Une vendetta naine, une chasseuse humaine et un tueur solitaire...

Chapitre 1 : Sauvetage

5173 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 23/01/2019 13:10

Les gigantesques statues de Grimmir, Grungni et Valaya ornaient le vaste mur au fond de la caverne aux murs finement sculptés. Incrustées de pierre et de métal précieux, précisent jusqu’à en être confondante de réalisme, elles donnaient parfois l’impression que les dieux allaient se mettre en mouvement. Si imposante et majestueuse qu’elles faisaient presque passé le trône du Haut roi Thorgrim le Rancunier pour un détail, pourtant aussi finement travaillé. Le siège était d’or massif gravé de runes, et l’ensemble du trône aurait représenté le travail de toute une vie, s’il avait été fait par un humain.


La grand salle sentait bon la bière et la charcuterie, on entendait au loin le bruit des mines qui faisait vibrer doucement la pierre et la pièce résonnait des voix caverneuses du Haut Roi et de ses conseillés, discutant autour d’une chope provenant d’une des meilleures brasseries de Karak a karak.

Des doubles portes massives et toujours ouverte de la salle du trône émergea un messager, qui ralenti le pas à l’approche de Thorgrim. Wilhelm Barin était depuis près d’un siècle le messager personnel du Haut Roi et pour rien au monde il n’aurait céder sa place, c’était son plus grand honneur et celui de son clan.

Le vieux roi vis entrer son messager, d’un geste de la main il indiqua aux nains présents qu’ils n’étaient plus seuls. Ils se tournèrent tous de concert vers le Wilhem qui se campa la tête haute devant ses supérieurs. La mine bougonne de son roi lui fis comprendre qu’ils s’attendaient à une mauvaise nouvelle, aucun rendez vous n’étant attendu.

« -Mon seigneur, le pilote Damakain fils d’Ekon vient d’atterrir, il a demandé une audience d’urgence, se disant porteur de nombreuse nouvelles » dit-il d’un trait sans se faire attendre.

Le conseiller du haut roi, Fimber Poing-d’acier se mis à sourire :

- « Ha ! Trois jours d’avance ! Je le reconnais bien là… toujours à faire les choses à la vas vite. » Marmonna le longue barbe.

-« j’ai besoin de nain qui savent aller vite autant que d’artisan qui savent prendre leur temps mon vieil ami » lança Thorgrim en se levant « de bonnes nouvelles ? » demanda-t-il à son messager, d’un regard complice. Le sourire de Wilhem s’élargi :

« - je gage qu’au moins deux vous plairont mon roi ! »

« - Alors vas me le chercher, je veux l’entendre de sa bouche ! » ordonna le roi de sa grosse voix, légèrement rassurée.

« - il peut aller aussi vite qu’il le souhaite, si c’est pour ramener de bonne nouvelle » bougonna le roi en finissant sa bière. La remarque tira un sourire aux conseillers, l’un d’eux se mis derrière le grand livre des rancunes, près à vérifier s’il les nouvelles avaient un rapport avec une rancune restée impuni, tandis que Fimber se saisi d’une plume et entama une nouvelle page du registre.

 17ème jour du 11ème mois de l’an 4256 après la fondation de Karak a Karak, Le haut roi Thorgrim le Rancunier reçoit Damakain Ekon du clan des Sang de Fer, pilote de Gyrocopter envoyé recueillir des nouvelles des groupes de rangers dans les montagnes.

 Puis il se tint en silence derrière son pupitre, le haut roi s’installa sur son trône tandis que la table où ils siégeaient fut débarrassée prestement par quelques nains en faction.

Le silence régna quelque minute, troublé seulement par les vibrations de la mine. Thorgrim passait en revu les événements de ses dernières années et faisait la liste mental des informations qu’il voulait avoir pour ne rien oublier, se remémorant toute les affaires en cours pouvant être impactées par les nouvelles du pilote. A ses cotés, Fimber feuilletait le livre des rancunes en arborant une mine de dégout et de mépris pour tous ceux qui avaient trahis les nains ou s’étaient déshonoré.

