaient de ne pas négliger ses études. Au final, ils avaient tous eu partiellement raison.

La justice était celui qui l'avait le plus marqué. Un jeune adulte entrant qui avait échoué à beaucoup d'entretiens d'embauche et qui avait récupéré un vieux chapeau de cow-boy et un revolver encore plus vieux. Il était venu au mont Ebott pour la solitude, mais avait fini par se jeter dans le trou avec son revolver. Il savait que les adultes n'avaient pas une vie facile et qu'il leur arrivait de tituber, mais le voir de ses propres yeux l'avait désemparé. Asgore avait même hésité à le tuer lorsqu'ils s'étaient retrouvés face-à-face, il était surpris de ne pas voir un enfant.

Chara regarda fixement sa main. S'il regagnait de la matière physique petit à petit, il devait regagner en même temps de la détermination, celle de Frisk, issue elle-même de la détermination de Chara et celle d'Asriel.

Frisk tourna la tête vers lui. Il n'était pas sans savoir que son ami se sentait terriblement coupable de ses actes. Il le comprenait un peu : parfois, des fragments du passé de Chara déferlaient sur lui, et même s'il avait vu des choses horribles, il avait entraperçu dans toutes ces misères des moments calmes. Il connaissait toute sa souffrance comme tout son bonheur, surtout lorsqu'il se trouvait avec les monstres. Cette pensée lui réchauffa le coeur et balaya en partie le doute qui l'assaillait.

Sans sourit.

"Frisk, tu connaitrais pas... une dame qui vit dans les Ruines ?"

À ce nom, le visage de l'enfant s'illumina, et il hocha frénétiquement la tête. Le squelette sourit encore plus, à la limite de l'éclat de rire.

"Tu sais... c'est une amie à moi. Une fois, j'étais allé vers la porte des Ruines, et j'ai marmonné un "Toc toc ?" Et là, une voix de femme m'a répondue. "Qui est là ?"

— Et tu lui as fait une blague nulle qu'elle a écrite dans son journal," railla Chara.

Sans écarquilla les orbites. De toute évidence, il ne s'y attendait pas. Cependant, cela ne dura pas et il éclata de rire.

"Très bonne blague, Chara ! Je m'y attendais pas !

— Oh, je m'en doute, répondit-il, sûrement parce que ce n'est pas une blague. Ça s'appelle la vérité."

Un silence se fit. Frisk et Chara attendirent une réaction de la part de Sans, avant de réaliser qu'ils en avaient déjà une sous leurs yeux : Sans s'était figé. Seul un pli de son tee-shirt qui se déformait sous sa veste indiquait qu'il respirait. Frisk claqua des doigts juste sous son nez, ce qui eut pour effet de faire tomber le squelette de sa chaise, se retrouvant mollement étendu à terre. L'enfant prit la chaise et la tendit à Chara.

"Tu la veux ?

— Non merci. Tu t'inquiètes pas plus que ça ?

— Ça va passer."

Ils attendirent patiemment que Sans reprennent ses esprits. Pourtant, cela prit du temps. Frisk s'éloigna pour contempler les plantes vertes, et alors qu'il prit une feuille entre ses doigts, une voix perçante s'éleva de la tige.

"Ne me touche pas avec tes mains pécheresses !! Dieu punira ton insolence !!

— Pourquoi, c'est agréable de vous toucher."

Pour toute réponse, la plante s'écarta vivement de Frisk. Il se détourna, tandis que Sans se relevait enfin.

"Attends, j'ai bien entendu ? Elle a noté ma blague ?

— Oui... Oh, je vois !!!"

Frisk rejoignit Chara qui regardait sournoisement Sans, qui bleuissait très légèrement.

"Tu l'aimes, c'est ça ?

— Ça te regarde pas !! Et fais gaffe à ce que tu dis, c'est grâce à elle que ton partenaire est toujours en vie !

— Comment ça ? s'interposa Frisk. Elle a voulu me protéger au début, mais elle m'a bien laissé partir après !

— Peut-être, mais elle m'a fait promettre de veiller sur toi. Et si j'avais pas accepté par amour pour elle..."

