L'Enfant Terrible du Rat Cornu

Chapitre 15 : La Souricière

7341 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 11/04/2020 10:31

La compagnie de Furghân avait progressé trois nuits durant, et avait lacéré la terre elle-même de son passage, telle une irrésistible vague de fourrure, de dents et de griffes. Les Skavens avaient ravagé les champs, éventré les bois, massacré les troupeaux, et dévoré les choses-hommes. Deux hameaux avaient été complètement dévastés. Les Fils du Rat Cornu ne sortaient que rarement en rase campagne, mais quand ils s’y risquaient, ils ne faisaient pas les choses à moitié. Le sang et les os se mêlaient à la boue sur leur passage, et toutes les cultures finissaient brûlées ou souillées par les Moines de la Peste.

 

Quand les premières lueurs de l’aurore paraissaient sur la ligne d’horizon, Furghân ordonnait la halte en désignant un endroit où s’arrêter, généralement un coin de forêt. Là, les Skavens tendaient des peaux de bêtes avec des cordes et des lances, et pouvaient s’allonger dessous sans trop souffrir des rayons du soleil. Les plus craintifs creusaient rapidement un petit terrier où dormir. Dès que le grand disque d’or disparaissait, la horde repartait en quelques minutes. Une fois, ils avaient tout simplement investi une grande ferme après l’avoir copieusement pillée et ravagée.

 

Plus la bande de Skavens approchait du lieu où se cachaient les choses-bizarres, plus l’atmosphère était lourde au-dessus des têtes. Les disputes entre Guerriers des Clans étaient de plus en plus fréquentes, et les esclaves tentaient de s’évader plus souvent. Chitik réussit à les calmer un peu en brisant le dos de trois d’entre eux devant tout le monde, mais même s’ils n’exprimaient plus leurs craintes, Diassyon avait bien senti qu’ils n’en pensaient pas moins.

 

Moly, de son côté, restait en retrait, et faisait tout pour ne pas éveiller les soupçons. Les autres Moines de la Peste, à peine sortis du terrier Pestilens, ne savaient pas qui il était vraiment, et ne prenaient pas garde à lui. Cela lui manquait de ne pas pouvoir rester près de ses deux frères, mais comme ils ne perdaient jamais une occasion de se faire un petit signe de loin, il savait qu’il n’était pas seul pour autant. L’idée d’échapper à son maître lui allégeait le cœur.

 

Un soir, enfin, Furghân stoppa la compagnie, et tendit le bras en avant.

 

-         Regardez ! Les choses-bizarres !

 

Chitik et Diassyon s’approchèrent de la Grande Dent, pour considérer la situation. Les Skavens se trouvaient en haut d’un plateau qui surplombait une grande cuvette naturelle, au milieu de laquelle coulait une rivière. Au centre de la grande plaine, on pouvait voir un gros village, dans lequel vivaient probablement deux ou trois centaines de choses-hommes. Quelques feux de camp alentour indiquaient la présence de guerriers choses-bizarres.

 

-         Ils ont l’air nombreux, murmura Briach, la plus ancienne Vermine de Choc.

-         Pas assez ! s’exclama son ami Rool en ricanant.

-         Les choses-bizarres vont finir en purée-bouillie ! gronda Chitik en levant son énorme marteau de bois.

 

Furghân s’avança, et demanda à Rool d’une voix grondante :

 

-         Combien ils sont ?

 

Les yeux de Rool voyaient bien mieux que ceux des autres Vermines de Choc, et le chef ne voulait pas faire confiance au sens d’un Skaven qui n’était pas Noir. La Vermine de Choc plissa les yeux, et marmonna :

 

-         Trois ou quatre paquets de dix.

 

La Grande Griffe pointa un doigt autoritaire vers Diassyon.

 

-         Toi, le foldingue ! Va dire à tes rats de se préparer, on donne l’assaut dans les prochains instants !

 

Le Technomage obéit sans mot dire. Il n’aimait pas du tout la Grande Dent, et refusait de faire preuve de déférence envers lui tant que sa vie n’en dépendait pas. Le meneur des Vermines de Choc s’adressa à Thâthyn.

 

-         Toi, le pourri ! Regroupe tes vers de terre et mets-les en condition !

 

L’Encenseur s’empressa de haranguer ses Moines de la Peste. Les jeunes Pestilens se rassemblèrent aussi promptement que leur condition physique hasardeuse leur permettait. Parmi eux, Moly se promit de ne pas faire preuve du moindre débordement, afin de ne pas se faire repérer.

 

-         Vous, les Moulder ! cria Furghân. Sortez vos bestioles !

 

Quatre des Chefs de Meute déchargèrent les caisses pleines de rats géants du chariot, et les deux dresseurs de rats-ogres ouvrirent la grande cage, et couinèrent des ordres en faisant claquer leur fouet pour faire sortir les quatre grandes créatures. Les rats-ogres, tirés brutalement de leur sommeil, grondèrent de surprise et d’agacement.

