Cold Case Brûlante
Chapitre 1 : La vérité n'est pas ailleurs
4423 mots, Catégorie: T
Dernière mise à jour 15/07/2025 21:30
Avant-propos : cette fanfiction participe au défi d'écriture du forum Fanfictions.fr "Incendiaire" (juillet-août 2025). Niveau 2 : écrire sous une forme différente de celle du roman.
Dans le cadre de mes écrits professionnels, il y a deux choses que je déteste avec passion : la rédaction de rapports, la mise en forme desdits rapports… n'empêche que c'est plus drôle d'en inventer des fumeux que de devoir en produire des authentiques :p
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Rapport d’autopsie n° 9734-11 | Cas X193 | Dr Joy A. Bones, médecin légiste certifiée | 21 juin 1995 | Examen réalisé le mercredi 21/06/95 – 18h07 | Morgue de l’hôpital universitaire de Newport
Sujet : Hiverson Stuffhot
Sexe : Masculin
Âge : 65 ans
Date et heure présumée du décès : 21 juin 1995, 16h38
Lieu de découverte du corps : Square Lightrock, secteur 112-21, Yaquina Bay, Oregon
Note liminaire : heure et lieu de la mort établis sur la base d’un témoignage oculaire. Les constatations médico-légales indiquent une dissonance manifeste entre les faits et la description réalisée par le témoin : l’état avancé de calcination des organes internes, et l’absence de persistance de chaleur au moment des prélèvements d’échantillons, suggèrent un décès survenu plusieurs heures auparavant. Possiblement entre 11h15 et 12h45. Le lieu de découverte du corps ne présentant aucun signe lié à un embrasement, il ne peut être envisagé de manière crédible comme celui du décès.
Constatations externes
Le corps présente des lésions thermiques extrêmes, concentrées sur le tronc, la tête et la région dorsale. Brûlures de grade III à IV sur environ 95 % de la surface corporelle.
Les extrémités distales (paumes, plante des pieds) sont étonnamment préservées, ne présentant qu’un noircissement superficiel sans atteinte du derme inférieur.
Les vêtements portés au moment de la découverte du corps (chemise en polyester, pantalon en velours côtelé) sont en parfait état, sans signe de fusion, de brunissement ou de dommage thermique, ce malgré leur haute inflammabilité.
Aucun résidu thermique ni effet de rayonnement constaté sur les éléments végétaux à proximité directe du corps. La végétation au sol (fougères et bandes herbeuses) est intacte.
Constatations internes
- Cavité thoracique sévèrement compromise, avec destruction complète des organes thoraco-abdominaux.
- Le cœur, les poumons et le foie calcinés en totalité ; tissus viscéraux présentant un effondrement structural typique d’une exposition prolongée à des températures excédant les 800°C.
- La zone de l’oropharynx est trop altérée pour permettre l’analyse des cordes vocales ou de l’intérieur de la trachée. Ainsi aucun examen n’a pu être mené dans le but de conclure à l’absence ou à la présence de suie dans les voies respiratoires supérieures.
Observations complémentaires
Aucune substance inflammable ni trace de comburant chimique n’a été détectée à la surface du corps, sur les vêtements ou dans les échantillons de sol. Les analyses préliminaires ne mettent en évidence la présence d’aucun composé pouvant produire une combustion interne de cette intensité tout en épargnant entièrement les matériaux textiles environnants. Par ailleurs, l’incohérence thermique manifeste observée (brûlure totale du corps mais préservation intégrale des vêtements) n'est pas compatible avec un phénomène de combustion spontanée classique.
À la lumière de ces éléments, il convient de considérer avec prudence le témoignage indiquant une mort survenue sur place à 16h38. La plausibilité que le corps ait pu subir une dégradation structurelle aussi avancée en l’espace de quelques secondes et sans aucune altération de l’environnement proche, est nulle. De plus, la préservation complète des vêtements, y compris aux points de contact de zones carbonisées (torse, cou, abdomen), suggère fortement que le corps ait été habillé après l’exposition à la source de chaleur. Il est néanmoins à signaler que la rigidité cadavérique et la fragilité d’un corps brûlé auraient rendu cette manœuvre complexe.