Sans se leva et rapprocha son visage de celui de Frisk, qui soutint son regard. Les pupilles banches du squelette s'effacèrent et son visage s'assombrit. Chara déglutit, car il connaissait la fin de cette phrase.

"Tu serais mort là où tu te tiens."

Sans n'eut même pas besoin de le dire explicitement. Frisk avait très bien compris. Il ne se détourna pas, ne trembla pas. Il ne voulait pas donner l'impression au petit monstre qu'il avait peur de lui.

Ce dernier se détourna et partit vers le mur.

"Bon, j'vais y aller. À plus, vous deux !"

Frisk et Chara se regardèrent longuement, puis repartirent vers le Core. Cependant, alors qu'ils passaient la porte de l'hôtel, deux ombres noires à la forme très reconnaissable pour tous les fans de hentai ou globalement les esprits tordus pervertis. Disons pour les esprits innocents qu'il s'agissait de concombre avec des mains et des pieds. Ces deux formes ne bougèrent pas pendant un instant, avant de reculer et de disparaitre dans l'encadrement de la porte.

Frisk ne bougea pas, pétrifié. Ou alors il s'en fichait totalement.

À quoi il pense en voyant ces trucs ?

Un appel tirèrent Frisk et Chara de leurs pensées. Frisk décrocha et la petite voix d'Alphys lui répondit.

"Hey !! Em... Tu... tu as vu... c... ces monstres ? Que-qu'est-ce qu'ils font là ??

— Je sais pas, moi. Il n'y a pas de monstres habituellement dans le Core ?

— N-non... Pas que je sache..."

Elle lui raccrocha au nez, et Frisk rangea son téléphone. Chara fronça les sourcils, intrigué.

"Tu la trouves pas un peu louche, Alphys ?

— Pas spécialement. Pourquoi ?

— Parce que moi je la trouve louche. Mais c'est peut-être juste un pressentiment."

Ils pénétrèrent dans le Core, et tentèrent de prendre un ascenseur qui se trouvait en face d'eux. Frisk appuya sur le bouton, mais rien ne se produisit.

"C'est une blague ? s'énerva-t-il. Jamais là quand on en a besoin !!

— C'est comme ça depuis longtemps ? demanda Chara. J'veux dire, si ça se savait, il y aurait une affiche ou un truc du genre.

— Du coup je vais à gauche, commenta Frisk et passant la porte à côté.

Il eut à peine le temps de rentrer que l'une des formes bizarres les attaqua instantanément. Frisk eut un mouvement de recul et pendant que Chara les examinait, ses yeux s'écarquillèrent et son expression se transforma.

"Frisk, ce sont des mercenaires."

Celui-ci ne manifesta pas sa surprise et se concentra sur le Malicien qui se trouvait en face de lui. Il réussit à l'épargner sans se prendre trop de dégâts, et Alphys l'appela juste après.

"H-hey ! Ça va ?

— Ouais, à peu près. Mais d'où il vient, ce monstre ?

— Je... je sais pas. C'est la première fois... Mais t'inquiète pas ! Tu vas y arriver !"

Frisk raccrocha et avança sans demander son reste. Chara le suivait, pendant que ses soupçons grandissaient. Pendant le chemin de l'enfant, Alphys l'appelait sans arrêt pour le guider, et se trompait toujours dans ses indications. De plus, des mercenaires continuaient de surgir avec une forme première très étrange. Frisk s'en sortait avec un peu de mal, et lorsqu'il sauvegarda enfin au milieu d'un immense labyrinthe, ce fut un soulagement pour tous les deux.

Chara vit sur le visage de Frisk une certaine méfiance qui s'installait au fur et à mesure qu'il s'avançait. À cet instant, il reçut un dernier appel de la scientifique qui acheva de compléter sa méfiance.

"Je... Où est-ce qu'on est ? Je... je ne comprends pas... Cet... cet endroit... il est pas sur mes plans...

— Une minute, l'interpella Chara. Tu te repères grâce à des plans ? Et tes caméras que tu as partout ?"

Un silence tomba de l'autre côté du fil. Puis Alphys raccrocha, laissant un humain plus que sceptique.