 

Enfin, Furghân tonna vers les esclaves et les Guerriers des Clans :

 

-         Maintenant, on y va ! Le premier d’entre vous que je vois reculer, je l’écrase ! Vermines de Choc, faites pareil ! On tue-tue les choses-hommes, et on massacre-étripe les lâches !

 

Il y eut un instant de flottement durant lequel personne n’osa prononcer une syllabe. La Grande Griffe leva sa hallebarde des deux mains, et rugit :

 

-         En avant, Fils du Rat Cornu ! Mort aux choses-hommes !

-         Mort aux choses-hommes ! répétèrent Rool, Briach et Chitik, ses trois aides.

-         Mort aux choses-hommes ! dirent à leur tour les Guerriers des Clans et les esclaves, sans grand enthousiasme.

 

Et la compagnie partit derechef vers le village.

 

 

Les esclaves furent les premiers à arriver au pied de la colline. Ils savaient que le meilleur moyen de prolonger leur vie était de se battre, car ils avaient une chance face aux choses-bizarres, et pas contre les Vermines de Choc. Les choses-bizarres rassemblées autour des feux de camp se levèrent à leur approche. Certaines brandirent leur arme à l’approche des Skavens, d’autres coururent vers le centre du village, comme pour s’y réfugier.

 

Poussés par les Guerriers des Clans, les esclaves heurtèrent les choses-bizarres. Une bonne dizaine de Skavens mal nourris et sans armes tombèrent immédiatement sous les coups furieux des créatures tordues et hargneuses. La plupart d’entre elles n’étaient pas très différentes des choses-hommes ; certaines avaient un troisième bras, d’autres des jambes de chèvre ou d’autre animal plus exotique, ou une paire de cornes sur le front. Mais aucune ne semblait vraiment équipée pour le combat. Pas d’armure de fer, seulement des outils de paysan comme armes improvisées, comme des fourches, des faux ou des pelles.

 

Cela n’empêchait pas les choses-bizarres de se défendre avec férocité. Les derniers rangs d’esclaves Skavens rejoignirent rapidement la première ligne et percutèrent à leur tour la bande corrompue. D’autres villageois sortirent prestement des masures, et se jetèrent dans la mêlée.

 

Quelques Guerriers des Clans furent fauchés par des flèches. La panique gagnait peu à peu la compagnie d’hommes-rats. C’est alors que les Vermines de Choc passèrent à l’action. Pour redonner du courage à sa piétaille, Furghân transperça coup sur coup de la pointe métallique de son arme deux esclaves. Enfin, il s’en prit aux choses-hommes, immédiatement imité par ses sous-fifres. Comme d’habitude, Chitik, Briach et Rool, ses trois lieutenants, donnaient l’exemple en massacrant tous leurs adversaires sans la moindre pitié.

 

Thâthyn, l’Encenseur à Peste, avait conduit ses Moines vers le village par le côté, contournant la mêlée principale. Il comptait bien prendre à revers les choses-hommes. Il grogna d’impatience, estimant que sa compagnie ne se déplaçait pas assez vite – entre les drogues, les malformations et les maladies, les Pestilens n’étaient pas faits pour la course. Quand, enfin, ils arrivèrent à portée de charge, Thâthyn sortit de sa poche son briquet à amadou, et mit le feu à la pépite d’encens de malepierre dans la tête creuse de son fléau. Aussitôt, une vapeur verdâtre s’éleva et emplit les narines de l’Encenseur, qui devint aussitôt fou d’excitation.

 

-         Attaquez-déchaînez votre colère ! Mort aux choses-hommes !

 

Et il se précipita vers les choses-hommes qui, les ayant vu arriver, avançaient à présent dans leur direction. Les Moines de la Peste emboîtèrent le pas à leur chef. Un insupportable concert de crissements, de couinements et de râles déchira les tympans des choses-hommes. Les Pestilens pénétrèrent le village, certains entrèrent carrément dans les masures pour en massacrer les occupants qui s’y cachaient. Mais trois d’entre eux tombèrent au sol, transpercés de flèches, avant d’avoir pu franchir une porte.

 

Une demi-douzaine de choses-hommes étaient rassemblées sur le toit du petit temple construit au centre du village. Elles présentaient des traits propres aux mutants : l’un avait trois bras, un autre d’énormes yeux pédonculés. Tous les six étaient équipés d’arcs et de carquois pleins à craquer de flèches, et envoyaient leurs traits meurtriers dans toutes les directions. Affolé, Moly repéra un chemin qui zigzaguait entre les bâtiments, où il n’y avait personne. Il courut le plus vite possible pendant une longue demi-minute, et bondit se cacher derrière un grand tas de bûches. Il se recroquevilla contre le bois, marmonnant une prière au Rat Cornu. Soudain, il écarquilla les yeux, subitement choqué par quelque chose qu’il jugea aberrant.

