Un nouveau monde

Chapitre 20 : Entrevue avec Portvaillant

3559 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 01/10/2020 13:51

Fyrvas voyait sa fille courir à travers une terre rocailleuse, couverte de cendres et une forêt d'arbres morts, pétrifiés, sous un ciel orageux. Elle semblait paniquée et désespérée, en train de fuir quelque chose que le druide ne pouvait voir et tenait fermement dans ses bras ce que l'elfe prit pour Jakua à l'état de tigreau mais qui s'avéra être un lionceau au pelage jaune-doré dont il ignorait la provenance.

D'instinct, il voulut la rejoindre, l'interpeller, lui demander ce qui se passait et d'où venait le lionceau qu'elle tenait dans ses bras, mais ses jambes refusaient d'obéir et aucun son ne sortit de sa bouche. C'était comme s'il était un de ses arbres morts, les racines profondément enfoncés dans le sol et ne pouvait que regarder, impuissant, sa fille courir pour sa vie et celle du lionceau.

Il vit soudain une main décharnée percer le sol et agripper la jambe de Gahahli, la faisant tomber de tout son long avant que Fyrvas n'eût le temps de la prévenir pour peu qu'il pût émettre le moindre son. D'autres bras squelettiques s'extirpèrent du sol et vinrent enserrer la jeune elfe ainsi que le lionceau qui se débattirent sans succès.

Ce fut alors qu'une forme noire et ailée s'éleva dans le ciel gris et fixa longuement la jeune elfe et le lionceau captifs de ses yeux rougeoyant et transpirant la malice, avant de plonger sur ses proies, tel un faucon.

N'écoutant plus que son instinct paternel, Fyrvas luttait contre sa paralysie pour venir en aide à sa fille. Mais plus il luttait pour reprendre le contrôle de son corps, plus la scène semblait s'éloigner de lui, comme si le sol s'étirait entre lui et sa fille, avant d'être engouffrée dans les ténèbres.


Ce fut à de moment-là que Fyrvas se réveilla, en sueur et le souffle coupée.

Il lui fallut un moment pour se rendre compte qu'il venait de faire un cauchemar. Du moins, il espérait que ce n'était qu'un cauchemar. Cela lui avait parût si réel.

Tout en retrouvant ses esprits, il se remémora les derniers instants avant qu'il fût plongé dans cet étrange rêve, se rappelant ainsi de son affrontement avec les maraudeurs de la Horde dans les marécage, de l'intervention de l'intervention qui aurait des pouvoirs sur l'eau et la glace, et enfin du coup qu'il avait reçu sur la nuque alors qu'il tenait à sa merci un orc avec lequel il avait un compte à régler. Ce simple souvenir lui raviva sa douleur. IL avait encore cette impression qu'une montagne lui était tombé dessus sans crier gare.

Tout en se massant la nuque endolorie et reprenait son souffle, le jeune druide regardait autour de lui. Une chose était certaine, il n'était pas dans une prison d'orc. Il était bien installé sur un lit avec des draps, dans une chambre aux murs de pierres blanches et à la charpente apparente. Cela ressemblait davantage à l'intérieur d'un bâtiment humain. Une bassine d'eau et une serviette étaient mis à sa disposition sur la table de chevet, juste à côté du lit.

Fyrvas vit également une partie du ciel prendre des tons rouges-oranges via une fenêtre aux volets à moitié fermés, indiquant que c'était le crépuscule.


Une porte en bois se tenait entrouverte à l'autre bout de la chambre, pas assez pour que le jeune druide puisse apercevoir ce qu'il y avait dans la salle adjacente. Il pouvait cependant y entendre des voix féminines discuter à voix basses, comme si leur discussion devait rester secrète. Malheureusement pour ces femmes, le vieil elfe avait l'ouïe extrêmement fine, assez pour entendre une mouche voler dans la pièce d'à côté. D'autant que ces voix lui furent étrangement familières.

Discrètement, il se leva de son lit et avança vers la porte tout en écoutant les mots que s'échangeaient les deux femmes de la pièce voisine.

— Qu'as-tu donc trouvé dans ces épaves ? demanda une des deux voix.

— Pas mal de butin de piraterie, à vrai dire, répondit la seconde. De l'or, de vieux bijoux... mais plus important, les cadavres des naufragés. La plupart portaient encore un foulard rouge autour du coup.