Grodun Gromnir, Maitre des runes et fidèle conseillé, qui avait suivi l’échange en silence, se plaça debout à la droite de son seigneur. Machinalement sa main se plaça sur le manche de sa hache, caressant sans y penser la rune qu’il y avait gravé…

Les pas de Wilhem vinrent rompre le silence, accompagnés de Damakain, clairement intimidé par la situation. Le courte barbe n’avait rencontré le haut roi qu’une seule fois lors d’une cérémonie, et il avait été surpris de recevoir l’ordre de faire son rapport devant lui, et non un supérieur militaire. L’impression écrasante de porter l’honneur de son clan sur ses épaules se fit sentir, il entra dans la salle du trône la tête haute, prêt à faire honneur à son roi. Ses jambes tremblaient légèrement, l’idée que le vieux nain avait presque un millénaire de plus que lui était intimidante.

« Mon roi, commença-t-il en mettant le poing sur son cœur, Damakain fils d’Ekon du clan des Sang de Fer, pilote de gyrocoptère de la quatrième escadrille, à vos ordre mon seigneur. » Sa présentation était parfaite et transpirait sa motivation. Le Haut roi eu un petit sourire, il appréciait que les jeunes se révèlent fier et respectueux de leur ancien. 

« Tiens toi droit, gamin… grommela-t-il. Quelles nouvelles ? » Finit-il d’une voix autoritaire. Le jeune pilote rassembla son histoire, et expliqua en prenant soin d’articuler :

« Votre message est bien arrivé et j’ai avec moi la réponse qui vous est destinée. Aucune avarie sur la machine n’est a signalé, commença-t-il, le roi émit un grognement d’approbation et tendit la main pour récupérer la missive, sur le retour j’ai vu une armé de gobelin remonté vers le nord par la passe du Rat. Le roi le fixa droit dans les yeux. C’était plus une débandade qu’une marche militaire, ils étaient clairement en fuite. A seulement un kilomètre, j’ai aperçu un groupe de ranger, c’est Drac fils de Glohim qui m’a fait signe de me poser. J’ai un message de sa part. » Il fit une pause pour laisser au roi le temps d’intégrer les informations, le vieux roi lui fit un léger signe de tête avant de se diriger vers la grande carte au mur, le visage dur, et le messager repris, lisant à haute voix la missive du chef de groupe de ranger.





A qui de droit,

Un dragon a pris la forteresse de Karak-ungol. L’armée gobeline qui l’occupait est en déroute vers le nord.

 Drac, fils de Glohim, chef des rangers du clan des crânes d’argent, a l’aube du 17ème jour du 11 mois de l’année 4250.

« La forteresse est vide ? Tous les gob ont fuis ? Ont-ils vu Croc rouge et son loup ? » Thron, le général de l’armée du roi s’était levé d’un bond à l’annonce de la nouvelle, et questionnait le courte barbe de sa grosse voix autoritaire. Chacun y allait de son commentaire ou se contenter de grommeler ce qu’ils pensaient des gobelins. Le haut roi quitta la carte et revint parmi eu, leur faisant signe de se taire, il se planta devant le messager :

« Raconte nous tout ce que tu as vu, tout ce que Drac ta rapporter, et n’oubli rien mon garçon » dit-il gravement avant de faire asseoir tout le monde autour de la grande table.

Les nains les plus puissants du royaume étaient pendus aux lèvres du jeune pilote, qui ne se fit pas attendre :

Cette nuit, Drac et ses nains avaient montés le camp à quelques lieux de la place forte gobeline. Alors que la nuit était noire, ils entendirent un vacarme dans la vallée en contrebas, des milliers de gob apeuré fuyaient la montagne ! annonça-t-il en mimant avec ses mains les pathétiques créatures.

