Un monde brisé

Situées au nord du marécage Zangar, les Tranchantes formaient une région montagneuse et aride et devaient leur nom aux falaises, canyons et autres chaînes impressionnantes de rochers escarpés formant des pics immensément longs, acérés et tranchants, tels des ronces géantes.

Cette terre aride et inhospitalière était principalement occupés par des clans ogres dont la plupart étaient encore hostiles à leur cousins orcs, qu'ils fussent de l'Ancienne ou de la Nouvelle Horde. Mais les vrais maîtres de la région étaient leurs cousin primitifs : les massifs gronns. Ces géants à l'œil unique, aux bras simiesques et au dos aussi épais que de la pierre faisaient régner la terreur sur Draenor par leur taille et leur force brute bien avant l'arrivée de la Légion Ardente.

Un des plus célèbres était Grull le Tue-dragon, craint et vénéré comme un dieu par les ogres de la région, qui avec l'aide de ses sept fils et les tribus ogres leur servant de fidèles, étendait son emprise de fidèles, jusque dans les plaines de Nagrand, au sud du marais, où vivaient les derniers orcs marrons — ou "Mag'har" comme ils se faisaient appeler.

Ce fut précisément pour mettre fin au règne de terreur de Grull et ainsi libéré leur peuple que Dranosh et Garrosh étaient partis combattre le gronn à commencer par ses fils quand ils furent capturés et faits prisonniers par la Gangr'horde. Ils en avaient battu six sur les sept quand ils furent amener à la Citadelle des Flammes Infernales.

Suite à leur récente libération, ils purent reprendre leur quête où ils l'avaient laissé avec cette fois l'aide et le soutien de leur libérateur. Non sans récupérer les têtes décapités des gronns qui leur avaient été confisqués durant leur captivité.

Des têtes tellement lourdes et imposantes qu'il fallut une charette pour les transporter. Et ce fut Walkyro, le plus costaud de la troupe, qui fut chargé de tirer la charette durant tout le trajet, malgré les protestations du taurens n'aimant pas être traité comme une bête de somme.

Ils trouvèrent et vanquirent assez facilement le dernier fils de Grull. Celui-ci n'ayant pas encore fini sa croissance, ce n'était encore qu'un jeunôt, un "gronnling". Le plus dur fut de détacher la tête de son corps.

Il ne restait que Grull à défier et à tuer.

Durant le trajet, en direction du Repaire du géant vers le nord, des deux orcs marrons qui ouvraient la marche, seul Dranosh était enthousiaste et impatient de mettre fin au règne de terreur du gronn et ainsi prouver leur valeur, devenir les héros qu'ils rêvaient d'être. Garrosh quant à lui, demeura défaitiste, traînant sa hache au sol et clamant que ce n'était qu'une perte de temps, qu'avec ou sans l'influence du gronn, leur peuple était déjà condamné.

Sentant une tension monté entre les deux orcs marrons, Baorekh crut bon d'intervenir :

— Dites... Si vous vous faites appelez les "non-corrompus"... Comment avez-vous échappé à la corruption de la Légion Ardente ?

— Par un étonnant coup du destin ! lui répondit Dranosh. Avant le fameux Pacte de Sang avec Mannoroth, certains d'entre nous avions été contactés par une maladie virulente et contagieuse qui nous a valu d'être mis en quarantaine dans les plaines Nagrand...

— Isolés dans un petit village pouilleux, créé et dirigé par ses... tapettes du clan Loup-de-givre ! ajouta Garrosh en pestant à la mention du clan orc susnommé.

— Bref, ce fut grâce à cette quarantaine que nous furent épargné de la corruption de la Legion Ardente, repris Dranosh.

— Et durant des années nous avons dû apprendre les valeurs de la famille et de la communauté auprès de cette vieille chamane... alors que nous étions séparés de nos famille et nos clans ! pesta de nouveau Garrosh. Qui eux conquéraient des royaumes, réduisaient à néant des royaumes, des empires, déplaçaient des montagnes, prouvaient leur valeur au combat ! Pendant que nous, isolés du reste du monde, loin des combats, loin de la guerre, nous devions apprendre à vivre "en harmonie" avec notre environnement et à réprimer nos pulsions guerrières ! Ils ont fait de nous les faiblards qu'ils sont ! Et je suis supposé succéder à la chamane en tant que chef du clan ! Tu parles d'un cadeau !

—Le pire qui pourrait arriver être notre clan, ce serait de supporter ton caractère de cochon ! rétorqua Dranosh agacé.

— Je voulais éviter une nouvelle querelle, je crois que c'est raté, en conclut le sorcier troll dépité.