 

Diassyon repéra le groupe d’archers, et eut un sourire mauvais.

 

-         Globadiers ! cria-t-il en les montrant du doigt.

 

Les deux Skavens masqués hochèrent la tête, et sortirent chacun de leur sac de toile un globe de verre gros comme le poing d’une Vermine de Choc. Ils fléchirent les jambes simultanément, tendirent le bras vers l’arrière, et lancèrent leur balle de cristal vers leur cible. Les deux sphères transparentes firent une magnifique parabole jusqu’au toit du temple, et se brisèrent en mille morceaux au contact des tuiles. Aussitôt, une épaisse fumée verdâtre jaillit dans un grand sifflement. Les Mutants furent tous pris d’une quinte de toux si violente que l’un d’entre eux tomba au sol et se brisa la nuque.

 

Les jezzails à malepierre crépitèrent, et abattirent trois autres archers. Ce fut au tour des trois lance-flammes à malepierre de répandre la mort en crachant leurs gerbes de feu de malepierre vert. Comme à l’accoutumée chez les Skavens, emportés par le feu de l’action, ils ne faisaient pas tellement la différence entre amis et ennemis. Aussi le Technomage leur ordonna d’attaquer dans la direction du gros de la mêlée, là où s’entassaient les esclaves et les Guerriers des Clans.

 

-         Et ne brûlez pas les Vermines de Choc ou les Moines de la Peste, sinon je vous mettrai moi-même dans la grande chaudière du Clan !

 

Heureusement, il avait soigneusement choisi parmi les Technomages six des plus fiables, et savait se montrer convaincant. Ils suivirent la consigne sans discuter. Par malheur, une chose-homme bondit du haut d’un toit dans la direction d’un binôme, et atterrit sur le Skaven qui portait le réservoir de combustible. Il lui taillada la gorge à coups de burin. L’homme-rat bascula sur le côté. Il entraîna son partenaire dans sa chute, et le tuyau reliant le réservoir au cône de projection se rompit. Le carburant sous pression gicla partout, et aspergea le lanceur, la chose-homme et deux Guerriers des Clans. Au contact des flammes environnantes, il s’embrasa, et le réservoir explosa dans un grand fracas.

 

Diassyon se protégea le visage en serrant les dents. L’odeur de feu de malepierre lui piqua le museau et le fit éternuer. Il décrispa lentement les paupières, et constata avec soulagement que les dégâts n’étaient pas très graves. Les deux autres lance-flammes s’étaient suffisamment éloignés de leur camarade pour éviter l’explosion. Le Skaven brun se félicita de les avoir habitués à ne pas rester trop près l’un de l’autre.

 

Chitik réduisit en bouillie la tête d’une chose-homme en la broyant de son marteau contre le mur de pierres d’une maisonnette. Il se redressa, prêt à recommencer, lorsqu’il s’arrêta. En effet, il n’y avait plus rien à faire. Les dernières choses-hommes, les derniers Mutants gisaient aux pieds des Skavens, taillés en pièces. La bataille était terminée, et les Fils du Rat Cornu avaient gagné.

 

Furghân bomba le torse et beugla de toutes ses forces :

 

-         Gloire au Rat Cornu !

-         Gloire au Rat Cornu ! répondirent les autres, avec une réelle conviction, cette fois.

 

Sous l’excitation, les poings se levèrent, les incisives cliquetèrent, les orteils grattèrent la terre. Furghân sentait l’orgueil gonfler sa poitrine. Son oreille tiqua lorsqu’il entendit une voix mal assurée gémir :

 

-         Chef, chef ! Y a du grabuge !

 

Contrarié, la Grande Dent leva le poing, intimant le silence. Il se tourna vers celui qui avait parlé.

 

-         Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ?

-         Plus loin, là-bas ! Un truc bizarre-étrange, ô grande et puissante Grande Griffe !

 

Le compliment radoucit un peu le Skaven Noir, mais l’Encenseur à Peste cracha par terre et grinça :

 

-         Dis donc, toi ! Je ne te reconnais pas ! Qui es-tu ?

 

Thâthyn fit un geste, et deux Moines de la Peste encadrèrent l’inconnu. L’un d’eux lui rabattit sa cagoule sur la nuque, révélant la tête partiellement couverte de bandelettes de Moly.

 

-         Tiens, tiens… mais c’est le favori de Soum ! Qu’est-ce que tu fiches ici ?

-         Euh… je…

 

L’Encenseur s’approcha, et bouscula Moly d’une violente bourrade.

 

-         Le Diacre t’a envoyé me surveiller, c’est ça ?

-         Non-non, redoutable et admirable Encenseur ! geignit le Skaven crème en tombant à genoux.

 

Chitik et Diassyon n’avaient rien perdu de cet échange. Ils se regardèrent brièvement, puis s’avancèrent ensemble. Thâthyn souffla de colère.

 

-         Quoi ? Qu’est-ce qu’ils me veulent, ceux-là ?

