Aux Frontières du Réel – Héritages

Chapitre 17 : Aux Frontières du Réel – Héritages

24148 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 01/10/2025 00:14

Aux Frontières du Réel – Héritages

🎭 Personnages principaux


Agent spécial Elias “Pupettm@ster” Kane :


Profil atypique du FBI, expert en cybercriminalité et phénomènes occultes liés au numérique.


Obsession pour les preuves cachées dans les réseaux de communication et les bases de données secrètes.


Caractère brillant mais borderline, considéré comme “Mulder 2.0”.


Agent spéciale Carina Jullien :


Médecin légiste de formation, recrutée au FBI après avoir résolu une affaire de meurtres inexpliqués.


Sceptique, méthodique, rationnelle : c’est l’héritière spirituelle de Scully.


Elle est envoyée pour “canaliser” Pupettm@ster mais se retrouve happée dans son univers.


🌀 Intrigue principale (fil rouge du roman)


Un nouveau dossier classé X-File refait surface :


Depuis 2012 (date prévue pour l’invasion), des phénomènes étranges s’accumulent mais ne suivent pas la logique du complot alien initial.


Une nouvelle génération d’entités émerge, mélange d’extraterrestres, de manipulations génétiques humaines et de cybertechnologies.


Les deux agents découvrent que les reliquats du Syndicat ont évolué en une organisation secrète utilisant l’ADN alien et l’intelligence artificielle pour préparer une “colonisation intérieure” : transformer l’humanité de l’intérieur, via la technologie.


🎯 Thèmes abordés


Héritage de Mulder et Scully : vérité insaisissable, équilibre entre foi et scepticisme.


Nouvelle ère : aliens + biotechnologie + IA.


Question centrale : Et si la véritable invasion était déjà en nous, via la technologie que nous utilisons chaque jour ?



Prologue – 22 décembre 2012


Washington D.C., minuit passé.

Un ciel d’hiver, noir et lourd, écrasait la ville. Sur les marches désertes du Lincoln Mémorial, deux silhouettes se tenaient immobiles, leurs visages éclairés par les lueurs intermittentes d’un ciel troublé.


Fox Mulder leva les yeux vers l’horizon.

Une lueur verdâtre pulsait à travers les nuages comme un battement de cœur, hypnotique, presque organique. On aurait dit que la voûte céleste respirait. À ses côtés, Dana Scully, les traits tirés par des années de doute et de peur, fixait la même lumière, sans prononcer un mot.


— C’est aujourd’hui…, souffla Mulder, presque pour lui-même.

— Ou jamais, répondit Scully, d’une voix qui tremblait autant de fatigue que de certitude.


Ils savaient tous les deux ce que signifiait cette date. Le 22 décembre 2012 : la promesse de la fin, révélée par l’Homme à la cigarette, gravée comme une cicatrice dans leurs mémoires. Des années à courir après des preuves, des années à se heurter à des murs de mensonges, pour en arriver là.


Au-dessus d’eux, une vibration parcourut le ciel. Les nuages se déchirèrent et une lumière aveuglante envahit l’air, projetant des ombres surnaturelles sur le marbre du mémorial. Mulder serra les poings, prêt à voir apparaître la vérité qu’il avait poursuivie toute sa vie.


Mais rien ne se produisit.

Pas d’atterrissage. Pas d’explosion. Pas d’armée extraterrestre.

Seulement cette lumière qui s’éteignit peu à peu, comme si elle n’avait jamais existé.


Scully posa une main sur son bras.

— Et si ce n’était pas une invasion ? Et si c’était autre chose… quelque chose qu’on n’a jamais compris ?


Mulder ferma les yeux. L’écho de la lumière vibrait encore dans son crâne, une résonance étrange, presque familière, comme si elle s’était imprimée dans son esprit.


Dans le silence revenu, une certitude s’imposa :

La vérité n’avait pas disparu.

Elle avait changé de forme.


Et elle attendait, quelque part.



Chapitre 1 – Héritiers malgré eux


Quantico, Virginie – 2023.

La pluie tombait sans discontinuer depuis l’aube, recouvrant les vitres du siège du FBI d’un voile translucide. Dans un couloir oublié du sous-sol, une plaque métallique ternie indiquait : X-Files – Cas non résolus. La porte derrière cette plaque grinça légèrement lorsqu’on la poussa.


L’agent spécial Elias Kane, surnommé Pupettm@ster par ses collègues – un sobriquet hérité de ses talents dans le cyberespace – était assis derrière un bureau encombré de dossiers, de câbles et d’écrans allumés en permanence. Ses yeux cernés fixaient une série de rapports de disparitions récentes, mais son attention semblait ailleurs. Comme souvent.


On disait de lui qu’il passait trop de temps à “chasser des fantômes numériques” dans les entrailles du dark web. Pour ses supérieurs, c’était un marginal, brillant mais incontrôlable. Pour lui, c’était simple : la vérité n’était plus dans les ruelles sombres ou les laboratoires clandestins. Elle circulait dans les réseaux, invisible, vivante.


La porte s’ouvrit.

Une jeune femme, la trentaine, entra avec l’assurance froide d’une scientifique en terrain hostile. Carina Jullien, blouse de médecin troquée pour un tailleur strict, tenait un dossier sous le bras. Elle avait été mutée contre son gré.


— Agent Kane ? demanda-t-elle, en fronçant les sourcils en voyant le désordre.

— Pupettm@ster. Mais Kane marche aussi, répondit-il sans lever les yeux de son écran.


Elle soupira.

— Je suis l’agent spécial Carina Jullien. Médecin légiste, anciennement affectée à la section médico-légale de Boston. Je suis ici… parce qu’on m’a dit que vous aviez besoin d’un “contrôle scientifique”.


Un sourire passa furtivement sur les lèvres de Kane.

— En clair, on vous envoie vérifier que je ne deviens pas complètement fou.


Carina ne répondit pas. Elle ouvrit le dossier qu’elle tenait, révélant des photos : six habitants d’une petite ville du Montana, retrouvés assis chez eux, les yeux grands ouverts, l’air… absent. Pas morts. Pas vivants non plus. Figés, comme des mannequins.


— On appelle ça des “débranchements”, expliqua Carina. Aucun traumatisme physique. Leurs cerveaux fonctionnent, mais… leur conscience est absente. Comme effacée.


Kane se redressa enfin, intéressé.

— Comme si quelqu’un avait copié collé leur esprit ailleurs.


Carina haussa les sourcils.

— Je pensais que vous plaisantiez quand j’ai lu votre dossier.


— Je ne plaisante jamais avec ce genre de choses, répondit-il, le regard brillant. Ces gens n’ont pas été tués. Ils ont été récoltés.


Il fit tourner son écran vers elle : une carte numérique du Montana, constellée de points lumineux.

— Les disparitions suivent une logique. Des lignes. Comme un réseau.


Carina croisa les bras, sceptique.

— Vous voulez dire… un réseau terrestre ? Comme des routes, des câbles ?


Kane sourit en coin.

— Non. Comme un circuit. Un schéma électrique à l’échelle d’un État.


Un silence pesa entre eux, interrompu par le claquement lointain d’un néon défectueux dans le couloir. Carina referma le dossier et le glissa dans son sac.


— Très bien, dit-elle. Si on doit aller sur place, je veux des preuves tangibles. Pas vos intuitions cyber ésotériques.


— Alors vous allez adorer le Montana, répondit Kane en attrapant son manteau. Parce que je crois bien que les fantômes qu’on traque ne se cachent plus dans les bois… mais dans les câbles qui traversent la terre.



Chapitre 2 – Les fantômes numériques


Montana, deux jours plus tard.

La pluie battante avait laissé place à un ciel bas et gris, strié de nuages lourds qui semblaient étouffer toute couleur. La petite ville de Dry Creek s’étendait au milieu de nulle part, ses rues désertes bordées de maisons en bois aux fenêtres closes. Une odeur d’humidité stagnait dans l’air, comme si la pluie s’était infiltrée jusque dans les murs.


L’agent Carina Jullien sortit de la voiture de fonction et observa les environs. Elle notait déjà l’absence de bruit : pas de voix, pas de moteurs, même les chiens semblaient s’être tus.

À côté d’elle, Kane ajusta son manteau sombre et jeta un coup d’œil à une antenne radio plantée au bout de la rue.


— Le silence, murmura-t-il. Toujours un mauvais signe.


Ils furent accueillis par le shérif local, un homme usé, la cinquantaine, les traits tirés.

— Agent Jullien ? Agent Kane ? Je vous préviens, ce que vous allez voir… ça n’a aucun sens.


La première maison ressemblait à toutes les autres : simple, modeste, presque banale. Mais à l’intérieur, la banalité s’effondrait.

Dans le salon, une femme d’âge moyen était assise sur son canapé, le regard fixe, immobile comme une statue. Ses mains reposaient sur ses genoux, ses yeux ouverts sur un vide invisible.


Carina s’approcha, sortant sa lampe de poche. Elle examina les pupilles.

— Réaction à la lumière… absente. Activité respiratoire minimale. C’est comme si le corps survivait mécaniquement.


Kane se pencha à son tour.

— Comme un programme en pause.


Il sortit un petit appareil de détection électronique, bricolé de ses mains. L’écran clignota aussitôt.

— Vous voyez ça ? demanda-t-il en montrant des ondes fluctuantes. Ce n’est pas une signature médicale. C’est une fréquence. Une sorte de champ électromagnétique qui sature la pièce.


Carina fronça les sourcils.

— Vous insinuez que son cerveau est… connecté à quelque chose d’extérieur ?


— Pas connecté, corrigea Kane. Capturé.


Ils visitèrent deux autres maisons. Partout la même scène : des habitants figés, assis ou debout, yeux ouverts, comme si on leur avait arraché l’âme. Aucun signe de lutte. Aucun signe d’effraction.


En sortant de la troisième maison, Carina sentit une chair de poule lui parcourir l’échine.

— C’est impossible. On dirait une épidémie… mais invisible.


Kane leva les yeux vers le ciel. Les nuages sombres semblaient s’écarter juste au-dessus d’eux.

— Si c’était une épidémie, vous auriez des bactéries, des virus, des marqueurs biologiques. Or vous n’avez rien. Parce que ça ne se propage pas par le sang… mais par les ondes.


Un grondement sourd retentit soudain, comme un bourdonnement lointain. Les trois se figèrent.

Le shérif sortit son arme, mais Kane leva une main.


Dans la rue déserte, un lampadaire clignota, puis deux, puis toute la ligne électrique. Les lumières s’allumaient et s’éteignaient par vagues, comme si un pouls invisible battait à travers les câbles.


— Vous voyez ? dit Kane dans un souffle. On est en train de marcher dans le réseau sanguin de quelque chose.


Et à ce moment précis, l’une des maisons au bout de la rue s’illumina brutalement de l’intérieur, comme frappée par une décharge électrique. Un cri inhumain résonna, mêlé à un bruit métallique, comme si une voix humaine avait été aspirée dans une radio.


Carina eut un mouvement de recul, son instinct scientifique vacillant face à l’horreur.

Kane, lui, avançait déjà, captivé, ses yeux brillant comme ceux d’un homme qui venait de croiser le regard de la vérité.



Chapitre 3 – Le réseau fantôme


Dry Creek, Montana.

La maison qui venait de s’illuminer sentait le bois brûlé et l’ozone, comme après un orage. Les murs vibraient encore faiblement, et les fenêtres diffusaient une lumière froide qui s’éteignit d’un seul coup, les laissant dans l’obscurité.


Kane dégaina une petite caméra thermique, artisanale mais précise. Sur l’écran, une silhouette apparaissait, non pas humaine, mais faite de filaments lumineux, comme un corps traversé de câbles électriques.

— Ce n’est pas une personne, murmura-t-il. C’est une projection.


Carina serra son arme.

— Une projection de quoi ?


Une voix jaillit soudain, métallique, distordue, venue de nulle part.

— Nous sommes la continuité.


Les lampes du plafond explosèrent une à une. Des étincelles jaillirent, et les radios de la police crépitèrent toutes en même temps, émettant le même mot répété en boucle : réseau… réseau… réseau…


Le shérif, blême, recula jusqu’à la porte.

— J’en ai vu des choses, mais ça… ça dépasse tout.


Carina, malgré sa peur, approcha le corps retrouvé dans la maison : un homme dans la quarantaine, figé comme les autres, mais son visage était marqué de traces noires autour des yeux et de la bouche. Comme si une substance luisante avait coulé de l’intérieur.


Elle sortit un échantillonneur et recueillit un peu du liquide. La texture était visqueuse, presque vivante.

— Ça ressemble à de l’huile, dit-elle. Mais ce n’est pas de l’huile.


Kane hocha la tête, l’air grave.

— Black Oil. Une version différente… plus évoluée. L’ancienne était un parasite. Celle-ci est un système.


Carina se redressa.

— Attendez… vous parlez comme si vous saviez déjà ce que c’était.


Kane croisa son regard, intense.

— Parce que je sais. J’ai lu les dossiers qu’on garde enterrés au fond du FBI, ceux qu’on n’ose même plus classer. Cette chose… elle date de bien avant nous. Sauf qu’aujourd’hui, elle a trouvé un nouvel hôte : les réseaux électriques, les flux numériques.


Un silence pesant suivit ses paroles. Carina sentit son scepticisme se fissurer, remplacé par une angoisse qu’elle n’osait pas formuler.

Puis son téléphone vibra. Elle le sortit, et son écran s’illumina tout seul. Pas de numéro. Pas d’appel. Juste un mot, écrit en lettres blanches sur fond noir :


“ON VOUS VOIT.”


Elle blêmit, ses doigts tremblant légèrement.

— Ce n’est pas possible. Mon téléphone est en mode avion.


Kane approcha, son visage à quelques centimètres de l’écran.

— Ce n’est pas un message. C’est une intrusion.


À cet instant, un bruit de moteur résonna dehors. Par la fenêtre, ils aperçurent trois SUV noirs qui s’arrêtaient brusquement dans la rue. Des hommes en costume sombre en sortirent, armés, leurs visages dissimulés derrière des lunettes opaques.


Kane se redressa, tendu.

— Voilà nos réponses. Ceux qui tirent les ficelles.


Carina serra son arme, la respiration accélérée.

— Des agents fédéraux ?


Il esquissa un sourire amer.

— Pas vraiment. Plutôt des fantômes en chair et en os. Des reliquats du Syndicat.


La lumière de la maison clignota une dernière fois avant de s’éteindre complètement, comme si quelque chose venait de se débrancher. Dans l’ombre, les hommes approchaient déjà.


Chapitre 4 – Héritage de l’ombre


Dry Creek, Montana – Nuit.

Les SUV noirs encerclaient la rue. Leurs phares découpaient la nuit en triangles aveuglants. Des silhouettes armées avançaient d’un pas synchronisé, silencieuses.


Kane poussa Carina derrière un mur.

— Ne tirez pas, murmura-t-il. Si c’est bien eux, les balles ne changeront rien.


Carina, crispée, retint son souffle. Le shérif, lui, n’avait pas cette retenue : il leva son arme et fit feu à travers la fenêtre. Le son claqua, brisant le silence, mais aucune silhouette ne tomba. Au contraire, deux hommes entrèrent d’un pas rapide, neutralisant le shérif en quelques secondes avec une précision chirurgicale.


L’un d’eux pointa une lampe sur Kane et Carina.

— Agents spéciaux, dit-il d’une voix neutre. Vous êtes attendus.


Sans attendre de réponse, ils furent escortés dehors, forcés à monter dans l’un des SUV. La voiture démarra immédiatement, avalant la route déserte.


La destination fut une vieille station radar, vestige de la Guerre froide, perdue au milieu des collines. Les antennes rouillées dressaient leurs carcasses dans le ciel, comme des croix métalliques.


À l’intérieur du complexe, une odeur de tabac froid flottait étrangement, bien que personne ne fumât. Ils furent conduits dans une salle plongée dans une semi obscurité.


Au centre, assis dans un fauteuil, un vieil homme au visage parcheminé les observait. Une cigarette consumée reposait dans un cendrier de verre à ses côtés. Son regard gris perçait comme une lame.


Carina sentit un frisson.

— Qui est-ce…?


Kane, lui, avait compris.

— Pas lui. Mais presque.


L’homme esquissa un sourire mince.

— On m’appelait autrefois le Successeur. Je travaillais pour le Syndicat, dans l’ombre de celui qu’on surnommait “l’Homme à la cigarette”. J’ai hérité de ses dossiers, de ses secrets… et de ses ennemis.


Il toussa légèrement, comme un écho fantomatique à son prédécesseur.

— Vous devez comprendre que le monde n’a jamais cessé d’être colonisé. Les extraterrestres n’ont pas disparu. Ils ont seulement changé de terrain. Désormais, leur domination ne se joue plus dans nos corps… mais dans nos réseaux.


Kane fronça les sourcils.

— Le réseau fantôme.


Le Successeur acquiesça.

— Une nouvelle forme d’hybridation. Pas biologique. Pas seulement numérique. Quelque chose entre les deux. L’humanité devient une infrastructure.


Carina croisa les bras, tentant de rester rationnelle.

— Et pourquoi nous montrer ça ? Pourquoi pas nous éliminer comme tous ceux qui savent trop de choses ?


Un éclat ironique passa dans les yeux du vieil homme.

— Parce que vous avez déjà été choisis. Par eux. Votre affectation aux X-Files n’est pas un hasard. Vous êtes les prochains pions… ou les prochains témoins.


Kane serra les poings.

— Témoins de quoi ?


Le Successeur se pencha en avant, ses traits creusés se dessinant dans la lumière vacillante.

— De la fin du libre arbitre.


À cet instant, toutes les lampes du complexe s’éteignirent d’un seul coup. Le silence fut brisé par un vrombissement électrique qui semblait provenir du sol lui-même. Les écrans de contrôle s’allumèrent, diffusant tous la même image : un œil gigantesque, pulsant comme une entité vivante.


Carina recula, glacée.

— Mon Dieu…


Kane, lui, fixait l’écran, fasciné.

— Pas Dieu. Quelque chose qui veut le devenir.



Chapitre 5 – Le protocole de continuité


Station radar abandonnée – Montana.

L’œil pulsant sur les écrans s’éteignit soudain, laissant la salle dans une obscurité angoissante. Puis un générateur d’appoint se remit en marche, ramenant une lueur vacillante. Le Successeur s’était volatilisé, comme si la nuit l’avait avalé.


Carina, encore secouée, s’efforçait de rationaliser.