— Les Défias, sans nul doute, reprit la première voix. Mais que pouvaient-ils bien faire sur navire pour qu'ils viennent s'écraser sur nos côtes ? SI loin de Hurlevent ?

— C'est que je me suis demandé, reprit à son tour la seconde voix. Puis j'ai trouvé trouvé cette lettre encore gondolée par l'eau de mer. De ce que j'ai pu déchiffrer, elle parlait de protéger à tout prix une "précieuse" cargaison.

— Et quel est donc cette si "précieuse" cargaison ? redemanda la première.

Qui est cette précieuse cargaison, plutôt, rectifia la seconde.

— Comment ça ?

— En inspectant ce qui restait de la cale, j'ai également trouvé un coffre-fort qui a visiblement survécu au naufrage mais a été forcé il y a peu et tout ce que j'ai pu trouver, c'est une paire de menottes.

— Ils transportaient donc bien un prisonnier. Probablement celui auquel nous pensons.

— Ne tirons pas de conclusions hâtives. Je n'ai encore rien trouvé qui prouve qu'il s'agit bien de cette personne en particulier.

— Oh, ça ne peut-être que lui. Les Défias n'iraient pas jusqu'à s'échouer en Kalimdor pour une petite histoire de dettes. Ça ne peut être qu'une personne de grande importance. Reste à savoir où se trouve cette personne actuellement et si elle est encore en vie.

— C'est ce que je compte découvrir. Mais pour cela, il me faut que je poursuive mon enquête sur l'île d'Alcaz.

— Sur cette île ? Mais pourquoi donc ?

— C'est simple, c'est à proximité de cette île que le navire des Défias s'est échoué. Et j'allais oublié, j'ai également trouvé ce qui reste d'un trident dans les épaves. Et il devait appartenir à ses hommes-serpents qui rôdent sur l'île d'Alcaz.

— Vous devez parlez des nagas, j'imagine, intervint Fyrvas en faisant irruption dans la salle.


Dans ce qui était visiblement un petit salon, se tenaient les deux femmes assises autour d'une table sur laquelle se tenaient deux tasses encore fumantes de thé. Parmi elle, Fyrvas reconnut Dame Jaina Portvaillant à se tenue blanche et violette ainsi qu'à ses longs cheveux blonds. Il s'agissait ni plus ni moins que de la cheffe des humains ayant débarqué sur Kalimdor et ayant entre autres aidés les elfes de la nuit dans leur lutte contre les démons au Mont Hyjal. La femme assise en face d'elle lui ressemblait tellement que le vieil elfe aurait juré que c'était sa jumelle, à ceci près que ses cheveux étaient auburn et que sa robe avaient des couleurs moins éclatantes que celles de son interlocutrices. Elle était même plus sombre.

— Ah, vous vous êtres réveillé ! s'exclama Portvaillant devant laquelle l'elfe s'inclina respectueusement.

— Alors, comment allez-vous, mon ami ? lui demanda la seconde femme.

— Votre "ami" ? répéta Fyrvas suspicieux et interloqué par cette appellation. On se connaît ?

— Bien sûr, dans les marécages, lui répondit la femme aux cheveux auburn. J'ai volé à votre secours quand ces maraudeurs de la Horde vous tenaient à leur merci.

Il fallut un moment au jeune druide de faire le rapprochement.

— C'était donc vous ? Et c'est vous aussi qui.. m'avez amené ici ?

— Il fallait bien, lui répondit la femme en haussant les épaules. Je ne pouvais vous laissé inconscient dans ces marécages avec toutes les bestioles qu'il y a autour.

— Et bien... j'imagine que je dois vous remercier, dit Fyrvas incrédule tout en continuant de se masser la nuque. Mais que m'est-il arrivé au juste ?

— Vous vous souvenez quand vous étiez en ours et que vous teniez l'orc sous vos griffes ? lui demanda la femme.

L'elfe hocha silencieusement la tête. Comment pouvait-il oublier sa sale trogne et son regard rempli de haine et d'orgueil.

— Et bien c'était le tauren, reprit la femme. Il vous a assommé pendant que vous jouez au premier-qui-cligne-des-yeux-a-perdu avec l'orc.

— Avec un gourdin ? demanda l'elfe.

— Non, juste avec le tranchant de sa main, lui répondit la femme d'un ton amusée.

Fyrvas aurait dû s'en douter. Les taurens comptait parmi les êtres les plus forts de Kalimdor. Il n'avait simplement jamais réalisé à quel point.

— Et que s'est-il passé ensuite ? demanda-t-il à nouveau.

