Dragons - Volume I : l'Ordre

Chapitre 26 : 26

1806 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 24/08/2019 22:59

Peu à peu, la lumière du jour s’annonçait au-dessus de l’étendue azurée. Cela faisait plus d’une heure que le navire de Nathan Hawke avait quitté Sombrivage et tandis qu’enfin les présentations entre chaque dragon étaient parfaitement faites, Vincent invita toute l’équipe à se réunir afin d’effectuer un briefing nécessaire quant à leurs prochaines actions. Il suffit de quelques minutes pour que la troupe soit réunie et certains affichaient de grands sourires, presque ravis de vivre une pareille aventure tandis qu’au fond de la pièce se trouvait Nathan Hawke en personne, observant silencieusement cette équipe sur le point de changer l’histoire.

L’homme aux cheveux hirsutes finit par prendre la parole :

— Bon… Comme prévu, nous accosterons à Hurlevent dans un peu moins de trois heures maintenant. Le commandant Hawke nous fournira à tous ces meilleurs destriers afin de rallier le désert du Néant au plus vite, soit en trois heures. Les pacificateurs ne sont certainement pas au courant qu’ils sont poursuivis et ils pourraient très bien prendre deux fois plus de temps entre Hurlevent et le portail dans le désert. Réduisant notre retard de huit à cinq heures.

— Combien de temps leur faut-il pour utiliser ce catalyseur ? demanda Arthas.

— C’est bien là le problème… Nous n’en savons rien, reprit Sélène.

— Pour ouvrir ce portail, il leur faudra plusieurs fois l’énergie totale dont dispose Amadeus… Ils sont nombreux, mais c’est lui le plus puissant, et de très loin, expliqua Vincent.

— Comment sais-tu ça ? s’intrigua Shanna.

— Je l’ai déjà combattu par le passé… Mais c’était il y a très longtemps.

— Quoi qu’il en soit, ça ne répond pas à la question, insista Arthas.

— Je pense qu’il leur faudra plusieurs heures au minimum. Peut-être cinq, peut-être six.

— Peut-être quatre ? ajouta Ren.

— Peut-être quatre… marmonna Vincent.

— Et une fois cette magie accumulée ? Il leur suffit d’ouvrir le catalyseur et « pouf » ? Toute l’énergie se libère et active le portail ? reprit la métisse.

— C’est l’idée, oui.

— N’y a-t-il pas moyen de gagner du temps ? C’est une partie de poker que l’on fait ! Nous devons trouver du temps quelque part ! s’exclama Ren, commençant doucement à paniquer.

Soudain, une voix grave retentit au fond de la pièce :

— Hurlevent est le port le plus proche… Le désert du néant est bien trop haut pour que l’on puisse imaginer s’en approcher par la mer. Le seul point éventuellement possible pour vous déposer aurait été sur la région du Marais des Chagrins. Mais s’y rendre nous oblige à contourner toute la pointe sud du continent, nous prenant un peu plus de quatre heures pour le faire.

L’homme était dorénavant face à l’équipe et après avoir eu un long regard vers Vincent, ce dernier laissa le commandant s’exprimer :

— Pendant que vous vous amusiez sur la plage d’Auberdine, nous avons fait tous les calculs imaginables pour votre trajet. Comprenez bien qu’il n’y a aucun moyen de gagner plus de temps. Vous êtes les seuls à pouvoir empêcher ces pacificateurs d’accomplir leur mission. C’est maintenant ou jamais alors restez fort, reposez-vous les prochaines heures, vous êtes entre les mains de mon équipage et nous sommes loin d’être des amateurs. Une fois débarqué, vous n’aurez qu’un seul objectif… Atteindre ces salopards et leur régler leur compte. Soyez vifs, soyez affûtés comme jamais car chaque seconde comptera.

À l’évidence, le plan était bien moins technique que prévu, mais le commandant savait comment motiver ses troupes et tous les dragons présents se sentirent aussitôt remontés à bloc.

Vincent s’avança toutefois et termina :

— Le commandant Hawke a tout dit. Nous irons dans le désert comme prévu et aussi vite que nos montures nous le permettrons. Après quoi il nous restera à venir à bout de ces pacificateurs. Et je me chargerai d’Amadeus en personne… Croyez-moi, vous ne voulez pas l’affronter.

Sur ces derniers mots, l’équipe acquiesça et partit dans des quartiers qui leur avaient été réservés pour le voyage. Nathan Hawke finit par se tourner vers Vincent et d’un sourire presque intimidé lui dit :

— Désolé de vous avoir interrompu, c’était plus fort que moi.

— Aucun problème, je pense que vous les avez touchés bien mieux que je n’aurais pu le faire, avoua Vincent.

— C’est un véritable honneur que de vous rencontrer en personne. Après tout ce qu’on a pu entendre sur vous…

— La réalité est bien souvent moins séduisante que la légende, n’est-ce pas ? s’amusa l’héritier Steel.