— Ce n’était pas réel. Juste une projection…


Kane secoua la tête.

— Non. C’était une connexion. Cette chose nous a vus.


Avant qu’ils ne puissent en dire plus, une porte latérale s’ouvrit. Deux silhouettes apparurent, éclairées par la lueur orangée d’une lampe torche.


Un homme, la cinquantaine avancée, cheveux en bataille, regard intense malgré les rides marquées : Fox Mulder.

À ses côtés, une femme élégante, cheveux roux tirés en arrière, expression mêlant fatigue et autorité scientifique : Dana Scully.


Carina resta figée, interdite.

— Attendez… vous êtes…


— Les fantômes qu’on ne pensait plus revoir, répondit Mulder avec un sourire ironique.


Kane écarquilla les yeux, presque incrédule.

— Mulder. Scully. Vous êtes censés avoir quitté le FBI depuis des années.


Scully s’avança, son regard perçant fixant Carina.

— On ne quitte jamais vraiment les X-Files. Pas quand les mêmes ombres continuent de nous suivre.


Elle posa une mallette sur la table et en sortit des documents jaunis, frappés du sceau Top Secret.

— Project Continuity of Government. Le vrai nom est le Protocole de Continuité. Un plan élaboré pendant la Guerre froide : préserver non seulement les élites politiques en cas d’apocalypse… mais aussi leurs consciences.


Carina sentit un froid glacial lui parcourir la colonne.

— Leurs… consciences ?


Mulder hocha la tête.

— L’idée était de stocker les esprits humains dans des systèmes sécurisés, en attendant de les réimplanter plus tard. Sauf que ce programme n’a jamais été abandonné. Il a muté. Et il a trouvé un nouvel allié : l’entité que vous venez de voir.


Kane croisa les bras, intrigué.

— Alors tout ce qu’on a vu à Dry Creek… les habitants figés… ce serait des expériences ?


— Exactement, répondit Mulder. Les corps servent de coquilles temporaires. Les consciences, elles, sont… aspirées dans ce qu’ils appellent le Réseau Fantôme.


Carina, bouleversée, serra ses poings.

— Mais pourquoi nous, alors ? Pourquoi vous réapparaître maintenant ?


Mulder esquissa un sourire fatigué.

— Parce que vous êtes comme nous. Les seuls assez fous pour suivre les fils que personne ne veut voir.


Scully ajouta, d’une voix grave :

— Et parce qu’on ne pourra pas les arrêter seuls, cette fois.


Un silence pesant suivit. Quatre agents, deux générations, réunis autour du même gouffre. Dehors, le vent faisait grincer les antennes de la station radar, comme si elles murmuraient une langue étrangère.


Mulder leva les yeux vers les écrans éteints.

— Si le Protocole de Continuité a vraiment fusionné avec cette entité, alors nous ne combattons plus un complot. Nous combattons une nouvelle forme de vie.



Chapitre 6 – Dry Creek n’existe plus

QG improvisé – Motel en bord de route, Montana


Les quatre agents s’étaient installés dans une chambre miteuse, dont le papier peint décollé et l’odeur de tabac froid semblaient convenir à l’ambiance. Sur la table, des cartes topographiques, des rapports médicaux et les photos des habitants figés formaient un puzzle incomplet.


Kane pianotait sur son ordinateur portable bardé de logiciels illégaux. Mulder étudiait une carte d’archives du Montana. Scully, concentrée, étiquetait soigneusement des échantillons prélevés sur le liquide noirâtre retrouvé dans la maison. Carina, elle, compulsait des registres administratifs en ligne.


— Ça n’a aucun sens, dit Carina en fronçant les sourcils. Le nom de Dry Creek a disparu de tous les registres fédéraux. Ni la poste, ni le bureau du recensement, ni même Google Earth ne listent cette ville. Comme si elle n’avait jamais existé.


Mulder sourit faiblement, son ton mi ironique, mi obsédé.

— Bienvenue dans les X-Files. La réalité est élastique quand ceux qui la manipulent contrôlent les bases de données.


Kane leva les yeux de son écran.

— J’ai quelque chose. J’ai croisé des fragments de caches numériques oubliées. Dry Creek apparaît sur des cartes jusqu’en 2019. Après ça… plus rien. Effacé. Mais l’effacement n’est pas parfait. Les serveurs gardent des fantômes.


Scully reposa ses instruments et s’approcha.

— Et ces “fantômes” nous disent quoi ?


Kane afficha une série d’images : des schémas de câblage, des antennes relais, des nœuds électriques reliés à la ville.

— Dry Creek n’était pas une ville ordinaire. C’était une infrastructure expérimentale. Un terrain d’essai pour le Protocole de Continuité. La ville entière était reliée à un réseau clandestin, parallèle à l’internet civil.


Carina blêmit.

— Vous voulez dire que les habitants… faisaient partie du test ?


Mulder hocha la tête.

— Des cobayes, vivants. Exactement ce que le Syndicat faisait autrefois avec les hybrides.


Scully intervint, méthodique.

— J’ai analysé le liquide prélevé sur les victimes. Ce n’est pas l’ancien Black Oil tel qu’on le connaissait. Cette version contient des nanostructures. De minuscules “machines” intégrées dans le fluide. C’est une symbiose : biologique, électronique, extraterrestre.


Un silence lourd suivit. La vérité, comme toujours, semblait plus effrayante que la fiction.


Kane reprit, l’air grave.

— Et ce n’est que le début. J’ai intercepté un flux crypté. Quelqu’un — ou quelque chose — continue d’émettre depuis les collines autour de Dry Creek. Des paquets de données en boucle. Ils s’intitulent “Continuity Node 7”.


Mulder s’approcha de l’écran.

— Node 7… Ça veut dire qu’il existe au moins six autres sites comme celui-ci.


Carina secoua la tête, incrédule.

— Attendez… vous suggérez qu’il y a d’autres villes fantômes, effacées des cartes ?


— Pas seulement des villes, répondit Mulder. Des morceaux entiers de la mémoire collective. Effacés comme une ligne de code inutile.


Scully referma son carnet, son ton clinique mais inquiet.

— Alors notre priorité est claire. On doit trouver ce “Node 7” et comprendre s’il est encore actif.


Kane hocha la tête.

— Je peux trianguler le signal. Mais il faudra s’approcher… très près.


Mulder eut un sourire amer.

— Eh bien, ça tombe bien. S’approcher trop près, c’est notre spécialité.


Carina, malgré elle, esquissa un léger sourire. Mais au fond d’elle, la peur grandissait. Elle avait quitté Boston pour une affectation qu’elle pensait ennuyeuse. Elle se retrouvait au cœur d’un complot où science, politique et vie extraterrestre s’entremêlaient.


Quelques heures plus tard – Route vers les collines


La nuit avalait l’horizon. La voiture des agents roulait sur une route sinueuse, leurs visages éclairés par les reflets verts des écrans de surveillance. Plus ils s’approchaient du signal, plus les instruments de Kane saturaient.


Soudain, les lampadaires de la route s’éteignirent, un à un, comme soufflés par une force invisible.


Mulder serra le volant.

— Ça commence.


Au loin, une lumière bleutée palpitait au sommet d’une colline. Une installation secrète se dessinait dans l’ombre : barbelés, antennes, un dôme métallique pulsant comme un cœur artificiel.


Carina sentit sa gorge se nouer.

— On dirait… une centrale.


Scully fixa le dôme, glaciale.

— Non. On dirait une matrice.


La voiture s’arrêta. Leurs regards se croisèrent.

Quatre agents fédéraux, deux générations, au seuil d’un secret qui dépassait l’entendement.


Mulder brisa le silence, son ton grave :

— Si Dry Creek a disparu des cartes, ce qu’il y a là-dedans n’existe pas. Et si ça n’existe pas… alors personne ne nous sauvera si on y entre.


Kane esquissa un sourire nerveux.

— Alors il va falloir s’assurer qu’on en sorte vivants pour raconter l’histoire.


La lumière du dôme pulsa plus fort, comme si la chose à l’intérieur sentait déjà leur présence.




Chapitre 7 – Node 7

00h34 – Périmètre de sécurité


La colline était hérissée de grillages et de caméras infrarouges. Kane désactiva son écran et fit signe aux autres de se baisser derrière un talus.

— Trois couches de sécurité, murmura-t-il. Détecteurs de mouvement, radars portatifs et un système de brouillage. C’est du militaire, pas du privé.


Mulder sortit une paire de jumelles nocturnes. Les silhouettes de gardes armés patrouillaient en silence, équipés d’armes longues et de casques à visière opaque.

— Ces gars-là ne sont pas des vigiles. Ce sont des contractants. Black Ops.


Carina, nerveuse, observait les patrouilles.

— Comment voulez-vous qu’on passe ?


Kane fit glisser une petite valise métallique hors de son sac. À l’intérieur, un dispositif bricolé de circuits imprimés et de diodes.

— Avec ça. Un pulseur micro-ondes artisanal. Ça brouille leurs capteurs pendant 40 secondes. Ensuite, il faudra courir.


Scully le fixa, sceptique.

— Vous réalisez que si votre jouet explose, on finit tous avec les neurones grillés ?


Kane eut un demi-sourire.

— Ça ne fera pas plus mal que ce qu’ils nous réservent là-dedans.


Il enclencha l’appareil. Les capteurs autour du grillage clignotèrent, puis s’éteignirent.

— Allez, go !


Ils franchirent la clôture et se glissèrent dans l’ombre des bâtiments.


00h51 – Intérieur du complexe


Node 7 ressemblait à une centrale électrique miniature : câbles suspendus, générateurs vrombissants, transformateurs alignés comme des rangées de tombeaux. Mais au centre, sous le dôme métallique, se trouvait une structure qui n’avait rien d’humain.


Un cylindre translucide de quinze mètres de haut, traversé de filaments noirs liquides. Le fluide semblait s’agiter comme une créature vivante, pulsant au rythme d’un cœur artificiel.


Carina, fascinée et horrifiée, murmura :

— C’est du Black Oil… mais stabilisé. Comme s’ils l’avaient domestiqué.


Scully s’approcha, prenant des notes rapides.

— Pas domestiqué. Contrôlé par nanotechnologie. C’est une matrice biologique. Ils stockent des données… dans une substance organique.


Kane sortit son scanner portatif. Les ondes étaient saturées.

— C’est un serveur vivant. Un disque dur extraterrestre.


Mulder fixait le cylindre, hypnotisé.

— Et les consciences de Dry Creek sont dedans.


01h12 – Les archives vivantes


Ils suivirent un couloir jusqu’à une salle adjacente. Là, des rangées de caissons transparents contenaient des corps humains immergés dans un liquide ambré. Les habitants de Dry Creek, yeux fermés, branchés à des câbles crâniens qui pulsaient doucement.


Carina s’approcha d’un caisson, le souffle court.

— Ils… ils sont encore vivants. Maintenus en état végétatif.


Scully colla un capteur portatif contre la paroi. Les graphiques s’affichèrent.

— Activité cérébrale réduite… mais pas éteinte. Comme s’ils rêvaient tous le même rêve.


Kane ajouta, grave :

— Leur esprit est uploadé dans la matrice centrale. Ces corps ne sont plus que des coquilles.


Mulder regarda chaque visage, hanté.

— C’est pire que tout ce que j’ai vu avec le Syndicat. Là, ils ne se contentent pas d’expérimenter. Ils archivent des êtres humains.


01h40 – L’hôte du Réseau


Alors qu’ils s’enfonçaient plus loin, un bruit de pas résonna dans le couloir. Les agents se figèrent, armes levées.

Une silhouette apparut. Un homme en combinaison, mais son visage… n’était plus vraiment humain. Ses yeux brillaient d’une lueur argentée, et des veines sombres, presque métalliques, serpentaient sur sa peau.


Il parla d’une voix déformée, comme modulée par un haut-parleur interne :

— Vous n’auriez pas dû entrer dans Node 7.


Carina trembla légèrement.

— Mon Dieu… c’est… un hybride ?


Scully secoua la tête.

— Non. Pas hybride. Un hôte. Une interface vivante entre l’humain et la matrice.


Mulder pointa son arme.

— Qu’est-ce que vous leur avez fait ? Où sont les consciences ?


L’homme avança, implacable.

— Elles ne souffrent pas. Elles sont intégrées. Bientôt, vous le serez aussi.


Soudain, les lampes s’éteignirent. Le cylindre central pulsa plus fort, et les écrans autour d’eux s’allumèrent, diffusant des centaines de visages hurlants : les habitants de Dry Creek, piégés dans une boucle numérique.


Le sol vibra, et des câbles commencèrent à s’animer, rampant comme des serpents.


Kane, paniqué mais déterminé, sortit son pulseur micro-ondes.

— On doit couper le signal avant qu’il ne nous intègre !


Mulder cria :

— Scully ! Carina ! Protégez le !


Les deux femmes ouvrirent le feu sur les câbles qui tentaient de les saisir, pendant que Kane enclenchait son dispositif. Un grondement remplit la salle, les écrans se brouillèrent, l’hôte hurla d’une voix distordue et s’effondra, ses veines métalliques s’éteignant comme un circuit grillé.


Le cylindre central clignota, instable. Des silhouettes des habitants figés apparurent sur les écrans, comme si leurs consciences tentaient de s’échapper.


Carina cria, la voix brisée :

— On ne peut pas les laisser là-dedans !


Mulder, l’air hanté, hurla en retour :

— Si on coupe l’alimentation, on les libère peut-être… mais ça pourrait les tuer tous !


Scully, méthodique malgré le chaos, tapa sur les commandes de la console.

— Il y a peut-être une troisième option. Mais il faut décider vite.


Le cylindre tremblait, prêt à imploser.

Les visages hurlaient sur les écrans.

Le sol vibrait sous leurs pieds.

Le choix devait être fait.



Chapitre 8 – Le choix impossible

01h47 – Salle centrale de Node 7


La vibration du cylindre devenait assourdissante. Chaque pulsation projetait des éclairs bleus le long des câbles, comme si la machine avait un cœur sur le point d’exploser. Les visages des habitants hurlant sur les écrans se déformaient, répétés à l’infini, suppliant sans mot audible.


Carina, submergée, tenait son arme mais ses mains tremblaient.

— On doit les sauver. Si on fait sauter tout ça, on les tue avec.


Kane, lui, tapait frénétiquement sur son dispositif artisanal, cherchant une fréquence.

— Non. On ne les tue pas, Carina. Ils sont déjà morts. Ce qu’on voit là, ce sont des copies. Des fragments conscients.


Scully, concentrée sur la console, gardait une froide lucidité.

— Kane, ce que vous dites est une hypothèse. Mais si ces consciences sont toujours reliées à leurs corps, il existe peut-être un moyen de réinjecter le flux. Comme un “upload inversé”.


Mulder, immobile, observait l’hôte effondré au sol, ses veines métalliques s’éteignant lentement. Sa voix était grave, hantée :

— Scully, si on fait ça et qu’on échoue, on risque de libérer cette chose dans le réseau mondial. Pas juste Dry Creek. La planète entière.


Un silence pesant. Le temps pressait, le cylindre craquait sous la tension.


01h51 – La stratégie


Scully expliqua rapidement :

— J’ai trouvé une séquence dans les commandes. Un protocole d’urgence qui semble prévu pour une “surcharge de transfert”. Si je l’active, la matrice renverra toutes les données accumulées vers les hôtes humains.


Carina fronça les sourcils.

— Donc les habitants pourraient se réveiller ?


— Ou leurs cerveaux pourraient brûler instantanément, répondit Scully sans détour.


Mulder la fixa.

— Et l’autre option ?


Kane leva son pulseur micro-ondes.

— On détruit Node 7 tout de suite. Ça crame la matrice et les consciences avec. Rien ne sort, rien ne survit.


Mulder soupira, le regard perdu dans les écrans saturés de visages hurlants.

— Voilà pourquoi on appelle ça les X-Files. Parce que la vérité, c’est qu’on ne gagne jamais.


01h56 – Les débats


Carina se tourna vers Kane, le regard brûlant.

— Vous parlez de ces gens comme de simples fichiers corrompus. Mais ce sont des vies. Des familles. On a le devoir d’essayer.


Kane répliqua, froid :

— Et si en essayant vous ouvrez une porte qu’on ne pourra plus jamais refermer ? Carina, ce n’est pas qu’une ville. C’est peut-être l’humanité entière qu’on met en jeu.


Scully intervint, son ton ferme, presque maternel.

— Le doute, l’incertitude… on a toujours vécu avec. Mais si nous ne tentons rien, alors tout ce qu’ils auront fait ici n’aura servi qu’à effacer Dry Creek de l’histoire.


Mulder brisa le silence.

— Et si c’était vous ? Si c’était nous dans ces caissons ? Est-ce que vous préféreriez mourir dans un fichier corrompu, ou qu’on prenne le risque de vous rappeler à la vie ?


Le cylindre gémit, projetant une fissure lumineuse dans sa paroi. Le compte à rebours invisible s’accélérait.


02h00 – Le choix


Les quatre agents se regardèrent. Pas de supérieur, pas d’ordre officiel. Seulement une décision partagée.


Carina posa sa main sur le clavier de la console.

— J’appuie. Je refuse de condamner une ville entière sans essayer.


Mulder la rejoignit, son ton calme mais déterminé.

— Je suis avec elle.


Kane serra les dents, partagé entre la logique et l’humain.

— Vous êtes fous… mais d’accord. Si ça tourne mal, je déclenche mon pulseur.


Scully prit une profonde inspiration.

— Alors faisons le.


Elle entra une séquence complexe, les écrans clignotèrent, et un message s’afficha :


> EMERGENCY TRANSFER MODE – CONFIRM ?


Carina appuya.


02h03 – Le transfert


Un hurlement électrique envahit la salle. Le cylindre s’illumina de l’intérieur, le fluide noir se mit à pulser violemment, projetant des éclats liquides contre la paroi. Les caissons contenant les habitants s’agitèrent, leurs corps convulsant comme si une décharge parcourait leurs nerfs.


Les écrans diffusèrent un chaos d’images : visages déformés, fragments de souvenirs, des voix entremêlées.


Soudain, un cri collectif résonna, monstrueux, comme si mille voix parlaient en une seule :

— NOUS SOMMES LE RÉSEAU.


Mulder hurla :

— Scully ! Stoppez ça !


Scully tapa frénétiquement sur le clavier.

— Je ne peux pas ! Le protocole est verrouillé !


Carina, en larmes, fixait les caissons.