« Drac et ses gars on tendu une embuscade aux derniers, ils les ont criblés de carreaux d’arbalètes, c’est sur ça a mis un beau bordel dans le peu de rang qu’ils avaient retrouvés, et ils ont fait quelques prisonnier. Drac m’a dit que les saloperies avaient tellement la trouille qu’ils ont tout déballés. C’est comme ça qu’ils ont su qu’un dragon avait décidé de faire son nid dans la forteresse. Il m’a dit qu’ils allaient continuer de harceler la horde de gob pour qu’ils s’éparpillent, mais ils sont qu’une vingtaine contre toute une armée. »

« - et Croc rouge ? Le chaman a la tête des gobs ? Ils l’ont vu ? » Intervint Fimber, le livre des rancunes avait une page complètes au nom de ce chef de guerre aussi vicieux que lâche, et il aurait été ravi de rayer enfin ces méfaits à l’encontre des nains.

« -oui, il semble toujours à la tête de la horde, mais Drac la juste vu au loin… »Dit Damakain, conscient que la nouvelle n’avait rien de plaisant.

Thorgrim lâcha un chapeler d’injure, combien de fois ce couard puants allez il leur échapper ? Combien de nain encore perdrait la vie à cause de cette créature.

« Mon seigneur, commença le général d’une voix forte et assuré, un dragon est plus facile à délogé qu’une armée, si nous lui tendons une embuscade pendant que le terrain lui est encore inconnu, nous pourrions reprendre la forteresse ! 

« - Le trône de Karak-ungol revient légitimement à Manakein, fils de Maniel, du clan des brise-roc. » Annonça Fimber, les yeux rivés sur le registre. 

Wilhem fit signe au pilote et tout deux se retirèrent de quelque pas, laissant leur supérieur discuter.

Thorgrim écouta ses conseillers élaborer des stratégies et se faire des conjectures. Tant de rancune serait enfin rayés s’il pouvait reprendre la forteresse, Manakein pourrait retrouver son royaume et les nains récupéreraient une part de leur terre volé. Si peu, se dit le vieux roi, il restait si peu de nain comparé a sa jeunesse. Chaque fois qu’il perdait un nain au combat, il avait la douloureuse sensation que sa race disparaissait à petit feu, comme un lit de braise luttant pour conserver sa chaleur. Ils pourraient surement tuer la bête et reprendre la forteresse, mais à quel prix ? Combien de temps les colons tiendrait-t-ils si les gobelins revenaient ? Il en allait de l’honneur des nains.

« -Wilhem, vas prévenir Manakein sur le champ, et préviens les Drac de fer, je veux deux équipes avec des torpilles à troll sur le pied de guerre. Damakain, retourne à la garnison est convoque Glohim sur le champ » ordonna le roi.


Le général comprit la stratégie du roi

« Les dracs de fer résisteront au feu du dragon suffisamment longtemps pour l’attirer sous le feu des arquebuse, simple mais très efficace. Si les gobelins ont fuit par les tunnels, la route souterraine ne sera pas sur, nous devrions envoyés des combattants des tunnels ouvrir la voie » proposa-t-il.

« -hum… Manakein à son clan, je ne peux dégarnir les portes des royaumes » marmonna le haut roi, les sourcils froncés.

« -Mon seigneur, interpella Gromnir, il nous faut considérer la demande du baron William de Savignie. » lâcha-t-il sans cacher son amertume pour les hommes.

« -Des orques ravages ces terres et il ne sait qu’implorait de l’aide, ils ne savent pas tenir une hache ces humains » grommela Thorgrim, « Fimbur ? » demanda-t-il.

« Je regarde mon seigneur… » Il marmonna dans sa barbe une liste de nom, si les nains envoyait une force armés au secours d’un baron humain, ils devaient s’assurer qu’ils ne nourrissaient aucune rancune à son encontre. Le silence s’installa, Thorgrim allait donner l’ordre de mobilisé un clan, lorsque le conseiller repris la parole d’un ton méprisant.

« C’est le rejeton de sir Bertrand Clot de Savigny, cracha-t-il, ce couard a refusé de se battre et a rompu l’alliance avec les nains lors de la bataille du col de Cristal. Je savais bien que son nom me disait quelque chose ». Le général lâcha un juron, ils avaient gagné la bataille mais aucun chant n’avait raisonné cette nuit là. Il l’avait presque oublié, deux cents ans avaient passés.

