Un monde brisé

Chapitre 15 : Le seigneur déchu de l'Outreterre

3726 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 05/10/2021 00:43

— J'avais bien raison ! dit Fyrvas. Vous êtes le vieux tauren que j'ai croisé dans les Serres-Rocheuses.

— J'avoue, je ne m'attendez pas à ce qu'on se retrouve dans de tels circonstances, lui répondit Beliah sur le ton de la plaisanterie. Quoi qu'il en soit, il me semble que vous ayez retrouvé votre fille.

— Pour l'avoir retrouvée, il l'a bel et bien retrouvée, intervint Harrina amèrement. Mais pour ce qu'il est de leur relation...

— Vous n'allez pas recommencer ! s'énerva le druide. J'ai fait mon travail de père !

— J'ai bien compris qu'elle était difficile à encadrer, ajouta la jeune magicienne. Mais je doute que vous vous y prenez de la bonne manière...

— Qu'est-ce que vous en savez, vous ? s'énerva de plus bel Fyrvas. Vous avez des enfants vous ?

— Un peu de silence, s'il-vous-plaît ! intervint le diablotin juché sur le rocher derrière lequel se cachait le groupe. Vous allez nous faire repérer !

Le petit groupe attendait patiemment derrière des rochers sur lesquels le diablotin surveillait l'entrée de la prison de Magtheridon, situé à la base de la Citadelle côté ouest. L'entrée était farouchement bien gardé par des orcs restés fidèles à la Légion. Et ce n'étaient pas de simples gardes. Des démonistes. Aguerris d'après Morpsev. Et ils étaient nombreux. Trop nombreux. L'escouade se retrouverait au moins à un contre dix si elle lançait l'assaut maintenant et auraient épuisé leur mana avant de se mesurer au démon enfermé sous les fondations de la Citadelle. Démon qui autrefois dirigeait l'Outreterre avec une poigne de fer et qui même prisonnier n'était pas moins dangereux ni puissant. D'où la présence de tous ces démonistes orcs pour le garder prisonnier. Le groupe aurait donc besoin de toutes leur forces pour en venir à bout. Autrement, leur raid aurait des conséquences désastreuses sur la suite de leur croisade.

Il leur fallait donc attendre le moment opportun avant de lancer l'assaut.

— Je n'ai peut-être pas d'enfants, pour répondre à vos question ! reprit Harrina en parlant à voix basse. Mais je connais des parents imbus d'eux mêmes et peu reconnaissants qu'ils ont perdu le peu de respect que leur enfants leur accordait.

— Tu me diras leur nom, un de ces jours, quand on aura réglé cette affaire, dit le mort-vivant d'un ton faussement calme.

Au vu de la réaction de la jeune magicienne, cela ressemblait davantage à une menace.

— Au fait, comment ça se passe entre vous et votre petit-fils ? demanda-t-elle en se tournant vers le vieux tauren en voulant changer de sujet.

— Mmh... Ça aurait pu être mieux, répondit Beliah légèrement maussade.

— Mon dieu, il y a problème ? demanda derechef Harrina soucieuse.

— Oh, rien de méchant, répondit le vieux tauren. C'est juste que... J'ai fais l'erreur de lui faire de mes soupçons concernant ses fréquentations. Et évidemment, il l'a un peu pris de travers.

— Mais dîtes, si vous en avez des soupçons, c'est que vous vous inquiétez pour votre petit-fils, je me trompe ? demanda à son tour Fyrvas.

— Bien sûr que je m'inquiète pour lui ! répondit Beliah. Il est la seule famille qui me reste. Et c'est bien pour ça que j'ai jugé bon de l'en informer, mais...

— Bah, c'est typique des jeunes ! intervint Morpsev. Vous donnez tout, vous sacrifiez tout, vous vous pliez en quatre eux. Et comment ils vous remercient ? Comment est-ce qu'il vous renvoie l'ascenseur ? En vous envoyant balader. Pire, en vous abandonnant à leur sort quand vous en avez le plus besoin.

— Je l'ai déjà dit, je n'y suis pour rien ! se défendit Harrina qui se sentait visée par la remarque de celui qui fut jadis son père. Lordaeron était déjà tombé quand nous avons dû prendre la mer pour Kalimdor. Et il était déjà trop tard quand j'ai su que vous n'avez pas survécu. Qu'est-ce que vous vouliez que j'y fasse ?

— Laver l'honneur de ta famille, lui répondit le mort-vivant acerbe. Venger tes parents morts dévorés par tes frères changés en goules, traquer les responsables de cette ignominie et leur faire payer. Au lieu de rester égoïstement cloîtrée à Dalaran puis de prendre la mer pour Kalimdor quand le Fléau vint sonner à ta porte.