 

Chitik ne dit rien, se contenta de lever d’une main son marteau. En revanche, Diassyon, qui était au même rang que l’Encenseur, se permit de parler.

 

-         Laisse-le tranquille, sac à puces vérolé !

 

Pour appuyer l’insulte, il sortit son pistolet à malepierre de son ceinturon et le braqua vers Thâthyn. Celui-ci soupira encore d’énervement, mais consentit à s’éloigner de Moly. Les autres Skavens, peu ou pas du tout au courant des histoires de liens de sang entre les trois frères, ne réagirent pas. Enfin, le chef des Vermines de Choc s’écria :

 

-         Assez-assez ! Pas de temps à perdre avec ça ! Allons voir ce qu’il y a de « bizarre-étrange ». Et gare à toi si c’est pour rien, Pestilens !

 

Chitik grogna encore, mais n’ajouta rien. Rool lui fit un petit hochement de tête approbateur. Tous les Skavens suivirent la Grande Dent.

 

En vérité, le village des choses-hommes était plus grand qu’il n’en avait l’air. Diassyon compta plusieurs dizaines de maisons, certaines avaient deux étages. Chitik eut un petit frisson en comprenant que cet endroit était à peu près aussi grand que Maraksberg, le village où il avait failli perdre la vie à cause d’un carreau d’arbalète. C’était aussi la dernière fois qu’il avait vu Psody.

 

Jamais Chitik ne s’était résolu à occulter totalement de sa mémoire le petit Skaven Blanc. Même s’il était sans doute heureux aux côtés du Rat Cornu, il manquait au grand Skaven Noir chaque fois que ce dernier pensait à lui. La Vermine de Choc sentit son cœur se serrer, et se mordit la lèvre inférieure. Comme il aurait aimé voir son petit frère être fier de lui !

 

Diassyon, de son côté, était soucieux lui aussi, mais pas pour les mêmes raisons. C’était un village plutôt grand, avec un silo à grains, un grand bassin rempli d’eau mousseuse, près duquel séchaient plusieurs vêtements. Il y avait un moulin de l’autre côté, une grande maison de bois où loger les animaux un peu plus loin, et même une bâtisse avec des icônes et une petite statue représentant une chose-homme avec un grand marteau dans une alcôve au-dessus de la double porte d’entrée.

 

Un temple de dieu chose-homme…

 

Il n’y avait aucun danger immédiat, et pourtant, le Skaven brun avait un mauvais pressentiment. Ils venaient d’affronter quelques choses-hommes et choses-bizarres rassemblées devant le village, mais il y avait bien assez de maisons pour en accueillir le triple. Il n’avait pas vu de petites choses-hommes, non plus.

 

Où sont-ils tous ?

 

C’est alors qu’il réalisa qu’une forte odeur de charogne chatouillait ses narines depuis quelques temps déjà. En levant les yeux, il eut la réponse à toutes ses questions.

 

-         C’est là, bredouilla Moly en montrant du doigt quelque chose de vraiment, vraiment inhabituel.

 

La procession de Skavens était arrivée sur la grande place dégagée que les choses-hommes laissaient généralement au milieu de chaque village qu’elles construisaient. Là, une montagne de cadavres s’élevait jusqu’à dix pieds de haut. Il n’y avait que des corps de choses-hommes. Des jeunes, des vieux, des grands, des petits… Des milliers de mouches bourdonnaient tout autour de ce charnier. Voilà où donc étaient tous les habitants, songea le meneur des Skryre. Furghân ordonna :

 

-         Rool ! Va voir de plus près !

 

Le Skaven Noir serra entre ses grosses pattes la poignée de sa longue épée. Il approcha prudemment, et planta la pointe de son arme dans l’un des corps. L’acier rouillé s’enfonça dans la chair avec un claquement sec. Du sang coula de la blessure. Rool sentit ses moustaches vibrer avec appréhension. Quelque chose clochait plus sérieusement. L’odeur, pour commencer. Rool connaissait bien le parfum réjouissant du sang des choses-hommes quand il jaillissait des moignons de membres tranchés par sa lame. Il y avait quelque chose d’autre. Un poison ? Cela expliquait probablement pourquoi la couleur du sang était également choquante aux yeux de la Vermine de Choc. Mais alors qu’il allait faire part de ses inquiétudes, un Guerrier des Clans affamé se jeta impatiemment sur l’un des corps.

 

-         Attends, ne…

 

Trop tard, le jeune Skaven au pelage clair avait déjà planté ses dents dans la carcasse boursouflée. Il avala bruyamment un gros morceau de jambe de chose-homme. Un instant plus tard, il se retrouva sur le dos, en train de se tortiller dans la poussière avec des cris de douleur déchirants. Quelque chose fit gonfler son ventre de l’intérieur. Il enfla, enfla, jusqu’à éclater dans une odieuse pétarade.