Thorgrim marmonna quelques instants. Les humains ne comprendraient pas, comme toujours, mais peu importait, ils les avaient trahis et devait en payer le prix. La longévité ridicule des hommes les obligés à payer les dettes de leur arrières grands parents, mais aux yeux des nains…

« Raye cette rancune et envoi leur une missive, nous n’interviendrons pas, qu’ils se chargent de leur orcs eux-mêmes ! » beugla le roi.



Le vent qui balayait les crêtes enneigées donnait l’impression que le haut des montagnes était d’immense vague en mouvement sous un ciel d’un bleu hivernal. Le soleil commençait enfin à réchauffé l’air après une nuit où la neige n’avait cessé de tombée en gros flocon, puis le vent s’était levé à l’aube, timidement, pour enfin dégager le ciel par bourrasque.

Le col du Palanquin ne résonnait que du bruit du vent, et des quelques plaques de neige qui, soudainement devenue trop lourde, dévalaient la pente dans un bruit sourd. Sur un de ses versants, une colonne de bouquetins remontaient doucement la pente vers les sommets. Arrivé à hauteur du col, un sifflement se fit entendre, la bête de queue poussa un cri strident et s’écroula au sol, faisant fuir ses congénères. Elle se débâtit quelques instant avant de cesser de bouger, sa poitrine s’affaissa dans un dernier souffle et elle s’immobilisa dans la neige rougie par son sang. La montagne redevint calme.

Une plaque de neige se souleva doucement, révélant une cachette où gisait les restes d’un petit feu de camps, un sac à dos en cuir et un carquois. Emmitouflés dans un manteau de fourrure à capuche, une silhouette s’en extirpa. Elle dégagea un traineau fais de bois et de corde, et une paire de ski cacher sous la neige. En quelque geste précis, elle récupéra et fixa son équipement, puis dissimula l’abri.  La silhouette chaussa ses skis et descendit vers le cadavre de la bête. Arrivé à sa hauteur, elle la fixa un instant, et baissa le masque qu’elle portait en cache-nez, offrant son visage à la brise glaciale. Ses yeux verts légèrement en amande, le pâle de sa peau et ses lèvres fines contrastaient nettement avec son lourd manteaux et son équipement rustique. Elle retira sa capuche et libéra ses longs cheveux roux qui vinrent chatoyer en cascade autour de ses épaules. La jeune femme s’accroupit pour examiner sa proie : son tir avait fait mouche mais elle aurait pu lui épargner des souffrances inutiles si elle l’avait mieux ajusté. La nuit passée et l’attente dans le froid avait comme toujours engourdit ses membres, et l’angle de tir n’avait pas été des plus évidents. Elle se sentit seule, comme chaque fois qu’elle abattait une proie.

Survivre.

La trappeuse chargea le bouquetin sur son traineau et l’attacha solidement, son village n’était qu’à quelques heures de ski, et la température conserverait la viande d’ici là. Elle pouvait se permettre de le vider une fois au chaud. Une fois cela fait, elle s’harnacha au traineau, noua ses cheveux et remis son masque et sa capuche avant d’attaquer la descente à ski. Elle s’autorisa un sourire en regardant autour d’elle, s’était sa partie préféré : skier seule dans la montagne, quelques heures de pure plaisir avant d’attaquer la découpe. Profiter de ses sensations et de la beauté du paysage, malgré le froid mordant.

La jeune femme venait de passer le premier col en suivant les crêtes, le vent se calmait et elle en profita pour faire une petite pause. Assise face à la vallée, elle observait le paysage en mangeant un pain d’herbe en guise de petit déjeuner quand un petit groupe d’éclat argenté attira son attention sur un plateau en contrebas. A cette distance, elle n’arrivait pas à voir ce que c’était, mais ce n’était clairement pas naturel. Elle reprit son chemin, en se rapprochant pour mieux voir. Son insouciance matinale vola en éclat, et son regard se fit dur : elle reconnaissait des taches de sang dans la neige et les éclats venait de pièces de métal. Des gens étaient là, couchés dans la neige, probablement mort.

