Saut dans le temps
Chapitre 18 : La force d’être ensemble
1329 mots, Catégorie: G
Dernière mise à jour 22/10/2025 20:46
Rose tournait en rond dans le salon, ses chaussettes glissant parfois sur le parquet froid. Jonah, affalé sur le canapé, la suivait du regard, silencieux, ses doigts jouant nerveusement avec le bord d’un coussin. L’horloge murale égrenait les secondes dans un silence presque pesant, comme si chaque tic-tac pesait un peu plus sur leur inquiétude.
— Tu crois qu’il va bien ? murmura Rose, la voix à peine audible, comme si elle craignait de réveiller ses propres peurs.
Jonah haussa légèrement les épaules, mais son regard trahissait son inquiétude.
— C’est papa, TK… Il a déjà traversé pire…
Elle s’affala sur le fauteuil en face de lui, ramenant ses genoux contre sa poitrine.
Ils restèrent ainsi, écoutant les bruits lointains de la rue, jusqu’à ce qu’un cliquetis retentisse à la porte d’entrée. Les deux adolescents se redressèrent aussitôt.
Carlos entra, refermant doucement derrière lui.
— Et… vous ne dormez pas encore, vous deux ? demanda-t-il avec un sourire fatigué.
Sans attendre de réponse, il traversa la pièce et s’assit sur le canapé, à côté de Jonah. Il tapota la place libre de l’autre côté. Rose, sans hésiter, se laissa tomber près de lui.
Carlos passa un bras derrière chacun de ses enfants et les attira contre lui, dans une étreinte ferme mais rassurante.
— Vous avez eu une grosse soirée, murmura-t-il. Moi aussi. Mais maintenant… on est ensemble.
Rose ferma les yeux, respirant l’odeur familière de son père. Jonah, lui, resta silencieux, mais son épaule se détendit contre celle de Carlos.
La clé tourna à nouveau dans la serrure. Cette fois, c’était TK qui entra, refermant la porte derrière lui avec précaution. Il s’arrêta dans l’embrasure, observant ses trois amours blottis les uns contre les autres sur le canapé, comme une petite forteresse de chaleur au milieu de la nuit.
Sans un mot, il s’approcha et vint s’asseoir à côté de Rose, bouclant le cercle familial. Carlos tendit aussitôt le bras pour l’inclure dans l’étreinte, ses doigts se refermant sur son épaule comme pour s’assurer qu’il était vraiment là.
— Alors ? demanda Jonah, la voix tremblante, un peu inquiète.
— Les analyses sont négatives, souffla TK, un sourire soulagé aux lèvres, laissant tomber un poids invisible sur leurs épaules.
Rose poussa un soupir de soulagement, sa tête retombant contre l’épaule de TK, ses doigts serrant doucement le tissu de son pull.
— J’ai eu peur… murmura-t-elle, presque honteuse de l’avouer.
— Moi aussi, admit Carlos, la voix tremblante, mais douce. Mais c’est fini maintenant.
Ils restèrent ainsi, blottis l’un contre l’autre, sans chercher à combler le silence.
Puis TK se leva et disparut dans la salle de bain pour revenir avec sa trousse de bandage.
— Viens, ma puce, on va refaire ton pansement avant d’aller dormir.
— Papa, t’as déjà assez bossé pour aujourd’hui… maugréa Rose, mais elle se leva, sachant qu’il ne céderait pas.
Ils s’installèrent à la table de la cuisine. TK posa la trousse et s’assit en face d’elle.
— Allez, montre-moi ça, dit-il doucement.
Rose détourna la tête, crispée rien qu’à l’idée. Il défit avec précaution le vieux bandage, révélant la cicatrice encore rougeâtre et les points bien alignés. Un léger froncement plissa ses sourcils.
— Ça a l’air propre… pas de rougeur inquiétante… soupira TK, soulagé.
Rose serra les poings sur ses genoux, les yeux fixés obstinément sur le frigo.
— Beurk… juste le savoir, ça me donne envie de vomir.
Il sortit une compresse imbibée d’antiseptique.
— Respire par le nez, ça va être vite fait.
Un petit frisson la parcourut au contact du coton sur sa peau.
