Un nouveau monde

Chapitre 27 : En route pour Rochenoire

2970 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 01/01/2021 19:29

En fin de compte, le Chef de guerre de la Horde, Thrall, fut plus facile à convaincre que Morpsev ne l'avait espéré.

En fait, lors de l'audience avec le Chef de guerre, il lui avait suffit de mentionner d'une possible alliance entre clan Rochenoire et les dragons du Vol Noir pour éveiller l'attention d'un de ses conseillers, un orc vétéran qui a en juger par sa peau grisâtre semblait venir de ce clan. Et ce fut le cas, l'orc en question — un certain Eitrigg — avouant même s'en être allé suite à la perte de ses fils lors d'une confrontation avec les nains Sombrefers qui fut une vaine tentative de les déloger du Pic du Mont Rochenoire. Et qui l'avait amené à une sérieuse désaccord avec son ancien chef de clan, le fils du légendaire "Main-noire" le Destructeur, autrefois chef de guerre de l'Ancienne Horde. Le dénommé Eitrigg vint donc confirmer les soupçons dont le mort-vivant faisait part au chef de guerre, expliquant que pour reprendre le Pic du Mont Rochenoire aux Sombrefers, son ancien clan avait dû s'allier aux dragons du Vol Noir, plus précisément à la couvée d'un puissant et terrifiant dragon connu sous le nom "d'Aile-de-Mort", incitant ainsi Thrall de prendre au sérieux la menace que représentait la Horde Noire. Après tout, on parlait d'orcs fidèles à l'Ancienne Horde, de dragons connus pour être les plus dangereux et malfaisants qui pussent exister et dont les chefs respectifs semblaient décider de marcher dans les pas de leur prédécesseurs et géniteurs. Qu'est-ce qui allait les empêcher de conquérir tous les Royaumes de l'Est après le Mont Rochenoire ? Et ensuite de faire voile vers Kalimdor et ainsi écraser la Horde de Thrall ?

Morpsev vit dans le regard du Chef de guerre que cela ne l'enchantait guère de risquer une guerre fratricide avec ses semblables mais le mort-vivant parvint à le convaincre qu'il n'aurait pas à envoyer de troupes aux Mont Rochenoires, d'autant qu'elles devraient passer par des territoires contrôlés par l'Alliance pour y parvenir et attiraient et que cela compromettrait la mission s'ils attiraient leur attention. Il lui assura donc que des volontaires feront amplement l'affaire et qu'il aura juste à les envoyer par petit groupe pour plus de discrétion.

Cela suffit à Thrall pour donner le feu vert au mort-vivant pour réunir assez de volontaires pour mener à bien son expédition pour le Mont Rochenoire et faire le nécessaire pour contrer la menace que représentait la Horde Noire.

Morpsev avait juste omis de préciser qu'il s'était déjà trouver des volontaires avant d'obtenir son audience avec le chef de guerre. Qu'à cela ne tienne, le fait qu'il lui donnât son autorisation lui suffisait largement.


Il s'en alla retrouver ses nouveaux compagnons d'infortunes qui l'attendaient à la sortie de la Forteresse de Thrall, avec le raptor femelle de Turahk, Éventreuse. S'étant fait disputer la veille par le Chef de guerre pour leur incident aux alentours de Theramore, le groupe n'était pas vraiment disposé à se montrer de nouveau devant Thrall. Encore moins Brotar qui l'avait encore en travers de la gorge.

Ils se réunirent devant une sculpture grossière supposée représenter le démon Mannoroth — en réalité un arbre mort séché sur lequel avait était posé l'armure et le crâne aux longues défenses du démon — en mémoire des souffrances que la Horde avait dû endurer et des sacrifices qu'elle avait dû faire pour se libérer de son influence.

— Alors ? demanda Brotar.

— C'est bon, répondit Morpsev. Thrall nous a donné son aval.

— À la bonne heure ! s'exclama l'orc. Et quand on est-ce qu'on part ?

— On peut partir maintenant si vous êtes prêts, répondit le mort-vivant. Ou du moins, si vous êtes toujours partant.

— Hé ! On a dit qu'on était partant hier soir ! s'offusqua Brotar. Pourquoi est-ce qu'on ne le serait pas ?

— Parce qu'il est possible que je vous embarque dans une mission plus périlleuse que je n'ai pu vous le dire l'autre soir, expliqua calmement Morpsev. Que ce qui devait être une mission diplomatique vire au raid et qu'on soit obligé de faire couler du sang, de trancher des têtes ou bien qu'on tombe sur des adversaires plus puissants que prévus. Alors je vous le dis maintenant parce qu'il est encore temps de reculer.

