Quand la sirène sonne pour Jonah
Chapitre 10 : Le petit doigt du courage
1479 mots, Catégorie: G
Dernière mise à jour 05/10/2025 23:07
Les jours passèrent doucement, et Jonah se remit tranquillement de son incident. Son petit bras guérit rapidement et les cauchemars s’évanouirent peu à peu. TK reprit le travail, déterminé à remonter en selle, tandis que Carlos resta auprès de Jonah quelques jours avant de devoir à son tour retourner à ses obligations. Andréa prit le relais, assurant la présence rassurante d’un proche à la maison. Bientôt, Jonah put retourner à l’école. Malgré le traumatisme, tout se passa mieux que prévu. Pourtant, il n’avait pas encore remis les pieds à la caserne depuis cet épisode.
Ce matin-là, le soleil filtrait à travers les grandes baies vitrées de la caserne, dessinant de longues bandes dorées sur le sol. TK, en uniforme, fit quelques pas vers la porte principale, jetant un regard nerveux à l’horloge. Jonah avait passé le samedi avec Carlos qui n’était pas de garde. Ils devaient passer d’une seconde à l’autre.
TK releva les yeux lorsqu’il entendit des pas dans l’entrée.
Carlos entra, tenant Jonah dans ses bras. Le petit garçon s’accrocha à lui comme un koala, ses yeux grands et inquiets parcourant la caserne.
— Hé, vous voilà, souffla TK en s’approchant. Salut, bonhomme…
Jonah ne répondit pas immédiatement et se serra un peu plus contre Carlos.
— Comment ça va aujourd’hui ? demanda TK doucement. Qu’as-tu fait ce matin avec Papa ?
— On a cuisiné des biscuits, répondit finalement Jonah. Je t’en ai apporté.
Il tendit un petit sac à son père.
— Merci mon cœur…
Un petit sourire timide illumina le visage du garçon. Plus loin, l’ambulance immobile dans l’ombre du garage attira son regard. Ses mains se crispèrent légèrement.
— Je veux pas y monter… murmura-t-il.
— Personne ne t’y oblige, mon cœur, expliqua TK.
Carlos s’accroupit doucement, maintenant Jonah contre lui.
— Tu veux t’asseoir dans la cuisine avec moi pendant que Papa range ses biscuits ?
— Je veux pas qu’il parte dans l’ambulance…
TK s’agenouilla à leur hauteur, posant une main rassurante sur l’épaule de Jonah.
— Hé, regarde-moi. L’ambulance, c’est pour les personnes très malades. Si l’alarme sonne, papa doit aller les aider. Mais toi, tu es en sécurité ici. Et ce soir, tu rentres à la maison avec Papa Carlos. C’est promis.
Jonah hésita, puis glissa une main vers TK pour s’assurer qu’il était bien là. TK le serra contre lui, respirant la chaleur rassurante de son fils.
— Viens, on va goûter aux biscuits que tu as cuisinés, lança TK en l’entraînant vers la cuisine.
Mateo fut le premier à s’approcher.
— Hé, champion ! T’es venu nous dire bonjour !
Jonah offrit un faible sourire, reculé derrière Carlos. Paul s’avança doucement.
— Salut Jonah. T’as l’air en forme aujourd’hui.
Tommy descendit les escaliers et s’arrêta, émue.
— Salut, mon trésor… T’es venu voir Papa TK ?
Mais à peine sa voix résonna-t-elle que Jonah recula brutalement, se cachant complètement derrière Carlos.
— Hey, hey, tout va bien, mon cœur, souffla Carlos en se baissant à sa hauteur.
TK s’approcha à son tour, inquiet.
— C’est juste Tommy, tu la connais…
Mais Jonah secouait encore la tête, les yeux brillants.
— Je veux pas aller dans l’ambulance…
Tommy se figea, un instant déstabilisée. Puis elle recula lentement, son regard voilé par une émotion discrète.
— Je vais lui laisser de l’espace, murmura-t-elle. Il s’en souvient… trop bien, on dirait.
— Ce n’est pas contre toi, dit TK à voix basse. C’est juste… le souvenir.
— Je sais, répondit-elle avec douceur. Je comprends.
Marjan posa une main légère sur l’épaule de Tommy, tandis que Mateo changeait rapidement de sujet :
— Hé Jonah, tu veux m’aider à choisir une collation ?
Jonah leva les yeux vers TK pour demander sa permission.
— Je ne pars pas, dit TK. Je reste juste ici.
Jonah prit une grande inspiration, puis suivit Mateo à petits pas, en gardant un œil sur l’ambulance… et un autre sur Tommy, restée à distance.