Conclusion
Hypothèse d'un décès par brûlure de stade III et IV avec concentration des calcinations les plus profondes au niveau de l’intérieur de la cage thoracique. Le point d’origine n’a pu être déterminé. Aucune trace d’accélérant, de détonant ou de produit corrosif retrouvé. Les éléments réunis ne permettent pas, à ce stade, de confirmer les circonstances rapportées par le témoin. La chronologie des événements, ainsi que la scène de découverte, pourraient avoir été alterées et mises en scène post mortem.
En attente d’analyses toxicologiques et histologiques approfondies.
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Note interne – Police de Newport, antenne de Yaquina
Garde à vue de H. Eyes (témoin principal du décès de H. Stuffhot) levée le 23/06, 11h17. Aucune charge retenue. Soussigné l’inspecteur principal en charge des investigations.
Dick Tektiv.
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Strange Times Monthly N°7 — Providence, OR, Une du 30 Juin 1995
“Les Enflammés de Yaquina Bay : malédiction, mutation… ou message de l’au-delà ?”
Édito de Loonie Moonshine, journaliste d’investigation
C’est l’histoire d’un feu dévorant que personne n’a vu enfler. Un feu bleu et sacré qui ne brûle pas que les âmes : il épargne les rideaux et les buissons, mais transforme les êtres humains en boisseaux incandescents.
Dans la petite ville côtière de Yaquina Bay, deux morts horribles et inexpliquées par les sciences conventionnelles, ont ravivé les braises d’un mystère ancien : la combustion spontanée. Ce que les journaux traditionnels ne vous disent pas, c’est que ces morts ne sont pas isolées. Nos sources, proches des services secrets, affirment que des événements similaires ont eu lieu autour de Salem en 1987… oui, la ville de Salem, connue par le passé, pour ses chaudes exécutions de sorcières.
Mais ce n’est pas tout. Un ancien résident de la région, Forest Graup, ancien garde forestier, affirme que le feu n’est pas un ennemi, mais un ancien esprit de purification, revenu « réclamer ceux dont l’âme est flamboyante ». Selon lui, ces morts ne seraient pas des accidents, mais la sélection d’êtres parvenus à un niveau de conscience supérieur.
Coïncidence ou présage : la ville de Yaquina Bay se trouve exactement sur une ligne tellurique majeure, croisant les anciennes routes de migration des peuples amérindiens Yakona... pour qui le feu intérieur était un symbole sacré de transformation.
Ce que Strange Times a découvert est encore plus troublant… [Rendez-vous à la page 11-16 de notre enquête spéciale pour des révélations brûlantes !]
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Rapport d’autopsie n° 9738-19 | Cas Y116 | Dr Joy A. Bones, médecin légiste certifiée | 29 juin 1995 | Examen réalisé le vendredi 30/06/95 – 10h04 | Domicile du sujet Y116
Sujet : Ember Cooling
Sexe : Féminin
Âge : 23 ans
Date et heure présumée du décès : 29 juin 1995, entre 20h20 et 23h10
Lieu de découverte du corps : 29-06 Crystal Lake, Yaquina Bay, Oregon
Note liminaire : l’estimation temporelle repose sur l’intervention des services de police alertés par un voisin, inquiet de voir que les lumières étaient restées allumées toute la nuit du 29/06 au 30/06. Les données médico-légales ne permettent pas de confirmer précisément l’heure du décès, mais suggèrent un intervalle compatible avec une mort survenue plusieurs heures avant la découverte du corps. En raison de la fragilité extrême du reste des tissus du sujet, il a été décidé de procéder sur place à l’examen initial et aux prélèvements, dans le but de ne pas risquer d’altérer davantage le matériau. Des analyses plus poussées en laboratoire seront menées dans la journée. Celles-ci feront l’objet d’un addendum.
Constatations externes
Le corps est retrouvé en position assise, calciné de manière quasi complète, principalement au niveau du tronc, du crâne, des membres supérieurs et de la colonne dorsale. Brûlures de grade IV sur plus de 90 % de la surface corporelle. Les jambes sont en partie effondrées sous le siège, les pieds présentent cependant une relative préservation tissulaire. Les os métatarsiens sont intacts et la pulpe plantaire est la seule zone exploitable en vues d’analyses histologiques.