Il sentit un sentiment de d'hésitation chez le tauren et le chasseur troll, mais rien bizarrement à part de l'impassibilité chez le sorcier troll. Quant au guerrier d'orc, il semblait être le dernier à vouloir flancher et dégageait plus de la détermination qu'autre choses, comme si ça ne le dérangeait guère d'aller vers une mort certaine ou de guerroyer contre ses congénères malgré son apparent chauvinisme.

— Et où tu trouveras des volontaires pour t'accompagner jusqu'au Mont Rochenoire ? demanda-t-il au mort-vivant avec un sourire mauvais.

— On finit toujours par trouver ce qu'on cherche, lui répondit sobrement Morpsev. Et puis connaissant la Horde, des braves prêts risquer leur vie pour leur faction, ça ne doit pas être difficile à trouver...

— Rah, assez bavassé ! s'impatienta Brotar. Dépêchons-nous, on va rater le zeppelin !

C'était décidément trop facile avec cet orc, songea le Morpsev. Il serait prêt à se jeter du haut d'une falaise ou à chasser le dahu aux confins d'Azeroth juste pour montrer qu'il n'est pas un dégonflé. Cela amusait intérieurement le mort-vivant.


Il fallut donc au groupe sortir d'Orgrimmar pour se rendre à la tour à zeppelin à l'est pour prendre l'Aigle de Fer qui devrait les amener à la jungle de Strangleronce.

Une vraie cité d'orcs ! songea le mort-vivant maintenant qu'il la visitait au plein jour. Niché dans un immense canyon sinueux, en contrebas des montagnes formant la frontière naturelle nord de cette péninsule rocheuse et aride qu'était Durotar, c'était une ville hautement fortifié, dont les murailles, les tours de guet et même les huttes étaient hérissés de pics. À l'instar des armures des orcs. À croire qu'ils nourrissaient un fétichisme de tout ce qui était pointu.

Il n'eut cependant pas le temps pour faire du tourisme, le prochain zeppelin pour les Royaumes de l'Est allait partir dans l'heure et il avait déjà perdu du temps à obtenir le feu vert du Chef de guerre.

Le groupe sortit donc de la cité par la grande porte au sud et prirent la direction de la tour à zeppelin, à mi-chemin vers la côte Est, marchant sur le sol sec, craquelé et rouge de Durotar.

Le zeppelin pour Strangleronce les attendait au sommet de la tour, prêt pour l'embarquement. Une fois, Turahk eut toute les peines du monde à faire monter son raptor sur l'engin et dû demander l'aide de Walkyro et de Brotar, largement plus costauds que lui. Éventreuse ne devait clairement pas avoir l'habitude des voyages aériens, tant elle semblait réticente à poser ne serait-ce qu'une patte sur le zeppelin.

Les gobelins qui se tenaient à bord de l'engin gardèrent leur distance vis à vis du raptor angoissé. Pas fous, les gobelins ! songea Morpsev. Même dressé, un tel animal pourrait mettre en pièces un seul de ces immondes petits hommes verts aux grandes oreilles d'un seul coup de griffes.


Il ne restait que le mort-vivant et le sorcier troll sur la plate-forme de misa à quai, observant le reste du groupe se démener pour conduire le raptor dans la cale.

Morpsev s'apprêta à monter à bord quand le troll l'arrêta d'une main à trois doigts sur son épaule décharné.

— Un petit instant, le macchabée ! dit alors Baorekh. J'ai l'intime conviction que tu nous caches quelque chose.

— À quel sujet, au juste ? lui demanda Morpsev impassible.

— Cette expédition pour le mont Rochenoire, pour commencer, répondit le troll. Je doute que ce soit supposé être une mission de diplomatie.

— Ah mais je vous avais dit à l'instant que cela allait être risqué, se défendit le mort-vivant. Je l'ai même dit à l'auberge, l'autre soir. Et après ? De ce que j'ai vu, toi et tes compagnons semblez plus taillés pour les rixes que pour la diplomatie. N'ai-je pas raison ?

— Il n'y a pas que ça, rétorqua le troll. Toi qui a eu l'idée de cette hasardeuse expédition et qui nous embarquent là dedans, qu'est ce que tu as y gagné ? Qu'as tu vraiment en tête ?

— Rien de plus que de servir la Horde, prétendit Morpsev.

— N'T'FOUS PAS DE MOI, MACCHABÉ, s'impatienta Baorekh en prenant le mort-vivant par le col. Tu peux tromper des peaux-vertes, des vaches qui parlent et même ceux de ton espèce autant que tu veux. Mais tu ne tromperas pas un troll. Encore moins un sorcier-docteur. Et ne compte pas sur ta magie de démoniste pour te tirer d'affaire. Ce serait mal connaître les loas que je sers.

