Saut dans le temps

Chapitre 17 : Une soirée sous tension

1071 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 20/10/2025 20:36

À l’extérieur, les policiers quadrillaient méthodiquement la zone, formant un cordon serré autour de la caserne. Les gyrophares illuminaient la soirée de flashes rouges et bleus, jetant des ombres inquiétantes sur les visages anxieux des convives. Chaque coin, chaque véhicule était passé au peigne fin, chaque regard scruté. L’air vibrait encore des murmures et des inquiétudes des familles.

Quelques minutes plus tard, un mouvement attira l’attention d’un agent : l’homme en casquette et manteau sombre tentait de se faufiler derrière un conteneur. D’un geste précis, deux policiers surgissent et le saisissent par les bras, le plaquant contre le mur. Les menottes claquèrent autour de ses poignets, froides et définitives. L’homme protesta, tenta de se débattre, mais ses efforts étaient vains. Peu à peu, les cris et les murmures s’éteignirent. Le silence, lourd mais soulagé, s’installait sur la zone.

— Bon travail, Reyes. Vous pouvez considérer le dossier comme clos pour le moment, dit calmement le commandant de Carlos, observant le convoi de policiers quitter les lieux.

Pendant ce temps, TK et Tommy terminaient de coordonner les paramédics. Chaque patient avait été pris en charge, stabilisé et préparé pour le départ vers l’hôpital.

— Tout le monde est stabilisé, murmura TK en refermant la portière arrière de la dernière ambulance, qui démarra doucement vers l’hôpital.

— Oui… soupira Tommy, soulagée. On a eu chaud, mais ils vont s’en sortir.

Nancy, elle, retourna auprès de Diego. Le jeune garçon retrouvait doucement des couleurs assis sur une chaise.

Les sirènes s’éloignaient dans la nuit, et un calme relatif s’installa enfin sur le terrain. TK et Carlos échangèrent un regard rapide : le pire était derrière eux…

— Allons voir Jonah, fit TK


Alors qu’ils tournaient un angle, ils s’arrêtèrent net. Dans l’ambulance 126, Charlie était penchée sur Jonah, leurs lèvres pressées l’une contre l’autre dans un geste tendre. Le jeune garçon semblait avoir oublié l’inconfort de la perfusion, perdu dans l’instant.

— J’en connais un qui a l’air d’aller beaucoup mieux… murmura TK à l’oreille de Carlos. On dirait même qu’il à oublier qu’il a encore une aiguille dans le bras…

Jonah se redressa brusquement en entendant la voix de son père, le rouge lui montant aux joues. Charlie, un peu gênée mais radieuse, recula légèrement.

Rose déboula au côté de ses pères, son regard tombant immédiatement sur la perfusion au bras de son frère. Un sourcil arqué, elle ne put retenir un éclat de rire :

— Alors, t’as pleuré ? Crié ? Ou t’es tombé dans les pommes ? lança-t-elle, taquine.

Carlos posa une main sur l’épaule de sa fille, la guidant doucement vers le reste de la 126 déjà rassemblée un peu plus loin :

— Viens, ma puce, on va laisser ton frère tranquille pendant que papa s’occupe de lui enlever tout ça.

TK ajouta avec un sourire rassurant :

— Charlie, ma belle… tu veux aller avec eux avant que ton père se demande où tu étais passée tout ce temps ?

Charlie jeta un dernier regard vers Jonah avant de suivre Rose et les autres. Ses yeux brillants de complicité et de soulagement croisèrent ceux de Jonah, qui lui offrit un petit sourire timide.


Toute la 126 s’était regroupée dans le grand garage de la caserne, les portes grandes ouvertes laissant entrer la fraîcheur de la nuit. L’air était calme, presque irréel après le tumulte de l’après-midi.

Carlos se tenait debout, mains croisées devant lui, le regard grave mais apaisé.

— Bon… Je crois qu’on peut dire que c’est terminé pour ce soir, annonça-t-il. L’individu a été arrêté et est en garde à vue. D’après ce qu’on sait, il aurait drogué plusieurs verres avec un mélange d’alcool fort et d’autres substances.

Nancy fronça les sourcils, incrédule.

— Mais pourquoi c’est uniquement les jeunes qui ont eu des symptômes?

Carlos inspira profondément.

— Les analyses préliminaires montrent que leur système immunitaire et leur tolérance à l’alcool sont plus faibles. Ça agit plus vite, plus fort. Il a visé ceux qui seraient les plus vulnérables. C’est ce qui est arrivé les autres fois aussi…

Jonah, assis à côté de Charlie, leva les yeux vers TK, un mélange de curiosité et d’inquiétude sur le visage.

— Papa… t’as bu dans un verre, toi ?

Le silence tomba lourdement dans le garage. Les murmures se turent, tous les regards convergèrent vers TK.

TK cligna des yeux, surpris de ne pas y avoir pensé.

— Oui… répondit-il, la voix calme mais soudain un peu tendue.

— Si… si c’est dans les verres, t’as peut-être été drogué ? balbutia Jonah, la peur dans la voix.

La compréhension frappa TK en plein visage. Sa respiration s’accéléra, et il dut attraper le bras de Carlos pour ne pas vaciller. Autour d’eux, tous les membres de la 126 sentaient le poids de cette possibilité : des années de sobriété réduites à néant en une seule gorgée.

— Hé… on saute pas aux conclusions trop vite, souffla Carlos, tentant de garder une voix posée malgré l’inquiétude qui le nouait.

Tommy s’avança, douce mais ferme, le regard direct.

— TK, avec ton passé, on ne prend aucun risque. On va à l’hôpital, on fait des prises de sang. Ce soir, on veut des certitudes.

— Carlos va finir tard… je dois rentrer avec les enfants… murmura TK, la mâchoire serrée, la peur traversant son expression.

— Papa, intervint Rose, on n’a plus trois ans. On va se débrouiller, ajouta-t-elle avec un petit sourire rassurant.

TK hocha la tête, crispé, et suivit Tommy vers l’ambulance. Carlos les regarda s’éloigner, la mâchoire serrée, une inquiétude sourde logée au creux de son ventre.

Dans le garage, le reste de la 126 resta immobile, comme suspendu, absorbant le poids de la soirée et le spectre d’un combat que TK pensait avoir laissé derrière lui.


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