Survivre.

Son instinct lui disait de partir. Ils sont morts, peu importe.

Non, elle n’est pas comme ça, elle s’était jurer en quittant l’orphelinat de rester fidèle à l’exemple des prêtresses qui s’était occupé d’elle, même si le monde extérieur avait tout fait pour la briser.

 

Dès qu’elle vit précisément la scène, la trappeuse garda son arc à la main, une flèche encoché. Voilà des années qu’elle n’avait plus besoin de ses mains pour skier. Il y avait là une dizaine de corps, à en juger par leur taille, ce devait être des nains. Durant ses années passées dans la montagne, elle avait parfois croisé un groupe de ces rangers, ils se saluaient de loin mais ni les uns ni les autres ne cherchaient à communiquer si ce n’était pas nécessaire ou pour s’avertir d’un danger.

Qu’est ce qui pouvait bien avoir terrassé un groupe de ses fiers montagnards, qui plus est souvent lourdement armés ? Un frisson la parcouru, elle avait soudain très envie de contourner largement la scène. Après tout personne ne saurait. Mais elle se dit que si elle gisait à moitié morte sur un plateau, elle apprécierait surement que quelqu’un s’arrête pour lui venir en aide.

Prudente, elle s’arrêta en surplomb, à quelque dizaine de mètres. La neige était toute retournée mais les corps étaient partiellement recouverts, donc le drame avait dû se jouer dans la nuit, peu avant l’aube. Que diable faisait-il à marcher en pleine nuit ? Où était donc leur campement ? La pente en face d’elle était clairement l’endroit d’où ils venaient, et au vu du nombre de trace, ils n’étaient pas seuls. Elle resta immobile plusieurs minutes, focalisé sur ses sens, voulant s’assurer qu’elle était bien seule. Mais rien ne vint perturber le silence. Elle poussa doucement sur ses skis et se laissa glisser jusqu’au premier corps. Le nain gisait à plat ventre, une hache à la main, son arbalète à moitié enfoncé dans la neige à coté de lui. Sa tête à moitié coupée tira une grimace à la jeune femme, sale coup.

Elle laissa son traineau et planta ses skis pour aller examiner chaque corps. Elle avait toujours trouvé difficile de différencier les nains, ils avaient pour elle tous la même stature trapue, et seule changeait la couleur de leur barbe. Ce devait être la même chose pour eux se dit-elle, elle ne devait être « qu’une humaine » à leurs eux. Ils avaient tous eu une fin violente, il devait y avoir eu combat très violent, et elle vit sans mal les traces laissés par leurs agresseurs. A nouveau, un frisson la traversa… Pourvu qu’ils n’étaient plus ici. Elle devait partir au plus vite, par sécurité. Elle fit rapidement le tour des nains restant. L’un d’eux s’agrippait encore à son arquebuse. Finement sculpter dans un bois sombre, le canon gravé de leur écriture runique, avec une tête d’aigle aux yeux rouges formant la crosse de l’arme. C’était vraiment une œuvre d’art, même destinée à donner la mort. Un objet aussi précieux devait surement être reconnaissable, elle le ramènerait jusqu’à la porte des nains pour qu’ils sachent et son rôle s’arrêterait là. Elle pouvait au moins faire ça. Elle récupéra l’arme, et à l’instant où elle tirait dessus pour l’arracher au cadavre, le nain se redressa en balayant l’air de sa hache. La trappeuse eu un cri de surprise et recula rapidement.

Survivre.

Sa main se porte à son couteau.

Non.