Les derniers mots du troll prirent Morspev au dépourvu. Il n'avait pas souvenir d'avoir fait mention de ses véritable compétences durant son bref séjour à Orgrimmar et ne sût quoi lui répondre. Mais au vu du sourire satisfait du troll — du moins, ce qui ressemblait à un sourire malgré ses longues défense — il n'eut nullement besoin d'ajouter quoi que ce soit. Son silence emplit de malaise venait clairement de confirmer les soupçons de Baorekh.

— Tu croyais vraiment que je sois né de la dernière pluie, hein ? le questionna le troll d'un ton sévère. J'ai vu des guerriers orcs plus téméraires et obstiné que notre "ami à peau verte" se laisser abuser par la magie corruptrice des démons. Moi et mes compagnons avons démantelé un secte d'adorateurs de démons qui complotait contre la Horde depuis les tréfonds d'Orgrimmar, le mois dernier. Je sais reconnaître un serviteur des démons quand j'en vois un.

— Et bien, j'en déduis que vous avez une bonne intuition, complimenta le mort-vivant en espérant ainsi calmer le troll. Cela dit, je puis vous assurer que je n'ai nullement prêté allégeance à la Légion Ardente. Loin de moi cette idée. Je ne me sers de ma magie démoniste que dans l'intérêt de la Horde... et de mes semblables.

— Je croyais avoir été clair, macchabé, rétorqua Baorekh en plissant les yeux et levant une main à la hauteur de sa tête.

Morpsev vit alors les trois doigts du troll se courber, comme s'il était en train de presser quelque chose d'invisible qu'il tenait dans sa main et aussitôt, le mort-vivant sentit comme des mains, des griffes ou des pinces invisibles l'agripper de partout, tenter de le démembrer et d'ouvrir sa cage thoracique. De l'extérieur, rien ne se passait pourtant. Le corps du mort-vivant ne se dégradait guère davantage qu'il ne l'était déjà et pourtant, la sensation, la douleur, la souffrance, tout cela était bien réel.

— Tu n'as peut-être pas prêté allégeances aux démons, mais moi, je l'ai fait aux loas, mes dieux, lui expliqua Baorekh. Et figures-toi que certains d'entre eux ont non seulement une emprise sur ceux de ton espèce mais m'ont accordé un échantillon de leur pouvoir en échange de ma fidélité. Et sache que ma loyauté envers mes dieux dépasse celle que j'accorde à la Horde.

— Qu'est-ce... Qu'attends-tu de moi ? demanda Morpsev sur le point de céder.

— Que tu craches le morceau, lui répondit le troll. Que tu me dises ce que tu as en tête. La vraie raison pour laquelle tu nous embarques pour une montagne infestée de dragons à l'autre bout du monde. Une raison autre que lécher les bottes de la Horde.

— D'accord, je vais tout te dire ! céda le mort-vivant. Mais s'il-te-plaît, cesse donc ce... ce que tu ai en train de faire.

La main de Baorekh se détendit et Morpsev sentit son emprise se relâcher. Alors qu'il reprenait son souffle — chose qui ne lui était pas arrivé qu'il fut relevé en mort-vivant, il fut soulagé de se sentir à nouveau en un seul morceau et en même temps stupéfait à l'idée d'être tomber sur un sorcier probablement plus puissant que lui. Un sorcier troll, par dessus le marché. Lui qui avait toujours considéré cette race comme étant primaire et rustique. Plus que les orcs. Le mort-vivant comprit dès lors qu'il valait mieux ne pas sous-estimer la puissance de ce troll-là, le garder à l'œil et surtout, éviter de se le mettre à dos. Pour l'instant...

— J'ai... j'ai un compte à régler avec... la descendance d'Aile-de-Mort, avoua Morpsev entre deux souffle.

— "Aile-de-Mort" ? répéta Baorekh. C'est qui ça, encore ?

— Un dragon rendu fou par les Anciens Dieux, ne vivant plus que pour la destruction et qui a finalement disparu de la circulation peu de temps après la fin de la Seconde Guerre, lui expliqua le mort-vivant. Mais toujours est-il que ces descendants ont juré de finir ce que leur géniteur a commencé. Et récemment l'un d'eux a abusé de moi et failli me conduire à ma perte et je compte bien le lui faire payer, à lui et à tous ses semblables.