— Le temps qu'il aide son ami à peau verte à se relever, j'avais invoqué un élémentaire d'eau pour vous protéger, lui répondit la femme. Ça lui a suffit à ordonner la retraite tout en transportant l'orc sur son dos, les deux trolls lui ont emboité le pas à dos de raptor tout en me promettant qu'ils ne me feront pas de cadeau la prochaine fois,. Et puis je nous ai tous les deux téléporté à Theramore et j'ai pris soin de vous...

— Un instant ! l'interrompit l'elfe interloqué par la dernière phrase de la femme. Je suis donc bien à Theramore.

— Je vous y souhaite la bienvenue, lui répondit chaleureusement Portvaillant.


Fyrvas se retenait de crier sa joie et louer ses dieux tant il était submergé par la joie. Il était enfin arrivé à sa destination, après traversé des montagnes arides, toute une savane et un marécage puant, à des lieues de son environnement habituel.

— Monsieur, vous allez bien ? lui demanda Portvaillant tout en fixant l'elfe d'un air perplexe.

— Il faut que je vous interroge ! déclara subitement l'elfe lorsqu'il reprit l'usage de la parole. Je suis à la recherche de ma fille et j'ai des raisons de penser qu'elle serait quelque part en train de traîner avec des gens de votre... je veux dire, avec des humains.

— Votre... fille ? répéta Portvaillant qui parût soudain concertée.

— Oui, elle s'est enfuie de chez elle il y a quelques semaines, cette petite inconsciente, et je dois la retrouver avant qu'il ne lui arrive quelque chose de fâcheux, insista l'elfe.

— J'aimerai vous aider mais la seule elfe de la nuit qui réside à Theramore, elle m'a été assignée comme garde du corps par votre grand prêtresse depuis notre victoire au mont Hyjal, lui répondit Portvaillant.

— Alors ça ne peut pas être elle, en conclut Fyrvas. Jamais Tyrande ne vous l'aurait confier pour une telle tâche. Elle est incapable d'assurer ses propres arrières.

Sans compter que le jeune druide avait dû faire des pieds et des mains pour que sa fille reste à distance des humains mais il jugea indécent d'ajouter ce détail.

— S'agit-elle d'une Sentinelle, par hasard ? demanda la femme aux cheveux auburn.

— Par Elune, non ! répondit le druide d'un ton légèrement offusqué. Ce n'est encore qu'une gamine et elle n'a rien d'une soldate.

— Dans ce cas je regrette, mais les seules elfes de la nuit qu'on vu passer à Theramore étaient des soldates très aguerries, lui répondit sobrement la femme aux cheveux auburn.

— Vous en êtes sûres ? insista le druide au bord du désespoir. Même pas une jeune elfe un peu débraillé et toujours accompagné d'un Sabre-de-nuit ? Le visage dépourvu de tatouage ? Et les cheveux longs et bleus ? Du même bleu que les miens ? Et elle répond au nom de Gahahli Ventenuit.

Les deux femmes s'échangèrent un regard dubitative avant de répondre en secouant la tête en signe de dénégation.

— Désolées mais ce nom ne nous dit rien du tout, lui dit sobrement Portvaillant. De même que votre description.

— Mais quelqu'un l'a forcément vu, insista le druide qui cédait au désespoir. Un garde. Un marchand. Que sais-je ?

Il s'affala sur une chaise vide, les jambes coupées par le désespoir et la déception. Il ne pouvait se résoudre à l'idée qu'il avait traverser tout un continent pour rien. Il se sentit revenu à la case départ, découragé.


La femme aux cheveux auburn se leva de sa chaise et commença à l'interroger à son tour :

— Mais dîtes donc, monsieur Ventenuit...

— Non non, Fyrvas, rectifia le druide. Juste Fyrvas. Ventenuit, c'était le nom de famille de sa mère.

— Ah bon ? fit la femme perplexe.

— Oui, je tenais à ce qu'elle hérite du nom de ma défunte épouse plutôt que du mien, lui expliqua sobrement l'elfe. Ce n'est pas un nom que je suis fier de porter, pour tout vous dire.

— Intéressant... M'enfin, qu'est ce qui vous fait penser que votre fille serait à Theramore, au juste ? le questionna la femme. Qu'elle serait ici plutôt qu'ailleurs ?

