Dragons - Volume I : l'Ordre

Chapitre 25 : 25

2977 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 24/08/2019 22:59

Cela faisait plus de trois heures maintenant qu’Arthas et Sélène étaient de retour sur Auberdine ou la réussite de leur mission apaisa pendant un court moment la tension générale sur place. Vincent quant à lui, s’impatientait que d’autres dragons finissent par arriver afin de reprendre la poursuite des pacificateurs. En effet, l’information donnée par Nathan n’était pas des plus encourageante, les sachant déjà en route et en avance sur eux.

En connaissance de cause, l’équipe s’était décidée de patienter encore trois heures avant de prendre la route. Par chance, le navire du commandant Hawke était particulièrement véloce en mer et en partant à cinq heures du matin dans le pire des scénarios, le bateau pourrait arriver sur Hurlevent à neuf heures du matin soit dix heures après celui des pacificateurs.

Le timing serait très serré et plus rien ne devait les retarder. Il n’y avait d’ailleurs aucune discussion au sein de l’équipe ; Shanna préférant fermer les yeux pour se reposer autant que possible tandis que les autres se regardaient simplement dans le blanc des yeux, comptant les minutes qui passaient.

Presque une heure entière venait encore de s’écouler quand soudain, Vincent et Sélène relevèrent leur tête d’un coup, comme ressentant quelque chose. Arthas qui était à leur côté s’intrigua de leur comportement et comprit très vite qu’il se passait quelque chose.

— Quelqu’un approche.

Ce furent les seuls mots que Vincent prononça pour que l’équipe entière, Shanna incluse, ne se mette en position. Comme l’avait expliqué Vincent, tous les dragons n’étaient pas forcément prêts à collaborer ou même sympathiser avec eux. Toutes les éventualités étaient donc à envisager tandis que Vincent s’avançait légèrement avant de prendre la parole, calmement :

— Laissez-moi me présenter pour commencer.

Aussitôt, l’homme sortit de l’auberge, lançant son regard au loin dans la forêt. Quelques minutes plus tard, apparurent à l’entrée de la ville deux silhouettes de tailles assez différentes et partiellement éclairées par les quelques rayons de la lune, passant au travers du manteau nuageux, de plus en plus clairsemé. Les inconnus continuèrent leur marche avant que n’apparaissent une femme et une autre personne en armure intégrale.

La femme avait une peau métisse et portait une grande jupe rouge de kimono tandis que seuls des bandages en soie blanche habillaient la partie haute de son corps, commençant au-dessus du nombril jusqu’à couvrir sa poitrine. Celle-ci avait également des bandelettes courant ses mains et remontant jusqu’à ses avant-bras avant de se terminer sur des lanières qui volaient subtilement au gré du vent, donnant un aspect très aérien à sa tenue pourtant simpliste.

Ses cheveux étaient longs et noirs et formaient une grande queue de cheval qui lui tombait jusqu’aux fesses tandis que son visage aux traits incroyablement fins ne laissait pas indifférent ; les yeux de la femme étaient d’un violet intense impossible à ne pas remarquer tandis que son sourire sans complexe affichait des dents blanches. Dans sa main gauche se tenait un katana rangé dans son fourreau d’un rouge pailleté vif et parsemé de motifs argentés.

Sur sa gauche se tenait une imposante armure intégrale. Celle-ci semblait très épaisse et était teintée d’un gris beige inhabituel, ressemblant bien plus à de la porcelaine qu’à de l’acier commun, tandis qu’elle était recouverte de motifs semblables à de la broderie. Mais le plus étrange sur cette cuirasse était son heaume qui avait l’air de faire partie intégrante de l’armure ; ce dernier était entouré de plusieurs hauts cols et le plus près de la tête finissait en dessinant un motif ressemblant à une couronne.

Sur le casque en lui-même, une légère fente large de moins de quatre centimètres formant un V aplati était l’unique ouverture sur l’armure, mais malgré cette dernière, il était impossible de distinguer les yeux de l’hôte. Les deux arrivants lancèrent leurs regards dans toutes les directions avant de s’immobiliser face à Vincent et le reste du groupe, quelque pas derrière.