— LES GARS ! s'écria soudain Walkyro en désignant les pics au dessus du groupe sur lesquelles et empalés des cadavres de dragons aux écailles noirs.

— Ceux sont bien des dragons du Vol Noir, dit Brotar en observant les cadavres. Je les reconnaîtrais entre mille. Sûrement ceux qui ont tenté de conquérir Draenor après la défaite de la Horde, vingt ans plus tôt.

— Et qui ont dû se frotter à Grull, ajouta Dranosh. Nous sommes sur la bonne voie, les gars ! Continuons !

Sur ces mots, le groupe reprit la marche... À l'exception de Walkyro qui fixait les cadavres de dragons pas très rassuré.

— 'Comprends mieux pourquoi on le surnomme le "Tue-dragon" ! commenta Turakh, toujours juché sur son raptor Éventreuse, avant de remarquer que le taurens ne bougeait pas d'un pouce. Hé, Walk ! T'es en train de nous retarder, tu sais ?

— Ces dragons... Ce grull... Il doit être incroyablement puissant, non ? demanda le tauren qui reprenait lentement la marche de moins en moins rassuré. Je veux dire, dix fois plus puissant que le jeune gronn qu'on a battu ?

— Ouais, et alors ?

— Je veux dire, ils ont beau dire que c'était un jeunôt, il m'avait quand même l'air assez costaud. Assez pour que même une tribu d'ogre le redoute. Mais celui-là, qui a dû se frotter au plus puissants et redoutables dragons d'Azeroth... Sincèrement, je ne le sens pas, cette quête !

— Hé, tu n'vas pas faire ta chochotte quand même ? lui répondit le chasseur troll. On en a vu d'autres sur Azeroth. Tu te rappelles de l'invasion de Durotar ? Du gouffre de Ragefeu ? De notre excursion au Mont Rochenoire où nous sommes venu à bout d'un de ses dragons noirs ? De Zul'Gurub où nous avons affronte le Loa du Sang en personne ?

— Et tu oublies notre passage dans les Marais du Chagrin où nous avons trucider cette tribu de draeneïs primitifs et dégénérés, ajouta Brotar. Ah quel sacré carnage !

— Donc tu vois ? reprit Turakh. On a survécu à tous ça en travaillant ensemble. On survivra à un géant des montagnes en faisant pareil !

— Mais on avait le macchabée, sa magie démoniaque et ses serviteurs démons pour nous épauler ! lui rappela le tauren. Maintenant, il est je ne sais où avec mon grand-père et les deux autres d'Alliance, en train d'enquêter sur qui contrôle l'Outreterre et à la place on se retrouve avec deux orcs marrons qui ne font que se chamailler.

— À ce propos, j'espère qu'il n'en aura pas pour longtemps avec son affaire, intervint Baorekh. C'est qu'il commence à me manquer...

— Tiens donc ? Tu t'entends bien avec le macchabée, frangin ? demanda Turakh étonné.

— Au début, non ! lui répondit son frère. Mais à force de faire équipe, je sens une certaine complicité se créer entre nous.

— Tu comptes l'épouser un jour ? vint le narguer Brotar.

— Mmph... Pas avant que tu ne fasses ta demande ! lui rétorqua le sorcier troll avec une pointe de mépris.

— De quoi tu parles ? demanda l'orc vert irrité.

— Tu crois que je ne te vois pas faire des courbettes devant... (Baorekh désigna Garrosh de la tête)

— Tu ferais mieux de surveiller ta langue, troll ! le menaça Brotar. Elle commence à me déplaire !

—HO, LES GARS, VOUS VENEZ ? les interpella Dranosh impatient. Nous arrivons à la tanière de Grull ! Toi, le tauren, apporte les têtes !

Devant l'insistance des autres, Walkyro amena la charette avec les têtes de gronn, tremblant de peur, devant la caverne dont l'entrée était aussi imposante que la Porte des Ténèbres.

Une fois ayant déposé sa charge, il n'eut pas le temps de reculer quand Dranosh cria :

— Grull ! Ton règne s'achève ici ! Tes fils sont tous morts ! Viens donc te battre, lâche !

Il y eut un long silence de mort, durant lequel toute la troupe retint son souffle, immobile, à l'affût du moindre signe de l'arrivé du géant. Mais rien ne sortit de la grotte pendant une bonne minute.

— Peut-être qu'il s'est absenté ! suggéra Baorekh avec une pointe de sarcasme. On repassera plus tard, alors !

Mais soudain, Éventreuse s'agita et fut comme pris de panique, au point que Turakh eut de la peine à calmer et reprendre le contrôle de son raptor.

