Jonah

Chapitre 1 : Le premier accueil de Jonah

789 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 04/10/2025 02:42

 

TK faisait les cents pas dans le terminal de l’aéroport, le regard rivé toutes les deux secondes sur la porte des arrivées, puis sur sa montre, avant de soupirer nerveusement.

— Bébé, viens t’asseoir, soupira Carlos en tapotant le siège à côté de lui. Tu me donnes le tournis... et à mon avis, tu stresses tout le monde autour.

TK balaya la salle du regard, mais personne ne semblait lui en vouloir. Il ignora la remarque, mordilla sa lèvre inférieure, puis reprit sa marche comme un lion en cage.

Carlos se leva, exaspéré, et attrapa TK doucement par les épaules pour le forcer à lui faire face.

— Est-ce que tu pourrais respirer un peu, s’il te plaît ?

— Carlos, j’y arrive pas, répondit TK d’un ton trop tendu. C’est plus fort que moi.

— Si, tu peux. Allez, viens.

Il le guida vers un siège et TK s’y laissa tomber, raide comme un piquet, les yeux toujours fixés sur la porte.

— Et si… souffla-t-il, la gorge nouée. Et si l’avion avait eu un problème ?

Carlos poussa un soupir et sortit son téléphone.

— Regarde, dit-il en lui montrant l’écran. L’avion a atterri il y a déjà quinze minutes. Tout va bien.

— Et s’il y avait eu un souci à l’atterrissage ? Tu sais que ça peut arriver... Tu te souviens… aux funérailles de ma mère…

Carlos posa immédiatement sa main sur celle de TK, l’interrompant.

— Je m’en souviens, oui. Ce jour-là, j’ai cru que je te perdais. Mais ce n’est pas la même chose, TK. Jonah va bien.

— Et s’il ne me reconnaît pas ? Et s’il ne veut pas rester avec nous ? Et s’il…

Carlos posa ses deux mains contre le visage de TK, tendrement.

— Hey, regarde-moi. Tu vas être un père formidable. Jonah t’adore déjà. Et tu sais très bien qu’ils ne nous l’auraient pas confié s’ils avaient le moindre doute.

À ce moment, les portes automatiques s’ouvrirent. Des voyageurs commencèrent à sortir. TK se leva d’un bond. Carlos le suivit, le cœur battant, et glissa sa main dans la sienne.

Une femme apparut, traînant une petite valise bleue d’une main et tenant celle d’un tout petit garçon de l’autre.

Jonah De la Costa, deux ans et demi.

En apercevant son frère au loin, le petit garçon lâcha la main de l’agente et courut vers lui de toutes ses forces. TK s’agenouilla juste à temps pour le recevoir dans ses bras.

— Salut, mon trésor… souffla-t-il, la gorge serrée.

Jonah ne répondit pas. Il enfouit simplement son visage dans le cou de son frère, en s’agrippant à lui de toutes ses petites forces.

L’agente sociale les rejoignit, souriante.

— Bonjour, lança Carlos, encore ému par la scène.

— Monsieur Reyes, Monsieur Strand, dit-elle avec chaleur. Voilà votre petit colis est arrivé à destination... Et voici les papiers dont vous aurez besoins.

Elle tendit un petit classeur à Carlos, puis déposa la valise à leurs pieds.

— Félicitations. Je vous souhaite une très belle route ensemble.

Elle se pencha vers Jonah

— Au revoir, Jonah.

Le petit ne répondit pas. Il tenait encore TK comme si sa vie en dépendait.

Quand elle s’éloigna, Jonah leva enfin la tête et pointa sa valise du doigt.

— Doudou…

— Tu veux ton doudou ? sourit TK, en le déposant délicatement au sol.

Jonah hocha timidement la tête.

Carlos ouvrit la petite valise, fouilla dedans et sortit un petit éléphant en peluche. Il le tendit à Jonah, qui l’attrapa sans lâcher Carlos des yeux.

— C’est Carlos, mon cœur, dit doucement TK. Tu te souviens de lui ? Il est très gentil, tu vas voir.

Jonah hocha très légèrement la tête, puis serra son éléphant contre lui.

TK échangea un regard avec son mari. Il sentait son cœur se serrer.

Voir Jonah comme ça… si petit, si fragile, si silencieux… C’était comme recevoir un coup dans le ventre. Ce petit bonhomme avait déjà vécu la mort de sa mère, l’incarcération de son père, un pensionnat à l’étranger… et maintenant encore un nouveau départ. Oui, ils allaient lui offrir une vie douce. Mais pour Jonah, tout ça, c’était encore un autre bouleversement.

Alors TK se pencha, le serra contre lui, et murmura :

— T’es en sécurité maintenant, mon cœur. On va prendre soin de toi. Promis.



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