"Je comprends ce que tu voulais dire par "louche".

— Prépare-toi, tu vas bientôt tomber sur Mettaton. Enfin, ce serait pas étonnant."

Frisk hocha la tête et se sortit du labyrinthe tout seul comme un grand. Il arriva au bout d'un long couloir qui déboulait sur un ascenseur, une porte à l'encadrement lumineux et une sauvegarde.

"Mettaton doit être dans cette pièce."

Ce fut les seuls mots qui sortirent de ses lèvres. Il sauvegarda et enfonça dans l'obscurité. Effectivement, Mettaton se trouvait là, au centre de la pièce. Frisk avança encore un peu, et la porte dernière se referma dans un claquement inquiétant.

"TU Y ES. C'EST LA FIN, HUMAIN. NOTRE DERNIER COMBAT. SI TOUT SE DÉROULE COMME PRÉVU, ALPHYS S'INTERPOSERA PENDANT NOTRE COMBAT, ME DÉSACTIVERA.

—Attends, quoi ? Comment ça, "comme prévu" ? répliqua Chara, un peu dérouté.

— J'avais raison de me méfier, commenta Frisk. C'est Alphys qui a tout planifié, n'est-ce pas ?

— OUI. ELLE TE REGARDAIT DERRIÈRE SON ÉCRAN, ET S'EST ÉPRISE DE TES AVENTURES. ELLE A VOULU EN FAIRE PARTIE. ALORS, ELLE A RÉACTIVÉ LES PUZZLES SOUDAINEMENT SANS JUSTIFICATION. ELLE A RALLUMÉ LES LASERS, ET M'A DEMANDÉ DE TE POURCHASSER.

— C'était donc ça, le faux mur ! s'exclama Frisk. Mais alors...

— CEPENDANT, J'EN AI ASSEZ. JE NE VEUX PAS TE TUER, HUMAIN. JE VEUX DEVENIR UNE STAR. JE ME SUIS REBELLÉ. J'AI ENGAGÉ DES MERCENAIRES POUR MON SHOW, ET TE VOILÀ DEVANT MOI EN FORME."

Frisk fit quelques pas de plus, et lorsqu'il ne restât qu'un mètre et demi entre lui et Mettaton, une plateforme les souleva et des projecteurs colorés l'aveuglèrent.

"DÉSOLÉ, DARLING ! VOUS N'AUREZ PAS L'ÉMISSION PRÉVUE... MAIS BIEN MIEUX QUE CELA !

VOUS ALLEZ VOIR DU NOUVEAU ! PLUS DE DRAME, PLUS D'ACTION, PLUS DE BEAUTÉ !"

À ces mots, Mettaton glissa sa main derrière son dos et appuya sur un bouton. Chara esquissa un léger sourire, mais Frisk resta impassible. Il empoigna fermement sa poêle à frire, juste avant qu'un nuage de fumée blanche l'aveugle. Il toussa un peu, et lorsqu'il ouvrit les yeux, il sourit lui aussi.

Mettaton était très beau. Ou belle. Non, beau. On s'en fout. Il s'était transformé en robot humanoïde avec de belles formes, de belles jambes, des talons hauts, des mains, des cheveux en émo. Un seul de ses yeux était visible. Il avait du charme.

"REGARDE-MOI DONC CE CORPS ! PARFAIT !

— Même Undyne est pas aussi bien roulée," siffla Frisk, assez admiratif. Chara lui jeta un regard en coin : l'humain avait un regard satisfait ?!

Il regarda ensuite son âme, devenue jaune et à l'envers. Il leva la main et tira sur les attaques de Mettaton.