— Je ne suis ni une justicière ni une vengeresse ! rétorqua la jeune magicienne dont la patience était à bout. Et encore une fois, nous confiner à Dalaran ou prendre la mer n'était en rien ma décision. Et puis c'est VOUS qui m'avez envoyée à la cité des mages lorsque j'avais douze ans. Et vous n'aviez même pas daigné à le demander mon...

— Elle ne pourrait pas se taire, la rouquine ? intervint de nouveau le diablotin. Elle tient tant que ça à compromettre la mission ?

Il était vrai que la magicienne, sous l'effet de l'énervement, s'était légèrement emportée et avait un peu hausser le ton. Elle que Fyrvas avait toujours vu calme et sereine, parfois détachée, il avait pratiquement l'impression d'entendre à nouveau sa propre fille protester.

Sous la pression des regards accusateurs, Harrina se ressaisit et fit profil bas.

— Et puis je ne suis pas rousse, je suis auburn ! marmonna la magicienne frustrée. Nuance !

Au fond, le druide n'était pas le seul à avoir des soucis d'entente avec ses proches ! Il en vint à se demander si c'était vraiment judicieux que Harrina et Morpsev furent dans la même équipe. Surtout en se rappelant les circonstances dans lesquelles ils s'étaient quittés après leur retrouvailles suite aux événements tragiques qu'ils étaient en train d'évoquer. En tout cas, ça n'avait pas l'air dérangé le mort-vivant lors de la formation des groupes.


— Il y a du mouvement, les gars ! dit soudain le diablotin. Les démonistes sont en train d'abandonner leur poste pour se rendre sur les remparts de la Citadelle.

— Ils viennent prêter main forte à leur frères d'armes, en conclut Morpsev ravi. Nos petits camarades ont dû faire mouche. Parfait ! C'est le moment que nous attendions pour frapper.

Il avait juste. La protection de la prison avait considérablement diminué suite au chaos généré par l'autre escouade. Désormais, ils allaient être à un contre trois. Cela faisait certes encore beaucoup, mais c'était suffisant pour le groupe de passer sans risque.

La magicienne fut la première à lancer l'assaut, suivi de près par le diablotin et le vieux tauren.

Fyrvas fut sur le point de leur emboîter le pas quand il fut intercepter par le mort-vivant.

— Je sais que nous sommes tous les deux partis du mauvais pied mais il faut que vous sachiez, je suis entièrement de votre côté, lui dit-il.

— À propos de quoi ? demanda le druide perplexe.

— De l'éducation de votre fille, évidemment ! lui répondit le mort-vivant avec un clin d'oeil.

Fyrvas n'eut pas le temps de lui en demander davantage que le mort-vivant avait déjà rejoint la mêlée. Il ne put que suivre le mouvement.


Malgré la diminution du nombre d'adversaire à combattre, la progression dans les souterrains de la Citadelle ne fut pas une partie de plaisir pour autant.

Harrina, magicienne spécialisée dans la magie de l'eau et de la glace, dût doubler d'effort pour venir à bout de ses adversaires, en raison du manque d'humidité et de fraicheur de la région et du bâtiment.

Beliah, bien qu'étant un puissant chaman, avait encore du mal à commander les éléments depuis qu'il avait posé le sabot en Outreterre. De ce fait, il eut du mal à contrôler les élémentaires de la terre qu'il invoquait.

Fyrvas de son côté, du se tenir à ces aptitudes de changeforme et de charger sous sa forme d'ours. Sa magie druidique s'avérait inefficace dans une région aussi aride et stérile que la Péninsule des Flammes Infernales et encore plus dans la Citadelle où tout n'était fait que de pierre, de fer et d'acier.

Seul Morpsev semblait prendre son pied durant ce raid. Étant lui même un démoniste expérimenté, il était non seulement dans son élément mais il savait comment contrer ses adversaires. Tout ce qu'il avait à faire était de parer les sorts de feu et d'ombre de manière à les épuiser, et dès lors qu'ils étaient à cours de mana, il les attaquait à son tour puis les achevait en drainant leur âme. Âme qui se matérialisa en un cristal violet dans lequel il puisait ses pouvoirs et s'en servit pour invoquer des démons plus puissant que le chétif diablotin. De ce fait, au fur et à mesure que le groupe progressait, venaient s'ajouter un marcheur du vide, une succube, un gangrechien et un gangregarde pour les soutenir.