— Je ne suis pas d’accord. La réalité nous prouve qu’on a toujours tendance à effacer l’humain de la légende. Mais à l’évidence vous vous battez pour une cause noble, comme vous l’avez toujours fait…

Sur ces derniers mots, Nathan Hawke fit un salut militaire à Vincent que ce dernier s’empressa d’imiter par respect envers le commandant avant que celui-ci ne reparte dans ses quartiers.

~*~

Deux heures s’étaient écoulées depuis le briefing et tous avaient profité de ces moments pour se reposer, suivant les conseils avisés de leur hôte. Arthas ouvrait à nouveau les yeux et remarqua au travers du hublot le ciel aux couleurs rose et orange pastel, clairsemé de nuages cotonneux. L’homme se leva aussitôt et après s’être équipé, parti vers la proue du bateau sur laquelle une promenade se trouvait, permettant de profiter de l’air marin. Arthas finit par y apercevoir Sélène, se tenant contre une des rambardes, observant avec attention le spectacle de dame nature.

L’homme voyait en Sélène une femme d’une incroyable force et d’une personnalité bien trempée, sans parler de son visage parfait et aux yeux envoûtants, l’homme était clairement sous le charme. Arthas se rappelait ces quelques moments sur ce voilier à voir sourire cette belle dame et c’était certainement depuis ce moment qu’il pensait sans cesse à elle.

Sélène semblait parfaitement à l’aise avec l’idée de rester quelque peu isolée du groupe, mais le futur empereur ne sembla toutefois pas se décourager et vint à sa hauteur avant de commenter aussitôt :

— Ce genre de vue est simplement sublime…

Sélène ne répondit rien, ni même ne sembla réagir. C’était à se demander si elle avait entendu Arthas qui sembla perturbé par ce silence glacial, ne se décourageant pas pour autant :

— Il n’y a qu’en plein milieu de l’océan qu’on voir ce genre de panorama, ça donne envie de devenir marin.

Finalement, Sélène tourna simplement son regard vers Arthas. L’homme vit aussitôt un regard assez fermé, empreint à une certaine forme de tristesse avant qu’elle ne se reconcentre sur l’horizon. Ne sachant comment réconforter la femme, il tenta une autre approche :

— Encore un dernier obstacle, et tout sera terminé ! s’exclama Arthas.

— Tout ? Je pense que ce n’est qu’un début... finit par dire la blonde.

— Je ne suis pas sûr de saisir, répondit l’homme en fronçant des sourcils

— Nous allons sans doute sauver l’empire dans les prochaines heures, et pourtant... rien ne changera pour mon frère et moi. Ce monde ne nous acceptera jamais… et je me demande parfois pourquoi…

— Cela ne se passera pas comme ça, répondit Arthas en coupant la parole à la femme, d’un ton ferme et résolu.

Sélène détourna finalement son regard et le plongea dans celui de l’homme à ses côtés. Elle put y voir témérité et réconfort et son propre visage se dérida quelques instants, comme se perdant dans ce regard si profond avant que l’homme finisse par se reprendre :

— Je vais devenir empereur, les Steel ne seront plus jamais chassés... C’est une promesse.

La femme garda ses yeux rivés droit sur Arthas après l’écoute de ces mots et leurs regards s’adoucirent sans pour autant se quitter, laissant place sur le visage d’Arthas à un visage déridé, empli de compassion ; l’homme était entièrement envoûté. Sélène sembla comprendre les émotions de son interlocuteur au bout de quelques instants, saisissant le sens. Puis elle tourna à nouveau son regard vers le loin avant de dire d’une voix perturbée :

— Quoi qu’il en soit, nous avons toujours les pacificateurs sur notre chemin... Rien n’est encore fait.

L’empereur comprit aussitôt qu’il venait de marquer des points, ressentant dans les intonations de sa voisine une fragilité presque charmante. Le futur empereur s’arma alors de sa plus belle douce voix et se contenta d’un « on y arrivera… » avant de rebrousser chemin.

Pour l’homme c’était clair. Si la femme se retournait pour le voir s’en aller, il avait toutes ses chances. Amusé par son petit jeu, le futur empereur finit par se retourner quelques pas plus tard et y vit Sélène, les yeux rivés sur l’océan. Il y a encore du travail, pensa-t-il aussitôt en rigolant à ses propres bêtises.

Finalement, la dernière heure s’écoula rapidement et l’équipe se prépara rapidement devant les portes du navire qui était maintenant à moins d’un kilomètre de sa destination. Pas un mot ne fut énoncé dans la cale où les dragons se tenaient fins prêts à se lancer sur un sprint de trois heures avant qu’enfin, les grandes portes s’ouvrent et que la lumière du soleil à peine levé ne trace une ligne de départ derrière l’ombre du navire.

Tous les destriers partirent aussitôt à pleine vitesse dans les rues de la capitale en plein réveil. Aucun garde ne s’interposa sur leur route, aucune barrière n’était descendue, toutes les portes étaient ouvertes. C’était le mieux qu’avait pu faire Nathan Hawke avant qu’ils n’accostent. Ce petit gain de quelques minutes pouvait faire toute la différence et tout le monde le savait, démarrant dorénavant une course effrénée contre la montre.

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