-« Amis » cria-t-elle en levant les mains, mais le nain s’était déjà étalé dans la neige. Seule la vapeur qui sortait de sa bouche attestait qu’il était en vie. L’humaine resta figé quelque instant puis se risqua à approcher de nouveau. Il était dans un grave état, la plaie sur son torse aurait eu raison de n’importe quel humain. Elle avait entendu parler de la constitution des nains, mais le voir était autre chose. La situation avait changé, tant pis pour son précieux bouquetin. Elle abandonna sa proie dans la neige et fixa solidement le blessé sur son traineau. S’apprêtant à s’attacher pour partir, un mouvement sur sa droite attira son attention. Elle eu le souffle coupé : sur la crête venaient d’apparaitre trois créature humanoïdes, s’ils avaient bien deux bras et deux jambes c’est bien la seule ressemblance qu’ils avaient avec elle. Haut d’au moins deux mètres, leurs bras musculeux devaient avoir l’épaisseur du torse de la jeune femme. Elle frissonna en passant à la force qu’ils devaient avoir. Leur peau verte crasseuse apparaissait sous un assortiment disparate de pièces de fourrure et de métal assemblé en un semblant d’armure. La créature de tête brandissait d’une seule main une hache grande comme la trappeuse sans effort visible. Ses petits yeux cachés sous un front proéminent posaient sur la jeune femme un regard de prédateur, et de sa mâchoire inférieure sortaient deux énormes dents dont la fonction semblait évidente. Des orcs. La trappeuse en avait entendu parler mais rien ne la préparait à en affronter un jour. Les trois monstres dévalaient la pente dans sa direction, son cri avait du les attirer. La surprise et la peur lui firent perdre de précieuse seconde.

Survivre.

 Elle empoigna son arc et tira sans réfléchir sur le premier. La flèche l’atteignit au torse mais il ne sembla pas s’en soucier, il poussa un cri terrifiant et accéléra. Elle tira à nouveau, les larmes lui montaient au eux, elle ne savait pas quoi faire d’autre et se sentait affreusement sans défense. Les yeux rivés sur l’énorme hache que portait le monstre, elle eu le temps de décocher une troisième flèche avant l’impact. L’orque se jeta littéralement sur elle, lui coupant le souffle et l’écrasant de tout son poids au sol. Elle senti ses côtes craquer, l’air lui manquer. La trappeuse s’astreignit au calme lorsqu’elle comprit que le monstre ne bougeait plus, sa dernière flèche avait du avoir raison de lui mais elle était incapable de bouger.

Survivre.

Elle poussa de toute ses forces pour se dégager, le corps bougea légèrement puis bascula violemment sur le coté. L’un des deux autres venait de pousser négligemment le corps. Il lui attrapa la tête de son énorme poigne et la souleva, son énorme lame rouillée prête à l’empaler. Elle senti ses vertèbres craquer douloureusement, la capuche se déchira et elle s’écrasa lourdement au sol, ravivant la douleur dans ses côtes et découvrant son visage. Elle chercha son souffle, attendant le coup de grâce, incapable de trouver une solution.

Survivre.

Elle rampa en arrière, relevant la tête pour faire face à sa mort, elle fut surprise de voir le monstre lâcher son arme et repousser le dernier de ses congénères d’un geste sans équivoque « elle est à moi ». La terreur la submergea, et elle se surprit à espérer la mort : l’abominable créature venait de défaire son pagne et se pencher vers elle, son immonde chibre tendu.

Survivre.

La volonté de la jeune femme se tendit comme un arc, dernier rempart qui se dressait devant une fin atroce. Ce n’est qu’un mâle pensa-t-elle avec un sourire mauvais, et visiblement quelque soit la race, ils se gèrent de la même manière. La main faisait presque la taille de son torse et il la maintenait douloureusement au sol, elle se força à rester calme malgré le corps bestial qui se serrait contre elle, failli perdre connaissance en respirant son odeur immonde. Le poids écrasait ses côtes déjà brisées.

Survivre.

Soudain la bête poussa un hurlement et se releva en titubant, une main tentant d’arrêter l’hémorragie qui coulait à flot entre ses jambes. Le troisième eu un instant d’incompréhension avant de voir le sexe tranché gisant dans la neige dans une mare de sang. La trappeuse lança son couteau de chasse, une flèche n’avait pas arrêté le premier, son couteau ne tuerais certainement pas celui-ci, mais ce n’était pas le but. Le monstre rugit de douleur lorsque la lame se figea dans son genou.

Survivre.