Fait notable : les vêtements portés au moment du décès (robe d’été en coton) ne présentent aucune trace visible de brûlure, de roussissement ou de rétraction thermique, et conservent leur intégrité textile complète. Il en va de même pour la nappe en dentelle blanche placée sur la table face à la victime, ainsi que pour la chaise en bois massif sur laquelle le corps repose. Aucun signe de déformation, noircissement ou chaleur résiduelle n’a été relevé. Aucune trace de propagation thermique n’est constatée dans l’environnement immédiat : les surfaces boisées, les rideaux, les murs et les sols carrelés n’ont pas été affectés par des flammes, de la chaleur ou de la fumée.
Constatations internes
- Cavité thoraco-abdominale entièrement détruite, avec calcination totale des organes internes (cœur, poumons, foie, estomac).
- Tissus mous réduits à l’état de poussière organique.
- Présence d’un effondrement osseux partiel du bassin et de la colonne lombaire.
- L’analyse des voies aériennes supérieures n’a pu être menée à bien en raison de la désintégration avancée de la trachée et du pharynx. Pas de suie, ni au niveau des fosses nasales, ni à l’intérieur de la cavité buccale. Dans l’état de dégradation du corps, cette absence ne permet pas de conclure ou d’exclure une mort par asphyxie.
Observations complémentaires
Les analyses chimiques n’ont révélé aucune trace d’accélérant, de composé inflammable ou de gaz domestique dans la pièce ou sur les vêtements.
Aucune anomalie électrique ou court-circuit n’a été relevé dans les installations, et les détecteurs de fumée étaient intacts mais inactifs. L’absence totale d’altération thermique de l’environnement immédiat, conjuguée à la destruction interne avancée du corps, reproduit un schéma quasi identique à celui observé dans le cas du sujet X193 (rapport 9734-11, daté du 21 juin 1995). Les matériaux situés à proximité directe (nappe en dentelle, robe en coton, mobilier en bois) auraient dû être affectés dans un contexte de combustion naturelle ou chimique connue. Cette dissociation thermique reste, à ce jour, sans explication plus probante qu’une altération volontaire de la scène du crime. Celle-ci est cependant rendue contestable par la fragilité du corps (Cf. Notes additionnelles : même en usant de toutes les précautions d'usage, la partie inférieure à la zone lombaire a été sévèrement détériorée lors du transport par nos équipes).
Conclusion
Pas de traces de traumatismes repérables sur les os. Hypothèse d’un décès par combustion massive avec point de démarrage dans la partie haute du corps, sans origine identifiable. Absence de traces de combustion chimique ou électrique. Pas de propagation de chaleur à l’environnement. Le possible caractère endogène du phénomène soulève des questions quant à la nature exacte de l’agent causal. Aucune théorie conventionnelle (incendie domestique, auto-combustion, acte criminel avec produit inflammable) ne permet de rendre compte de la configuration observée. La redondance des caractéristiques observées avec un cas précédent laisse envisager une origine commune ou une séquence événementielle similaire, bien que le mécanisme exact demeure inconnu. Les analyses toxicologiques et histologiques sont en cours. Celles effectuées pour le cas X193 n’avaient rien révélé.