Le combat était assez palpitant. Frisk devait lever la main et en même temps se déplacer, et contrairement à ce qu'il laisserait penser, il n'était pas un adversaire facile. L'enfant jouait presque à Just Dance version hardcore pour éviter les projectiles qu'il ne parvenait pas à détruire ; il réussit même à faire un salto arrière, emporté par une musique de fond totalement dansante et peut-être la meilleure qu'il ait entendue jusque-là (il m'arrive de le penser). D'ailleurs Mettaton n'était pas un ennemi à prendre toujours au sérieux : lui aussi dansait, et il se débrouillait vraiment bien pour un robot. Chara vit à plusieurs reprises un sourire amusé sur les deux visages des ennemis. Ils sautaient, se retrouvaient à terre, ondulaient, tournoyaient, virevoltaient : le spectacle ne ressemblait plus à un combat, mais à un gala de danse, avec des pauses où Frisk jouait les rebelles de la vie.

Cependant le regard de Mettaton restait fixé sur l'audience qui grimpait de plus en plus. Et lorsqu'elle atteignit huit mille téléspectateurs, les bras de Mettaton tombèrent de son corps. Ils se détachèrent, tout simplement.

Le regard de Frisk dériva sur les membres qui roulaient sur le sol loin de la bataille, et eut un instant de déconcentration. Un projectile atteignit son âme, et elle clignota. Frisk porta la main à sa poitrine, titubant légèrement avant de se reprendre. Le fait d'avoir perdu ses bras rendit encore plus fort Mettaton qui se renfrogna un peu.

"D-DES BRAS ? MAIS QUI A BESOIN DE BRAS AVEC DES JAMBES PAREILLES ?" déclara-t-il sans se démonter.

Frisk décida de ne pas le provoquer : les bombes fonçaient bien plus vite vers lui, et il se démena comme jamais pour esquiver, viser et tirer. mettaton continuait de danser, mais on sentait une certaine fatigue. Le robot tint bon assez longtemps, jusqu'à ce qu'il perde également ses jambes. Frisk se prépara à esquiver comme jamais lorsque Mettaton se retrouva avec juste un torse et une tête, mais celui-ci regardait l'audience d'un air fasciné. Il y avait dix mille personnes qui regardaient le show.

"REGARDEZ-MOI CETTE AUDIENCE ! JE N'EN AI JAMAIS EU AUTANT !

— C'est vrai que c'est pas mal, conclut Frisk en s'asseyant, à bout de souffle.

— NOUS ALLONS RECEVOIR UN APPEL D'UN DE MES FANS POUR CETTE OCCASION ! VEUILLEZ COMPOSER LE NUMÉRO DE L'HUMAIN POUR PARTICIPER ET AVOIR UNE CHANCE DE ME PARLER !"

Le numéro de Frisk s'afficha sur on ne sait où, et très vite le téléphone de l'humain sonna. Celui-ci tint le portable pour que Mettaton puisse parler.

"OUI, ALLÔ ? VOUS ÊTES EN DIRECT !

— Oh... salut... Mettaton. C'est le dernier épisode... n'est-ce pas ? Tu sais... ma vie est vraiment nulle, mais... regarder ton show m'a fait beaucoup de bien."

Pendant le discours, Chara comme Frisk reconnurent la voix : c'était celle de Naptsablook. L'expression de Mettaton passa de surprise à désemparée, pour finir par la tristesse.

"Oh... désolé... J'ai encore parlé pendant trop longtemps, n'est-ce pas ? Au revoir... Mettaton...

— Non attends ! voulut le retenir Mettaton, mais il avait déjà raccroché. D'autres appels tous plus déchirants les uns que les autres s'ensuivirent, venant de monstres tous très différents mais qui exprimaient la même chose à l'unisson : Mettaton leur manquerait.

Finalement, il demanda à Frisk de raccrocher, et un sourire triste se dessina sur son visage métallique.

"DARLING... JE VOULAIS ALLER À LA SURFACE POUR Y ÊTRE UNE IDOLE, MAIS... LES HUMAINS ONT DÉJÀ TANT DE STARS ET D'IDOLES. ALORS QUE LES MONSTRES N'ONT QUE MOI. SI JE PARTAIS, JE LAISSERAIS UN VIDE IMMENSE IMPOSSIBLE À COMBLER. JE... JE VAIS RESTER ICI."

Il laissa échapper un soupir.

"DARLING, JE NE VAIS PAS MENTIR. BIENTÔT, JE SERAI EN PANNE DE BATTERIE ; MAIS... SACHE QUE CE FUT UNE BELLE EXPÉRIENCE QUE DE ME BATTRE CONTRE TOI."