Ils avancèrent dans un long couloir qui se sépara en deux escaliers descendants à droite et à au gauche avant de donner sur un petit balcon donnait sur la salle d'en face. Une large salle circulaire haute d'une centaine de mètres, comme un immense puits desséché.

D'ici, ils reconnurent le démon Magtheridon de dos. Il ressemblait à s'y méprendre à Mannoroth, le démon qui a corrompu les orcs menés par Grommash et ravagé la forêt d'Orneval, massacrant au passage un grand nombre d'elfes de la nuit incluant des civils et assassinant le demi-dieu Cénarius. Une bonne chose que Gahahli ne soit pas présente ! songea Fyrvas. Elle aurait réagi au quart de tour à la vue du démon. Même le druide ressentait un mélanger de peur et de haine en le voyant tant il lui rappelait de mauvais souvenirs.

Il ressemblait à un énorme saurian à la peau vert sombre et au dos orné de piques jusqu'à l'extrémité de la queue. Il devait faire au moins quatre mètre de haut et huit de long à vue de nez. Il était pourvu de quatre pattes, deux bras, d'un torse humanoïde (à l'image des centaures ou des enfants de Cénarius) et deux ailes atrophiées (servant au démon plus pour la défense que pour le vol, ayant un corps trop lourd pour voler) et une petite tête cornu pour un corps aussi massif. Deux longues défenses semblables à celles d'un mammouth lui poussait depuis chaque côté de sa large bouche garnie de dents acérées.

De là où le groupe se tenait, Magtheridon semblait en pleine léthargie, bien qu'étant debout sur ses quatre pattes reptiliens. Pour cause, cinq démonistes orcs le retenaient avec des chaînes magiques et l'enveloppaient dans une bulle de protection qu'ils invoquaient en continu. Ces derniers ne semblaient pas avoir remarqué la présence de l'équipe malgré le boucan qu'ils avaient du faire en massacrant leur collègue. Ils semblaient même très concentrés sur leur tâche.

Ça aussi, cela rappelait de douloureux souvenirs. Quand il était un Bien-né vivant avec sa famille dans une cité oubliée de tous au fin fond de la jungle de Féralas. Une cité dans laquelle ses aînés avait enfermé un démon dont ils drainaient la force pour alimenter leur pouvoir. Ce qu'il avait découvert avec horreur et l'avait poussé à fuir et refaire sa vie auprès des elfes de la nuit, plus humbles et en communion avec la nature.

— Apparement, ils doivent pas être moins de cinq à retenir le démon sans danger, en déduit Morpsev.

— Il suffirait donc d'éliminer un seul de ses géolier pour qu'il se libère ? demanda Fyrvas

— Pour fragiliser la chaîne qui le retient, tout du moins, rectifia le mort-vivant. Quoi qu'il en soit, si nous devons éliminer Magtheridon, il nous faudra nous débarrasser de ses géoliers. Ils le protègent de la même manière qu'ils le retiennent prisonnier.

"Et une fois libéré, il faudra faire vite. Les Seigneurs des Abîmes sont réputés pour être de vrais machines de destruction. Leur peau résisteraient même d'être la plus tranchante des épées.

— Et j'ai cru comprendre qu'ils explosent quand ils meurent, ajouta Beliah. C'est de cette manière que Grommash Hurlenfer est mort en tuant Mannoroth, consumé par l'explosion.

— Donc même si on arrive à le blesser, on risque tous notre peau à le tuer, en conclut Harrina.

— Il y a un moyen de le tuer sans risque qu'il nous consume au passage, rassura le mort-vivant. En attendant, tenons nous-en au plan.

— Quel plan ?

— Vous deux, (il désigna la magicienne et le tauren) vous descendez par l'escalier de droite et vous attendez mon signal avant d'attaquer, leur ordonna Morpsev. Le druide et moi, nous descendrons par l'escalier de gauche.

Personne n'avait la moindre idée de ce que le mort-vivant avait en tête mais à défaut d'avoir un meilleur plan, ils obéirent à ses instructions.

Les démons invoqués par Morpsev leur emboitèrent le pas. Le diablotin, la succube et le gangregarde accompagnaient Harrina et Beliah tandis que le marcheur du vide et le gangrechien suivaient Morspev et Fyrvas.

À mi-chemin vers le niveau inférieur, le mort-vivant s'arrêta et prit une nouvelle fois le druide à part :

— Si vous voulez mon avis, vous êtes beaucoup trop indulgent avec votre fille.

— Vous... Vous trouvez ?

— Oui et c'est là votre talon d'Achille. Les enfants peuvent être sournois. Dès le moment où ils découvrent votre point faible, ils l'exploitent et en profitent. Croyez-moi, j'ai eu le même problème avec Harrina quand elle était encore toute petite. Je l'ai d'ailleurs envoyée à Dalaran pour qu'elle apprenne le respect et la discipline. Il faut que vous soyez ferme avec votre fille.