 

Personne ne bougea. Rool murmura :

 

-         Idiot-crétin ! Ces choses-hommes ont été empoisonnées !

 

La surprise, l’incompréhension puis l’angoisse planèrent sur les hommes-rats. Chitik sentit le silence se faire de plus en plus lourd.

 

-         Chef, chef ! Regardez-regardez ! glapit un Globadier, la voix étouffée sous son masque métallique.

 

Derrière le tas de viande pas fraîche, les hommes-rats purent voir quelque chose qui leur arracha des glapissements de peur. Trois Skavens étaient là, empalés sur d’épais pieux de bois. Leurs mâchoires étaient crispées dans un dernier cri muet qui traduisait une souffrance inouïe. Furghân ordonna :

 

-         Diassyon ! Examine-moi ça !

 

Le Skryre obéit en ronchonnant. Il ramassa un bâton laissé par terre, et tapota l’une des carcasses. Comme rien ne se produisait, il posa le bout de son bâton sur le ventre du Skaven mort et appuya. Il n’y eut pas la moindre réaction. Diassyon approcha davantage, et son pelage se hérissa légèrement.

 

-         Chef ! Je vois quelque chose !

-         Quoi-quoi ? gronda la Grande Griffe.

-         Un tatouage.

-         Un quoi ?

 

Le Technomage redressa la tête d’un des Skavens empalés, et tira vers l’arrière la fourrure de son crâne. Le malheureux avait effectivement une marque imprimée à l’encre bleue sur la peau de son front rasé. Le Skryre écarquilla les yeux en reconnaissant le symbole du dieu des plaisirs des choses-bizarres.

 

-         C’est la marque du dieu de Karkadourian !

-         Slaanesh ! s’écria Moly, affolé.

 

Thâthyn mit une claque sur la nuque du jeune apprenti sorcier pour le faire taire. Une fois de plus, le silence étouffa tous les tympans. Diassyon se permit de déclarer :

 

-         C’est comme si Karkadourian nous avait laissé un message !

 

Le guerrier le plus âgé de la horde, Briach, s’approcha de la Grande Griffe.

 

-         Grande Dent Furghân ! Qu’est-ce que ça veut dire ?

 

Le chef des Vermines de Choc se tourna vers Briach. Il tremblait, mais le vieux Skaven Noir ne put dire si c’était de colère… ou d’autre chose.

 

-         Ça veut dire que… c’est un piège !

 

Le son d’une corne de guerre retentit au loin, au sommet de la plus haute colline. Rool leva aussitôt la tête, et crissa :

 

-         Des choses-bizarres ! Plein de choses-bizarres là-haut !

 

Furghân plissa les yeux, et eut un hoquet de panique. En effet, toute une ligne de choses-bizarres s’étirait sur la longueur de la crête. Des lueurs de flambeaux apparaissaient au milieu des troupes à intervalles réguliers. Moly reconnut l’odeur de la peur qui s’élevait au-dessus des fragrances de pourriture du groupe de Pestilens. Une autre corne répondit à l’appel, puis une troisième. Les Skavens gémirent en voyant d’autres groupes paraître sur toutes les collines avoisinantes. Chitik, incrédule, dut se rendre à l’évidence : le village entier était désormais encerclé par une légion de choses-bizarres. Rool s’inquiéta davantage quand il réalisa que cette fois-ci, il ne s’agissait pas de quelques piétons sous-équipés, mais bien de redoutables guerriers en armure, dont un bon tiers était à cheval.

 

Les choses-bizarres dévalèrent toutes ensemble les collines, se précipitant vers le village. Les Skavens perçurent rapidement leurs cris de guerre par-dessus le fracas des sabots. Le musc de la peur se mêla à l’odeur de l’urine des plus effrayés.

 

-         Allez, crétins-débiles ! hurla Furghân. Cognez ! Tuez ! Massacrez !

 

Briach brandit sa lance, et partit en avant, immédiatement suivi par Rool et Chitik, et le reste des Vermines de Choc. Mais Diassyon remarqua avec stupeur que la Grande Dent, au lieu de mener ses combattants à l’assaut, ou à la rigueur les suivre en dernière position, tourna les talons et courut à toute vitesse dans la direction opposée !

 

-         Hé, les Vermines de Choc ! Attendez !

 

Il était déjà trop tard, les Skavens Noirs avaient atteint le rang de choses-bizarres le plus proche, et se battirent furieusement. Hélas, comme le Skryre le craignait, les nouveaux arrivés étaient bien équipés, et savaient se servir de leurs armes.

 

Diassyon décida d’agir. Il n’allait pas laisser tomber Chitik. Il couina un ordre :

 

-         Globadiers, préparez-vous ! Lances-feu, pompez ! Les jezzails, armez et tirez-tirez !

 

 

La lance de Briach transperça le cou d’un cheval. Chitik écrasa les côtes d’un guerrier en armure, et Rool décapita un mutant. L’une des autres Vermines de Choc appela :

 

-         Grande Dent Furghân ? Quelle manœuvre ?