Puis Walkyro sentit le sol trembler sous ses sabots. À fréquences régulières. Avec de plus en plus de force. Pas de doute, le géant arrivait au galop.

À moins de temps qu'il n'en fallut pour le dire, le gronn était sorti de sa caverne, se déplaçant sur ses poings tel un gorille et exposant à la lumière du jour sa sale bobine et son unique œil. Et clairement il n'était pas content qu'on vint le déranger.

D'un geste rageur, il agrippa la charette d'une telle force qu'il réduisit en pièces et examina les têtes de ces fils avec tristesse avant de rentrer dans une colère noire.

— Vous... MOURIR !!! cria-t-il en brandissant le poing avant de fracasser le sol.

Le choc fut si intense que Walkyro fut projeté contre une paroi rocheuse de pierre sur laquelle il se brisa une corne, tandis qu'un éclat de roche frappa Brotar en plein front et l'assomma sur le coup. Pour finir, Turakh perdit le contrôle de son raptor qui rebroussa chemin en prenant les pattes à son cou. Il ne restait que les deux orcs Mag'har debout, ainsi que Baorekh à qui il incombait la tâche de s'occuper des blessés.

Tout en esquivant les points vengeurs du gronn, Dranosh et Garrosh prirent d'assaut les chevilles du géant pour lui asséner des coups de haches. Malheureusement, le gronn sur ses trois orteils ongulés, rendant ses chevilles difficilement atteignable. Sans compter que sa peau était encore plus dure que celle d'un kodo et qu'il bougeait sans cesse. Plutôt habilement pour un géant de son gabarit.

Heureusement, les deux orcs marrons tinrent bon, assez longtemps pour être rejoint par Brotar aussitôt remis sur pied et sa blessure à la tête soigné par le sorcier-docteur troll.

— Ne me remercie pas surtout ! maugréa Baorekh avant de s'occuper du tauren.

Malheureusement, les forces combinés des trois orcs ne suffirent pas à venir à bout du gronn de plus en plus énervé. Ils ne faisait que prolonger le combat, le rendu plus ardu et exténuant.

Les trois orcs commencèrent à faiblir quand Turakh, ayant réussi à reprendre le contrôle de sa monture, revint à la charge en criant "Taz'dingo !" et sautant sur les pics qui ornaient la canyon, la lance à la main.

Remarquant la présence du chasseur troll et de son raptor qui sautait de pics en pics, Grull se rua sur la paroi et tenta de les stopper en brisant les pics de ses poings. Mais le raptor esquiva les coups et avec l'agilité d'une chèvre des montagnes, il sauta sur le bras du gronn et grimpa jusqu'à l'épaule du géant. Là dessus, Turakh sauta de sa monture, la laissa descendre du dos du gronn avant de se faire écraser. Puis il grimpa sur sa nuque pour atteindre le sommet de son crâne duquel il planta sa lance dans l'œil unique de Grull.

Le gronn devenu aveugle entra en frénésie et lutta contre un ennemi invisible, faisant ainsi vaciller et tomber le chasseur troll le vide. Celui-ci vit sa chute interrompu à temps par l'intervention de son frère qui le fit magiquement léviter au dessus du sol. Grull quant à lui continuait à s'agiter à l'aveugle et finit par s'écraser contre une paroi rocheuse avec assez de force pour générer un éboulement.

Tout le groupe fut obliger de s'écarter et de se mettre à l'abri de cette gigantesque chute de pierres qui se déversait sur le gronn hébété.

Quand l'éboulement, le groupe vit Grull à moitié enseveli et bout de forces. Des morceaux de pics avaient apparemment eu de raison de son cuir et lui transpercaient le corps de part et d'autres, le vidant de son sang.

Puis Dranosh vint lui asséner le coup de grâce en lui plantant sa hache dans la jugulaire avant de crier victoire ("Lok-tar !").

— Alors, les gars, on assure ou pas ? demanda fièrement Brotar à ses compagnons.

— Si on assure ? On aurait pu tous nous faire tuer ! s'offusqua Baorekh qui tenait fermement Turakh épuisé par la taille. Mon petit frère a failli y rester ! Tu l'as vu comme moi !

— Et moi j'y ai laisse une corne ! se plaignit Walkyro en tenant dans sa main le morceau brisé de ladite corne. Si Grand-père me voyait...

— 'Fallait pas venir si vous n'êtes pas content ! leur rétorqua Garrosh qui malgré leur victoire sur le gronns n'avait toujours pas meilleur humeur.

— Ah ouais ? Et vous aurez fait comment sans notre aide ? s'offusqua de nouveau Baorekh.