Fyrvas hésita à répondre, n'osant mentionner sa brève rencontre avec le tauren dans les Rocheuses ou des visions qu'il avait eu en buvant son étrange eau. Mais la femme semblait insister du regard. Un regard plutôt sévère, presque glaciale.

L'elfe finit par céder :

— Avant de partir pour Theramore, j'ai eu une vision, m'indiquant qu'elle serait dans une cité d'humains, entourés d'humains ainsi que de nains et de gnomes.

— Je vois, fit la femme d'un air songeur. Mais vous savez, Theramore n'est pas la seule ville humaine qui existe dans ce monde. Et elle est loin d'être la plus ancienne, pour tout vous dire.

— Pourtant c'est la seule sur Kalimdor, se défendit Fyrvas.

— Alors peut-être n'est-elle plus sur Kalimdor, en conclut la femme. Et peut-être est-elle désormais dans les Royaumes de l'Est.

— Quoi ? s'exclama l'elfe sidéré. Elle n'a pas pu faire ça. Elle n'a pas osé...

— Si elle a décidée de s'entourer d'humains, de nains et de gnomes, il est fort probable qu'elle se soit rendu sur leur continent d'origine.

— Alors il faut que je m'y rende ! déclara l'elfe. Quel est le prochain bateau pour les Royaumes de l'Est ?

— Malheureusement, le bateau pour le port Menethil a levé l'ancre il y a un plus de deux heures, l'informa Portvaillant navrée. Et le temps qu'il fasse l'aller-retour, il ne réapparaîtra pas avant deux semaines.

Fyrvas frappa rageusement le mur du poing, y laissant une belle marque de ses phalanges.

Deux semaines. C'est beaucoup trop long. Même pour un elfe vieux de plus de cinq cents ans. Il pouvait arriver tout et n'importe quoi à Gahahli durant tout ce laps de temps et il sera peut-être trop tard, le temps que Fyrvas pût poser le pied dans les Royaumes de l'Est. Le voilà à nouveau submergé par le désespoir.


Lorsque l'elfe fût calmé, la femme aux cheveux auburn s'approcha à nouveau de lui, avec cette fois un regard plus compréhensif.

— Écoutez, mon ami. Je pourrai éventuellement vous aider à retrouver votre fille au plus vite si cela vous tiens tant à cœur.

— Vous feriez ça ? Vraiment ? demanda l'elfe interloqué.

— À une condition, s'empressa d'ajouter la femme.

Évidemment, c'était trop beau pour être vrai ! En ce bas-monde, c'était donnant donnant.

L'elfe accepta d'avance — au point où il en était, il serait prêt à se jeter dans une fosse aux murlocs, du moment que cela lui permettrait de retrouver sa fille au plus vite — lui demanda amèrement qu'elle était sa condition.

— Comme vous l'avez dû l'entendre à l'instant, je dois poursuivre mon enquête sur l'île d'Alcaz où grouillent ces... nagas comme vous les appelez, expliqua la femme. Et j'aurai besoin d'une escorte pour ce faire. De préférence quelqu'un de fort, de courageux et qui sait comment s'y prendre avec ces créatures.

L'espace d'un instant, l'elfe crût que la femme lui faisait du charme et se sentit dès lors gêné. D'autant qu'elle semblait insister sur le terme "fort" tout en le dévorant du regard. Et curieusement, l'idée de se frotter aux nagas (une fois de plus) parût moins dérangeante.

— J'aurais bien demander à Jaina de me confier quelques soldats, reprit la femme. Cependant, je ne puis la priver de ces meilleurs troupes en ces temps troublés,

— Elle a raison, confirma Portvaillant. J'ai déjà affaire en ce moment aux déserteurs, aux ogres Cognepierres et aux taurens Totem-sinistres. Et maintenant, je dois faire face à des maraudeurs de la Horde qui viennent défier la trêve que nous peinons à maintenir avec eux. Autant dire que Theramore aura plus que jamais besoin de toutes ses troupes, dorénavant.

— Je vois... Mais je dois vous avouer que mes connaissances sur les nagas sont limités, prévint le druide. Tout ce que je sais d'eux c'est qu'aussi aberrant ça puisse être à entendre, c'étaient des elfes exactement comme moi, qu'ils ont servi un renégat ces dernières années, qu'ils vivent sous une société matriarcale et qu'ils vénèrent les Anciens Dieux.

— Mais vous les avez déjà affronté ? la questionna la femme aux cheveux auburn.

— Oh que oui...

— Et à vous tout seul ?