 Elle voulut s’élancer mais, ignorant la douleur, il se rua sur elle. La jeune femme voulu ramper en arrière mais il lui écrasa la jambe pour la stopper. Un poing énorme s’abattit, elle sentit son arcade craquer, à demi inconsciente, sa vision se brouilla. Le monstre arma son poing.

Survivre.

Dans un dernier sursaut elle frappa du pied, de toutes ses forces sur le manche du couteau, l’orque rugit à nouveau, cette fois la lame lui avait tranché les tendons et la plaie saignait abondamment. Elle roula hors d’atteinte et courut aussi vite quelle le put jusqu'à son traîneau, suivi par l’orque boiteux. Au sommet de la pente, d’autres monstres avaient été attiré par les hurlements. Elle n’aurait pas d’autre chance, poussé par l’adrénaline elle chaussa ses skis et s’élança dans la pente suivi du traineau qu’elle tenait par la corde, sans avoir eu le temps de faire un nœud. Sa respiration était rauque, sa vision trouble, ses côtes et son crâne lui faisait horriblement mal et ses jambes tremblaient au point qu’elle avait du mal à ne pas tomber en skiant.

Elle dévalait la pente depuis plusieurs minutes sans oser regarder en arrière, ses mains crispées sur la corde du traîneau, une flèche l’avait frôlé dans les premiers mètres, mais depuis plus rien. Elle doutait qu’ils puissent la suivre à cette vitesse, et sans ski la pente était très dangereuse. Seulement elle ne pouvait pas se calmer, elle revoyait le corps du monstre sur elle et la terreur qu’elle avait ressentit la tenaillait encore.

Après avoir passé un col, elle chuta, renversant au passage le traîneau et le blessé l’occupant. Ses blessures la faisait souffrir et les larmes coulèrent, la secouant de soubresaut et coupant sa respiration chaque fois que ses côtes la rappelaient à l’ordre. Un cri se répercuta dans la montagne, la trappeuse s’immobilisa, les sens en alerte. Les orques la suivaient, ils étaient loin mais ils arrivaient, c’est du moins ce que la peur lui dictait.

Survivre.

 Elle serra les dents, hors de question de leur avoir échappé et de se laisser rattraper ! Remettre le traîneau droit lui arracha un cri de douleur, elle vérifia l’harnachement, le nain respirait faiblement mais il respirait. C’était sa porte de sortie, elle ne pouvait pas risqua de mener cette bande d’orque jusqu'à son village mais la porte du royaume nain n’était qu’à quelque kilomètre, au pied de la montagne, avec un peu de chance…

Elle poussa sur ses skis et attaqua la descente aussi vite que son corps endolori le lui permettait, cette fois le traîneau était attaché et ne la gênait plus. Une violente nausée la pris, tenir devint de plus en plus difficile.

Après un temps inconcevable, elle s’arrêta pour régurgiter le peu qu’elle avait mangé. Elle voyait flou, et une grosse tâche noire noircissait son champ de vision. Il fallait lutter contre la panique, elle repartit, tremblante.

Il lui semblait que des jours avaient passé lorsqu’elle vit enfin le grand pend de roche sculpté qui indiquait la porte du royaume nain, elle sourit légèrement, elle y serait bientôt.

« Hé l’humain, tu crois qu’c’est une auberge ou quoi ? » tonna une voix rocailleuse au dessus d’elle. Elle leva les yeux, la muraille avait visiblement des poste de sentinelle, c’est un nain à la barbe noire vêtu d’une armure qui venait de la héler. Comment diable était elle arrivé là ? Incapable de se souvenir de la fin de son trajet, elle finit par réagir, et balbutia une réponse inaudible, le nain maugréa de son coté quelque chose à propos des humains et de leur mère.

Khazalid. Les nains parlent le Khazalid. Qui lui avait dit ça déjà ? Son esprit épuisé bloquait sur cette idée : elle ne parlait pas le Khazalid. Elle se détacha et alla chercher l’arquebuse qu’elle brandit au dessus de sa tête pour la montrer à la sentinelle. Puis elle s’étala dans la neige avec un bruit sourd.



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