— C'est bien ce que je me tue de faire mais elle ne veut rien entendre, se défendit Fyrvas. Et en y réfléchissant, j'ai peur que c'est ce qui l'incite à se rebel...

— Trop indulgent, comme je disais ! l'interrompit Morpsev. Vous êtes trop indulgent avec vous-même et vous l'êtes autant si ce n'est plus avec votre fille. Soyez ferme, mon vieux ! Ferme et intransigeant ! Surtout avec vous-même. Ou elle abusera de votre gentillesse. L'enfant qui se rebelle contre ses parents a toujours tort, c'est ma philosophie.

Fyrvas ne sut quoi penser des propos du mort-vivant, s'il devait suivre ou non ses conseils.

Il dut cependant garder ses réflexions pour plus tard car ils étaient déjà arrivés au seuil de la salle où était retenu Magtheridon. Harrina et Beliah attendaient à l'autre bout du seuil.


Morpsev risqua un œil dans la salle, observant les démonistes orcs.

— Ils commencent déjà à faiblir dit-il à voix basse. Ils devraient passer le relais et se reposer, normalement. Manque de pot pour eux, nous venons d'éliminer leur remplaçants.

— Ils n'en ont donc plus pour longtemps, je suppose, émit Fyrvas.

— Non, en effet, répondit le mort-vivant tandis qu'un sourire mauvais se dessinait sur son horrible visage. Mais ce serait plus humain de les soulager de leur peine.

Le druide n'eut pas le temps de réagir ou que le mort-vivant lança une boule d'énergie sur le démoniste orc le plus proche qui le prit de plein fouet et s'écroula sous le choc.

L'attaque surprise eut pour effet de faire sortir Magtheridon de sa léthargie. Lentement ses yeux s'ouvrirent et s'embrasèrent de flammes verdâtres. De même que l'intérieur de sa bouche et le long de sa colonne vertébrale, du sommet de sa tête cornu jusqu'à la base de sa queue.

— Rah... Je sens que ma libération approche, murmura-t-il.

— Ne relâchez rien ! ordonna un des démonistes orcs encore debout. Doublez d'effort, s'il le faut ! Le démon ne doit pas nous échappé.

— Qu'est-ce que vous avez fait ? s'énerva le druide. Il nous faut un plan.

— Je le mets à exécution, justement ! lui rétorqua le mort-vivant avec un clin d'œil. Regardez plutôt !

Peu de temps après, un second démoniste s'effondra mort de fatigue. Et cela fut assez pour Magtheridon pour se déchainer et balayer les trois restants d'un coup de queue.

— Je suis... enfin... libre ! hurla le démon victorieux. Libre de reprendre l'Outreterre ! Libre de pouvoir me venger sur ceux qui m'ont détrôné et emprisonné !

— Comment appelle-t-on ça, déjà ? demanda Morpsev à haute voix sans tenir compte des regards assassins que lui lançaient ses compagnons d'armes ou même de la situation. L'effet domino ? Boule de neige ? Papillon ?

— Ah... ! C'est donc à vous que je dois ma libération ? dit avec un ton menaçant Magtheridon quand il nota la présence des aventuriers. Laissez-moi vous remercier à ma façon...

— Bon allez, trêve de plaisanterie ! dit soudains le mort-vivant comme s'il était revenu à la réalité. À L'ATTAQUE !

Ses serviteurs démons furent les premiers à se ruer sur le Seigneur des Abîmes qui sous la surprise hurla "SALES TRAITES !" à leur égard.

Le reste de l'escouade suivit le mouvement et tous vinrent assaillir le démon à peine libéré de leur attaques habituelles. Ce dernier se débattit comme un beau diable face à ses assaillants

Dans la mêlée, Fyrvas dût alterner entre sa forme de panthère pour esquiver les attaques de Magtheridon et sa forme d'ours pour l'attaquer. Mais il put à peine lui érafler une écaille de ses griffes.

Parmi les serviteurs de Morspev, seuls le marcheur du vide, le gangrechien et le gangregarde tinrent bon contre le Seigneur des Abîmes. Le diablotin s'était fait d'entrée de jeu écrasé sous une patte et la succube balayée d'un revers du bras.

Ce fut au beau de plusieurs minutes de sorts lancés qu'ils parvinrent à percer l'armure du démon et le blesser sérieusement. Du sang vert commença à couler de part et d'autre de son corps massif.