 

Bien entendu, il n’y eut pas de réponse. Chitik entendit les exclamations surprises de ses camarades pendant qu’il continuait à frapper. Il écarquilla les yeux, et sentit son sang se figer dans ses veines. Il virevolta sur ses talons, et comprit en un regard la réalité. Furghân était bel et bien en train de les abandonner. Pris d’un coup de sang, il rugit :

 

-         Furghân, espèce de lâche !

 

Il bouscula ses camarades pour rejoindre la Grande Dent.

 

-         Je vais te tuer, misérable !

-         Non, Chitik ! glapit Briach en s’interposant. Les choses-bizarres d’abord ! On s’occupera de lui après !

 

Heureusement, le grand Skaven Noir ne perdit pas de vue l’urgence de la situation. Il s’arrêta, jeta un dernier regard furieux vers Furghân qui disparut de son champ de vision en se réfugiant derrière une maisonnette, puis retourna à l’assaut. Il frappa ses ennemis avec deux fois plus de hargne, se promettant de fracasser tout le squelette de la Grande Dent os par os à la première occasion. Il n’allait cependant pas avoir cette occasion.

 

Furghân ne courut pas bien loin. Quelque chose de pointu lui traversa la cuisse, ce qui le fit tomber, le museau dans une motte de terre. Il se releva péniblement, et arracha d’un coup sec le carreau d’arbalète planté dans sa chair. Il s’ensuivit une sensation de brûlure. Le Skaven Noir gronda de surprise en réalisant que sa jambe était en train de fondre. Les os, les cartilages, les muscles se désagrégeaient en un épais liquide pâteux, ne laissant qu’un tentacule atrophié. Soudain, de petites excroissances de corne pointèrent entre les poils de sa fourrure. Pris de panique, Furghân voulut essuyer la substance qui agissait sur son corps. Il ne réussit qu’à en mettre sur ses doigts. Sa main se mua douloureusement en une patte ongulée de cochon. La mutation de sa jambe remontait maintenant le long de son dos. La douleur fut telle qu’il tomba à genoux. Il poussa un dernier cri de terreur en voyant sa poitrine se distendre, se couvrir d’une carapace noirâtre, tandis que son autre bras se déchira en une flopée de pseudopodes. Son nez se ratatina, un troisième œil poussa sur son front, et enfin la mutation attaqua ses méninges.

 

Diassyon adopta rapidement sa technique de guerre favorite. Il ramassa en vitesse un jezzail à malepierre de l’un de ses camarades morts, et se précipita vers l’une des maisons. Il fit un immense saut, s’agrippa au rebord, et se hissa sur le toit. Il sortit de son sac à dos tous les pistolets à malepierre dont il disposait, rechargea le jezzail, s’allongea sur le chaume, et se mit en position de tir, à l’affût de la meilleure cible. Il savait que Chitik, bon combattant, pouvait se défendre. Il pouvait aussi compter sur ses deux amis. C’est pourquoi il préféra se concentrer sur ceux qui se battaient contre les Pestilens. Les Globadiers allaient bientôt manquer de munitions, tout comme les lance-flammes, il le savait. Mais si c’était sa dernière bataille, il était bien décidé à emporter le plus de choses-bizarres avec lui.

 

Chitik frappait dans tous les sens, de toute son énergie. Une chose-bizarre avec trois tentacules visqueux bondit avec un feulement suraigu dans sa direction. La lance de Briach lui traversa le plastron. Le Skaven Noir lança un bref grognement de gratitude vers son aîné. Briach transperçait les choses-bizarres et leurs montures, visant les points sensibles. Il pensait avoir trouve la bonne cadence, quand brusquement, une lumière dorée l’éblouit.

 

Loin de lui faire le moindre mal, cette lumière était douce, et bienfaisante. Quand il rouvrit les yeux, il vit que la bataille était terminée. Ils avaient gagné. Non seulement les choses-bizarres étaient toutes mortes, mais en plus tous les autres Skavens de la colonie les avaient rejoints. Le Prophète Gris Vellux lui fit un signe de la main, avec un sourire amical. Derrière le Skaven Blanc, trois magnifiques pondeuses attendaient placidement de recevoir ses faveurs. Briach se sentit irrésistiblement attiré par les trois femelles. Après tout, il avait bien mérité une aussi belle récompense !

 

Rool ferraillait furieusement. Le plat de la lame de l’un de ses adversaires lui écrasa les doigts de la main gauche, il couina de douleur. Furieux, il cogna plus fort.

 

-         Allez, Briach, on les écrase !

 

Il tendit l’oreille, à l’affût d’une réponse de son compère, mais n’entendit rien. Il jeta un bref coup d’œil à sa gauche, et sentit un frisson dresser tous ses poils. Briach ne se battait plus, et semblait complètement absent.

 

-         Briach ?