L’armure en question mesurait deux mètres soixante et surplombait tous les autres dragons.

De longs regards s’échangèrent, se scrutant de haut en bas et admirant les détails des équipements de chacun avant que la femme métisse ne reprenne d’une voix incertaine :

— Pourquoi cet endroit est-il désert ? Qui êtes-vous ?

— Je suis Vincent Steel. Et voici mon équipe. Sélène, Arthas et Shanna.

— Vincent Steel ? Le Vincent Steel ?

— Je ne pense pas qu’il y en ait plusieurs, répondit l’homme en fronçant des sourcils.

— Et je suppose que l’énorme dégagement de puissance spirituelle qui a eu lieu ici est votre œuvre dans ce cas ?

— C’est exact. Et le fait que vous ayez répondu présent à cet appel est une preuve que vous êtes dignes d’être des dragons.

— Des dragons ? s’intrigua la métisse.

— Des guerriers dotés d’une force bien supérieure à l’imaginable, reprit Vincent.

— Tu as vu ça Phobos ? Il dit être le grand Vincent Steel et en plus il nous complimente…

Vincent tourna son regard vers l’homme en armure et commenta en fronçant des sourcils :

— Je ne sens absolument aucune force en lui… Cela me semble trop étrange.

L’homme dans sa protection ne pipa mot quand la femme en kimono lança une tape dans le dos de l’armure en s’exclamant :

— Je te laisse tirer ça au clair, d’accord ?

L’armure se contenta de hocher de la tête avant que son acolyte ne reprenne en regardant Vincent :

— Si vous êtes qui vous prétendez être. Alors vous n’avez pas le droit de perdre ce duel.

Tandis que la femme repartait en arrière, semblant aller se mettre à l’abri, Phobos tourna légèrement sur lui et tendit son bras droit et dans son poing se forma une arme d’hast aux mêmes couleurs que son apparat. La hampe mesurait deux mètres trente de long et le tranchant faisait bien soixante-dix centimètres. La lame était acérée et composée de trois dents principales particulièrement efficaces pour déchiqueter. Ce type d’équipement, de par leur taille imposante, nécessitait une très grande force physique, mais en contrepartie, permettait des attaques bien plus puissantes que les armes blanches conventionnelles.

— Nous n’avons vraiment pas le temps pour ça… marmonna Arthas.

Vincent leva son bras, voulant éviter le moindre débat et reprit simplement :

— C’est parfaitement naturel de douter. Une fois les choses mises au clair, nous pourrions bien compter deux nouveaux dragons dans nos rangs.

— Cela en vaut-il la peine ? s’intrigua Shanna.

— La femme semble avoir beaucoup d’énergie en réserve, mais cette armure… Je suis moi-même curieux de savoir de quoi il en retourne, expliqua Vincent, intrigué. Si tu veux un duel, faisons-le à l’écart des habitations, autant éviter plus de dégâts qu’ils n’en ont déjà eu… rajouta finalement l’homme.

L’armure opina du chef et rapidement les deux hommes prirent de la distance sur le village avant de se mettre à une dizaine de mètres l’un de l’autre, parés au combat. Adossé à la dernière maison du village se tenait l’équipe entière de Vincent, observant ce qu’il se passerait sans réelle motivation avant qu’apparaisse sur leur gauche la camarade de l’armure. Celle-ci démarra la conversation sur un ton bien plus sérieux que précédemment :

— C’est vraiment Vincent Steel ?

— Bien sûr que oui, répondit la sœur de l’intéressé.

— Dans ce cas c’est certainement un combat à ne pas rater.

Sur les propos à l’évidence sincères de l’inconnue, tous les regards se tournèrent vers elle et l’équipe put s’apercevoir à quel point cette dernière était déjà entièrement concentrée sur le futur combat au loin. Aucune chance que Vincent perde, pensa Sélène tout comme ses autres camarades.

Soudain, l’armure posa délicatement le bout de la hampe contre le sol et une incroyable puissance se libéra d’un coup, sans que rien ne semble changer visuellement pour autant. Cette simple démonstration raviva l’intérêt de tous les spectateurs. Vincent était dorénavant persuadé qu’il ne s’agissait pas d’une personne banale ; bien que loin d’être extraordinaire, son niveau spirituel était déjà bien haut et avait été atteint en une fraction de seconde.