Sur ces mots, son regard se figea et son oeil se ferma. Son corps tomba en arrière dans un bruit fracassant, mais il ne se disloqua pas davantage. La porte de derrière s'ouvrit et Alphys accourut, toute essoufflée. Frisk n'osa pas imaginer sa réaction lorsqu'elle verrait Mettaton avec juste son torse et totalement inanimé.

"Je... j'ai enfin réussi à l'ouvrir... Je... Oh non, Mettaton !"

Elle accourut vers lui et le prit dans ses bras. Elle l'examina rapidement dans tous les coins, puis soupira de soulagement avant de se tourner vers Frisk.

"Dieu merci, c'est seulement les batteries."

Alphys semblait vraiment soulagée, et l'enfant se félicita de ne pas l'avoir tué. Pourtant, la scientifique prit un air radicalement différent, beaucoup plus gêné.

— Enfin... S'il était cassé, ce ne serait pas grave... Je n'aurais qu'à en construire un autre... Ce n'est qu'un robot...

— C'est ton ami, Alphys, la coupa gentiment Frisk. Ne fais pas semblant."

Elle se tut et baissa la tête.Frisk et Chara quittèrent la pièce, la laissant seule avec le robot. Pourtant, alors qu'ils traversaient un couloir, elle les suivit en faisant des commentaires inutiles, et lorsque Frisk s'apprêta à prendre un ascenseur, la scientifique afficha une mine affreuse. Chara comprit ce qui n'allait pas, et brisa le silence pesant. Frisk n'était peut-être pas au courant de ça, mais ça ne changerait pas grand-chose à sa détermination de fer.

"Alphys, je sais qu'une âme humaine ne suffit pas pour traverser la barrière. `

— Et comment comptez-vous rentrer chez vous, dans ce cas ? les défia-t-elle du regard, son visage entre ses mains. Tu vas devoir tuer Asgore, petit. Il faut une âme humaine et une âme de monstre. Si tu fais ça, des tas de gens ne te e pardonneront jamais, sache-le !

Chara se tourna vers l'intéressé qui regardait le vide. La tirade de la scientifique n'avait en rien affecté son moral. Le fantôme avait rarement vu une lueur aussi déterminée dans le regard de Frisk, à tel point que c'en devenait presque effrayant.

"Je trouverai un moyen," se contenta-t-il de proclamer d'une voix forte et claire.

Alphys le regarda pendant un instant, totalement anéantie. Elle porta les mains à son visage en regardant l'humain d'un air affolé, avant de s'enfuir en courant. Frisk la suivit sans bruit, mais elle courait bien plus vite que lui, et il la perdit rapidement de vue. Alors qu'il s'apprêtait à passer par l'hôtel, il n'eut pas le temps d'y entrer que son portable sonna. Il décrocha, écouta l'appel avant de se tourner vers Chara d'un air ravi.

"On va voir Undyne et Papyrus à Snowdin !"


HEY !!!!! Comment ça va les gens ???

Ça faisait longtemps, pas vrai ? Vous m'avez manqué !

Il faudrait cependant que j'arrête de dire que je publierai des chapitres plus vite, parce que ce n'est jamais le cas et je suis pratiquement sûre que vous attendez avec impatience la suite !! Nyeh heh heh...

C'est bientôt la fin de la première saison... Dans deux ou trois chapitres ce sera clos je pense.

Mais pas la fanfiction !!! On est bien d'accord que je la continuerai pendant longtemps encore...

Quoi que... À la fin de l'année j'aurais probablement fini cette saison, donc si je reste aussi régulière... Non j'ai la flemme de chercher dans combien de temps je la finirai. En plus je peux avoir des idées entre-temps... Ouais, grosse flemme.

C'était moins drôle que d'habitude, selon moi. Mais je m'en sors beaucoup plus en drame qu'en humour, alors tenir ce rythme pendant six chapitres consécutifs, c'était compliqué de base pour moi. Comprenez-moi.

Bon bah... Salut salut !!!!

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