La grande table de la cuisine était pleine de vie. Mateo parlait trop fort, Marjan et Nancy papotait, et Paul découpait des morceaux de pomme. Jonah, assis entre Carlos et TK, grignotait doucement un bout de fromage. Son regard allait sans cesse de ses papas à la pièce voisine, là où l’ambulance dormait, silencieuse.
Tommy s’approcha à pas légers, tenant un verre d’eau, hésitante. Elle s’arrêta à distance respectable, ne voulant pas brusquer Jonah. TK lui fit signe de s’approcher.
— Tu veux t’asseoir ? lui demanda-t-il doucement. Il s’est calmé.
TK, Tommy et Carlos se mirent à discuter. Jonah levait la tête de temps en temps pour regarder Tommy. Il mâchait lentement, les sourcils froncés, pensif. Puis, sans qu’on ne s’y attende, il demanda à voix basse :
— Tu sauves des personnes malades, comme papa ?
Tommy sursauta presque, mais son sourire fut instantané, tendre.
— Oui, chéri. Mais pas pour le moment…
Jonah hocha la tête, comme s’il pesait chaque mot. Il se tortilla sur sa chaise, puis se leva, toujours silencieux. Carlos le suivit des yeux, mais ne bougea pas.
Et, lentement, Jonah traversa la cuisine… puis arriva dans le garage. Le silence s’installa dans la cuisine. Tous les regards se tournèrent vers lui, mais personne ne dit un mot. Jonah s’approcha à petits pas de l’ambulance. Il s’arrêta, recula, puis reprit une inspiration. Et tout doucement, avec une prudence presque cérémonielle, il tendit la main… et posa un doigt sur la carrosserie blanche. Un simple contact. Juste un doigt. Il resta là, immobile, concentré. Puis, lentement, il effleura la surface d’un geste plus ample. Dans la cuisine, Carlos posa une main sur le bras de TK, les yeux brillants.
— Il l’a fait.
— Ouais, souffla TK. Tout seul.
TK se leva et s’approcha à pas feutrer vers son fils. Jonah se tourna vers son papa.
— J’ai touché l’ambulance, annonça-t-il
— On a vu ça, mon cœur. Je suis fière de toi, ajouta TK.
Jonah souri, fière.
— Tu veux la voir de plus près ? demanda TK doucement. On peut monter à l’intérieur, si tu veux.
Jonah releva les yeux, hésitant.
— Elle ne va pas bouger, promit TK. C’est moi qui la conduis, tu te souviens ? Et s’il y a une urgence, je te ferais descendre pour retourner avec papa Carlos.
Le petit garçon mordilla sa lèvre, puis hocha la tête très lentement.
TK tendit la main. Jonah hésita encore une seconde, puis glissa ses petits doigts dans ceux de son père. TK ouvrit les portes de derrière et l’aida à grimper doucement dans le véhicule. L’intérieur était calme, presque chaleureux sous la lumière tamisée. Jonah regarda partout, les yeux grands ouverts.
— C’est là que je me suis allongé ?
— Exactement ici, avec papa Carlos, dit TK en lui montrant la civière. Et moi j’étais assis juste là, avec Tommy. On te surveillait, et on t’écoutait respirer.
— Et y’a quoi là-dedans ? demanda Jonah en désignant un des tiroirs.
— Des pansements, des ciseaux spéciaux.
Jonah pencha la tête, intrigué.
— Et là-dedans ?
— Un stéthoscope. Comme celui que j’ai à la maison.
— C’est quoi, ça ? Et cette boîte, elle fait quoi ? Et ça, c’est pour les bébés ou pour les grands ?
TK riait doucement en répondant à chaque question, prenant le temps de lui montrer les objets, d’ouvrir les tiroirs, d’expliquer les pansements, le stéthoscope, le défibrillateur. Nancy arriva à la porte de l’ambulance, un sourire tendre sur le visage.
— Hey, champion… tu voudrais qu’on allume les gyrophares.
Jonah écarquilla les yeux.
— Les lumières bleues ?
— Exactement. Mais seulement si tu veux.
Tommy s’approcha aussi.
— On peut même les allumer sans mettre la sirène. Juste les lumières. Ça fait comme une boule disco.
Jonah jeta un regard à TK, incertain.
— Tu restes avec moi ?
— Toujours, dit TK en serrant doucement sa petite main.
Après un moment de silence… Jonah hocha la tête.
— D’accord… mais pas trop fort.
— Pas de son, juste les lumières, promit Tommy.
Nancy grimpa à l’avant. Un petit clic plus tard, les gyrophares s’animèrent, projetant des éclats bleus et rouges contre les murs du garage. Jonah éclata d’un rire cristallin.
— On dirait une fête !
Dans la cuisine, Carlos les regardait, un sourire immense sur le visage, les yeux brillants.
— On l’a retrouvé, souffla Carlos.