La journée Catastrophe

Chapitre 3 : De mal en pis

1232 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 08/10/2025 13:02

TK s’installa lourdement sur une chaise, le dos affaissé comme s’il portait tout le poids de la matinée sur ses épaules. Ses doigts entouraient sa tasse brûlante avec l’ardeur d’un naufragé agrippé à une bouée. La première gorgée de café lui râpa la langue, âpre et trop chaud, mais il s’en ficha. C’était amer, ça sentait le brûlé… et malgré tout, ça goûtait un espoir fragile.

Marjan entra, mastiquant nonchalamment une barre protéinée déjà entamée. Elle s’arrêta pile en le voyant.

— Nancy m’a raconté ta petite… aventure, lança-t-elle, amusée.

TK esquissa un sourire fatigué, prêt à répondre, quand son téléphone vibra contre la table. L’écran affichait : École Jonah. Son cœur fit un bond.

— Oh Seigneur… Carlos dit moi que tu n’as pas oublier d’aller porter la boite à lunch… fit-il en décochant. Allo ?

— Bonjour, monsieur Strand ?

— Oui, C’est moi…

— C’est l’infirmière de l’école. Jonah ne se sent pas très bien. Il a de la fièvre…

Le cœur de TK se serra immédiatement. Il se redressa, la tasse oubliée.

— Il faudrait venir le chercher rapidement…

— Oui, pas de problème, j’appelle mon mari, assura TK en raccrochant.

Il raccrocha, le souffle court. Marjan fronça les sourcils, l’air soudain plus sérieux.

— Mauvaise nouvelle ?

— Jonah. Il est malade. Ils veulent qu’on vienne le chercher.

Déjà, TK appuyait sur “Appeler Carlos”. Après deux tonalités, la voix tendue de son mari, avec en arrière-plan des sirènes et des voix, se fit entendre.

— TK ? Je peux pas parler longtemps, je suis sur une scène. Qu’est-ce qu’il y a ?

— L’école vient d’appeler. Jonah est malade, il faut aller le chercher.

Un court silence. Puis Carlos reprit :

—Je suis sur un homicide… Je vais essayer de me libérer, mais ce ne sera pas avant minimum deux, trois heures…

— Merde… Et ta mère ?

— Elle est à El Passo jusqu’à samedi… Je peux essayer d’appeler une de mes sœurs…

— Non, c’est bon. Je vais aller le chercher et le garder ici le temps que tu te libère…

— Ok. Tiens moi au courant ? Je suis désolé de pas pouvoir bouger, murmura Carlos, la voix pleine de regrets.

— C’est pas ta faute, répondit TK avec douceur. Je gère, t’en fais pas.

Ils raccrochèrent. TK resta un instant immobile, puis inspira un grand coup. Il ferma les yeux une seconde, le temps de recentrer ses pensées, puis se redressa et grimpa rapidement les marches menant au bureau de Tommy.

— Capitaine…

Tommy leva les yeux de ses papiers et fronça légèrement les sourcils.

— Oh… à voir ta tête, y’a quelque chose qui cloche.

— Jonah est malade, annonça TK, la gorge un peu serrée.

Tommy se redressa aussitôt, attentive.

— Et… Carlos est coincé sur un appel, ajouta TK. Il peut pas le récupérer immédiatement. Je sais que c’est pas standard mais… tu crois qu’on pourrait aller chercher Jonah et l’amener ici, à la caserne, juste le temps que Carlos vienne le chercher ?

Un instant de silence. Puis Tommy posa son stylo, ses yeux s’adoucissant.

— Va chercher Nancy. On part.

Un poids quitta les épaules de TK.

— Merci, souffla-t-il avec une sincérité vibrante.

Quelques minutes plus tard, ils roulaient déjà. Nancy au volant, TK pianotant sur son téléphone pour prévenir Carlos et l’école. L’habitacle résonnait de ce silence lourd, seulement ponctué par le ronflement du moteur.

— Il est jamais malade, souffla TK, les yeux fixés sur la route. J’aurais dû voir ce matin… Il n’a rien mangé, il était tout mou. Mais j’étais trop occupé à pas être en retard.

À leur arrivée à l’école, TK descendit presque avant que le véhicule ne s’arrête complètement. Il traversa la cour à grandes enjambées et entra dans l’école. Jonah était assis sur une petite chaise, les genoux serrés contre la poitrine et les yeux embués.

Dès qu’il aperçut son père, il bondit sur ses jambes.

— Papa !

— Je suis là, mon cœur, murmura TK en le serrant fort contre lui. Tout va bien maintenant.

Jonah enfouit son visage contre son épaule. Il avait le teint pâle, les joues un peu chaudes. TK remercia l’infirmière et quitta l’établissement en tenant Jonah bien serré contre lui. À peine eurent-ils franchi les portes que Jonah aperçut l’ambulance stationnée devant l’école. Ses bras se crispèrent autour du cou de son père, et son petit corps se raidit.

— Est-ce que… je dois aller à l’hôpital ? demanda-t-il, la voix tremblante, les yeux soudain agrandis par l’inquiétude.

TK ralentit aussitôt le pas, et le regarda dans les yeux.

— Non, non, mon cœur. Pas d’hôpital. Tu vas venir un petit moment avec moi à la caserne. Juste le temps que papa Carlos puisse venir te chercher. On va t’installer confortablement, tu vas te reposer un peu, d’accord ?

Jonah hocha la tête, sans répondre, mais il s’agrippa un peu plus fort à lui.

Nancy ouvrit les portes de derrière et TK monta à bord, puis s’installa sur le siège près du mur, tirant Jonah contre lui.

— Tu veux t’allonger sur le brancard ? demanda-t-il avec douceur.

Jonah secoua la tête sans même lever les yeux. Il se colla un peu plus contre son torse, niché sous sa veste, les doigts crispés sur le tissu de son uniforme.

— D’accord, murmura TK en embrassant ses cheveux.

De retour à la caserne, la scène attira aussitôt l’attention : TK descendit en tenant Jonah comme un trésor fragile, la veste entrouverte pour protéger son fils du vent. Le petit avait les joues écarlates, la respiration lourde.

— Qu’est-ce qui se passe ? demanda Paul en s’approchant, inquiet.

— Rien de grave. De la fièvre. Carlos est coincé, alors je l’ai ramené ici, expliqua TK.

Judd surgit à son tour, fronçant les sourcils.

— Qu’est-ce qui se passe ici ?

TK se raidit, prêt à se défendre.

— Jonah est malade. Je pouvais pas le laisser seul…

Un instant de silence, puis Judd posa une main ferme sur son épaule.

— Tu fais ce qu’il faut pour ton garçon. C’est ça, ta priorité. Personne ne dira le contraire.

TK hocha la tête, les yeux brillants de soulagement.

— Merci, capitaine.

— Installe-le dans la salle de repos, je vais préparer un bouillon, lança Judd en se dirigeant déjà vers la cuisine.

TK poussa doucement la porte de la salle de repos, Jonah toujours dans ses bras, les paupières à moitié closes et l’installa dans le lit qu’il utilisait à chaque garde.

Nancy entra juste derrière lui, tenant une couverture pliée et une petite compote de pommes qu’elle avait dénichée dans le tiroir à collations d’urgence.

— Voilà pour notre patient d’honneur, dit-elle en déposant le tout sur la table de chevet. 


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