La journée Catastrophe
TK fonça vers la caserne, le cœur encore un peu serré d’avoir commencé la journée dans un tourbillon de stress.
À peine avait-il franchi les portes que ses collègues, perchés autour de la machine à café, lancèrent une salve de plaisanteries, mêlée à l’odeur réconfortante de café brûlant et de papier journal froissé.
— Hé, Capitaine Retard ! On croyait que t’allais faire la grasse matinée aujourd’hui, lança Paul, un sourire en coin et les yeux pétillants de malice.
TK haussa les épaules, un sourire crispé sur le visage, prêt à encaisser les taquineries comme on encaisse un mauvais café.
— Désolé, les gars… lança-t-il en grattant nerveusement l’arrière de la tête. C’était plutôt chaotique ce matin.
— On s’en doute, répliqua Matéo en souriant. T’as l’air d’avoir couru un marathon avant de venir ici !
TK attrapa son sac, tout en se dirigeant vers les vestiaires, enlevant sa veste d’un geste mécanique. À peine eut-il enfilé son uniforme que l’alarme retentit soudain, stridente et immédiate, annonçant une urgence médicale.
— Besoin d’intervention médicale au parc de Zilker. Enfant de huit ans, douleurs abdominales, nausées.
Sans perdre une seconde, TK se redressa, le cœur qui s’accéléra.
— C’est parti, murmura-t-il, déjà prêt à filer.
TK attacha sa ceinture à l’arrière de l’ambulance. Nancy et Tommy prirent place à l’avant, le moteur rugit, et ils filèrent vers le parc
Arrivés sur les lieux, une femme paniquée les interpella à l’entrée, sa voix tremblante se mêlant au chant lointain des oiseaux et aux cris des enfants jouant autour. Sur un banc, un petit garçon était recroquevillé, les yeux brillants de larmes, les mains pressées sur son ventre.
— Il disait qu’il avait mal au ventre depuis ce matin, et puis il a commencé à pleurer… puis… il a pâli, puis…
— TK prend ses constantes, coupa Tommy, déjà en position professionnelle, calmant la scène d’un geste précis.
— Bonjour, moi c’est TK…
Mais il n’eut pas le temps de finir sa phrase.
Un gargouillement sinistre, humide et inquiétant, s’éleva de l’enfant… et en une fraction de seconde, un flot inattendu s’écrasa sur TK, de l’épaule au genou. La texture, l’odeur et la chaleur du vomi se révélèrent instantanément, une combinaison olfactive et tactile impossible à ignorer.
— D’après moi… la douleur devrait grandement diminuer, tenta Nancy, essayant de masquer un fou rire derrière sa main tout en cherchant un gant dans sa poche.
TK resta figé, les yeux écarquillés, le front plissé dans un mélange de surprise, de dégoût et de résignation profonde. Il cligna des yeux lentement, puis tourna la tête vers Nancy, qui essayait tant bien que mal de ne pas éclater de rire.
Avec une lenteur théâtrale, TK retira sa veste, espérant de pas avoir une seconde slave.
— On va te soigner, bonhomme, dit-il au petit avec un sourire tremblant et des mains encore légèrement humides.
Ils embarquèrent l’enfant dans l’ambulance. TK, bien qu’intérieurement révolté par l’accident, garda son calme professionnel. Une fois à l’intérieur, il nota mentalement : “ajouter ‘vomis’ à la liste catastrophique de la journée”.
De retour à la caserne, TK fila sous une douche brûlante et rapide.
Vêtu d’un uniforme sec et impeccable, TK s’installa enfin à la cuisine pour savourer son premier café de la journée. L’arôme réconfortant et la chaleur de la tasse dans ses mains furent un petit rayon de paix au milieu du chaos — une accalmie bienvenue, même si la journée ne faisait que commencer.