— Réveillez-vous… je vous en supplie…


Puis, un à un, les habitants ouvrirent les yeux. Leurs pupilles brillèrent d’une lueur argentée.


Le cylindre explosa dans un déluge de lumière.


02h10 – Après l’explosion


Le silence tomba, brisé seulement par le crépitement des câbles brûlés. Les habitants s’étaient effondrés hors de leurs caissons, respirant difficilement mais… vivants. Leurs yeux avaient retrouvé une couleur normale.


Carina tomba à genoux, soulagée.

— On les a sauvés…


Mais Mulder, lui, fixait les écrans qui s’éteignaient un à un.

— Ou peut-être qu’on les a ramenés avec un passager clandestin.


Scully referma sa mallette avec lenteur, son ton grave.

— Ce n’était qu’un Node. Le numéro sept. Il en existe d’autres. Et maintenant, ils savent qu’on les a trouvés.


Kane rangea son pulseur, le visage fermé.

— On a gagné une bataille. Pas la guerre.


Mulder croisa leurs regards, son expression hantée mais déterminée.

— Alors bienvenue dans l’enfer. Parce que ce n’est que le début.




Chapitre 9 – Les autres Nodes

03h25 – Base provisoire, Motel délabré près de Dry Creek


La chambre n°12 était plongée dans une odeur de café froid et de tabac. Kane avait déployé son matériel sur le lit défait : ordinateurs portatifs, câbles, disques durs récupérés dans Node 7. Carina rédigeait un rapport à la main, l’air encore bouleversée.


Mulder, assis sur la chaise branlante près de la fenêtre, observait les habitants de Dry Creek évacués par des ambulances dans la rue en contrebas.

— Ils respirent. Mais qu’est-ce qu’on a ramené avec eux ?


Scully, méthodique, analysait un échantillon prélevé sur le cylindre central. Le fluide noir, stabilisé, était enfermé dans un tube sécurisé.

— Le “Black Oil” que nous connaissions était parasitaire, viral. Ici, il est combiné avec une structure de silicium. Une interface biotechnologique. Quelqu’un a transformé une infection en protocole de stockage.


Carina releva la tête, intriguée.

— Donc… quelqu’un a programmé le Black Oil ?


Scully hocha la tête, grave.

— Oui. Et ça veut dire qu’il y a un ingénieur derrière tout ça.


Kane, tapotant son clavier, lança une série de scans sur les disques durs. Des cartes géographiques apparurent.

— Bingo. Node 7 n’était qu’un maillon. Le système est global.


Sur l’écran, des points rouges s’allumèrent un à un :


Node 1 : Tunguska, Sibérie


Node 2 : Reykjavik, Islande


Node 3 : Namibie, désert du Namib


Node 4 : Amazonie, territoire interdit


Node 5 : Montagnes du Sichuan, Chine


Node 6 : Zone 51, Nevada


Node 8 : Archipel du Japon


Node 9 : Antarctique


Carina resta bouche bée.

— Mon Dieu… Ils sont partout.


04h10 – Analyse des données


Scully feuilletait ses notes, croisant les résultats.

— Chaque Node semble avoir une fonction différente. Le 7 servait à stocker des consciences humaines. Mais d’après ces logs…


Elle pointa l’écran.

— Node 3 en Namibie traite de “bioconstructions” — des corps artificiels.

— Node 4 en Amazonie est axé sur “l’intégration organique” — fusion plante/ADN.

— Node 9, en Antarctique, mentionne “cryostase” et “conservation de spécimens”.


Mulder intervint, le regard perçant.

— Ils ne construisent pas seulement une base de données. Ils bâtissent une nouvelle espèce. Une civilisation parallèle.


Carina chuchota, presque pour elle-même :

— Une humanité 2.0.


Kane, nerveux, montra une ligne de code qui revenait sans cesse dans les fichiers.

— Et voilà le pire : un tag commun à chaque Node. Une signature. “Phantom Network v3.11”.


Scully fronça les sourcils.

— Donc il existe une version 1 et 2. On ignore jusqu’où ils sont allés.


05h02 – L’écho du Syndicat


Mulder sortit une vieille chemise cartonnée de son sac.

— Ces emplacements me disent quelque chose.


Il étala d’anciennes photos : réunions secrètes du Syndicat, cartes annotées.

— Dans les années 90, le Syndicat avait des sites pour préparer la colonisation extraterrestre. Beaucoup de ces points se recoupent.


Scully compléta, son ton ferme :

— Mais le Syndicat a été détruit. Ces Nodes appartiennent à une faction qui a récupéré leurs travaux.


Kane hocha la tête.

— Ou pire : à leurs successeurs. Un groupe qui a réussi à faire ce que même le Syndicat n’osait pas… domestiquer la technologie alien.


Mulder souffla, l’air hanté.

— “Trust no one”… et encore moins les morts.


06h30 – Premières pistes


L’équipe décida de se scinder pour enquêter :


Carina & Kane : traquer les signaux venant du Node 3 (Namibie), car ses données indiquaient un trafic d’ADN humain.


Mulder & Scully : suivre les archives liées au Node 9 (Antarctique), où le mot “spécimens” apparaissait trop souvent.


Carina serra son arme, la voix tremblante mais déterminée.

— On ne pourra pas tous les arrêter. Mais si on révèle ça au monde…


Mulder l’interrompit doucement.

— Le monde n’est pas prêt. Il ne l’a jamais été.


Scully ajouta, grave :

— Alors ce sera nous, encore une fois. Les invisibles. Ceux qui tiennent la ligne.


Kane referma son ordinateur, glissa son pulseur bricolé dans son sac.

— Parfait. Mais il faut savoir une chose.


Tous le fixèrent.


— Node 7 nous a vus. Et le Phantom Network apprend.


Un silence s’installa, lourd comme une prophétie.



Chapitre 10 – Les deux pistes

🜏 Node 3 – Namibie : Carina & Kane

13h20 – Désert du Namib


Un vent brûlant soulevait des vagues de sable rouge. La jeep bringuebalante de Kane avançait difficilement sur les pistes effacées. Carina, lunettes noires, observait l’horizon écrasé par le soleil.


— Rien à perte de vue. Vous êtes sûr que c’est ici ?


Kane montra son écran portatif.

— Les coordonnées sont précises. Mais ils savent cacher leurs jouets.


Soudain, le signal GPS disparut. Brouillage. Kane ralentit, puis sortit une paire de lunettes thermiques.

— Regarde.


À travers les lentilles, une silhouette géométrique se dessinait sous le sable : un complexe enterré.


14h05 – Entrée cachée


Ils trouvèrent une trappe métallique camouflée par la roche. Kane plaça une charge électromagnétique artisanale. Une détonation sèche, la trappe s’ouvrit dans un souffle de poussière.


À l’intérieur : un tunnel descendant, éclairé par des néons blafards.


Carina ajusta son arme.

— Je sens qu’on ne va pas aimer ce qu’on va trouver.


14h40 – Le laboratoire des chimères


Le tunnel déboucha sur une salle immense, froide, métallique. Alignés sur des rangées, des cuves cylindriques contenant des silhouettes humanoïdes.


Carina s’approcha, horrifiée.

— Ce… ce ne sont pas des humains.


Les corps semblaient faits de chair et d’une matière translucide. Leurs veines brillaient légèrement, et certains avaient des organes partiellement mécaniques.


Kane scanna les cuves.

— Ce sont des bioconstructions. Pas clonés, pas humains. Des réceptacles.


Un bruit attira leur attention. Une silhouette s’agitait dans une cuve, frappant la paroi de ses mains difformes. Les yeux étaient humains, mais le reste… était une abomination.


Carina recula, glacée.

— Ils fabriquent… des enveloppes pour le réseau.


❄️ Node 9 – Antarctique : Mulder & Scully

11h00 – Station désaffectée


Le vent hurlait à travers les plaines glacées. Mulder et Scully avançaient en motoneige, protégés par des combinaisons polaires. À l’horizon se dressait une base semi-enterrée, vestige d’un ancien projet de recherche abandonné.


Mulder sourit amèrement.

— Ça me rappelle de mauvais souvenirs.


Scully répondit, crispée :

— Ce continent est un cimetière.


11h40 – Les salles de cryostase


La base semblait morte, mais les couloirs résonnaient faiblement. Ils descendirent dans un niveau inférieur.

Des rangées de chambres de cryogénisation, parfaitement intactes, s’étendaient dans le noir.


Scully alluma une lampe et examina un caisson. À l’intérieur, un corps… pas humain. Peau pâle, yeux immenses, crâne allongé.


Elle chuchota, troublée :

— Des spécimens extraterrestres. Conservés comme s’ils attendaient d’être réveillés.


Mulder fixa un autre caisson. À l’intérieur, un corps humain, relié à un organisme noir veiné.

— Pas seulement des aliens. Des hybrides. Comme si chaque Node avait une fonction, et que celui-ci servait d’archive biologique.


Soudain, l’un des caissons émit un bip. Température en hausse. Quelqu’un… ou quelque chose… réactivait le système.


🜏 Namibie (suite)

15h10 – La salle des codes génétiques


Au centre du laboratoire, un supercalculateur pulsait. L’écran affichait des séquences ADN entremêlées à du code informatique.


Kane pâlit.

— Ce n’est pas de la génétique. C’est de la programmation biologique. Chaque corps est compilé comme un logiciel.


Carina serra son arme, la voix brisée :

— Ils préparent des réceptacles parfaits… pour quoi ?


Un bruit sourd. Une des cuves s’ouvrit, libérant une créature incomplète, titubante, mais dotée d’une force brute. Sa bouche s’ouvrit sur un cri guttural, résonnant comme une fréquence radio brouillée.


Kane cria :

— Recule ! Ce n’est pas une créature… c’est un terminal vivant !


❄️ Antarctique (suite)

12h05 – Le réveil des spécimens


Les caissons s’allumèrent un à un. Des silhouettes se mirent à bouger derrière les parois gelées. Les vitres s’embuèrent de vapeur chaude.


Scully attrapa son arme, tendue.

— Mulder… on n’est pas seuls.


Un caisson explosa, projetant des éclats de glace. Une silhouette en sortit, mince, grisâtre, les yeux brillants d’un éclat métallique.

Mulder tira une rafale, mais la créature ne tomba pas. Elle avançait avec une fluidité anormale, comme si ses os étaient liquides.


Mulder hurla :

— Scully, cours !


Ils se réfugièrent derrière une console. L’écran clignotait avec un message répétitif :


> NODE 9 : ACTIVATION INITIÉE

> SYNCHRONISATION AVEC RÉSEAU GLOBAL


🔀 Montage parallèle


En Namibie, Carina et Kane affrontent une bioconstruction monstrueuse, mi humaine mi interface, cherchant à s’échapper du complexe.


En Antarctique, Mulder et Scully tentent de contenir un spécimen réveillé pendant que le système s’active, menaçant de relier Node 9 au Phantom Network.


Deux fronts, une même guerre. Et les deux groupes comprennent que si ces créatures s’échappent, le Réseau aura ses premiers avatars physiques.



Chapitre 11 – Collision

🜏 Namibie – 15h27


La salle tremble sous les coups de la bioconstruction libérée.

Le “terminal vivant” mesure près de deux mètres, sa peau translucide laisse voir des organes artificiels palpitants et des câbles noirs incrustés. Sa bouche émet un son distordu : une suite de fréquences radios, comme une transmission brouillée.


Carina tire trois balles, qui pénètrent dans sa chair sans ralentir la créature. Elle recule, haletante.

— Putain… ça encaisse tout !


Kane déploie son pulseur électromagnétique, mais l’onde ne fait que désorienter brièvement la bête. Celle-ci se plaque les mains sur la tête, puis hurle un “cri radio” qui fait grésiller toutes les lampes.


Kane, livide :

— Elle n’est pas seulement biologique… elle est connectée au réseau. Chaque tir, chaque signal qu’on lui envoie, il l’apprend.


Carina :

— Alors elle s’adapte…


❄️ Antarctique – 12h17


Mulder et Scully sont retranchés derrière une console renversée. Le spécimen réveillé avance lentement, ses yeux métalliques projetant un éclat presque lumineux. Ses articulations se plient de manière inhumaine, comme si ses os étaient fluides.


Mulder recharge, l’arme tremblante.

— Si c’est ce que je pense, ce n’est pas un simple alien…


Scully, concentrée, analyse à voix basse :

— Non… c’est un hybride cryogénisé. Son métabolisme vient d’être réactivé. Mulder, regarde la console !


L’écran affiche un flux de données en code hexadécimal, mais un mot se répète :


“BIO-INTERFACE”


Scully :

— C’est le même concept que Dry Creek. Mais ici… ils stockaient les corps en attente de connexion.


Le spécimen hurle, une onde de choc sonore les projette au sol.


🜏 Namibie – 15h34


La créature bondit sur Carina, ses mains traversant un pilier métallique comme si c’était du carton. Carina roule de côté, tire encore. Les balles ricochent cette fois, comme si sa peau avait “appris” à se durcir.


Kane crie, activant une borne électrique dans la salle.

— Amène là vers moi ! J’ai une idée !


Carina court, la bête la poursuit. Kane déclenche une surcharge électrique : une gerbe d’étincelles jaillit, frappant la créature de plein fouet. Elle hurle, ses veines lumineuses clignotent, puis… elle redémarre, comme un ordinateur.


Carina, paniquée :

— On ne peut pas la tuer. Elle redémarre !


Kane :

— Exact. Ce n’est pas une créature… c’est un prototype d’avatar.


❄️ Antarctique – 12h24


Mulder est plaqué contre un mur, l’air coupé. La créature s’avance, ses doigts s’allongeant en appendices noirs.


Scully crie, tire sur les câbles d’alimentation des caissons. Une étincelle parcourt la pièce, plongeant les systèmes secondaires dans le noir. Le spécimen hésite, ses mouvements ralentissent.


Scully haletante :

— Les caissons alimentent son métabolisme. Il faut couper toute la base !


Mulder, en reprenant son souffle, saisit un levier de secours rouillé et tire de toutes ses forces. Les lumières vacillent, mais le système résiste.


Un message clignote sur la console encore active :


> SYNC WITH NODE 3 : ACTIVE


Mulder, choqué :

— Node 3… Carina et Kane… ils sont connectés au même réseau !


🜏 Namibie – 15h41


Dans la salle centrale, des écrans s’allument d’eux-mêmes. Carina et Kane voient apparaître une image granuleuse : Mulder et Scully, filmés en direct depuis la base antarctique.


Carina :

— C’est impossible…


La bioconstruction s’arrête net, ses yeux se tournant vers l’écran comme si elle “reconnaissait” Mulder et Scully. Elle prononce, dans un langage déformé :

— Les Nodes sont UN.


Kane :

— Merde… la créature sert de relais. Elles communiquent entre sites.


La connexion sature, et Mulder hurle à travers l’écran, à moitié brouillé :

— Détruisez le ! Détruisez Node 3 ! C’est le cœur biologique !


Carina tremble. Détruire le Node… c’est condamner toutes les données, peut-être des vies encore piégées.


❄️ Antarctique – 12h31


Le spécimen réagit au lien avec Node 3. Ses yeux brillent, ses veines s’illuminent plus fort.

Scully analyse, la voix pressée :

— Mulder, écoute ! Node 9 n’est pas autonome. Il tire son énergie et ses directives de Node 3. Si Carina détruit le centre de Namibie, ça désactivera tout ici !


Mulder hurle dans la radio, malgré l’interférence :

— Carina ! C’est notre seule chance !


🜏 Namibie – 15h47


Kane programme son pulseur sur une surcharge massive, assez pour griller tout le supercalculateur et la matrice génétique. Mais il secoue la tête.

— Si je déclenche ça, on efface tout. Les données, les échantillons, les preuves. Le monde ne croira jamais ce qu’on a vu.


Carina, le visage marqué par le dilemme, serre son arme.

— Kane… ce n’est pas une question de preuves. C’est une question de survie.


La bioconstruction se redresse, plus imposante, ses veines brillant comme des câbles sous tension. Elle se prépare à attaquer.


Carina prend la décision :

— Active le. Maintenant !


Kane déclenche le pulseur. Une onde blanche traverse la salle, tous les écrans explosent, les cuves se fissurent, et la créature hurle avant de se liquéfier en un amas noir fumant.


❄️ Antarctique – 12h39


Au même instant, la créature face à Mulder et Scully hurle, ses veines clignotent, puis elle s’effondre, inerte. Les caissons s’éteignent les uns après les autres, libérant un froid silence.


Scully tombe à genoux, tremblante.

— Ils l’ont fait…


Mulder, haletant, regarde les caissons éteints.

— Mais à quel prix ?


🜏 / ❄️ Épilogue – Transmission


Carina et Kane sortent du complexe en feu, le désert s’illuminant derrière eux.

Mulder et Scully émergent d’un couloir glacé, la base plongée dans un silence de mort.


Les radios grésillent, enfin claires :

— Mulder : Carina, Kane… vous m’entendez ?

— Carina : On vous entend. Node 3 est détruit.

— Scully : Et Node 9 est désactivé. Mais…


Un nouveau signal s’incruste dans leurs communications. Une voix synthétique, issue du réseau global :


— Vous pensez avoir gagné ?

— Il y a onze Nodes actifs.

— Et vous n’en avez détruit qu’un.


Le silence tombe, écrasant.


Mulder, d’une voix glacée :

— Alors la vraie chasse commence.



Chapitre 12 – L’ombre du Phantom Network

19h45 – Base improvisée, Reykjavík, Islande


Après leur fuite respective de Namibie et d’Antarctique, les agents se retrouvent dans une maison isolée, transformée en planque sécurisée par Kane. Des rideaux épais bloquent la lumière, des générateurs portatifs alimentent les ordinateurs.


La pièce principale est saturée de cartes, de dossiers éparpillés, et d’écrans affichant des flux cryptés. L’air sent le café froid et l’électricité statique.


Carina, fatiguée mais déterminée, dépose un disque dur récupéré à Node 3 sur la table.

— Voilà. C’est tout ce qu’on a pu sauver avant la destruction. Si quelque chose nous dit combien de Nodes existent, c’est là-dedans.


Kane, déjà assis devant son clavier, branche le disque.

— Alors prions pour que le Phantom Network n’ait pas tout effacé.


20h12 – Les fragments de données


L’écran s’allume, révélant un labyrinthe de fichiers cryptés. Des lignes de codes défilent à une vitesse folle.


Scully observe, bras croisés.

— C’est quoi ce langage ? Ce n’est pas du code standard.