— Tu veux dire sans MON aide ? s'empressa d'ajouter Turakh. Parce que 'faut dire que j'ai fais mouche sur ce coup...

— Ah, toi, ce n'est pas le moment de te pavaner ! l'interrompit sèchement son frère. T'aurais pu te faire tuer ! Je n'ai jamais eu aussi peur de ma vie ! Si notre mère avait été la...

— Hé ! Laisse maman en dehors de ça ! Et puis elle n'est pas là, justement !

— Vous voyez à quoi je suis contraint de me coltiner ! se plaignit Brotar à l'adresse de deux orcs marrons en désignant ses compagnons en train de se chamailler.

— Allons, du cran, les gars ! intervint Dranosh optimiste. C'est une belle victoire que nous avons là. Une qui restera gravé à jamais dans nos mémoire ! Il faut juste qu'on déloge une canine pour témoigner de notre triomphe à Garadar...

— Pauvres fous !

Cette voix grave et sinistre avaient surpris tout le monde tant elle avait surgi de nulle part.

— Vous et vos pathétiques alliés, vous osez pénétrer dans mon royaume, défier mes plus fidèles redoutables agents et interférer dans les plans ?

Le groupe chercha pendant un bon moment du regard la provenance de la voix avant de porter leur regard sur un pic restant de la falaise surplombant la dépouille du Grull. Dessus se tenait la silhouette menaçante d'un démon avec de longues cornes courbés et d'immenses ailes de chauve-souris, qui dominait l'assemblée de son regard vert luminescent.

— Vous ne savez pas à qui vous avez affaire ? leur demanda le démon d'un ton de plus en plus menaçant.

— Trêve de bavardage et descends de la, espèce de lâche ! le défia Dranosh. Allez, viens te battre !

Le groupe (à l'exception de Brotar qui semblait vouloir en demander) s'échangèrent des regards inquiets, pas très à l'aise d'affronter un autre ennemi après que le précédant leur ai donné du fil à retordre.

Puis un éclair surgit du ciel, à la surprise de tout le monde persuadé que le ciel était dégagé.

Une seconde surprise frappa le groupe en réalisant que l'éclair venait du Marteau-du-Destin brandit par le chef de guerre de la Horde, Thrall en personne, juché sur le loup de givre lui servant de monture et défiant le démon du regard.

Et il n'était pas seul. À ses côtés se tenait Rexxar, un hybride mi-ogre mi-orc, reconnaissable entre autre par sa haute stature (même pour un orc), son teint jaunâtre ainsi que sa cagoule en peau de loup noir le faisant davantage ressembler à un animal et toujours accompagné d'un ours brun presque aussi imposant que lui. Il était lui même armé de deux immenses haches.

— Oui, descends et viens te battre, démon ! dit Thrall sur un ton de défi à l'intention du démon en question. Viens donc prouver ta valeur à mes guerrier, si tu en as le courage !

Le démon resta immobile sur son perchoir, se contentant de lever un doigt griffu et menaçant vers l'assemblée et leur disant :

— Vous n'êtes pas prêts !

Puis il prit son envol et disparut dans le ciel, laissant le groupe perplexe quant à ses dernières paroles.

— "On n'est pas prêts", qu'il dit l'autre ! commenta Rexxar moqueur. 'Veut pas avouer qu'il a eu les chocottes, ouais !

Une fois remis de leurs émotions, le groupe reporta son attention sur Thrall.

— Chef de guerre ? Que faites-vous donc ici ? demanda Walkyro incrédule.

— La même chose que vous, j'imagine ! répondit nonchalamment Thrall qui descendit de sa monture. Combattre la Légion...

— Non, ce que je demandais aussi vite ? re-demanda le tauren.

— Dès l'instant où on m'a informé que la Légion Ardente était de retour et passait par là Porte des Ténèbres, j'ai pense qu'il fallait que je prenne les devants en tant que chef de guerre, expliqua Thrall. Alors je me suis rendu en Outreterre aussi vite que me l'a permis ma vieille Chant-de-Neige (il tapota l'encolure de son loup de givre).

" Une fois arrivé, Nazgrel m'a fait état de la situation et m'a ainsi révélé que vous aviez délivré deux orcs non-corrompus et que vous les escortiez dans ses montagnes. Alors me voici.

— Et lui-là, qu'est ce qu'il vient foutre ici ? demanda Brotar d'un ton dédaigneux à l'intention de Rexxar.