— C'est arrivé plus d'une fois, oui.

— Combien, en tout ?

— Je ne sais pas... Je dirais... à vue de nez, une trentaine.

— Et bien ça fera l'affaire ! en conclut la femme réjouie.

— Et vous, dame Portvaillant ? demanda l'elfe.

— Je regrette mais je dois m'occuper de la sécurité de Theramore, lui répondit Portvaillant avant de reprendre à voix basse. De plus, ma présence ne ferait compromettre l'enquête.

— Comment ça ? re-demanda l'elfe. En quoi consiste cette enquête au j... ?

— Chut ! Pas ici ! l'interrompit la femme auburn. Les murs ont des oreilles.

— Mais, il faut que je sache dans quoi je suis impliqué, se défendit l'elfe perplexe.

— Je vous en parlerai plus tard, quand nous serons hors de portée de toute oreille indiscrète, insista fermement la femme. Tout ce que je peux vous dire, c'est que ça doit rester confidentiel. Ça ne doit en aucun cas être crier sur les toits. Est-ce qu'on peut compter sur votre discrétion.

— Oui, oui bien sûr, répondit l'elfe impressionné par la fermeté dans faisait preuve la femme qui pourtant l'atteignait tout juste à la poitrine. La discrétion, c'est dans ma nature.


— Deux-trois petites choses avant que je ne vous laisse, intervint Portvaillant en se levant de sa chaise. Surtout, ne te sens pas obligée de poursuivre cette enquête, Harrina. Tu as déjà beaucoup fait pour Theramore ces dernières années et je...

— J'insiste, répondit la dénommée Harrina. Et puis je n'aime pas laissé une tâche inachevée. Et je n'aime pas non plus déléguer ma mission à quelqu'un d'autre.

— Décidément, ta dévotion ne cessera de m'impressionner, lâcha Portvaillant après avoir laissé échapper un gloussement. Et vous, messire elfe, j'espère que vous retrouverez votre fille. Et quand ça arrivera...

Elle se tût un instant. Elle sembla chercher ses mots, laissant Fyrvas perplexe.

— J'ignore ce qui se passe entre votre fille et vous, ce qui a pu la conduire à fuguer, reprit enfin Portvaillant. Et je sais que ça ne me regarde pas, mais quand vous la retrouverez, qu'elle que soient ses raisons, essayez de ne pas être trop dur avec elle. Essayez de rester compréhensif. Croyez-moi, ça ne peut que vous sauver la vie. Sur ce, soyez prudents, tous les deux.

Sur ces mots, Portvaillant quitta la pièce, laissant Fyrvas perplexe face à sa curieuse requête. C'était comme si elle avait tenté de lui faire la leçon. Elle interrogea la dénommée Harrina du regard.

— Ne faîtes pas attention, lui dit-elle. La pauvre a vu ses relations familiales se dégrader, ses quatres dernière années et elle ne le vit pas très bien.

— Ah ?...

— Bon, ces nagas, vous dîtes qu'avant c'étaient des elfes de la nuit, avant, non ? questionna Harrina. Est-ce que par hasard ils sont plus nuit que jour, tout comme vous ?

— Et bien, maintenant que vous le dîtes... Il est vrai qu'ils préfèrent l'obscurité à la lumière du jour. Et aussi l'humidité.

— C'est parfait, donc nous irons sur l'île de jour, en conclut Harrina. Ça me laissera le temps de faire mes préparatifs. Au fait, vous êtes habitués à la lumière du jour ?

— Pas trop...

— Je vous prêterai ma cape, vous aurai juste à baisser la capuche.

— C'est très aimable à vous, dame... Harrina ?

— Appelez moi juste Harrina. Et puis ça me fait plaisir... maître Fyrvas.

Le druide considéra pensivement la jeune femme qui s'empressait débarrasser la table et laver les tasses au dessus de l'évier placé dans un coin de la pièce, se demandant s'il allait ou non apprécier sa compagnie et surtout dans quoi il était sur le point de s'embarquer. Jamais il n'aurait cru devoir faire équipe avec un humain — ou plutôt une humaine, fut-elle la première de son espèce qu'il l'eût reçut aussi cordialement. Le plus troublant fut lorsqu'il se rappela qu'il avait affaire à une mage, que par conséquent elle devait encore pratiquer la magie arcanique. Une forme de magie bannie depuis des millénaires par les elfes de la nuit.

Était-il vraiment sain qu'il fricotât avec ce genre d'individu ?

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