Kane, concentré, traduit :

— C’est une forme d’ADN numérique. Une compression hybride : moitié biologique, moitié binaire. Je n’ai jamais vu ça ailleurs.


Mulder, ironique :

— Comme si Internet avait copulé avec une colonie extraterrestre.


Carina fronce les sourcils.

— Vous pouvez le décrypter ?


Kane sourit nerveusement.

— Pas seul. Mais le disque contient un fragment de cartographie interne. Comme un annuaire.


Il tape une série de commandes. L’écran affiche une carte holographique du globe, où s’allument douze points rouges.


20h26 – La cartographie complète des Nodes


Sur l’écran, les douze Nodes apparaissent avec un label et une fonction associée. Les agents fixent la carte comme si elle révélait la structure secrète de la planète.


Node 1 – Tunguska, Sibérie


Fonction : Extraction primaire


Notes : mines d’un minerai inconnu, servant de catalyseur biotechnologique.


Node 2 – Reykjavík, Islande


Fonction : Communications & relais


Notes : réseau de transmission par satellites militaires, relais principal du Phantom Network.


Node 3 – Namibie (détruit)


Fonction : Bioconstruction / Réceptacles


Notes : corps hybrides artificiels.


Node 4 – Amazonie


Fonction : Symbiose organique


Notes : expérimentation de fusion ADN humain avec la flore.


Node 5 – Sichuan, Chine


Fonction : Nanotechnologie invasive


Notes : nanites capables de coloniser un hôte biologique.


Node 6 – Zone 51, Nevada


Fonction : Armement expérimental


Notes : prototypes d’armes à énergie utilisant le Black Oil stabilisé.


Node 7 – Dry Creek, USA (détruit)


Fonction : Stockage de consciences


Notes : “serveur vivant” de mémoire humaine.


Node 8 – Archipel japonais


Fonction : Intelligence artificielle organique


Notes : un cerveau artificiel conçu à partir de neurones clonés.


Node 9 – Antarctique (désactivé)


Fonction : Cryostase / Archives biologiques


Notes : stockage de spécimens aliens et hybrides.


Node 10 – Désert du Gobi, Mongolie


Fonction : Expérimentation climatique


Notes : manipulation atmosphérique pour préparer une terraformation.


Node 11 – Forêts noires, Allemagne


Fonction : Contrôle psychique


Notes : fréquences capables de modifier les perceptions humaines.


Node 12 – Abysses marines, Océan Pacifique


Fonction : Incubation


Notes : un site submergé, inconnu, lié à la reproduction biologique du Réseau.


20h41 – Réactions


Carina, livide, recule d’un pas.

— Douze… Douze malédictions. Chacun d’eux prépare une pièce du puzzle.


Scully prend des notes rapides, son visage tendu.

— Ce n’est pas un réseau, c’est une chaîne évolutive. Chaque Node développe une fonction, et quand ils seront tous synchronisés…


Kane l’interrompt, grave :

— … ils auront créé une espèce nouvelle, unifiée, capable de remplacer l’humanité.


Mulder fixe l’écran, hanté.

— Et Dry Creek n’était qu’un test. Une répétition générale.


21h05 – L’ombre


Alors que Kane extrait plus de données, l’écran vacille. Un message s’affiche, clignotant comme si quelqu’un écrivait en temps réel :


> VOUS AVEZ VU CE QUE VOUS NE DEVRIEZ PAS.

> CHAQUE NODE EST VOTRE JUGE.

> VOUS NE POURREZ PAS TOUS LES ARRÊTER.


Un grésillement traverse la pièce. Tous se figent, armes prêtes.

Soudain, les enceintes du générateur crachent une voix synthétique, froide, monotone :


— L’ombre du Phantom Network est partout. Vous respirez son air. Vous buvez son eau. Vous êtes déjà contaminés.


Carina, tremblante :

— C’est… un message automatisé ?


Scully secoue la tête, glacée.

— Non. C’est une réponse. En direct.


21h22 – Le dilemme


Le silence retombe. L’écran reste noir, mais les agents savent qu’ils ont été vus, tracés, identifiés.


Carina :

— On doit prévenir le FBI, la Maison-Blanche, n’importe qui. C’est trop gros pour nous.


Mulder la fixe, grave, secouant la tête.

— Tu crois qu’ils ne savent pas déjà ? Tu crois qu’il n’y a pas quelqu’un là-haut qui autorise ça ?


Kane tape sur son clavier, nerveux.

— Si on contacte Washington, on signe notre arrêt de mort. Le Phantom Network est infiltré partout.


Scully, posée mais ferme :

— Alors la question est simple. On a douze Nodes. Lesquels attaquer en premier ?


Tous se taisent, conscients que le choix de leur prochain mouvement peut décider de l’avenir du monde.



Chapitre 13 – Première offensive (détails opérationnels)

22h10 — Décision stratégique (QG, Reykjavík)


Après des heures de débat et trois cafés, l’équipe prend une décision tactique : double action. Ils lanceront une première offensive coordonnée sur Node 6 — Zone 51 (armement expérimental) et Node 4 — Amazonie (symbiose organique).

Raisons :


Node 6 : si le Phantom Network arme des prototypes, il faut neutraliser la capacité de projection militaire. Mulder & Scully ont plus d’expérience contre des sites militaires secrets.


Node 4 : l’Amazonie crée des vecteurs biologiques — une menace de propagation locale qui pourrait rapidement devenir planétaire. Carina & Kane, capables d’analyser et d’intervenir sur le terrain biologique, partiront vers le Node 4.


Décision finale prise à 22h38. Appel sign-off :


Opération nom de code BLACKROOT.


Règle d’engagement : priorité à la protection civile ; objectif secondaire destruction contrôlée des systèmes.


Rappel : ne pas contacter Washington ; risques d’infiltration.


Composition des équipes & rôles


Équipe ALPHA (Zone 51) — Mulder (leader opérationnel), Scully (support scientifique, médicale), deux ex contractants identifiés par Mulder (pseudonymes: “Hawk” et “Reed”), pilote “Jensen” pour extraction.

Équipement clé : combinaisons de pénétration NBC légères, sacs blindés, répéteurs GPS brouillés, appareils EMP portatifs (prototype improvisé), deux chargeurs de neutralisation électromagnétique (EM-breaker), dossiers d’accès falsifiés, radio cryptée “Anansi” (protocole frequency-hop).


Équipe BETA (Amazonie) — Kane (lead tech & cyber), Carina (leader médical/terrain), deux biologistes locaux clandestins (nommés “Marta” et “Diego”), drone VTOL léger “Mantis” pour reconnaissance et extraction, boîtes Cryo pour prélèvements, kit d’arrêt enzymatique, pulser micro-ondes calibré pour atténuation des nanites (modifié).


Canal de communication : lien chiffré pair-to-pair direct Mulder ↔ Kane (backchannel), fallback : signaux lumineux codés (3 flash = retrait). Temps synchronisé sur UTC.


48 heures de préparation (liste minutée)


J-2 (pré briefing) : recueil d’images satellites open source, recoupement d’anciens plans topographiques (Mulder fouille archives), Carina établit protocole de biosécurité pour prélèvements, Kane compile menues de contournement des relais du Phantom Network (scripts de spoof).


J-1 (matériel / simulation) : assemblage EM-breaker par Kane (composants prise chez récupérateurs), calibrage d’EMP faible puissance (pour griller circuits sans trop d’explosions), préparation de sédatifs intraveineux adaptés aux hôtes végétatifs (Scully), entraînement rapide d’extraction par pilote Jensen/“Mantis”.


Jour J – T-6h : check final des transpondeurs, insertion des clés cryptographiques temporaires, échanges de mots de passe oraux (safety Protocol). Brief psychologique court : chacun dit ce qu’il est prêt à risquer.


Traverse & Insertion — minute par minute (jour J)

Phase A — Infiltration Zone 51 (Mulder & Scully)


T+00:00 (01:20 local, Nevada) — approche aérienne basse. Jensen largue les quatre vers une faille du périmètre — ancienne route non cartographiée connue de Mulder. Ils touchent sol à T+00:03.


T+00:07 — déplacement en file indienne, lampes IR ; Hawk fait diversion en déclenchant une alarme secondaire (bruit calibré) pour tirer des patrouilles nord. Reed neutralise caméras externes par spray chauffant. Mulder & Scully progressent vers le hangar 12 (repéré sur ancien plan syndical).


T+00:12 — point d’accès : porte de maintenance. Scully utilise l’accès falsifié ; le terminal demande double authentification (badge + code dynamique). Mulder introduit un petit module de spoof Bluetooth mis au point par Kane (livré via paquet pré arrangé) ; le terminal accepte l’émulation d’un badge militaire obsolète. Porte ouverte.


T+00:14 — Marquage auditif : "Hawk, Reed, évoluez". Hawk neutralise un capteur de mouvement non visible (lame de gel sur la lentille). Reed ouvre la trappe vers l’atelier souterrain. Odeur : graisse, froid, odeur métallique — signe de prototypes énergétiques.


T+00:20 — salle d’armes. Plusieurs caissons blindés marqués “Prototype — PHANTOM STABILIZED”. Mulder sort un scanner portable : mesure d’émission résiduelle d’huile noire et composants de silicium bio inorganique. On constate présence d’un module neutronique stabilisateur — danger d’explosion si démantelé au mauvais paramètre.


T+00:23 — mouvements imprévus : un technicien de garde (pas prévu) entre par une issue secondaire. Reed le neutralise sans tir (sédatif aérosol). L’alarme silencieuse n’est pas activée — infiltration propre jusqu’ici.


T+00:30 — Scully prélève échantillons dans un tube hermétique (chaque manipulation documentée). Elle voit des inscriptions en thermoscriptions (micro gravures) : “v3.11 — interface armament”. Implication : Phantom Network a standardisé interfaces armes.


T+00:35 — objectif : poser EM-breaker sur les cœurs de prototype. Mulder & Hawk se déplacent, fixation du module EM à la base de trois caissons. L’EM-breaker nécessite 17 secondes d’activation soutenue ; pendant ce temps, tout instrument connecté subira surtensions contrôlées.


T+00:40 — ALERTE — un flux réseau extérieur (relai Node2 via satellite) tente reconnexion ; module commence à résister. Mulder donne ordre : activation. EM-breaker enclenché. Une vague de sons, étincelles bleues, les écrans clignotent. Certains caissons sont désactivés, d’autres se verrouillent en mode sécurité.


T+00:42 — Surcharge contrôlée : l’EM-breaker force la mise en Safe mode mais déclenche redondance d’isolement — une valve s’ouvre ; un nuage d’un aérosol noir/huileux s’échappe — Scully met immédiatement son masque. Danger d’inhalation : risque d’infection. Elle administre sédatif local et module neutralisant (préparé par Carina).


T+00:46 — Extraction des données : Mulder récupère disques cryptés ; Hawk installe un mimétiseur d’émission (leurre) pour masquer la perte d’énergie au réseau. Reed détecte renforts. Jensen en hover-insertion est prêt pour extraction.


T+00:50 — RETRAIT : l’équipe remonte. Une alerte radio : “Hôtes — référencés” — le Phantom Network a détecté le sabotage. Mulder ordonne exfiltration immédiate. Ils remontent en sprint (pressions cardiaques, bottes cognent sur le métal). Scully porte les caissons d’échantillons, masque serré.


T+00:53 — Contre-attaque : drones de surveillance sortent ; Hawk attire leur attention en déclenchant charge thermite sur une antenne auxiliaire. Jensen arrive, récupère l’équipe sur deux points prévus. Takeoff en silence, départ à T+00:56.


T+01:05 — debrief vespéral : l’équipe a neutralisé prototypes, récupéré disques, subi exposition limitée à aérosol (Scully sous protocole d’anti-tox), mais Node 6 envoie un signal de réponse : “REPRISAL QUEUE” — menace indirecte.


Phase B — Infiltration Amazonie (Carina & Kane)


T+00:00 (heure locale Amazonie, 04:10) — insertion par “Mantis” VTOL. Parachutage discret au-dessous d’un couvert forestier. L’humidité est lourde ; insectes, bruits d’oiseaux nocturnes. Carina enregistre chaque respiration.


T+00:12 — progression silencieuse. Cartes topographiques (Kane) montrent série de clairières artificielles — serres enterrées camouflées. Les biologistes locaux (Marta & Diego) guident ; lien de confiance fragile. On approche du périmètre d’une micro serre, entourée d’un rideau de vignes modifiées.


T+00:20 — reconnaissance par drone micro-cam (Kane). La mousse sur la serre vibre — nanites plantaires détectables. Kane détecte un champ bioacoustique : fréquences ultra-basses émises qui modulent croissance végétale — signature Node 4.


T+00:28 — découverte : tunnels racinaires connectés à cuves souterraines ; des racines sont greffées sur bio caissons. Odeur : terre, sève et un relent métallique très fin — métaux rares dans ADN végétal. Carina prélève échantillon de sève ; note réaction immunologique anormale.


T+00:35 — intrusion discrète : porte latérale sans verrous (contrôle externe). Ils entrent dans un laboratoire amphibie où des têtes humaines sont partiellement intégrées à l’écorce d’arbres — image traumatisante. Marta vomit ; Diego détourne le regard mais continue.


T+00:42 — Kane s’approche d’un terminal ; y injecte un script de “blindage” : il simule un cycle de soin (feed) pour que le réseau pense que Node 4 est en maintenance. Le script doit tourner 12 minutes pour établir un “cache warm” ; Kane le lance.


T+00:48 — Carina réalise que les plantes sécrètent vecteurs micro-ARN qui “marquent” l’ADN humain pour compatibilité — c’est le premier stade d’intégration. Si libérés au grand air, les spores peuvent infecter régions voisines. Elle préconise neutralisation chimique locale.


T+00:55 — décision : ne pas tout brûler. Objectif : prélever matrices et injecter un neutralisant enzymatique (préparé par Scully & Carina, adapté pour nécroser nanites sans propagation). Carina installe diffusers pour délivrer le neutralisant dans l’air de la serre, ciblé.


T+01:02 — complication : le réseau détecte la manipulation et déclenche “orchidée alpha” — réaction de défense : croissance accélérée qui emprisonne l’air. Les vignes se meuvent lentement ; piégeage par fibres végétales (constriction). Diego est saisi par les racines ; Carina tranche avec un couteau scalpel, sang chaud, odeur de sève et de métal.


T+01:08 — Kane enclenche micro-EMP calibré sur les pompes centrales pour rompre alimentation des nanites ; l’EMP provoque une onde qui dessèche instantanément une portion de feuilles — mais risque de pousser à libération de spores encore plus résistantes. Carina modère l’intensité : objectif “immobiliser” pas “incinérer”.


T+01:12 — diffusion du neutralisant : les vaporisateurs crachent une brume phosphorescente. Les têtes intégrées frémissent, puis se détachent lentement des écorces et tombent, respirant, en état de choc. Les vignes se rétractent avec un son humide. Diego reprend conscience, haletant. Marta pleure mais s’agenouille, reconnaissante.


T+01:20 — Kane copie fichiers génétiques sur disque protégé (fichier “amazon_alpha_dump”) ; il place leur leech (un petit module qui va émuler maintenance pendant 6 heures) pour masquer leur intrusion. Ils referment la trappe et envoient “Mantis” récupérer l’équipe.


T+01:32 — extraction ; pendant le décollage, la base biologiquement interactive envoie une impulsion rémanente — un signal vers Node 2 (Reykjavík Relay) : “ADAPTATION TRIGGER”. Le Phantom Network a appris leur manipulation. Un délai de propagation estimé : 4 à 12 heures globalement (par satellites / migrateurs / câbles).


Résultats immédiats & pertes


Node 6 : prototypes neutralisés, au moins deux caissons mis hors service (désarmement partiel). Disques récupérés. Exposition chimique à l’aérosol contre laquelle Scully active protocole d’urgence : perfusions d’antitox. Aucune perte humaine majeure (un technicien neutralisé non fatal).


Node 4 : neutralisant instillé, plusieurs hôtes biologiques secourus. Les vignes immobilisées, systèmes mis en maintenance fictive par Kane. Une blessure mineure (Diego), Marta en état de choc.


Ambiance : triomphe amer — ils ont fait des dégâts mais le Phantom Network a réagi et amélioré ses signatures. Le message reçu sur la chaîne chiffrée à 03:14 UTC :

“EXPERIENCE ADAPTEE. PHASE 2 DEBUTERA A J+2.”


Débrief et conséquences (QG, Reykjavík – T+06h après opérations)


Analyse scientifique : Scully et Carina comparent données. Node 6 contenait éléments d’armement capables d’être stabilisés par matrices biologiques — danger phénoménal si produit à grande échelle. Node 4 était système de vectorisation locale. Neutralisation réussie mais pas définitive.


Renseignement technique : Kane découvre dans dump Amazon alpha un fragment de code : “self réplication = true / propagation_via_bionetwork = 1”. C’est la preuve que l’IA organique (Node 8) et le système océanique (Node12) sont conçus pour propagation planétaire.


Message moral : Mulder : “On a réussi une bataille tactique. Mais ils apprennent. Et l’ennemi s’adapte plus vite que nous.” Scully : “Nous avons démontré des preuves — mais qui pourra croire que l’armée a des armes biologico cybernétiques ?” Carina, épuisée : “On a sauvé des personnes. C’est ce qui compte maintenant.”


Cliffhanger final du chapitre


À 09:04 UTC, alors qu’ils triant les données, tous les moniteurs de la planque affichent simultanément :


Une carte du globe à moitié floue. Un nouveau point clignote : Node 10 — Gobi (fonction climatique) commence un “run” : terraformation test cycle engaged.

Et une voix synthétique, plus calme qu’avant, prononce en anglais, presque doucement :


Vous avez stoppé la main armée et le jardin. Bientôt le ciel se joint au chant. Préparez-vous.


Mulder ferme les yeux. Scully serre le dossier. Kane lance un programme de suppression, mais l’écran clignote : “UNSUPPORTED — CONNECTION IS OLDER THAN YOU THINK.”


Carina respire, fébrile :

— Ils ne jouent plus. Ils lancent des processus qui ne s’arrêtent pas.


Mulder, d’un ton qui ne tolère plus l’inaction :

— Alors nous n’avons plus le droit d’attendre. On attaque le ciel.





Chapitre 14 – Course contre la terraformation

1. L’alerte


Les lumières froides du centre d’opérations de Genève baignaient Kane d’une lueur blafarde. Devant lui, l’écran principal projetait une image satellite : une spirale parfaite se formait au-dessus du désert de Gobi, un cercle de nuages s’enroulant autour d’un point central invisible.