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Newport News, édition du 07 juillet 1995
Incidents infâmes, incendies sans flammes
Une affaire aussi macabre que brûlante secoue le paisible village côtier de Yaquina Bay. En l’espace de trois semaines, c’est maintenant la troisième mort suspecte qui intervient dans le quartier résidentiel de la bourgade. La stupeur laisse place à la peur : les habitants sont terrifiés et les enquêteurs dépassés. Depuis le 21 juin, les autorités font face à des décès pour le moins inhabituels : les victimes semblent avoir été brûlées de l’intérieur — littéralement — alors que leurs vêtements, ainsi que tous les objets environnants, sont demeurés intacts, comme épargnés par le feu. Le premier cas a été signalé un mercredi après-midi, au cœur du square municipal. M. Hiverson Stuffhot, 65 ans, ancien professeur de chimie au lycée de Newport, s’est effondré soudainement, alors qu’il traversait une allée entourée d’arbustes. Un témoin raconte avoir vu une lumière bleue et vivace jaillir de son torse juste avant de l’englober complètement : « on aurait dit des flammèches turquoises s’échappant de lui […] c’était impressionnant. J’ai hurlé, lui a pas émis un son. Quelques secondes après que ça ait démarré, il était au sol, étendu raide mort et la lumière ressemblant à du feu s’est éteinte d’un coup. Le pauvre vieux ! Quand j’ai enfin osé approcher, j’ai vu qu’il avait entièrement cramé, son visage était méconnaissable, mais ses fringues étaient en parfait état. Un vrai truc de dingue. » Sous le choc le témoin nous a confié que le détail le plus incongru à ses yeux résidait dans le fait que les fougères sur lesquelles était tombé l’ancien enseignant soient restées parfaitement vertes, aussi exemptes de brûlures que les vêtements de la victime. Huit jours plus tard, la police retrouvait, à son domicile, Mlle Ember Cooling, décédée d’une manière vraisemblablement similaire à celle de M. Stuffhot. Assise à la table de sa cuisine, la jeune femme était carbonisée, jusqu’aux os, mais sa robe en coton ne portait aucun stigmate de l’incendie. Pas plus que la nappe en dentelle face à elle… ou que la chaise en bois soutenant sa dépouille. Du côté de nos soldats du feu, c’est l’incompréhension qui domine. « C’est comme si le feu ignorait tout ce qui n’était pas humain », glisse l’un d’eux. Aucun gaz suspect, aucune trace d’accélérant ou de court-circuit. Et les analyses des sols n’ont rien révélé d’anormal. Le shérif du comté, Gaiden Weary, s’est refusé à tout commentaire sur l’affaire depuis ses déclarations lapidaires du 30 juin : « L’enquête suit son cours. Nos équipes étudient toutes les pistes sérieuses et nous demandons à la presse de ne pas entretenir un climat anxiogène en répandant les rumeurs les plus farfelues ». [Voir édition 01/07/95 – Le shérif fait feu de tout bois et tente d’éteindre le brasier en étouffant la presse]. Selon nos sources, un adolescent — dont le nom n’a pas encore été communiqué — serait, au petit matin, devenue la troisième victime de ce qui s’annonce comme une série noire pour une commune sans histoire. Un informateur anonyme nous a affirmé que des agents du FBI étaient arrivés en ville dans la journée et reprenaient dès à présent la main sur les investigations. Une édition spéciale sera consacrée au sujet dès que l’identité de la victime sera confirmée. En attendant, les températures assommantes ne sont pas la seule chose pesant sur les habitants de Yaquina Bay… sous un soleil de plomb, les morts inexpliquées s’accumulent. Un mystère qui fait froid dans le dos.
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Conclusions, compte-rendu d’autopsie | Dr Dana Scully, médecin légiste fédéral | Dossier X329421 | 8 juillet 1995
Sujet : Aiden "Pyro" Cole, 17 ans, 7 mois.
Résumé des constatations :
Les analyses histologiques menées sur les fragments tissulaires prélevés au niveau de la pulpe plantaire et de la fosse orbitale gauche ont confirmé une nécrose thermique endogène, sans infiltration de suie ni de produits chimiques externes. Grâce à un matériel plus perfectionné que celui à disposition de l’équipe légiste de Newport nous avons pu procéder à l’analyse des voies respiratoires : aucun composé carboné ou toxique n’a été identifié.
Les examens menés au laboratoire fédéral de Quantico ont éliminé toute possibilité d’une combustion induite par irradiation ionisante ou tout autre vecteur connu de déstructuration thermique ciblée. Aucun corps étranger n’a été découvert dans les tissus, et le séquençage ADN n’a révélé aucune anomalie d’ordre génétique pouvant suggérer une mutation spontanée ou acquise.
Hypothèse de travail :
Bien que l’ensemble des éléments recueillis ne permettent pas d’identifier une cause naturelle ou intentionnelle au décès du sujet Cole, les résultats présentent une convergence frappante avec ceux des cas survenus à la fin du mois de juin et ayant touché deux individus résidant à proximité géographique directe. Le profil psychologique du défunt (fort isolement, accès d’anxiété documentés), combiné à la combustion constatée peut soutenir la perspective d'une forme rare d’altération somatique auto-induite.
S'il est nécessaire de rester prudent face à l'usage du concept de "combustion spontanée", les dégradations tissulaires des sujets rendent complexe la tenue d'explorations supplémentaires qui permettraient des hypothèses moins hasardeuses. L'absence totale de trace d’agent de propagation externe, de comburant, la sélectivité du phénomène, et son caractère localisé à l’organisme humain obligent à considérer la possibilité d'une forme d’interaction non conventionnelle – et non identifiée – avec l'environnement ayant enclenché un phénomène d’auto-combustion.