— Je savais bien qu'il y avait quelque chose d'intéressé, là dedans ! s'exclama le troll satisfait. Personne en ce bas-monde ne se lance dans un tel projet par pur désintérêt. Mais alors, dois-je en conclure que tu te sers de nous pour assouvir ta vengeance.

— C'est possible, concéda Morpsev. Mais si on sort vainqueur de cette expédition, il se pourrait que cela tourne à notre avantage. Après tout, c'est un ennemi commun que nous partons affronter. Mes intérêts, aussi personnels soient-ils, pourraient très servir les vôtres, voire la Horde.

— Ou juste un prétexte ? questionna le troll en levant à nouveau sa main, prêt à recommencer son tour de tout à l'heure.

— Que nenni ! s'empressa de répondre le mort-vivant. Demande donc au Chef de guerre ou à ses conseillers. Ils savent pour Aile-de-mort et sa progéniture et sont conscient de la menace qu'ils représentent pour la Horde. Pour quelle raison crois-tu qu'ils m'aient donné le feu vert.

— Bon, là dessus, je suis prêt à te laisser le bénéfice du doute... jusqu'à preuve du contraire, lui rétorqua amèrement le troll. Et que se passera-t-il une fois que ce sera terminé ? Quand on aura assouvi ta vengeance et mis fin à la menace que représentent les dragons ? Est-ce que tu vas nous jeter comme de vieux souliers ou vas-tu te servir à nouveau de nous pour tes intérêts personnels ?

— Je... J'ai besoin d'y réfléchir, lui répondit Morpsev qui commença à se sentir à court d'arguments.

— Et il y a intérêt à ce que ce soit la bonne décision, prévint Baorekh. Parce que mes compagnons et moi n'aimons pas non plus qu'on se serve de nous comme de vulgaire pions.

— J'en prends note.

— Alors vous vous décidez à monter ? leur demanda le capitaine gobelin du zeppelin. Vos amis vous attendent dans la cale et j'ai un horaire à respecter, moi !

— On arrive ! répondit le troll. Juste un dernier détail !

— Alors dépêchez-vous, bon sang de bois ! s'impatiente le gobelin. J'aimerai pourvoir arriver à Strangleronce avant minuit... que je puisse prendre un verre à Baie-du-Butin.

— Qu'y a-t-il encore ? demanda Morpsev incertain au troll.

— Je n'ai aucun problème à ce que l'expédition soit plus musclé et risqué que convenu, lui expliqua Baorekh. Moi et mes potes, on en a vu d'autres depuis qu'on a mis le pied en Kalimdor. Et sache que je tiendrais pas rigueur s'il arrivait malheur à l'ami à peau verte ou à l'autre vache qui parle. Lui, je n'ai jamais pu le blairer. Quant à l'autre, on a jamais su quoi faire de lui depuis le temps qu'on se le coltine. Mais si par malheur, il arrivait quelque chose de fâcheux à mon frère, je peux te jurer que tu vas regretter d'être sorti de ton cercueil.

— En-entendu, répondit le mort-vivant en balbutiant.


Aussitôt Morpsev et Baorekh embarquèrent, que le zeppelin prit son envol et commença à survoler la Grande Mer qui bordait Durotar, direction les Royaumes de l'Est.

En voyant la mer défiler sous ses pieds, le mort-vivant fut d'un seul coup moins assuré qu'il ne l'était en arrivant en Kalimdor. Il était venu recruter quelques mercenaires qui pourraient l'aider à régler ses comptes avec "la descendance d'Aile-de-Mort" et peut-être même à autre chose, comme l'aider dans ses projets, du moins le temps qu'il pût faire le plein d'éclats d'âmes, qu'il en collectât assez pour de nouveau invoquer sa cohorte de serviteurs démons et être invisible. Et il en avait trouvait. Plus facilement qu'il ne se l'était imaginé. Il posait même les avoir à la botte, cinq minutes plus tôt. Mais maintenant, il se demanda s'ils n'allaient pas finalement être un frein à ambitions et compromettre les projets sur lesquels il travaillait depuis qu'il fut relevé en tant que Réprouvé. Il lui fallait donc la jouer serré ou il allait s'en mordre les doigts.

— Au fait, maintenant qu'on est loin d'Orgrimmar, sache que t'es libre d'invoquer tes démons, lui dit Baorekh d'un ton soudain amical. Enfin, si c'est dans tes cordes, bien sûr ! Et t'en fais pas pour les autres, ils savent. Je le leur ai dit pendant que t'étais avec le Chef de guerre. D'ailleurs, je vais aller leur dire que t'es réglo en fin de compte.

C'est officiel. Il allait devoir la jouer doublement serré.

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