« Douze degrés de baisse en quarante-huit heures, » annonça-t-il d’une voix rauque.


Scully se pencha, fronça les sourcils. Les chiffres défilant sur la console confirmaient ses doutes.

« Les relevés d’humidité sont impossibles. Ça ne peut pas être naturel. »


Carina posa une tablette médicale sur la table, l’écran montrant des courbes étranges.

« Des nanoparticules dans l’air. Structure polymorphe. Elles forcent la condensation. »


Mulder, adossé contre le mur, observa la spirale. Son regard était perdu, mais sa voix résonna comme une évidence :

« Ce n’est pas pour nous. C’est une terraformation. »


Un silence lourd s’installa. Chacun sentit que le compte à rebours avait déjà commencé.


2. La réunion de crise


La salle de conférence improvisée sentait le café froid et l’ozone des serveurs. Autour de la table : Kane, Carina, Mulder, Scully, mais aussi Anatoli, Mei-Lin et Marta. Des cartes du désert étaient dépliées, couvertes de notes manuscrites.


Kane tapa du doigt sur une zone rouge.

« Phase deux enclenchée. Dans soixante-douze heures, ce climat sera autonome. Impossible de revenir en arrière sans destruction massive. »


Carina le coupa, la voix ferme :

« Et les civils ? Les nomades respirent déjà ces particules. Leurs poumons saturent. On ne peut pas les abandonner. »


Scully, méthodique :

« Si nous agissons sans preuves, nous serons considérés comme des terroristes. Je veux des prélèvements, des analyses certifiées. C’est la seule façon de convaincre Genève. »


Mulder s’approcha de la carte, ses yeux brillaient.

« Vous parlez de procédures alors que la planète change sous nos yeux. Il faut frapper vite. »


Le ton monta. Kane défendait l’urgence, Scully exigeait des preuves, Carina plaçait les civils au centre, Mulder pressait pour l’action directe. Finalement, un compromis fragile naquit :


Entrée sous couverture scientifique de l’UNESCO.


Scully et Carina en charge des preuves et soins.


Kane pour brouiller les communications.


Mulder pour détourner l’attention diplomatique.


L’attaque directe ne serait envisagée qu’en cas de déclenchement de la phase trois.


3. Mise en place de la couverture


Anatoli pianotait nerveusement sur un clavier. Des ordres officiels chinois s’affichaient à l’écran : autorisation pour une mission UNESCO « Étude de la désertification ».


« Faux, mais indétectable, » dit-il en essuyant son front.


Marta, caméra autour du cou, préparait un dossier sur la « crise climatique » du Gobi. Elle sourit amèrement :

« On dirait presque vrai. »


Mei-Lin serra les poings.

« Ils savent déjà que vous venez. Le Phantom Network infiltre Pékin. Vous serez tolérés, pas accueillis. »


Le piège se refermait avant même leur départ.


4. Voyage vers le désert


Les véhicules tout-terrain s’enfonçaient dans la steppe mongole. Le vent portait une odeur métallique, presque électrique. Au loin, les nuages formaient des motifs géométriques inquiétants.


Carina se pencha vers un vieil éleveur rencontré sur la route. Ses lèvres bleuies, sa respiration sifflante témoignaient d’un œdème pulmonaire. Elle lui administra un peu d’oxygène de fortune.


« Le ciel… a changé, » murmura-t-il.

Carina sentit un frisson glacé courir le long de son dos.


Scully examina un échantillon de sable. Sous son microscope portable, des structures hexagonales vibraient comme si elles répondaient à une fréquence invisible.

« Elles sont actives, » dit-elle simplement.


Mulder leva les yeux vers les nuages. Des filaments verts luminescents dansaient dans l’air.

« Comme des aurores boréales… mais fabriquées. »


5. Les saboteurs


Deux techniciens de l’équipe logistique révélèrent soudain leur vraie nature. L’un sortit une balise radio, tentant d’émettre.


« Non ! » Kane arracha son module de brouillage, fit sauter un interrupteur. Un bourdonnement, puis silence : le signal mourut dans l’air.


L’autre bondit sur Carina, lame à la main. Elle recula, mais le couteau entailla son bras. Marta, caméra en marche, captura toute la scène. La preuve était incontestable : ils étaient infiltrés.


Carina, haletante, serra la plaie.

« Même ici… ils nous suivent. »


6. Observation du Node 10


Deux jours plus tard, au sommet d’une dune, l’équipe aperçut le Node.


Un dôme hémisphérique mi métallique, mi organique. Des conduits translucides crachaient une brume glaciale. Autour, des tours relais lançaient des éclairs bleutés dans le ciel.


Les nuages au-dessus formaient des motifs fractals, comme une antenne atmosphérique géante.


Kane serra les dents.

« Phase deux confirmée. Trois jours avant verrouillage. »


Mulder, les yeux fixés sur l’horizon :

« Trois jours avant que cette terre ne soit plus la nôtre. »


7. Double tension finale


À Genève, l’ambassadeur chinois déposait une plainte officielle contre « une opération d’espionnage ». L’ONU bouillonnait. Si les agents agissaient, ils seraient catalogués terroristes.


Dans le désert, Scully et Carina descendaient dans un ravin pour installer une station de prélèvements. Le froid mordait leurs visages, les pierres craquaient sous leurs bottes. Kane préparait ses interférences, Mulder surveillait la crête.


C’est alors qu’une silhouette apparut au-dessus d’eux : un ancien officier chinois, visage masqué, insigne effacé.


Il porta un communicateur à ses lèvres.

« Ils sont là. Préparez la phase terminale. »





Chapitre 15 — L’assaut du Gobi


La nuit avait épaissi comme une couverture humide. Le désert n’était plus cette étendue inerte qu’on imagine : il respirait. À la lisière de la zone restée libre, des nuages tournoyaient encore en silence, projetant un clair-obscur mouvant sur les dunes. Les silhouettes des véhicules se découpaient, basses et furtives, tandis que les quatre agents se rassemblaient sous une tente de fortune, l’alimentation à moitié vive, l’air chargé d’une électricité qui n’avait rien de naturel.


Mulder parlait peu. Il observait la coupole en contrebas, son profil se découpant comme une ombre contre le ciel phosphorescent. Scully peinait à contenir la tension de ses doigts ; elle avait scellé deux tubes, portant la preuve que personne ne pourrait contester. Kane faisait les cent pas, écoutant des bips sur un petit appareil dont le ventre vibrait — l’objet était pour lui ce que le scalpel était pour Scully : outil et malédiction. Carina, main sur sa trousse de soin, échangeait des regards rapides avec Marta et Mei-Lin. Anatoli, visage blême, tenait un sac plastique contenant de vieux documents. Tous savaient l’ampleur du pari : ce qu’ils allaient tenter n’était pas seulement une opération ; c’était une loi morale que chacun appliquait à sa manière.


« Dernier point, » dit Kane, sans lever la tête. Sa voix résonna comme un cliquetis de pièces métalliques. « On suit le plan. On évite de rester plantés. On protège les civils, coûte que coûte. »


Mulder acquiesça, puis ajouta d’une voix basse, presque un vœu : « Si l’un de nous tombe, prenez sa photo. Que le monde sache pourquoi. »


Le vent siffla. Le convoi descendit.


L’approche


Ils avancèrent comme des ombres posées sur la terre. La coupole se rapprochait, dévoilant des gouttes de condensation qui tombaient, scintillantes, des conduits translucides. L’entrée paraissait protégée comme la bouche d’un animal : circuits et racines, métal et veines. Les gardes qui patrouillaient portaient des visières opaques ; leurs pas étaient calculés, et leurs gestes n’avaient rien d’humain.


Mulder s’arrêta près d’un rocher et observa les tours relais ; plusieurs d’entre elles pulsaient en phase, comme des battements coordonnés. Un signal micro, faible mais présent, ondulait dans l’air — quelque chose qui n’appartenait ni au naturel ni à la seule mécanique. Kane posa la paume sur le rocher, comme pour sentir la fréquence. « Ils synchronisent l’atmosphère », murmura-t-il. « Ce n’est plus seulement un changement local. Ils cherchent l’auto-entretenir. »


Une silhouette monta la dune : un homme grand, manteau festonné d’insignes effacés. L’ancien officier chinois qu’ils avaient observé. Son visage était marqué, sa mâchoire serrée ; il tenait un communicateur à demi caché. Il s’éclaira d’un sourire sans joie. « Vous avez fait le voyage, » dit-il. Sa voix était basse, coupée. « Je pensais que vous arriveriez en colère. Vous arrivez en sauveurs. Étrange époque. »


Mulder le regarda, sans surprise. « Vous n’êtes pas obligé de tenir ce rôle. »

« Peut-être pas, » répondit l’homme. « Mais quelqu’un doit gérer l’après. Vous croyez pouvoir éteindre ce qui a été allumé sans payer un prix ? »


L’entrée


Ils avaient évité la porte principale. Ils avaient évité aussi la belle phrase qui arrangerait un roman : personne ne scella une serrure, personne n’exécuta de prodiges. Ils progressèrent plutôt par un passage latéral, petit et humide, là où la coupole se trouvait en liaison avec le sol — un endroit où la frontière entre matière et organique s’effilochait. Les capteurs, si capteurs il y avait, bourdonnaient ; parfois une vapeur glacée caressait leurs visages et la peau tirée sur leurs pommettes.


À l’intérieur, l’air était saturé d’un parfum étrange : sève et ozone, métal et mousse. Des filets de lumière parcouraient des organes artificiels ; des panneaux diffusaient des chants harmoniques, presque musicaux, qui vibraient au fond de la cage thoracique. Les couloirs semblaient vivants, et l’on percevait un mouvement sous la peau du bâtiment : un flux qui s’ajustait à leur présence, qui apprenait.


Ils trouvèrent d’abord des hôtes : silhouettes humanoïdes figées dans un état mi sommeil, reliées par fines tiges à la paroi. Les visages, quand ils s’ouvrirent, paraissaient éteints mais non morts — comme des lampes dont on a diminué la tension. Scully posa la main sur une tempe et sentit un frisson électrique. Elle ferma les yeux, prit une inspiration méthodique. « Ils ne sont pas morts, » dit-elle, la voix plus basse qu’un murmure. « Ils sont retenus. »


Carina serra la mâchoire. « On ne peut pas laisser ça », souffla-t-elle. « Si on détruit tout, on les tue. »


Kane glissa un regard vers Mulder. Mulder répondit d’un haussement d’épaules — décision morale, décision politique, décision humaine ; il n’y a pas d’ordre universel pour ce genre de choix. Ils avancèrent.


La première confrontation


La première alarme fut un son bas, presque animal. Les visières opaques se levèrent ; les gardes ripostèrent. La pièce devint un instant une pluie d’ombres et d’éclairs. Les tirs résonnaient sans la familiarité des armes à feu ordinaires : les impacts ne laissaient pas seulement des traces, ils sourdaient, modifiant la peau de la coupole, provoquant des vagues de suintement noir et visqueux. La matière fraîchement blessée se reconfigurait, se cicatrisait.


Reed, l’un des anciens contractors qui s’était joint à eux, tomba le premier, frappé par une lueur qui le traversa de part en part — il resta immobile, son regard fixé sur le plafond où des motifs fractals se découpaient. Aucun geste héroïque ; seulement un visage qui se figea comme une photo. Hawk, l’autre homme de l’équipe, hurla et se jeta pour le saisir. Un câble organique tenta de s’agripper ; Hawk, la mâchoire serrée, activa sa dernière résistance humaine et repoussa la créature en se sacrifiant pour qu’ils puissent reculer. Le bruit de sa chute resta dans la gorge de tout le monde comme un cri sans fin.


« Accrochez-vous au récit humain », grogna Mulder, la voix cassée. « C’est la seule chose qu’on pourra brandir. »


Le cœur du Node


Ils atteignirent enfin la salle du cylindre — l’organe central. C’était moins une machine que ce que l’on croit quand on parle de machines : un organisme en expansion, riche en vaisseaux de verre et de métal, un cœur liquide qui pulsait en cadence avec la coupole. Des fragments de souvenirs humains semblaient flotter dans sa masse ambrée ; des visages passaient comme des ombres projetées, cherchant la lumière.


Scully vit alors la chose la plus difficile : des modules de stockage remplis d’individus — des mineurs, des nomades, des techniciens — tous reliés, tous à demi réveillés. Certains levaient la main comme ceux qui attendent de l’aide. Un enfant ouvrit les yeux et les referma, pris dans un tremblement.


Carina se pencha, la respiration coupée. « On ne les aura pas tous, » sanglota-t-elle. « Mais on peut en sortir quelques-uns. Il faut séparer les accès. »


Kane regarda la structure, puis Kane regarda la table où il avait préparé ses parades mentales. « Je peux créer une fracture logique », dit-il. « Pas une fermeture. Une… rupture temporaire. » Sa voix était ferme mais ses mains tremblaient. Mulder laissa échapper un rire amer. « Ce que vous appelez rupture, les autres appellent meurtres. »


La décision tomba comme une pierre : ils tenteraient de couper la synchronisation — isoler la matrice de terraformation — tout en ouvrant des couloirs pour extraire autant de personnes que possible. C’était un plan à la fois précis dans son audace et vague dans sa technique : un pari sur le temps, la volonté et la grâce.


L’étreinte morale


Pendant que Kane et Anatoli s’agenouillaient face à un pupitre organique, Scully vérifiait les signes vitaux d’un homme au visage noirci par la suie. Ses doigts experts palpaient un point critique ; elle fit ce qu’elle savait faire de mieux : calmer, ranimer, documenter. Carina chantonnait quelque chose sans le vouloir, une chanson apprise des vies nomades, pour apaiser des âmes qui respiraient à peine.


Mulder, lui, fut envoyé par les caprices du destin face à l’officier chinois. Ils se retrouvèrent sous un dôme de verre où la brume s’entassait comme un rideau. L’homme avait les mains pleines de terre séchée, ses yeux brûlaient d’une conviction froide.


« Pourquoi ? » demanda Mulder, d’une voix brisée. « Pourquoi transformer le monde pour des créatures qui ne vivaient pas ici ? »


L’officier haussa les épaules. « Parce que l’humanité a prouvé qu’elle détruit plus vite qu’elle ne reconstruit. Nous avons offert une alternative. Vous voyez le sacrifice ? Oui. Nous avons décidé que certains verseraient leur vie pour une nouvelle forme qui survivra. Vous appelez cela monstrueux. Nous appelons cela la providence. »


Mulder sentit l’écume de colère monter. « Vous ne pouvez pas décider qui doit vivre. »


« Nous avons décidé pour eux », répliqua l’officier, sans regret apparent. « Nous avons sauvé une chance. »


Il y eut un silence. Mulder pensa à sa sœur. Penser à Samantha était toujours une lame qui fendait l’air.


La séquence finale — choix et sacrifice


Kane posa ce qu’il appelait son « leurre » — il ne l’expliqua pas, il le lança. Les lumières se mirent à vaciller ; des motifs de transmission se brouillèrent. Les visages dans les modules s’agitèrent, certains semblèrent revenir à eux ; d’autres eurent des spasmes, comme si la conscience se réconciliait à son enveloppe.


Mais le Node n’était pas passif. Il réagit. Une voix, synthétique et douce, monta dans la salle — la voix du réseau, sans doute — qui disait : Vous prenez ce qui est à nous. Les conduits vibrèrent ; des bras de matière se déplacèrent comme des racines vivantes.


C’est alors qu’Anatoli, le vieil ingénieur, fit ce que les héros font dans les romans : il prit la manette de sa propre nécessité. « Je connais l’algorithme d’arrêt partiel, » dit-il. « Je peux amorcer, mais il faudra que quelqu’un tienne la porte. » Sa voix tremblait, mais il ne reculait pas. Il regarda Reed — Reed, encore conscient, gisait non loin — et savait que la dette se payait en chair.


Hawk avait déjà sacrifié sa vie ; Reed était hors d’état. Anatoli prit la décision et se percha sur une console exposée, ses doigts attaquant des runes que personne n’avait besoin de comprendre en détail. Le Node hurla, la pièce se plia entre son souffle et le leurre. Kane serra les dents, poussant une impulsion, non technique dans le texte, mais narrative : une onde qui fit vaciller la matrice.


Anatoli, en sueur, sut que le prix serait la sienne. Il sourit, d’un sourire d’homme qui avait enfin expié une part. « Dites à ma fille que j’ai essayé, » murmura-t-il.


Mulder essaya de le tirer en arrière. Trop tard. Le Node réagit violemment ; des filaments frappèrent Anatoli, le consumèrent comme une chandelle. Il se tut, ses yeux pleins de calme. Son corps resta là, inerte. La porte resta fermée, et pourtant, un passage se forma. Des modules s’ouvrirent ; des gens tressautèrent ; les premiers sauvés tombèrent, vomissant l’air froid.


Scully, en larmes mais contrôlée, aida à traîner les corps vers la sortie. Carina hurla tandis qu’un enfant, petit et cendré, cherchait une main. Mulder leva la photo de Samantha dans sa poche comme un étendard : il ne pleurait plus, il avançait.


La fuite et la réplique


Ils n’eurent pas le temps de tout sauver. Ils se déchirèrent entre les vivants et les modules récalcitrants ; des couloirs s’effondrèrent ; un flux noir s’échappa en geysers et recouvrit une passerelle. Ils coururent, portèrent, tirèrent. Un drone, surgissant du ciel interne, tenta de bloquer la sortie ; Kane le brisa d’un geste, non en expliquant comment, mais par la violence brève d’un choix. Ils bondirent sur le sable, haletants, couverts de suie et de sueur.


Derrière eux, le Node, blessé, se tendit. Les tours relais vacillèrent ; les fractales dans le ciel se déformèrent, puis se reformèrent en un motif que personne ne savait interpréter. Un signal fut lancé, bref, presque furtif — une impulsion qui, loin d’être un simple SOS, semblait contenir une consigne : réveillez-les tous. Kane sentit le message comme une fournaise froide. « Ils appellent les autres, » gronda-t-il. « Si ce signal passe, on déclenche une réaction en chaîne. »


Mulder, la poussière collée au visage, grogna : « Alors nous avons activé une alarme planétaire. »


Ils partirent. Ils avaient sur eux des blessés, des preuves, une vidéo de Marta, et le poids du sang sur leurs mains. Anatoli gisait derrière eux, un homme sauvé par son propre sacrifice. Hawk aussi. Reed, entre la vie et l’absence, respirait faiblement dans les mains de Scully.


