La traduction
La chambre baignait dans une obscurité tranquille, à peine troublée par un mince filet de lune glissant entre les rideaux entrouverts. L’air était doux, saturé de cette quiétude propre aux nuits profondes. Le silence de la maison n’était rythmé que par le souffle régulier de la ville endormie.
Carlos reposait sur le côté, profondément endormi, une main posée avec une tendresse inconsciente sur le torse nu de TK. Ce dernier flottait entre sommeil et éveil, bercé par la chaleur rassurante de ce contact familier, et par la respiration calme de son mari contre lui.
Jusqu’à ce qu’un murmure vienne fendre la nuit :
— No te muevas…
TK remua à peine, clignant des yeux dans la pénombre. Un instant, il crut rêver lui aussi.
— Déjame seguir besándote ahí…
La voix de Carlos, basse et langoureuse, glissa dans l’obscurité comme une caresse. TK entrouvrit davantage les yeux, tiré de sa torpeur, un brin confus.
— Carlos ? Qu’est-ce que tu dis, bébé… ?
Mais Carlos poursuivit, toujours endormi, les traits paisibles, la voix gorgée de désir :
— Te quiero encima de mí… ahora…
TK se redressa lentement sur un coude, les sourcils arqués. Même sans tout comprendre, il saisissait l’intention. Et clairement, ce rêve n’avait rien de spirituel.
— Así, lento… no pares… hazlo otra vez… justo ahí…
Un éclat de rire silencieux lui échappa. Il reconnaissait quelques mots — lento, otra vez, ahora… C’était suffisant pour deviner que ce qui se jouait dans l’esprit de Carlos était très… physique.
— Mon Dieu, souffla TK à voix basse. Je sais pas ce que tu fais dans ce rêve, mais j’espère que c’est moi qui t’accompagne.
Carlos grogna doucement, comme pour approuver, avant de s’enfoncer un peu plus dans l’oreiller.
— Mmm… me encantas cuando haces eso con la lengua… ese gemido tuyo… me vuelve loco…
TK bascula sur le dos, bouche entrouverte, un sourire collé aux lèvres. Il secoua la tête, mi-hilare, mi-fasciné.
— OK. Je parle pas espagnol, mais… si ça continue, je vais finir par m’inscrire à des cours.
Il se pencha doucement, ses lèvres frôlant l’oreille de Carlos, et murmura sans chercher à le réveiller :
— On en reparle demain, mon cœur. Fais de beaux rêves…
Puis, TK se laissa retomber sur l’oreiller, le sourire toujours accroché, écoutant la respiration chaude de son mari qui glissait de nouveau dans un sommeil paisible.