L’homme aux cheveux hirsutes sourit, comprenant que ce duel serait peut-être simplement un exercice de gestion de la force et aussitôt le niveau d’énergie de Vincent explosa, faisant souffler le vent avec vigueur sur la côte. Phobos se tenait immobile à vingt mètres en face de Vincent qui faisait monter son niveau d’énergie quand soudain, l’armure chargea avec hâte son adversaire légendaire. Il arriva à pleine vitesse et lança une frappe dévastatrice avec son arme d’hast.

Vincent esquiva l’attaque sans soucis, mais alors qu’en relancer une seconde avec ce genre d’arme aurait dû nécessiter un minimum de temps normalement, Phobos ne perdit pas un instant et enchaîna les frappes, ne ralentissant jamais et gardant un rythme effréné malgré l’énorme force qu’il fallait pour réorienter l’arme une fois élancée. Après les quelques assauts de Phobos, Vincent reprit un peu de distance et cria brièvement. Son niveau spirituel monta en flèche et il invoqua sans attendre Némésis. Celle-ci matérialisée, Phobos planta son arme d’hast et serra ses deux poings en regardant haut vers le ciel. Sa puissance augmenta aussitôt et Vincent sentit que l’accroissement, pourtant très rapide, restait encore modéré. L’homme aux yeux écarlates devait se rendre compte qu’en matière du contrôle de la force spirituelle, ils faisaient au moins jeu égal.

Mais finalement, le niveau spirituel de Phobos se stabilisa et ce dernier fit signe à Vincent d’engager le combat à son tour. Celui-ci ne se fit pas attendre et chargea avec vigueur avant de lancer une attaque rapide avec son épée. Cette dernière ne fut pas parée et arriva en plein sur le cou de Phobos. Malgré que l’armure massive soit très protégée par les nombreux cols qui la composaient Vincent s’attendait à ce qu’avec la force mise dans la frappe, celle-ci fasse un minimum de dégâts sur son adversaire. Il n’en fut rien. Malgré la faible épaisseur sur l’endroit du contact, aucun dégât ni même égratignure n’était apparent. Ce dernier, surpris, ne perdit pas un instant et relança une attaque que Phobos arrêta à main nue.

Phobos ne disait toujours rien et Vincent était très intrigué par le calme qui régnait en son rival. En effet, il ne décelait aucune émotion. Pas de peur, ni de colère ou d’animosité, il n’avait même pas l’impression que Phobos soit pleinement concentré. Pour Vincent, c’était difficile de croire qu’un tel contrôle soit possible, encore moins lorsqu’il s’agissait d’un de ses adversaires.

Vincent décida donc de passer aux choses sérieuses et il reprit du recul pour augmenter son énergie au maximum envisageable sans pour autant dépasser la limite dangereuse qui pourrait lui faire perdre le contrôle.

Mais à peine Vincent s’attelait à la tâche que Phobos en faisait de même et décuplait lui aussi son énergie proportionnellement à celle de Vincent. Ce dernier était d’ailleurs assez déstabilisé par cette technique et décida de donner tout ce qu’il pouvait pour voir jusqu’où Phobos serait capable de le suivre. Les autres dragons s’étaient bien rendu compte que ce duel prenait des proportions inquiétantes et s’étaient positionnés afin de faire bouclier contre ce flux d’énergie.

~*~

Vincent était déjà très haut en puissance et sentit qu’il entrait dans la zone dangereuse, car l’éclat de Némésis virait légèrement au rouge. Malgré cela, il voyait toujours et encore Phobos lui tenir tête en face. L’héritier Steel décida de tout donner dans une seule et même attaque. Il commença à sprinter vers Phobos. Chaque pas faisant littéralement voler des gerbes de sable, quand enfin, arrivé au moment critique, il se positionna de manière à envoyer un coup horizontal à hauteur de la tête de gauche à droite.