— Papa… si… si quand ils enlèvent les points, ça se rouvre… ? demanda-t-elle, la voix tremblante.
TK releva les yeux vers elle, son geste se figeant un instant.
— Ça ne se rouvrira pas, répondit-il doucement.
— Comment tu peux en être sûr ? insista-t-elle.
Il esquissa un petit sourire, tentant de détendre l’atmosphère.
— J’aimerais bien que mes enfants arrêtent de douter de mes compétences… dit-il en laissant échapper un léger rire.
— Je doute pas, affirma Rose en le regardant brièvement. Juste… c’est pas ta spécialité, les points de suture…
TK secoua la tête, amusé, tout en déroulant un rouleau de gaze. Pour une raison obscure, Rose céda à l’envie de jeter un coup d’œil. Son estomac se serra aussitôt. La vue du fil noir tirant la peau la fit pâlir, mais heureusement il n’y avait pas de sang.
— Ça fait mal quand ils les retirent ? demanda-t-elle d’une voix aiguë.
— Pas vraiment, répondit TK en haussant les épaules, concentré sur son geste.
— C’est pas agréable, mais pas très douloureux, ajouta Carlos en s’approchant, sa voix douce pour la rassurer.
— J’me sens bête… murmura-t-elle. Toutes les cicatrices que vous avez, c’est parce que vous avez été courageux au travail… Moi, j’me suis fait ça en… en faisant de la limonade.
TK rigola en prenant une nouvelle compresse stérile.
— Tu sais, mon trésor, les gestes héroïques ne sont pas forcément les plus intelligents… expliqua Carlos en souriant.
— Papa a raison, ajouta TK. Un jour, j’ai sauté dans un lac gelé pour sauver un enfant. J’ai fini tout nu dans la neige. C’est Tommy et Nancy qui m’ont retrouvé, et c’est grâce à eux si je suis encore là.
— Si ça m’était arrivé, fit Rose, j’aurais déménagé en Chine…
— Pourquoi tu t’es déshabillé ? demanda soudain Jonah, intrigué.
— C’est un des derniers stades de l’hypothermie, expliqua TK. J’ai fait un arrêt cardiaque et je suis tombé dans le coma.
— J’ai cru ne plus jamais revoir votre père ce jour-là, ajouta Carlos, la voix serrée.
TK installa le nouveau bandage de Rose.
— Tu me dis si je te fais mal, dit-il en levant les yeux vers elle.
Rose hocha la tête, observant toujours son bras, sans ressentir de malaise.
— Dis donc, tu fais du progrès, remarqua-t-il avec un sourire encourageant. Voilà, c’est fini, murmura-t-il en terminant de fixer le pansement.
— Merci, dit-elle. Bon, j’suis crevée… J’monte.
— Bonne nuit, princesse, lança Carlos avec tendresse.
Rose grimpa l’escalier tandis que TK débarrassait la table. Jonah se leva à son tour.
— J’monte aussi… fit-il doucement.
TK leva les yeux vers lui, le visage sérieux mais trahissant un léger malaise.
— On peut parler un moment ? demanda-t-il, la voix un peu hésitante.
Jonah s’arrêta, surpris, puis s’adossa au mur, les bras croisés.
— Ok… marmonna-t-il.
Carlos, assis à côté, échangea un regard complice avec TK.
— Alors… commença TK en grattant l’arrière de sa nuque. Charlie ? C’est ta copine ?
Jonah haussa un sourcil, déjà rougissant.
— Papa ! soupira-t-il, levant les yeux au ciel, avant de grimper les premières marches.
— Personne ne veut t’embêter, mon cœur, intervint Carlos en douceur. Mais si c’est le cas, fais attention à elle, d’accord ?
— Et si jamais… ajouta TK, mal à l’aise… si jamais tu veux en parler… ou poser des questions…tu peux venir nous voir.
Jonah détourna les yeux, cherchant une échappatoire.
— Euh… ok… ouais… si tu veux… balbutia-t-il.
Jonah esquissa un petit sourire, rouge comme une tomate, avant de disparaître dans l’escalier.
— Trop tôt, peut-être… souffla TK vers Carlos.
Son mari éclata de rire.
— C’était plus simple, les couches et les cauchemars… lança Carlos.