Conclusion :
Hypothèse d'un décès par combustion endogène, source d'activation non décelée. Aucune preuve concluante ne permet de statuer sur une cause criminelle.
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Rapport d’enquête, Agent Spécial Fox Mulder | Dossier X329421
13 juillet 1995 – Bureau Fédéral d’Enquête, Section Affaires Classées X
Objet : Phénomènes de combustion inexpliquée – Yaquina Bay, Oregon
Les agents D. Scully (matricule 42633) et F. Mulder (matricule 350477) ont été envoyés à Yaquina Bay, Oregon, le 7 juillet dernier, suite à la découverte du corps calciné d’un adolescent, Aiden Cole, sur la plage. Il s’agissait du troisième décès suspect en moins d'un mois dans un secteur géographique restreint (rayon de moins de cinq kilomètres).
Les faits marquants, inventoriés dans l’ordre chronologique, sont les suivants :
- 21 juin – Mort inexpliquée d'Hiverson Stuffhot, un témoin oculaire affirme avoir vu l'homme se consumer en quelques secondes.
- 29 juin – Mort d’Ember Ice Cooling, aucun témoin direct mais des brûlures similaires à celles de Stuffhot.
- 7 juillet – Aiden Cole, mort inexpliquée sur le rivage, deux témoins attestent l'avoir vu entouré de flammes bleues.
Les agents sur place ont interrogé les proches du jeune homme, ainsi que plusieurs élèves de son lycée. Il apparaît que l’adolescent avait récemment adopté le pseudonyme Pyro et manifestait un intérêt grandissant pour le feu, les orages et certaines formes de spiritualité occulte. Après investigations auprès de son entourage, il s'est avéré que Mlle Cooling présentait des centres d'intérêts similaires. Ils ont également procédé à l'audition des différents témoins des morts. Leurs propos –bien qu'extraordinaires – concordaient les uns avec les autres. La déposition de M. Hawk Eyes (qui avait un temps été soupçonné par les enquêteurs locaux), en particulier, est apparue fiable.
L’analyse croisée des trois cas de Yaquina Bay met en évidence un schéma récurrent :
- combustion rapide, localisée à l’intérieur du corps humain ;
- absence d’amorce externe ou de propagation environnementale ;
- présence de témoins (dans 2 des 3 cas) ayant observé une émission lumineuse bleutée partant de la poitrine, puis entourant le corps de la victime avant sa pseudo inflammation.
Le cas de Aiden Cole introduit une donnée supplémentaire : l’adolescent avait été signalé pour des comportements de repli et d’agitation émotionnelle extrême les jours précédant sa mort. Sa fascination croissante pour le feu, ainsi que certaines de ses lectures ésotériques interpellent : les ouvrages retrouvés dans sa chambre incluaient un exemplaire d’un traité latin non répertorié intitulé “Anima et intus Ignis”, invitant à expulser son énergie négative à l’extérieur de son corps et à en convoquer "le feu". Sur base de divers témoignages, nous avons appris qu’Ember Ice Cooling était coupeuse de feu à ses heures. La jeune femme subissait avant sa mort une situation de stress intense, aux prises avec de lourds problèmes financiers. Si aucun des éléments recueillis lors des investigations n’ont permis d’étayer un intérêt d' Hiverson Stuffhot pour le spiritisme, il est cependant à noter que celui-ci avait enseigné aux deux autres victimes à quelques années d’intervalle et que, selon d’anciens collègues, le jeune Aiden Cole nourrissait un vif ressentiment envers l'homme depuis une exclusion de cours intervenue trois ans auparavant.
Un relevé des champs électromagnétiques aux domiciles de Mlle. Cooling et à celui des parents de M. Cole ont mis en évidence une anomalie pulsatile entourant les deux demeures. Cette fréquence, oscillant autour de 7.83 Hz (résonance de Schumann), a persisté plusieurs jours après les décès, sans que des orages n’aient eu lieu à proximité.