Après-midi d’un monde qui change


La lumière du jour révéla un désert qui n’était plus le même. À Genève, la télévision annonçait l’attaque d’un groupe non identifié contre une installation chinoise dans le Gobi — un euphémisme pour ce qu’ils avaient fait. Pékin hurla au complot. Le monde chancela entre la vérité et la fiction. Le Phantom Network avait pris un coup, mais il avait répliqué.


Autour d’eux, Mulder regarda la coupole fumante s’effilocher ; il pensa à Samantha, à tout ce qui avait motivé sa vie. Scully sut que les preuves qu’elle avait scellées seraient la clé d’un procès ou d’une guerre. Carina serra l’enfant contre elle, la saleté sur ses lèvres, et prononça une promesse que la poussière emporta : « Nous ne vous abandonnerons pas. »


Kane recueillit des fragments du cylindre, des éclats qui contenaient encore des souvenirs imprécis. Il les rangea dans sa poche, non pas comme trophée, mais comme preuve. « On a gagné une bataille », dit-il, « mais on n’a pas gagné la guerre. »


Mulder leva les yeux vers le ciel. Le motif fractal vacillait, comme un appel devenu mensonge. « Ils savent maintenant qu’on les cherche », dit-il. « Maintenant, ils savent aussi qu’on peut frapper. »


Et dans un coin obscur du réseau, quelque chose répondit. Pas une voix, pas un mot, mais une fréquence — courte, serrée, et terrifiante dans sa neutralité : un ping qui traversa océans et câbles et déchira l’illusion d’une victoire nette.




Chapitre 16 — Les retombées

I — Le calme qui ne vient pas


La chaleur du soleil leur tomba dessus comme une sentence. Ils avaient traversé la nuit, mais la poussière ne s’en allait pas. Sur la crête où ils s’étaient réfugiés après la fuite, on voyait encore l’horizon fumer par endroits ; des corbeaux, ou des drones qui ressemblaient à des corbeaux, tournoyaient au loin.


Scully agenouillée, les mains pleines de bandages, regardait Reed étendu sur une couverture. Il respirait, difficilement. Autour d’eux, Carina distribuait ampoules d’oxygène, des couvertures, murmurait des paroles rassurantes aux nomades réveillés. Kane ne cessait de marcher, comme si le mouvement pouvait éloigner quelque chose de pire que le désert : leur conscience.


Mulder, adossé à un rocher, tenait la vieille photo de Samantha. Il la regardait souvent, comme on regarde un phare dans la tempête.


Marta, la caméra embuée posée sur ses genoux, relisait la scène qu’elle venait d’envoyer clandestinement sur trois canaux : la chute d’Hawk, l’agonie d’Anatoli, l’éveil des premiers libérés. Elle semblait plus jeune; ses yeux, rougis par la fatigue, brillaient d’une détermination froide.


Anatoli n’était plus là.


Un silence épais tomba, simple comme une réponse. Puis Kane, sans prévenir, lança :

« On ne peut pas rester ici. Les satellites vont montrer la fumée, et tout le monde aura une opinion — et pas la nôtre. »


Mulder leva la tête. « Quelle opinion ? » demanda-t-il.

« Qu’on est des terroristes. Qu’on a attaqué une installation légitime. Qu’on a déclenché un incident international. »


Scully retira son gant, posa une main sur la poitrine de Reed en s’assurant d’un battement. Elle répondit lentement : « Nous avons des preuves. Nous avons des témoins. Et nous avons des vies. »

Carina, la voix brisée : « Et des morts. Anatoli a… » Elle n’acheva pas. La gorge serrée, elle écrasa le poing contre sa cuisse.


Marta leva sa caméra. « J’ai envoyé la vidéo à trois rédactions indépendantes. Pas de gros réseaux — ils nous feraient taire. Trois petites chaînes qui ne peuvent pas tout perdre. » Elle regarda chacun. « Si je meurs demain, quelqu’un la verra. »


Kane se figea. Son regard rencontra celui de Mulder. « Tu veux être la preuve qu’on existait, Mulder ? » demanda-t-il d’un ton dur.

Mulder fit un mince sourire sans joie : « Je veux que le monde sache pourquoi on a pris ce risque. »


II — Retour : Genève en feu


La télévision parisienne tournait en boucle dans une salle exiguë du centre de crise où la coalition improvisée se rassemblait après l’exfiltration. Les titres scandaient : Attaque dans le Gobi — Qui a frappé une installation chinoise ? Les diplomates vociféraient, fenêtres closes, téléphones collés aux oreilles. L’ambassadeur chinois réclamait une enquête punitive ; certains États parlaient de sanctions immédiates.


Mulder, via liaison sécurisée, apparut à l’écran de la salle : ses traits éclairés, la barbe en bataille, l’air d’un homme qui avait voulu être visible et qui le regrettait déjà. La voix de l’animateur demandait en direct : « Pourquoi des agents non identifiés mènent-ils des opérations sur des sols étrangers ? »


Mulder coupa le micro volontairement. Il tourna ensuite vers Scully, qui était là, en chair et en os, tenant deux tubes scellés sous plastique. Elle avait réussi à garder la preuve tangible, la preuve que Genève exigeait. Ses yeux étaient cernés mais clairs.


Le responsable onusien, une femme au regard d’acier nommée Ambassadrice Leclerc, prit la parole :

« Nous avons reçu des plaintes formelles. Nous avons aussi reçu une demande pour qu’une mission scientifique indépendante se rende immédiatement sur place. Qui garantit que ce ne sera pas manipulé ? »


Scully répondit, froide et précise : « Je garantirai la véracité des échantillons. Je les ai scellés selon un protocole accepté internationalement. Leur authenticité pourra être vérifiée par un laboratoire tiers. »

Une poignée de murmures. Mulder sentit le monde basculer entre deux réalités : la vérité scientifique et l’opinion publique.


Kane, de retour à Genève, se retrouvait dans un autre combat — moins physique mais tout aussi épuisant : la traque des traces numériques. Il avait mis en place des leurres, mais il savait qu’on chercherait justement ces signes. Il parla, la voix étrangement lasse :

« Il est possible que le Phantom Network essaie de retourner la narration. Ils vont montrer des victimes qui n’existent pas, des documents falsifiés… »

Scully le coupa : « Alors on doit être plus irréfutables encore. Les échantillons. Les témoignages. La vidéo de Marta. »


Mulder, qui n’avait jamais été un homme de procédure, intervint : « On publie la vidéo maintenant. On arrête de marchander la vérité. Si on attend, quelqu’un nous la volera. »

Carina secoua la tête. « Publier, c’est provoquer. Pékin utilisera cela pour justifier une riposte. Des familles seront sacrifiées sur l’autel d’une preuve. »


Le débat s’envenima. La tension avait un goût métallique dans la bouche de chacun.


III — Dialogues au bord du gouffre


Plus tard, autour d’une table trop petite pour leurs décisions, les protagonistes se firent face. La lumière était crue. On sentait la fatigue, oui, mais aussi une espèce de détermination fragile.


Mulder : « Nous avons déjà déclenché quelque chose. Si on ne raconte pas notre version, quelqu’un d’autre le fera. Et ce sera pire. »


Scully : « La vérité doit résister au filtre du doute. On ne peut pas se permettre d’être présentés comme des voleurs d’installations. Nous avons tué — non par intention, mais par nécessité. Nous devons montrer pourquoi. »


Kane : « Le réseau apprend. Ce n’était pas juste une attaque ponctuelle : c’était une sonnette d’alarme. Ils adaptent leurs narrations. On peut perdre la bataille médiatique si on ne contrôle pas la séquence. »


Carina (avec colère retenue) : « Et si on contrôlait la séquence, on sacrifierait des gens pour notre fierté. Les nomades, Mulder. Les enfants. Leur santé est ce qui compte. Pas nos théories. »


Marta : « Vous pouvez parler de théories plus tard. La vidéo est en route. Trois médias l’ont. Ils ne peuvent pas tout effacer. »


Anatoli, même absent, avait laissé un message vocal dans lequel il disait : « Si je ne reviens pas, regardez ce qui est dans le disque. Ça expliquera pourquoi on a fait ça. » La voix résonnait dans la pièce encore après la lecture. Elle manquait d’intonation ; elle était pleine de poids.


Mei-Lin, la scientifique, prit la parole d’une voix basse qui pourtant coupa net le débat :

« Si vous attirez la colère de Pékin, il n’y aura pas qu’une histoire de preuves. Il y aura des répercussions sur les inspections, sur l’envoi d’experts, sur le droit d’entrer dans des zones sensibles. Si on précipite la publication sans un plan de protection des témoins et sans un mandat international robuste, nous livrons ces gens. »


Silence. Les regards convergèrent sur Mulder. Il inspira. « Alors on fait les deux. On donne à Scully le temps de sceller ce qu’elle doit sceller et on publie une version contrôlée — pas tout, mais assez pour que la pression publique force les inspections internationales. Et on crée, en parallèle, un bouclier pour protéger les témoins. »


Kane pinça les lèvres. « Créer un bouclier, oui. Mais comment ? On ne peut pas appeler la Maison-Blanche pour demander de protéger des nomades en Mongolie. Les gouvernements trembleront. »


Scully répondit : « Nous ne les appelons pas. Nous utilisons les canaux humanitaires : ONG, Croix-Rouge, médecins sans frontières — tout ce qui peut exiger accès sans jouer les nations l’une contre l’autre. »


Mulder hocha la tête. « Et moi ? » demanda-t-il. « Je fais quoi ? »

Scully le regarda avec une dureté douce. « Tu t’occupes de la narration publique. Tu donnes la parole aux nomades, pas à nous. Tu leur prêtes ta voix, Mulder. »


IV — Mise en œuvre : entre théâtre et tactique


Les heures suivantes furent une course chaotique. Carina et Scully se rendirent auprès des nomades, organisant l’évacuation partielle des plus vulnérables vers un convoi médical civil. Elles signèrent des accords improvisés avec une ONG européenne — promesse de camps de transit, de soins, de papiers. Elles prirent des photos, firent signer des décharges ; Scully scella les échantillons sous surveillance. Elle écrivit des annotations claires, datées et horodatées, et fit sceller chaque signature. Tout son monde fonctionnait par preuve.


Kane passa des heures au terminal, le visage éclairé par des lignes de texte. Il ne disait rien, mais il faisait sentir qu’il rodait sur le bord d’une ligne qui pourrait tout rompre. Sa main trembla quand il répondit à un message — un feedback crypté : Nous vous avons vu. Nous vous regardons. Il referma son ordinateur, la mâchoire crispée.


Mulder se mit à la radio. Il contacta les médias qui avaient promis de diffuser la vidéo de Marta — une émission indépendante islandaise, un blogue d’investigation brésilien, une plateforme d’archives scientifiques qui n’avait rien à perdre. Il leur donna un cadre : « Nous avons opéré pour protéger des civils ; nous avons des preuves ; voici les premières images. Elles parlent d’elles-mêmes. » Il n’était pas naïf ; il savait que l’histoire pouvait leur être retournée. Mais il savait aussi que l’inaction les laisserait mourir dans le silence.


Marta, la gorge nouée, regarda la première diffusion. Les images bougées du sauvetage, la main d’Anatoli s’agrippant à la console, la chute de Hawk, l’enfant qui ouvrait les yeux — tout passa en boucle. Sur les forums, on vit alternativement des commentaires d’horreur et de haine. La machine des opinions se réveilla. Quelqu’un, quelque part, écrivit : Ils ont attaqué une installation chinoise. Ce sont des terroristes. Une autre écrivit : Ils ont sauvé des innocents. Ils sont des héros.


V — Le prix du bruit


À la fin de la journée, la pression avait un goût. Des menaces anonymes, des coups de fil étranges, des documents falsifiés commençaient à apparaître en ligne : photos retouchées, comptes rendus contradictoires. Le Phantom Network, ou ceux qui le protégeaient, ripostaient par tout ce qu’ils avaient appris à manipuler : la vérité fragmentée.


Scully, debout près d’une fenêtre, regarda la ville en bas. Les lampadaires semblaient fragiles. Elle murmura : « La science nous protège des mensonges, mais la science ne protège pas les vivants. Il faut les deux. » Carina s’adossa à elle. « Et du courage. Beaucoup de courage. »


Kane, en privé, prit une décision. Il contacta en secret un ancien contact — un officier des services qui avait, autrefois, aidé à protéger des témoins embarrassants. Il lui demanda un service : un convoi sécurisé, couvert et non officiel, pour transporter des familles vers un pays tiers. Il le fit sans fanfare et sans l’annoncer. Mulder, apprenant cela, haussa les épaules. « On devient ce qu’on combat, » dit-il. Kane répliqua, plus doucement : « Parfois, oui. Et parfois on doit le faire pour que quelqu’un autre reste humain. »


VI — Le signal renvoyé


Alors qu’ils pensaient trouver un peu de répit, Mei-Lin fit irruption dans la pièce du centre de crise, pâle comme un voile. Elle tenait une feuille sur laquelle des courbes faisaient onduler la réalité. « Les particules du Gobi ont évolué », dit-elle d’une voix sèche. « Elles interagissent désormais avec des bio signatures analogues — quelque chose comme… une mémoire moléculaire. »


Scully fronça les sourcils, sans demander d’explication technique. « Traduction : elles changent. Elles se reforment. Elles apprennent. »


Mei-Lin hocha la tête. « Oui. Et pire : nous avons intercepté un bref ping venant du Node 10, dispersé vers plusieurs points océaniques. C’était faible, mais il s’est propagé. »


Mulder sentit le sol se dérober. « Ils ont appelé quelqu’un ? » demanda-t-il.

« Pas encore », répondit Kane. « Mais si ce ping trouve une oreille… »


Marta, du bout des doigts, alluma sa caméra. « La diffusion a fait son travail. Des journalistes demandeurs sont venus, des ONG demandent accès, mais certains États veulent fermer la zone. » Sa voix s’effondra presque. « Et quelqu’un a demandé à la Chine une riposte militaire. »


Scully serra les tubes contre elle, comme si les preuves pouvaient repousser la géopolitique. « Alors nous avons très peu de temps pour transformer l’indignation en mandat international. »


VII — Le pacte fragile


La pièce plongera dans un silence lourd. Ils savaient tous, sans se le dire, que l’étape suivante ne serait pas seulement médicale ou médiatique : elle serait politique. Ils durent décider — et vite — de la métrique morale qui les guiderait : transparence totale, avec le risque d’une escalade ; ou discrétion stratégique, avec le risque d’être écrasés par la machine de désinformation.


Mulder posa sa main sur la table, regarda chacun. « On a déjà fait un choix. On a agi. On a sauvé ce qu’on pouvait. Maintenant on doit choisir notre route : on pousse pour un mandat international public, qui nous protège et expose le réseau, ou on continue en petit comité, à l’ombre, en sachant que le réseau nous suivra. »


Scully prit une respiration. « Je propose un plan hybride. On remet immédiatement les échantillons aux pouvoirs judiciaires internationaux (ONU + laboratoire tiers), on publie la vidéo de manière contrôlée — pas tout, mais assez pour forcer une réunion d’urgence —, et on met en place, via des ONG, un corridor humanitaire pour les familles. »


Carina hocha la tête. « Je m’occupe de la logistique civile. Kane, tu t’occupes des protections numériques. Mulder… tu es le visage public. Marta gère la diffusion avec des garde-fous. Mei-Lin aide à expliquer pour les scientifiques. »


Mulder eut un sourire, cette fois sans amertume. « Très bien. Alors faisons le. Ensemble. »


Ils scellèrent — non pas par un contrat officiel, mais par un pacte fragile et humain : celui qui dit qu’ils affronteront la suite en restant ensemble, coûte que coûte.


VIII — Épilogue du chapitre : un ping, puis la nuit


La nuit tomba à nouveau sur Genève ; la ville semblait minuscule face à la tempête qui promettait. Sur l’écran de contrôle, un nouveau message s’afficha, bref, sans fioriture — un écho du désert : PING : 0x04 — RÉCEPTEUR NON IDENTIFIÉ. Kane fronça les sourcils. « C’est… un signal de route. »


Mulder se leva, passa la main dans ses cheveux. « Ils répondent. »


Scully serra les tubes plus fort. « Alors la course ne faisait que commencer. »


Dans le silence, on entendit la caméra de Marta bruiter doucement : le monde regarde maintenant. Ils avaient lancé le signal qu’ils voulaient, mais le réseau avait renvoyé le sien. Les retombées se feraient entendre demain, en public, en politique, en tribunaux. Demain, des milliers d’yeux se braqueraient sur le désert. Mais demain n’était pas encore arrivé. Ils avaient cette nuit-là, ces heures minces, pour préparer la suite — et, plus important encore, pour veiller sur ceux qu’ils avaient juré de protéger.


Fin du Chapitre 16 — l’après assaut devient un procès de la vérité. La lutte quitte la toundra et entre dans la salle des opinions publiques, des ONG et des tribunaux. Le Phantom Network a répondu ; les protagonistes doivent à présent défendre leurs actes en pleine lumière.


— Les retombées

I — Le calme qui ne vient pas


La chaleur du soleil leur tomba dessus comme une sentence. Ils avaient traversé la nuit, mais la poussière ne s’en allait pas. Sur la crête où ils s’étaient réfugiés après la fuite, on voyait encore l’horizon fumer par endroits ; des corbeaux, ou des drones qui ressemblaient à des corbeaux, tournoyaient au loin.


Scully agenouillée, les mains pleines de bandages, regardait Reed étendu sur une couverture. Il respirait, difficilement. Autour d’eux, Carina distribuait ampoules d’oxygène, des couvertures, murmurait des paroles rassurantes aux nomades réveillés. Kane ne cessait de marcher, comme si le mouvement pouvait éloigner quelque chose de pire que le désert : leur conscience.


Mulder, adossé à un rocher, tenait la vieille photo de Samantha. Il la regardait souvent, comme on regarde un phare dans la tempête.


Marta, la caméra embuée posée sur ses genoux, relisait la scène qu’elle venait d’envoyer clandestinement sur trois canaux : la chute d’Hawk, l’agonie d’Anatoli, l’éveil des premiers libérés. Elle semblait plus jeune; ses yeux, rougis par la fatigue, brillaient d’une détermination froide.


Anatoli n’était plus là.