Phobos se déhancha d’une façon identique et lança la symétrie parfaite de l’attaque de Vincent. L’homme aux cheveux hirsutes vit l’arme d’hast de Phobos arriver sur sa droite. Il ferma les yeux et se concentra autant qu’il le pouvait pour arrêter le coup adverse, mais son bras droit était lancé avec son épée. Il pivota sur lui-même légèrement et donna tout ce qu’il put pour augmenter la vitesse de sa propre arme. Cette dernière arriva finalement sur les cols de l’armure de Phobos et elle fut bloquée comme précédemment.

Vincent quant à lui, arrêta l’arme d’hast avec sa nuque. Il avait redéployé un maximum d’énergie spirituelle autour de celle-ci avant l’impact pour ralentir et stopper l’arme avant qu’elle ne le touche. Le résultat fut exactement celui prévu. Les deux hommes étaient face à face avec leurs outils de mort contre leurs adversaires respectifs quand soudain, Phobos baissa son arme et s’inclina comme signe de respect.

À cet instant précis, toute sa force spirituelle disparut en un éclair. Vincent était une fois de plus étonné par le contrôle parfait de l’énergie dont Phobos faisait démonstration tandis que l’équipe interrompit la barrière d’énergie une fois que Vincent abaissa sa propre force. La compagne de l’armure arriva à ses côtés tandis que Vincent s’en approcha désarmé et reprit :

— Je suis vraiment très impressionné, admit Vincent.

— Je crois qu’il rêvait de faire ce combat. Sans aucun doute vous êtes l’authentique, rétorqua la femme aux yeux violets.

Tandis que le reste de l’équipe arrivait à hauteur des trois autres, la métisse reprit :

— Je m’appelle Ren. Je suis désolé, je réalise que je ne m’étais même pas encore présentée.

— Et bien enchanté… Pourquoi Phobos ne dit rien depuis tout à l’heure ? s’intrigua Shanna.

— Oh… Je ne l’ai jamais entendu parler ! C’est presque à se demander s’il y a quelqu’un dans cette boîte de conserve ! s’exclama Ren en mettant un coup de coude à Phobos.

L’armure se contenta de répondre en hochant de la tête, comme dénonçant les propos de Ren. Vincent n’avait que faire de ses détails et ses yeux se rivaient sur la femme en kimono avant qu’il ne lui demande sans détour :

— T’es-tu déjà battu contre lui ?

— Oh oui… plein de fois !

— Sois honnête… Combien de fois as-tu gagné ?

— Jamais je crois…

De nombreux sourires se dessinèrent sur les visages à l’écoute de ces mots.

— Mais je n’ai pas le souvenir d’avoir perdu non plus… Tous nos duels se terminent toujours en égalité.

La suite des propos de Ren en intrigua finalement plus d’un. Si Ren avait ne serait-ce que la moitié de la force de Phobos, alors elle se devait d’être très puissante. C’était tout du moins ce que se disait Vincent avant de reprendre la parole :

— Nous avons lancé un appel depuis Sombrivage. Un appel auquel vous avez répondu, le ressentant en vous. Si nous avons fait cela, c’est car nous avons besoin de toute l’aide possible.

— De l’aide pour quoi exactement ? s’intrigua Ren.

— Pour faire simple. Sauver Azeroth, répondit Arthas.

— Oh…

— Si vous êtes prêts à nous aider au péril de vos vies, alors ne perdons pas de temps. Un bateau nous attend sur la côte. Nous partons dès maintenant vers Hurlevent. Cela nous donnera tout le temps durant le voyage de vous expliquer ce qu’il se passe, expliqua Vincent.

Après un très court temps de réflexion, Ren et Phobos acceptèrent et l’équipe se décida de prendre aussitôt le large. Attendre d’autres dragons plus longtemps pourrait leur coûter cher s’ils arrivaient trop tard. Qui plus est, la prestation de Phobos était largement suffisante pour Vincent qui se persuadait que l’équipe avait largement le niveau pour tenir tête à leurs futurs adversaires.

Avec deux heures de gagnées sur le planning, le navire qui prenait dorénavant le large devrait arriver vers le lever du jour à Hurlevent, vers sept heures du matin, soit avec huit heures de retard sur les pacificateurs.

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