 

Le vieux Skaven Noir ne répondit rien. Il laissa tomber sa lance, et resta les bras ballants. Un léger sourire plissa les traits de sa figure marquée par de multiples combats. Il avança lentement, avec un petit rire hébété.

 

En le voyant ainsi, Rool comprit immédiatement qu’il n’était plus lui-même. Il écarquilla les yeux en voyant arriver un groupe de cavaliers. Il ne pouvait pas approcher du vieux Skaven Noir, trop loin de lui. Il cria :

 

-         Briach ! Reste pas là-ici ! Attention !

 

Peine perdue, Briach ne l’écouta pas, ne semblait même pas l’entendre. Les cavaliers passèrent en coup de vent, l’un d’eux frôla le Skaven Noir. Une fraction de seconde plus tard, la tête de Briach roula dans l’herbe à quelques pieds de son corps qui s’effondra sur le côté.

 

-         Briach ! s’écria Rool.

 

 

Moly était catastrophé. Il voyait ses camarades tomber l’un après l’autre sous les coups de ces choses-bizarres. C’était impossible, aberrant ! Comment pouvaient-elles être aussi nombreuses ? Il avait eu l’occasion de jeter un coup d’œil furtif sur les cartes des Eshin, et d’après les espions du Clan, il ne devait pas y avoir tant d’ennemis ! Alors, quoi ? Était-ce le Maître Assassin Tweezil qui n’avait pas des éléments aussi compétents qu’il prétendait, et que ceux-ci avaient mal compté ? Ou bien peut-être les troupes adverses s’étaient-elles gonflées entre le retour des Eshin et l’arrivée de la compagnie de Furghân ? Ou, pire encore, le Maître Assassin avait menti et donné de fausses informations ?

 

Le jeune Pestilens eut un éclat, une brève illumination dans le cerveau. Après tout, c’était bien dans le style des Eshin d’agir traîtreusement ! Tous les Clans allaient souffrir de cette débâcle, sauf le Clan Eshin, qui n’avait aucun représentant ici ! Ils allaient ainsi pouvoir étendre leur influence de manière significative à Brissuc ! Les chefs de Clan seraient les premiers à en pâtir.

 

Moly ne pensa pas à se réjouir à l’idée de voir la vie du Diacre Soum connaître une fin brutale. Il ne pensait qu’à sauver sa peau. Il courut, courut, mais quelque chose l’arrêta net.

 

Chitik ! Diassyon !

 

Normalement, prolonger son existence le plus possible était un argument imparable pour fuir le moindre danger à toute vitesse chez n’importe quel Skaven, lui compris. Or, pour la première fois, un autre concept vint perturber son instinct primitif : la vie d’un autre. En l’occurrence, ses deux frères de sang. Non seulement ils représentaient sa seule chance de survie face à la perversité du vieillard Pestilens, mais aussi… le fait d’envisager leur mort lui tordit davantage les intestins. Il ne pouvait pas, ne devait pas, ne voulait pas les abandonner !

 

Il sentit le goût de sa salive âcre et malodorante lui remonter dans la bouche et maculer ses lèvres. Son faciès se tordit en une affreuse grimace chargée de colère. Il repéra quelque chose, non loin de lui, qui allait peut-être pouvoir inverser le cours des choses : une masse sombre et gluante étalée dans la boue, empaquetée dans un paquet de tissu violet.

 

Thâthyn ! Le Rat Cornu est avec moi !

 

Moly ne se souciait guère d’avoir perdu le meneur des Moines de la Peste, car lui n’était pas un novice peureux incapable de se débrouiller tout seul. En revanche, il repéra l’encensoir qui traînait non loin du cadavre. Ses chances de survie allaient bondir. Il se précipita sur l’arme, saisit le boulet creux entre ses mains, colla le museau dans l’une des fentes du globe d’acier évidé, et inspira profondément. Les vapeurs d’encens de malepierre embrasèrent successivement son cerveau, ses nerfs et ses muscles. Il releva la tête, laissant retomber sa capuche, et poussa un ululement tellement fort et strident que tous les tympans sifflèrent autour de lui. Il empoigna des deux mains le manche, souleva sans effort la lourde chose, et la fit tournoyer au-dessus de sa tête avant de courir vers le groupe de maraudeurs le plus proche.

 

 

Les guerriers choses-bizarres qui entouraient Chitik étaient propulsés dans la terre meuble, broyés, écrasés. Ses bras lui faisaient mal, son souffle venait à lui manquer. Heureusement, il parvenait à regagner peu à peu de l’espace tout autour de lui. Il chercha du regard le Skaven brun, et finit par le distinguer au loin. Diassyon était en mauvaise posture. Juché sur l’une des maisonnettes, il tenait son jezzail par le canon, et tapait à coups de crosse sur les Mutants qui voulaient lui attraper les chevilles ou la queue. La Vermine de Choc courut dans sa direction avec de grands moulinets, en renversant les choses-bizarres. Il vit alors trois Mutants aux longs membres grimper simultanément sur le toit de chaume, s’approcher de Diassyon, l’entourer, et le ceinturer. L’un d’eux lui flanqua un coup de poing à l’arrière du crâne, ce qui le déstabilisa. Le Skryre tomba en avant, et se retrouva bien vite enlevé, puis emporté par la masse de choses-bizarres.