Le demi-orc portait le titre de Champion de la Horde pour ses prouesses héroïques durant la fondation de Durotar et malgré ça, Brotar ne le portait nullement dans son cœur. En grande partie pour sa nature hybride que l'orc méprisait conceptuellement, son mode vie solitaire et vagabonde, préférant la nature sauvage à la civilisation, mais surtout pour lui avoir volé sa victoire durant la fondation de Durotar. Il ne se passait pas un jour sans que Brotar songeât que sans cet hybride qui vivait comme un animal sauvage, ça aurait pu être lui le Champion de la Horde.

— Je profite que la porte soit ouverte pour revoir la terre où je suis né, répondit nonchalamment Rexxar. Et éventuellement voir ce qui restait de mon clan d'origine et de mes semblables.

— Je croyais que t'étais un solitaire, le nargua Brotar.

— Et alors ? rétorqua Rexxar. Un solitaire a bien le droit de renouer avec ses racines ! Toujours est-il que j'ai croisé la route de Thrall et le suis permis de faire un bout de chemin avec lui.

Dranosh, qui venait de réussir à arracher de la dépouille de Gruul une dent aussi large et épaisse que son bras, se présenta respectueusement devant Thrall, comme sur le point de faire sa révérence.

— Êtes-vous... Êtes-vous bien Thrall ? demanda-t-il. Le chef de guerre de la Nouvelle Horde ?

— En personne ! répondit le chef de guerre.

— Sang et tonnerre ! s'exclama Dranosh tandis qu'il se mettait à genoux devant Thrall. C'est un honneur de vous voir en chair et en os ! Vos exploits nous sont parvenus jusqu'en Outreterre ! Et avec votre permission, je serais plus qu'honoré de lettre la hache à votre service !

— Repos, soldat ! lui dit Thrall amusé par tant de louanges. Quel est ton nom ?

— Dranosh Saurcroc !

— Saurcroc ?... Mmmh... Ne serait-tu pas parent avec un certain Varok Saurcroc ?

— C'est mon père ! Vous le connaissez ?

— Si je le connais ? Il veille en ce moment sur Orgrimmar en mon absence...

Dranosh avait l'air d'être aux anges en réalisant que son père était en si bon termes avec l'orc qu'il vénérait pour lui faire office de second.

Brotar lui faisait la grimace durant cette rencontre. Il n'avait considéré Thrall comme un héros et encore moins digne d'être le chef de guerre de la Horde, le jugeant trop faible, lâche et pire encore, le reprochant d'affaiblir la Horde avec son "pacifisme".

Puis il se rappela de Garrosh, qui lui restait dans son coin à bouder comme à son habitude et avait fait le même reproche à ceux qui l'avaient élever un peu plus tord. Et qu'il était également le fils d'un guerrier légendaire.

Il se racla la gorge avant d'interpeller Thrall :

— Chef de guerre, permettez de vous présenter Garrosh Hurlenfer ici-présent !

— Hurle... Hurlenfer ? répéta Thrall déconcerté. Comme Grommash Hurlenfer ?

— Vous devez parler de celui qui a condamné notre peuple à l'asservissement pour la Légion Ardente ? lui rétorqua Garrosh. C'est bien mon père ! Faisant de moi le fils d'un vendu.

— Garrosh, je pense que t'as besoin de connaître la vérité sur ton père, lui dit Thrall compatissant. Sur ce qu'il a fait pour se rattraper...

— On pourrait parler de ça plus tard ? demanda Baorekh. Je ne tiens pas à rester une minute de plus dans ce canyon ! Pas s'il y à un autre gronns ou si ce démon revient avec une armada...

— Le troll n'a pas tort, chef de guerre, approuva Dranosh. Nous sommes trop exposés au danger dans ses montagnes. Venez plutôt avec nous dans notre village, dans le Nagrand. Nous serons plus en sécurité.

— S'il le faut ! concéda le Thrall qui vint à nouveau s'installer sur son loup de givre. Rexxar, seras-tu du voyage ?

— Désolé, chef, mais c'est ici que nos routes se séparent ! lui répondit Rexxar. Ne vous en faites par pour nous ! (Il tapota son ours) Misha et moi sommes habitués aux territoires hostiles.

Thrall n'insista pas, respectant la décision de l'hybride, et ordonna à Dranosh de les guider jusqu'à son village, Garadar, dans le Nagrand.

Le groupe reprit alors sa marche vers le sud, laissant derrière lui la dépouille à demi enseveli sous les rochers.

Brotar arborait un sourire mauvais en voyant Garrosh marcher aux côtés de Thrall.

— Baorekh, tu ne peux vraiment rien faire pour la corne ? demanda Walkyro sur le trajet.

— Désolé, Walk', mais réparer les cornes, c'est au delà de mes compétences de sorcier-docteur, lui répondit le troll. Il va falloir que tu te la colles toi-même ou attendre que ça repousse.