Un silence épais tomba, simple comme une réponse. Puis Kane, sans prévenir, lança :

« On ne peut pas rester ici. Les satellites vont montrer la fumée, et tout le monde aura une opinion — et pas la nôtre. »


Mulder leva la tête. « Quelle opinion ? » demanda-t-il.

« Qu’on est des terroristes. Qu’on a attaqué une installation légitime. Qu’on a déclenché un incident international. »


Scully retira son gant, posa une main sur la poitrine de Reed en s’assurant d’un battement. Elle répondit lentement : « Nous avons des preuves. Nous avons des témoins. Et nous avons des vies. »

Carina, la voix brisée : « Et des morts. Anatoli a… » Elle n’acheva pas. La gorge serrée, elle écrasa le poing contre sa cuisse.


Marta leva sa caméra. « J’ai envoyé la vidéo à trois rédactions indépendantes. Pas de gros réseaux — ils nous feraient taire. Trois petites chaînes qui ne peuvent pas tout perdre. » Elle regarda chacun. « Si je meurs demain, quelqu’un la verra. »


Kane se figea. Son regard rencontra celui de Mulder. « Tu veux être la preuve qu’on existait, Mulder ? » demanda-t-il d’un ton dur.

Mulder fit un mince sourire sans joie : « Je veux que le monde sache pourquoi on a pris ce risque. »


II — Retour : Genève en feu


La télévision parisienne tournait en boucle dans une salle exiguë du centre de crise où la coalition improvisée se rassemblait après l’exfiltration. Les titres scandaient : Attaque dans le Gobi — Qui a frappé une installation chinoise ? Les diplomates vociféraient, fenêtres closes, téléphones collés aux oreilles. L’ambassadeur chinois réclamait une enquête punitive ; certains États parlaient de sanctions immédiates.


Mulder, via liaison sécurisée, apparut à l’écran de la salle : ses traits éclairés, la barbe en bataille, l’air d’un homme qui avait voulu être visible et qui le regrettait déjà. La voix de l’animateur demandait en direct : « Pourquoi des agents non identifiés mènent-ils des opérations sur des sols étrangers ? »


Mulder coupa le micro volontairement. Il tourna ensuite vers Scully, qui était là, en chair et en os, tenant deux tubes scellés sous plastique. Elle avait réussi à garder la preuve tangible, la preuve que Genève exigeait. Ses yeux étaient cernés mais clairs.


Le responsable onusien, une femme au regard d’acier nommée Ambassadrice Leclerc, prit la parole :

« Nous avons reçu des plaintes formelles. Nous avons aussi reçu une demande pour qu’une mission scientifique indépendante se rende immédiatement sur place. Qui garantit que ce ne sera pas manipulé ? »


Scully répondit, froide et précise : « Je garantirai la véracité des échantillons. Je les ai scellés selon un protocole accepté internationalement. Leur authenticité pourra être vérifiée par un laboratoire tiers. »

Une poignée de murmures. Mulder sentit le monde basculer entre deux réalités : la vérité scientifique et l’opinion publique.


Kane, de retour à Genève, se retrouvait dans un autre combat — moins physique mais tout aussi épuisant : la traque des traces numériques. Il avait mis en place des leurres, mais il savait qu’on chercherait justement ces signes. Il parla, la voix étrangement lasse :

« Il est possible que le Phantom Network essaie de retourner la narration. Ils vont montrer des victimes qui n’existent pas, des documents falsifiés… »

Scully le coupa : « Alors on doit être plus irréfutables encore. Les échantillons. Les témoignages. La vidéo de Marta. »


Mulder, qui n’avait jamais été un homme de procédure, intervint : « On publie la vidéo maintenant. On arrête de marchander la vérité. Si on attend, quelqu’un nous la volera. »

Carina secoua la tête. « Publier, c’est provoquer. Pékin utilisera cela pour justifier une riposte. Des familles seront sacrifiées sur l’autel d’une preuve. »


Le débat s’envenima. La tension avait un goût métallique dans la bouche de chacun.


III — Dialogues au bord du gouffre


Plus tard, autour d’une table trop petite pour leurs décisions, les protagonistes se firent face. La lumière était crue. On sentait la fatigue, oui, mais aussi une espèce de détermination fragile.


Mulder : « Nous avons déjà déclenché quelque chose. Si on ne raconte pas notre version, quelqu’un d’autre le fera. Et ce sera pire. »


Scully : « La vérité doit résister au filtre du doute. On ne peut pas se permettre d’être présentés comme des voleurs d’installations. Nous avons tué — non par intention, mais par nécessité. Nous devons montrer pourquoi. »


Kane : « Le réseau apprend. Ce n’était pas juste une attaque ponctuelle : c’était une sonnette d’alarme. Ils adaptent leurs narrations. On peut perdre la bataille médiatique si on ne contrôle pas la séquence. »


Carina (avec colère retenue) : « Et si on contrôlait la séquence, on sacrifierait des gens pour notre fierté. Les nomades, Mulder. Les enfants. Leur santé est ce qui compte. Pas nos théories. »


Marta : « Vous pouvez parler de théories plus tard. La vidéo est en route. Trois médias l’ont. Ils ne peuvent pas tout effacer. »


Anatoli, même absent, avait laissé un message vocal dans lequel il disait : « Si je ne reviens pas, regardez ce qui est dans le disque. Ça expliquera pourquoi on a fait ça. » La voix résonnait dans la pièce encore après la lecture. Elle manquait d’intonation ; elle était pleine de poids.


Mei-Lin, la scientifique, prit la parole d’une voix basse qui pourtant coupa net le débat :

« Si vous attirez la colère de Pékin, il n’y aura pas qu’une histoire de preuves. Il y aura des répercussions sur les inspections, sur l’envoi d’experts, sur le droit d’entrer dans des zones sensibles. Si on précipite la publication sans un plan de protection des témoins et sans un mandat international robuste, nous livrons ces gens. »


Silence. Les regards convergèrent sur Mulder. Il inspira. « Alors on fait les deux. On donne à Scully le temps de sceller ce qu’elle doit sceller et on publie une version contrôlée — pas tout, mais assez pour que la pression publique force les inspections internationales. Et on crée, en parallèle, un bouclier pour protéger les témoins. »


Kane pinça les lèvres. « Créer un bouclier, oui. Mais comment ? On ne peut pas appeler la Maison-Blanche pour demander de protéger des nomades en Mongolie. Les gouvernements trembleront. »


Scully répondit : « Nous ne les appelons pas. Nous utilisons les canaux humanitaires : ONG, Croix-Rouge, médecins sans frontières — tout ce qui peut exiger accès sans jouer les nations l’une contre l’autre. »


Mulder hocha la tête. « Et moi ? » demanda-t-il. « Je fais quoi ? »

Scully le regarda avec une dureté douce. « Tu t’occupes de la narration publique. Tu donnes la parole aux nomades, pas à nous. Tu leur prêtes ta voix, Mulder. »


IV — Mise en œuvre : entre théâtre et tactique


Les heures suivantes furent une course chaotique. Carina et Scully se rendirent auprès des nomades, organisant l’évacuation partielle des plus vulnérables vers un convoi médical civil. Elles signèrent des accords improvisés avec une ONG européenne — promesse de camps de transit, de soins, de papiers. Elles prirent des photos, firent signer des décharges ; Scully scella les échantillons sous surveillance. Elle écrivit des annotations claires, datées et horodatées, et fit sceller chaque signature. Tout son monde fonctionnait par preuve.


Kane passa des heures au terminal, le visage éclairé par des lignes de texte. Il ne disait rien, mais il faisait sentir qu’il rodait sur le bord d’une ligne qui pourrait tout rompre. Sa main trembla quand il répondit à un message — un feedback crypté : Nous vous avons vu. Nous vous regardons. Il referma son ordinateur, la mâchoire crispée.


Mulder se mit à la radio. Il contacta les médias qui avaient promis de diffuser la vidéo de Marta — une émission indépendante islandaise, un blogue d’investigation brésilien, une plateforme d’archives scientifiques qui n’avait rien à perdre. Il leur donna un cadre : « Nous avons opéré pour protéger des civils ; nous avons des preuves ; voici les premières images. Elles parlent d’elles-mêmes. » Il n’était pas naïf ; il savait que l’histoire pouvait leur être retournée. Mais il savait aussi que l’inaction les laisserait mourir dans le silence.


Marta, la gorge nouée, regarda la première diffusion. Les images bougées du sauvetage, la main d’Anatoli s’agrippant à la console, la chute de Hawk, l’enfant qui ouvrait les yeux — tout passa en boucle. Sur les forums, on vit alternativement des commentaires d’horreur et de haine. La machine des opinions se réveilla. Quelqu’un, quelque part, écrivit : Ils ont attaqué une installation chinoise. Ce sont des terroristes. Une autre écrivit : Ils ont sauvé des innocents. Ils sont des héros.


V — Le prix du bruit


À la fin de la journée, la pression avait un goût. Des menaces anonymes, des coups de fil étranges, des documents falsifiés commençaient à apparaître en ligne : photos retouchées, comptes rendus contradictoires. Le Phantom Network, ou ceux qui le protégeaient, ripostaient par tout ce qu’ils avaient appris à manipuler : la vérité fragmentée.


Scully, debout près d’une fenêtre, regarda la ville en bas. Les lampadaires semblaient fragiles. Elle murmura : « La science nous protège des mensonges, mais la science ne protège pas les vivants. Il faut les deux. » Carina s’adossa à elle. « Et du courage. Beaucoup de courage. »


Kane, en privé, prit une décision. Il contacta en secret un ancien contact — un officier des services qui avait, autrefois, aidé à protéger des témoins embarrassants. Il lui demanda un service : un convoi sécurisé, couvert et non officiel, pour transporter des familles vers un pays tiers. Il le fit sans fanfare et sans l’annoncer. Mulder, apprenant cela, haussa les épaules. « On devient ce qu’on combat, » dit-il. Kane répliqua, plus doucement : « Parfois, oui. Et parfois on doit le faire pour que quelqu’un autre reste humain. »


VI — Le signal renvoyé


Alors qu’ils pensaient trouver un peu de répit, Mei-Lin fit irruption dans la pièce du centre de crise, pâle comme un voile. Elle tenait une feuille sur laquelle des courbes faisaient onduler la réalité. « Les particules du Gobi ont évolué », dit-elle d’une voix sèche. « Elles interagissent désormais avec des bio signatures analogues — quelque chose comme… une mémoire moléculaire. »


Scully fronça les sourcils, sans demander d’explication technique. « Traduction : elles changent. Elles se reforment. Elles apprennent. »


Mei-Lin hocha la tête. « Oui. Et pire : nous avons intercepté un bref ping venant du Node 10, dispersé vers plusieurs points océaniques. C’était faible, mais il s’est propagé. »


Mulder sentit le sol se dérober. « Ils ont appelé quelqu’un ? » demanda-t-il.

« Pas encore », répondit Kane. « Mais si ce ping trouve une oreille… »


Marta, du bout des doigts, alluma sa caméra. « La diffusion a fait son travail. Des journalistes demandeurs sont venus, des ONG demandent accès, mais certains États veulent fermer la zone. » Sa voix s’effondra presque. « Et quelqu’un a demandé à la Chine une riposte militaire. »


Scully serra les tubes contre elle, comme si les preuves pouvaient repousser la géopolitique. « Alors nous avons très peu de temps pour transformer l’indignation en mandat international. »


VII — Le pacte fragile


La pièce plongera dans un silence lourd. Ils savaient tous, sans se le dire, que l’étape suivante ne serait pas seulement médicale ou médiatique : elle serait politique. Ils durent décider — et vite — de la métrique morale qui les guiderait : transparence totale, avec le risque d’une escalade ; ou discrétion stratégique, avec le risque d’être écrasés par la machine de désinformation.


Mulder posa sa main sur la table, regarda chacun. « On a déjà fait un choix. On a agi. On a sauvé ce qu’on pouvait. Maintenant on doit choisir notre route : on pousse pour un mandat international public, qui nous protège et expose le réseau, ou on continue en petit comité, à l’ombre, en sachant que le réseau nous suivra. »


Scully prit une respiration. « Je propose un plan hybride. On remet immédiatement les échantillons aux pouvoirs judiciaires internationaux (ONU + laboratoire tiers), on publie la vidéo de manière contrôlée — pas tout, mais assez pour forcer une réunion d’urgence —, et on met en place, via des ONG, un corridor humanitaire pour les familles. »


Carina hocha la tête. « Je m’occupe de la logistique civile. Kane, tu t’occupes des protections numériques. Mulder… tu es le visage public. Marta gère la diffusion avec des garde-fous. Mei-Lin aide à expliquer pour les scientifiques. »


Mulder eut un sourire, cette fois sans amertume. « Très bien. Alors faisons le. Ensemble. »


Ils scellèrent — non pas par un contrat officiel, mais par un pacte fragile et humain : celui qui dit qu’ils affronteront la suite en restant ensemble, coûte que coûte.


VIII — Épilogue du chapitre : un ping, puis la nuit


La nuit tomba à nouveau sur Genève ; la ville semblait minuscule face à la tempête qui promettait. Sur l’écran de contrôle, un nouveau message s’afficha, bref, sans fioriture — un écho du désert : PING : 0x04 — RÉCEPTEUR NON IDENTIFIÉ. Kane fronça les sourcils. « C’est… un signal de route. »


Mulder se leva, passa la main dans ses cheveux. « Ils répondent. »


Scully serra les tubes plus fort. « Alors la course ne faisait que commencer. »


Dans le silence, on entendit la caméra de Marta bruiter doucement : le monde regarde maintenant. Ils avaient lancé le signal qu’ils voulaient, mais le réseau avait renvoyé le sien. Les retombées se feraient entendre demain, en public, en politique, en tribunaux. Demain, des milliers d’yeux se braqueraient sur le désert. Mais demain n’était pas encore arrivé. Ils avaient cette nuit-là, ces heures minces, pour préparer la suite — et, plus important encore, pour veiller sur ceux qu’ils avaient juré de protéger.


Fin du Chapitre 16 — l’après assaut devient un procès de la vérité. La lutte quitte la toundra et entre dans la salle des opinions publiques, des ONG et des tribunaux. Le Phantom Network a répondu ; les protagonistes doivent à présent défendre leurs actes en pleine lumière.


Veux-tu que j’enchaîne avec Chapitre 17 — L’audience internationale (séance publique, Scully témoigne, Mulder face aux médias, retombées diplomatiques) ou préfères-tu que je développe d’abord une scène intime (par ex. un dialogue long entre Mulder et Scully sur Samantha et l’héritage) ?



Chapitre 17 — Audience Internationale : Le Procès de la Vérité

I — L’Assemblée


Genève. Salle des Droits de l’Homme. Le dôme vitré renvoyait la lumière crue d’un matin d’hiver. Les micros cliquetaient, les caméras fixées, les traducteurs s’installaient.

Au centre, une table en U : diplomates, juges, scientifiques indépendants.

Derrière une vitre, journalistes et ONG, serrés, prêts à capter le moindre mot.


Au premier rang des intervenants :


Dana Scully, tailleur sobre, tubes scellés posés devant elle.


Fox Mulder, sans cravate, l’air tendu mais décidé.


Kane, visage fermé, ordinateur crypté posé à portée de main.


Carina Jullien, droits dans ses bottes, épaules redressées, mais regard marqué.


Mei-Lin, scientifique, avec ses relevés.


Marta, caméra discrète, prête à témoigner.


En face, des diplomates chinois, russes, américains, européens, chacun avec leurs dossiers épais.

L’ambassadrice Leclerc, présidant la session, déclara :


Leclerc :

« Nous sommes ici pour entendre, comparer, juger. Pas de rhétorique : des faits. Chaque partie aura droit à la parole. Nous déciderons s’il y a lieu de lancer une mission internationale immédiate. »


II — Témoignages croisés


Leclerc : « Docteur Scully, vous commencez. »


Scully se leva, voix calme mais ferme :

« Ce que vous voyez ici ce sont des échantillons prélevés directement dans le désert de Gobi, zone dite Node 10. Chaque tube a été scellé sous protocole scientifique, horodaté, signé et contre-signé. Les analyses préliminaires montrent des nanostructures biologiques capables de modifier l’ADN par contact. Nous avons vu des effets directs sur des populations civiles. »


Un diplomate chinois l’interrompit sèchement :

Ambassadeur chinois : « Vos échantillons sont fabriqués. Une attaque illégale a détruit une installation civile. Vous êtes ici non pas comme témoin, mais comme accusée. »


Scully, sans trembler :

« Je suis ici comme médecin. Et je vous dis que des enfants étaient en train de mourir. Nous les avons sauvés. »


Un murmure parcourut la salle.


Leclerc : « Agent Mulder. »


Mulder, sourire ironique :

« Je ne vais pas vous faire un exposé scientifique. Ce que nous avons vu, ce que moi j’ai vu, ce sont des hommes réduits en marionnettes vivantes par une technologie qui dépasse nos cadres actuels. J’ai vu un enfant libéré de ce contrôle, ouvrir les yeux. Et j’ai vu Anatoli Morozov mourir en nous laissant ce témoignage. »


Il sortit un petit lecteur. La vidéo d’Anatoli apparut sur l’écran géant :

« Si vous entendez ça, c’est que je ne suis plus là. Mais regardez les sables. Regardez ce qu’ils essaient de faire à la Terre. »


Silence pesant.


Kane se leva ensuite. Sa voix grave vibrait de colère contenue :

« J’ai traqué ces réseaux pendant dix ans. J’ai vu des comptes disparaître, des preuves effacées, des familles entières effacées de l’histoire. Ce Node n’était pas une fiction. C’était une pièce d’un réseau global. Ils veulent reconfigurer la planète. Si vous ne m’écoutez pas, demain vous n’aurez plus de planète à gouverner. »


L’ambassadeur russe haussa les épaules :

« Du théâtre. Des fables d’espions. »


Kane, froid :

« Demandez-vous pourquoi vos propres satellites sont brouillés dans ces zones. Je vous le dis : ils ne veulent pas que VOUS voyiez non plus. »


Carina se leva enfin. Elle parla sans notes, la voix tremblante d’émotion :

« Je ne suis pas médecin. Je ne suis pas scientifique. Je suis une enquêtrice. Et j’ai vu des mères supplier pour que leurs enfants respirent. J’ai porté ces enfants jusqu’aux véhicules. Ils respiraient grâce à ce que nous avons fait. Voilà ma preuve. »


Un silence, puis des applaudissements discrets depuis la tribune des ONG.