 

-         Diassyon !

 

Il se précipita vers le groupe qui emportait le Skaven brun, prêt à écrabouiller toute la horde de Mutants à lui tout seul. Un homérique piaillement lui parvint aux tympans, à sa gauche. En tournant la tête, il repéra son autre frère, et écarquilla les yeux, impressionné. Le Moine de la Peste cognait de toutes ses forces sur tous les maraudeurs à sa portée. Le Skaven Noir distingua sous les bandelettes qui couvraient partiellement le visage du Skaven crème tous les signes d’une rage animale incontrôlable. Il avait les yeux injectés de sang, la bouche débordant de mousse de salive, les crocs saillants prêts à mordre, et il criait à s’en arracher les cordes vocales tout en fracassant ses ennemis à tour de bras. Les choses-bizarres tombaient autour de lui comme des mouches.

 

-         Chitik ! Moly !

 

La voix du Skaven brun tira Chitik de son étonnement. Il distingua alors autre chose de plus inquiétant. Diassyon était solidement maintenu par les bras et les jambes, sous les ricanements des Mutants. L’un d’eux, particulièrement musclé, lui écartela les mâchoires avec une force abominable, et lui fourra quelque chose dans la bouche. La Vermine de Choc comprit vite qu’il s’agissait d’un poison. Il redoubla de colère et s’apprêta à charger le groupe, lorsque quelque chose lui meurtrit le ventre. Un guerrier chose-bizarre lui avait flanqué un violent coup du plat de sa lourde hache. Le grand Skaven Noir était à bout de souffle. Il gronda de frustration en pensant qu’il aurait pu tenir le coup s’il n’y avait pas eu ce maudit carreau d’arbalète, mais rapidement ce fut la peur qui jaillit de ses glandes à musc. Le maraudeur lui écrasa le nez d’un coup de poing, l’assommant net.

 

 

Tout autour de Moly, ce n’était que confusion, giclées de sang, cris de douleur, effusions de sueur et de salive, fracas d’acier contre acier, déchirures de chairs, ruptures de tendons et bris d’os. Le Pestilens était déchaîné comme jamais il ne l’avait été. L’encens de malepierre, combiné à sa volonté de porter secours à ses deux frères, l’avait plongé dans un état de transe meurtrière que ses colères les plus noires n’avaient pu déclencher. Il n’y avait plus la moindre once de raisonnement complexe dans son cerveau drogué, simplement une irrésistible envie de tuer tout ce qui ne ressemblait pas à un Skaven, encore et encore. L’effort incessant mettait à mal son organisme, mais le Skaven crème n’avait pas la moindre conscience des douleurs qu’il faisait subir à son corps. Lorsqu’il vit Chitik s’effondrer aux pieds du maraudeur, il devint totalement hystérique. Il ferma les yeux et agita son encensoir dans tous les sens, espérant frapper quelqu’un. Il sentit encore quelques chocs lui ébranler les bras, tandis que des gémissements de douleur éclataient à ses oreilles.

 

Soudain, il rouvrit les yeux avec un violent hoquet. Par réflexe, il lâcha l’encensoir et porta les mains à sa gorge. Il réalisa qu’une sorte de lanière humide était enroulée autour de son cou, et serrait sa trachée, le privant d’air. Il tomba à genoux, les yeux exorbités, la bouche écumante. Il sentit même une larme de douleur rouler du coin de son œil. La lanière le tira vers l’arrière, et le traîna sur le dos sur plusieurs yards. Moly grinça de douleur et de panique. Sa vision se brouilla davantage, s’assombrit. C’est alors qu’il entendit un rire. Un rire sardonique et calme à la fois, un rire qui pouvait traduire la moquerie ou l’admiration. Il se contorsionna pour essayer de voir qui pouvait bien le railler.

 

Non loin de lui se tenait un cheval. Sa courte fourrure était teinte de couleurs criardes. Ses pattes étaient terminées par de longues griffes fendues, et ses yeux brûlaient d’un éclat orangé. Le Skaven crème comprit que c’était sa langue, longue et tubulaire, qui le maintenait au sol. Sur la créature était assis un étrange personnage. C’était une chose-bizarre, mais elle n’avait pas du tout la même attitude que les autres. Elle portait un habit d’étoffes fines et richement décorées. Impossible de voir son visage, elle portait un masque peint avec des motifs complexes. Juste avant de perdre connaissance à son tour, Moly reconnut sur son tabard le symbole que le Prophète Gris Vellux poursuivait avec acharnement depuis la nuit où ils lui avaient ramené la pondeuse ensorcelée.

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