Quand les rôles changent

Chapitre 1 : Officiers à terre

703 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 04/10/2025 01:51

Le soleil commençait à descendre derrière les immeubles d’Austin, projetant des ombres longues sur le béton gris du stationnement à étage. Carlos coupa le moteur de sa voiture banalisée et jeta un coup d’œil à sa collègue assise côté passager.

— C’est bien ici que la source a dit que ça se passait ? demanda-t-il en plissant les yeux vers les rampes désertes.

Sofia consulta ses notes sur son téléphone.

— Ouais. D’après lui, ça sert de dépôt pour les voitures volées… mais ce n’est qu’une façade. Les véhicules servent à transporter des armes.

Carlos soupira et sortit de la voiture.

— Et on n’a pas d’unités de soutien pour l’instant.

— On fait juste une reconnaissance, précisa Sofia. J’avais besoin de toi pour ton flair… je sais que tu es agent normalement, pas enquêteur, mais tu sais repérer ce genre de trucs.

Ils montèrent la rampe en silence, leurs pas résonnant sur le ciment. Tout semblait étrangement calme. Trop calme.

Au deuxième étage, une odeur leur parvint, métallique et lourde. Carlos fronça les sourcils.

— Tu sens ça ?

Sofia hocha la tête.

— Essence.

Ils échangèrent un regard, et leurs gestes devinrent plus mesurés, plus tendus. Contournant une rangée de voitures poussiéreuses, ils remarquèrent les traces d’un passage récent : des empreintes de bottes, des portières entrouvertes, un bidon renversé.

Un bruit sec claqua dans l’air. PAN ! Un impact de balle fit voler un éclat de béton à leurs pieds.

— À couvert ! cria Carlos en se jetant derrière un SUV noir.

Sofia roula derrière une berline à moitié désossée, dégainant son arme.

— On n’est pas seuls…

Des pas précipités résonnèrent plus loin, suivis d’un second coup de feu. Carlos répliqua, tirant deux fois dans la direction du bruit, son cœur battant à tout rompre.

Puis, d’un coup, tout bascula.

Un grondement sourd, suivi d’un souffle brûlant, déchira l’air. Le sol trembla comme s’il s’ouvrait sous eux. Une boule de feu éclata dans le coin du stationnement, projetant des morceaux de béton et des flammes. L’onde de choc les souleva et les écrasa contre le sol.

Carlos sentit ses côtes se fendre dans un craquement sec, la douleur éclatant dans sa poitrine comme une lame brûlante. L’air fut arraché de ses poumons ; il suffoqua, cherchant à inspirer, mais ses poumons refusaient d’obéir. Un bloc de béton s’abattit sur sa cuisse, l’écrasant contre le bitume. Un cri rauque, étranglé, lui échappa avant qu’un voile noir ne brouille sa vision.

La dernière chose qu’il vit fut Sofia projetée contre un pilier, le front ensanglanté, avant que les gravats ne s’abattent et qu’un silence de mort ne retombe.

Une voix lointaine perça les ténèbres.

— Carlos !

Il sentit une pression sur son épaule, des doigts qui le secouaient. Ses paupières lourdes papillonnèrent. Tout était flou. Chaque respiration était un supplice, un feu qui lui déchirait la poitrine. Le goût métallique du sang emplissait sa bouche.

— Tiens bon ! cria Sofia, la voix tremblante.

Il distingua sa silhouette, pliée en deux, tentant de repousser un bloc de ciment coincé sur sa jambe. Chaque effort l’arracha un gémissement.

Sofia, haletante, tendit le bras vers sa radio encore accrochée à son gilet. D’une main tremblante, elle l’arracha et pressa le bouton d’appel.

— Ici l’unité 27, besoin de renforts immédiats ! Explosion dans le stationnement de l’avenue Collins ! Officiers à terre, je répète, officiers à terre !

Un grésillement, puis une voix familière filtra dans le haut-parleur.

— Ici Grace Ryder, au centre de répartition. Répétez, unité 27.

Carlos, à moitié conscient, reconnut cette voix. Douce, ferme, rassurante. Grace. L’écho de la 126. Ses lèvres tremblèrent dans un souffle court, presque un sourire, avant que sa tête ne retombe lourdement contre le béton. L’obscurité l’avala à nouveau.


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