— On dirait que ces années d'emprisonnement t'es ramolli, tout compte fait ! fit remarquer Morspev sarcastiquement.

— Arh ! Vous ne m'aurez pas aussi facilement ! pesta rageusement Magtheridon. Ma prison sera votre tombe !

Sur ses mots, il frappa de ses bras et de sa queue les murs de sa cellule et le fit trembler jusqu'à l'effondrement.

N'obéissant qu'à leur instinct, Harrina rappela Fyrvas et Morpsev via ses sorts de téléportation auprès d'elle et de Beliah qui, serrant le totem qu'il portait autour du cou d'une main et levant l'autre au ciel, invoqua un bouclier de protection contre les débris qui tombaient des murs et du plafond. Les serviteurs du mort-vivant n'eurent pas la même chance que leur invocateurs et sombrèrent dans l'éboulement, ensevelis avec Magtheridon.


Le calme revenu, le vieux tauren retira son bouclier et s'écroula à bout de force. Tous étaient vidé par l'affrontement et l'éboulement. La prison du démon était maintenant à ciel ouvert et formait un gros trou dans la Citadelle.

— Qu'est-ce qui vous êtes passé par la tête ? demanda rageusement la magicienne à son mort-vivant de père. Vous avez failli nous faire tuer !

— Et pourtant, nous sommes tous vivant ! lui répondit sereinement le mort-vivant. N'est-ce pas ce qui compte ? Enfin, vivants... Pour vous trois, c'est sûr.

— Oui, nous sommes vivant, dit le vieux tauren. Mais qu'en est-il du démon...

Comme pour répondre à sa question, Magtheridon se dépêtra à grand peine des débris. Il avait l'air plus mal au point que jamais. Il avait une défense de cassé, les ailes en lambeaux et il saignait de partout. Mais les flammes qui semblaient l'animer continuaient de brûler.

— Tst tst tst ! Battu par ta propre force ! commenta Morpsev en s'approchant triomphalement du démon blessé. Voilà ton erreur fatale, Magtheridon !

— Faites attention ! lui prévient Harrina. Il peut encore vous détruire !

— Oh, c'est gentil de t'inquiéter pour moi ! lui rétorqua le mort-vivant avec sarcasme.

— Vous m'avez peut-être battu, mais vous n'avez rien gagné, le menaça le démon blessé. La Légion vengera ma mort et vous consumera tous.

— Et bien qu'elle vienne ! rétorqua Morpsev l'attention du démon. Je l'attends de pied ferme.

Et sans crier gare, il se mit à drainer le peu d'énergie qui restait au démon, ayant pour effet d'affaiblir les flammes sur son dos et dans ses yeux jusqu'à l'extinction et le faire dépérir à vue d'œil. La bonne nouvelle était qu'il ne risquait plus d'exploser et de consumer quiconque étant à proximité en mourrant ainsi.

Un cristal de couleur vert plus gros que le poing d'un humain se matérialisa dans les mains du mort-vivant qui le contempla avec un regard cupide, comme un chercheur d'or devant la plus grosse pépite qu'il n'eût jamais trouvé. Fyrvas crut même l'entendre murmurer "toute cette puissance" tandis qu'il admirait son trésor.

— Et voilà comment on vient à bout d'un démon, messieurs dames ! déclara-t-il triomphant et après avoir repris ses esprits. Ne me félicitez pas surtout !


On entendit soudain un toussotement rauque depuis les décombres et Fyrvas vit un démoniste orc agonisant, remuant faiblement sous les débris. Le druide s'en approcha avec prudence mais pas moins décidé.

— On ne devrait pas s'attarder plus longtemps, suggéra la magicienne. On a accompli notre mission, retournons faire notre rapport.

— Juste une minute ! lui répondit le druide avant de se tourner vers l'orc agonisant. Dis-moi qui dirige l'Outreterre et j'abrégerai tes souffrances.

Fyrvas tenait à se faire une idée de l'identité de l'ennemi qu'il s'apprêtait à affronter, qui était assez puissant pour vaincre un démon comme Magtheridon, le faire enfermer et lui voler son titre de Seigneur de l'Outreterre. Un nom, c'était tous ce qu'il lui fallait.

— Vous... *tousse* Ne pouvez rien... Contre lui, répondit l'orc entre deux quintes de toux graves. Il... Contrôle tout... Voit tout... Personne ne lui résiste... *tousse* Sans le payer de sa vie...

— Son nom ! insista le druide. Je veux son nom !

— Il... *tousse* Li... Dan...

Le druide fut stupéfait de ce qu'il venait d'entendre. Il s'attendait à tout sauf à entendre ce nom en de pareilles circonstances.

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