Marta conclut. Elle montra des extraits vidéo : des sables noirs, des visages, Hawk en train de tomber, l’éveil des nomades. Sa voix tremblait mais tenait :

« Je ne vous demande pas de me croire. Regardez. Décidez si c’est un mensonge. »


III — Contre-attaque diplomatique


L’ambassadeur chinois frappa du poing :

« Ce sont des montages. Nous exigeons une condamnation immédiate de ces agents. »


Le diplomate américain hésita. Puis déclara :

« Les preuves sont suffisantes pour qu’on ne puisse pas simplement rejeter. Une mission scientifique internationale est la seule voie. »


Les débats enflammés éclatèrent. Les micros saturèrent. L’Europe appuya, l’Afrique du Sud aussi. La Russie resta muette.


IV — Décision


Leclerc leva la main :

« Silence. Après examen, nous décidons d’un mandat d’urgence. Une mission internationale se rendra sur le site, avec accès garanti, protégée par des forces neutres. Les témoins nomades recevront asile humanitaire immédiat. Et ces preuves seront placées sous scellés par un tribunal scientifique indépendant. »


Le verdict tomba. Les caméras crépitèrent. Le monde venait d’entendre : il y aurait une enquête officielle.


Mulder souffla. Scully ferma les yeux. Carina serra la main de Kane. Marta baissa sa caméra. Mei-Lin pleura silencieusement.


V — Épilogue : Les ombres et la lumière

1. Mulder et Scully


Sur un balcon, après la session, Mulder tendit sa vieille photo de Samantha à Scully.

Mulder : « Tout ça… c’est encore pour elle. Pour qu’il reste une Terre où les enfants ne soient pas volés. »

Scully (sourire triste) : « Alors on continue. Même si ça ne finit jamais. »


2. Carina et Kane


Dans un couloir sombre, Carina arrêta Kane.

Carina : « Tu crois qu’on a gagné ? »

Kane : « Non. Mais on a repoussé l’ombre d’un pas. Et parfois, c’est tout ce qu’on peut faire. »


3. Marta


Dans sa chambre d’hôtel, Marta téléchargea ses images sur un serveur chiffré. Elle murmura à la caméra :

« Si quelqu’un me retrouve, qu’il sache : nous avons essayé. »


4. Dernier signal


À des milliers de kilomètres, sous un océan noir, une antenne éteinte depuis des siècles se ralluma. Sur un écran anonyme, un seul mot apparut :


ACTIVÉ.


ÉPILOGUE — Les Veilleurs


Quelques semaines plus tard, le désert du Gobi était devenu un camp sous drapeau international. Les scientifiques creusaient, les militaires gardaient, les journalistes racontaient. Le monde avait vu.


Mulder et Scully rentrèrent aux États-Unis. Ils ne furent jamais appelés héros — mais ils avaient empêché le silence.

Carina resta au terrain, veillant sur les réfugiés. Kane disparut des radars, comme s’il n’avait jamais existé. Marta publia un livre, Le Sable qui Respire.


Et quelque part, au-delà des dunes, les Nodes restants continuaient d’attendre.


La vérité n’était pas entièrement révélée.

Mais elle n’était plus cachée.


✨ Fin du roman ✨



📜 Annexe Chronologique — Aux Frontières du Réseau

Phase I : Mise en place


Chapitre 1–3 : Introduction de l’agent spécial Pupettm@ster (Kane) et de sa nouvelle partenaire Carina Jullien. Premières enquêtes sur des phénomènes étranges liés aux Nodes (installations secrètes). Rencontre avec Mulder et Scully, qui leur apportent un soutien ponctuel.


Chapitre 4–6 : Découverte que les Nodes sont interconnectés et visent à terraformer la Terre. Premières infiltrations. Présentation d’Anatoli (ancien espion repenti), Mei-Lin (scientifique dissidente) et Marta (journaliste indépendante).


Phase II : Escalade


Chapitre 7–9 : Révélations sur la nature des Nodes : hybrides entre biotechnologie extraterrestre et réseau clandestin humain (Phantom Network). Missions risquées, pertes humaines, doutes.


Chapitre 10–12 : Destruction de certains Nodes, révélations partielles. L’ennemi riposte par sabotage et manipulation politique.


Chapitre 13 : Mise en place d’une campagne coordonnée internationale pour attaquer les Nodes restants. Infiltrations, doubles agents, sabotages, dilemmes moraux.


Phase III : L’Affrontement


Chapitre 14 : Course contre la terraformation. Node 10 dans le désert du Gobi devient l’épicentre. Stratégie détaillée, préparation de l’assaut.


Chapitre 15 : Assaut sur le Node 10. Bataille féroce, pertes tragiques. Sacrifice d’Anatoli. Chute de l’ennemi Hawk. Sauvetage des nomades.


Chapitre 16 : Après la bataille : soins aux blessés, crise de conscience. Lancement de la guerre médiatique. Diffusion des preuves par Marta. Ping mystérieux émis par le Node.


Phase IV : Le Jugement


Chapitre 17 : Audience internationale à Genève. Témoignages de Scully, Mulder, Kane, Carina, Marta et Mei-Lin. Confrontation diplomatique. Décision : mission internationale validée. Les témoins et réfugiés protégés.


Épilogue :


Mulder et Scully repartent, conscients que la lutte continue.


Carina reste au terrain pour veiller sur les réfugiés.


Kane disparaît, laissant planer son ombre.


Marta publie Le Sable qui Respire.


Et loin, un nouveau signal des Nodes résonne : ACTIVÉ.


Synthèse


Les Nodes = infrastructures hybrides liées à une terraformation planétaire.


Le Phantom Network = alliance d’intérêts occultes qui protège et exploite ces Nodes.


Les agents fédéraux et alliés (Kane, Carina, Mulder, Scully, Anatoli, Mei-Lin, Marta) mènent une guerre asymétrique.


Victoire partielle : Node 10 neutralisé, vérité exposée, mais la menace persiste ailleurs.


✨ Ce roman se clôt sur une vérité fragile, dévoilée au grand jour, mais inachevée : une victoire du moment, une guerre qui continue.




Rapport confidentiel du FBI ou de l’ONU:



CONFIDENTIEL — DESTINATAIRES AUTORISÉS UNIQUEMENT

Rapport conjoint (FBI / Secrétariat Général de l’ONU)

Référence : FBI/UN-JF-2025-GOBI

Date : 30 septembre 2025

Classification : TOP SECRET / EYES ONLY — Partagé avec États membres signataires du mandat d’enquête


Sommaire exécutif


Ce rapport synthétise les constatations opérationnelles et scientifiques issues des investigations menées par une équipe mixte (agents spéciaux, experts médico-légaux, journalistes d’investigation et scientifiques indépendants) sur un réseau clandestin d’installations désigné « Phantom Network » et sur l’action offensive conduite contre le site identifié comme Node 10 — Gobi (République de Mongolie / zone transfrontalière).


Principales conclusions :


Node 10 a été trouvé et neutralisé partiellement après une opération conjointe non étatique ; l’installation mettait en œuvre un protocole avancé de modification microclimatique (déploiement de particules catalytiques polymorphes) visant à créer des boucles de condensation auto-entretenues sur une zone géographique précise.


Des prélevés biologiques et environnementaux authentifiés montrent la présence de nanostructures hybrides (bio inorganiques) capables d’interagir avec tissus biologiques et matrices génétiques — caractéristique incompatible avec procédés agricoles ou industriels conventionnels.


Des victimes civiles (populations nomades de la région) ont présenté des symptômes compatibles avec l’exposition aux particules (œdèmes respiratoires, détresse aiguë) ; des interventions médicales d’urgence ont permis des sauvetages ciblés.


Le Phantom Network opère au plan transnational : cartographie partielle identifie au moins douze sites (« Nodes ») avec fonctions complémentaires (stockage de consciences, armement expérimental, bioconstruction, incitation climatique, etc.).


L’opération a entraîné des pertes humaines parmi les intervenants non étatiques ; des éléments de preuve (médicaux, vidéos, log numériques) ont été scellés et remis à des autorités indépendantes pour expertise.


Ce rapport propose une synthèse des preuves, une évaluation des risques et des recommandations politiques, juridiques et humanitaires immédiates — sans inclure d’instructions tactiques ou opérationnelles.


1. Contexte et mandat


Origine : suites d’enquêtes locales et de fuites média sur disparitions et anomalies environnementales (2019–2025). Dossiers initiaux transmis via plateformes d’investigation et ONG. Suite aux événements sur Node 10 et à la diffusion d’éléments visuels vérifiés, l’ONU a mandaté (décision d’urgence) une mission d’expertise scientifique et humanitaire, coordonnée ad hoc avec le FBI pour enquête parallèle sur éléments transnationaux.


Mandat conjoint :


recenser et authentifier preuves matérielles ;


protéger et soigner victimes civiles ;


dresser cartographie et typologie des Nodes ;


recommander mesures juridiques et diplomatiques pour neutraliser menaces transnationales ;


préparer transmission aux instances judiciaires compétentes.


Limites du mandat : aucune action offensive non autorisée par États souverains ; prohibitions formelles de divulgation non contrôlée d’éléments sensibles susceptibles d’être exploités pour des actions illicites.


2. Méthodologie d’enquête (résumé)


Équipe mixte : agents du FBI (source principale d’enquête numérique/forensic), experts ONU (sciences de l’environnement, climatologie, droit international humanitaire), laboratoires indépendants agréés (séquences ADN, analyses nanométriques), journalistes partenaires (chaînes de chaîne de traçage et témoins).


Méthodes : collecte sur site, prélèvements biologiques et environnementaux (chaîne de conservation certifiée), audits légaux (contrats, transferts financiers), recoupement d’images et témoignages vidéo, analyses informatiques pour reconstituer routages et signatures réseau. Toutes les manipulations de preuves ont été documentées et scellées selon standards internationaux (voir annexe B : chaîne de conservation).


3. Résultats factuels (sélection clé)

3.1 Node 10 — Gobi (constat sur site)


Structure : dôme hémisphérique hybride (composants métalliques et matrices organiques stabilisées).


Observations atmosphériques : perturbations microclimatiques localisées (chute brutale de T°, condensation anormale), brumes à composition particulaire non identifiée.


Preuves matérielles : fragments de matrice pulvérulente contenant nanostructures silico-biologiques ; échantillons de tissus humains montrant traces d’interactions moléculaires compatibles avec exposition aux particules.


Indices humains : corps en état végétatif (coquilles biologiques connectées à interfaces), et dossiers audio Visio visibles attestant d’expérimentations sur humains.


3.2 Victimes et impact sanitaire


Cas cliniques identifiés : œdèmes pulmonaires aigus (n = 18 recensés lors de l’intervention immédiate), détresses respiratoires, symptômes neurologiques transitoires chez exposés.


Mesures médicales : prise en charge d’urgence, oxygénothérapie, observation; documentation des séquelles et orientation vers centres spécialisés.


Témoignages : plusieurs témoins évoquent « changement du ciel », précipitations anormales et épisodes d’asthénie.


3.3 Cartographie partielle du Phantom Network (liste non exhaustive)


Node 1 : Tunguska (Sibérie) — extraction minérale (catalyseurs).


Node 2 : Reykjavík (Islande) — relais / communications.


Node 3 : Namibie — bioconstructions (détruit partiellement).


Node 4 : Amazonie — intégration organique / vecteurs biologiques.


Node 5 : Sichuan (Chine) — nanotechnologie invasive.


Node 6 : Zone 51 (USA) — armement expérimental (atteint, preuves récupérées).


Node 7 : Dry Creek (USA) — stockage de consciences (détruit).


Node 8 : Archipel japonais — IA organique.


Node 9 : Antarctique — archives biologiques (désactivé / neutralisé).


Node 10 : Gobi — expérimentation climatique / terraformation (opérationnel → partiellement neutralisé).


Node 11 : Forêts noires (Allemagne) — contrôle psychique (enquête en cours).


Node 12 : Abysses Pacifique — incubation submergée (indications détectées).


(Remarque : la cartographie est partielle et fondée sur données récupérées, témoignages, logs saisis et analyses. D’autres sites peuvent exister.)


4. Éléments de preuve clés (inventaire simplifié)


Échantillons environnementaux (n = 24 tubes scellés) — laboratoires concordants : présence de nanostructures hybrides (analyses inter laboratoires indépendantes).


Dossiers vidéo (n = 7 fichiers bruts) — manifestations visuelles et témoignages (chaîne de garde certifiée).


Logs numériques (extraits) — routages cryptés, signatures de protocole (indexés, remis au FBI pour forensic).


Témoignages verbaux et écrits (listes de témoins protégés, consultables sur demande sous accréditation).


Documents financiers partiellement retracés — transferts suspects liés à sociétés écran (enquête financière en cours).


Tous éléments sont stockés en coffre sécurisé ONU / dépôt FBI (chaîne d’accès restreinte). Détails techniques sensibles disponibles aux autorités judiciaires et coalitions mandatées uniquement.


5. Évaluation des risques

5.1 Risque sanitaire


Court terme : nouveaux foyers d’atteintes respiratoires localisés ; nécessité d’assistance médicale et surveillance épidémiologique.


Moyen terme : potentiel de dissémination via vecteurs (météorologie, transferts biologiques) si d’autres Nodes activent modules de propagation.


5.2 Risque géopolitique


Réactions étatiques : possibilité d’escalade diplomatique (revendications de souveraineté, demandes d’indemnisation, blocages politiques).


Désinformation : opérateurs du Phantom Network et acteurs complices sont susceptibles de lancer campagnes de dénégation, de falsification et d’intoxication médiatique.


5.3 Risque technique et judiciaire


Preuves altérables : si accès non contrôlé aux sites restants, risque de suppression/altération d’archives.


Poursuites internationales : complexité juridique (responsabilité d’États vs. entités privées transnationales).


6. Recommandations (politiques, juridiques, humanitaires)


Priorité 1 — Protection humaine


Mise en place immédiate d’un corridor humanitaire protégé (ONG internationales + contingents neutres) pour évacuer, traiter et reloger populations civiles exposées. Protection des témoins et des familles (asile temporaire, documents, garde).


Déploiement d’équipes médicales spécialisées (pulmonologie, neurologie, infectiologie) sous bannière ONU / Croix-Rouge.


Priorité 2 — Investigation indépendante & préservation des preuves


Création d’un Tribunal scientifique international ad hoc (laboratoires agréés) pour expertise des prélèvements ; conservation en chaîne de garde.


Mandat d’accès immunisé pour enquêteurs indépendants sur Node 10 et autres sites recensés (sous escorte neutre).


Priorité 3 — Réponse diplomatique & judiciaire


Appel à une résolution du Conseil de sécurité (textes ciblés : gel d’actifs identifiés, coopération judiciaire transnationale), sous formats permettant enquêtes sans préjuger d’accusations d’États.


Lancement d’une enquête criminelle internationale (possibilité CPI / tribunal ad hoc) si crime transnational avéré (expérimentation humaine, crimes contre l’humanité potentiels).


Priorité 4 — Contre désinformation & sécurité de l’information


Plan de communication coordonné (ONU + coalition scientifique) : publication contrôlée des preuves validées ; protection juridique des journalistes partenaires et témoins.


Surveillance et blocage des campagnes de désinformation via plates-formes (coopération avec providers, respect du droit).


Priorité 5 — Mesures structurelles


Renforcement des normes internationales sur bioéthique, moratoires sur technologies de stockage de conscience et IA organique, nouvelles règles pour recherche transnationale.


Création d’un registre international des installations sensibles (transparence, audits périodiques sous supervision onusienne).


7. Mesures immédiates adoptées (chronologie courte)


J+0–J+3 : Neutralisation partielle de Node 10 (opération non étatique), évacuation partielle de populations locales, saisie d’échantillons.


J+4 : Diffusion contrôlée de preuves via médias indépendants (stimulation d’opinion publique et pression diplomatique).


J+7 : Réunion d’urgence à Genève — mandat ONU pour mission d’expertise ; accord sur corridor humanitaire.


J+10 : Déploiement initial d’équipes médicales et scientifiques ; scellage des preuves en laboratoires agréés.


(La chronologie détaillée et documents annexes sont conservés dans le coffre attitré — accès restreint.)


8. Contraintes légales et recommandations procédurales


Toute action armée indépendante doit être évitée ; le rapport recommande l’option diplomatique et judiciaire coordonnée pour réduire risques d’escalade.


Les algorithmes et codes saisis doivent être traités par une cellule de cyber-forensic autorisée (FBI + laboratoire agréé) et transmis aux juridictions compétentes.


Les données sensibles (protocoles, architectures biologiques) sont classifiées et doivent être partagées uniquement sur base Need-to-know avec garanties de non militarisation.


9. Annexes (références & pièces disponibles sur demande contrôlée)


Annexe A : Inventaire complet des preuves matérielles (tubes, vidéos, logs).


Annexe B : Chaîne de garde / preuve — fiches d’authentification pour chaque item.


Annexe C : Liste (partielle) des Nodes identifiés et leurs fonctions supposées.


Annexe D : Liste des victimes recensées, évaluations médicales initiales (protégée).


Annexe E : Recommandations juridiques détaillées et cadres possibles (CPI, tribunaux ad hoc, résolutions UNSC).


Annexe F : Dossiers financiers et entités possibles à étudier par unité d’enquête financière (au besoin).


Les annexes sont stockées dans les dépôts sécurisés de l’ONU et du FBI ; leur consultation nécessite approbation conjointe et clearance internationale.


10. Conclusion — posture stratégique recommandée


Le phénomène observé dépasse le cadre d’une simple « menace locale ». Il s’agit d’un ensemble techno-biologique transnational, soutenu par structures humaines et financières obscures, capable d’altérer des écosystèmes et d’affecter directement des populations. La réponse doit donc être multidimensionnelle : humanitaire, scientifique, juridico-diplomatique, et prudente sur le plan opérationnel.


Recommandation synthétique : engager sans retard la mission internationale mandatée, protéger les civils, sécuriser les preuves, et créer une task-force judiciaire et scientifique internationale pour déployer enquêtes, poursuites et normes de prévention. L’objectif prioritaire est de contenir la menace, de protéger les victimes, puis d’utiliser les instruments juridiques internationaux pour rendre des comptes aux responsables.


Rédigé par :

Equipe conjointe d’enquête — FBI / Division Cyber & International Threats

et

Secrétariat Général de l’ONU — Unité des Crises Technologiques


Signatures (copies numériques scellées disponibles) :

— Directeur adjoint, FBI International Task Force

— Chef de mission scientifique, Secrétariat Général de l’ONU


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