La journée Catastrophe
Chapitre 1 : Matin chaotique à la maison
1380 mots, Catégorie: G
Dernière mise à jour 07/10/2025 22:48
Le soleil filtrait déjà à travers les stores mal fermés, projetant des zébrures dorées sur les draps froissés. TK ouvrit un œil, paresseusement, puis l’autre… avec une grimace. Un calme étrange flottait dans l’air, ce genre de qui précède invariablement une tempête. Il tâtonna pour attraper son téléphone sur la table de nuit et sentit son cœur rater un battement en voyant l’heure : 7 h 42.
— Carlos… réveille-toi.
Un grognement confus lui répondit.
— Carlos. Il est presque huit heures. On est en retard.
Carlos souleva la tête de l’oreiller, les cheveux en bataille, les yeux encore noyés de sommeil.
— Hein ? Mais… j’avais mis une alarme…
— Ben elle a pas sonné ! Et Jonah commence l’école dans… dix-huit minutes !
Le lit gronda sous leurs mouvements précipités. Ils sautèrent hors du lit dans un ballet presque burlesque. TK enfila un pantalon froissé tandis que Carlos, titubant, fila vers la salle de bain, les cheveux ébouriffés.
Dans la chambre d’à côté, Jonah dormait en étoile au milieu de ses doudous, la bouche ouverte et les joues roses. TK s’approcha doucement, posa une main sur son dos chaud.
— Allez mon cœur, c’est l’heure de se lever… on est un peu pressés ce matin.
— Mmmmh...
Jonah gémit et tira la couverture jusqu’au-dessus de sa tête.
— Jonah… réveille-toi, trésor.
Aucune réponse.
Avec un soupir dramatique, TK décida de passer à l’étape suivante : il arracha les couvertures d’un coup sec. L’air frais du matin s’engouffra dans le lit, arrachant un frisson au petit garçon qui se recroquevilla comme un hérisson.
— Papa… fais froid…
— Je sais, je sais, je suis cruel… mais on est en retard. Faut y aller.
— J’veux pas aller à l’école ce matin…
— Pas le temps pour les négociations, dit TK en riant doucement, déjà à genoux au pied du lit. Il attrapa un pantalon propre dans la commode, tira doucement le bas du pyjama de Jonah, qui se laissa faire en râlant.
— Je veux mes chaussettes avec des camions , marmonna l’enfant
— Eh ben elles ont pris un jour de congé. Aujourd’hui c’est les dinosaures.
Jonah ouvrit un œil, encore plus bougon, pendant que Carlos criait depuis la cuisine :
—TK où est la boite à lunch de Jonah ?
— Dans le frigo ! répondit TK.
— Oui, mais dedans y’a rien…
Petit blanc.
— Je croyais que tu l’avais fait hier ? grogna TK.
— Et on n’a plus de lait, hurla Carlos
TK, Jonah dans les bras, traversa le couloir en courant.
— Et bien…. On va boire de l’eau, on n’a pas le temps de faire un brunch cinq étoiles !
— Papa… j’veux mes céréales…, chouina Jonah.
— Ce sera des toasts ce matin, annonça Carlos d’un ton décidé, déjà devant le comptoir à farfouiller dans les armoires.
Il attrapa le sac de pain à moitié écrasé, l’ouvrit… et resta un instant figé.
— Trois tranches… dont deux croûtes, marmonna-t-il
— On prend ce qu’on a, lança TK en déposant Jonah sur une chaise. Je me sacrifie pour une croute…
Carlos soupira, glissa les tranches dans le grille-pain. Jonah, lui, posa sa joue sur la table, l’air accablé, les bras ballants de chaque côté.
TK, debout devant le comptoir, croqua à pleines dents dans un toast à peine tiède, sans même y mettre de confiture. Il mastiquait à moitié en préparant à la hâte un lunch pour Jonah. Il extirpa d’un plat en pyrex un reste de macaronis gratinés, les jeta dans un contenant en plastique, y glissa une fourchette et un mini jus de pomme.
De l’autre côté du mur, Carlos s’était mis à genoux devant la sécheuse, le haut du corps à moitié englouti à l’intérieur du tambour et cherchait les morceaux de son uniforme.