Hypothèse : ces individus présentent peut-être une sensibilité exceptionnelle à certaines fréquences environnementales, ou bien une capacité psychosomatique latente de contrôle du feu. Le stress émotionnel intense, combiné à une forme d’“état de conscience modifié”, aurait pu déclencher une réaction endogène thermique fulgurante chez ces deux individus. La mort du professeur Stuffhot pourrait de son côté être accidentelle, à moins qu'elle ne soit la résultante d’une activité criminelle : Aiden Cole aurait croisé son ancien professeur honnis et, bouleversé, lui aurait involontairement fait prendre feu – à moins que le lycéen soit parvenu à contrôler « son feu » et à le projeter vers l’extérieur… avant d’être consumé par lui quelques semaines plus tard. Cela s’apparenterait à une pyrokinésie – passive ou volontaire – déclenchée par des facteurs encore non identifiés.
Recommandations : surveiller les fréquences des champs électromagnétiques de la région et repérer les éventuels sujets partageant des similitudes de profils avec les victimes dans un rayon de 60 km. Risque de récidive du phénomène dans la zone autour de la baie tant que les fréquences ne reviennent pas à un niveau conventionnel. Peut-être ne sommes-nous qu’au seuil d’un phénomène plus large, dont ces trois décès ne sont que les prémices…
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Agent Spécial Fox Mulder | Dossier X329421| Note confidentielle à l’attention du Directeur Skinner | 14 juillet 1995
Officiellement, l’enquête débouche sur une série d’incidents inexpliqués. Officieusement, j’envisage que nous soyons confrontés à une intelligence non humaine, venue réaliser des tests via cette série d'incendies. La baie de Yaquina — selon des archives locales — se trouverait au croisement de deux lignes telluriques majeures, où les énergies seraient plus instables. Je ne crois pas à des incidents fortuits, mais plutôt à des activations ciblées. Dans quel but ? À ce stade, il n’est possible que de spéculer. Dans certains textes traditionnels hindous sont évoquée des yogis capables d’enflammer à volonté des parties de leurs corps lors de séances de méditation ; de vieux traités d'alchimie parlent du “feu” dormant dans chaque être. Et si cet élément était réel, manipulable, dormant en chacun de nous ? Que pourrions-nous faire si certains individus venaient à le contrôler ? Peut-être sommes-nous les témoins des premiers essais d’une arme technologique appartenant à une autre espèce —voire à des êtres venus d’ailleurs et cherchant à comprendre comment habiter nos corps sans les brûler. Aujourd’hui la flamme bleue tue. Demain, elle pourrait faire autre chose : s’installer, se répandre… ou décimer l’humanité toute entière en quelques minutes. Le temps que les brasiers se multiplient et que nous nous consumions.
« Il arrive sur l’aile de l’ouragan. La caverne tremble à son approche, la flamme s’élève avec un nouvel éclat ; les explosions volcaniques des montagnes proclament la présence du roi du feu. » Walter Scott
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Répondeur de Fox Mulder :
« Je sais ce que vous allez dire, mais faites au moins l’effort d’étudier mes recommandations en gardant l’esprit ouvert. »
Message laissé le : 15 juillet 1995, 23h23
« Mulder... J’ai l’esprit ouvert, sans quoi vous auriez été mis à pied, il y a longtemps. J’ignore si vous avez simplement pris un coup de chaud sous le soleil de l’Oregon ou si vous avez perdu tout sens commun, mais, pour information, vous devriez ralentir sur la poésie et revenir visiter notre réalité ; votre brûlot est à la poubelle. Quant à la note confidentielle, vous déraillez : tout ne peut pas toujours être la faute des aliens ! J’attends un rapport non rempli d’insanités. Sur mon bureau, dans les meilleurs délais. Enfin Mulder… vous cherchez à mettre le feu au département ? Une fois votre rapport rédigé, transmettez-le à la brigade chargée des Cold Case et prenez des vacances. C’est un ordre. Et, tant que vous y êtes, allez dans un pays très froid : le cercle arctique doit être superbe à cette saison. »
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Notes : j'espère que les quelques lignes finales ne me font pas rater le N2... je n'ai pas résisté à l'envie de laisser Skinner s'exprimer. Si ça ne le fait pas, je transformerais l'échange en télégramme ou en mail ;)
Et pour le titre, je me suis récemment fait la réflexion qu'X-Files, en vrai, c'est la gestion des "Cold Case" surnaturelles ^^