Aucun repos

Enfin. Silence.

Pas de sirène. Pas de grésillement. Juste un calme presque irréel, qui semblait flotter dans la caserne comme un souffle suspendu. Les visages fatigués respiraient enfin, mais l’épuisement se lisait dans chaque geste.

Nancy s’écrasa face contre la table de la cuisine, laissant échapper un long soupir.

— Si j’ai pas un sandwich dans trois minutes, je mange le coin de la table, grogna-t-elle, mi-sérieuse, mi-désespérée.

La porte s’ouvrit alors, et Carlos entra, un sourire paisible sur le visage, Jonah trottinant devant lui, fier de son rôle d’éclaireur.

— On est passés à l’épicerie, annonça le petit, brandissant un sac avec fierté.

TK se précipita, oubliant presque tout le reste, fouillant dans les sacs comme un rescapé qui retrouve enfin un refuge.

— Tu nous sauves la vie, mon cœur, dit-il avec une gratitude palpable, ses traits tirés s’adoucissant sous la chaleur de ce simple geste.

Carlos, malicieux, ajouta avec un clin d’œil :

— Et j’ai ramené du café.

Paul, assis dans un coin, leva les bras au ciel et déclara solennellement :

— Loué soit Carlos Reyes.

Ils s’installèrent tous autour de la table, dévorant la nourriture comme si chaque bouchée réparait la fatigue accumulée depuis le lever du jour. D’abord, aucun mot ne franchit leurs lèvres, trop occupés à se remplir enfin. Puis, peu à peu, les rires reprirent timidement, d’abord un murmure, puis plus fort, jusqu’à ce que la pièce soit de nouveau remplie de vie. Les blessures, la sueur et les tensions de la journée semblaient s’évaporer, remplacées par un moment de répit bien mérité et presque sacré.