TK badigeonna généreusement une tranche de pain de confiture, étalant les fraises écrasées d’un geste rapide mais précis. Il la tendit à Jonah.
— J’ai pas faim… marmonna Jonah, en poussant la toast du bout des doigts.
TK soupira doucement, sans même tenter d’argumenter. Il embrassa Jonah sur le haut de la tête, puis disparut en direction de la salle de bain, en lançant par-dessus son épaule :
— Carlos ! Tu peux remplir la gourde de Jonah pendant que je finis de me préparer ?
TK réapparut, rasé de frais, chemise à moitié boutonnée et les cheveux encore humides, tenant une chaussette dans la bouche pendant qu’il attachait sa montre.
— Tout est dans le style et l’efficacité, dit-il en retirant la chaussette de sa bouche. Jonah, chaussure. Sac. Lunch. Mission départ, tout de suite !
Jonah se traîna jusque dans l’entrée à la vitesse d’un escargot fatigué. Il soupira, s’affala par terre, puis s’assit en tailleur, les épaules affaissées.
Il attrapa une chaussure, l’enfila lentement, comme si chaque geste lui coûtait une énergie monumentale. Ses petits doigts luttaient avec la languette récalcitrante, tandis qu’il se laissait presque tomber en arrière, le regard vague.
— Jonah… soupira TK, accroupi devant lui. On n’a pas trois jours, là.
Voyant que le pied refusait obstinément d’entrer jusqu’au bout, il se pencha et prit les choses en main.
— Laisse-moi t’aider, mon coeur, juste pour qu’on évite de rater l’année scolaire au complet.
Il attrapa la chaussure, redressa doucement le pied de Jonah, tapota le talon pour qu’il glisse au bon endroit, puis serra les attaches d’un geste bien rodé. Jonah, tout mou, se laissa faire sans broncher, les bras ballants.
— J’aurais pu le faire tout seul, marmonna Jonah, légèrement vexé.
— Pas en ce siècle, répliqua TK en souriant. Allez, la deuxième maintenant. On accélère le rythme, champion.
Jonah soupira à nouveau puis saisit la deuxième chaussure…
TK leva les yeux au ciel, un sourire amusé aux lèvres.
— Carlos ! cria-t-il, l’air à la fois pressé et tendre. On part, nous !
Carlos déboula dans l’entrée en sautillant presque, attrapa Jonah par la taille et déposa un baiser doux sur le sommet de son crâne tout emmêlé.
— Bonne journée mon grand! lui dit-il avec chaleur.
Puis, il se tourna vers TK et lui lança un regard complice avant de l’enlacer rapidement.
— Je t’aime…
— Moi aussi, répondit TK, serrant son mari contre lui un instant avant de pousser la porte.
TK guida Jonah vers la voiture, l’installant et ajustant la ceinture avec soin. Une fois au volant, il démarra doucement et prit la route vers l’école. Mais la voix innocente de Jonah interrompit le silence :
— Papa ? Où est ma boite à lunch…
Un silence tomba dans la voiture. TK jeta un coup d’œil dans le rétroviseur, son sourire vacilla un instant.
— Euh…
Il ne prit pas le temps de s’arrêter sur le bord de la route. Il appuya sur le contact de Carlos.
— Allô ? répondit la voix de Carlos, un peu surprise.
— Dis-moi que tu as mis la boîte à lunch de Jonah dans son sac, demanda TK en essayant de garder son calme.
— Euh… non. J’ai seulement rempli sa gourde, comme tu me l’as demandé.
— Elle est encore sur le comptoir, alors ?
— Je sais pas, TK, je suis dans ma voiture là… pas devant la cuisine.
— Merde…
— Papa, t’as dit un gros mot, lança soudain Jonah, la voix innocente.
— Oups… pardonne-moi, mon grand, répondit TK en riant nerveusement. C’est juste que ce matin, tout part un peu de travers.
— Je vais faire demi-tour et aller lui porter, soupira Carlos.
— Merci mon cœur ! Bonne journée, fit TK en raccrochant.
TK déposa Jonah devant l’école, le petit sac à dos bien accroché sur les épaules, avec quelques minutes de retard au compteur. Jonah jeta un dernier regard timide à son père avant de se diriger vers l’entrée, pressé de rejoindre ses camarades.